Dominique Pauwels. La beauté des masques

VDE9358Printemps des Comédiens. L’autre hiver, opéra fantasmagorique et dramaturgique de Dominique Pauwels.

« Il y eut un soir où contrairement aux autres soirs, les chants se mirent à se brouiller dans leurs échos. » Il y a la force du livret de Normand Chaurette. Il y a ce découpage scénographique qui laisse la part belle à la profondeur de champs comme pour rendre transparente la brume obsessionnelle emplissant les deux voyageurs. Peut-être Verlaine et Rimbaud dont la relation amoureuse fut expérimentale. Nous sommes sur le pont d’un navire errant à travers les glaces du nord.

Entre expérimentation et lyrisme L’autre hiver, nouvel opéra de Dominique Pauwels mis en scène par le duo Denis Marleau et Stéphanie Jasmin poursuit l’exploration des rapports entre théâtre et musique. La pièce conclut le Printemps des Comédiens sur une note profondément évaporée et en même temps très puissante.

Le processus de création associe la vidéo à travers un dispositif de mannequins fantômatiques incarnant le choeur. La capacité expressive de la musique associant un orchestre à cordes avec des sonorités électro se rapproche de l’art pictural. On touche à l’art total pour un spectacle qui campe les esprits.

JMDH

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Printemps des Comédiens 2015

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Julien Gosselin a réussi

lpe_1_gosselinhTh CDN. Les particules élémentaires du roman au théâtre en passant par le cinéma, la recette est bonne !

Revenir à Houellebecq avec Les particules élémentaires c’est un peu oublier le discours à forte connotation politique et idéologique de l’auteur autour de son dernier livre Soumission.

La pièce tirée du roman fleuve paru en 1998 est habilement mise en scène par Julien Gosselin qui joue sur le registre opéra rock. Le spectacle est prétexte à un délire musical bien rock and roll, sexuellement débridé et plein d’humour. On connaît le talent de Houellebecq pour occuper le centre de la scène littéraire française, s’attirant tous les projecteurs et pas mal de pognon…

Voilà donc une bonne occasion de s’instruire sur les recettes retenues par l’auteur à la sulfureuse réputation. Dans ce texte, plein de facilités, il s’attaque aux forces de l’univers. Et pour tout dire mieux vaut le voir au théâtre que de se taper son bouquin.

Un coup d’éclat donc pour le jeune metteur en scène dont la pièce n’a cessé de tourner depuis Avignon il y a deux ans. Les quatre heures de divertissement trompent l’ennui et ce spectacle « dédié à l’homme », qui fait songer à une forme de « littérature réalité » devrait constituer une référence,voire un nouveau modèle économique. Il suffit de changer les scénarios, les lieux, les personnages et travailler le bouche à oreille…

JMDH

Source La Marseillaise 23/06/2015

 

Go down Moses.  Choc esthétique et décollage onirique

GO-DOWN-MOSES_C_LUCA_DEL_PIA-672x359Go down Moses. Castellucci au Printemps des comédiens, un théâtre bien au-delà du réel qui nous perd et nous retrouve.

L’italien Roméo Castellucci compte avec le compositeur Dominique Pauwels, mis en scène par Denis Marleau, parmi les invités attendus et prestigieux de cette édition 2015. Ces artistes n’ont rien de commun hormis leur formidable capacité à nous vasculariser hors des grandes artères pour nous plonger dans le monde puissant de leur univers qui relève du monde du rêve.

Dans Go down Moses Roméo Castellucci fait, à sa façon, référence à Moïse. Le seul homme qui ait rencontré Dieu. On est aux antipodes de la démarche quasi patrimoniale du travail de Benjamin Lazar qui gère les ressources culturelles dans Le Dibbouk. Go down Moses parle d’une très vieille histoire débarrassée, des fausses vérités religieuses, des idées reçues et quelque part, de sa fonction nécessaire permettant l’établissement du lien social. Comme si Castellucci souhaitait nous perdre pour nous retrouver. Comme s’il souhaitait renouveler la façon dont on conçoit le rapport du langage à la réalité et au mythe.

