Musique
A l’heure du bilan, le Festival de Radio France qui s’est clôturé le 28 juillet dernier affiche une fréquentation totale de 121 700 spectateurs en très légère baisse comparée à 2010 qui avait réuni 123 500 spectateurs. Au Corum, les 15 soirées payantes sur les 194 manifestations du festival représentent 16% de la fréquentation. Les concerts gratuits de jeunes solistes à 12h30 et ceux de musique de chambre à 18h confirment leur succès avec près de 20 000 personnes. Cette année, le retour des concerts jazz au château d’O est à l’origine d’une hausse de la fréquentation (12 200 spectateurs). La musique électronique programmée place Dyonisos (3 concerts au lieu de 6 en 2010) a accueilli 7 000 personnes contre 14 500 l’année dernière. 44 concerts ont été décentralisés en région et 29 dans l’agglomération où 50 à 200 personnes ont été refusées chaque soir en raison de la faible capacité des lieux d’accueil. A noter aussi cette année, une présence renforcée de Radio France à Montpellier où 43 émissions dont 34 de France Culture ont été enregistrées en public.
Les raisons d’un succès
Cette réussite ne tient pas qu’à une dimension quantitative mais à un véritable savoir-faire dans les équilibres liés à une réelle exigence qualitative. Il n’est pas rare de voir des collectivités proposer des concerts gratuits mais il est rarissime de trouver des concerts entrée libre du Quatuor Prazak…
On a pu reprocher au directeur du Festival son enthousiasme modéré pour la décentralisation régionale. A la vérité, c’est plutôt son assurance et son souci d’exigence qui semble faire tâche dans le décor. Le fondateur du festival s’est toujours refusé à confondre décentralisation culturelle et culture au rabais. Par ailleurs, ce festival est comme son nom l’indique un festival de Radio. Il est destiné à être diffusé. Et il l’est plutôt bien. « Avec près de 300 diffusions internationales par an, le festival a fait connaître Montpellier dans le monde entier » rappelle René Koering. Un intérêt rehaussé par la programmation originale dont le surintendant de la musique avait le secret.
Transition chaotique
Concernant la naturelle transition qui devait voir le jour, la disparition de Georges Frêche a manifestement précipité les choses. Après avoir démissionné de la direction de l’Orchestre national et de l’Opéra de Montpellier en décembre 2010, René Koering, dont la candidature à sa succession a été soutenue par le président de l’Agglo Jean-Pierre Mourre, a quitté la direction du Festival le 28 juillet. Jean-Pierre Le Pavec, le nouveau directeur du festival, qui fut à l’origine du Festival de Saint Denis (une vingtaine de concerts) doit désormais prendre la mesure d’une machine qui produit dix fois plus de manifestations en 17 jours.
Questions d’avenir
Quelques questions se posent aussi pour la gestion de l’Orchestre et de l’Opéra, tombée dans les mains de l’imprévisible Jean-Paul Scarpitta. Après s’être empressé de faire le ménage autour de lui, (l’ex-préfet Constantin qui présidait l’Euterp*, le chef d’Orchestre Lawrence Foster…) il n’est pas dit que les premières décisions prises par le nouveau directeur, comme la suppression des concerts du week-end, réjouissent les abonnés. S’ajoutent aussi quelques interrogations budgétaires. Le système frêchiste n’a jamais été un modèle de démocratie mais il reposait néanmoins sur un certain équilibre, notamment sur une profonde confiance relationnelle. Il semble à ce jour, que l’on ait gardé la structure, la maîtrise en moins. Et comme l’on sait, le goût immodéré pour le prestige ne fait pas toujours bon ménage avec l’argent du contribuable.
Jean-Marie Dinh
* Association gérant l’Orchestre et l’Opéra financée par les collectivités.
Voir aussi : Rubrique Festival, rubrique Musique, 16e Internationales de La Guitare, Festival de Radio France, René Koering, rubrique Politique culturelle, rubrique Politique locale, rubrique Rencontre, Koering : le public est devenu connaisseur, Aldo Ciccolini,