Libye: déssaccord à l’Otan sur l’option militaire

otan-lybie

L’option d’une intervention militaire de l’Otan en Libye suscite de profondes divisions en raison des craintes de réaction dans le monde arabe, des réticences à voir l’alliance élargir son champ d’influence et de la complexité de l’opération.

Une réunion des ambassadeurs des 28 pays de l’organisation, programmée de longue date, s’est tenue à Bruxelles. En débat : « La situation libyenne en général  » et il est probable que l’éventualité d’une zone d’exclusion aérienne ai fait partie des sujets sur la table, a indiqué à l’AFP un responsable de l’Otan, alors que le régime du colonel Kadhafi organise la contre-offensive avec des raids aériens contre les insurgés.

Mais si Londres et Washington ont poussé en ce sens, dans les faits « il n’y a pas de consensus au sein de l’Otan pour le recours à la force », a reconnu mardi le secrétaire à la Défense américain Robert Gates.

La France, en particulier, a fait connaître son opposition clairement. « Je ne sais pas quelle serait la réaction de la rue arabe, des populations arabes tout au long de la Méditerranée si on voyait les forces de l’Otan débarquer sur un territoire du sud méditerranéen« , a déclaré le nouveau ministre français des Affaires étrangères Alain Juppé, « je pense que cela pourrait être extrêmement contre-productif« .

La Turquie, autre membre de l’Otan, ne veut pas non plus en entendre parler. « Est-ce que l’Otan doit intervenir en Libye? Ce serait absurde. L’Otan n’a rien à faire là-bas. L’Otan ne peut uniquement intervenir militairement lorsqu’un pays allié est attaqué« , a prévenu lundi le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, cité par l’agence Anatolie.

Moscou, qui coopère avec l’alliance atlantique, veille aussi au grain. « Les événements récents donnent un prétexte à l’Otan pour essayer de s’implanter dans cette région, sous couvert de vouloir pacifier la situation en Afrique du Nord« , a accusé le représentant permanent de la Russie auprès de l’alliance atlantique, Dmitri Rogozine.

Sur le plan pratique, l’alliance de 28 pays aurait les moyens de réaliser une zone d’exclusion aérienne, malgré sa complexité et la lourdeur des moyens à mettre en oeuvre. Cela nécessiterait le déploiement d’avions de surveillance de type Awacs, dont une flotte de l’Otan est basée en Allemagne et que possèdent aussi à titre individuel les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France, mais aussi des avions chasse pour repérer les vols suspects et réaliser les interceptions, des ravitailleurs, radars etc.

L’Otan devrait dans un tel cas de figure s’appuyer sur les bases américaines en Italie comme plaque tournante. Elle l’a déjà fait dans les Balkans, en Bosnie-Herzégovine à partir de 1992. Mais elle agissait avec un mandat de l’ONU et ne pourrait le faire en Libye que dans ce cadre. Ce qui s’annonce très compliqué à obtenir compte tenu des divisions au sein de son Conseil de sécurité.

Lors d’une réunion cette semaine avec la chef de la diplomatie européenne, le secrétaire général de l’Alliance, Anders Fogh Rasmussen, a averti en outre qu’une telle zone en Libye serait « compliquée par les actions humanitaires » en cours en Libye, selon un diplomate européen.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, face à la dégradation de la situation en Libye, pourraient bien sûr en théorie décider d’aller seuls de l’avant en contournant l’ONU et l’Otan, comme en Irak en 1991 après la première guerre du Golfe.

Mais avec le risque de créer une crise diplomatique internationale et de raviver les divisions transatlantiques à un niveau jamais connu depuis l’invasion de l’Irak en 2003.

Yacine Le Forstier (AFP)

Voir aussi : Rubrique Lybie, rubrique On Line L’alibi de la Lybie,

Kadhafi sous la pression internationale

Kadhafi sous la pression internationale

La communauté internationale accroît sa pression sur le régime de Kadhafi. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a demandé lundi la fin des violences en Libye, tandis que les Etats-Unis et ses alliés européens envisagent d’établir une zone d’exclusion aérienne. Si la presse salue l’unanimité à l’ONU, elle met en garde contre une éventuelle intervention militaire.

