Arabesques « Le combat est culturel. Nous devons être au front »

Arabesques : pour se construire il faut savoir d’où l’on vient

Nesma  dépeint l’itinéraire de la poésie  arabo-andalouse.  Photo dr

Nesma dépeint l’itinéraire de la poésie arabo-andalouse. Photo dr

Le festival Arabesques qui met en lumière la richesse des cultures arabes est aussi un vecteur d’intégration.

A travers cette 11e édition, le festival Arabesques poursuit l’exploration des multiples richesses de la culture du Monde Arabe. Un voyage qui nous conduit à travers l’histoire sur des terres d’échanges et de tolérance en se gardant bien de la tentation exotique ou folklorique au sens touristique du terme. Il s’attache aux racines comme à la réalité multiculturelle, y compris dans l’hexagone. L’action menée auprès des scolaires durant toute l’année par l’association Uni’Son, mis à l’honneur au début du festival, est une pierre angulaire d’une manifestation dont la programmation reste avant tout festive.

Hier au cinéma Diagonal, la projection du documentaire de Wahid Chaïb et Laurent Benitah s’inscrit pleinement dans cet esprit. Le film Chaâba du bled au bidonville évoque le Chaâba, lieu d’habitation surnommé par ses habitants qui signifie « trou», « patelin lointain » en arabe dialectal. Il propose un coup de projecteur sur un lieu de vie de 1949 à 1967 d’une trentaine de familles algériennes venues en France au sortir de la seconde guerre avec l’espoir d’améliorer le quotidien de leurs familles restée en Algérie.

Ce témoignage soulève la difficulté d’une génération de migrants et de leurs descendants à évoquer le passé. Il participe pleinement à la démarche positive d’Arabesques quant aux origines déjà évoquées lors des éditions précédentes avec le témoignage des Chibanis.

Le passage de repères identitaires bouleversés  à celui de cultures partagées suppose un travail de (re) connaissance auquel s’emploie le festival à travers de multiples propositions.
A l’heure de la montée de l’influence salafiste auprès d’une partie de la jeunesse, les déclarations du chef du gouvernement actant que le courant fondamentaliste « était en train de gagner la bataille idéologique et culturelle » ne peuvent que renforcer l’échec de l’intégration. Parce qu’elles tendent à désigner l’islam en général comme une menace dirigée contre la France.

La partie de la compréhension et de l’humanisme défendue par Arabesques qui concerne la grande majorité des musulmans français sans se limiter à une communauté religieuse ou une carte d’identité, porte en revanche ses fruits. On le voit dans la diversité du public.

A l’heure où les bidonvilles ressurgissent dans les grandes villes françaises, poussés par les inégalités croissantes, et l’arrivée de nouvelles populations migrantes il parait urgent de s’intéresser, aux origines des problèmes posés, à la richesse des identités culturelles concernées pour ne pas reproduire un schéma discriminant voué à l’échec.

JMDH

Source : La Marseillaise 19/05/2016

Du bonheur en perspective

Orchestre arabo-andalou de Fès

Orchestre arabo-andalou de Fès

Le début de semaine fut illuminé par la présence exceptionnelle et  hypnotisante de l’Orchestre arabo-andalou de Fès à l’Opéra Comédie.  Sous le serein patronage de Mohamed Briouel qui se produit aussi en compagnie d’artistes de traditions juives, les huit musiciens chanteurs de l’orchestre national ont interprété un répertoire traditionnel du XV² siècle. La restitution de la musique ancienne andalouse marocaine dans la pure tradition, porte en elle une dimension populaire attisée par la présence des artistes qui a conquis le public Montpelliérain.

La fin de semaine s’annonce également riche en propositions.

