40% des SDF salariés sont en CDI. Gattaz propose un salaire en-dessous du Smic

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Photo Maw PPP

 

EMPLOI – Une étude de l’Insee tord le cou aux idées reçues et montre que les SDF sont la plupart du temps des travailleurs pauvres.

Les SDF, des marginaux qui refusent de travailler ? Une idée reçue que brise une étude de l’Insee publiée mardi. Elle montre qu’un quart des SDF travaille régulièrement et que 40% de ceux-ci sont en CDI. Le rapport montre également que les SDF souhaitent travailler plus, mais que la précarité liée à leur logement les éloigne du marché du travail.

Avoir un logement facilite l’emploi. Afin d’obtenir un travail et de le conserver, les SDF ont souvent besoin d’une adresse. L’Insee estime qu’un tiers des SDF occupant un logement fourni par une association travaille. Ce chiffre tombe à un quart pour ceux qui sont logés dans un centre qui leur permet de rester la journée, 21% pour ceux qui résident à l’hôtel et seulement 13% parmi les personnes qui résident en centre d’hébergement qu’il faut quitter dans la journée ou qui vivent dans la rue.

Des travailleurs qui gagnent moins de 900 euros. Outre la précarité de leur logement et de leur situation professionnelle, les SDF occupent presque exclusivement des métiers d’ouvriers et de salariés. Les deux tiers sont salariés dans une entreprise ou chez des particuliers, 8% des sondés assurent travailler dans la Fonction publique, 5% pour un centre d’hébergement, souvent en échange du toit et du couvert, 19% pour une association. Seulement 4% déclarent être des travailleurs indépendants. Trois salariés sur cinq touchent moins de 900 euros par mois selon l’enquête de l’Insee et un sur cinq n’a pas de contrat de travail. Et si deux SDF sur cinq est en CDI, ce chiffre monte à 87% pour l’ensemble de la population.

25% des chômeurs travaillent, 39% sont au chômage. La proportion de personnes en emploi parmi les sans domicile fixe est inférieure de moitié à celle qu’on observe pour l’ensemble de la population. Et elle diminue, note l’Insee. Si 23% des hommes et 25% des femmes SDF ont un travail régulier, ou un petit boulot, ils sont 29% à être au chômage et 27% à être inactifs. Toutefois, leur taux d’activité est relativement élevé, un peu moins de 70%, mais bien en retrait des la population générale (près de 90%). Seuls les 18-24 ans ont un taux d’activité supérieur à l’ensemble de la population, leur situation empêchant 93% d’entre eux de faire des études, contre 58% en moyenne nationale.

L’enquête de l’Insee porte sur les SDF utilisateurs des services d’hébergement et de distribution de repas, dite enquête sans domicile, réalisée en janvier et février 2012 par l’Insee et l’Ined, reconduit celle réalisée en 2001 avec des adaptations pour tenir compte des évolutions du dispositif d’aide.

Par Alexis Toulon

Source Europe 1 08/04/2014

 

Le président du Medef propose un salaire « transitoire » en-dessous du Smic

 

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Pour Pierre Gattaz,  abaisser le niveau du salaire minimum permettrait de favoriser l’emploi des jeunes. Photo AFP – Nicholas KammI

Le président du Medef, Pierre Gattaz, s’est prononcé ce mardi pour l’instauration à titre « temporaire » d’un salaire « transitoire » inférieur au Smic, pour permettre aux jeunes, notamment, d’entrer sur le marché du travail. Une proposition jugée « indécente » par FO.

« Le niveau élevé du Smic est une marche d’escalier à franchir en France » pour trouver du travail, a souligné le patron des patrons, lors de son point de presse mensuel. Selon lui, une solution consisterait à « avoir temporairement un système permettant la première année » pour « un jeune ou quelqu’un qui ne trouve pas de travail, de rentrer dans l’entreprise de façon transitoire avec un salaire adapté, qui ne serait pas forcément le salaire du Smic ».

L’argument : c’est mieux que rien

Ce système, a-t-il fait valoir, « permettrait de mettre le pied à l’étrier ». « Il vaut mieux quelqu’un qui travaille dans l’entreprise avec un salaire un peu moins élevé que le Smic, de façon temporaire et transitoire, plutôt que de le laisser au chômage ».