Helsingin Sanomat – Finlande

Pas d’intervention militaire sans mandat

D’après certains journaux, les Etats-Unis envisageraient une intervention militaire en Libye si le dirigeant Mouammar Kadhafi continuait de réprimer dans le sang son propre peuple. On n’a toutefois pas encore épuisé toutes les options diplomatiques, estime le quotidien libéral Helsingin Sanomat : « L’UE a encore de nombreuses possibilités d’intensifier ses mesures en Libye et dans d’autres pays d’Afrique du Nord avant que l’on atteigne le cap d’une intervention militaire. Pour cela, il faudra en outre obtenir des mandats supplémentaires de l’ONU. Le recours à une interdiction de vol dans l’espace aérien libyen serait déjà une mesure militaire ambitieuse. Les ressources de l’OTAN suffiraient certainement pour cela, mais une intervention militaire contre Kadhafi nécessiterait l’assentiment inconditionnel de l’ONU. On la percevrait sinon comme une intervention de l’Occident, ce qui pourrait tourner à l’avantage de Kadhafi. » (01.03.2011)

Süddeutsche Zeitung – Allemagne

L’interdiction aérienne recèle des risques

Les Etats-Unis et ses alliés européens envisagent une interdiction de survol de la Libye pour empêcher les attaques aériennes de l’armée libyenne contre son peuple. Cette intervention irait pourtant trop loin, estime le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung : « Il faudrait pour cela un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU qui permette le recours à la force. Et la Chine au moins s’opposera à un mandat aussi strict, redoutant ce qui pourrait former le moindre précédent. … Il s’agit finalement d’une décision avec des conséquences politiques. Avec un mandat pour une intervention aérienne, on déplacerait la question du pouvoir vers l’étranger. Mais si l’on s’implique, on se retrouvera au mauvais endroit, et l’on ne pourra plus se retirer si Kadhafi mène une résistance pendant des semaines, voire des mois, ou qu’une guerre de guérilla éclate. Alors la pression augmenterait, même pour une intervention terrestre. Pour le mouvement révolutionnaire arabe, ce serait la preuve qu’il ne peut miser sur la neutralité bienveillante de l’Occident. Celui-ci deviendrait subitement un tiers indésirable dans un duel clairement structuré jusque-là : les citoyens en bas contre les autocrates en haut. » (01.03.2011)

Le Temps – Suisse

Le Conseil des droits de l’homme solidaire

En l’espace de quelques jours, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a unanimement condamné les violences du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi contre la population et recommandé la suspension de la Libye de l’institution. Le quotidien Le Temps se réjouit de cette nouvelle unité : « Jamais le principal organe onusien chargé des droits de l’homme n’avait joui d’une telle crédibilité. L’événement est considérable. Le Conseil n’avait jamais parlé d’une voix aussi univoque. En quelques jours, il a réussi le prodige … de clouer le bec aux souverainistes conservateurs qui n’ont cessé de le décrier. Le printemps arabe est en train de fleurir au sein même du Conseil des droits de l’homme. … En son sein, les fronts semblent bouger. » (01.03.2011)

Respekt – République tchèque

Une solution pour les réfugiés ?

Lors de la séance mensuelle du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies lundi à Genève, de nombreux ministres des Affaires étrangères se sont penchés sur la question des travailleurs immigrés fuyant la Libye, mais n’ont toujours pas trouvé de solution, note l’hebdomadaire libéral Respekt : « La volonté du dictateur Kadhafi de s’accrocher au pouvoir sans tenir compte de la révolution qui se poursuit contre lui a mené la Libye au bord d’une crise humanitaire. Tandis que le riche Occident évacuait rapidement ses ressortissants par avion, des milliers de réfugiés originaires de pays pauvres et qui travaillaient dans le riche Etat pétrolier se sont rassemblés aux frontières de la Libye. Les ministres des Affaires étrangères du monde entier cherchent désormais une solution pour faire quelque chose contre la catastrophe qui s’étend. On peut toutefois se demander s’ils trouveront une solution. Si le siège de Kadhafi vacille sérieusement, il repose toujours sur les barils d’un pétrole sans lequel l’Occident, pauvre en énergie, ne peut s’en sortir. » (01.03.2011)

