Soutien à Baltasar Garzon

 

Le juge Baltasar Carzon

L’association pour le souvenir de l’exil républicain espagnol était samedi dernier sur la Comédie en soutien au juge Baltasar Garzon en lutte contre le franquisme.

Tenace figure du droit international, le juge Baltasar Garzon est à l’origine de l’arrestation d’Augusto Pinochet. Il occupe depuis 22 ans l’Audience nationale, la plus haute instance pénale d’Espagne et s’apprête à faire ses cartons. Ses pairs du Conseil général du pouvoir judiciaire (CGPJ), l’équivalent espagnol du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), devraient le suspendre de ses fonctions.

Le juge est poursuivi pour prévarication. C’est-à-dire pour avoir manqué au devoir induit par ses fonctions après avoir enquêter à la demande des familles des victimes en 2008, et voulu ouvrir une instruction contre le franquisme et ses crimes contre l’humanité. La plainte de trois associations d’extrême droite, dont la Phalange espagnole, a été suivie. Elle accuse le juge Garzon d’avoir monté  » un artifice juridique «  en requalifiant en crimes contre l’humanité, donc imprescriptibles, les disparitions forcées.

L’affaire ravive de part et d’autre des Pyrénées la mémoire d’une guerre jamais cicatrisée.  » Une condamnation serait une nouvelle victoire de Franco « , s’est ému le cinéaste Pedro Almodovar le 13 avril, lors d’une mobilisation à Madrid.

A Montpellier L’ASEREF, reprend le flambeau.  »  Ce qui se passe est important pour l’avenir de l’Espagne et de l’UE. Les conditions économiques de crise favorisent les desseins totalitaires, comme on le voit en France avec le FN. On s’aperçoit par ailleurs que les franquistes tiennent toujours les rouages de la justice en Espagne, s’indignait hier le porte-parole de l’association Éloi Martinez, Au- delà de la mémoire l’heure est toujours à la définition de la démocratie.  » Le gouvernement social démocrate qui s’en remet pour l’heure à la justice ne prend pas parti.  » Nous les enfants et les petits enfants des 150  000 disparus dans les fosses communes, on n’a jamais signé la loi d’amnistie des crimes signée en 1977. J’ai le droit de savoir où est mon oncle… « 

Jean-Marie Dinh

Voir Aussi : le communiqué d’Amnistie International, rubrique Espagne, Garzon proposé pour le Nobel de la paix, rubrique rencontre avec Georges Semprun, rubrique livre, Orwell un cran à gauche, mémoire combattante en région sud, crime franquiste, rubrique Politique, Sont-ils intouchables les héritiers du franquisme ! Sarkozy discours de Latran, le corpus nationaliste du président,

Athènes s’enlise toujours plus dans la crise

grece-flic-banqueL’heure est grave. Mais peut-être pas encore désespérée. Quoi qu’il en soit, la décision rendue publique vendredi par l’agence de notation financière Fitch risque d’aggraver un peu plus l’état de santé de la Grèce, déjà au bord de l’infarctus financier. Fitch, troisième et dernier larron des agences de notations, a annoncé qu’elle abaissait de deux crans la note de la dette à long terme de la Grèce, la faisant ainsi glisser de BBB+ à BBB-. Ses raisons ? L’accroissement des déficits budgétaires auxquels le gouvernement grec doit faire face. Début décembre, Fitch avait été la première des agences de notation financière à rétrograder la note de la Grèce, donnant ainsi le signal du départ d’une crise financière dans laquelle Athènes n’a pas cessé de se débattre.

«L’annonce de Fitch est soit totalement stupide, soit totalement irrationnelle, soit irresponsable…» s’emporte Sylvain Broyer, économiste chez Natixis. Avant d’ajouter : «Elle est les trois à la fois.» L’attitude de l’agence ressemble à celle d’un pompier pyromane. Cette nouvelle dégradation pourrait conduire les investisseurs à exiger des taux d’intérêt sur les obligations d’Etat émises par Athènes encore plus élevés. «La Grèce doit déjà verser près de 7,3% d’intérêt sur les nouvelles obligations émises sur les marchés financiers. Ce qui était déjà insupportable comparé aux 3% d’intérêt versés sur les obligations allemandes», note un économiste. Plusieurs questions restaient sans réponses vendredi.

