Le Brésil accorde un permis de résidence à Cesare Battisti

Cesare Battisti lors de sa sortie de prison le 8/06/11. Photo Reuter ,Ricardo Moraes

Cesare Battisti lors de sa sortie de prison le 8/06/11. Photo Reuter ,Ricardo Moraes

L’Italien Cesare Battisti a obtenu, mercredi 22 juin, un permis de résidence permanent au Brésil, une décision attendue après le refus début juin de la justice d’extrader l’ancien activiste d’extrême gauche vers l’Italie, qui continue à le réclamer.

Ce permis de séjour et de travail au Brésil a été accordé par le Conseil national de l’immigration, dont les membres ont voté massivement en faveur de l’Italien. Par quatorze voix pour, deux contre et une abstention, le Conseil a « autorisé mercredi Cesare Battisti à séjourner au Brésil pour une durée indéterminée », a annoncé le ministère du travail. Cesare Battisti, 56 ans, est réclamé par l’Italie après avoir été condamné par contumace, en 1993, à la réclusion à perpétuité pour quatre meurtres et complicité de meurtres à la fin des années 1970 – les « années de plomb » du terrorisme – crimes dont il se dit innocent.

Incarcéré pendant quatre ans près de Brasilia en attendant son extradition, Cesare Battisti a été libéré dans la nuit du 9 juin, quelques heures après que la Cour suprême du Brésil eut rejeté la demande de Rome. Les juges ont estimé que l’Italie ne pouvait contester la décision « souveraine » de l’ex-président Luiz Inacio Lula da Silva qui, au dernier jour de son mandat, le 31 janvier 2010, avait refusé d’extrader M. Battisti. Indignée, l’Italie estime que l’accord d’extradition liant les deux pays n’a pas été respecté par le Brésil, et a rappelé son ambassadeur pour consultation.

Un roman en préparation

Le gouvernement italien a promis d’aller jusqu’au bout pour obtenir satisfaction, y compris saisir la Cour internationale de La Haye, qui juge les différents entre Etats. Il a d’ores et déjà demandé d’actionner une « commission de conciliation » entre les deux pays. Le gouvernement brésilien est resté ferme dans sa décision et a minimisé la mauvaise humeur italienne, affirmant que cette affaire n’affectera pas les fortes relations entre les deux pays.

Depuis sa sortie de prison, Cesare Battisti est resté à l’écart de la presse et n’a fait aucune déclaration. Il s’est réfugié, dans un premier temps, dans l’anonymat de Sao Paulo, la grande métropole brésilienne, avec l’intention de poursuivre son travail d’écrivain, selon ses avocats. L’un d’eux a dit que M. Battisti souhaitait rester au Brésil, où il a vécu dans la clandestinité de 2004 à 2007, date de son arrestation à Rio de Janeiro. Il avait commencé à y refaire sa vie, après trente ans de fuite au Mexique et en France, où il est devenu auteur de romans policiers. « Il se consacrera à la révision de son dernier roman », avait confié à l’AFP l’avocat Luiz Eduardo Greenhalgh.  Ce roman, « Au pied du mur », est inspiré de ses quatre années de détention à Papuda. Outre un roman policier, il a déjà écrit depuis son arrivée au Brésil Minha fuga sem fim (« Ma cavale ») et Ser bambu (une expression brésilienne qui signifie « plier mais rester solide »).

AFP

 

Voir Aussi : Rubrique Justice, rubrique Roman Noir

Aucun enseignement tiré de la marée noire

Il y a un an explosait dans le Golfe du Mexique la plate-forme du groupe pétrolier britannique BP Deepwater Horizon, entraînant le déversement de centaines de millions de litres de pétrole en mer et sur les côtes. La politique et l’industrie n’ont toutefois tiré aucun enseignement de cette catastrophe désastreuse, estime la presse, qui demande de renforcer le contrôle des groupes responsables et de réduire la dépendance au pétrole.