Voir aussi : Rubrique Lybie,

Fayyad : la conférence des donateurs doit être liée à la naissance de l’Etat palestinien

La conférence des donateurs pour la création d’un Etat palestinien en juin n’aura d’intérêt que si les Palestiniens ont le sentiment d’être à la veille de la naissance de leur Etat, espéré en septembre, a prévenu vendredi à Paris leur Premier ministre Salam Fayyad. »Quand nous nous rencontrerons, nous avons besoin d’être dans un contexte d’attente de naissance imminente de l’Etat palestinien. Si ce sentiment n’est pas là, nous ne voulons pas de cette conférence », a-t-il déclaré lors d’un débat à Paris organisé par l’Académie diplomatique internationale.

Les Palestiniens voudraient proclamer leur Etat en septembre, date butoir retenue par la communauté internationale pour la signature d’un accord israélo-palestinien, bien que les négociations soient au point mort.

Une deuxième conférence de donateurs aura lieu en juin à Paris. La décision a été annoncée jeudi soir à l’issue d’un dîner de représentants français, de l’Union européenne, de la Norvège et du Quartette (USA, ONU, Russie, UE) qui assurent le suivi de la première conférence de décembre 2007.

« L’argent n’est pas le principal objectif de cette conférence qui doit conditionner un processus politique », a martelé Salam Fayyad.

« Le calendrier (de septembre 2011) ne changera pas (…). Il est temps pour (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu de dire ce qu’il a en tête quand il parle d’un Etat palestinien. Cela ne suffit pas de dire qu’on soutient une solution à deux Etats », a-t-il répété.

La première conférence des donateurs, en décembre 2007 à Paris, s’est concrétisée par le versement sur 3 ans de l’intégralité des 7,7 milliards de dollars promis alors, dont 4,3 milliards d’aide budgétaire.

AFP

Le Premier ministre kosovar mis en cause pour trafic d’organes

Le Premier ministre du Kosovo Hashim Thaçi (photo) a agi comme le "parrain" de réseaux criminels responsables d'un trafic d'organes de prisonniers serbes et albanais avant et après l'intervention de l'Otan en 1999, selon un rapport rédigé par le sénateur suisse libéral Dick Marty pour la commission des affaires juridiques et des droits de l'homme de l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe. (Reuters/Hazir Reka)

Dans un rapport divulgué mardi, cette institution accuse les indépendantistes albanais du Kosovo de s’être livré à ce trafic et met directement en cause Hashim Thaçi, sinon dans son organisation directe, du moins comme le protecteur des réseaux criminels qui s’en rendent coupables.

Le gouvernement du Kosovo a immédiatement réagi en qualifiant dans un communiqué ce document de « diffamatoire« .

« Le gouvernement du Kosovo et le Premier ministre Hashim Thaçi entreprendront toutes les démarches et actions nécessaires pour écarter les mensonges de Dick Marty, y compris par des moyens légaux et politiques« , peut-on y lire.

« Il est clair que quelqu’un veut nuire au Premier ministre Hashim Thaçi, auquel les citoyens du Kosovo ont clairement renouvelé leur confiance afin qu’il poursuive son programme de développement à la tête du pays.« 

Rédigé par le sénateur suisse libéral Dick Marty pour la commission des affaires juridiques et des droits de l’homme de l’Assemblée, qui ne l’a pas encore approuvé, le rapport reprend les accusations portées en 2008 par l’ancien procureur du Tribunal pénal pour l’ex-Yougoslavie, Carla del Ponte.

« Organes prélevés sur des prisonniers »

« De nombreux indices semblent confirmer que, dans la période immédiatement après la fin du conflit armé, avant que les forces internationales puissent vraiment prendre le contrôle de la région et rétablir un semblant d’ordre et de légalité, des organes auraient été prélevés sur des prisonniers dans une clinique en territoire albanais, près de Fushë-Krujë« , dit le rapport.

Ces organes auraient été ensuite transportés à l’étranger « à des fins de transplantation« .

