Documentaire au Cinéma Diagonal. « La fête et finie » ou l’angle aveugle du développement urbain

janv-15-et-17_OC_ENT-DAV_la-fete-est-finie-413x219Diagonal. L’instrumentalisation de l’art et de la culture au service des promoteurs.

A l’invitation des Amis du Monde Diplomatique et du cinéma Diagonal le réalisateur marseillais Nicolas Burlaud est venu présenter à Montpellier son film La fête est finie. Ce documentaire réalisé avec très peu de moyens, se saisit de l’exemple marseillais pour évoquer l’angle aveugle du développement urbain.

Vendu par les édiles locales de tous bords comme créateur d’emplois, vecteur de progrès et de croissance économique, partout dans le monde, les plans de rénovation urbaine relèguent aux oubliettes la notion même du rôle politique dans la cité. A savoir, les actions possibles, anticipées, par les individus et les groupes sociaux, situés les uns à l’égard des autres en réciprocité de perspectives dans un environnement partagé.

Le film traite de la destruction du Marseille populaire et de l’entrée féroce des promoteurs avec comme cheval de Troie « Marseille Capitale Européenne de la Culture » mise en place par CCI, la ville de Marseille et les fonds d’investissements du grand capital.

Usant des moyens de voyous qu’Audiard décrit dans De battre mon coeur s’est arrêté, les promoteurs déplacent les pauvres de leurs lieux de vie pour développer des zones sous hautes surveillance réservées aux marchands.

L’intérêt du film est aussi d’interroger l’instrumentalisation de la culture et de ses acteurs. Nicolas Burlaud filme sa ville avec amour et nous invite à résister en prenant conscience des liens qui nous unissent.

JMDH

Source : La Marseillaise 20/01/2016

Présentation du film

Marseille est en passe de devenir une ville comme les autres. Sous les assauts répétés des politiques d’aménagement, elle se lisse, s’embourgeoise, s’uniformise. Cette transformation se fait au prix d’une exclusion des classes populaires, repoussées toujours plus au Nord. Son élection en 2013 au titre de «Capitale européenne de la culture» a permis une accélération spectaculaire de cette mutation. Là où brutalité et pelleteuses avaient pu cristalliser inquiétude, résistance et analyses, les festivités nous ont plongés dans un état de stupeur. Elles n’ont laissé d’autre choix que de participer ou de se taire…

Contact : lafeteestfinie@primitivi.org ou 06 62 46 14 06

Voir aussi : Actualité locale, Rubrique Cinéma, Petite virée dans le cinéma social français, rubrique Politique, Société civile, Politique culturelle, Politique économique, Politique locale, rubrique Société, Citoyenneté, Consommation,

Jane Campion Un féminisme qui bouge l’écran

 Nicole kidman dans «Portrait de Femme»


Nicole kidman dans «Portrait de Femme»

Ciné. L’intégrale de Jane Campion un coffret Pathé de 12 DVD avec tous ses longs métrages et sept courts.

Jane Campion est la seule réalisatrice à avoir remporté la Palme d’Or du Festival de Cannes pour La Leçon de Piano en 1993. Ceux qui on vu des films de cette célèbre réalisatrice néo-zélandaise s’en souviennent. Son œuvre est imprégnée d’un féminisme particulier, qui s’affranchit des clichés et des normes, au travers de multiples portraits de femmes qu’elle esquisse et développe un peu plus à chaque film.

Elle se rapproprie avec une aisance déconcertante les codes du genre comme dans le thriller érotique In the cut, ou les films en costumes aux images somptueuses comme Portrait de femme ou Bright Star.

« A partir de Tissues, (un court réalisé à 25 ans) je n’ai eu de cesse de penser au cinéma. Chaque film n’était pour moi qu’un projet, une idée que je voulais voir se réaliser en images. Personne n’allait le faire à ma place, alors je l’ai fait.» Explique Jane Campion dans la présentation du coffret.

«  Lorsque j’ai fini mon école, je ne savais pas que je deviendrai réalisatrice. Dans mon esprit, il fallait que les gens aient envie de voir vos films, et je ne pensais tout simplement pas que les gens voudraient voir les miens

Campion pratique un art à mille lieues d’un cinéma joli et académique. Bien au contraire, son cinéma ne cesse d’être en recherche de formes, naviguant entre rébellion, doute et désir d’apaisement. L’humour décapant qui l’anime apparaît dès ses premiers courts. On le retrouve plus tard avec un art éveillé du second degré dont le sommet est atteint dans Holy Smoke.

