Plaidoyer pour un journalisme flâneur

Pour sentir ce qui se joue dans nos sociétés, les journalistes devraient passer plus de temps à flâner. Notamment dans les réseaux.

Etienne Carjat portrait of  Charles Baudelaire 1862

Etienne Carjat portrait of Charles Baudelaire 1862

Dans l’énorme masse de ce qu’on a lu et entendu sur la crise du journalisme et son incapacité à sentir – et donc rendre compte de – ce qui se jouait dans nos sociétés, rares sont les analyses éclairantes.

 

Plonger dans un lac gelé avec Lordon

Celle de Frédéric Lordon attaquant le fact-checking (la vérification des faits) – et l’idéologie de l’absence d’idéologie – dans Le Monde diplomatique faisait l’effet d’une plongée dans un lac gelé : on sait que ça fait du bien de subir ça, mais le problème, c’est qu’après, on a juste envie d’aller sous la couette.

Or, hier, une aimable correspondante m’a adressé un article qui est à la fois d’une dureté nécessaire, mais ouvre des pistes.

L’auteur s’appelle Dominique Trudel, il est chercheur en sciences de la communication au CNRS, et son texte a été publié dans le quotidien canadien Le Devoir.

Pour comprendre le succès de Trump – mais l’ambition peut s’étendre à d’autres mouvements politiques en Europe – il relit les réflexions des intellectuels des années 1930, 1940 et 1950 – parmi lesquels Adorno, Fromm ou Benjamin – qui eux aussi se sont interrogés sur le rôle des médias en époque trouble.

Or ces théoriciens, de manière tout à fait contre-intuitive, s’en sont pris à l’objectivité, incapable selon eux de rendre compte de la subjectivation à l’oeuvre dans la montée du fascisme.

 

Crise du journalisme

Voici un des enseignements que Dominique Trudel en retire pour aujourd’hui (je vais le citer longuement, désolé, mais c’est tellement bien…) :

« Aujourd’hui, à l’ère de la crise du journalisme et de la multiplication des plateformes, les épistémologies et les pratiques du journalisme convergent autour d’un modèle dominant adopté par les grands médias. Le journalisme de données, les pratiques de vérification des faits et les sondages se sont imposés comme les instruments par excellence de l’objectivité journalistique. Qui sera en mesure de produire le tableau le plus juste, le visuel le plus frappant ? Qui sera capable d’accomplir le vieux rêve objectiviste d’une carte coïncidant parfaitement avec le territoire ?

Cet horizon n’est pratiquement pas remis en question aujourd’hui par les institutions dominantes du journalisme. Or c’est précisément l’objet de la critique du journalisme proposée par Walter Benjamin. Dénonçant la chimère d’une “ information impartiale ”, [Benjamin] s’inquiétait non seulement de ce que le journalisme défend, “ mais encore de la manière dont il le fait ”.

Au journalisme d’information alors triomphant, Benjamin oppose la figure du journaliste-flâneur qui privilégie l’expérience et la narration. Dans cette perspective, la vérité ne découle pas d’un ensemble de faits objectifs […], mais [consiste] à “ s’emparer d’un souvenir, tel qu’il surgit à l’instant du danger ”. »

 

 

Foule électrique

Voilà qui est passionnant. Ce que Frédéric Lordon dénonçait d’un point de vue politique dans l’illusion du fait objectif, Trudel le voit à l’oeuvre dans des pratiques journalistiques contemporaines en tant qu’elles sont travaillées par le numérique, son goût du chiffre, de la donnée, du visuel définitif.

Mais, si l’on en conclut avec Benjamin qu’il faut substituer un journalisme flâneur, se pose une question : où flâner ? Là, il faut aller voir comment Baudelaire décrit le flâneur :

« Pour le parfait flâneur, pour l’observateur passionné, écrit Baudelaire dans “Le Peintre de la vie moderne”, c’est une immense jouissance que d’élire domicile dans le nombre, dans l’ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l’infini […] Ainsi l’amoureux de la vie universelle entre dans la foule comme dans un immense réservoir d’électricité. »

Cette foule électrique, où la trouve-t-on aujourd’hui ? Dans la rue, bien sûr, toujours. Mais – vous me voyez venir… – « élire domicile dans le nombre, dans le mouvement, le fugitif », c’est aussi sûrement plonger dans Internet et les réseaux sociaux. La « modernité », dont parle Baudelaire, qu’il faut à la fois saisir et critiquer, n’est-elle pas là aussi ?

