Politique culturelle. Pour sa dixième édition la Zone artistique temporaire investit le quartier Figuerolles à Montpellier.
La 10e Zat (zone artistique temporaire) se tiendra dans le quartier Figuerolles les 9 et 10 avril 2016. Après l’édition des Grisettes l’évènement qui égraine tous les quartiers de la ville sur le chapelet des lignes de trams revient dans un quartier populaire et historique de Montpellier, ce qui s’avère souvent plus porteur en termes artistique et culturel que les quartiers en friche.
Suite au départ de l’initiateur Pascal Le Brun Cordier, la 9e édition dite de transition, avait été confiée au directeur de Montpellier Danse Jean-Paul Montanari qui n’a pas souhaité être reconduit. Même s’ils sont motivés par des raisons différentes, le fait que ces personnalités, toutes deux attachées à la liberté artistique, déclinent la responsabilité d’un évènement de deux jours doté d’un budget de 500 000 euros peut poser question. La solution apportée par le maire est simple. Désormais, « la direction artistique des Zat est tournante ».
C’est le Marseillais Pierre Sauvageot qui sort vainqueur de l’appel d’offres pour prendre en main cette 10e édition. Une personnalité reconnue nommée à la direction de Lieux publics en 2001, il a imprimé une signature singulière aux projets du centre national de création pour les arts de la ville.
Sans rien dévoiler de la programmation qui passera par les fourches caudines du service culturel de la ville, le spécialiste de l’espace public entend faire de la rue du Faubourg Figuerolles la colonne vertébrale de la manifestation. Après la danse, mise à l’honneur dans le quartier des Grisettes, se sera autour de la musique que se tiendront les festivités.
La partition définie par Philippe Saurel répond à trois priorités : une Zat dans tous les quartiers, entre 30 et 50% d’acteurs artistiques locaux ou régionaux et une grande place laissée aux acteurs du quartiers. Rompez les rangs sortez les guirlandes !
La campagne des Régionales déplace le centre de gravité. Photo dr
Montpellier. Philippe Saurel place la culture comme pilier de la politique de la ville et de la métropole et avance sa méthode pour y parvenir.
Convoquée dans les locaux de l’Hôtel Montcalm, la presse a essuyé hier les plâtres du futur Centre d’art contemporain de la Métropole, à l’occasion de la présentation de la politique culturelle initiée par le président de l’établissement de coopération intercommunale. Seul à la tribune, un premier rang d’élus assis face à lui, et une bonne moitié de l’auditoire resté debout faute de chaises suffisantes, Philippe Saurel a tracé les grandes orientations de sa politique culturelle et des changements attenant à la rénovation tout en précisant qu’il inscrivait son action dans la continuité des grandes heures culturelles frêchiennes.
Dans cet esprit, le budget consacré à la culture (50 millions pour la Métropole ; 10,4 millions pour la Ville) demeure un des plus important en France, avec l’objectif renouvelé d’un rayonnement susceptible de porter ombrage au roi soleil.
C’est en s’attachant à la gestion quotidienne de la chose publique, dimension politique : « une culture pour tous et pour chacun » et cadrage de l’exécutif : « Il n’y a pas de chapelle ni de République autonomes. S’il devait y en avoir une, ce serait la ville elle-même…» que Philippe Saurel signifie sa volonté de rupture. Au cours de sa première année aux manettes, celle-ci s’est illustrée de manière plutôt brutale dans le secteur culturel. Certains projets artistiques comme celui de La Chapelle ou le festival Hybrides en ont durement pâti.
L’éviction sans ambages d’acteurs reconnus a par ailleurs contribué à créer un climat tendu dans la sphère culturelle montpelliéraine déjà fragilisée par la crise générale que traverse le secteur. Cela ne contribue certes pas à la construction d’une offre artistique pertinente et attractive. Cependant, le temps a certainement réduit l’amertume, et le cadre de la campagne du candidat Saurel aux Régionales, déplacé le centre de gravité. « Mes déplacements dans la grande région m’ont appris l’humilité.»
Construction politique
Au coeur du futur Centre d’Art contemporain dont l’ouverture est prévue au premier semestre 2019, le président de la Métropole a tracé un vaste panorama des grands chantiers en cours. Le conservatoire à rayonnement régional sur le site de l’ancienne maternité Grasset, (ouverture janvier 2020), l’aménagement des archives municipales de la ville dans l’ancien bâtiment des archives départementales (ouverture début 2018), un projet de réhabilitation de la cave coopérative de Murviel-lès-Montpellier qui sera dédié à l’archéologie, la rénovation de la salle Louis Feuillade à la Paillade destinée aux cultures urbaines. Le développement des arts est envisagé à travers l’aménagement d’un tracé de douze étapes le long des lignes de tram.