Hospodá ské noviny – République tchèque
Des conséquences incalculables

Un an après la marée noire dans le Golfe du Mexique, le retour des premiers touristes et la reprise de la pêche donnent une image trompeuse, écrit le journal économique Hospodá?ské noviny : « Vu de l’extérieur, on pourrait penser qu’il ne s’est rien passé de particulier. Mais en y regardant de plus près, il y a de quoi se demander encore longtemps ce qui a bien pu arriver dans les eaux du Golfe du Mexique. … Jusqu’à aujourd’hui, même les conséquences de l’accident pétrolier de l’Exxon Valdez en 1989, largement plus limitées que celles de l’accident de BP, n’ont pas été décrites de manière satisfaisante. La politique et la société doivent donc augmenter la pression sur les groupes pétroliers pour que ceux-ci tiennent leurs promesses quant aux enquêtes scientifiques sur les conséquences. Ne serait-ce que parce qu’on ne peut exclure de nouveaux accidents malgré l’amélioration des techniques. Ce n’est pas jouer les oiseaux de mauvais augure. Il s’agit plutôt d’une expérience qui a déjà coûté cher à plusieurs reprises. » (20.04.2011)

La Vanguardia – Espagne
Engager un tournant énergétique

Malgré les conséquences désastreuses de l’accident pétrolier dans le Golfe du Mexique il y a un an, on n’entend pas parler d’un tournant énergétique, critique le quotidien La Vanguardia : « Jusqu’à maintenant, la principale préoccupation de l’industrie pétrolière et de certains politiques consistait à minimiser les répercussions de la pollution, à évoquer le moins possible les erreurs à l’origine du sinistre et à oublier aussi vite que possible la catastrophe. A peine un an après, on effectue déjà de nouveaux forages dans le Golfe du Mexique. Au lieu de comprendre que l’industrie pétrolière est manifestement incapable de garantir la sécurité de ses installations, le Conseil des ministres espagnol a ouvert la voie pour de nouveaux forages en Méditerranée. … Tant que nous ne prendrons pas la décision politique de nous libérer de la dépendance pétrolière, nous serons contraints de payer le prix du pétrole brut quel qu’il soit. En Espagne notamment, où deux jours de hausse des prix nous ont coûté plus d’argent que toutes les aides financières apportées dans l’année aux énergies renouvelables. » (20.04.2011)

The Times – Royaume-Uni
Un mélange dangereux dans le Golfe du Mexique

Un an après la marée noire dans le Golfe du Mexique, la Baie de Barataria dans l’Etat américain de Louisiane reste polluée. Les habitants souffrent de problèmes de santé après avoir été en contact avec les dissolvants déversés en mer pour réduire la nappe de pétrole. La catastrophe est donc loin d’être terminée, met en garde Susan Shaw, directrice de l’institut environnemental Meri, dans le quotidien conservateur The Times : « Il n’y a pour le moment pas de véritables réponses aux interrogations sur les répercussions durables des dissolvants sur la vie sauvage. Nous savons que les dissolvants augmentent la toxicité du pétrole. Leurs propriétés chimiques pénètrent dans les membranes graisseuses et permettent au pétrole de s’infiltrer plus facilement dans les cellules vivantes. Le moindre tissu, le moindre organe peut être endommagé. Les dissolvants et le pétrole forment un cocktail mortel. Pour le salut à la fois des animaux et des individus du Golfe, nous devons découvrir … l’effet de ce mélange sur leur santé. Le désastre du Golfe n’est pas surmonté. » (20.04.2011)

 

Voir aussi : Rubrique Ecologie, La guerre mondiale c’est la guerre contre le monde, rubrique Etats-Unis,

