La presse libérale européenne répond au clip d’Oxfam-Solidarité : Une croisade inadmissible contre les riches

Silence ! On braque un hôpital | Oxfam-Solidarité

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Les contempteurs du capitalismes dévoient les révélations par pure jalousie, tonne The Daily Telegraph :

«La plus grande partie de ce qui a été dévoilé jusqu’à présent ne constitue pas une activité contraire à l’éthique, et encore moins une activité illégale. En effet, des millions de personnes ont placé leur argent dans des fonds offshore par l’intermédiaire de fonds de prévoyance retraite. … Comme cela avait déjà été le cas pour les Panama Papers, ces nouvelles informations ont été exploitées par des militants anticapitalistes qui ont du mal à accepter que certaines personnes soient plus riches que d’autres. … Sous couvert d’une vaste croisade moraliste, on essaie de mettre fin à des formes légitimes de placements fiscalement avantageux pour qu’à l’avenir, l’Etat décide à la place des gens où placer leur argent.»

 

 

La concurrence fiscale n’a rien de criminel

 

Les montages fiscaux offshore sont souvent criminalisés à tort, estime le quotidien Suisse Neue Zürcher Zeitung :

 

«Les transactions offshore sont parfois nécessaires dans un monde globalisé et si elles sont parfois l’expression de dysfonctionnements, elles en sont rarement la cause. C’est pourquoi il est trop simple de diaboliser les tentatives de se protéger de l’arbitraire, d’une bureaucratie pléthorique, d’une imposition excessive mais aussi de préserver sa sphère privée. Criminaliser d’office la concurrence fiscale internationale en s’appuyant sur un panel d’exemples d’abus est une grave imprudence. On aurait tort de se laisser éblouir par les motivations par trop limpides, tout au mieux naïves, des apologistes autoproclamés de la transparence. La concurrence entre les sites économiques, la protection de la sphère privée et les transactions offshore restent et demeurent nécessaires.»

 

 

Ce qui est immoral n’est pas forcément illégal

 

Le débat sur les pratiques fiscales doit aller au-delà des considérations morales, estime le quotidien Danois Berlingske :

 

«Le débat sur l’évasion fiscale doit être mené sur le terrain juridique et politique, même s’il est également possible de le mener sur le plan moral. La loi a-t-elle été enfreinte ? La législation nationale et internationale a-t-elle les moyens de redresser la barre ? En fonction des convictions politiques de chacun, les conceptions morales divergent. … On ne peut toutefois exiger que des entreprises, des organisations et des personnes se plient à des critères doubles : ceux des lois et ceux de la morale.»

Marchés financiers les dangers de la Bulle. La BCE continue à gonfler les ballons des marchés financiers

188440-5x3-newsletter580x348_0717bc105fLa Banque centrale européenne entend diviser par deux ses rachats d’actifs à compter de janvier 2018. De janvier à septembre 2018, elle se propose de limiter à 30 milliards d’euros le montant mensuel de ses rachats d’obligations d’Etats. La banque d’émission a laissé inchangé son taux directeur. Si certains commentateurs approuvent le virage prudemment amorcé par Mario Draghi à la tête de la BCE, d’autres trouvent qu’il ne va pas assez vite.

 

La stimulation permanente des marchés est risquée, met en garde De Tijd

«La BCE appuie moins fort sur l’accélérateur, mais elle ne relève pas le pied. … L’économie réelle pourrait se passer des mesures d’aide extraordinaires. Mais cette analyse s’applique-t-elle également aux marchés financiers ? … Ceux-ci sont devenus comme dépendants de l’argent à taux zéro. Si jamais la BCE arrêtait net ses injections de moyens financiers dans les marchés, ceux-ci pourraient présenter de graves symptômes de sevrage. Mario Draghi n’a aucun intérêt à causer sur les marchés financiers un crash qui pourrait avoir des conséquences négatives sur l’économie réelle. … Mais sa démarche n’est pas sans risques. La BCE continue à gonfler les ballons déjà bien remplis des marchés financiers.»

