Kadhafi sous la pression internationale

Kadhafi sous la pression internationale

La communauté internationale accroît sa pression sur le régime de Kadhafi. Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a demandé lundi la fin des violences en Libye, tandis que les Etats-Unis et ses alliés européens envisagent d’établir une zone d’exclusion aérienne. Si la presse salue l’unanimité à l’ONU, elle met en garde contre une éventuelle intervention militaire.

Helsingin Sanomat – Finlande

Pas d’intervention militaire sans mandat

D’après certains journaux, les Etats-Unis envisageraient une intervention militaire en Libye si le dirigeant Mouammar Kadhafi continuait de réprimer dans le sang son propre peuple. On n’a toutefois pas encore épuisé toutes les options diplomatiques, estime le quotidien libéral Helsingin Sanomat : « L’UE a encore de nombreuses possibilités d’intensifier ses mesures en Libye et dans d’autres pays d’Afrique du Nord avant que l’on atteigne le cap d’une intervention militaire. Pour cela, il faudra en outre obtenir des mandats supplémentaires de l’ONU. Le recours à une interdiction de vol dans l’espace aérien libyen serait déjà une mesure militaire ambitieuse. Les ressources de l’OTAN suffiraient certainement pour cela, mais une intervention militaire contre Kadhafi nécessiterait l’assentiment inconditionnel de l’ONU. On la percevrait sinon comme une intervention de l’Occident, ce qui pourrait tourner à l’avantage de Kadhafi. » (01.03.2011)

Süddeutsche Zeitung – Allemagne

L’interdiction aérienne recèle des risques

Les Etats-Unis et ses alliés européens envisagent une interdiction de survol de la Libye pour empêcher les attaques aériennes de l’armée libyenne contre son peuple. Cette intervention irait pourtant trop loin, estime le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung : « Il faudrait pour cela un mandat du Conseil de sécurité de l’ONU qui permette le recours à la force. Et la Chine au moins s’opposera à un mandat aussi strict, redoutant ce qui pourrait former le moindre précédent. … Il s’agit finalement d’une décision avec des conséquences politiques. Avec un mandat pour une intervention aérienne, on déplacerait la question du pouvoir vers l’étranger. Mais si l’on s’implique, on se retrouvera au mauvais endroit, et l’on ne pourra plus se retirer si Kadhafi mène une résistance pendant des semaines, voire des mois, ou qu’une guerre de guérilla éclate. Alors la pression augmenterait, même pour une intervention terrestre. Pour le mouvement révolutionnaire arabe, ce serait la preuve qu’il ne peut miser sur la neutralité bienveillante de l’Occident. Celui-ci deviendrait subitement un tiers indésirable dans un duel clairement structuré jusque-là : les citoyens en bas contre les autocrates en haut. » (01.03.2011)

Le Temps – Suisse

Le Conseil des droits de l’homme solidaire

En l’espace de quelques jours, le Conseil des droits de l’homme de l’ONU a unanimement condamné les violences du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi contre la population et recommandé la suspension de la Libye de l’institution. Le quotidien Le Temps se réjouit de cette nouvelle unité : « Jamais le principal organe onusien chargé des droits de l’homme n’avait joui d’une telle crédibilité. L’événement est considérable. Le Conseil n’avait jamais parlé d’une voix aussi univoque. En quelques jours, il a réussi le prodige … de clouer le bec aux souverainistes conservateurs qui n’ont cessé de le décrier. Le printemps arabe est en train de fleurir au sein même du Conseil des droits de l’homme. … En son sein, les fronts semblent bouger. » (01.03.2011)

Respekt – République tchèque

Une solution pour les réfugiés ?

Lors de la séance mensuelle du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies lundi à Genève, de nombreux ministres des Affaires étrangères se sont penchés sur la question des travailleurs immigrés fuyant la Libye, mais n’ont toujours pas trouvé de solution, note l’hebdomadaire libéral Respekt : « La volonté du dictateur Kadhafi de s’accrocher au pouvoir sans tenir compte de la révolution qui se poursuit contre lui a mené la Libye au bord d’une crise humanitaire. Tandis que le riche Occident évacuait rapidement ses ressortissants par avion, des milliers de réfugiés originaires de pays pauvres et qui travaillaient dans le riche Etat pétrolier se sont rassemblés aux frontières de la Libye. Les ministres des Affaires étrangères du monde entier cherchent désormais une solution pour faire quelque chose contre la catastrophe qui s’étend. On peut toutefois se demander s’ils trouveront une solution. Si le siège de Kadhafi vacille sérieusement, il repose toujours sur les barils d’un pétrole sans lequel l’Occident, pauvre en énergie, ne peut s’en sortir. » (01.03.2011)

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Les amitiés libyennes de Patrick Ollier

Patrick Ollier et Mam

Le compagnon de Michèle Alliot-Marie, Patrick Ollier, avait été relativement épargné par le scandale qui touche la ministre des affaires étrangères. Ce n’est plus le cas : le quotidien Libération revient, jeudi 17 février, sur les amitiés moyen-orientales du ministre des relations avec le Parlement. Et rappelle que le général Rondot, acteur-clé de l’affaire Clearstream, avait enquêté sur M. Ollier et ses relations avec la Libye.

Un amoureux de la Libye

Patrick Ollier, ancien président de l’Assemblée nationale, ancien président de sa commission économique également, est familier du pays dirigé d’une main de fer par le colonel Kadhafi. Président, durant ses longues années de parlementaire, du groupe d’amitié franco-libyen, qu’il a fondé, il a effectué nombre de voyages dans ce pays, le dernier datant du 23 octobre 2010, selon l’ambassade de France en Libye.