Flâner dans les réseaux

Il faudrait donc, pour qu’il produise quelque chose d’intéressant, définir les conditions de ce journalisme qui flâne dans les réseaux (perso, je passe beaucoup de temps à traîner dans les réseaux, mais je ne suis ps sûr d’être un rempart contre le fascisme). Car ce que fait le flâneur de Benjamin dans la rue – marcher, observer, interpréter –, n’est pas si simple à faire dans Internet où la technique conditionne toujours un peu les actions, et où le réseau nécessite une forme d’appartenance que la rue permet d’éviter.

Mais voilà, s’il faut faire ce travail pour moins se tromper, et ne pas reproduire les erreurs du passé, ça vaut le coup.

Par Xavier de La Porte

Source France Culture 12/12/2016

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Vente aux enchères record pour le revolver avec lequel Verlaine tenta de tuer Rimbaud

© Thomas Samson, AFP | Paul Verlaine avait acheté le revolver le matin même de l'incident chez un armurier bruxellois, avec une boîte de 50 cartouches.

© Thomas Samson, AFP | Paul Verlaine avait acheté le revolver le matin même de l’incident chez un armurier bruxellois, avec une boîte de 50 cartouches.

Le revolver avec lequel le poète Paul Verlaine a tenté de tuer son amant Arthur Rimbaud en juillet 1873 à Bruxelles a trouvé preneur, mercredi soir, au prix de 434 500 euros lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à Paris.

C’est l’arme d’un crime passionnel… qui a déchaîné les passions, mercredi 30 novembre, lors d’une vente aux enchères chez Christie’s, à Paris. Le revolver à six coups avec lequel Paul Verlaine tenta de tuer Arthur Rimbaud, un après-midi de juillet 1873, à Bruxelles, a trouvé preneur au prix phénoménal de 434 500 euros.

« Le revolver a trouvé preneur à 434 500 euros, frais inclus », a indiqué à l’AFP une responsable de la communication de la maison de vente. L’arme, un Lefaucheux (célèbre marque de l’époque) à la crosse de bois, de calibre 7 millimètres, était estimé entre 50 000 et 60 000 euros.

Le 10 juillet 1873, il est 14 heures lorsque Paul Verlaine, célèbre poète français, tire sur Arthur Rimbaud, lui aussi poète, de 10 ans son cadet. Une balle blesse le jeune homme au-dessus de l’articulation du poignet. L’autre va se loger dans le plancher. S’achève ainsi le coup de feu le plus célèbre de la littérature française et une querelle qui, heureusement, aura fait couler plus d’encre que de sang.

La brouille entre les deux hommes a commencé à Londres en mai 1873. Le torchon brûle entre les deux amants. Verlaine a envie de renouer avec sa femme, Mathilde, épousée en 1870, un an avant sa rencontre avec l’auteur du « Bateau ivre ». Après une énième dispute, il plaque son jeune amant et part pour Bruxelles. Rimbaud le rejoint.

Verlaine a des envies de suicide, Rimbaud parle de s’engager dans l’armée. Ils s’enivrent, pleurent, connaissent le désespoir des amours qui s’achèvent. Avant de lui tirer dessus, Rimbaud raconte que Verlaine lui aurait dit : « Voilà pour toi puisque tu pars ! ».

Séjour en prison

À peine pansé, Rimbaud songe à quitter Bruxelles pour Paris. Verlaine, qui a gardé l’arme avec lui, le menace à nouveau en pleine rue. Rimbaud hèle un policier qui arrête les deux hommes.

Verlaine est alors condamné à deux ans de réclusion à la prison de Mons. Derrière les barreaux (où il passera 555 jours), il écrira les 32 poèmes de « Cellulairement » qu’il dispersera dans les recueils « Sagesse », « Jadis et naguère », « Parallèlement » ou « Invectives ». Rimbaud, rentré chez sa mère, se met à l’écriture d' »Une saison en enfer ».

Paul Verlaine avait acheté le revolver le matin même de l’incident chez un armurier bruxellois avec une boîte de 50 cartouches. Confisqué par la police, le revolver sera rendu à l’armurerie Montigny avant d’être cédé en 1981 à son actuel propriétaire, un huissier de justice belge, amateur d’armes à feu, nommé Jacques Ruth.

C’est en voyant au début des années 2000 le film sur les amours entre Rimbaud et Verlaine, « Rimbaud Verlaine (Éclipse totale) » avec Leonardo DiCaprio que Jacques Ruth se rend compte qu’il possède un trésor.

La ville natale de Rimbaud, Charleville-Mézières, a lancé une souscription publique pour acquérir ce revolver et enrichir la collection du musée consacré au poète.

