L’imaginaire et l’histoire des sagas islandaises

tumblr_m6ekx3xVZJ1qer9b0o1_400

Rencontre littéraire. En partenariat avec l’association Cœur de livres, L’Hérault du Jour et Radio Campus sont associés à la découverte des classiques de la littérature nordique.

La troisième rencontre littéraire organisée par l’association Cœur de livres autour des grands classiques de la littérature nordique est consacrée aux sagas islandaises. Le terme de saga, aujourd’hui sémantiquement dévoyé à grand coup de Star Wars et autres séries littéraires, signifie raconter. Il voit le jour en Islande.

Une origine incertaine

La question liée à l’origine des sagas semble toujours faire l’objet d’un débat entre scientifiques. Pour certains, à un stade pré-littéraire, les sagas se seraient élaborées d’elles-mêmes, selon une tradition orale vivante. Elles se seraient transmises de génération en génération, par voie orale jusqu’à leur consignation par écrit. Tandis que pour d’autres spécialistes, les sagas seraient des ouvrages de fiction composés par des amateurs d’histoires anciennes qui se seraient livrés à un travail de reconstitution à partir de personnages et de faits mémorables conservés dans la tradition. Reste que les sagas fournissent le seul élément narratif dont nous disposons pour comprendre la vie quotidienne des Islandais et au-delà, des peuples scandinaves dans le monde médiéval nordique.

Au temps des Vikings

Les sagas constituent une source de référence pour aborder le temps des Vikings. A l’instar de L’Edda en prose, que l’on doit à Snorri Sturluson (1178-1241), poète scalde* voyant que sa passion était en train de se perdre dans les « progrès » du christianisme, tente une opération de sauvetage en mettant en scène Dieu et les mythes anciens. L’Edda qui regorge d’obscurité mêle les sagas des rois légendaires puis historiques de Norvège au premier rang desquels le roi Olàfr, dont la hache de guerre tenue entre les pattes d’un lion figure sur le blason de la Norvège. Explorateur de la Méditerranée à l’Amérique, commerçant de fourrures et d’esclaves, guerriers et pillards scandinaves, les Vikings sont restés païens jusqu’au Xème siècle. Leur ère couvre une période s’étendant du VIIIème au XIème siècle. Un regard nouveau de certains historiens lie le phénomène viking à une réaction à la christianisation forcée par le fer et le feu découlant de la volonté du roi franc, Charlemagne. Les raids vikings commencent au VIIIème siècle. La Scandinavie est alors constituée d’une multitude de petits royaumes.

Le passage à l’écrit

La volonté d’établir des grands royaumes centralisateurs dans les pays scandinaves apparaît avec la christianisation. Des princes convertis bénéficient d’alliances chrétiennes pour accéder au pouvoir. Les équilibres médiévaux s’en trouvent bouleversés. De nombreux seigneurs norvégiens prennent la mer pour s’installer dans les îles en Écosse ou en Irlande, et parviennent sur les côtes islandaises. A dater du milieu du Xe siècle, les premiers missionnaires arrivent avec l’alphabet et un fonds littéraire qui se mêle aux poèmes héroïques et scaldiques sans occasionner de résistance.

Rencontre avec François Emion

Invité de cette soirée, François Emion, maître de conférence de littérature et civilisations nordiques à l’université de Paris IV. Il est notamment auteur de L’Islande dans l’imaginaire, publié aux presses universitaires de Caen et travaille à une grammaire historique du vieil islandais. La rencontre se tient ce soir à 19h salle Pétrarque à Montpellier (entrée libre). A travers les extraits qui seront lus par les comédiens de la compagnie Tire pas la nappe, on découvrira également que les sagas sont avant tout un genre littéraire.

Jean-Marie Dinh

 * Les Scaldes, poètes de cour attachés à un roi ou à un chef pour en célébrer les hauts faits. Leurs œuvres sont antérieures aux sagas.

La colonisation de l’Islande


Nicholas_Roerich_Guests_from_OverseasL’histoire de la colonisation de l’Islande nous est connue par le Livre de la colonisation (Landnámabók) et le Livre des Islandais. Les informations sur la société nous viennent des sagas. En 860 environ, l’Islande aurait été redécouverte par les marins norvégiens de Nadoddrr rejetés par la tempête. Ils auraient baptisé le pays Snaeland, pays de la neige. Selon la légende, le Norvégien Ingólfr Arnarson et son frère juré Hjörleilf Hróddrmarsson arrivent de Norvège en Islande après une affaire difficile avec un seigneur. Hjörleilf est tué par des esclaves qu’il avait attelés à sa charrue. Ceux-ci cherchent refuge dans des îlots au sud-est de l’Islande. Après avoir châtié les assassins de son frère, Ingólfr se fixe à Reykjavik.

Source : La Marseillaise : 24/04/2014

Télécharcher la brochure de présentation Les Saga Islandaises

Voir aussi : Rubrique Littérature, Littérature Scandinave, Le kalevala : retour aux origines poétiques, Andersen au-delà des contes pour enfants, Rubrique Islande, Rubrique Rencontre,

 

Andersen au-delà des contes pour enfants

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

Rencontre littéraire. En amont, de la Comédie du livre consacrée aux littératures nordiques, l’association Coeur de livres poursuit ce soir son cycle de découverte des classiques avec Andersen.

L’association Coeur de livres invite à la découverte des littératures classiques nordiques. Après le Kalevala du Finlandais Elias Lönnrot, l’association des libraires  propose une nouvelle rencontre autour de l’écrivain danois le plus connu : Hans Christian Andersen. Devenu célèbre grâce à ses contes, il est l’auteur d’une oeuvre riche et variée qui ne saurait se résumer à la littérature enfantine.