Pour mettre en oeuvre ce programme la Métropole poursuit sa phase de recrutement et recherche notamment un nouveau directeur pour le Cinemed ainsi que pour le Centre d’art contemporain. « Ils devront être pro dans leur domaine et intégrer la vision culturelle de la métropole en synergie avec tous les acteurs.»
Tout est dans « intégrer » car il paraît difficile, voire contre productif, de corseter toutes les structures et les acteurs artistiques dans une vision unique. Si elle s’avère nécessaire, l’étape de mise en cohérence de l’action politique n’assure pas pour autant la qualité de l’offre culturelle et artistique de la Métropole. C’est forts de leur liberté de surprendre et de se confronter que les artistes donne du sens et de l’intensité à la vie commune et donc à la vie politique.
Ce militant des quartiers Nord de Marseille intervenait dans l’atelier « Quartiers populaires et démocratie ». Interview.
Mohamed Ben Saada de l’association « Quartier Nord-Quartiers forts », est manipulateur radio dans la vie. Après plus de deux heures de débat dans l’atelier « Démocratie et quartiers populaires » devant une salle pleine, il a répondu à nos questions.
La Marseillaise.Est-ce qu’il n’y a pas de démocratie dans les quartiers Nord de Marseille ?
Mohamed Ben Saada. Il y a une forme de démocratie complètement dévoyée dont on se contente, je le dis sans aucun détour : une démocratie qui repose sur le clientélisme. Il faudrait trouver un nom spécifique à cette forme parce que quand on veut citer des exemples de dénis démocratique, on a toujours en tête des destinations lointaines. Mais il suffit de regarder la manière dont la vie politique s’organise ici, comment les échéances électorales se déroulent dans nos quartiers. Même de façon périphérique, dans la façon dont les gens continuent à harceler les citoyens qui vont voter, à deux mètres du bureau de vote… Il y a une chape de plomb qui repose sur une relation purement clientéliste. On fait fi de tout ce qui est l’engagement citoyen : les convictions, le fait que l’on soit pour tel ou tel parti, le fait que l’on ait telle ou telle vision du monde. Tout ne repose alors plus que sur : « Si je vote pour toi, tu me donnes quoi ? Un emploi, un appartement… »
La Marseillaise. Mais est-ce que cela ne touche vraiment que ces « quartiers » ?
Mohamed Ben Saada. Cela touche principalement les quartiers populaires dans la vulgarité des procédés. On n’y prend pas de gants. Souvent les médias font référence, lors des élections, à des anomalies dans des bureaux de vote, mais on passe rapidement parce qu’on considère qu’il s’agit de zones où les droits et la démocratie… sont ce qu’ils sont et qu’on y peut rien. Mais ce clientélisme est, à mon sens, le plus abjecte car il repose sur la misère des gens. Après, je suis d’accord. Le clientélisme touche d’autres populations, je ne peux pas dire que cela n’existe pas ailleurs. Dans les quartiers Sud, tout aussi brutalement, le clientélisme prend la forme de promesses du type : « Ne vous inquiétez pas, votez pour moi et il n’y aura pas de logement social ici ».
La Marseillaise. Que faudrait-il faire demain pour réinstaurer une dose de démocratie dans les quartiers ?
Mohamed Ben Saada. Demain, ce n’est pas possible. Le délai est trop court… A mon sens, il faudrait repartir sur des programmes nationaux d’éducation populaire qui soient menés de façon volontariste par les acteurs politiques, les organisations, les syndicats, pour outiller les générations à venir, et faire en sorte que l’éducation populaire, comme elle avait été pensée et organisée en 1947, redevienne ce qu’elle est : le moyen de donner à des jeunes adultes des outils d’appréhension et de compréhension du monde dans lequel ils vivent, pour se forger une opinion.
La Marseillaise. On dit que les services publics ont laissé ces quartiers en friche. Mais pourquoi cette action d’éducation populaire n’existe plus non plus ?
Mohamed Ben Saada. C’est le serpent qui se mord la queue. Tout est lié. Les élus, malgré les promesses qu’ils font, voient vite que sur les territoires où ils sont élus, il n’y a pas beaucoup de votants et ils n’ont donc pas une pression électorale forte. A ces endroits où l’abstention atteint des records, l’engagement et les promesses de service public qui devraient faire partie du contrat social entre les élus et les citoyens, restent donc des chimères… La blague qui court dans nos quartiers, c’est que dès qu’il sont élus ils changent d’opérateur téléphonique.