Il fut le vice-président de l’association France-Libye. Fondée par l’archéologue spécialiste de ce pays, André Laronde, décédé le 1er février, elle se veut « l’instrument d’un partenariat renforcé entre nos deux pays dans tous les domaines de coopération, culturel, économique et scientifique ».

Il est aussi souvent cité pour sa participation à des conférences et autres activités de la Chambre de commerce franco-libyenne, qui regroupe de nombreuses grandes entreprises françaises désireuses d’investir dans ce pays et dont le siège est situé à Rueil-Malmaison, commune dont le maire n’est autre que M. Ollier .

En 2003, selon Jeune Afrique, Patrick Ollier est chargé par Jacques Chirac d’aller porter auprès de Mouammar Kadhafi un message sur la nécessité de soutenir la France dans la lutte contre la guerre en Irak. Il accompagnera le chef de l’Etat lors d’un voyage dans le pays l’année suivante.

Les soupçons de Rondot

En 2004, le général Rondot commence à enquêter sur les amitiés libyennes de M. Ollier. « Compromission de POL. Irak, Libye, Syrie », note l’espion dans ses fameux petits carnets. POL est son code pour le compagnon de Michèle Alliot-Marie, alors ministre de la défense. Pour le général, il est soupçonné d’avoir avec certains pays arabes des « accointances excessives ».

Un article de France Soir, en mars 2005, insinue que M. Ollier est soupçonné d’avoir proposé à Thales, entreprise travaillant notamment pour le ministère de la défense, de l’aider à négocier un gros contrat avec le régime libyen. Il est également dit que Thales aurait alors enquêté sur lui. Furieux, M. Ollier somme Denis Ranque, président du groupe, de démentir, ce que ce dernier fait sans rechigner. Il affirme par la suite qu’un ancien de Thalès, membre de la DGSE, alimente le général Rondot en rumeurs contre lui.

A partir de 2006, Patrick Ollier fut l’artisan d’une tentative de rapprochement avec la Libye, dont le point d’orgue fut le projet de vendre un réacteur nucléaire civil au pays. M. Ollier explique alors que « Tripoli veut retrouver sa place dans le concert des nations et a engagé l’ouverture de son économie à l’Occident ».

Celui qui n’est alors que parlementaire regrette, dans Le Nouvel Observateur, que d’autres pays fassent des affaires en Libye tandis que « la France ne récolte que des miettes ». La raison, selon lui : « Les Anglo-Saxons savent mettre leur diplomatie au service de leurs entreprises. Nos fonctionnaires en sont loin ».

La torture en Lybie, « reliquat de pratiques anciennes »

En juillet 2007, suite à la libération des infirmières bulgares condamnées à mort par la Libye, Patrick Ollier promettait à L’Express.fr une « normalisation rapide » des relations avec le pays de Kadhafi.

Le « guide suprême » libyen, dont la visite en France, à l’automne, provoque polémique sur polémique, trouve en M. Ollier un indéfectible soutien : « Le colonel Kadhafi est un homme surprenant. Quand vous lui parlez, vous avez l’impression qu’il est ailleurs mais en réalité il vous écoute et possède des capacités d’analyse et de décision qui sont stupéfiantes. Contrairement à ce que l’on croit, ce n’est pas un personnage fantasque », explique-t-il au Journal du Dimanche. Avant d’ajouter qu’il « doit peut être exister quelques reliquats de pratiques anciennes comme la torture » en Libye.

Dans les colonnes du Monde, le 16 décembre 2007, M. Ollier assure que « Kadhafi n’est plus le même qu’il y a vingt ans et a soif de respectabilité. Il lit d’ailleurs Montesquieu ».

Selon une note d’Amnesty international fin 2010, « les migrants, réfugiés et demandeurs d’asile qui tentent de se rendre en Europe en passant par la Libye se trouvent exposés à la torture et à la détention illimitée ». Mercredi 16 décembre, la police libyenne a dispersé violemment des manifestations dans le nord-est du pays, faisant au moins quatre morts et des dizaines de blessés.

Samuel Laurent (Le Monde)

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Libye: Le nombre des manifestants tués s’alourdit selon les ONG

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Kadhafi fait couler des rivières de sang

Plusieurs villes libyennes, dont Benghazi, sont tombées aux mains des manifestants après des défections dans l’armée, a affirmé lundi 21 février la Fédération internationale des ligues de droits de l’Homme (FIDH), qui avance un bilan de 300 à 400 morts depuis le début du soulèvement, probablement plus près de 400″. Human Rights Watch, une autre ONG, a fait état de son côté lundi matin d’un bilan d’au moins 233 morts.

Ce bilan pourrait bien s’alourdir car dimanche, l’un des fils du colonel Mouammar Kadhafi, Seïf Al-Islam, a affirmé dans une allocution télévisée que le peuple devait choisir soit de construire une « nouvelle Libye » soit de plonger dans la « guerre civile ». « La Libye est à un carrefour. Soit nous nous entendons aujourd’hui sur des réformes, soit nous ne pleurerons pas 84 morts mais des milliers et il y aura des rivières de sang dans toute la Libye », avait déclaré Seïf Al-Islam.

Le ministre libyen de la Justice Mustapha Mohamad Abdeljalil a démissionné de son poste « pour protester contre l’usage excessif de la force » contre les manifestants en Libye, a rapporté lundi 21 février un journal libyen dans son édition en ligne.

« Utiliser les forces de sécurité et des voyous armés pour empêcher le peuple d’exprimer son opposition au gouvernement semble de plus en plus voué à l’échec », ajoute HRW, faisant valoir que cette « tactique » n’avait pas préservé le pouvoir de Hosni Moubarak en Egypte.

HRW AFP (18/02/11)

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