Source France 24 AFP 30/11/2016

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Selon Houellebecq, “la France est très proche d’une sortie de l’Europe”

21372294344_c7a6bd5b9a_cLe Brexit a secoué la communauté européenne, voilà quelques mois, et c’est avec un aplomb prophétique que Michel Houellebecq, voyageant en Argentine, envisage que la France suive le même chemin. Parlera-t-on de Francie – sortie de la France de l’Europe? ? L’écrivain y croit fermement…

À l’occasion d’une rencontre qui se déroulait à Buenos Aires, Michel Houellebecq était interrogé par l’écrivain Gonzalo Garcès ce 10 novembre, rapporte l’agence EFE. Neuf années après son premier voyage en Argentine, ce grand retour du romancier français était manifestement très attendu. Au menu, trois journées de rencontres et d’échanges, pour parler de son œuvre littéraire, mais également de sa relation aux arts.

Le Brexit aurait dû donner des idées…

Comme toujours, Houellebecq n’était pas vraiment là où l’on pouvait l’attendre, et c’est plutôt une vision politique qu’il a livrée. « La France est très proche de quitter l’Europe […]. Les Français sont dans l’Europe contre leur volonté », a-t-il asséné. En juin dernier, le romancier bichait déjà de ce que l’Angleterre puisse donner, avec le Brexit, le grand signal de départ « pour le démantèlement. J’espère qu’ils ne me décevront pas. J’ai été contre l’idée européenne dès le début. Ce n’est pas démocratique, ce n’est rien de bon ».

Maintenant, il jubile, avec un peu de retenue : « Il est dommage que le Brexit n’ait pas fait abandonner l’idée d’une Union européenne définitivement. Je ne comprends pas pourquoi avoir tant de regrets. Je n’ai jamais constaté de points positifs dans le projet européen : tout est basé sur de faux fondements. […] L’Union européenne n’est qu’une idée de technocrates qui ne saisissent pas pleinement les spécificités de chacun pays ».

Cependant, peu de chances que l’on voit dans l’Hexagone surgir un personnage tel que Donald Trump, estime-t-il. Ce serait d’ailleurs « une erreur d’associer Trump à Marine Le Pen », indique-t-il. S’il a assisté à la présidentielle américaine en y voyant « quelque chose d’ennuyeux », c’est avant tout parce qu’il est fatigué « de voir le vide de ce spectacle » politique.

Marine Le Pen pourrait atteindre la présidence en France, mais probablement pas en 2017. « Bien qu’elle gagne toujours plus de voix, elle est encore loin d’avoir les voix nécessaires pour remporter une élection présidentielle. »

Depuis longtemps, Houellebecq clame de toute manière que l’Europe, et la France en priorité doivent se déconnecter des États-Unis. La Chine ou l’Inde représente des enjeux bien plus importants, et des partenaires plus considérables. Trump, avait-il dit, n’est qu’un affreux, mais c’est l’affreux problème des Américains, uniquement.

La France se meurt, mais moins que d’autres

Et de poursuivre : « La France est un pays en train de mourir [mais] se débat plus que les autres pays européens », tout en cherchant à revenir à ses origines. Or, contrairement à d’autres États comme l’Espagne, l’Italie ou l’Allemagne, « où les populations déclinent rapidement, ce n’est pas le cas en France : la démocratie est en croissance ».

Affirmant qu’il a conscience de ce que son travail entraîne des polémiques, partout où il passe, le prix Goncourt 2010 jure cependant ne pas rechercher ces controverses.

Et revenant sur Soumission, le roman sorti le jour des attentats perpétrés chez Charlie Hebdo, il précise qu’il n’y a aucune critique de la religion, mais de la politique. « Il n’y a aucun vrai musulman dans ce roman. Il y a des personnalités politiques qui ont des ambitions politiques et l’idée de se servir de l’islam pour accomplir leurs ambitions. Aucun fanatique. Aucun pratiquant : juste des politiques. »

Pour autant, les attaques d’islamistes radicaux se poursuivront, prophétise-t-il.

Lui-même ne s’intéresse à la politique que pour ce qu’elle représente de tactique, de stratégie, mais certainement pas pour son contenu, reconnaît-il. Avec une idée toutefois : « Le système politique suisse, de démocratie directe, je l’apprécie. C’est un pays qui fonctionne mieux que la France et où l’on tire le français vers le haut. »

 

  El Patagonico, Epoca

Source ActuaLitté 12/11/2016

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Petit pays. Le premier roman de Gaël Faye couronné par le jury du Goncourt des lycéens

Gael-Faye-Portrait« Petit pays », premier roman de Gaël Faye paru chez Grasset, couronné par le jury du 29ème Goncourt des lycéens.