Source De Tijd (quotiden boursier Belge)

 

 

Draghi doit redresser la barre plus rapidement

Le virage pris par la BCE est bien trop timoré

«Les ménages achètent des logements qu’ils ne seront pas en mesure de rembourser. Les Etats de la zone euro perdent la motivation d’assainir leur budget. Et une bulle menace de se former sur les marchés des capitaux. Que fera-t-on si elle explose ? Et étant donné que la BCE ne trouve plus les volumes suffisants pour ses achats qu’auprès d’Etats européens lourdement endettés, la part des pays comme l’Italie, la France et l’Espagne continue d’augmenter sur la valeur totale des portefeuilles d’obligation de la BCE. … Les gardiens de la monnaie encourent d’énormes risques, tellement énormes que même certains des protagonistes en ont les jambes flageolantes. C’est pourquoi il est bon de faire une pause. … Il faudra attendre de nombreuses années d’ici à ce que les dangers soient circonscrits et que l’argent et les intérêts aient retrouvé leur fonction de contrôle de la bonne marche de l’économie. Il aurait été préférable de tirer le frein plus franchement et plus rapidement.»

Source Süddeutsche Zeitung : (quotidien All)

 

Un changement de cap prudent et bien avisé

Le journal Les Echos salue l’action de Draghi

«Les Etats-Unis avaient resserré trop vite leur politique monétaire dans les années 1930, accentuant alors la grande dépression. Le Japon a fait la même erreur dans les années 1990. La Fed prend tout son temps en ce moment pour relever ses taux et réduire son bilan. Mario Draghi a bien compris la leçon : il va prendre tout son temps avant de sonner la fin de l’ère de l’argent facile. Il est même possible que l’italien n’ait jamais à relever lui-même les taux de la BCE. Son mandat prendra fin dans deux ans très exactement. Et la question de sa succession va rapidement se poser.»

Source Les Echos

Voir aussi :  Rubrique Finance, rubrique Economie, rubrique Politique, Politique Economique, rubrique International, Rubrique UE, Commission Juncker la finance aux manettes,

Les dix annonces du discours de Juncker sur l’état de l’Union

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, lors de son discours sur l'état de l'Union, au Parlement européen à Strasbourg, le 13 septembre 2017. / Patrick Hertzog/AFP

Le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker a prononcé mercredi 13 septembre son discours sur l’état de l’Union européenne devant les eurodéputés, à Strasbourg. Un texte foisonnant qui trace les grandes lignes de la politique européenne pour l’année à venir.

) Institutions et citoyenneté

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé : « Au cours des prochains mois, nous devrions associer les parlements nationaux et la société civile au niveau national, régional et local aux travaux sur l’avenir de l’Europe », a plaidé le président de la Commission, soutenant l’initiative du président Emmanuel Macron d’organiser en 2018 des « conventions démocratiques dans toute l’Europe en 2018 ».

Il plaide par ailleurs en faveur de la création de listes transnationales, ce qui rendrait « les élections au Parlement européen plus européennes et plus démocratiques ».

Concernant l’exécutif européen, Jean-Claude Juncker a également estimé que « le paysage européen serait plus lisible et plus compréhensible si le navire européen était piloté par un seul capitaine ». En clair, il propose de fusionner sa propre fonction avec celle du président du conseil européen, Donald Tusk.

Analyse. Réticent à lâcher de ses prérogatives concernant la gouvernance de la zone euro, Jean-Claude Juncker donne d’autres gages à Emmanuel Macron en soutenant son initiative de consultation citoyenne. Il rejoint également le président français sur la composition de listes transnationales, mais la mesure déjà maintes fois évoquée ces dernières années n’emporte pas le consensus.

En plein déficit démocratique, l’UE cherche à se légitimer auprès des citoyens qui se sentent dépossédés du projet européen, et qui parfois se retranchent sur un vote nationaliste et populiste. Les changements institutionnels proposés par Jean-Claude Juncker sur le pouvoir exécutif de l’Union, rappelant l’échec du projet de Constitution porté par Valéry Giscard d’Estaing, demanderait une modification des traités. Cette fois avec l’adhésion populaire.