Hindi Zahra

Hindi Zahra

Vendredi  à 19h30 au Théâtre Jean-Claude Carrière, un concert de  Bab Assalan quartet issue d’une rencontre entre le luthiste syrien Khaled et son frère percussionniste, Mohanad  Aljaramani et le clarinettiste français  Raphaël Vuillard. A 21h30 suivra dans l’Amphi D’O un double plateau plein d’énergie. Karimouche la chanteuse danseuse rappeuse et comédienne  débarque sur scène avec son style et son franc-parler pour embarquer le public dans un show musical où se côtoient ragga, reggae électro et pop music. Dans un style tout autre, plus dépouillé, la chanteuse d’origine berbère Hindi Zahra pose le charme de sa voix sur des mélodies jazz, soul et folk.

Waed Bouhassoun

Waed Bouhassoun

Samedi, le rêve commence à 15h avec la conteuse Halima Hamdane (pour enfant). A 16h le journaliste Rabah Mezouane fait le point sur la musique du Maghreb dans le paysage français. A 18h, il ne faut pas manquer le récital de la syrienne Waed Bouhassoun, une outiste talentueuse qui chante des poèmes d’Adonis, Mansur al-Hajjal, d’al -?Mulawwah, ou d’Ibn Arabi sur ses propres compositions.

Voir programme jusqu’à dimanche Festival Arabesques 2016.

 

 

 

« Faire émerger l’idée d’une communauté au sein de laquelle ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. »

Habib Dechraoui

Habib Dechraoui

Entretien avec Habib Dechraoui, le directeur du festival Arabesques qui a débuté par deux journées dédiées au public scolaire.

Fort de son expérience, le festival Arabesques se positionne aujourd’hui comme un carrefour permettant le croisement des richesses artistiques du monde arabe et comme un merveilleux outil de coopération avec les villes et acteurs culturels des pays de l’autre rive de la Méditerranée. L’édition 2016 qui se tient à Montpellier jusqu’au 22 mai rend compte de ce mouvement, de ces croisements, de ces apports culturels.

Après la dixième édition célébrée l’année dernière, quel type de motivation vous guide dans le contexte difficile que traversent les pays arabes ?


L’édition 2015, a été très appréciée pour sa qualité artistique et très suivie avec près de 200 000 personnes concernées par le festival et tout le travail réalisé en amont par l’association Uni’Sons qui oeuvre notamment auprès des scolaires. Avec Jeunesse en Arabesques, nos activités de sensibilisation artistique qui contribuent au rapprochement entre les peuples, connaissent une demande exponentielle. Pour une autre partie du public,  l’opéra du Caire perpétuant le répertoire Oum Kalsoum à l’opéra Comédie reste un souvenir inoubliable.

C’est aussi un vecteur qui fait sens  car il s’agit  de musique classique. Un double rapprochement s’est opéré du public habituel de l’opéra vers un répertoire différent et d’un public qui apprécie ce répertoire mais n’avait jamais franchi les portes de l’opéra. Avec la directrice de l’opéra, Valérie Chevalier, très enthousiasmée par cette expérience, nous poursuivons notre collaboration. Cette année nous recevons l’orchestre arabo-andalou de Fès, le groupe le plus important  du genre andalou marocain. Ils seront à Montpellier lundi 16 mai pour une date unique en France. Et d’autres projets sont en cours.

Sous quelles étoiles s’inscrit le thème de l’Orient merveilleux ?


Sous le ciel  aux mille et une étoiles de l’héritage arabo-andalou. Nous avions choisi la thématique avant les attentats de novembre dernier. Ces sinistres événements nous renforcent dans notre conviction que la culture est le vecteur essentiel du savoir vivre ensemble. Il s’agit de souligner et de faire émerger l’idée d’une communauté au sein de laquelle  ce qui nous unit est plus fort que ce qui nous divise. Cet héritage commun n’appartient pas à une religion ou une autre.

Vous employez  le terme communauté, comment faut-il l’entendre ?