Il résulte que le signifié sur le plateau n’est pas la réalité elle-même, mais une construction signifiante de la réalité. Il en va ainsi de la première scène où les humains se mesurent sans s’aimer, ou de la scène de la poubelle où l’enfant n’est déjà plus dans le sac en plastique. De cette machine qui turbine pour « nous exiler de notre être », du scanner, fierté de l’imagerie médicale, qui propulse bien plus loin que les pales performances scientifiques. C’est de cette construction de sens qu’on appellera le réel signifiant du monde dont l’artiste tire sa matière et sa spiritualité.

La fascination de Roméo Castellucci pour Moïse, libérateur de l’humanité, porte en germe l’ambition que cette libération pourrait aussi bien provenir de l’art.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 23/06/2015

Jean Varela : « qu’entend-on nous par culture ? »

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Après l’annulation de l’édition 2014 liée au combat des intermittents et précaires, le directeur du Printemps des Comédiens de Montpellier défend une politique culturelle émancipatrice ouverte et généreuse. A l’occasion du Festival Le Printemps des Comédiens qui se tient jusqu’au 28 juin au Domaine d’O à Montpellier son directeur artistique Jean Varela évoque les orientations théâtrales et politiques de sa mission.

Vous proposez cette année votre cinquième programmation. Vos choix artistiques et votre engagement en faveur du service public de la culture sont reconnus. Etes-vous serein ?

Cinq ans, on appelle cela un lustre. Serein n’est pas le mot. Je dirais que j’espère. Et en même temps je doute davantage. J’ai été nommé de façon provisoire, les enjeux n’étaient pas les mêmes qu’aujourd’hui. Depuis, nous avons essayé de construire une politique culturelle qui soit exigeante et pas élitiste tout en gardant le cap, malgré les difficultés. Le Conseil départemental protège la culture par son engagement. C’est une longue histoire commune.

Le festival et son équipe sortent-ils renforcés ou affaiblis de la mobilisation ayant conduit à l’annulation en 2014 ?

Le noyaux de l’équipe se compose de cinq personnes, pour beaucoup présentes depuis l’origine. Il y a eu des questionnements durant la traversée de l’été 2014. Notamment sur la ligne que j’ai choisi d’adopter en me portant, non solidaire du combat mais dans le combat, en tentant d’expliquer qu’il fallait que les représentations se tiennent, puisque c’était mon rôle. Nous étions tous dans l’incertitude du lendemain. Il a fallu faire œuvre de pédagogie. Reconnaître les choses, comme savoir d’où on vient et pourquoi on se trouve là ? A la fin la grève m’a inquiété et en même temps, la non tenue d’un mouvement m’aurait aussi inquiété. Je suis reconnaissant envers André Vezinhet et sa majorité, envers le public, les artistes et les techniciens… Ce qui ne tue pas renforce. J’ai vu chez les gens une prise de conscience plus forte de l’endroit où s’inscrivent nos métiers, et ce ne sont pas que des mots…

Comment gérez-vous les contraintes d’ordre budgétaire cette année ?

Pour résoudre l’équation budgétaire qui représente -6% sur le budget 2014 et -10% cette année nous avons été contraints de réduire la voilure qui se traduit par une réduction de la durée du festival et du nombre de lieux de représentation. Il n’y a pas de lieux éphémère cette année.

Quels choix avez-vous opérés pour cette programmation ?

J’ai d’abord fait le choix, de ne rien programmer de l’édition de 2014. Ce n’est pas intéressant de refaire la même chose, nous sommes passés à un autre moment, et puis j’aurais trouvé injuste de ne programmer que certains artistes. Même si des ponts surgissent parfois entre les spectacles d’une même édition, le festival ne s’articule pas autour d’une thématique. L’accompagnement des artistes en coproduction, le soutien à la création apparaissent en revanche comme un axe de travail. Dans cette programmation nous coproduisons Nobody de Cyril Teste, Le Dibbouk de Benjamin Lazar, Go down Moses, de Roméo Castellucci, ou encore En avant, marche ! d’Alain Platel. Il est important de partager avec le public la notion essentielle du risque qui permet aussi de montrer ce qu’est le théâtre.

Qu’en est-il de l’enjeu politique : le gel du soutien de la Métropole, la place de la culture sous la présidence du nouveau président Kléber Mesquida ?