« Le tournant a été en 1984, lorsque A girl’s own story a été projeté avec d’autres films de fin d’étude. Il reçut à ma grande surprise une incroyable ovation. Il y avait donc une place dans ce monde pour faire entendre ma voix, pour ce que j’avais naturellement envie de faire.

Jane Campion a poursuivi en créant des films plus que troublants qui changent et nous changent. Une oeuvre à (re) découvrir d’urgence.

                   JMDH

Coffret Pathé 12 DVD 99,99 euros Blu-ray 119.99 euros.

Source : La Marseillaise 23/12/2015

Voir aussi : Rubrique Cinéma , Chercher une femme dans les films qui lise un journal, La Vie d’Adèle » perd son visa d’exploitation, rubrique Rencontre, Catherine Corsini,

Censure « La Vie d’Adèle » perd son visa d’exploitation

Photo : Pathé
Le visa d’exploitation du film La Vie d’Adèle a été annulé par la justice. En cause, des « scènes de sexe réalistes de nature à heurter la sensibilité du jeune public ».
Saisie par une association catholique réputée proche de l’extrême-droite, la justice a annulé le visa d’exploitation du film d’Abdellatif Kechiche, palme d’Or au festival de Cannes en 2013.
Dans une décision rendue publique mercredi, la cour administrative d’appel de Paris a demandé à la ministre de la Culture Fleur Pellerin de « procéder au réexamen de la demande de visa » du film dans un « délai de deux mois« . La cour a estimé que La Vie d’Adèle: chapitres 1 et 2, long-métrage d’Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux et Adèle Exarchopoulos sorti en 2013, qui raconte une passion amoureuse entre deux jeunes femmes, comporte « plusieurs scènes de sexe présentées de façon réaliste, en gros plan » qui sont « de nature à heurter la sensibilité du jeune public ».

De ce fait, la ministre « ne pouvait, sans commettre d’erreur d’appréciation » au regard de la loi « accorder un visa d’exploitation (autorisation administrative nécessaire pour une diffusion en salle de cinéma) comportant une interdiction limitée aux mineurs de 12 ans », assortie de messages d’avertissement, ajoute-t-elle. Comme pour le film de Gaspar Noé, Love, en août dernier, le ministère de la Culture a immédiatement annoncé son intention d’introduire un recours devant le Conseil d’Etat.

Chez Bonnet et consorts, la  » lumière  » tire sur le brun

 

La justice avait été saisie par l’association Promouvoir, proche des milieux catholiques traditionalistes d’extrême-droite et de son avocat et cofondateur, André Bonnet, ancien responsable du MNR de Bruno Mégret, qui estimait que le film aurait dû être interdit aux moins de 18 ans. L’association Promouvoir, créée en 1996, avait été déboutée en première instance, en septembre 2014, par le Tribunal administratif de Paris de sa demande d’annulation du visa d’exploitation du film.

Procédurier accompli, André Bonnet n’en est pas à son coup d’assai. Il s’était déjà attaquée avec succès à Baise-moi de Virginie Despentes et de Coralie Trinh Thi, à Ken Park, de Larry Clark, à Nymphomaniac, de Lars von Trier ou encore à la Fnac d’Avignon, coupable selon lui d’avoir disposé dans ses bacs  » des BD avec des fellations en gros plans juste à côté des albums de Boule et Bill « . Au magazine Premiere, André Bonnet expliquait l’objet de son association : « défendre la dignité de la personne humaine et protéger les mineurs, à travers la « promotion des valeurs judéo-chrétiennes » »…

Dans un communiqué, l’ARP, la société des auteurs-réalisateurs-producteurs a réagit vivement à la décision de la justice :  » Nous ne pouvons nous satisfaire de voir la culture et la liberté de création soumises au joug des tendances moralistes  » (…), une décision qui « donne raison aux arguments honteux d’une association résolument obscurantiste ».

