Le soleil et les fleurs appellent le poème, partons

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Annie Estèves devant une oeuvre de Raphaël Segura. photo Rédouane Anfoussi

Maison de la poésie. Le Printemps des poètes s’ouvre aujourd’hui à Montpellier et dans toute la région. Jusqu’au 23 mars, il rejoint le carrefour des arts.

Au plus profond de la splendeur du printemps s’éveille le temps des poètes. La Maison de la poésie de Montpellier Languedoc révèle  le banquet qu’elle a dressé pour les réjouissances autour du thème national « la poésie au coeur des arts ». Cette dimension qui associe d’indomptables signes au travail des plasticiens, musiciens, comédiens, photographes… prolonge   et ravive des liens tissés de longue date entre la poésie et ses « alliés substanciels ».

« La poésie c’est un état, souligne Annie Estèves, la directrice artistique de la manifestation, ce que le mythe d’Orphée transcrit peut-être le mieux. Celle qui envoûte la bête avec sa lyre, charme les rochers par une parole qui persiste et vous transforme. » Mais que se passe-t-il quand le poème s’échappe du livre pour se mettre en bouche et croiser d’autre formes d’art ? Il part à la rencontre de la vie. « L’oralisation est nécessaire parce que la poésie appelle naturellement un rapport à l’oral, y compris pour les poètes. Mais je la conçois avec un retour à l’écrit, à la lecture. Le poème c’est ce qui reste, ce que l’on a envie de retenir en soi. Je ne crois pas à une poésie uniquement livresque. Cet aller-retour entre l’oral et l’écrit est nourrissant. »

A l’occasion du lancement national de la manifestation, se tient ce soir à 19h, à la Maison de la poésie, le vernissage du peintre montpelliérain Raphaël Segura, compagnon de route de nombreux poètes, dont Béatrice Libert et Jean Joubert, qui seront présents. Bien d’autres artistes s’associeront aux poètes, jusqu’au 23 mars. Le 18 mars, l’éditeur Bruno Doucet présentera la première traduction de la poète Maria Mercè Marçal autour d’un spectacle de la Cie Fitorio Théâtre. Le 21 mars, ce sera la présentation de l’ouvrage Levée des ombres qui rassemble les poèmes de Françoise Ascal et les photos de Philippe Bertin autour d’un travail sur la mémoire de l’Abbaye d’Aniane qui fut une colonie pénitentiaire pour mineurs.

Toutes ces manifestations et d’autres* croisent les disciplines artistiques. « On est à l’initiative de ces rencontres et l’on reste à l’écoute des nouvelles formes. La poésie a vocation à se dresser où l’on ne l’attend pas, confirme Annie Estèves, elle se mêle au spectacle vivant à bien des endroits, mais le poème ne doit pas rester dans l’air. Que nous reste-t-il d’une performance ? Nous avons constaté que nos propositions vivantes donnaient envie d’aller en librairie ». La Maison de la poésie travaille en partenariat avec l’Association Coeur de Livres et Le Musée Paul Valéry qui reçoit la poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata et Franck Venaille.

                                     JMDH

w *programme www.maison-de-la-poésie-languedoc-roussillon.org

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Berlin, années 1930

Georges  Grosz L'hommage à Oskar Panizza (1917-1918)

Longtemps, la littérature allemande a méconnu le monde de la ville, lui préférant la Heimat, synonyme de campagne et d’idylle. Il a fallu attendre le début du XXe siècle pour que des écrivains tels qu’Alfred Döblin, Thomas Mann ou Bertolt Brecht fassent vraiment entrer la ville dans la littérature, relayés dans le domaine de la peinture par des artistes comme George Grosz et Otto Dix.