Andersen (1805-1875) est issu d’un milieu modeste. Son père est un libre penseur qui s’engage dans les armées napoléoniennes et qu’il perd à l’âge de 11 ans. Sa mère une robuste paysanne qui prend en charge la responsabilité de nourrir la famille. Séduit par le théâtre à l’âge de 7 ans, il semble prédestiné à une carrière artistique, puisque dès 14 ans, il veut être danseur, comédien ou chanteur.  Hans Christian, quitte Odense, sa ville natale, pour rejoindre Copenhague en 1819. Sa silhouette pittoresque et ses déclarations grandiloquentes aux directeurs de théâtres les déconcertent. Mais ses premiers essais d’écrivain dramatique sont remarqués et lui valent la protection du directeur du Théâtre Royal.

Il parfait ses études à l’école latine de Stagelse tout en publiant anonymement des poèmes (Enfant mourant en 1827). Un premier recueil de poésie paraît en 1830 suivi de plusieurs autres ( Fantaisie et Esquisses en 1831, les 12 mois de l’année en 1932.) Bien que reléguée au second plan de son oeuvre, la poésie ne cesse de le préoccuper. Il réunit une partie de sa production sous le thème  « Poèmes anciens et nouveaux ». Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique et sont entrés dans la conscience populaire.  Andersen poursuit son travail d’écriture pour le théâtre en mêlant le réalisme historique et la féerie mais ce n’est ni avec le théâtre, ni en tant que romancier qu’il gagne la célébrité, Ses récits de voyages sont appréciés, l’auteur ramène de ses excursions européennes une moisson d’images et de descriptions qui captent l’intérêt des lecteurs.

La vraie reconnaissance lui vient entre 1832 et 1842 avec la publication de six brochures de contes pour enfants. Encouragé par le succès qu’il a toujours recherché, Andersen regrette néanmoins la mention « pour les enfants ». Il use d’un style parlé et vif, tout en gardant la saveur de la tradition populaire et évolue vers des créations plus originales. Devenu un succès de la littérature mondiale Le vilain petit canard illustre à certains égards la recherche d’Andersen sur lui-même.

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

 

Michel Forget : « Ce qui caractérise le mieux Andersen, c’est la contradiction »
167811_hd

Michel Forget sera ce soir l’invité de Coeur de livres. C’est un éminent connaisseur d’Andersen auteur de traductions de récits de voyages (Voyage à pied), de roman (Peer-la-chance) et de recueils de récits, (Le bazar d’un poète). Il vient de traduire aux éditions Les belles Lettres Poèmes, premier recueil de poésie disponible en français d’Hans Christian Andersen.

Comment avez-vous croisé l’oeuvre d’Andersen ?

C’est en dispensant une formation sur la littérature de jeunesse à l’Ecole normale que je me suis penché sur son oeuvre. Je devais connaître une dizaine de contes guère plus, et j’ai découvert la diversité de sa production. En m’y intéressant je me suis rendu compte qu’il était peu traduit en français. J’ai poursuivi mes recherches sur son oeuvre en allemand et me suis pris de passion. J’ai fini par apprendre le Danois.

Andersen commence et finit son oeuvre par des poèmes, comment avez-vous opéré votre choix pour ce recueil ?

Il a écrit des poèmes tout au long de sa vie, mais surtout dans les premières années, puis à la fin de sa vie où il a cultivé la poésie lyrique en ayant trouvé sa propre voie. Pour le recueil, je me suis efforcé de restituer un échantillon des différentes facettes de son oeuvre poétique en laissant de côté les textes de circonstance.

Issue d’un milieu modeste et doté d’une grande ambition, il semble fortement animé par un souci de reconnaissance ?

C’est un aspect important de sa personnalité avec le doute. Il a été étonné par sa réussite qu’il considérait comme miraculeuse en ayant pourtant tout fait pour y parvenir. A la fin de sa carrière, alors qu’il n’avait plus rien à prouver, il était toujours tenu par l’angoisse d’un tarissement possible de sa source créative. Il y avait chez Andersen une fragilité intérieure mais il pouvait aussi se coiffer de vanité qu’il contre-balançait par son sens de l’humour.

Son oeuvre poétique se situe à la charnière entre le romantisme et une modernité bien plus matérialiste, comment cela coexiste-il chez lui ?

Ce qui caractérise le mieux Andersen c’est la contradiction. Il a peur de tout et voyage dans les pays dangereux. Il déteste la noblesse et recherche sa compagnie. Il dispose d’un physique ingrat et veux plaire aux plus belles femmes…

Que savons nous de sa vie amoureuse ?

Il a été amoureux toute sa vie et toute sa vie éconduit. Cela transparaît dans ses contes, plusieurs ont comme fil directeur, l’amour à sens unique du personnage principal.

Quelle est la nature de la relation qu’il entretient avec la religion ?

C’était un croyant sincère. Dans sa poésie la religion prend une forme interrogative.

Que ressort-il de ses récits de voyages ?

Andersen est un voyageur curieux et observateur de l’Ecosse à la Turquie. Il offre une perception de l’Europe du XIXe. Ce qui déclenche son écriture c’est ce qu’il ne peut voir. Il était à ce point romantique. Il trouvait le vraisemblable plus intéressant que le réel.

propos Recueillis par JMDH

Rencontre avec Michel Forget ce soir à 19h, salle Pétrarque

Source : La Marseillaise 20/03/13

Voir aussi : Rubrique Littérature, littérature jeunesse, rubrique Livre, rubrique Montpellier, rubrique Danemark, rubrique Rencontre,

Apple joue à Big Brother

la-femme_editions_equateur_benedicte_martin

Un torse de femme nu en couverture et voilà un livre refusé

Au moins ne reprochera-t-on pas à Amazon de fauter par excès de zèle : c’est une fois de plus Apple qui se fait prendre au jeu de la pudibonderie. La couverture d’un ouvrage a été jugée choquante par le revendeur américain, et voilà que le livre de Bénédicte Martin, publié aux Editions des Equateurs se retrouve interdit de séjour dans la librairie numérique.  La couverture présente en effet un buste de femme nue prolongée par une lame de couteau. Tranchant, et d’autant plus que le livre ne doit sortir que le 20 mars : censure par anticipation, sacré cadeau.