Pour le plaisir, la bande annonce du film d’Abdellatif Kechiche, palme d’or au Festival de Cannes 2013 :

Source L’Humanité 09/12/2015

Voir aussi : Actualité France, Rubrique Cinéma, Hollywood a la braguette qui coince, Une forme de Roméo et Juliette au féminin, rubrique Politique, Politique culturelle, rubrique Société, Droits des femmes,

Riverbanks. Un saut quantique près du fleuve

17135Riverbanks

Une immersion dans les mythes et symboles méditerranéens. (Photo DR)

Cinemed compétition long Métrage. « Riverbanks « du réalisateur grec Panos Karkanevatos.

En compétition pour l’Antigone d’or 2015, Riverbanks de Panos Karkanevatos aborde moins la question de l’immigration en elle-même que celle du mouvement permanent dont un des personnages principal, le fleuve Evros à la frontière gréco-turque, est un symbole vivant.

Aux abords de la rivière Chryssa, une jeune femme impliquée dans le trafic des passeurs rencontre Yanis qui démine la rive en jouant avec la mort. A cet endroit, le flux de migrants, pour la plupart des enfants, est aussi constant que celui de l’eau. Mais la terre d’espoir que foulent les clandestins dans des conditions dantesques est truffée de métal qui les font disparaître. Chryssa et Yanis le savent.

La force cinématographique de Panos Karkanevatos se situe dans la singuliarité de ses personnages hyperprésents en ce lieu de passage entre la vie et la mort. « Je me situe loin de l’actualité », confie à juste titre le réalisateur grec qui ne s’attache à aucun jugement. Seuls comptent le présent, l’amour, le désespoir et l’espoir.

En ce lieu symptomatique de la mondialisation non loin du mur de 12 km inutilement construit par les autorités grecques, la conscience des personnages au bord du gouffre s’exacerbe. Sans réelle prise sur leur destin, la sensibilité naturelle qui surgit pousse Chryssa et Yanis à s’attacher l’un à l’autre sur des valeurs qui les rapprochent plus profondément, plus intimement.

Panos Karkanevatos affleure avec ce film la « mouvance », d’un état d’esprit individuel et apatride dans lequel la mondialisation nous a intégrés. Cette rencontre d’âme au bord de l’eau collective perturbe notre psychisme en nous plongeant dans un état supérieur de cognition. Karkanevatos redessine en toile de fond le mythe d’Orphée en nous immergeant dans les rythmes méditerranéens.

JMDH

Source :  La Marseillaise 30/10/2015

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Cinéma,  rubrique Festival, Cinemed, Grand FocusLa caméra comme un stylo, rubrique Méditerranée, rubrique Grèce, Cinéma Grec,

L’Egypte oubliée

12065960_574243122723613_5301094019307508588_n

Compétition documentaire. Tuk-tuk, Romany Saad nous invite à une plongée dans les quartiers populaires du Caire.

La sélection des huit films documentaires en compétition consacrés au cinéma de toutes les rives de la Méditerranée propose un riche programme qui tisse un lien avec un réel différent souvent éloigné de nos regards.

Avec Tuk-tuk, le réalisateur égyptien Romany Saad nous fait pénétrer dans les petites rues populaires du Caire où circulent des milliers de petits véhicules à trois roues. « J’habite dans les quartiers où les Tuk-tuk se sont multipliés depuis la révolution, explique le réalisateur présent à Montpellier. Il suffit d’une  simple licence pour rouler. Du coup, ils sont conduits par des gosses qui ont l’âge de mon fils. Au fond, je crois que c’est cela qui m’a décidé à réaliser ce film.»

Le réalisateur suit le quotidien des jeunes chauffeurs, montre les problèmes d’agressions, le rackettage par les autorités, et les responsabilités qui pèsent sur leurs épaules. Il pénètre dans les familles pauvres cairotes laminées par la crise et oubliées par le pouvoir qui poussent leurs enfants à la rue pour subvenir aux besoins primaires et rembourser leurs crédits. Tandis que notre président rend hommage à la gloire de Sissi et des Rafales.

JMDH

Source :  La Marseillaise 30/10/2015

Voir aussi : Actualité Locale, Rubrique Cinéma,  rubrique Festival, Cinemed, Grand FocusLa caméra comme un stylo, rubrique Méditerranée, rubrique Egypte,