Devant l’Acropole, la démocratie européenne, selon Emmanuel Macron

2) Zone euro

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé :« Je veux une union économique et monétaire plus forte », a lancé Jean-Claude Juncker mercredi 13 septembre. Pour cela, le président de la Commission européenne propose la mise en place d’un « ministre européen de l’économie et des finances qui encourage et accompagne les réformes structurelles dans nos États membres. » Il plaide aussi pour une « ligne budgétaire conséquente dédiée à la zone euro ».

Analyse : La crise de la dette en Europe a mis au jour plusieurs fragilités dans les fondations de la monnaie unique et dans son pilotage. L’euro n’a pas permis de coordonner les orientations économiques de chaque État membre tandis que, facteur aggravant, l’absence de budget spécifiquement dédié à la zone euro n’a pas permis d’atténuer les divergences économiques croissantes entre les pays partageant cette monnaie.

Face à ce constat, Jean-Claude Juncker esquisse des pistes de réformes, comme d’autres avant lui mais avec de fortes nuances. En effet, le dirigeant propose que ce soit un commissaire européen qui joue le rôle de ministre européen de l’économie et des finances, et non pas un des ministres des finances de la zone euro. De même, Jean-Claude Juncker se prononce contre un budget et un parlement spécifiques à la zone euro (deux propositions d’Emmanuel Macron, notamment). Ces deux éléments doivent selon lui être considérés selon lui comme deux sous-ensembles de l’Union européenne et de ses institutions.

Ses propositions feront partie du débat, aux côtés notamment de celles du couple franco-allemand, attendues après les élections outre-Rhin le 24 septembre.

À lire : L’avenir de l’UE passe par le renforcement de l’euro

3) Défense et sécurité

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé : « Les cyberattaques sont parfois plus dangereuses pour la stabilité des démocraties et des économies que les fusils et les chars (…) La Commission propose (…) une Agence européenne de cybersécurité, pour mieux nous défendre contre les attaques ».

« Je plaide pour la création d’une cellule européenne de renseignement chargée de veiller à ce que les données relatives aux terroristes et aux combattants étrangers soient automatiquement échangées entre les services de renseignement et la police », a ajouté Jean-Claude Juncker, plaidant pour que le « nouveau parquet européen de poursuivre les auteurs d’infractions terroristes transfrontalières ».

Analyse : Il est vrai que 4 000 cyberattaques ont été enregistrées l’an dernier, et que les actes terroristes se moquent des frontières européennes, comme l’ont encore montré les récentes tueries en Catalogne. Concernant les cyberattaques, il existe déjà, depuis 2004, une agence basée à Heraklion, en Crète, mais il s’agit plutôt d’un fonds documentaire aux ressources limitées. L’essentiel de la coopération sur les attaques se fait en réalité à Tallinn en Estonie sous l’égide de l’Otan. Plus largement, les États sont peu enclins à lâcher leurs prérogatives en matière de sécurité intérieure. La plupart des échanges d’information ont lieu en bilatéral entre pays aux services de renseignement déjà bien étoffés.

À lire : Après le Brexit, cinq scénarios pour cimenter l’Europe

4) Migrations

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé : « Nous allons travailler à l’ouverture de voies de migration légales. La migration irrégulière ne s’arrêtera que lorsque les migrants auront une autre option que d’entreprendre un voyage périlleux ». Jean-Claude Juncker soutient le HCR pour réinstaller 40 000 autres réfugiés originaires de Libye et des pays voisins et faciliter l’accès des migrants à la carte bleue européenne sur les travailleurs qualifiés.