Lorsque je parle d’Arabesques, je fais tout pour ne pas évoquer la religion qui relève du domaine privé. La communauté à laquelle je fais référence se compose d’une pluralité d’identités à la fois sociales, géographiques, ethniques, populaire, rurales et urbaines… La communauté est la somme de ces identités qui composent le public d’Arabesques.

Auquel s’ajoute les artistes qui viennent d’autres rives de la Méditerranée. J’admire par exemple le courage de la société civile tunisienne qui est très active. J’ai envie d’y contribuer à un petit niveau en faisant venir des artistes. La scène émergente du monde arabe est pleine de vivacité à l’instar du  festival musical de Beyrouth Beirut & Beyond dont la dernière édition à pour la première fois été annulée en raison des troubles que connaît la capitale libanaise. Tous ces artistes composent une partie de notre communauté. Il nous font du bien. C’est une des raisons d’être du festival Arabesques de donner à comprendre,  de préserver l’art traditionnel arabe et de rendre visibles les créateurs émergents. Pour des raisons budgétaires, j’ai malheureusement dû annuler deux projets auxquels je tenais beaucoup : une création audiovisuelle égyptienne, et un groupe palestinien.

Le festival ne se réduit pas  à établir une programmation, où en êtes-vous dans la mise en perspective ?

Nous avons passé le cap des dix ans l’an dernier. Après chaque édition l’équipe du festival se retrouve dans les Cévennes pour faire le bilan. Je sais généralement où je veux aller mais il est important pour moi de rester à l’écoute des acteurs qui m’accompagnent depuis le début. Si la musique reste  au centre de notre programmation parce qu’elle est populaire et fédératrice le festival a la volonté d’amener le public ailleurs . Aussi bien vers des  formes classiques que vers la découverte de groupes rock et électro qui font une percée significative dans les pays arabes. Nous avons aussi la volonté d’ouvrir le festival à d’autres formes d’expressions artistiques comme les arts plastiques,  le théâtre, le cirque… pour suivre le mouvement de la nouvelle scène arabe qui diversifie ses moyens d’expression.

La délocalisation du festival pourrait-elle être en jeu dans les années à venir ?

Depuis trois ans les sollicitations se succèdent à l’échelle européenne et au-delà. Mais je suis attaché à mon territoire d’action qui est un des plus sinistrés. Notre QG se situe toujours dans le quartier haut de La Paillade. Je pense que le combat doit se mener au front. C’est important de ne pas déserter parce que le monde à horreur du vide.

Aujourd’hui dans les quartiers, on voit les acteurs économiques, sociaux et culturels agoniser. Une fois qu’ils ne seront plus là, ce sera la fin. Après les attentats de Bruxelles, le  Bourgmestre à fait un constat très lucide en affirmant que le combat contre le terrorisme et le repli identitaire passaient d’abord par la culture et l’éducation.
Pour moi le succès  du festival n’est pas une surprise. Il est lié au soutien du Conseil départemental, mais je connaissais dès le début le potentiel de ce projet. Après 10 ans nous devons projeter de nouveaux axes de développement. Je persiste à penser que nous devons lancer des passerelles à partir d’ici, des racines. Mes parents sont arrivés là dans les années 50. Tout cela je le valorise aujourd’hui et cela me donne de la force. On ne devrait pas accorder tant d’attention aux gens qui présentent leur projet avant de leur demander leur bilan. Ce qu’il ont fait concrètement.

Vos coup de coeur à l’affiche de cette 11e édition…

Le cabaret Tam Tam qui nous fait replonger dans les nuits parisiennes festives de la diaspora orientale parisienne dans les années 40. Et le récital  de Waed Bouhassoun réfugiée syrienne qui interprète ses compositions au Luth sur des poèmes d’Adonis, Sorhawardi ou Ibn Arabi. Elle me touche beaucoup.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 14/05/2016

Voir aussi : Rubrique  Festival, Il était une fois les Chibanis, rubrique Méditerranée, rubrique Montpellier, rubrique Politique, Politique Immigration, Politique Culturelle, Politique de l’Education,