Bulletin. D’abord, les deux autres agences de notation, Moody’s et Standard & Poor’s vont-elles emboîter le pas à Fitch ? Pour l’instant, le bulletin scolaire de la Grèce rédigé par Moody’s affiche un A2, quand celui de Standard & Poor’s est à BBB+. Pas de quoi imaginer le pire des scénarios. En clair, il faudrait que ces deux agences descendent encore de trois niveaux leur note sur la dette souveraine de la Grèce pour asphyxier totalement Athènes.

Car une fois atteinte la limite d’une note BB par les trois agences, la Banque centrale européenne (BCE) ne prendrait alors plus «en pension» les obligations grecques détenues par les banques et les assurances, essentiellement allemandes et françaises. Un établissement financier détenant des obligations d’un Etat ne peut pas se délester de ses titres auprès de la BCE, mais juste de lui déposer «en pension». En échange, la BCE verse aux banques la valeur de cette obligation moins une commission, avec l’obligation pour elles de reprendre leur dû plus tard. Une manière pour les banques de se financer à 1% et d’octroyer ensuite des crédits à 3 ou 4%. Tout bénéf. Mais si la note la Grèce est effectivement dégradée à BB par les trois agences, alors cette belle mécanique s’arrête.

Et les choses se compliquent sérieusement. «Dans ce cas, les consignes sont claires, confie un gestionnaire de fonds. Nous avons ordre de liquider nos positions sur la Grèce.» De quoi déclencher une grosse panique. En Grèce d’abord. En Europe ensuite. Cette contagion finirait par se répandre comme une traînée de poudre sur tout le reste du système financier européen, notamment via les fonds qui se sont gavés de titres de la dette grecque.

«À tout moment». C’est justement pour éviter le pire que l’UE s’est dit prête, dès vendredi, à aider si nécessaire la Grèce. «Nous serons prêts à intervenir si les Grecs le demandent», a déclaré le président de l’UE, Herman Van Rompuy. Quelques instants plus tard, c’était au tour de Nicolas Sarkozy de déclarer : «L’Union européenne est prête à activer son plan de soutien financier à la Grèce à tout moment.» Présent à ses côtés, l’Italien Silvio Berlusconi a abondé dans son sens, allant jusqu’à déclarer : «Nous avons intérêt à apporter tout notre soutien, sinon il y aura des conséquences très négatives sur notre monnaie.» Les dirigeants européens se sont mis d’accord le 25 mars sur un mécanisme, associant des prêts de pays de la zone euro et du Fonds monétaire international (FMI), pour aider Athènes. Selon plusieurs rumeurs, un plan sonnant et trébuchant pourrait même être annoncé dès lundi. Sur les 35 milliards d’euros dont la Grèce a besoin d’ici la fin de l’année, les pays de la zone euro pourraient financer Athènes à des taux allant de 1,5% à 3,5% et à hauteur de 25 milliards. Le reste serait apporté par le FMI.

Mais pour activer un tel plan, il faudra la bénédiction de Berlin. Pas gagné. Le gouvernement allemand est resté vendredi très prudent sur le sujet. Il a assuré par la voix d’un porte-parole du ministère des Finances que le plan d’aide «peut être mis en œuvre rapidement». Mais, a-t-il ajouté, «nous croyons que la Grèce peut arriver à atteindre ses objectifs par ses propres moyens».

Vittorio De Filippis  Libération

Voir aussi : Rubrique Finance La spéculation attaque l’Europe par le Sud, crise entretien avec Frédéric Lordon, Les banquiers reprennent leurs mauvaises habitudes, Grèce grève contre les mesures d’austérité,

Le Japon, la Poste et les promesses électorales

Boîte aux lettres japonaise

Il arrive qu’un premier ministre élu sur un programme l’applique. Il arrive même que, parmi ses promesses de campagne, figurent des mesures franchement antilibérales, à défaut d’être totalement progressistes. Alors, la presse se déchaîne. Le Japon ne fait pas exception à la règle.

M. Hatoyama Yukio, qui a pris ses fonctions de premier ministre en septembre 2009, après la victoire du Parti démocratique du Japon (PDJ) aux législatives, avait déjà eu la bonne idée de stopper net la privatisation de la Poste, lancée par M. Koizumi Junichiro et amorcée par ses successeurs. Cette dernière était devenue un symbole de la libéralisation à marche forcée du pays, menée par l’équipe du flamboyant premier ministre de l’époque, américanophile convaincu, partisan du tout marché. Elle a pourtant contribué à faire chuter le parti libéral démocrate (PLD), au pouvoir sans interruption ou presque depuis la fin de la seconde guerre mondiale, au profit du parti de M. Hatoyama (Lire Odaira Namihei, « Pourquoi le Japon a basculé », Le Monde diplomatique , octobre 2009).