Le président de la Métropole a annoncé avant les élections qu’il voterait la participation de la Métropole, pour l’instant le versement est suspendu. J’espère et reste confiant sur les possibilités de trouver une solution. Je connais la conviction dans l’intérêt général du président Kleber Mesquida qui est le député de mon lieu de résidence. Il considère le service public de la culture comme un enjeu fort des politiques publiques. Il a souhaité souligner l’importance du Domaine de Bayssan à l’ouest du département, violemment attaqué par le FN durant la campagne.

Quelle place attribuez-vous au théâtre dans cette période de crise politique, identitaire, démocratique..?

Depuis mon enfance je vis dans la crise. Et je constate chez les jeunes générations d’artistes, qu’ils n’espèrent même plus que la crise se termine. C’est comme un état de crise permanent et non permanent car ce n’est pas la crise pour tout le monde. La place du théâtre d’art est essentielle. Le clivage qui existait jusque dans les années 80 entre la droite et la gauche s’est quasiment estompé. La culture, dit on, est une priorité, mais qu’entend-on nous par culture ? Une culture qui éveille, permet l’émancipation, le rêve partagé ou une culture du plus grand nombre ? Les forces de progrès devraient se questionner fortement sur cette problématique et affirmer leur vocation, ce que fait le Conseil départemental en soutenant le Printemps des Comédiens.

Les choix artistiques de cette nouvelle programmation oscillent sans parti pris entre l’hybridation des formes portées au plateau et l’attachement au texte…

Oui, cette année nous pouvons entendre ce que dit Falk Richter dans Nobody et ce que disait Beaumarchais. avec Le mariage de Figaro. Cyril Teste travaille sur un texte en usant des technologies actuelles de l’image. A côté de cela, on trouve le travail très digne de Benjamin Lazard qui fait revivre la langue et la musique d’un peuple dans Le Dibbouk, ou l’hommage que rend Laurent Pelly au théâtre avec L’oiseau Vert. Nous tentons d’accompagner le public en restant proche de son désir de curiosité, de verbe et de sens. On peut avoir l’image d’un théâtre figé, mais souvenons nous que le théâtre s’est toujours adapté très vite aux nouvelles technologies les Grecs ont introduit la machinerie, les Italiens les techniques de navigation. Le gaz et l’électricité sont entrés très tôt dans les théâtres qui ont toujours été et devraient demeurer des endroits très ouverts.

 Propos recueillis par Jean-Marie Dinh

 

Source La Marseillaise lundi 15 juin 2015

 

Cirque Balthazar 25 piges éternelles
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 Printemps des comédiens. BiZARaZar cabaret bal Loufoque jusqu’au 13 juin.

Le centre des arts du cirque de Montpellier tient sa place au Printemps qui ouvre chaque année la possibilité aux jeunes circaciens en 1ère et seconde année de classe pro de se confronter au public. Un moment attendu de la programmation où se conjugue la culture sensiblement décalée du cirque Balthazar, et les traits de personnalité saillants des jeunes artistes.

Comme toujours, chez Balthazar c’est l’énergie du groupe qui permet la mise en valeur des individus. Les origines se mêlent et s’enrichissent sur une bande son de choix qui fait le tour du monde et des époques en explorant tous les styles de musique : salsa, jazz, techno, transe, rock, valse, reggae, chanson…

La mise en piste de Bi- ZARaZar, débute dans l’anonymat stressé des transports urbains.
Mais très vite les voyageurs du quotidien rejoignent un intérieur de type bar cabaret où vont se nouer une série d’interactions qui révéleront les caractères, talents, et, coups de nerf des personnages.

On touche du doigt la dimension poétique des sensations quand les stagiaires de la formation professionnelle exercent leur art et leur recherche en jouant à contre-sens
de l’attendu, comme si leurs performances se mettaient en oeuvre malgré eux. On savoure le côté bastringue et provocateur des artistes. On se laisse emporter dans
la magie révélatrice de l’art du cirque qui brise bien des codes et représentations.