L’éditeur a été alerté par son diffuseur numérique, Interforum, du refus d’Apple, strictement motivé par ladite couverture. « Apple ne censure pas le livre en raison de son contenu, par ailleurs un récit littéraire et poétique sur la féminité, mais le censure juste parce qu’il y a une femme aux seins nus sur la couverture. C’est à la fois absurde et grave. Un exemple affligeant des excès de la pudibonderie américaine », enrage Olivier Frebourg, cité par l’AFP.

Et d’ajouter : « Et vous pouvez diffuser les oeuvres les plus hard sur Apple du moment que vous avez une couverture neutre. »

Bien entendu, il refuse catégoriquement de modifier sa couverture, et accuse Apple de jouer « à Big Brother ». Selon lui, la liberté de création, associée à la couverture qu’a réalisée le maquettiste Stéphane Rozencwajg, est menacée par le comportement de la firme. Et d’interpeller dans la foulée pouvoirs publics et instances de l’édition pour qu’elles réagissent. Il demande en effet « à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti, ainsi qu’au Syndicat national de l’édition, et à la Commission européenne de réagir et de prendre position sur cette question fondamentale de la liberté d’expression ».

Il y a à boire et à manger, dans cette affaire. Les histoires de censure chez Apple, il suffit de taper dans une poubelle pour en faire sortir une centaine. Bien entendu, la censure n’est pas acceptable, il ne reste malheureusement qu’à pousser des cris d’orfraie pour se faire entendre. Et faire prendre conscience du problème.

Dans la série des célèbres censure d’Apple, on peut évoquer :

Etc., ad nauseam.

Sauf qu’après tout, travailler avec un revendeur implique d’accepter ses conditions de commercialisation. Et la firme est connue pour être particulièrement frileuse : plutôt que de risquer le procès d’un client mécontent, la société a toujours pris le parti de sanctionner en amont, et tant pis pour la liberté d’expression, de création et le reste. De ce point de vue, strictement juridique, on fait la somme des dépenses liées à une procédure, et on conclut chez Apple qu’il est préférable de censurer. Comportement de bêtise crasse, certes, et qui n’est pas sans conséquence.

S’autocensurer, ou lutter contre un moulin à vents ?

Que la firme censure sur le territoire américain, c’est stupide, mais qu’ils interviennent en France, avec les approches américaines, cela vire à l’absurde. Sauf que c’est ainsi. Vincent Montagne, président du Syndicat des éditeurs nous le signalait, à l’époque de la censure Lucky Luke :  «Notre métier, c’est de servir des lecteurs et de provoquer la rencontre avec des auteurs. Par conséquent, le support est toujours second par rapport à la création éditoriale. Pour que cela fonctionne bien, il faut que l’accès à la création éditoriale vers les tablettes ne passe pas par un guichet unique ni un opérateur unique. »

Le problème, donc, c’est que certains opérateurs commencent à anticiper les réactions d’Apple, et à censurer au préalable les éditeurs qu’ils distribuent, voire, pour le créateur, s’autocensurer. Ce fut le cas avec un comics, en avril 2013, où l’on voyait une fellation administrée par un homme. ComiXology, le distributeur de ce titre, avait préféré censurer par avance, plutôt que de soumettre à Apple, et de se faire censurer…

« En tant que partenaire d’Apple, nous avons l’obligation de respecter ses politiques pour les applications et les livres proposés dans les applications. En s’appuyant sur notre compréhension de ces conditions d’utilisations, nous avons considéré que SAGA #12 ne pourrait pas être disponible dans notre application, aussi avons-nous décidé de ne pas la diffuser ce jour », avait clairement expliqué David Steinberg, PDG de comiXology.

Visiblement la lecture de BD sur les écrans d’iPad séduit le lecteur nomade. Seulement, il y a un bémol : ces impitoyables détecteurs de tétons et autres parties dénudées qui condamnent certains titres adultes à être bannis de l’Apple Store sans que la mesure de censure ne soit toujours justifiée. L’an passée, ils n’étaient pas moins de 59 albums à avoir ainsi été écartés de la boutique en ligne d’Apple.

Évoquant la politique d’Apple en novembre dernier, Eric Stephenson, éditeur chez Image Comics, regrettait également : « Leurs normes sont un peu vagues, vraiment. J’ai l’impression qu’ils n’ont pas beaucoup pensé la façon dont ils traitent les contenus pour adultes, ou pire, qu’il y a un ordre du jour visant à positionner Apple comme une forme d’arbitre moral pour des choses comme la bande dessinée. »

L’exercice de la pire des censures : économique

« Ce qui est scandaleux, c’est qu’ils jugent sur la couverture, de prime abord », précise l’éditeur. « Si encore c’était un ouvrage au contenu érotique, on pourrait le comprendre, mais c’est une oeuvre strictement littéraire. Toute forme de censure est condamnable, mais ici, c’est une censure économique qui s’applique. Apple représente 20 % du chiffre d’affaires numérique, et c’est un acteur majeur sur le marché. Son poids économique implique que l’on ne peut pas s’en passer. Mais on ne peut pas laisser faire non plus ! »

Olivier Frébourg a pleinement conscience de n’être pas le premier frappé par cette traque aux éléments qui dérangent. « Mais enfin, sur Facebook, sur internet généralement, les enfants sont bien plus exposés à des choses violentes, ou ayant un contenu sexuel. Et ils ne viennent certainement pas sur l’iBookstore pour voir des couvertures avec une femme à demi nue. »