Vanités post-moderne à la maison des Consuls

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1- Carrona (2011, verre de Murano, détail) de Javier Pérez

Le thème des Vanités  revu et  corrigé par huit  artistes contemporains  de renommée internationale au musée d’Arts et d’archéologie des Matelles en  Grand Pic Saint-Loup

Le réseau de diffusion habituel de l’art contemporain international trouve peu de relais en zone rural ce pourquoi on aurait tord de se priver des belles exceptions qui confirme la règle. Ce que donne à voir l’exposition Vanités jusqu’au 4 septembre à la Maison des Consuls du village des Matelles est assez rare pour être souligné. L’idée qu’il faille frapper fort pour produire un effet d’aubaine plutôt qu’envisager une lente mutation pour passer des traditionnels spectacles de la salle des fêtes à une programmation plus ambitieuse  est défendue par le directeur de la culture de la Communauté des communes du Grand Pic Saint-Loup, Didier Fournials, et elle est soutenue par son président Alain Barbe. Outre le fait que cette initiative réponde au défi d’ouvrir le flux  convoité du tourisme  culturel, elle  s’inscrit également dans le cadre d’une politique culturelle en direction de la population résidente qui a accès à des oeuvres majeures.

La beauté éphémère de la vie


La Maison des Consuls abrite au rez-de-chaussé  une collection archéologique dont l’exposition temporaire permettra de découvrir les 3 500 pièces de l’expo permanente. La Vanité démarre dans la Hollande calviniste du XVII e siècle. Le genre est une mise en jeu du vivant qui s’éloigne des sujets de la période italienne. « C’est une réappropriation de la réflexion sur la mort, précise la commissaire de l’exposition Marie-Caroline Allaire-Matte « L’homme se prend en charge. Les figurations sont objectivées par le sujet qui évoque à la fois la vie humaine et son caractère éphémère.» Cette nouvelle impulsion prisées à l’époque baroque va disparaître au XVIIIe siècle avant de resurgir au XXe portée par des artistes comme Braque, Picasso ou Cézanne.

Le parti pris de l’exposition vise à présenter les toutes dernières tendances de la création dans ce domaine. «Les Vanités d’aujourd’hui ne sont pas comme hier, l’expression d’une philosophie. Depuis les années 80, nous sommes dans un appel à la réflexion sur notre monde, indique la commissaire dont le travail s’est opéré à partir de choix concis dans une démarche prospective sans crainte des contrastes. Les oeuvres présentées sont issues des FRAC Midi Pyrénées, et Languedoc-roussillon, du CIRVA de Marseille et du Carré d’Art de Nîmes. Le regard du visiteur se renouvelle dans une scénographie organisée suivant les pièces en enfilade de la Maison des Consuls où se succèdent les visions de huit artistes de renommée international.

Une certaine perception de notre finitude

La première pièce de Patrick Neu, un superbe crâne en Cristal noir fait lien avec l’histoire, mais opère aussi un déplacement par la couleur et la notion de masse sans se défaire d’une radicalité à l’endroit de jointure avec le cou.  Javier Pérez présente une très belle pièce composée d’un immense lustre en cristal rouge brisé. On admire les morceaux accessibles qui jonchent le sol tandis qu’une dizaine de corbeaux prélèvent les morceaux de cristal cassés. On peut lire dans cette œuvre une vision de notre édifice collectif et une certaine perception de notre finitude dans une dimension magnifiée.

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Pièce de Jan Fabre (Stillife with artist 2004)  Exposition Vanités.

