Olivier
Il y a tout juste un an, alors que le gouvernement résiste aveuglement à un mouvement social de grande ampleur, les dépôts et raffineries de pétrole sont bloqués. Mi-octobre, près de 3 000 stations services sont en rupture de stock : on n’a pas vu cela depuis mai 68. Les grévistes de la raffinerie de Granpuits en Seine et Marne se retrouvent malgré eux sous les projecteurs des médias nationaux. Réquisitions, charges policières, propagande, le pouvoir concentre sa charge contre les raffineurs pour briser le conflit dans son ensemble.
« Quand on est arrivés avec la caméra, on a reçu un bon accueil des grévistes qui ont vite compris notre démarche grâce aux diffusions que l’on retransmettait sur le Net. Cela faisait 15 jours qu’ils subissaient les journalistes de la télé. Ils se sentaient trahis », témoigne le réalisateur. « A la différence du traitement quasi- direct que nous avons diffusé sur le Net, le film met en perspective la lutte en faisant des liens avec l’histoire sociale. Il revient sur la notion de grèves générales, rappelle comment s’est mis en place le système de souscription en 1906. Certains grévistes ont découvert que leur action s’inscrivait dans une continuité.»
La démarche fait un usage public de l’histoire des mouvement sociaux. Elle décrypte l’actualité du rapport de classe. « Le film d’Olivier Azam est très construit. Il décrypte un mouvement en train de se construire et la stratégie patronale qui lui répond », analyse Jacques Choukroun qui assure la distribution du film avec sa société Les films des deux rives. La production est assurée par la Scop les Mutins de Pangée sans laquelle le film n’aurait pas vu le jour. Il ne bénéficie d’aucun soutien des chaînes de télé, ce qui le coupe d’autres sources de financement.
« Les films sur le monde du travail sont assez rares, indique Julien Collet le secrétaire de l’UL CGT de Montpellier qui participera ce soir au débat en présence de deux acteurs du mouvement de Grandpuits membre de la CGT Mines énergie. Les images de la télévision gomment généralement les sigles des organisations syndicales. L’image doit être consensuelle. On minimise la présence syndicale. Nous sommes partie prenante des débats qui parlent du monde du travail et redonnent la parole aux gens. »
Nicolas Sarkozy a fait passer la réforme des retraites en force « comme un joueur de foot qui marquerait un but avec un revolver à la main. » Mais les français ne l’ont pas oublié. Grandpuits et petites victoires reste un élément du débat qui s’apprête à ressurgir prochainement dans la rue.
Jean-Marie Dinh
Ce soir à 19h45 au Cinéma Diagonal en présence du réalisateur. Le film sera également présenté à Sète et à Béziers. La sortie nationale aura lieu le 23 novembre.
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