Le thème des Vanités revu et corrigé par huit artistes contemporains de renommée internationale au musée d’Arts et d’archéologie des Matelles en Grand Pic Saint-Loup
Le réseau de diffusion habituel de l’art contemporain international trouve peu de relais en zone rural ce pourquoi on aurait tord de se priver des belles exceptions qui confirme la règle. Ce que donne à voir l’exposition Vanités jusqu’au 4 septembre à la Maison des Consuls du village des Matelles est assez rare pour être souligné. L’idée qu’il faille frapper fort pour produire un effet d’aubaine plutôt qu’envisager une lente mutation pour passer des traditionnels spectacles de la salle des fêtes à une programmation plus ambitieuse est défendue par le directeur de la culture de la Communauté des communes du Grand Pic Saint-Loup, Didier Fournials, et elle est soutenue par son président Alain Barbe. Outre le fait que cette initiative réponde au défi d’ouvrir le flux convoité du tourisme culturel, elle s’inscrit également dans le cadre d’une politique culturelle en direction de la population résidente qui a accès à des oeuvres majeures.
La beauté éphémère de la vie
La Maison des Consuls abrite au rez-de-chaussé une collection archéologique dont l’exposition temporaire permettra de découvrir les 3 500 pièces de l’expo permanente. La Vanité démarre dans la Hollande calviniste du XVII e siècle. Le genre est une mise en jeu du vivant qui s’éloigne des sujets de la période italienne. « C’est une réappropriation de la réflexion sur la mort, précise la commissaire de l’exposition Marie-Caroline Allaire-Matte « L’homme se prend en charge. Les figurations sont objectivées par le sujet qui évoque à la fois la vie humaine et son caractère éphémère.» Cette nouvelle impulsion prisées à l’époque baroque va disparaître au XVIIIe siècle avant de resurgir au XXe portée par des artistes comme Braque, Picasso ou Cézanne.
Le parti pris de l’exposition vise à présenter les toutes dernières tendances de la création dans ce domaine. «Les Vanités d’aujourd’hui ne sont pas comme hier, l’expression d’une philosophie. Depuis les années 80, nous sommes dans un appel à la réflexion sur notre monde, indique la commissaire dont le travail s’est opéré à partir de choix concis dans une démarche prospective sans crainte des contrastes. Les oeuvres présentées sont issues des FRAC Midi Pyrénées, et Languedoc-roussillon, du CIRVA de Marseille et du Carré d’Art de Nîmes. Le regard du visiteur se renouvelle dans une scénographie organisée suivant les pièces en enfilade de la Maison des Consuls où se succèdent les visions de huit artistes de renommée international.
Une certaine perception de notre finitude
La première pièce de Patrick Neu, un superbe crâne en Cristal noir fait lien avec l’histoire, mais opère aussi un déplacement par la couleur et la notion de masse sans se défaire d’une radicalité à l’endroit de jointure avec le cou. Javier Pérez présente une très belle pièce composée d’un immense lustre en cristal rouge brisé. On admire les morceaux accessibles qui jonchent le sol tandis qu’une dizaine de corbeaux prélèvent les morceaux de cristal cassés. On peut lire dans cette œuvre une vision de notre édifice collectif et une certaine perception de notre finitude dans une dimension magnifiée.
Le travail photographique de Valérie Belin sur les crashs à grande vitesse fascine. Vecteur de statut sociale la voiture passe et nous trépassons avec la voiture. L’artiste flammand Jan Fabre relie son univers au thème des Vanités en proposant une joyeuse façon de passer à la postérité. Son sarcophage en paon et ailes de scarabée rend hommage à la mort et à la résurrection avec le goût certain que l’artiste affirme pour le mystère. Car comme le rappelle Marie-Caroline Allaire-Matte « On ne tue pas un paon on attend qu’il meurt.»
JMDH
Source La Marseillaise 13/05/2016
Vanités, jusqu’au 4 septembre Maison des Consuls 04 99 63 25 46
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