Le diffuseur-distributeur, Interforum, ne peut que constater : « Apple a une politique éditoriale, et décide de ce qui peut être commercialisé, et ce qui ne peut pas l’être. » Il ne s’agit pas de résignation, simplement, la firme impose ses décisions. « Soit on accepte, soit on fait sans eux : ils ne laissent pas d’alternative », constate-t-on. Et d’ajouter : « Leur regard sur les oeuvres s’exerce d’ailleurs autant sur les couvertures que les contenus, et parfois, sur les deux. »

Au niveau européen, on se souviendra de l’intervention du député danois, Morten Løkkegaard, alors vice-président de la Commission européenne pour la Culture et l’Éducation. « C’est une société qui est entièrement contrôlée depuis la Californie », et à ce titre, aucun représentant dans les différents pays du globe n’est en mesure de négocier quoi que ce soit. Et c’est bien entendu la liberté d’expression qui est mise à mal.

Source ActuaLitté, 16/03/2014

Voir aussi : Rubrique Livres, Edition, rubrique Internet, rubrique UE, rubrique Société,

Les aires de colonisation scandinave

carte : Max Naylor

carte : Max Naylor

Carte présentant les aires de colonisation scandinave jusqu’au Xe siècle. NB : La coloration jaune (XIe siècle) du sud de l’Angleterre et de l’Italie résulte d’une confusion Vikings / Normands de Normandie

Voir aussi : Rubrique Histoire, rubrique Géographie, Péninsule Scandinave et pays nordiques rubrique Europe FinlandeFinlande : Histoire d’une terre convoitée, Suède, rubrique Russie,

Péninsule Scandinave et pays nordiques

carte-Etats-Baltiques

Carte de la Scandinavie et des pays de la Baltique.

 On donne au terme de Scandinavie plusieurs significations : politiquement, historiquement, c’est l’ensemble des quatre pays de langue scandinave, la Suède, la Norvège, le Danemark et l’Islande (jusqu’en 1809, date de son annexion par la Russie, la Finlande faisait partie de ce domaine); du point de vue géographique, il faut en extraire le Danemark et l’Islande. Restent donc, pour la Scandinavie propre ou Péninsule scandinave (à laquelle est consacré cet article), la Suède et la Norvège

La Péninsule scandinave est une région d’Europe située au Nord-Ouest du continent, vaste péninsule que l’océan Glacial baigne au Nord, l’océan Atlantique à l’Ouest, les détroits danois (Skagerrak, Kattegat et Sund) au Sud et au Sud-Est, la mer Baltique à l’Est. Elle a une superficie de 770.166 km².

Elle s’étend entre 71° 71’42 » et 55° 20′ 18″ de latitude Nord, les points extrêmes étant au Nord le promontoire de Knivskjaelodden sur l’île de Mageroe, et au Sud le Smyge-Heck. Reliée à la Russie du Nord par l’isthme très bas qui s’étend du fond du golfe de Botnie au Varangerford, cette vaste péninsule se trouve, de plus, intimement rattachée aux autres pays voisins par un plateau sous-marin qui supporte les dépressions sans profondeur des détroits danois et de la Baltique en rétablissant sous une tranche d’eau de moins de 200 m sa continuité avec le continent. Dans ces conditions, on ne peut méconnaître qu’un simple gauchissement du terrain, combiné avec des effets subséquents d’érosion marine, a suffi pour déterminer son isolement.

Les pays de la péninsule.
La péninsule scandinave est en général un pays pittoresque, très beau, couvert de montagnes, de rochers, d’immenses forêts de pins, de sapins et de bouleaux, de lacs, de marais et de rivières. Le versant oriental de cette péninsule est occupé par la Suède (Sverige); la Norvège (Norge) occupe le versant occidental. On doit aussi nommer la Laponie, à cheval sur tout le nord de ces deux Etats et débordant, à l’Est, en Finlande et même en Russie, c’est-à-dire au-delà de la Scandinavie proprement dite.

La Suède.
La Suède forme une figure, à peu près régulière avec une longueur (1600 km), quadruple de la largeur maxima (400 km), et est entourée de mers à l’Est, au Sud et en partie à l’Ouest (golfe de Botnie, Baltique, Sund, Kattegat et Skagerrak); la Suède possède des frontières terrestres du côté de la Finlande au Nord-Est ou la frontière est formée depuis 1809 par les fleuves de Muonio et Tornea, et du côté de la Norvège à l’Ouest où elle consiste dans la ligne de partage des eaux qui sépare au Nord les affluents de la Baltique et de l’Atlantique, et au Sud les tributaires du Kattegat et du Skagerrak.

Le périmètre de la Suède est évalué à 5451 km (3218 km de côtes, 614 km de frontière finlandaise, 1619 km de frontière norvégienne). La superficie de la Suède est de 449.964 km².

Toutes les provinces de la Suède ont un caractère particulier et une physionomie différente. La Botnie est plate, cultivée et fertile le long de la mer; à l’Ouest, il n’y a que des forêts ou des marais. L’lemptie; la Herjédalie, la Médelpadie, l’Helsingie, la Dalécarlie, la Gestricie et l’Angermanie sont des contrées pittoresques et très belles, montueuses à l’Ouest, plates à l’Est, partout couvertes de forêts, de beaux lacs et de rivières. En hiver, l’aspect de ces provinces est fort différent ; lorsque tout est gelé et couvert de neige, terre, lacs, rivières et rivage de la mer, il n’y a plus qu’une immense plaine blanche, sur laquelle les forêts de sapins forment comme de grandes taches noires.