Il faut dire que la Poste japonaise ne représente pas seulement ces boîtes aux lettres rouges que l’on peut voir un peut partout, et ces bureaux signalés par un « T » tout aussi rouge (24 000 bureaux sur l’ensemble du territoire) – activité au demeurant déficitaire — : c’est aussi et surtout la plus grande banque du monde. Ses actifs financiers dépassent les 300 000 milliards de yens (2 433 milliards d’euros). Une manne sur laquelle tous les financiers de la planète auraient volontiers fait main basse. D’où les pressions des Américains et des « experts » en tout genre pour la privatisation de ce fleuron.

Or, non seulement M. Hatoyama a arrêté le processus, mais, le 30 mars dernier, il a accepté le plan de valorisation du groupe public, proposé par son ministre chargé de la réforme de la poste, M. Kamei Shizuka, « le samouraï anti-marché », comme le nomment ses détracteurs. Le plafond de dépôt autorisé sur les comptes postaux est multiplié par deux, passant à 20 millions de yens (environ 157 000 euros par personne). Celui des revenus tirés d’une assurance est également fortement augmenté. De quoi attirer l’épargne des Japonais… au grand dam des banques privées. La Poste pourrait donc connaître une nouvelle jeunesse.

Derrière la vertu, la dette publique

Très naturellement, M. Hatoyama pare son geste de toutes les vertus démocratiques : il a promis, il a fait. Il serait plus juste de dire qu’il joint l’utile à l’agréable. En permettant à la Poste de drainer les bas de laine des Japonais, il s’assure qu’elle pourra continuer à souscrire les emprunts d’Etat qui ne manqueront pas de grimper. La Poste joue pour Tokyo le rôle que tient la Chine vis-à-vis des Etats-Unis. D’ores et déjà, les trois quarts de ses actifs financiers sont constitués de Bons du Trésor nippons.

Voilà pourquoi le Japon peut afficher l’une des dettes publiques les plus fortes du monde (173 % du produit intérieur brut en 2008, près de 200 % cette année [1]) sans être menacé par « les marchés », comme on dit maintenant pour masquer l’identité des banques spéculatives, ou par un quelconque Fonds monétaire international. Tokyo ne rend des comptes qu’à sa population, qui a un haut niveau d’épargne (en raison notamment du vieillissement et des problèmes de retraites) et qui est suffisamment traumatisée par l’explosion de la bulle immobilière des années 1990 pour préférer les placements garantis par l’Etat aux fonds spéculatifs.

En protégeant son protecteur la Poste, M. Hatoyama essaie de se donner un peu d’air budgétaire pour relancer la machine nippone, en panne depuis deux décennies, et tenter, comme il l’a promis, de reconstruire le consensus à la japonaise par l’amélioration de la protection sociale. Le gouvernement a poussé la Poste à titulariser 20 000 des 40 000 employés précaires. Le budget pour l’année 2010-2011 voté fin mars prévoit de nouvelles allocations familiales et quelques mesures sociales… Une urgence, car, un peu plus de six mois après son arrivée au pouvoir et à quelques encablures des élections sénatoriales de juillet prochain, le premier ministre dévisse dans les sondages. Pour cause de scandales financiers qui l’éclaboussent – il a « oublié » de payer le fisc sur l’argent donné par sa richissime mère [2] – et qui secouent son entourage (notamment le célébrissime président du PDJ Ozawa Ichiro). Pour absence de résultats tangibles dans la vie quotidienne de la grande majorité de la population.

Mais ce n’est pas ce qui agite la presse nippone, dressée vent debout contre la réforme de la Poste, qui mettrait en péril les petites et moyennes entreprises – c’est toujours au nom des petites gens que les gros défendent leurs intérêts. Même le grand quotidien de centre gauche, Asahi Shimbum, prend un ton vengeur et vindicatif dans son éditorial du 1er avril : « Malgré les objections de plusieurs ministres d’Etat, Hatoyama a approuvé le plan de réforme postale », jugé « simpliste ». Et de joindre dans un même lot cette réforme (qui pénalise les banques privées) et les négociations pour trouver une autre localisation à la base militaire américaine de Futenma (crime de lèse-Amérique). Sans appel, le quotidien conclut : « Le leadership [de M. Hatoyama] semble être si faible et imparfait que ses qualifications en tant que chef de la nation doivent être remises en question. Ce sentiment a été exprimé par le président du Parti libéral-démocrate Tanigaki Sadakazu. Nous sommes d’accord. » A Tokyo comme ailleurs, on ne badine pas avec l’argent pas plus qu’avec l’armée – américaine de surcroît.