Berlin, devenue capitale de la première République allemande, au lendemain de la défaite de 1918, occupe naturellement la première place ; mais, la menace du IIIe Reich se précisant, les écrivains en viennent à voyager de plus en plus, et Paris, Marseille et Nice, lieux de refuge ou d’exil, seront aussi l’objet de descriptions et d’évocations souvent publiées sous forme de reportages pour les journaux auxquels ils collaborent. Ainsi, l’essayiste Siegfried Kracauer (1889-1966) écrivait pour la Frankfurter Zeitung, et le romancier Joseph Roth (1894-1939), éternel exilé allant d’hôtel en hôtel, connut d’abord la gloire comme chroniqueur pour divers journaux allemands et autrichiens.

« Une confusion bien ordonnée ; un arbitraire exactement planifié ; une absence de buts sous une apparence de finalité. Jamais encore autant d’ordre n’a été appliqué au désordre (1). » C’est ainsi qu’en 1930 Roth appréhende Berlin, symbole à ses yeux d’une histoire allemande marquée par la déchirure. Fascinante et repoussante, la capitale concentre toutes les tares et toutes les qualités d’un intermède démocratique fulgurant mais fragile. La même année, Kracauer va visiter les bureaux de placement berlinois où s’entassent les chômeurs et où « l’attente devient une fin en soi (2) ». On vient ici pour échapper à la solitude, comme on va dans les cabarets et les cafés « où tu sembles le protagoniste sans vie d’époques délaissées ».

L’un et l’autre s’attachent à dresser le portrait d’une ville frémissante qui va bientôt devenir le chaudron de la barbarie. Kracauer est subtil et parfois sentencieux ; Roth est l’homme qui regarde et raconte ce qu’il voit, quitte à cogner. Mais, chacun à sa façon, ils déploient le panorama d’un univers où une beauté à la Blaise Cendrars se niche au creux des dangers. « Un voyage en métro est parfois plus riche d’enseignements qu’un voyage sur les mers ou dans des pays lointains », écrit Roth. On peut regretter que ces textes soient classés par thèmes et non par ordre chronologique, ce qui aurait donné l’épine dorsale d’une réflexion portée par l’histoire.

C’est à l’histoire, précisément, que les Cahiers de l’Herne, qui ont compris l’importance de l’enjeu, donnent le primat dans leur numéro consacré à Walter Benjamin : le volume « s’organise autour de l’interrogation sur les matériaux biographiques et historiques avec lesquels [Benjamin] a façonné sa pensée », comme l’écrit Patricia Lavelle dans son introduction (3). Archétype du promeneur urbain comme Jean-Jacques Rousseau le fut du promeneur bucolique, Benjamin (né en 1892) se situe à la charnière entre littérature et philosophie. Plus abstrait que les deux auteurs précédents, parfois même confus dans ses démonstrations, il aime avancer parmi les ombres grises de notre planète, et c’est dans le cinéma qu’il reconnaît le mieux ce théâtre des ombres, symbole de l’urbanisation universelle, miroir des grands bouleversements. Comme son ami Kracauer, auteur du fameux De Caligari à Hitler, Benjamin s’attache à déchiffrer le cinéma ; mais, pour lui, celui-ci ne répond pas à un simple besoin de distraction.

Ses effets de choc sont une adaptation de l’homme aux dangers qui le menacent, concentrés dans les métropoles ; et peut-être l’homme s’est-il trop adapté, abdiquant ainsi sa capacité de résistance. Benjamin s’est suicidé à Portbou, petite ville espagnole proche de la frontière française, le 26 septembre 1940. Deux ans auparavant, il avait commencé une admirable étude sur Paris intitulée Passages.

Pierre Deshusses

(1) Joseph Roth, A Berlin, Les Belles Lettres, Paris, 2013, 224 pages, 13,50 euros.

(2) Siegfried Kracauer, Rues de Berlin et d’ailleurs, Les Belles Lettres, 2013, 216 pages, 13,50 euros.

(3) Walter Benjamin, L’Herne, coll. «  Cahiers de l’Herne  », Paris, 2013, 392 pages, 39 euros.