« Avec un niveau de chômage à 11%, cela fait partie des pistes a explorer », a estimé M. Gattaz qui souhaite en débattre « avec le gouvernement et les partenaires sociaux ».

Abaisser (encore) le salaire pour créer des emplois

Comme on lui rappelait les précédentes tentatives avortées pour instituer un Smic jeune, M. Gattaz a affirmé qu’aujourd’hui « nous sommes au bord du précipice » et il qu’il faut « sortir de la doctrine et du dogme » pour créer des emplois.

Le président du Medef s’est dit en accord avec Pascal Lamy (pourtant PS, ndlr) ex-directeur général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui a plaidé il y a deux semaines pour plus de « flexibilité » sur le marché du travail, avec notamment des « petits boulots » payés en dessous du Smic.

Indécent pour Force Ouvrière

Dans une première réaction, FO a affirmé dans un communiqué que M. Gattaz « entend ressusciter un Smic jeunes ». « Une telle proposition est indécente et sera combattue par Force ouvrière ».

Selon FO, cette demande « devrait faire réfléchir le gouvernement qui accède très facilement aux revendications du Medef », notamment en dispensant « les employeurs de leurs cotisations aux accidents du travail et aux maladies professionnelles pour les salariés au Smic ».

Source AFP 15/04/2014

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La chute du socialisme municipal

Photo AFP/Georges  Gobet

Photo AFP/Georges Gobet

Par une cruelle ironie de l’histoire, François Hollande est devenu le fossoyeur de ce qu’il avait construit. S’il n’a pas inventé le socialisme municipal qui est intrinsèquement lié à l’histoire du PS français, les onze années qu’il a passées à la tête de son ancien parti ont fortement contribué à ancrer le phénomène : entre 1997 et 2008, alors qu’il était premier secrétaire, les socialistes ont collectionné les gains aux élections cantonales et régionales ; ils ont arraché Paris et Lyon à la droite lors des municipales de 2001 et conquis, sept ans plus tard, 44 villes de plus de 20 00 habitants. Peu à peu, ils sont devenus les maîtres du territoire au point d’arracher la présidence du Sénat à la droite en 2011.

C’est ce patrimoine opiniâtrement constitué scrutin après scrutin que le même François Hollande, devenu président de la République, a brusquement amputé. Dimanche, sous l’effet d’un vote qui ressemble fort à de la colère, le Parti socialiste n’a pas seulement perdu 155 villes de plus de 9 000 habitants, dont 68 de plus de 30 000 habitants. Il a aussi amputé sa capacité d’action dans les métropoles : si Paris, Lille, Strasbourg et Lyon ont résisté à la vague bleue, les communautés urbaines de Lille, Lyon, Bordeaux, Nantes, Marseille semblent bel et bien perdues.

Lire la synthèse du second tour : Municipales : le PS défait par la « vague bleue » de l’UMP et la poussée du FN

HÉMORRAGIE D’ÉLUS ET DE FONCTIONNAIRES

Pour les socialistes, c’est un véritable séisme car la consolidation, élection après élection, d’un puissant réseau d’élus locaux qui avaient démontré leur capacité à gérer les territoires, était un gage de stabilité. Elle permettait de rebondir après les défaites présidentielles (2002 et 2007) , d’entretenir une armada d’affidés dans les exécutifs locaux et d’expérimenter sur le terrain un socialisme marqué du sceau de l’ouverture.

C’est tout cela qui brusquement s’écroule. Du jour au lendemain, le Parti socialiste va connaître une hémorragie d’élus et de fonctionnaires que ces élus faisaient vivre. Surtout, il va douter de son avenir avec, au sommet, un président de la République au plus bas dans les sondages et, à la base, de sérieuses pertes en ligne.