9782246857334-001-X_0En 1992, Gabriel, dix ans, vit au Burundi avec son père français, entrepreneur, sa mère rwandaise et sa petite sœur, Ana, dans un confortable quartier d’expatriés. Gabriel passe le plus clair de son temps avec ses copains, une joyeuse bande occupée à faire les quatre cents coups. Un quotidien paisible, une enfance douce qui vont se disloquer en même temps que ce « petit pays » d’Afrique brutalement malmené par l’Histoire. Gabriel  voit avec inquiétude ses parents se séparer, puis la guerre civile se profiler, suivie du drame rwandais. Le quartier est bouleversé. Par vagues successives, la violence l’envahit, l’imprègne, et tout bascule. Gabriel se croyait un enfant, il va se découvrir métis, Tutsi, Français…

« J’ai écrit ce roman pour faire surgir un monde oublié, pour dire nos instants joyeux, discrets comme des filles de bonnes familles: le parfum de citronnelle dans les rues, les promenades le soir le long des bougainvilliers, les siestes l’après-midi derrière les moustiquaires trouées, les conversations futiles, assis sur un casier de bières, les termites les jours d’orages… J’ai écrit ce roman pour crier à l’univers que nous avons existé, avec nos vies simples, notre train-train, notre ennui, que nous avions des bonheurs qui ne cherchaient qu’à le rester avant d’être expédiés aux quatre coins du monde et de devenir une bande d’exilés, de réfugiés, d’immigrés, de migrants. »

Avec un rare sens du romanesque, Gaël Faye évoque les tourments et les interrogations d’un enfant pris dans une Histoire qui le fait grandir plus vite que prévu. Nourri d’un drame que l’auteur connaît bien, un premier roman d’une ampleur exceptionnelle, parcouru d’ombres et de lumière, de tragique et d’humour, de personnages qui tentent de survivre à la tragédie.

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ZAL. Formes littéraires non identifiées

Expérimenter la pluridisciplinarité  photo Fred Trobrillant

Expérimenter la pluridisciplinarité photo Fred Trobrillant

Littérature
La sixième Zone d’Autonomie littéraire ZAL se tient ce samedi salle Pétrarque. Quand les auteurs donnent vie à des expériences scèniques.

Balayée la tragédie de l’auteur(e) qui sort fébrile de sa tanière pour affronter ses lecteurs. Celle des plateaux littéraires traditionnels où il doit jouer à l’écrivain en répondant aux questions de l’animateur qui se prend pour un érudit.

La ZAL envisage et expérimente les nouveaux champs du littéraire à l’aune des années 90. Avec des textes qui montent sur scène, accompagnés de création sonore, vidéo, plastique, théâtrale, dans des formats courts, entre 15 et 20 minutes qui s’amorcent vite et nous saisissent par leur intensité. De quoi donner des cauchemars à Modiano.

« La ZAL concourt à une désacralisation du personnage de l’écrivain. On s’émancipe de l’image du génie solitaire et élitiste en ouvrant le champ littéraire à tous les domaines du spectacle vivant », indique Renaud Vischi,  membre fondateur de la manifestation et partie prenante de la revue montpelliéraine Squeeze.

Le projet philanthropique de cette structure d’édition s’inscrit dans une redéfinition « des critères d’appréciation, des règles d’élaboration, des goûts et du jugement qualitatif sur la création littéraire. »

L’opération, qui vise au dépoussiérage, ne jette pas pour autant le bébé avec l’eau du bain. « Le support privilégié reste le livre et les relations intimes qui s’opèrent  entre l’auteur, le texte et le lecteur. On ne défend pas une école. On se voit comme une porte d’accès pour intervenir sur l’image de la littérature qui n’est pas séparée des influences contemporaines », précise Renaud Vischi. « L’écriture et la mise en scène sont deux compétences très différentes, on ne se situe pas dans l’analyse. La ZAL reste périphérique par rapport au champ littéraire, le défi est de trouver des point d’accès variés, de proposer des moyens pour servir le travail d’un auteur sur scène

L’accent sur la poésie

La programmation 2016 s’est construite autour du texte, une implantation sélective d’éditeurs, et un bar convivial.  Une place de choix est réservée à la poésie. 25% des invités sont de la région. La manifestation rayonne de plus en plus au niveau national.  L’an dernier, le rendez a accueilli 2 000 visiteurs curieux de découvrir les travaux d’auteurs mal représentés ou restés dans l’ombre.

Ce mariage de la littérature aux arts visuels et sonores est une fête, une occasion à saisir pour interagir avec les textes et leurs auteurs.

JMDH


Entrée libre salle Pétrarque ce samedi de 14h30 à 23h.

Source : La Marseillaise 19/11/2016

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