 

Le travail photographique de Valérie Belin sur les crashs à grande vitesse fascine. Vecteur de statut sociale la voiture passe et nous trépassons avec la voiture. L’artiste flammand Jan Fabre relie son univers au thème des Vanités en proposant une joyeuse façon de passer à la postérité. Son sarcophage en paon et ailes de scarabée rend hommage à la mort et à la résurrection avec le goût certain que l’artiste affirme pour le mystère. Car comme le rappelle Marie-Caroline Allaire-Matte « On ne tue pas un paon on attend qu’il meurt

JMDH

"Car" Valérie Belin nous parle d’une société qui passe son temps à se survivre à elle-même

« Car » Valérie Belin nous parle d’une société qui passe son temps à se survivre à elle-même

Source La Marseillaise 13/05/2016

Vanités, jusqu’au 4 septembre Maison des Consuls 04 99 63 25 46

Voir aussi :   Rubrique Art rubrique Exposition,

Isabelle Munoz : « La photo c’est une façon d’aimer »

Isabel Muñoz (born 1951, in Barcelona) is a Spanish photographer who lives in Madrid.

Isabel Muñoz (née en 1951, in Barcelona) is a Spanish photographer who lives in Madrid.

Sète. Rencontre avec Isabelle Munoz une grande dame de la photographie espagnole invitée du festival imageSingulières

Portée par une passion humaniste, l’infatigable Isabelle Munoz parcourt le monde pour traduire son évolution. Ses images de corps d’hommes et de  femmes, où le grain de la peau se fond dans un velouté sensuel, transportent notre regard dans un espace universel. L’oeuvre de l’artiste s’inscrit dans le panorama proposé dans le cadre du double hommage rendu cette année à la photographie espagnole et à l’agence VU’  qui fête à Sète son 30e anniversaire.

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Isabel Muñoz

Vous faites partie des photographes fidèles à l’Agence VU’, comment a débuté cette aventure ?

L’hommage qui est rendu ici à la photographie espagnole n’aurait jamais existé sans Christian Caujolle, le directeur artistique et membre fondateur de l’agence VU’. Nous lui devons tous beaucoup, car c’est lui qui a permis aux photographes espagnols qui gravitaient autour de la petite école de photo à Madrid, de se révéler. Les gens de ma génération ont été élevés sous Franco. Je veux dire que nous savons apprécier la liberté. Il est venu à notre rencontre et nous a permis de montrer ce que nous avions à exprimer.

Dans quelles circonstances ?

Lorsque j’ai rencontré  Christian je lui ai montré mes grandes platines (procédé alternatif de tirage utilisé par une minorité d’artistes photographes) il les a embarquées pour les montrer à l’étranger, ce qui m’a permis de poursuivre mon travail et de me réaliser. Ce qui est formidable c’est que Christian a fait cela dans le monde entier, du Mexique à la Chine et qu’il poursuit cette démarche en dépit des difficultés économiques que rencontre le secteur. Il est à l’origine d’une nouvelle génération de photographes cambodgiens qui s’est révélée cinq ans après son passage dans ce pays.  Si tu ne montres pas ton travail il n’existe pas. C’est pour cela que des rencontres comme celles d’images Singulières sont très importantes.

Isabel Muñoz

Isabel Muñoz

Vous êtes aussi une grande voyageuse …

Oui, je me déplace beaucoup dans le monde, à travers mes voyages, c’est l’être humain qui m’intéresse. J’ai récemment travailler sur les fillettes prostituées au Cambodge et les femmes utilisées comme armes de guerre au Congo. L’amour ce n’est pas seulement les petites fleurs. Parfois elles sont là si tu sais les regarder, sinon elles passent. On est dans un monde où j’ai besoin de témoigner.

La reconnaissance dont vous bénéficiez aujourd’hui modifie-t-elle votre approche ?

Mon langage ne change pas. C’est la vie qui change le regard. Dans mon cas l’art est une nécessité parce qu’il me permet d’entrer dans des lieux où je n’aurais jamais été entendue. Une image n’est rien si il n’y a pas une histoire autour de ce langage.

Votre travail explore le corps ou y renvoie presque inévitablement ?