Martine Bulard Le Monde Diplomatique

Notes

[1] Il s’agit de la dette brute. Si l’on tient compte des actifs financiers détenus, la dette s’élève à 107 % du PIB en 2008 – ce qui n’est déjà pas si mal. Lire notamment Claude Meyer, Chine ou Japon. Quel leader pour l’Asie, Les presse de Sciences Po, Paris, 2010.

[2] M. Hatoyama est l’héritier de la famille fondatrice de Bridgestone (les pneus)

Voir aussi : Rubrique Livre Entretien avec Martine Bulard , rubrique Japon Une dette monstrueuse,

Le directeur général de la gendarmerie est remplacé brutalement

drapeau-du-gignSurprise dans la Gendarmerie nationale : son directeur général (DGGN) Roland Gilles est remercié ! Le conseil des ministres de ce matin a en effet décidé de remplacer le général Gilles, nommé en juin 2008, par son numéro 2, le général Jacques Mignaux, qui était jusqu’à présent major général. La passation devrait avoir lieu avant la fin du mois.

Selon nos informations, Roland Gilles devrait être nommé ambassadeur en Bosnie, ce qui s’apparente à un lot de consolation. Le général Gilles a eu la lourde tâche de piloter concrètement le rattachement de l’Arme au ministère de l’Intérieur, une réforme mal vécue en interne. Sur le plan des textes, le processus est achevé. Il pouvait passer la main et s’attendait d’ailleurs à le faire à l’été. La méthode employée par l’Elysée est pourtant d’une grande brutalité.

Selon nos informations, la décision a été prise durant le weekend et le général Gilles en a été officiellement informé hier à peu avant 17 heures ! Il ne faut sans doute pas surestimer l’importance de l’affaire Matelly dans cette décision. Certes, la grogne de la base gendarmique n’a pas arrangé la situation. Le poème antisarkosyste d’un adjudant-chef, comme le détournement du film La chute où le président de la République est comparé à Hitler n’a sans doute pas été apprécié avec tout l’humour nécessaire…

Dans cette période difficile pour elle, le général Gilles a défendu sa maison et cela ne lui a pas valu que des amis dans les cercles policiers très influents en haut lieu. Aucun fait particulier ne lui est reproché. Son successeur, Jacques Mignaux, a, lui, été , membre du cabinet de Nicolas Sarkozy au ministère de l’Intérieur.

Mignaux sera-t-il le dernier général nommé DGGN ? Il y a quelques semaines, un grand responsable policier proche de l’Elysée le disait – estimant que les suivants seraient des préfets.

Voir aussi : Rubrique société rencontre avec  un superflic, délinquance  l’embarras des chiffres, Education nouvelle plainte des parents contre le fichier base élève, Justice droits de l’enfant en France, Affaire Villiers-le-Bel, la hausse de la délinquance des mineurs ne se confirme pas

«Midi libre» trop friand d’infos Frêche

propagande2Midi libre aurait-il fait campagne pour le président du Languedoc-Roussillon, Georges Frêche, réélu haut la main dimanche ? «Nous avons tenu la ligne de l’indépendance vis-à-vis du président sortant d’un bout à l’autre», assure Philippe Palat, directeur de la rédaction du quotidien régional (édité par le groupe des Journaux du Midi, revendu en 2007 par le groupe Le Monde au groupe Sud-Ouest), dont la diffusion totale en 2009 était de 151 165 exemplaires en moyenne par jour. En interne, pourtant, certains journalistes se plaignent (sous couvert d’anonymat) du tournant frêchiste pris par leur canard et des pressions subies pour maintenir cette ligne.

«Une partie des journalistes est dégoûtée. Nous avons un regard très critique sur la manière dont ces élections ont été couvertes», rapporte un rédacteur du quotidien. L’un de ses confrères pousse plus loin : «Midi libre a participé au discrédit de la gauche anti-Frêche, en la rabaissant plutôt qu’en l’analysant. Les éditorialistes font du « parler Frêche », en reprenant son antiparisianisme ainsi que ce même langage populaire, cette familiarité de comptoir.»