Analyse. À mesure que les frontières européennes se referment, avec la volonté afficher d’expulser plus facilement les étrangers en situation irrégulière, le président de la commission européenne souhaite prendre la main sur le flux migratoire, tant sur le volet asile que sur celui de l’immigration de travail. Cette politique passe nécessairement par un meilleur contact avec les pays de départ. Expulser davantage, en effet, implique d’obtenir les laissez-passer consulaires indispensables au retour. Et endiguer les flux à la source nécessite de solides accords de développement. Or, Jean-Claude Juncker, qui admet les limites des budgets européens, s’en remet à des États membres peu enclins à faire des efforts pour alimenter notamment le fonds fiduciaire pour l’Afrique. Les contributions nationales, sur une enveloppe de 2,7 milliards d’euros, n’atteignent que 150 millions d’euros.

À lire : Réfugiés, les quotas d’accueil conformes au droit européen

5) Accords commerciaux

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé : « Je voudrais que nous renforcions encore notre programme commercial européen (…). Nous venons de conclure avec le Canada un accord commercial (…), nous avons trouvé un accord politique avec le Japon sur un nouveau partenariat économique. Nous avons de bonnes chances de faire de même avec le Mexique et les pays d’Amérique du Sud. Et aujourd’hui, nous proposons d’ouvrir des négociations commerciales avec l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Je voudrais que tous ces accords soient finalisés d’ici à la fin de ce mandat. Et je tiens à ce qu’ils soient
négociés dans la plus parfaite transparence. »

L’analyse : Là encore, Jean-Claude Juncker prend à bras-le-corps un thème sensible dans l’opinion publique européenne. L’opposition montante au Tafta, le projet de traité de libre-échange transatlantique (finalement en suspens depuis l’élection de Donald Trump), puis l’adoption chaotique du traité avec le Canada, le Ceta, a révélé une méfiance des citoyens envers une Europe jugée ultralibérale. Ses propos sur la transparence accrue des processus de négociation visent à répondre à ses préoccupations. Dans le même temps, ses annonces de projets en cours de négociation indiquent qu’il ne change pas de cap et que le commerce reste une priorité de la Commission. Parce que, justifie-t-il, « le commerce, ce sont des emplois et de nouvelles opportunités pour les entreprises européennes ».

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6) Compétences de l’Union

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé :« Je voudrais que notre Union se concentre davantage sur ce qui compte réellement (…) Nous allons créer d’ici à la fin du mois une task force (« force d’intervention ») « Subsidiarité et proportionnalité » pour regarder de plus près toutes nos politiques, afin que l’Europe n’agisse que là où elle a une vraie valeur ajoutée », a déclaré Jean-Claude Juncker. Le vice-président de la Commission, Frans Timmermans, sera personnellement chargé de piloter ce groupe qui réunira des parlementaires nationaux et européens. Il présentera un rapport dans un an.

Analyse : Régulièrement raillée pour s’intéresser davantage au calibrage des concombres qu’aux grands défis collectifs, l’Union européenne doit en effet mieux cerner son champ d’intervention pour gagner en crédibilité. Un travail a déjà été mené dans ce sens, puisque la commission européenne se félicite d’avoir proposé 25 initiatives par an, contre plus de 100 lors des mandatures précédentes.

Lire aussi : Dix idées pour l’Europe de demain

7) Intérêts stratégiques européens

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé :« L’Europe doit toujours défendre ses intérêts stratégiques (…). Nous proposons aujourd’hui un nouveau cadre de l’UE sur l’examen des investissements. Si une entreprise publique étrangère veut faire l’acquisition d’un port européen stratégique, d’une partie de notre infrastructure énergétique ou d’une de nos sociétés dans le domaine des technologies de défense, cela ne peut se faire que dans la transparence, à travers un examen approfondi et un débat. Il est de notre responsabilité politique de savoir ce qui se passe chez nous afin d’être en mesure, si besoin, de protéger notre sécurité collective ».

Analyse : Jean-Claude Juncker met ainsi ses pas dans ceux de la France, de l’Allemagne et de l’Italie, qui ont proposé en début d’année que les États membres aient la possibilité d’intervenir sur des cas particuliers d’investissements directs étrangers sur des actifs stratégiques, en particulier lorsque ces investissements émanent d’entreprises contrôlées ou financées par des États.