BRICS: La voix des émergents se fait entendre sur la Libye

Jusque là, on les attendait sur un créneau économique. Réunis jeudi à Sanya sur l’île chinoise de Hainan, les Brics, sigle acronyme des grands pays émergents de la planète – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- ont trouvé une voix commune pour exprimer leur opposition à l’intervention militaire en Libye. (A lire: Obama, Cameron et Sarkozy sortent du cadre de l’ONU)

Le président chinois Hu Jintao, ses homologues brésilien Dilma Rousseff, sud-africain Jacob Zuma, russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre indien Manmohan Singh ont envoyé un message clair à l’Occident  et à ses principaux ténors dont la France qui mènent l’offensive. Ils demandent dans leur communiqué final « qu’une solution négociée soit trouvée pour résoudre la crise en Libye ». Précisant que  « le recours à la force devait être évité », ils se prononcent pour une solution négociée et saluent les efforts de médiation de l’Union africaine (UA) conduite justement par le président sud-africain Jacob Zuma.

Nouvelle donne géopolitique

Cette prise de position unitaire, quoiqu’encore timide, n’en marque pas moins un tournant pouvant jeter les bases d’une alliance géopolitique d’un nouveau type. Notons quand même que cette unité stratégique a cruellement fait défaut lors des votes de sécurité de l’Onu que ce soit sur le Côte d’Ivoire que sur la Libye. Les Brics y ont conduit le débat en ordre dispersé. A l’exception de l’Afrique du Sud qui avait alors voté en faveur de la résolution 1973. Les quatre autres pays avaient préféré s’abstenir. Pourtant Moscou et Pékin, membres permanents du conseil de sécurité disposent d’un droit de veto qui, utilisé, aurait immédiatement contraint à l’abandon de la résolution. Pour Pékin c’était un premier écart dans sa politique diplomatique de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays étrangers.

« Ingérence militaire »

La violence des frappes de l’Otan, la perte des victimes civiles ont poussé en quelques jours les Brics à critiquer ouvertement l’attaque militaire et ses ambitions réelles. La Chine l’a officiellement fait savoir à Nicolas Sarkozy lors de son passage à Pékin fin mars. « Les expériences passées ont déjà montré que l’intervention humanitaire n’est qu’un prétexte pour une ingérence militaire dans les affaires intérieures d’une autre nation » écrivait dans le même temps, Tang Zhichao, un spécialiste de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, dans le Quotidien du peuple.

Moins d’une semaine après le vote de la résolution le 17 mars, les Brics appelaient à un cessez le feu. Sans être entendus. La déclaration de Sanya donne à cette demande une dimension plus solennelle. « Les résolutions du Conseil de sécurité devraient être appliquées (..) en accord avec leur lettre et leur esprit », relevait  Dimitri Medvedev à l’issue du Sommet . « Nous avons essentiellement une opération militaire. La résolution ne dit rien de cela », estimait-il précisant que « sur cette question, les pays du Brics sont totalement unis ». Selon une source diplomatique, tous les dirigeants ont été catégoriques. « Ils ont tous condamné les bombardements ».

(L’Humanité)

Voir aussi : Rubrique Politique Internationale, L’Afrique du sud rejoint les BRIC, rubrique Lybie,

Pays du métissage des arts et des cultures

Festival ThéâViDa cap sur le Mexique

« Pour la première édition du festival nous avions choisi le thème du combat. Tant il n’a pas été facile de monter le projet, cette fois le thème c’est  la liberté, explique Gabrielle Gonzales. Une valeur qui n’est pas étrangère au pays invité et qui signifie aussi que nos partenaires locaux  (Mairie de Montpellier, Conseil Général et Région…ndlr) nous ont fait confiance », indique encore l’initiatrice de ThéâVida. Cette année, la seconde édition du festival latino-américain qui associe théâtre, vidéo et danse, est entièrement consacrée au Mexique. L’annulation de l’année du Mexique en France par le gouvernement mexicain, lié comme on le sait aux brillants exploits des sarkoboys de la diplomatie française, a laissé sur le carreau pas moins de 360 manifestations culturelles prévues sur toute l’année. « Nous avons dû revoir le programme et renoncer à recevoir certains invités mexicains, mais finalement nous maintenons l’objectif qui est de faire découvrir la culture contemporaine latino américaine à travers la diffusion d’œuvres et de spectacles. »