Le corps est un livre de ce que nous sommes. On peut lire à travers le mouvement, le regard, parcourir les corps pour parler de la dignité, du désir… L’art a le pouvoir de faire sortir la lumière du corps et particulièrement l’art photographique. La photo, c’est une façon d’aimer.

Sur quoi travaillez-vous ?

Sur ce qui me préoccupe.  Les changements  liés à la crise modifient les choses. Il existe des lieux et des artistes reconnus mais les jeunes n’y trouvent plus de place. Comme dans la société en général. Je ne comprends pas la politique mais je comprends le besoin des autres. Je travail sur la jeunesse pour étudier ce qui se passe. Un peu partout dans le monde, les jeunes cherchent leur identité, des liens d’appartenance avec une tribu. Et ils utilisent leurs corps qu’ils modifient en faisant des suspensions, des piercings ou en pratiquant la scarification. L’humain ne peut pas vivre sans rêve.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

 

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Photo Chema Madoz
Il est un formidable illusionniste. Celui qui réalise depuis des décennies des « natures mortes » dont la caractéristique essentielle est d’agiter les idées et de donner vie aussi bien à la fantaisie qu’à la poésie

 

Zoom sur VU’
Une agence de photographes qui mise sur la force des identités

Dès sa création en 1986, VU’ s’est définie comme une “agence de photographes” plutôt que comme une agence photographique, affirmant ainsi la spécificité des identités qui la composent. Son nom, éponyme du célèbre magazine des années 1920 qui révolutionna le concept d’illustration, affiche une filiation ambitieuse. Elle a progressivement imposé un regard neuf et affirme chaque jour l’engagement d’intelligence et de créativité de ses auteurs. Découvrir, favoriser, diffuser mais aussi exposer dans une vaste galerie … L’équipe de VU’ fait d’une aventure collective un laboratoire permanent de réflexion sur les évolutions de la photographie et sa place dans le monde de l’image ; sociale, documentaire, plasticienne, il importe de décrypter la dimension polysémique de la création contemporaine et d’interroger son traitement par les médias, les entreprises ou les institutions.De l’actualité immédiate à l’enquête au long cours, de l’oeuvre formelle au récit intimiste, les photographes de VU’ dressent depuis vingt ans un panorama pluriel et mouvant de la photographie.

Ricard Terré Il fut membre du groupe AFAL qui, sous le franquisme, réunit pendant quelques temps les plus intéressants des photographes espagnols, ceux qui, malgré l’isolement qui leur était imposé, menaient à la fois une réflexion de fond et développaient une recherche plastique.

Richard Terré
Il fut membre du groupe AFAL qui, sous le franquisme, réunit pendant quelques temps les plus intéressants des photographes espagnols, ceux qui, malgré l’isolement qui leur était imposé, menaient à la fois une réflexion de fond et développaient une recherche plastique.

Le parrain Christian Caujolle

Présent à Sète à l’occasion du festival, Christian Caujolle est et le directeur artistique de l’Agence VU’. Il a activement soutenu les photographes espagnols dont le travail est présenté, Juan Manuel Castro Prieto, Alberto Garcia-Alix, Cristina Garcia-Rodero, Chema Madoz, Isabel Munoz, Ricard Terré, Virxilio Viétiez, ces deux derniers ayant essentiellement produits sous le franquisme. On peut découvrir leur travail au Chais des Moulins dans la diversité de styles et de propos, du photojournalisme aux expérimentations formelles. Ils ont enrichi l’agence VU’ qui a toujours donné une place importante aux regards des talents locaux, comme se fut le cas dès 1988 en signant des contrats avec des photographes chinois qui ont documentés les événements de la place Tianmen.

Christian Caujolle a  été élève de l’École normale supérieure de Saint-Cloud,et élève et collaborateur de Michel Foucault, Roland Barthes, Pierre Bourdieu.
Crédit Photo dr

Source La Marseillaise 07/05/2016

Voir aussi : Rubrique Festival, rubrique Photo, imageSingulière 2016, rubrique Exposition, rubrique Rencontre, rubrique Espagne

Théâtre . Rodrigo Garcia. Renaissance du cow-boy à deux balles

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Le directeur du CDN Rodrigo Garcia évoque son spectacle Mort et réincarnation
en cow-boy présenté à hTh du 10 au 14 mai.