L’Uplande, la terre classique de la Suède, le siège de la primitive histoire du pays, est une belle et fertile plaine, bien cultivée; l’agriculture y a pris d’assez grands développements. Au Sud de l’Uplande, la Suède change d’aspect; le pays devient plat et uni; les grandes forêts disparaissent et sont remplacées par des champs de blé ; le sol prend les caractères et l’aspect de l’Allemagne du Nord.

La Sudermanie, l’Ostrogothie et la Westrogothie sont de belles contrées, dont les lacs et les montagnes offrent partout les plus beaux aspects; ce sont aussi de riches pays, couverts de belles fermes, de terres à blé, d’arbres à forets, de pâturages et ça et là de bois. 

Le Halland et le Smaland ont au contraire un aspect triste et gris, ne sont couverts que de rochers de gneiss et de landes arides où croissent des bruyères et quelques sapins chétifs; on y voit partout d’énormes blocs de granite (blocs erratiques), renversés les uns sur les autres; la population est rare, pauvre et vit dans de misérables cabanes, qui remplacent ici les jolies maisons rouges que l’on voit dans tout le reste de la Suède. 

La Blékingie et la Scanie sont formées de plaines riches et fertiles, peu boisées, produisant beaucoup de blé et présentant çà et là quelques landes; ces deux provinces ressemblent tout à fait au Nord de l’Allemagne.

La Norvège.
La Norvège, qui s’allonge en bordure de l’Atlantique, est une terre étroite, très escarpée, plongeant dans le Nord vers l’océan Glacial Arctique, échancrée dans le Sud par le Skager Rak, baignée dans l’Ouest par les eaux de l’Atlantique septentrional. La superficie du pays est évaluée à 324.220 km² (dont 16.30 km² de lacs). 

Les frontières continentales de la Norvège (2251 km) à l’Est sont limitrophes de la Suède (sur 1619 km), de la Finlande (sur 736 km) et de la Russie (sur 196 km).

La Norvège est une haute terre montagneuse, très accidentée, pittoresque, rocheuse ou boisée, habitée et cultivée sur les rives des fjords, et presque déserte dans l’intérieur. La population y est disséminée dans des gaard, espèce de fermes où vit une petite colonie de laboureurs et d’ouvriers. On sait que la redoutable piraterie des Vikings avait son principal siège dans les fjord de la Norvège et du Danemark.

La Laponie.
La Laponie, en suédois Lappland, en lapon Saméanda, est une contrée contigue à l’océan Glacial Arctique. Elle est divisée en quatre parties : la Laponie norvégienne, au Nord, comprise dans le Finmark; la Laponie suédoise, au Nord d’Umea, la Laponie finlandaise, qui occupe tout le Nord de la Finlande et la Laponie Russe, dans la partie Nord-Ouest de la péninsule de Kola. 

La Laponie est un vaste plateau montueux qui appartient à la Norvège, à la Suède à la finlande et à la Russie; il a de 6 à 700 m d’altitude, est compris entre le 65° et le 71° latitude Nord et est accidenté par les derniers chaînons des monts Kjöllen, toujours couverts de neige et de glace.

Partout la Laponie présente des rochers nus, des marais tourbeux, des lacs et des rivières, des bouleaux nains, et des forêts de sapins dans les parties méridionales; partout aussi, principalement dans l’extrême Nord, le pays est couvert par l’herbe des rennes, mousse haute et touffue, qui forme comme un immense tapis blanc. 

Si en hiver, la nuit dure deux mois et demi (15 novembre – 31 janvier), en revanche, pendant l’été, le soleil ne se couche pas de puis le milieu de mai jusqu’à la fin de juillet. La végétation est peu variée; cependant les mousses, les lichens, divers arbustes à, baies y procurent une nourriture tolérable; on cultive quelques céréales.

Le renne est la grande ressource des habitants du pays. En été, la chaleur est assez grande et les éleveurs de rennes sont obligés de conduire les bêtes sur les hautes montagnes de la Norvège pour les soustraire à la chaleur qui les tue. En hiver, quand la mousse est épuisée, ils conduisent leurs troupeaux en Suède, où abonde l’herbe des rennes.

Le littoral.
Les côtes de la Suède sont élevées, découpées par une infinité de petites baies (viken ou viig) et bordées de rochers (skaeres) on de petites îles rocheuses et nues; nulle part on n’y voit de grèves, de sables ou de galets; partout ce sont de hautes falaises (150 à 300 m), plus hautes que la mer qui les baigne n’est profonde, car rarement sa profondeur est de plus de 25 m, et ordinairement elle n’est que de 13 à 16 mètres.

La Baltique forme au Nord, entre la Suède et la Finlande, le golfe de Botnie, qui est séparé de la Baltique par un groupe d’îles et de rochers, appelé l’archipel d’Aland. Le golfe de Botnie, dans toute sa longueur, qui est de 600 kilomètres, n’a pas plus de 180 à 220 km de large; entre Uméa et Wasa, il est encore plus étroit, n’a plus que 75 km, est encombré d’îles et de rochers, et forme un détroit qu’on appelle le Quarken. Le Quarken gèle en entier dans les hivers rudes; aussi en 1809, quelques détachements de soldats russes ont-ils traversé ce détroit, comme relui d’Aland, pour venir attaquer la Suède.

Au Sud du détroit d’Aland, dans la Baltique, la Suède possède les deux grandes îles de Gottland et d’Öland; cette dernière est séparée de la Suède par le détroit de Kalmar. Au Sud de la Suède est le cap Falsterbo, au delà duquel on entre dans le Sund, important détroit qui sépare la Suède de l’île danoise de Seeland; puis on arrive dans le Kattegat.

Les ports principaux sont : Haparanda, à l’embouchure de la Tornéa, Luléa, Pitéa, Uméa, Hernösand, Gefle, dans le golfe de Botnie; Stockholm, Nykoeping, Norrkoeping, Kalmar, Karlskrona, dans la Baltique; Malmö, Helsingborg, sur le Sund; Halmstad et Göteborg, sur le Kattegat.