La gauche aimerait entonner un nouveau refrain lors des régionales en Languedoc-Roussillon-Midi-Pyrénées. Elle cite Podemos, Barcelone ou la mairie de Grenoble pour illustrer ce qu’elle tente de faire : rassembler diverses sensibilités et leur donner une patine « citoyenne ».
En préambule, Gérard Onesta, l’accent chantant, le cousinage célèbre, l’écologie au veston, assure qu’il ne s’agit pas de faire une « soupe aux logos ». Le rassemblement qu’il espère construire (et conduire) ne sera pas – inch’Allah – une collection de partis de gauche. Le tout ne sera pas la somme des parties. Mais quelque chose de neuf.
Jean-Luc Mélenchon et Marie-Pierre Vieu, en mars 2011 à Castanet-Tolosan
La communiste Marie-Pierre Vieu, conseillère régionale, abandonne même son matérialisme historique pour se lancer dans des métaphores vitalistes :
« Il faut qu’on énumère des points particuliers, mais la musique générale doit avoir la couleur de tout le monde. On doit y entendre chaque partition. »
Plus de 400 contributions à examiner
Peut-on encore dire que l’idée est originale ? Il s’agit de se mettre d’accord sur un programme avant de constituer la liste. Le « fond » avant les « hommes ». Si rien ne capote, cette démarche pourrait rassembler les Verts, les communistes, le Parti de Gauche (PG), les régionalistes et divers autres formations (Nouvelle gauche socialiste, Ensemble !). Mais aussi – décidément, c’est une obsession – des « citoyens ». Associatifs, syndicalistes, militants non-encartés.
Et encore. Parler de « programme » est prématuré. Ce dernier sera le produit d’une lente distillation. Il a d’abord été mis en place une plateforme au nom volontairement terne : Le Projet en commun. Sur ce site, les « citoyens » ont été encouragés à publier, tout au long de l’été, leurs contributions.
Il y en a plus de 400 en cette fin août. Tous les sujets sont abordés. Des pistes cyclables à la protection de l’ours brun en passant par la reconversion des ingénieurs licenciés par Airbus. Les contributions coulent agréablement, comme de la bonne pâte à tracts. Ce n’est pas trop bordélique et le langage est serré.
Le petit peuple est à fond, juré
Pour cause, le site est modéré (mais sans censure, me précise-t-on) et les propositions émanent des plus impliqués dans la politique locale, même si – juré – le petit peuple est à fond. Le résultat d’assemblées citoyennes, organisées en amont, a d’ailleurs été versé au dossier.
Cécile Duflot et Gérard Onesta, en février 2011 à Toulouse (ERIC CABANIS/AFP)
Au téléphone, Gérard Onesta nous détaille la suite :
« Ces contributions vont être mise en forme dans des “pages consensus”, puis mises en ligne pour être commentées et éventuellement amendées avant que ne se dégage, début septembre, un socle programmatique. »
C’est à ce moment-là que l’on rentrera dans le dur, dans la constitution de la liste. Mais se joue dès maintenant le plus intéressant : la décantation du programme.
De la taille de l’Autriche
Quatre grandes thématiques ont émergé lors d’une réunion à Narbonne, en juillet. Du très classique : écologie, développement, culture et citoyenneté. A quoi vient s’ajouter une charte éthique inspirée de « Gouverner en obéissant » adoptée par Ada Colau, la maire de Barcelone issue des Indignés. Des référents « non encartés » ont été nommés pour animer les discussions. Ils ont été rejoints par des militants.
C’est par e-mails et au téléphone que l’alchimie doit se faire, dans une zone comparable à l’Autriche. La superficie n’est pas l’obstacle premier : il faut mettre d’accord des sensibilités aussi différentes que les écolos et les communistes (pensez au nucléaire !) et le Parti de Gauche et les régionalistes (pensez aux langues régionales !).
Et tout cela sans dénaturer les propositions, comme l’explique Guilhèm Latrubesse, du Partit Occitan :
« C’est tout l’enjeu de ce travail de réécriture. De plusieurs centaines de pages, en faire quatre ou cinq. Certains sujets sont hyper-traités, d’autres non. Mais la relecture collective garantit que l’on ne dénature pas la matière de base. »
Une question de points de vue
Guilhèm Latrubesse, en septembre 2009 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)
Il reste tout de même des points à trancher, même si le premier texte sera vague. Par exemple, sur les investissements de la région. Faut-il exclure des entreprises qui distribuent des dividendes à leurs actionnaires ?