JMDH

Source La Marseillaise 12/06/2015

 

Montpellier : quand le théâtre vole au secours de l’imaginaire

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Le rideau de tissu et de pins se lèvent aujourd’hui sur la 28e édition du Printemps des Comédiens. Un moment fort et novateur pour un public avide de rencontres et découvertes théâtrales.

Sous les feux de l’actualité l’année dernière, le Printemps des Comédiens s’est illustré à travers la parole révoltée des artistes et des techniciens du spectacle. Il a été le cœur national de la mobilisation des intermittents et précaires ne craignant pas d’engager son avenir, dans ce conflit éprouvant.

Faute de budget, la manifestation sera un peu écourtée cette année mais cette lutte brille pour souligner que la création ne se met pas toujours au service du pouvoir et rappelle que le théâtre est sans doute la forme d’expression artistique qui présente le plus souvent des sujets politiques et sociaux. Enfin le combat de 2014 n’est pas étranger à la délibération de l’Assemblée nationale, qui vient de graver dans le projet de loi sur le dialogue social et l’emploi le régime d’assurance chômage des intermittents du spectacle.

«Le Printemps a eu à vivre une édition 2014 singulière dans un moment complexe. J’ai soutenu sa démarche, indique Michaël Delafosse qui vient de prendre les rênes de L’Epic du Domaine D’O. Je me réjouis que l’Epic ait été un lieu de débats sur le rôle de la culture. Les artistes ont des choses à exprimer. Ce qui s’est passé a généré de la souffrance et en même temps, les gens se sont solidarisés, il y a eu un vrai dialogue avec le public. La culture ne se résume pas à des actes de gestion.»

Le choix de la qualité

C’est donc avec joie que ce beau festival reprend sa vocation aujourd’hui jusqu’au 28 juin. Le théâtre est entendu au Printemps des comédiens comme un médium qui développe l’imaginaire. Il est question de mettre en relation notre quotidien avec le fantastique, comme le spectacle Nobody qui débute ce soir. Cyril Teste met en scène de manière novatrice la vie compliquée d’une entreprise de bureaux d’après un texte de Falk Richter.

Avec une quinzaine de spectacles sur 18 jours le Printemps joue la carte de la qualité. Le directeur artistique Jean Varéla a concocté une affiche qui compte des grands noms de la scène contemporaine tels que l’Italien Romeo Castelluci qui poursuit sa quête spirituelle. Après le Christ il évoque la vie de Moïse dans Go down, Moses, pour la projeter dans notre époque. Benjamin Lazar usera des cordes baroques pour un Roméo et Juliette yiddish avec Dibbouk de Lazar.

Le jeune metteur en scène Julien Gosselin s’attaque aux Particules élémentaires de Michel Houellebecq en partenariat avec le h.T.h CDN de Montpellier. Décollage lyrique et poétique assuré, proche des rivages de Verlaine et Rimbaud avec L’autre hiver mis en scène par Denis Marleau et Stéphanie Jasmin sur un opéra innovant de Dominique Pauwels. Autre sortilège à suivre la fable philosophique de Carlo Gozzi, L’oiseau Vert dans une très belle mise en scène de Laurent Pelly.

Le festival croise depuis 28 ans les expériences artistiques de tous les continents avec une connaissances singulière des univers du théâtre, du cirque et du spectacle de rue. Dans ce registre on retrouvera le Nouveau cirque du Vietnam pour A Ô Làng Phô. Les artistes nous entraînent dans leurs pulsations poétiques à travers des tableaux vivants. Avec le spectacle En avant marche, le Flamand Alain Platel s’intéresse aux artistes de fanfare, réjouissances populaires et notes en folies. Le festival est passé maître dans le mélange des techniques scéniques pour les mettre au service des personnages et de la mise en scène. Une idée du théâtre pour tous avec le souci du détail et une haute exigence artistique.

Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 10/06/2015

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L’oiseau vert. Pelly met en scène un rêve de théâtre

Le monde merveilleux et parfois cruel du théâtre de Gozzi. Photo dr

Le monde merveilleux et parfois cruel du théâtre de Gozzi. Photo dr

Printemps des Comédiens. L’oiseau vert, magnifié par le travail onirique du directeur du TNT, la pièce de Carlo Gozzi s’installe pour trois jours dans l’Amphithéâtre d’O.