Le littoral de la Norvège commence, sur le Skagerrack, au Swinesund, golfe étroit et profond, bordé de rochers élevés et couverts de sapins; peu après on arrive au golfe d’Oslo, puis au cap Lindesness, au delà duquel la côte se dirige du Sud au Nord, et se distingue par un caractère particulier; elle est découpée à l’infini par des fiord ou golfes étroits, qui pénètrent très avant dans l’intérieur des terres et sont bordés de hautes falaises couronnées de forêts de pins et de sapins, Tout ce littoral est parsemé de rochers, d’écueils et d’îlots peuplés d’aigles et de mouettes, et de grandes îles qui forment plusieurs archipels. Au Sud, il y a l’archipel de Bergen, au centre l’archipel de Trondheim, et au Nord, l’archipel de Lofoten et celui des Vesteraalen, dont les parages forment une des plus importantes régions de pêche de l’Europe; c’est un groupe d’îles élevées, sans bois, couvertes de pâturages et peu peuplées. Tous les détroits qui séparent entre elles les îles Lofoden s’appellent ström ( = courant); celui qui est entre les îles Vaeröe et Moskenesöe (au Sud de l’archipel) est Ie Mal-ström; il n’est dangereux que quand le vent du Nord-Ouest souffle en opposition avec le reflux, et il n’a pas dans le pays la célébrité qu’on lui a faite. Le Salten-ström, à l’entrée du Salten-fjord, est réellement dangereux et bien autrement redouté des marins norvégiens.

Au Nord de la Laponie, et à l’entrée du Porsanger-fjord, est l’lle Mageröe, terminée par le cap Nord, haute falaise de 400 m, surmontée d’un plateau étendu et couvert de lichens couleur de soufre.

Les principaux golfes de la côte de Norvège et de Laponie sont : le Bukke-fjord, à l’entrée duquel est Stavanger, le Bömmel-fjord, le Hardangerfjord, le Selbö-fjord, le Kors-fjord, le Sogne-fjord, le Storfjord, le Hals-fjord, le Trondheim-fjord, le Foldeu-fjord, le Rauenfiord, le Salten-fjord, à l’entrée duquel est Bodöe, le Folden-fjord, le West-fjord ( = Golfe Occidental) entre la Norvège et les îles Lofoten, et sur la côte septentrionale de la Laponie, le Porsanger fiord, le Luxe-fjord, le Tana-fjord et le Varanger-fjord.

Les fjord sont partout peuplés d’algues abondantes et très poissonneux; aussi, la pêche est-elle très active sur toute la côte norvégienne. Les parages des Lofoden sont surtout poissonneux. Le poisson aime ses eaux tranquilles, tièdes et à l’abri des tempêtes du large; aussi vient-il en masse de tous côtés pour frayer sur les bancs du golfe. 

La pêche du hareng est également très importante, mais elle se fait dans les parages de Bergen. Les homards fourmillent dans les rochers du littoral norvégien, surtout entre Christiansand et le cap Lindesness. 

On a constaté sur toute la côte de la Suède, et aussi sur celle de la Norvège, les plus remarquables changements dans le niveau de la mer. Des villes maritimes (Pitéa, Luléa, etc.) sont aujourd’hui dans l’intérieur des terres; des bras de mer ont actuellement desséchés et cultivés; çà et là, sur les falaises, à plusieurs mètres au-dessus du niveau actuel de la mer, on voit les berges de son ancien rivage. Toute la partie du littoral suédois baignée par le golfe de Botnie et sur la totalité du littoral norvégien, entre le cap Lindesness, au Sud, et le Varanger-fjord, au Nord, la côte parait s’élever peu à peu, tandis que sur tout le littoral méridional de la Norvège, et surtout sur celui de la Suède méridionale (en Scanie), on a constaté que la mer s’élevait, ou bien que le sol de la péninsule subissait, dans cette partie, une dépression. Sur quelques points, la différence entre les anciens niveaux et le niveau actuel est de 67 m; on a constaté que l’élévation moyenne du terrain, sur la côte sué doise du golfe de Botnie, est d’environ 1,30 m par siècle.

L’orographie.
La péninsule scandinave est traversée dans toute sa longueur par une grande chaque désignée sous le nom général de monts Dofrines (altération du mot dovrefjeld) et qui couvre surtout la partie occidentale de la péninsule, c’est-à-dire la Norvège. 

Les monts Dofrines commencent au Sud du Vranger-flord et se prolongent jusqu’au cap Lindesness, sur une étendue de 1800 kilomètres. Cette chaîne porte divers noms; dans l’extrême Nord, ce sont les montagnes de la Laponie; puis elle s’appelle, entre Suède et Norvège, les monts Kiöllen ; ensuite, vers le 62,5° de latitude., c’est le Dovrefjeld, presque tout entier situé en Norvège; enfin, le long de la côte occidentale, et en Norvège, on trouve le Langfjeld, le Sognefjeld et le Hardangerfjeld.

La structure des monts Dofrines présente plusieurs particularités; la première, c’est que la crête de ces montagnes ne consiste pas en sommets aigus, mais en un plateau (fjeld) ondulé, qui, dans la partie méridionale de la Norvège atteint quelquefois une largeur de 25 à 50 km. Sur le sommet de ces fjeld, il y a quelquefois des pics isolés, comme le Sneehaettan, qui s’élèvent à 1000 m au dessus du plateau sur lequel ils reposent. Les fjeld forment de hauts déserts dangereux à traverser, à cause du froid et des tempêtes qui y règnent.