Guilhem Serieys, du PG, fait partie du groupe « industrie » et détaille la recherche du compromis. Pour lui, les différences tiennent plus à des « façons d’entrer le débat » :
« Au Front de Gauche, on entre par une question de principe : celle de la défense du service public. Alors que les Verts ont plutôt l’habitude d’y entrer par du terre-à-terre.
Par exemple, la défense du ferroviaire en tant que service public fait partie de l’ADN du Front de Gauche. EELV se pose plus la question en termes de diminution de l’usage de la voiture. Mais le résultat est le même. »
Et le nucléaire ? Et l’occitan ?
« Les ADN sont compatibles », renchérit Marie-Pierre Vieu, qui veut croire que tout ce beau monde se retrouve sur des « bases fortes » – le féminisme ou la lutte contre les discriminations (je te vois lecteur de Michéa qui bondit en hurlant « sociétal, sociétal »).
Mais enfin, il y a bien des sujets de dissension ?
Le nucléaire : Eh bien, les verts et les communistes ont réussi à dire quelque chose ensemble sur Mediapart en demandant la fermeture de Malvési, l’usine de fabrication de carburant nucléaire située dans l’agglomération de Narbonne. Dans ce texte, on sent le balancement constant entre le cœur de cible écolo (« politique d’économie d’énergie ») et le « maintien de l’emploi » mis en exergue par les communistes. Au prix de quelques phrases alambiquées…
Les langues régionales : sujet classique de dissension entre les régionalistes et le Parti de Gauche, attaché à un certain jacobinisme républicain. Dans le coin, la question se cristallise autour des Calandretas, ces écoles qui enseignent l’occitan.Mais tout le monde se retrouve sur l’envie de re-basculer cela vers le service public. Et le PG local est peut-être moins farouche sur ces questions que Jean-Luc Mélenchon.
La ligne à grande vitesse : les communistes étaient plutôt favorables, mais ils ne vont peut-être pas trop le dire.
Pour Guilhem Serieys, il ne s’agit pas de gommer les aspérités, mais de trouver des biais pour les dépasser. En espérant éviter des débats nationaux (comme sur la réforme territoriale, par exemple) :
« Pour les grands projets, nous proposons de passer par des votations citoyennes. Donc les désaccords seront tranchés par la souveraineté populaire. »
Le poids des mots
Mais l’essentiel semble tenir au choix des mots, qui permet de dissoudre des désaccords. Marie-Pierre Vieu :
« Chaque parti est codifié. Chaque parti a l’impression que s’il place ses quelques mots, ça y est, il a sauvé l’essentiel. Mon parti a ses mots : “formation”, “alternative”, “anticapitaliste”. Les Verts ont les leurs : “reconversion”, “innovation”. Il y a des réflexes. Nous, c’est la protection de l’emploi. Eux, c’est de passer à une autre ère. Il faut qu’on trouve un nouveau langage. […]
On a inventé un langage du Front de Gauche. Le PG a avancé la “planification écologique”. Nous, les communistes, la planification, ça nous rappelait l’Union soviétique. Nous n’étions pas pour au départ. Mais c’est un terme qui a été restauré dans un autre contexte. »
Guilhèm Latrubesse, du Partit Occitan (dont le maître mot est « fédéralisme »), parle aussi de « méta-langage » qu’il faut dépasser.
« Quelque chose dans les gènes »…
On croit entendre en écho Pablo Iglesias. Le leader du mouvement ibérique a raconté comment ses étudiants – politisés – s’arrachaient les cheveux dans des assemblées où le mot « ouvrier » n’était pas prononcé :
« Les gens les regardaient comme des extraterrestres, et mes étudiants rentraient chez eux dépités. Voilà ce que l’ennemi attend de nous. Que nous employions des mots que personne ne comprend, que nous restions minoritaires, à l’abri de nos symboles traditionnels. »
Le reste est affaire de substrat. Gérard Onesta évoque Podemos ou les Indignés de Barcelone. Mais le contexte est différent – pas de mouvement du 15 Mai, pas de transition démocratique désenchantée. Il reste que la région est fertile. Sivens. Le Larzac. Les révoltes viticoles. Les paysans rouges-verts. Les régionalistes. « Il y a quelque chose dans les gènes », s’amuse l’écologiste.
Carole Delga, en juin 2015 à Toulouse (PASCAL PAVANI/AFP)
La gauche de la gauche espère donc piquer la vedette à Carole Delga, qui mène la bataille pour les socialistes (et les radicaux de gauche). Ce n’est pas impossible : aux européennes, les listes EELV ont atteint un étiage de 11-12% en Midi-Pyrénées et en Languedoc-Roussillon. Le Front de Gauche était un peu en dessous, autour de 9% dans les deux anciennes régions.