Une fois n’est pas coutume, dans la perspective du prochain spectacle de la saison d’hTh, Rodrigo Garcia le directeur du CDN de Montpellier s’est prêté lundi au jeu des questions réponses avec la presse. Au coeur de cette rencontre la pièce Mort et réincarnation en cow-boy créée en 2009 au Théâtre national de Bretagne. « C’est peut-être la pièce la plus mystérieuse que j’ai fait » indique spontanément Rodrigo Garcia avec cet éclair singulier que l’on observe dans son regard alors que le reste de son apparence corporelle semble sortir d’un songe lointain.

Venant d’un metteur en scène considéré comme sulfureux, avant d’apparaître comme un grand auteur de la scène contemporaine européenne dont les pièces désarçonnent les attentes, le premier acte de cette qualification, qui appelle à la profondeur du mystère ne peut qu’attiser la curiosité. « C’est un diptyque, poursuit l’artiste, où se confronte le problème, toujours le même chez moi, d’être un auteur et un metteur en scène. »

S’ensuit une description sommaire du déroulement de la pièce scindée en deux parties. Dans la première s’exerce le mouvement dans la seconde, le texte. « Cela marque une dichotomie entre l’action sur le plateau et la littérature mais il demeure une ambiguïté, pas très clair dans ce rapport... » Que cultive sans doute le metteur en scène lorsqu’il demande à ses comédiens, qui ne disposent d’aucune expérience en danse contemporaine, d’interpréter des extraits d’une chorégraphie de Merce Cunningham.

« Il y avait cette idée de départ d’une personne à l’agonie, qui s’illustre dans la pièce par un extrait du film Cris et chuchotements de Bergman. Et aussi la volonté de rupture avec cet univers noir. J’ai demandé aux comédiens de danser le mieux qu’ils pouvaient mais au final, la recherche se révèle pathétique et la chorégraphie ridicule. C’était un moyen de casser la gravité. Comme l’arrivée de la musique, une basse et une guitare qui campent un univers de bruit et de douleur dans la création sonore de Vincent Le Meur dont le travail colore l’obscurité.»

La scénographie s’inspire des visions du plasticien américain Bruce Nauman. « J’imaginais un couloir étroit avec une cabane au fond dans une ambiance lynchienne avec de la drogue et des putes. Mais on ne trouve rien de tout ça finalement puisqu’à l’arrivée, comme dans un espèce de rêve, émerge du fond de la cabane un troisième personnage, une geisha... »

Et les cowboys dans tout ça ? « Pourquoi des cow-boys, je ne sais pas. C’est un stéréotype pour parler du quotidien. »

Fin de saison
A l’issue de cette présentation Rodrigo Garcia a évoqué les projets à venir d’hTh. L’accueil du spectacle Las Ideas de Frédérico Leon artiste phare de la scène indépendante argentine du 18 au 20 mai. Et celui du musicien Marino Formenti qui avec Nowhere jouera du piano à la vue de tous de 10h à 22h sans dire un mot pendant une semaine (16bd du jeu de Paume du 11 au 18 juin).

JMDH

hTh du 10 au 14 mai réservation . : 06 67 99 25 00. www.humaintrophumain.fr

Source La Marseillaise : 047/05/2016

Voir aussi : Rubrique Théâtre, Occupation CDN Montpellier,  rubrique Montpellier,

Communiqué du syndeac. Le théâtre de la mauvaise tête

1320521_312_obj8796396-1_667x333Le Communiqué du syndeac (10 mai 2016)

La pétition

Voir aussi : Actualité Locale Rubrique Théâtre, rubrique Politique Culturelle,