L’IMPOPULARITÉ NATIONALE A ÉTÉ TROP FORTE

Le procès en responsabilité risque d’être sans merci. Dès le début de la campagne municipale, les élus socialistes avaient tenté de se protéger du mauvais vent parisien. Tous avaient mené une campagne strictement locale et beaucoup avaient omis d’afficher sur leurs affiches la rose et le poing. Cette étanchéité cependant n’a pas suffi. L’impopularité nationale a été trop forte. A moins que le socialisme municipal ne soit devenu trop faible pour résister à cette impopularité.

C’est une hypothèse à envisager car la crise des finances publiques commence à toucher les collectivités locales. L’impôt local est de moins en moins bien supporté, les grands projets sont en berne, la problématique sécuritaire est en hausse. Le Front national qui a fait campagne contre  les impôts et « la gabegie » a marqué des points comme jamais. Tout cela traduit un changement de climat qui sonne comme une sérieuse alerte pour le PS : la responsabilité n’est peut être pas que nationale.

Françoise Fressoz

Source Le Monde 31/03/2014

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Une « grande réforme fiscale » est-elle possible ?

le ministre du budget-Bernard Cazeneuve

le ministre du budget-Bernard Cazeneuve le 2 juillet à l’Assemblée. Photo AFP

Alors que le gouvernement défendait, mardi 2 juillet, son budget 2014 devant l’Assemblée nationale, quatre « sensibilités » du PS représentant un tiers des députés socialistes ont tenté de relancer la question de la réforme fiscale, promesse du candidat Hollande disparue durant la campagne présidentielle de 2012.

Maintenant la gauche et Un monde d’avance, les deux courants de l’aile gauche du PS, ainsi que les clubs parlementaires Gauche durable et Gauche populaire veulent « démontrer que la gauche n’est pas synonyme de ‘matraquage fiscal' » et rendre du pouvoir d’achat aux « couches populaires ».

Ces parlementaires veulent une réforme d’ici à 2017, avec une première étape dès 2014. Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, s’est prononcé aussi pour une réforme, mais à l’automne 2015. A court terme, ces élus veulent peser dans les débats de la loi de finances, notamment par le biais d’amendements au projet de loi gouvernemental. Leur proposition a été accueillie fraîchement par le gouvernement.

Pourquoi une réforme fiscale ?

François Hollande en avait fait l’un de ses projets clés durant la primaire socialiste. C’était l’engagement 14 de son programme : une « grande réforme fiscale redistributive » qui reviendrait à créer un nouvel impôt sur le revenu (IR), plus égalitaire et plus efficace, en le fondant avec la CSG. Candidat du PS, M. Hollande l’avait écartée progressivement durant la campagne présidentielle, en faisant un simple objectif « à terme ».

L’impôt sur le revenu représente aujourd’hui plus de 50 milliards d’euros. Il n’est payé que par un foyer sur deux et son assiette est trouée de niches fiscales. La CSG rapporte plus : environ 85 milliards de contribution au budget de la sécurité sociale. Elle est prélevée sur la quasi-totalité des revenus au paiement du salaire plutôt qu’en fin d’année, de façon individuelle (et non par foyer fiscal) et est imposée à presque tous les contribuables au même taux : 7,5 % (les retraités, eux, paient une CSG plus faible).

Fusionnée avec l’impôt sur le revenu, la CSG deviendrait graduée : les Français aux plus faibles revenus y contribueraient proportionnellement moins que les plus riches, à recette constante pour l’Etat, selon les promoteurs de ce projet. Dans le même temps, elle rendrait à l’impôt sur le revenu une « assiette fiscale large qui comprendrait tous les revenus quelle que soit leur nature », expliquait au Monde, à la veille de la présidentielle, l’économiste Thomas Piketty, qui avait largement inspiré le projet de M. Hollande. Il y aurait moins de souplesses pour faire échapper une partie des revenus du capital à l’impôt.

La réforme en continu

Les quatre sensibilités du PS ne souhaitent pas toucher, pour l’heure, à l’impôt sur le revenu. Seule la CSG serait rendue « plus progressive », par une baisse de deux points (à 5,5 %) pour plus de 50 % des Français. La baisse serait compensée par des hausses symétriques pour les revenus supérieurs. Le gain mensuel pour un salarié au smic serait, selon leur calcul, de 30 euros.