Doléances. Certains évoquent la mise sous surveillance étroite, voire la modification de la ligne éditoriale du quotidien gratuit Direct Montpellier Plus, détenu, comme Midi libre, par le groupe des Journaux du Midi, et dont plusieurs articles ont eu le malheur de déplaire au président de région et d’agglomération. «Jean-Michel Servant [rédacteur en chef du gratuit, ndlr] et son staff font du bon boulot»,» réfute Philippe Palat.

Pourtant, toutes ces critiques trouvent un écho à l’extérieur. Ainsi le journaliste local Jacques-Olivier Teyssier écrivait, le 12 février sur son site Montpellier journal : «Chaque jour, on se dit : là, Midi libre a atteint le sommet. Et le lendemain, le quotidien apporte de nouvelles preuves de sa toujours plus grande révérence envers Georges Frêche.» Du côté des politiques, les perdants ne sont pas tendres non plus. Pour le candidat UMP Raymond Couderc, autant la couverture de la campagne par le quotidien en 2004 (entre Georges Frêche et l’UMP Jacques Blanc) était équilibrée, autant celle-ci ne l’est pas. Il s’est fendu de plusieurs coups de fil à la direction générale. «On me répondait vous avez raison, on s’excuse, on va rééquilibrer. Mais ça tenait deux jours.» Mêmes doléances dans l’équipe de campagne d’Hélène Mandroux, la candidate officielle du PS : «Les candidats de l’équipe Frêche avaient droit à leur article lors de leurs déplacements dans la moindre commune.» Des militants socialistes parlent même de censure sur le site du quotidien, Midilibre.com. «J’ai envoyé trois posts de soutien à Hélène, sans agressivité, en réaction à deux articles, puis un post « pro Frêche ». Seul ce dernier est passé», affirme ainsi David Sauvade, un soutien d’Hélène Mandroux.

Si l’on s’en tient simplement aux faits, la lecture des articles est troublante. «En frappant fort, ici et contre Paris, Georges Frêche a infligé un désaveu à tous ses ennemis. Le fiasco d’Hélène Mandroux est une double victoire. D’abord contre ses détracteurs locaux. Ses vrais faux amis de trente ans», s’enflamme dans un éditorial le rédacteur en chef, François Martin, au lendemain du premier tour. Lorsque Martine Aubry vient à Montpellier soutenir Hélène Mandroux, le 8 mars, aucune trace de son passage en une du quotidien le lendemain. Le reportage est relégué en page 5 du cahier Région. «Il n’y a qu’une chose qui préoccupait les Montpelliérains, c’était la neige. On a ouvert par l’actualité, les problèmes météo, le sujet majeur», justifie Philippe Palat.

Ce dernier a réponse à tout. Il récuse toute censure du site internet, «sauf en cas de diffamation». Il nie aussi être influencé par les coups de fil des communicants mécontents. Même ceux de Laurent Blondiau, directeur de campagne de Georges Frêche et directeur de communication à la région, qui admet l’avoir appelé «trois fois» en un mois ? «J’appelle quand je pense qu’on n’a pas demandé l’avis des intéressés. Montpellier Plus n’a clairement pas fait la campagne de Frêche. J’ai juste appelé pour dire que l’équilibre n’était pas respecté», reconnaît Laurent Blondiau.

Lèse-majesté. Mais cet ancien journaliste de l’Humanité reconverti dans la com de Frêcheest un trop fin politique pour ne pas avoir conscience de son influence. En 2005, Georges Frêche, sire de feu Septimanie, avait déjà fait des siennes en coupant pendant huit mois toute publicité au quotidien pour cause d’articles lèse-majesté. Le manque à gagner a été évalué à trois millions d’euros. Actuellement, la région et l’agglomération de Montpellier, ainsi que leurs organismes satellites, restent pourvoyeurs d’annonces publicitaires et légales à hauteur de «2 millions d’euros sur un budget publicitaire de 49 millions d’euros en 2009», veut relativiser Alain Plombat, président des Journaux du Midi.

Autre épée de Damoclès sur celui-ci, l’arrivée annoncée du gratuit 20 Minutes, concurrent de Direct Montpellier Plus. Ce dernier est distribué principalement sur les lignes de tramway, géré par la TAM, donc l’agglomération. Si Frêche décidait de l’en sortir en faveur de 20 Minutes, la situation serait plus que tendue pour le gratuit de Midi libre.

Carole Rap (Libération)

Voir aussi : Rubrique Médias, Rubrique Politique,