Il reste maintenant à concrétiser cette volonté qui ne fait pas l’unanimité entre les États membres, partagés entre les partisans d’un libre-échange total et ceux qui veulent préserver un droit de regard.

À lire : Les six grands discours sur l’état de l’Union

8) Élargissement

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé :« Si nous voulons plus de stabilité dans notre voisinage, nous devons offrir des perspectives d’élargissement crédibles aux Balkans occidentaux (…). Si nous voulons renforcer la protection de nos frontières extérieures, nous devons laisser la Bulgarie et la Roumanie rejoindre immédiatement l’espace Schengen », estime Jean-Claude Juncker, qui souhaite aussi de faire avancer la candidature croate.

Analyse : Ces déclarations sont surprenantes à l’heure où l’opinion publique européenne s’accorde à dire que l’intégration dans l’UE des pays de l’Est notamment a été sans doute trop rapide. Pour faire passer l’idée, il évoque la protection des « frontières extérieures », les premiers pays d’entrée dans l’Union européenne étant encore aujourd’hui responsable de l’examen de la demande d’asile. C’est aussi une manière de marquer la différence entre les pays éligibles à l’adhésion et la Turquie, qui selon lui « s’éloigne à pas de géants de l’Union européenne ».

À lire : « Emmanuel Macron pose la juste question de l’identité européenne »

9) Travailleurs détachés

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé : Pour Jean-Claude Juncker, « il ne peut y avoir de travailleurs de deuxième classe » dans une « Union entre égaux ». « Ceux qui effectuent le même travail au même endroit doivent pouvoir obtenir le même salaire (…).Nous devons veiller à ce que les dispositions de l’Union concernant la mobilité des travailleurs soient justes, efficaces et imposées partout, avec le soutien d’une nouvelle autorité européenne de contrôle et d’exécution de ces mesures ». Une autorité que « nous créerons », a-t-il assuré.

Analyse : Le thème des travailleurs détachés a cristallisé dans la campagne électorale française 2017 le désamour envers une Europe accusée de mettre les salariés européens en concurrence d’un pays à l’autre. Aussitôt élu, le président Macron est intervenu dans le processus de révision de la directive européenne encadrant le travail détaché, qui était en cours, en proposant notamment de muscler les dispositifs de contrôle et de sanctions en cas de fraude. L’initiative française a provoqué la colère des pays d’Europe centrale, grands pourvoyeurs de travailleurs détachés à l’ouest du continent. Le sommet européen de la fin octobre visera à trouver un consensus entre les différents États, mais aussi la Commission et le parlement européens. Ce sera l’occasion pour Jean-Claude Juncker de préciser sa position, qui va dans le sens d’un contrôle accru mais qui reste floue dans ce discours sur les modalités d’action de cette agence.

À lire : Le travail détaché divise toujours les Européens

10) Climat

Ce que Jean-Claude Juncker a annoncé :« Je veux que l’Europe soit à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique ». En appui de son propos, Jean-Claude Juncker annonce que la Commission « présentera sous peu une proposition de réduction des émissions de carbone dans le secteur des transports ».

Analyse : Les objectifs ne manquent pas pour réduire la pollution. L’UE vise déjà une réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, par rapport aux niveaux de 1990. Ce qu’il manque à présent, ce sont les moyens pour y parvenir. Car selon Eurostat, deux États membres sur trois continuent de voir leurs émissions augmenter.

Marie Dancer et Jean-Baptiste François

Source La Croix  13/09/2017

Voir aussi : Actualité internationale, Rubrique UE, Grèce, L’Europe contre les peuples, Commission Juncker la finance aux manettes, rubrique Politique, Politique économiqueSociété civile, rubrique Société, Citoyenneté, Opinion,

La crise grecque a rapporté plus de 1 milliard d’euros aux finances allemandes

Le ministère des Finances allemand a rendu public les profits engrangés grâce aux intérêts des prêts accordés à la Grèce. (Crédits : Reuters Yannis Behrakis)

Le ministère des Finances allemand a rendu public les profits engrangés grâce aux intérêts des prêts accordés à la Grèce. (Crédits : Reuters Yannis Behrakis)

Entre les prêts accordés à Athènes et les programmes de rachat de titres de dette, les organismes allemands ont récolté 1,34 milliard d’euros depuis le début de la crise.