Laurent Pelly ouvre, comme il aime à le faire, grandes les portes de la fantaisie en signant la mise en scène de L’oiseau vert de Carlo Gozzi. Ce spectacle, créé au TNT il y a quelques mois, emporte par sa magie, sa bonne humeur, et la qualité de l’interprétation, tous les publics, des amoureux du conte aux mordus de théâtre. C’est aussi une bonne occasion de découvrir le méconnu Carlo Gozzi dont Pelly se réapproprie, avec le goût pour la machinerie qu’on lui connaît, l’univers multiforme, tout en gardant le regard mordant.

Contemporain de Goldoni avec qui il aura quelques différents sérieux, Carlo Gozzi (1720-1806) est le sixième enfant d’une famille aristocratique vénitienne endettée. Après trois ans d’armée, à son retour Dalmatie, il est reconnu pour ses pièces satiriques. Carlo Gozzi souscrit aux principes de la convivialité et aux mots d’esprit, comme à la défense de la langue pour préserver la littérature toscane des influences étrangères.

Alors que la commedia del l’arte décline, l’heure est à la recherche d’un renouveau théâtral. Tandis que l’abbé Chiari, que Molière insupporte, se pique pour la comédie larmoyante, Goldoni s’adonne au réalisme. Pour faire face à cette concurrence tenace, Gozzi imagine de porter à la scène les contes féeriques tirés de vieux recueils populaires.

La force satirique de L’Amour des Trois oranges en 1761 lui apporte le succès. Encouragé par l’effet qu’a produit sur le public l’introduction du surnaturel, Gozzi creuse le sillon avec une série de neuf fables. Quatre ans plus tard, il triomphe avec la représentation de L’oiseau vert. Pièce fantaisiste et conte philosophique qui ouvre un espace pour le théâtre dans lequel tout peut arriver.

Des pommes chantent, de l’eau danse, des jumeaux pauvres sont métamorphosés, un palais apparaît parce qu’ils ont jeté une pierre magique, des statues parlent et deviennent humaines, une femme croupit sous un évier… Et pourtant tout se tient grâce à la magie traditionnelle du théâtre auquel le metteur en scène rend un hommage formel et coloré.

On prend plaisir au texte et au jeu d’acteurs proche de l’improvisation. Cette première collaboration artistique entre le Printemps des Comédiens et le TNT Midi Pyrénées co-dirigée par Laurent Pelly nous amène un oiseau de bon augure.

JMDH

L’Oiseau vert Amphithéâtre d’O du 12 au 14 juin à 22h

Source La Marseillaise 11/06/2015

Voir aussi ;  Rubrique Théâtre, rubrique Festival Italie, Littérature italienne,

Echanges littéraires comme une antidote au repli identitaire

image31-1080x675Premier bilan. L’esprit Ibérique de la trentième Comédie du Livre a bercé les esprits. La littérature, à l’instar de la musique, adoucirait-elle les mœurs ?

 Le travail préparatoire de cette trentième édition de La Comédie du Livre restera comme chaque année invisible. Il a été nourri par des réflexions croisées, politiques, économiques, culturelles, et assurément littéraires qui ont fondé sa réussite de part l’intérêt des propositions et la présence des auteurs invités, même s’il est encore trop tôt pour en faire le bilan économique.

« Après les littératures Nordiques l’an passé, nous sommes revenus à la maison pour fêter cette anniversaire » a indiqué Philippe Saurel dans son discours d’ouverture, en précisant que 60% de la population de la Métropole aurait des liens familiaux avec l’Espagne.

L’histoire politique de la péninsule Ibérique, dont il a été beaucoup question au cours de cette édition, est à l’origine de flux importants d’immigration en provenance d’Espagne, liés aux soubresauts politiques de la monarchie puis à la guerre civile.

Dans le contexte de crise et de repli identitaire exacerbé que connaît le Sud de la France, il est heureux que La Comédie du livre qui célèbre les idées et la pensée depuis trois décennies, donne à rappeler cette conscience des réalités en mettant en jeu les caractéristiques d’une identité mixte et partagée qui conditionnent l’avenir de la société française.