Source Le Monde Diplomatique Février 2014

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Lumière sur les résidants invisibles

Louis Sclavis et Luc Jennepin ©Sophie Pourquié

Louis Sclavis et Luc Jennepin © Sophie Pourquié

« Chibanis la question », le projet lauréat du prix de l’audace artistique et culturel de l’EN poursuit sa route

Le projet lancé par Uni’sons  avec la Caravane Arabesque allait de soi comme les caravanes qui passent et traversent l’histoire avec un grand H. Dans leurs sillages, il y a des vies qui glissent de nos mémoires un peu comme les mirages économiques qui justifient l’austérité, jusqu’au jour où le pays se déclare dans l’incapacité de rembourser sa dette ou dans l’incapacité de reconnaître le travail des hommes qui ont fondé son existence. C’est précisément le sort des Chibanis en France.

Ce sont ces vies qui se poursuivent dans l’oubli du monde et des villes aveugles que le photographe Luc Jennepin met en lumière actuellement à la médiathèque Jean-Jacques Rousseau jusqu’au 21 décembre.

Une juste émotion
Le projet est itinérant, à la croisée de l’histoire, de l’action culturelle et de la démarche artistique (photographique, musicale et littéraire). Il présente l’intérêt de circuler à l’intérieur des villes étapes pour trouver d’autres témoins muets de cette histoire perdue loin de ses racines. Après Montpellier où il a vu le jour dans le foyer d’insertion Adoma, le projet partira dans toute la France. Il est attendu dans des espaces prestigieux de l’architecture contemporaine à Toulouse, Marseille, Bordeaux, Lyon, Nantes, Paris et s’enrichira à chacune des étapes de nouveaux portraits.

Grand amateur d’aventure sans frontière, le clarinettiste Louis Sclavis a créé une bande dédiée aux Chibanis. Les plumes de Nasser Djemaï, Magyd Cherfi, Pascal Blanchard, sont également mobilisées autour de Chibanis la question qui trouve ainsi un relais littéraire. Il suffisait d’aller à leur rencontre, les acteurs de cette aventure l’on fait avec un esprit juste et beaucoup de talent.

JMDH

Source : L’Hérault du Jour 05/12/13

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A Montpellier, Diderot décrypte l’art contemporain de son temps

Diderot avait capté la virtuosité de David. Photo Rédouane Anfoussi

Présentée en première étape au Musée Fabre de Montpellier, jusqu’au 12 janvier 2014 l’exposition « Le Goût de Diderot » nous invite à suivre l’empreinte originale du premier critique d’art.

Alors que l’expo Signac se poursuit jusqu’au 27 octobre, s’est ouvert hier au Musée Fabre de Montpellier l’exposition d’automne Le goût de Diderot qui se tiendra jusqu’au 12 janvier. « Ces deux expositions d’importance démontrent un dynamisme rarissime pour un musée de province », se réjouit la déléguée à la culture de l’Agglo Nicole Bigas. Le compteur d’entrée qui indique 75 000 visiteurs pour Signac à un mois de la clôture, souligne l’attrait des visiteurs d’été pour cette proposition colorée. La célébration du tricentenaire de la naissance de Diderot s’inscrit dans un autre contexte. Elle répond avec pertinence à la problématique muséale récurrente de faire vivre ses collections permanentes. Ce que la dynamique événementielle des grandes expositions temporaires ne permet pas toujours.

Un rapport à l’histoire

Célébrer Diderot, qui fut un des premiers critiques d’art, ouvre une porte sur la mémoire et renoue avec une des vocations des musées : le rapport à l’histoire. Pour le directeur féru du classicisme français et de la peinture néoclassique Michel Hilaire, la célébration de Diderot est une fabuleuse occasion de mettre en valeur les collections de la seconde moitié du XVIIIe dont le musée détient des œuvres particulièrement significatives. Celles-là même que Diderot célébra en son temps. Le réalisme saisissant restitué par le sculpteur des lumières Jean-Antoine Houdon dans son portrait de Voltaire en est un bel exemple. L’exposition a permis une rotation des œuvres néoclassiques du musée qui bénéficient assurément du réaccrochage.

Près de quatre-vingt peintures, sculptures, dessins et gravures de quarante-trois artistes sont réunis dans cette exposition.