Dans divers lieux de Montpellier, la programmation propose de partir à la découverte du pays de Frida Khalo. Un hommage sera notamment rendu à cette artiste qui a joué un rôle important dans le mouvement artistique de son époque avec une lecture théâtralisée/vidéo et une table ronde en partenariat avec les éditions Actes Sud. La Cie K-Mélodie adaptera au Théâtre de la Vista le roman La Rosa Blanca de B Traven d’après une mise en scène d’Adel Hakim qui retrace la ruée vers l’or noir au début du XXe siècle. Une tragédie  d’une troublante actualité produite par le CDN du Val de Marne.

« Sa liberté, le Mexique l’a gagnée en bataillant ferme mais l’envie de gagner le « paradis » nord américain l’obsède toujours », soulignent les organisateurs du Festival. Au sein de l’Espace Kawenga, l’installation AmeXica sKin de Sylvie Marchand et Lionel Camburet dévoilera la brutalité de la zone frontalière US-Mexique. Sur le terrain pendant six mois, les deux artistes aborderont à l’occasion d’une table ronde la question : « Quelle est la portée symbolique et concrète du témoignage et de l’engagement d’un artiste ? ».  Une autre installation multimédia éclairera les pratiques rituelles des indiens Raràmuris ayant échappé à la colonisation des conquistadors grâce à leurs talents de coureurs raconte-t-on. Le festival propose tout à la fois de poser un œil nouveau sur la création mexicaine et de nous entraîner vers les contrées de son imaginaire.

JMDH

Du 12 au 17 avril programme www.theavida.com/

Voir aussi : Rubrique Festival, rubrique Mexique, L’échec du mur, rubrique Amérique Latine,

Brésil : les larmes de Lula

Penché sur un cercueil en verre, l’ancien président pleure la mort de son compagnon politique José Alencar. C’est la photo qui s’affiche à la une du journal O Globo. « Inconnu à l’étranger, Alencar était une grande figure de la scène politique au Brésil. Ancien vice-président de Lula, il avait su nouer des alliances entre partis de gauche. Et ce sont ces alliances qui ont permis à Lula de gouverner pendant huit ans avec une grande majorité au Parlement ». Alencar a lutté pendant des années contre le cancer, c’est finalement la maladie qui l’a emporté. « Toute la classe politique lui rend un dernier hommage », comme l’écrit O Estadao, à commencer par la présidente Dilma Rousseff. Elle a écourté son séjour au Portugal pour assister aux obsèques de celui que le journal brésilien appelle « un grand battant ».

Portugal : la présidente brésilienne propose une aide économique

Lors de cette visite officielle, la présidente brésilienne a proposé une aide économique au Portugal. Cette initiative est très commentée par la presse brésilienne et pour cause : l’ancien pays colonisé, devenu la septième économie mondiale, suggère de venir en aide à son ancien colonisateur, en pleine crise économique. L’hebdomadaire Carta Capital traite le sujet par la satire : « et si le Portugal devenait tout simplement une province du Brésil ?, se demande le journal de Sao Paulo. On pourrait annexer le cousin lusophone, qui, du coup, se transformerait en une partie importante du pays. Nous aurions alors 10% de Brésiliens en plus ». Et Carta Capital de poursuivre dans sa politique-fiction : « le Brésil est avec les autres grands pays émergents, la Chine, l’Inde et la Russie, le socle du nouveau pouvoir mondial. Le pont avec le Portugal permettrait aussi de redynamiser une Europe de plus en plus âgée et fatiguée ».

Achim Lippold

 

Voir aussi : Rubrique Brésil, rubrique Portugal Démission de Jose Socrates,