Mardi, le ministre délégué au budget, Bernard Cazeneuve, répondait dans Le Monde (abonnés) à cette proposition en affirmant que « le grand soir fiscal n’existe pas (…). La réforme a commencé hier et a vocation à se poursuivre demain. » Autrement dit : il n’y aura pas de grande réforme, mais une évolution au fur et à mesure du quinquennat.

M. Cazeneuve atténuait ainsi, sans le récuser, un argument énoncé en janvier par l’ancien ministre du budget, Jérôme Cahuzac, lors d’un débat en direct sur France 2 avec Jean-Luc Mélenchon. La réforme « est faite », avait tout bonnement déclaré M. Cahuzac à son adversaire.

Mardi, M. Cazeneuve citait, pour expliquer qu’une réforme était bien en cours, le principe d’égale taxation des revenus de l’épargne (intérêts, dividendes et plus-values) et du travail qui figurait au budget 2013 et la nouvelle tranche d’imposition sur le revenu à 45 %. Il ajoutait la réforme des successions, le rééquilibrage de la fiscalité des grandes entreprises et celle des PME et la lutte contre la fraude fiscale.

Laurent Baumel, député PS et membre de la Gauche populaire, à l’origine de la proposition, voit dans cette approche très progressive, qui ne remet pas en cause l’architecture de l’impôt à la française, « une plaisanterie ». Pour lui, « une vraie réforme fiscale, c’est une modification de la redistribution. Cela n’est pas aller chercher de l’argent par tous les bouts pour combler les déficits en affirmant qu’on fait le contraire. »

  • Quels obstacles ?

Rendre la CSG progressive pose deux problèmes. Le premier est le précédent Jospin. En 2000, le Conseil constitutionnel avait censuré un projet d’allègement de la CSG pour les bas salaires du gouvernement socialiste. Il exigeait qu’un impôt progressif tienne compte de toutes les ressources du contribuable, y compris celles de sa famille. Sans cela, l’allègement rompait, selon le Conseil, le principe d’égalité des citoyens devant l’impôt.

On retombe ici sur les quotients conjugal et familial, qui réduisent l’impôt sur le revenu des couples et des familles, selon le nombre d’enfants, alors que la CSG est un prélévement individuel, sur salaire. De plus, pour intégrer un tel calcul avant le paiement du salaire, le contribuable devrait communiquer à son employeur des informations sur sa famille, le nombre de ses enfants, ce qui pose des problèmes de confidentialité.

La solution proposée par ces parlementaires consiste à graduer le prélèvement de la CSG sur le salaire et à corriger selon la situation familiale au moment du paiement de l’impôt sur le revenu, une fois par an.

La fusion des deux impôts, elle, pose des questions plus difficilement solubles. Le projet des parlementaires socialistes prévoit un prélèvement à la source pour les revenus du travail et un calcul de l’impôt individuel, plutôt que par foyer fiscal : deux changements majeurs. « Ils se trompent, critique un ministre auprès de l’AFP. Les gens vont croire que les impôts augmentent pour tout le monde. »

« Mais cette méthode n’est pas une obligation : tout cela peut être débattu, précise Vincent Drezet, secrétaire général du syndicat Solidaires finances publiques. Ce qu’il faut, c’est redonner une direction claire à la réforme, avec un objectif et un calendrier, pour qu’elle puisse être comprise et acceptée. »

Il faudrait alors définir l’allocation des recettes de cet impôt fusionné : actuellement, l’impôt sur le revenu alimente les caisses de l’Etat et la CSG, elle, participe au financement de la Sécurité sociale. Il faudrait également définir la progressivité de l’impôt (quelle échelle, et à partir de quels seuils augmente-t-il ?) et son assiette : cela veut dire faire la liste des niches fiscales utiles et de celles à supprimer, et reformuler la façon dont sont calculées les réductions d’impôt pour les couples et pour chaque enfant.