Scandinavie les reliefs

Scandinavie les reliefs

La hauteur du système scandinave s’aug mente en allant du Nord au Sud. Dans la Laponie méridionale, les plateaux du Kjöllen ont une hauteur moyenne de 800 m; dans le Dovrefjeld, les plateaux s’élèvent à 975 m, et à 1460 m dans le Sognefjeld et le Hardangerfjeld. Les points culminants sont : dans les monts Kiöllen, le Sulitelma (1883 m); dans le Dovrefjeld, le Sneehaettan (2300 m); dans le Hardangerfjed, le Skaagestöltind (2485 m), qui est le plus haut sommet de la péninsule. Toutes les montagnes scandinaves sont pittoresques, escarpées, sauvages, coupées de gorges profondes, de ravins et de défilés difficiles et très dangereux ; elles sont couvertes de bois, de lacs et de marais, et le plus souvent inhabitées, excepté sur les rives des fjord et des cours d’eau; leurs sommets sont partout nus et neigeux. De nombreuses et belles chutes d’eau augmentent la beauté de ce pays montueux; une des plus remarquables est la Rinkand-fosss, haute de 300 m et située dans le Hardangerfeld.

La seconde particularité à observer dans ces montagnes, c’est la différence d’inclinaison à l’Est et à l’Ouest. Sur le versant oriental ou suédois, la pente est insensible jusqu’aux plateaux du sommet (fjeld) : elle est si douce, qu’on ne s’aperçoit de la différence de hauteur que par le changement du climat et de la végétation. Au contraire, le versant occidental ou norvégien est abrupt; après avoir traversé les plateaux du sommet, on arrive soudain sur le bord de la mer, où les montagnes plongent immédiatement par des falaises hautes au moins de 650 mètres.

Cette différence des pentes des deux versants a exercé une influence considérable sur le développement des cours d’eau. De nombreuses rivières coulent sur le versant suédois et se jettent dans le golfe de Botnie et dans le grand lac Väner, tandis qu’un seul fleuve, le Glommen, va finir dans la mer du Nord. Le versant occidental de la chaîne scandinave n’est arrosé que par de très petits cours d’eau; il est, au contraire, baigné, comme on l’a dit, par un grand nombre de fjords, golfes longs, étroits et sinueux, qui semblent occuper le fond des vallées.

Une particularité plus caractéristique de la chaîne scandinave consiste dans une jonction naturelle qui s’établit sur quelques points entre des systèmes hydrographiques opposés. C’est ainsi que la Tornéa se joint avec le Kalix par un bras appelé le Taerendö. Plus au Sud, entre le Dovrefjeld et le Langfjeld, le lac Laessöevand envoie deux cours d’eau, le Langena et le Romsdal, des deux côtés de la chaîne; ce phénomène est encore reproduit par le Glommen dans ses crues; car, près de Kongsvinger, quand il déborde, il envoie quelquefois une partie de ses eaux, par le Vrangs älv, dans le lac Väner.

L’hydrographie.
On peut diviser la péninsule scandinave en quatre versants, qui sont ceux de l’océan Arctique, au Nord, de l’océan Atlantique et de la mer du Nord, à l’Ouest, du Skagerrak et du Kattegat, au Sud, et de la mer Baltique et du golfe de Botnie, à l’Est.

L’Océan Arctique reçoit : la Tana, qui sépare la Laponie russe de la Laponie norvégienne; l’Alten, qui arrose la Laponie norvégienne et finit à Altengard.

L’océan Atlantique n’a pour affluents que des cours d’eau sans importance qui se jettent dans les fjord.

Le Skagerrak reçoit : le Torrisdals, qui finit à Christiansand; le Laaven, qui passe à Kongsberg et finit à Frederickswaern; le Drammen, qui se jette dans le golfe d’Oslo à Drammen; le Glommen, le plus grand fleuve de la Norvège (550 km), qui sort du Dovrefjeld et, comme les précédents cours d’eau, coule dans une vallée étroite et encombrée de rochers et de cataractes; il a son embouchure à Frederickstad.

Le Kattegat reçoit la Gotha, qui arrose la Suède; elle sort du lac Väner à Vänersborg, coule à travers un pays hérissé de rochers, larme les chutes de Trollhaetta (37 m) et finit à Göteborg. Le lac Väner reçoit à Karlstad la Klara ou Klar älv (nommée Trysil älv en Norvège), grande rivière qui sort du lac Faemund et coule parallèlement au Glommen.

La Baltique reçoit la Motala, petite rivière qui sort du lac Vätter et finit à Norrköping.

Le golfe de Botnie a pour affluents : le Dal, grand cours d’eau qui arrose la Dalécarlie et est formé par la réunion du Vätter-Dal et du l’Öster-Dal; le Liusne; le Liungan; l’Indals; l’Angerman, grossi du Vangel et du Faxe et qui finit à Hernösand; c’est le seul cours d’eau de la péninsule qui soit na vigable jusqu’à une certaine distance de son embouchure; l’Uméa, le Skelleftea, la Pitea, la Luléa, le Kalix;  le Tornéa et son affluent le Muonio, qui servent de limite entre la Suède et la Finlande. Toutes ces rivières (älv) coulent parallèlement entre elles; elles traversent, ainsi que leurs affluents, des lacs longs et étroits (söe, vand) ; elles coulent, dans leur partie supérieure, dans des vallées étroites et rocheuses, et, dans leur partie intérieure, au milieu de bois et de marais ou de prairies; leur lit est encombré de rochers, d’îles et de cataractes (foss), et leur cours est généralement rapide, fougueux et non navigable. 

Les canaux.
Le principal canal de la Suède est le canal de Gothie, qui établit une grande ligne navigable entre Göteborg, sur le Kattegat, et Söderköping, sur la Baltique. Elle se compose : 1° du cours de la Gotha, en partie canalisée pour éviter les chutes de Trollhaetta; 2° du lac Väner; 3° d’un canal entre les lacs Väner et Vätter ; 4° d’un canal qui va de Motala, sur le lac Vätter, à Söderköping, en suivant une partie du cours de la Motala. Le canal de Gothie est praticable à de petits bâtiments de commerce et est d’une exécution remarquable, surtout aux écluses de Trollhaetta; il a été exécuté par l’armée.