Panorama recontextualisé de l’art français

Le parcours se ponctue d’œuvres des plus grands peintres (Boucher, Chardin, Greuze, Vernet, Vien, David…) et des plus grands sculpteurs (Pigalle, Falconet, Houdon, Allegrain…) de l’art français au temps de Diderot. Outre la qualité intrinsèque des œuvres, un des intérêts de l’exposition repose sur l’approche qu’en avait le philosophe pour qui elles faisaient jour dans un contexte marqué par l’attrait vers la nouveauté. L’expo qui invite le visiteur à suivre les jugements de Diderot s’inscrit dans un décalage temporel qui met en exergue les enjeux contemporains de la confrontation entre l’art, la morale et la politique.

Diderot fait ses premiers pas dans la critique artistique en 1759 dans le cadre de comptes-rendus des salons, expositions de peinture publiques organisés par l’Académie royale au Louvre.

Le philosophe débute avec une approche littéraire basant son interprétation à partir du sens. Il évolue en découvrant les artistes et la technicité de l’art ce qui modifie son approche en profondeur. L’expo s’organise par regroupements thématiques autour de trois valeurs chères à l’encyclopédiste. La vérité qu’il décrit quand il évoque l’expression de la chair des sculptures de Jean-Baptiste Pigalle. La poésie que Diderot retrouve dans les capacités sublimatoires d’artiste comme Vien et David : « l’artiste doit exprimer le plus profond des sujets qu’il traite ». La magie enfin, que rend Vernet dans une oeuvre comme Tempête avec naufrage d’un vaisseau en « abolissant la frontière entre l’art et la réalité. » Une vision des Lumières à découvrir…

Jean-Marie Dinh

Le Goût de Diderot à Montpellier, jusqu’au 12 janvier 2014, puis à Lausanne, à la Fondation de l’Hermitage, du 7 février au 1er juin 2014.

Source La Marseillaise 05/10/2013

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Musée de Lodève Gleizes et Metzinger.Culture et curiosité sur l’échiquier du cubisme

Jean Metzinger, Femme nue à la lettre, 1946

Jean Metzinger, Femme nue à la lettre, 1946

Modernité. Gleizes – Metzinger du cubisme et après  : L’exposition d’été du Musée de Lodève est consacrée à deux figures marquantes du cubisme restées dans l’ombre de Picasso et Braque.

A Lodève, dans l’arrière pays héraultais on peut tromper pour quelques heures l’idéal moderne de la culture bling bling en poussant la porte du musée municipal qui propose une lecture approfondie des idées et des oeuvres de Gleizes et Metzinger autour du cubisme.

A propos du cubisme, on cite généralement le duo formé par Braque et Picasso et on élargit parfois les représentants de ce courant à un trio en y adjoignant Juan Gris, quand on ne se contente pas d’évoquer Les demoiselles d’Avignon pour solde de tout compte. Cette oeuvre de 1907, symbolise certes une rupture stylistique et conceptuelle sans précédent et pourrait suffire à exhiber ses connaissances en la matière.

L’intérêt de l’exposition du Musée Fleury est justement d’aller plus loin en soulignant à travers un parallèle entre les oeuvres d’Albert Gleizes et Jean Metzinger connus pour leur opuscule de 1912, Du Cubisme*, la variété des courants qui sont intervenus dans l’émergence du cubisme. Que l’on se rassure, l’expo qui se compose de trois parties, ne se limite pas à la connaissance circulaire des théories contenues dans cet ouvrage.

Le parcours didactique réunit 80 tableaux et dessins. Dans un espace un peu trop restreint, le cubisme s’expose sous tous les angles. La première partie de l’exposition présente un choix d’oeuvres de Gleizes et de Metzinger réalisées avant 1911, avant que les artistes ne basculent dans le cubisme. Gleize décompose les formes, optant pour un style massif et sombre (L’écluse de Suresnes, 1908) tandis que les toiles néo-impressionnistes de Metzinger font appel à une palette lumineuse, les touches de peintures révélant des paysages vivants et oniriques (Paysage Bleu, 1906,1907).