Dans la prairie chardoneuse de la politique locale, force est de constater que la manifestation suscite des avancées. On a pu percevoir une collaboration assez rarissime en matière de politique culturelle.

Si la Métropole métropolise, via le réseau des médiathèques, elle laisse aussi une large place au département qui gère les archives et les bibliothèques départementales. Sur le stand Pierrevives, on fêtait cette année le 10e Prix littéraire des collégiens de l’Hérault qui soutient les auteurs jeunesses et contribue à développer le plaisir de lire chez les jeunes.

Le Centre de ressources et de soutien à l’innovation LR2L (Languedoc-Roussillon livre et lecture) qui accompagne la filière du livre a également pu prendre toute sa part en accueillant les éditeurs en Région. Sur son stand, on célébrait cette année les 50 ans de Fata Morgana, les 15 ans des éditions Au diable Vauvert, ou encore Indigène éditions, autour de la guerre d’Espagne. Le centenaire Edmont Charlot était également mis à l’honneur avec les éditions Domens et Méditerranée vivante.

Enfin, la présence emblématique de Lydie Salvayre et de ses invités comme celle d’une nouvelle génération d’auteurs espagnols et portugais ont contribué à une réflexion citoyenne exigeante sur la nécessité d’un changement profond dans le système politique européen paralysé dans son fonctionnement.

JMDH

Régis Jauffret Bravo

Jauffret

Jardins de la Drac

Comment imaginer qu’on puisse marcher gaillardement vers la mort,

«cet inévitable pays où l’on finit tous par aller se faire foutre »,

Régis Jauffret : Bravo, (éditions du Seuil 2015)

ce roman est constitué de seize fictions.

La vieillesse est le véritable héros du livre qu’incarnent

des fous,

des sages, des braves gens et

des infâmes

« Je n’ai jamais apprécié l’immobilité, ce lac, ce fond de puits.

J’ai conservé un peu du tempérament du spermato-zoïde que je fus il y a un peu plus de quatre-vingt-sept ans, agité, fébrile, le flagelle toujours en branle.

Elle ne bronche pas la mort,

même si les cendres des cadavres s’envolent avec le vent

 

Source La Marseillaise01/06/2015

Voir aussi : rubrique Edition, rubrique Lecture, rubrique Littérature, Les grands auteurs classiques ibériques, Littérature Espagnol,  rubrique Livres, rubrique Montpellier,

Littératures ibériques : Les fantômes du passé

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Le débat a soulevé la campagne en faveur de l’oubli et la réinterprétation.

Débat. Querelles autour de la mémoire et questions qui restent ouvertes…

La thématique des littératures ibériques offre l’occasion d’ouvrir le débat sur les drames ayant traversés l’histoire de l’Espagne et du Portugal au XXe. Douleurs d’un passé largement revisité par les auteurs contemporains portugais et espagnols. La guerre d’Espagne, le franquisme mais aussi les expériences politiques, des dictatures aux transitions démocratiques, tourments et mythes coloniaux compris, trouvent un attrait sans cesse renouvelé des lecteurs.

Hier, l’actualité politique s’est invitée dans le débat avec une salle comble au Corum pour une intervention des membres victorieux de Podémos à Barcelone dans le sillage des perspectives ouvertes par le livre de Jean-Pierre Barou La guerre d’Espagne ne fait que commencer (Seuil 2015).

La veille, trois romanciers étaient réunis au Centre Rabelais pour évoquer le rôle de l’histoire et de la mémoire dans leur oeuvre. Le jeune auteur portugais David Machado qui dans Laissez parler les pierres, pose la question de la mémoire et de la trahison, l’espagnol Andrès Trapiello, qui fait de même dans Plus jamais ça à propos de la guerre d’Espagne, et le basque Fernando Aramburu qui s’intéresse aux liens entre souvenirs et imaginaire.

Egalement présent, Antonio Altarriba, figure de la BD satirique, a expliqué comment le suicide de son père anarchiste en 2001, soixante ans après la fin de la guerre civile, faisait toujours échos en lui. S’opposant à l’idée d’Andrès Trapiello selon laquelle l’oubli permettrait la réconciliation.

 JMDH

Source La Marseillaise 31/05/2015

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