Les lacs.
La Scandinavie renferme beaucoup de lacs, situés surtout au pied des montagnes, sur le versant oriental ou suédois ; il y en a aussi beaucoup sur les plateaux du sommet; le Miösvandet est à 878 mètres. Il y a encore, dans la Suède méridionale, entre le 58° et le 59° latitude, une rangée de grands et beaux lacs, allant de l’Ouest à l’Est, qui peuvent être considérés comme la limite méridionale extrême de la chaîne dans la partie orientale de la péninsule scandinave. Ces lacs sont : le lac Wäner (5203 km²), le lac Wetter (1849 km²), qui est soumis à de terribles tempêtes, le lac Hielmar (484 km²) et le lac Maelar (1220 km²), dont les bords sont extrêmement pittoresques. Cette rangée de lacs constitue dans le sol de la Suède une dépression qui va d’une mer à l’autre et qui a permis d’établir une ligne de navigation artificielle par le canal de Gothie. Au Sud de cette dépression, la Suède méridionale (Gothie) se relève et forme un plateau, dont le point culminant est le Taberge (338 m), près de Jonköping. Tout ce plateau est couvert de petits lacs et de rivières.

Les ressources minérales.
La péninsule scandinave consiste presque entièrement en une masse de gneiss et de micachiste, mêlée çà et là à quelques parties porphyriques ou syénitiques. De là vient que le sol manque souvent de la terre végétale qui produit les riches moissons; en effet, formé d’un gravier provenant de la décomposition du terrain primitif, le sol n’est recouvert que par places d’une mince couche de terre végétale, et demande, pour être cultivé, des efforts qui, sans compter la dureté du climat, surpassent beaucoup ce que les habitants des autres pays de l’Europe ont à faire. En revanche, ce sol contient d’abondantes richesses minérales.

Le fer est la grande richesse de la péninsule scandinave; on l’y trouve partout en importants gisements et le minerai donne des fers excellents, surtout pour la fabrication des aciers fins. Les principales mines de fer s’exploitent à Kiruna, à Gellivara, en Laponie, à Danemora, en Suède, et sur le pourtour des golfes d’Oslo et de Trondheim, en Norvège. 

Le cuivre est exploité à Falun en Suède, à Röraas et Kaafjord, en Norvège. Le cobalt est exploité sur divers points de la Suède et à Modum, en Norvège. L’argent est exploité à Kongsberg, en Norvège. L’alun, le soufre, le nickel et le chrome sont aussi au nombre des productions minérales de la péninsule.

Les mines de la Suède se trouvent presque toutes au centre.

Le climat.
Le climat de la péninsule scandinave, qui est comprise entre le 50° et le 71° de latitude Nord, et qui en outre est traversée par une haute chaîne, est très varié; en effet, dans le Sud de la Suède, la température moyenne de l’année est de + 9°C à 10° C, tandis qu’au cap Nord elle ne s’élève que fort peu au-dessus de 0 °C.

Quoique froid, le climat de la péninsule l’est beaucoup moins que celui de toute autre contrée située sous les mêmes latitudes. Les causes de cette douceur relative sont le voisinage de la mer, le caractère marin du climat et surtout l’action très influente du Gulf Stream, le grand courant d’eau chaude qui baigne toute la côte norvégienne jusqu’au delà du Varanger fjord.

En Norvège, l’hiver est long; la neige couvre la terre depuis novembre jusqu’en avril ; la température est ordinairement de – 10° C, et quelquefois de -35 °C et au delà. L’été ne dure que quatre mois (juin, juillet, août et septembre), mais il est chaud et les jours sont très longs ; aussi suffit-il à mûrir les céréales. Cependant, comme en Russie, les gelées prématurées ou tardives détruisent souvent les récoltes, surtout pendant les nuits de la mi-août, appelées ici « nuits de fer ». Le climat du littoral et des fjord norvégiens est extrê mement humide et naturellement plus chaud que celui de l’intérieur et des fjeld.

En Suède, l’hiver, généralement sec, dure cinq ou six mois. Le plus grand froid observé à Stockholm a été de – 40 °C. L’été y est court et chaud; on a eu à Stockholm des chaleurs de 45 °C. L’automnne est pluvieux et nébuleux. Le climat de la Suède est très humide, quoiqu’à un moindre degré qu’en Norvège.

Dans la Laponie, l’hiver est très long et très froid ; la température moyenne de cette saison est de -18 °C ; l’été est très court, mais assez chaud, et le thermomètre s’y élève à 26° C et 27 °C. Cette partie de la péninsule est convent dévastée par des ouragans terribles, qui durent plusieurs jours et dont la violence est bien plus redoutée que les rigueurs de l’hiver.

Les vents qui dominent dans la Scandinavie sont ceux du Sud-Ouest. Ils constituent en Norvège les vents de pluie, tandis que c’est le vent d’Est qui est le vent de pluie en Suède. La côte occidentale de la péninsule est la contrée de l’Europe, après les hautes régions des Alpes, où il pleut davantage. L’époque de ces grandes pluies est de septembre à novembre.

La limite des neiges perpétuelles dans les montagnes scandinaves varie suivant les latitudes. (L. Dussieux / Ph. B.).

Source : Imago Mundi

Voir aussi : Rubrique Géographie, Les aires de colonisation scandinave, rubrique Europe FinlandeFinlande : Histoire d’une terre convoitée, Suède, rubrique Russie,

On line, Scandinavie http://fr.wikipedia.org/wiki/Scandinavie