Faut-il faire les marchés ?
L’autre préoccupation est bien sûr la forme d’un tel rassemblement. On retrouve l’éternel débat entre le parti et le mouvement. Pour l’instant Le Projet en commun ne court pas le risque de se perdre dans l’« assembléisme ». Même si des personnes sans attache partisane se joignent à l’initiative, elle est surtout animée par les partis.
Membre du PG, Manon Le Bretton fait partie du groupe « citoyenneté ». Elle reconnaît volontiers que les non-encartés sont encore peu nombreux :
« Mais même s’il n’y a que quatre personnes “non encartées” dans la boucle, cela change la nature des échanges. On ne tombe pas dans les marchandages, le jargon ou les réflexes partisans. Et c’est un sas pour aller vers des gens qui ne sont pas dans ces circuits. »
D’où la question qui anime toutes les listes dites citoyennes et ouvertes : comment se dégager de la gangue partidaire ? Et puis, une fois l’élection passée, comment ne pas perdre le lien ? Faut-il faire les marchés comme la maire de Barcelone ? Lors d’une réunion, quelqu’un a proposé un système intégrant un tirage au sort pour constituer les listes… Mais ça n’a pas plu.
A la mode
Comment se mettre d’accord sur la liste, sur les noms ? C’est peut-être là le vrai obstacle. Plus que sur le programme. Dans Sud-Ouest, Jean-Luc Mélenchon a semblé fermer la porte à une alliance avec les Verts. Mais le PG local, par la voix de Guilhem Serieys, pense que cela va juste remettre sur le tapis la question de la tête de liste. On en revient donc à une question de personne.
Comme le dit avec prudence Maud Forgeot, cosecrétaire du PG dans le Tarn :
« Vous savez, les listes citoyennes, c’est à la mode… »
Dessin. Yaka, 1er festival de la liberté les 21/22/23 août à Monblanc. La manifestation est organisée par une assos citoyenne pour la culture en milieu rural.
La veille des élections départementales, on se souvient que le comité interministériel à la ruralité avait opportunément réuni 11 ministres sous la présidence de Manuel Valls dans une agglo de 40 000 habitant pour évoquer l’attractivité du monde rural et annoncer une batterie de mesures en faveur des territoires ruraux concernant l’accès à la santé les services publics ou le développement à l’accès au numérique et la connexion au téléphone mobile, rien en revanche sur l’accès à la culture.
Le maillage culturel du le monde rural souffre pourtant d’importantes zones d’ombres qui se sont considérablement élargies cette année, avec la réduction des dotations d’État aux communes et aux intercommunalités. Les élus concernés s’en plaignent mais en bout de course, finissent souvent par tailler dans les budget culturels. Et les citoyens sont en reste.
Sur la petite commune héraultaise de Montblanc la présidente de l’Assos’ Thau Mate les Anartistes, Sylvie Roblin, se bat pour créer un îlot culturel exigeant sur son lieu de vie, à raison d’une proposition de spectacle par semaine. « Ce type de bénévolat demande beaucoup de temps et d’implication, confit-elle, mais je pense que la culture est un droit fondamental comme l’accès à l’eau ou au logement. Un droit oublié qui figurait dans le programme du Conseil National de la Résistance. »
Ironie du sort son association organise ce week-end à Montblanc le premier festival Yaka du dessin de presse, au moment où le village fête la Libération avec le sempiternelle bal du dimanche soir. « L’association vient de poser ses valises à Montblanc, indique Sylvie Roblin, en 2014 nous avons organisé le festival Femme plurielle, à Roujan sans aucune subvention. On a dû éponger 20 000 euros de dette. Cette année nous partons une nouvelle fois sans subvention avec un budget plus modeste mais toujours beaucoup d’exigence. »
Le dessin réalisé par le dessinateur belge Soudron pour l’affiche du festival
Les Anartistes reçoivent notamment la dessinatrice Nadia Khiari, sur la liste noire des salafistes, dont le chat Willis from Tunis est devenus un personnage de la révolution tunisienne.
« L’idée du festival est venue après les attentats de janvier. On connaissait Tignous, on a été très touché. On travaille avec le festival international du dessin de presse de L’Estaque. Le dessinateur algérien Fathy Bourayou, son fondateur sera parmi nous. Après les attentats, beaucoup de festivals de dessin de presse ont été annulé pour des causes de sécurité. C’est un peu la double peine. »
Durant le festival les artistes animeront des ateliers de dessin pour les enfants. Il y aura des expos et des concerts. Comme le disait les membres du CNR le combat citoyen pour un équilibre moral et social ne doit pas prendre fin à la Libération.