Le ministère des Finances allemand a rendu public les profits engrangés grâce aux intérêts des prêts accordés à la Grèce. Résultat, Berlin a encaissé 1,34 milliard d’euros depuis le début de la crise en 2009, révèle le quotidien Süddeutsche Zeitung.

Dans le détail, la banque de développement allemande KfW a encaissé 393 millions d’euros d’intérêts du prêt de 15,2 milliards d’euros qu’elle a accordé à Athènes en 2010. Entre 2010 et 2012, un programme de rachat de titres de dette d’Etat par les banques centrales de la zone euro à permis à la Bundesbank d’enregistrer un profit de 952 millions d’euros.

Les Etats membres s’étaient pourtant accordés pour reverser les profits des banques centrales à la Grèce. Seulement l’opération a été stoppée en 2015 pour des raisons politiques, rappelle Les Echos, en particulier à cause des tensions entre le gouvernement Tsipras, fraîchement élu, et la Troïka. La bonne volonté marquée d’Athènes, en appliquant les mesures d’austérité demandées par ses créanciers, devrait conduire les Européens à lever le blocage.

Berlin refuse toujours des mesures d’allègement de la dette grecque

Malgré les efforts d’Athènes pour satisfaire les demandes de ses créanciers, notamment en dégageant un excédent primaire supérieur aux objectifs et en adoptant de nouvelles mesures d’austérité, Berlin refuse toujours de lâcher du lest. Le gouvernement d’Alexis Tsipras cherche à obtenir un allègement de la dette, de sorte à restaurer la confiance, en vue d’un retour sur les marchés pour financer la dette.

Après huit années d’austérité, la croissance grecque ne décolle pas. Le FMI en a bien conscience et avait conditionné sa participation au versement de la prochaine tranche d’aide à des mesures d’allègement de la dette hellénique. Face au refus catégorique du ministre des Finances allemand, Wolfgang Schäuble, le Fonds a donné son accord de principe sur sa participation car, sans cette nouvelle tranche d’aide, Athènes aurait fait défaut au remboursement d’un prêt qui arrivait à échéance ce mois de juillet. Mais le FMI ne veut pas effectuer de versement tant que des concessions ne seront pas faites de la part des Européens. A cette heure, l’avenir de la Grèce reste flou.

Source La Tribune 13/07/2017

Voir aussi : Rubrique Finance, rubrique UE, rubrique Grèce, La logique des créanciers, jusqu’au bout de l’absurde2015 le révélateur grec, Varoufakis déplore l’impuissance de la France en EuropeDu traité constitutionnel à Syriza : l’Europe contre les peuples, rubrique Allemagne, rubrique Politique, Affaire, Politique économique, rubrique Economie On Line : Grèce : un prêt de 8,5 milliards d’euros validé, sans accord sur l’allègement de la dette

 

Source La Tribune 13/07/2017

Tobin or not Tobin: la taxe sur les transactions financières s’éloigne

L'économiste James Tobin dans son bureau de l'université de Yale en 1981 © AFP Photo

L’économiste James Tobin dans son bureau de l’université de Yale en 1981 © AFP Photo

Les ministres des Finances de la zone euro ont annulé le 22 mai une réunion consacrée à la taxe sur les transactions financières (TTF). Cette taxe Tobin, qui pourrait rapporter plus de 10 mds d’euros en année pleine à la France, est sur la table de négociation depuis la crise financière de 2008. Alors que les Britanniques bloquaient son adoption, le Brexit éloigne un peu plus son application.