Louis Imbert

Source Le Monde.fr |

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Trois mandats et puis s’en va ? Les députés sont divisés

Un amendement déposé par une trentaine de députés PS a été adopté lors du passage en commission du projet de loi sur le non-cumul des mandats. Il propose, au grand dam d’une majorité d’élus, de limiter le nombre de mandats successifs à trois.  ;

Trois mandats et puis s'en va? Les députés sont divisés

Tout comme l’entrée en vigueur de cette réforme: 2017, soit à la fin de la législature. L’enjeu est ailleurs,

Ces jeunes députés ne respectent décidément rien. Contre l’avis d’une majorité de parlementaires, souvent bien installés au Palais-Bourbon, ils poussent pour durcir la future loi instaurant le non-cumul des mandats. Y parviendront-ils? Pour une fois, la semaine de discussions dans l’hémicycle, qui s’ouvre ce mercredi, fera l’objet d’un certain suspense.

Le principe d’interdire l’exercice d’une fonction parlementaire et d’un mandat local est acté et ne bougera pas. accroché à un article qui tient en quelques mots: « Nul ne peut exercer plus de trois mandats successifs.« 

Celui-ci a fait son entrée par surprise dans le projet de loi, mardi soir, à la faveur d’une offensive menée par Philippe Baumel , député PS de Saône-et-Loire, accompagné d’une trentaine de camarades , pour la plupart élus pour la première fois en juin dernier. Et qu’importe si le rapporteur socialiste du projet de loi, l’expérimenté Christophe Borgel y était opposé.

Un amendemant qui bouscule un équilibre précaire 

Cet amendement met en difficulté tout l’équilibre d’un texte, qui compte énormément pour François Hollande et Jean-Marc Ayrault . Clé de voûte de leur opération de moralisation de la vie politique, le non-cumul des mandats a du mal à passer à l’Assemblée et encore plus au Sénat .

Expert de la synthèse, François Hollande avait réussi à repousser l’entrée en vigueur de la loi à 2017 -s’appuyant sur un avis du conseil d’Etat bien tombé – tout en la faisant voter dès cet été. Le groupe PS avait ensuite repris le flambeau garantissant aux adversaires de la réforme de ne pas en accélérer l’application, tout en assurant aux partisans d’un durcissement d’élargir les fonctions soumises au non-cumul (des présidences des collectivités locales aux syndicats mixtes).

L’idée de limiter le nombre de mandats successifs dans le temps remet en cause cet équilibre et risque de faire voler en éclat le fragile consensus, qui existait à gauche sur ce projet de loi.

Un tel amendement soutenu par les primo-députés va obliger le gouvernement et les cadres du groupe PS à dire publiquement leur opposition à un durcissement du projet de loi s’ils veulent éviter une opposition interne entre Modernes et Anciens. Pas du meilleur effet quand on veut passer pour les réformateurs du système politique.

« Le juge suprême de l’élection, c’est l’électeur « 

A moins que l’exécutif ne laisse la situation se décanter d’elle-même. Car, la majorité sur cet amendement sera difficile à atteindre. A la trentaine de socialistes qui le défend, ne s’ajoutent que les écologistes et quelques UMP isolés, tels que le jeune Gérald Darmanain et les ambitieux Bruno Le Maire et Xavier Bertrand .

Pour le moment, cette solution semble être la meilleure au vu des dernières prises de position. Ce jeudi, le président du groupe UMP et l’ancien président de l’Assemblée nationale, deux voix qui comptent, ont dit tout le mal qu’ils pensaient de cet amendement. « Arrêtons de vouloir tout encadrer dans tous les sens! Laissons la démocratie s’exercer! Que les électeurs puissent choisir leurs parlementaires, cela me semble un minimum!« , s’exclamait Christian Jacob au micro de Canal+ . Invité de Radio Classique et Public Sénat, Bernard Accoyer prolongeait l’idée: « Le juge suprême de l’élection, c’est l’électeur.« 

Matthieu Deprieck

Source L’Express 27/06/13

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Retraites: Hollande, ou l’art d’habiller un recul en avancée

Après 48 heures de flottement et un avis de gros temps à la gauche du PS, François Hollande a précisé mercredi sa position sur « sa » réforme des retraites. « Ma démarche, ma méthode est claire: immédiatement au lendemain de la victoire de 2012, sera ouverte la posssibilité pour ceux qui ont fait leur carrière – 41 années et plus tard 41,5 années de cotisation – de partir à 60 ans », déclare le candidat à l’Elysée au terme d’une matinée-débat avec des associations de lutte contre la précarité, dans un centre d’hébergement d’urgence Emmaüs qui vient d’être rénové à Paris. « Ce sera le premier acte qui sera pris », martèle le député. Jusque là tout va bien, c’est ce que veut le PS.