Albert Gleizes, Femmes assises devant une fenêtre, 1914, huile sur carton, 70 x 104.5 cm. Collection privée Solange Landau New York © photo maison de vente Aguttes

Albert Gleizes, Femmes assises devant une fenêtre, 1914.

A la faveur d’une suite d’innovations liées à la vie moderne qui se succèdent à partir de la seconde moitié du XIXème siècle, le monde de l’art se transforme. L’école de Barbizon et de Courbet, l’usage nouveau des couleurs introduit par les Impressionnistes, le synthétisme de Gauguin et de l’Ecole de Pont-Aven et les audaces obstinées de Cézanne sont autant de révolutions à l’origine d’une nouvelle sensibilité collective qui permettra l’avènement du Cubisme.

Entre 1907 et 1914, ce mouvement bouleverse la notion de représentation. Des peintres comme Léger, Delaunay, Gris, Duchamp-Villon, Gleizes, Metzinger et d’autres s’émancipent de leur modèle. Le mouvement touche simultanément la littérature (Apollinaire, Reverdy…), la musique (Stravinsky, Schoenberg…), et le cinéma (Fernand Léger…). Le groupe de Puteaux animé par les frères Duchamp, fréquenté par Kupka, Léger et Picabia se réunit pour jouer aux échecs et débattre de théories mathématiques.

La seconde section de l’exposition en constitue le coeur. Elle rend compte de la diversité du mouvement cubiste. En complément des créations de Gleizes et Metzinger sont exposés les oeuvres de la Section d’Or, trois célèbres expositions dont la mythique Section d’or de 1912. Ces expositions montées à l’initiative des artistes voulaient rendre compte d’une esthétique commune avec des variantes singulières. La modernité d’un Léopold Sauvage (L’oiseau, 1915), ou la maîtrise du triangle d’un Jacques Villon (L’homme au canotier, 1913) en sont de remarquables exemples. La dernière section montre les trajectoires esthétiques différentes prises par chacun des deux artistes après 1914.

La rencontre entre Gleizes et Metzinger s’est faite autour du cubisme en 1910 et culmine avec le traité de 1912. La première et la troisième sections de l’exposition maintiennent cette rencontre sur des passerelles un peu bancales mais l’idée de parallèle ouvre des possibilités.

Si l’exposition de Lodève ne présente pas d’oeuvre majeure, son grand mérite est de nous renvoyer à la naissance du modernisme et à la grande diversité des appropriations. Le cubisme révolutionne l’ordre de l’art figuratif et insuffle une nouvelle conscience dans toute pratique de relation avec le réel.

Jean-Marie Dinh

*Premier livre jamais édité sur le mouvement cubiste.

Fernand Léger Le ballet mécanique

Léger Le ballet mécanique

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Visible dans le cadre de l’exposition, le film expérimental de Fernand Léger donne une idée de l’éclectisme du cubisme. Réalisé en 1924 « Le Ballet mécanique » date de l’époque où les architectes ont parlé de la civilisation machiniste. « L’erreur de la peinture c’est le sujet, l’erreur du cinéma c’est le scénario » dira Léger qui figure comme le premier artiste à réaliser un film sans scénario. « I l y a dans cette époque un nouveau réalisme que j’ai personnellement utilisé dans mes tableaux et dans ce film. Ce film est surtout la preuve que les machines et les fragments, que les objets usuels fabriqués sont possibles et plastiques (…) Des successions d’images rythmées,c’est tout (…). Nous insistons jusqu’à ce que l’oeil et l’esprit du spectateur ne l’acceptent plus. Nous épuisons sa valeur spectacle jusqu’au moment où il devient insupportable. Créer le rythme des objets communs dans l’espace et le temps , (…)  les présenter dans leur beauté plastique »…

Gleizes – Metzinger du cubisme et après à Lodève jusqu’au 3 novembre.

Source : La Marseillaise 07/08/2013

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