L’écosocialisme pour horizon au PG

Le Parti de gauche organisait, le week-end dernier, ses assises pour l’écosocialisme. Une journée ? de débats pour refonder la gauche en tenant compte des bifurcations du monde.

Construire une nouvelle doctrine pour le XXIe? siècle, c’est le but que s’était fixé le Parti de gauche pour ses assises pour l’écosocialisme, qui se sont tenues à Paris samedi. 700 personnes sur place et 15?000 sur Internet pour suivre les débats?: un succès pour le PG. Si ses membres constituent la grande majorité de l’audience, on peut aussi y croiser en nombre des associatifs, les équipes du journal satirique Fakir, et même… quelques militants écologistes.

Imaginer «?un nouveau projet politique, creuset pour sortir de la crise, et construire un monde meilleur?», selon le titre de l’introduction de la longue journée d’échanges par Corinne Morel-Darleux, secrétaire nationale à l’écologie du PG, c’est bien le but réaffirmé par la plupart des intervenants, parmi lesquels la figure de l’altermondialisme Susan George, le philosophe Henri Pena-Ruiz ou l’économiste Jean-Marie Harribey. Thèmes abordés?: «?Marxisme et écologie, un mélange détonant???», «?Objection de croissance, socialisme gourmand et buen vivir?», ou encore pour présenter des expériences mises en œuvre, en Amérique latine, éternelle source d’inspiration de Jean-Luc Mélenchon et de ses partisans.

On se souvient que le thème de la «?planification écologique?» avait pris une importance majeure dans le programme de l’ancien candidat du Front de gauche. Il s’agit désormais de refondre en une seule les deux doctrines, socialiste et écologiste.

La gauche veut instaurer une règle verte

D’ailleurs, estime Myriam Martin, de la Gauche anticapitaliste, qui vient de quitter le NPA pour rejoindre le Front de gauche, «?on ne peut pas distinguer l’écologie du social. Le capitalisme vert, ça n’existe pas?». Il s’agit alors de prendre en compte la finitude des ressources naturelles. Pour le PG, elle rend impossible la croissance comme objectif indépassable. L’écologie rejoindrait là le socialisme?: le capitalisme veut redistribuer les fruits de la croissance, l’écosocialisme clame que «?la décroissance n’est pas une option, c’est une nécessité?» (Mélenchon) et que c’est donc «?le gâteau qu’il faut partager?». Le Parti de gauche se propose alors d’instaurer une règle verte?: ne pas produire et ne pas consommer plus que ce que la planète est capable de régénérer. Une bataille morale à mener pour François Delapierre, pour «?faire prévaloir la valeur d’usage sur la valeur d’échange?». Pour autant, on ne trouve ici nulle trace de l’écologisme romantique?: quitte à décevoir la poignée de militants de la «?cause animale présents?» dans l’auditoire, Jean-Luc Mélenchon affirme?: «?Nous ne défendons pas la nature, nous défendons l’écosystème humain?!?»

L’écosocialisme, un virage politique pour une gauche souvent accrochée au consumérisme comme une huître polluée au Esherichia coli à son rocher?? Le coprésident du PG ne cachait pas ses sources d’inspiration écolos dans une interview à Libération?: «?Les verts sont les fondateurs (…). Mon évolution témoigne de leur succès. Mais ils sont la préhistoire de l’écologie politique. Désormais, nous sommes en avance sur le plan programmatique.?» Le projet est ambitieux?: repositionner le centre de gravité de la gauche?: «?Une base existe, sur la base de l’écosocialisme?», qui permettrait de rassembler écologistes, une partie des socialistes et Front de gauche, selon Jean-Luc Mélenchon. Mais c’est sauter des étapes?: la première se joue à l’intérieur du Front de gauche, où, sur des sujets comme la sortie du nucléaire ou l’aéroport Notre-Dame-des-Landes, des divergences existent, notamment avec le PCF.

Adrien Rouchaleou
Source L’Humanité 3/12/12