Mais là où la contre-réforme des retraites défendue par le parti depuis le printemps 2010 prévoyait de laisser la liberté aux salariés de partir à 60 ans sans la totalité de leurs annuités moyennant une décote, Hollande renvoie à une négociation avec les partenaires sociaux. Il n’y a plus d’automaticité. « Nous ouvrirons une négociation sur la durée légale, la décote et la pénibilité », précise le candidat, dont les dernières déclarations, lundi matin, sur RTL, laissait planer un doute sur ses intentions. Le seuil de 62 ans est donc maintenu dans l’attente des résultats de cette négociation. Cette fois c’est dit.

Mardi soir, alors que l’Europe figurait tout en haut de l’agenda, la question des retraites –« ses flous et ses loups », selon les mots d’un dirigeant du PS- a occupé une bonne partie du premier « conseil politique » du PS, réuni autour du candidat, rue de Solférino. Benoît Hamon a demandé des « explications » à Hollande. « Si on laisse le flou sur cette question, la droite nous dira que nous mentons et que nous ne reviendrons pas sur la réforme », a prévenu le porte-parole du PS, héraut de la gauche du parti. Après la réunion, certains grands chefs du PS s’évertuaient à expliquer que rien n’avait bougé et que la position collective tenait toujours. D’autres, levant les épaules, concédaient qu’il y avait bien désormais deux positions: celle du parti et celle du candidat. « C’est lui qui présidera, c’est sa solution qui prévaut », lâchait un secrétaire national.

Pour le candidat et son équipe, la réflexion ne peut pas se limiter à l’accès à la retraite mais doit aussi traiter du niveau des pensions. Et partir avec une décote quand on a déjà qu’une toute petite retraite, c’est franchir un cran dans la paupérisation, insistent les conseillers du candidat qui veut faire du « vivre mieux ensemble » sa « grande cause » pour rassembler les Français.

Le point-presse terminé, Hollande disparaît dans sa berline et Bertrand Delanoë se retrouve à faire le service après-vente sur le trottoir de la rue Jacques Louvel-Tessier. Donc, après le siège de la France à l’Onu ou le nombre de centrales nucléaires à fermer, le candidat socialiste s’éloigne une fois de plus des propositions du parti? « Vous pouvez pinailler sur telle ou telle mesure mais l’essentiel, c’est de casser la réforme injuste et mauvaise de la droite », tonne le maire de Paris. « Il n’y a pas plus social que d’élaborer une réforme avec les syndicats », insiste-t-il avant de clore les interviews par un solennel: « François a l’esprit de justice sociale ».

Un peu plus loin, Marisol Touraine, chargée du Pôle social de l’équipe présidentielle, sort les rames à son tour. « L’engagement qui est pris et qui est une avancées significative, c’est de permettre aux première victimes de la réforme Fillon/Sarkozy de pouvoir partir à 60 ans », repète la députée, qui fut la cheville ouvrière du projet PS sur la réforme des retraites. Elle l’assure: la gauche au pouvoir fera une réforme « responsable et durable ».

Pour les syndicats, la pilule ne passe pas du tout. « Ça nous pose énormément de problèmes », explique dans la foulée sur Europe 1 Eric Aubin, secrétaire confédéral chargé des retraites à la CGT. « Nous avons mobilisé des millions de salariés en 2010, notamment contre le recul de l’âge légal de départ en retraite. Je crois qu’à ce moment-là, les partis de gauche et notamment le Parti socialiste, s’était engagé à revenir à l’âge légal à 60 ans pour tous »Le PS est-il devenu amnésique?

Laure Bretton (Libération)

Voir aussi : Rubrique Politique France  Retraite : ce que proposent les partis d’opposition, le report de l’âge légal à 62 ans n’est pas inévitable, Le PS négocierait sur la durée des cotisations,