« Cette activité criminelle » s’est développée «  grâce à l’initiative de certains chefs des milices de l’UCK – l’Armée de libération du Kosovo – liés au crime organisé » et elle « s’est poursuivie, bien que sous d’autres formes, jusqu’à nos jours« , affirme Dick Marty.

Le sénateur suisse accuse « un noyau restreint mais incroyablement puissant de personnalités de l’UCK« , dit « groupe de Drenica« , d’avoir pris le contrôle des activités criminelles au Kosovo et en Albanie.

Le « parrain » de ce groupe ne serait autre que Hashim Thaçi, Premier ministre sortant dont le parti, le PDK (Parti démocratique du Kosovo), est sorti vainqueur des élections législatives de dimanche dernier.

Dick Marty, ancien procureur, cite des sources au sein des services de lutte contre la drogue dans cinq pays qui affirment que Hashim Thaçi et le groupe de Drenica contrôlent le commerce de l’héroïne depuis dix ans.

L’UE et L’ONU épinglées

Ils seraient également responsables d’assassinats et de détentions illégales dans le cadre desquelles se seraient déroulés des prélèvements d’organes, principalement de reins.

Les services de renseignement de l’Otan considéreraient l’actuel Premier ministre comme « le plus dangereux des ‘parrains de la pègre’ de l’UCK« , peut-on lire dans le rapport. Ces révélations interviennent près de trois ans après la déclaration unilatérale d’indépendance de la province prononcée en février 2008 par les autorités kosovares.

Le rapport est tout aussi sévère pour « les autorités internationales en charge de la région » – Nations unies et Union européenne – qui « n’ont pas estimé nécessaire de procéder à un examen approfondi » de ces faits « en dépit des indices concrets au sujet de tels trafics au début de la décennie« .

Elles ont « privilégié une approche politique pragmatique, estimant devoir favoriser à tout prix la stabilité à court terme et sacrifiant ainsi d’importants principes de justice« , affirme l’ancien procureur suisse.

Le rapport doit être adopté en commission jeudi à Paris avant d’être soumis au vote de l’assemblée plénière en janvier à Strasbourg.

Au Kosovo, même les opposants politiques de Thaçi ont dénoncé le rapport qui salit, selon eux, la lutte des Kosovars pour leur indépendance.

« Pour ce qui est de la guerre menée par l’UCK (Armée du libération du Kosovo), les accusations sont inacceptables« , a estimé Burim Ramadani, secrétaire général de l’Alliance pour l’avenir du Kosovo (AAK). « Les Albanais du Kosovo ont combattu pour la liberté et non pour obtenir des profits de réseaux criminels.« 

Le dirigeant social-démocrate Agim Ceku, un des chefs de l’UCK pendant les combats de 1998-99 et ancien Premier ministre kosovar, a accusé Belgrade d’être derrière ces allégations. « Toutes les accusations contre l’UCK viennent de la Serbie ou de ses auxiliaires« , a-t-il dit à Reuters. « C’est tout simplement une tentative de salir notre guerre et notre victoire.« 

Gilbert Reilhac, avec Guy Kerivel

Wikileaks publie 400.000 documents secrets sur la guerre en Irak

irak-bavures

109.032 morts en Irak dont plus de 60% de civils

La coalition internationale a torturé des prisonniers irakiens et fermé les yeux sur des exactions commises par les forces irakiennes, a affirmé vendredi le site WikiLeaks, en publiant près de 400.000 documents secrets de l’armée américaine sur la guerre en Irak. «L’administration Obama a l’obligation (…) d’enquêter» sur ces révélations, a jugé le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak.

Après des semaines de suspense, le site spécialisé dans le renseignement a commencé à diffuser vendredi soir 391.831 documents qu’il a présentés comme «la plus grosse fuite de documents militaires secrets de l’Histoire». Les documents mettent en évidence «de nombreux cas de crimes de guerre qui semblent manifestes de la part des forces américaines, comme le meurtre délibéré de personnes qui tentaient de se rendre», accuse le site dans un communiqué.

Ces documents révèlent «la vérité» de la guerre en Irak, a déclaré le fondateur du site Julian Assange, samedi lors d’une conférence de presse à Londres. WikiLeaks évoque aussi le comportement de soldats américains «faisant sauter des bâtiments entiers parce qu’un tireur se trouve sur le toit».