La taxe Tobin, du nom du prix Nobel d’économie qui l’a théorisé dans les années 70, consiste à prélever une commission minime sur chaque échange d’action ou produit financier. Après la grave crise financière de 2008, elle avait pour première fonction de limiter la spéculation. Avec la crise des subprimes, les Etats et les contribuables avaient déboursé des centaines de milliards d’euros pour sauver les banques. Il pouvait donc sembler légitime d’associer les marchés financiers aux lourds coûts des crises.

Réduire la spéculation
Concrètement, il s’agit de prélever une commission de 0,1 % sur chaque échange d’actions ou de produits dérivés, afin de réduire les transactions financières et limiter la spéculation.

Après les premiers blocages, notamment britanniques, une dizaine de pays européens ont lancé en 2013 une «coopération renforcée». Une coopération renforcée ne peut se faire que si au moins un tiers des Etats membres de l’UE (28 actuellement) y participent, soit 9 au minimum.

L’Allemagne, la France, la Belgique, le Portugal, la Slovénie, la Grèce, l’Italie, l’Espagne et la Slovaquie prévoient de taxer les actions et obligations à hauteur de 0,1% et les contrats dérivés à un taux de 0,01%.

#TTF ça coince sur la taxe Tobin…premier accroc en Europe pour Macron ? >> https://t.co/XXvFjdte8u https://t.co/LHTPORxeYf
— Nicolas Raffin (@Nico_Raffin) 22 mai 2017

Réu #TTF annulée sur demande @EmmanuelMacron @BrunoLeMaire qui reculent… pr mieux sauter? https://t.co/9h7pqq2cQC #Climat #Solidarité2017

— Oxfam France (@oxfamfrance) 22 mai 2017

Nouvelle donne
Paradoxalement, le Brexit, qui aurait dû faciliter les choses, semble aujourd’hui les compliquer. Depuis l’annonce du départ britannique, la Belgique rechigne à adopter le compromis. Mais pour le Premier ministre belge Charles Michel, son pays n’est pas le seul fautif. «En Allemagne, il existe des craintes depuis le Brexit. En France, Emmanuel Macron a également énoncé des doutes». Chacun est accusé de traîner les pieds face à cette réforme. Populaire dans l’opinion, la taxe Tobin semble de plus en plus dans l’impasse.

Avec le Brexit, des places financières comme Francfort (Allemagne) ou Paris espèrent en effet récupérer une partie des activités de la City de Londres. La mise en place d’une taxe sur les transactions financières serait un mauvais signal pour attirer les institutions financières britanniques (qui risquent de perdre leur passeport européen).

Depuis l’annonce du Brexit Paris, Francfort et Dublin rivalisent pour attirer les banques britanniques et des milliers d’emplois à la clé.
La compétition est vive et les trois capitales européennes sont prêtes à mettre la taxe Tobin sous le boisseau.

Concurrence européenne
Pour Alexandre Naulot, de l’ONG Oxfam, l’argument ne tient pas : «La taxe prévoit d’appliquer le principe de résidence. A partir du moment, où par exemple, une banque britannique fait une transaction avec une banque française, elle paiera la taxe. Or, les établissements financiers de la City ou d’ailleurs ne peuvent pas se couper des pays qui veulent mettre en place cette taxe, car ces Etats représentent 90 % du PIB de la zone euro. Les banques n’abandonneront jamais ce marché.»

Emmanuel Macron, qui veut attirer les activités financières en France, a émis des doutes sur l’adoption de la taxe Tobin. Si la France et la Belgique décidaient de se retirer du groupe de coopération, celui-ci disparaîtrait, car il doit rassembler au moins neuf Etats membres. Sur ce dossier, comme sur d’autres, les pays européens sont en concurrence au lieu de présenter un front uni.

Michel Lachkar

Source : Géopolis 24/05/2017

Voir aussi : Actualité Internationale, Rubrique Finance, Les spéculateurs devraient être jugés pour crime contre l’humanité, Rubrique  Politique, Politique Economique, , Un nouveau droit à l’opacité pour les multinationales, rubrique UE,