Tortures

Les documents révèlent «plus de 300 cas de torture et de violences commis par les forces de la coalition sur des prisonniers», ajoute WikiLeaks, qui a aussi dénombré plus d’un millier d’exactions de la part des forces irakiennes. «On parle de cinq fois plus de morts en Irak, un vrai bain de sang comparé à l’Afghanistan», a déclaré sur CNN le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, jugeant que «le message de ces dossiers est puissant et peut-être un peu plus facile à comprendre que la complexe situation en Afghanistan».

L’AFP a pu consulter une partie des documents à Londres avant leur diffusion sur internet. Une grande partie des textes sont expurgés des noms pouvant mettre en danger des personnes, a expliqué WikiLeaks. WikiLeaks a également remis à l’avance ses documents à plusieurs médias internationaux comme le New York Times, le Guardian, le Monde, Der Spiegel et la chaîne Al-Jazira, qui a la première révélé leur contenu.

15.000 décès de civils non révélés

Selon la chaîne de télévision du Qatar, l’armée américaine a «couvert» des cas de torture de détenus par les autorités en Irak, où des centaines de civils ont en outre été tués à des barrages tenus par les alliés. Au vu des documents, «les autorités américaines n’ont pas enquêté sur les centaines de cas de violences, tortures, viols et mêmes des meurtres commis par des policiers et des militaires irakiens», écrit le Guardian.

Selon le communiqué de WikiLeaks, les documents secrets couvrent la période du 1er janvier 2004 au 31 décembre 2009, après l’invasion américaine de mars 2003 qui a renversé le régime de Saddam Hussein.

Les documents révèlent que le conflit a fait 109.032 morts en Irak, selon le communiqué, qui précise que plus de 60% sont des civils, soit 66.081 personnes. Sur ce total, 15.000 décès de civils n’avaient jusqu’à présent pas été révélés, selon WikiLeaks.

Nouveaux cas impliquant la société Blackwater

Ces chiffres montrent «que les forces américaines disposaient d’un bilan recensant morts et blessés irakiens même si elles le niaient publiquement», a relevé Al-Jazira. Un bilan américain publié officiellement fin juillet faisait état de près de 77.000 Irakiens civils et militaires tués de 2004 à août 2008.

Selon Al-Jazira, les documents font également état de liens entre le Premier ministre irakien sortant Nouri al-Maliki et des «escadrons de la mort» qui semaient la terreur au début du conflit. D’autres documents «révèlent de nouveaux cas impliquant (l’ancienne société de sécurité américaine privée) Blackwater dans des tirs contre des civils», sans qu’aucune charge ne soit retenue contre elle.

«L’administration Obama a l’obligation d’enquêter»

Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, Manfred Nowak, a appelé le président américain Barack Obama à lancer une enquête sur les cas de torture révélés dans une série de documents de l’armée américaine publiés vendredi par le site WikiLeaks.

«L’administration Obama a l’obligation, quand surgit des accusations sérieuses de torture contre un responsable américain, d’enquêter et d’en tirer les conséquences… Cette personne devrait être traduit en justice», a déclaré M. Novak sur la radio BBC 4.

M. Nowak a cependant reconnu qu’il ne pourrait s’agir que d’une enquête américaine. Des poursuites par la Cour pénale internationale (CPI) ne sont pas possibles car les Etats-Unis ne reconnaissent pas la cour, a-t-il admis.

Au cours de la même conférence de presse, un responsable de WikiLeaks, Kristinn Hrafnsson, a annoncé la diffusion prochaine de nouveaux documents militaires américains, sur la guerre en Afghanistan cette fois.

AFP

Voir aussi : Rubrique Médias Wikileaks fait péter un câble à Washington, Irak Un premier bilan de la guerre, Bagdad : une série d’attentat marque l’ouverture du scrutin, Pétrole contre nourriture : l’Irak réclame des réparations, rubrique Afghanistan Enlisement total, Rubrique politique internationale Le président Irakien à Paris pour une normalisation des contrats, rubrique Rencontre Michel Terestchenko Torture une pratique institutionnelle