Hu Jintao appelle les partis non-communistes à contribuer au développement culturel

Le secrétaire général du Comité central du Parti communiste chinois (PCC), Hu Jintao, a appelé les partis non-communistes et les personnalités influentes à contribuer davantage au développement de la culture chinoise et à l’édification du « soft power » du pays.

Il s’est ainsi exprimé lors d’un récent séminaire destiné à solliciter les opinions des partis non-communistes sur la décision du Comité central du PCC d’approfondir la réforme du système culturel et de promouvoir le développement culturel. Selon un communiqué officiel , Hu Jintao a souhaité, lors du séminaire, que la sagesse et la force des travailleurs culturels issus des partis non-communistes puissent être mobilisées pour faire de la Chine une nation puissante en termes d’influence culturelle.

Les partis non-communistes et les personnalités influentes sont appelés à suivre la tendance du développement de la culture avancée socialiste et à inciter leurs membres à approfondir leur recherches sur la réforme et le développement culturels et à soumettre davantage de suggestions.

Une ligne directrice du développement culturel pour promouvoir son soft power

Les dirigeants du Parti communiste chinois (PCC) ont adopté mardi une orientation qui vise à promouvoir le soft power de la Chine et à maintenir sa « sécurité culturelle ».

Le 17e Comité central du PCC a clôturé  sa sixième session plénière et a approuvé la décision d’approfondir la réforme du système culturel et de promouvoir le développement de l’industrie de la culture. Le pays s’efforcera de consolider le sentiment d’identité et la confiance des citoyens chinois en leur culture, indique un communiqué publié à l’issue de la session.

La culture est devenue une part importante de la compétitivité générale du pays dans le monde d’aujourd’hui, selon le communiqué. La Chine fait face à la difficile tâche de protéger sa « sécurité culturelle » et prend conscience de l’urgence de renforcer son soft power et l’influence internationale de sa propre culture, souligne le communiqué.

Le président Hu Jintao considère  la culture comme une forme majeure de soutien à l’unité nationale.  Cette source de créativité qui irrigue l’industrie culturelle de la Chine jouera un rôle crucial dans le développement économique et social du pays. Le pays doit non seulement offrir à sa population une vie matérielle aisée, mais aussi une vie culturelle saine et riche, ajoute le communiqué.

Davantage de ressources seront consacrées à améliorer les services culturels publics et à accélérer la réforme de l’industrie culturelle, révèle le communiqué. De grands efforts seront déployés pour améliorer les infrastructures et les services afin que de plus en plus de gens ordinaires puissent jouir de services culturels gratuits ou plus abordables.

Le développement du secteur culturel sera incorporé dans le développement de l’économie et de la société et sera considéré comme un important indicateur pour évaluer les performances des gouvernements et des officiels, conclut le communiqué.

Xinhua

Voir aussi : Rubrique Asie, rubrique Chine, On Line Les programmes télévisés éducatifs chinois entrent sur le marché américain,

Le modèle chinois de contrôle social est en crise

 

Pékin, Correspondant – Le Parti communiste chinois (PCC) s’est longtemps vanté de l’efficacité de son mode de gouvernance, mettant en avant que la stabilité qu’il a apportée, dans un pays aussi grand et peuplé, était essentielle au décollage économique de ces trente dernières années. Aujourd’hui, ce consensus se fissure

L’outillage sophistiqué de « maintien de la stabilité » mis en place par l’Etat-parti non seulement peine à calmer les esprits – les manifestations populaires, souvent violentes, ciblent la police et les administrations, tandis que des pétitionnaires individuels se suicident ou organisent des attentats vengeurs –, mais il s’avère contre-productif, dans une société de plus en plus informée, mature et ouverte aux débats.

Les signes d’usure du modèle de gouvernance s’accumulent. Dans les régions de minorités ethniques, répression culturelle et religieuse se font au nom d’un arsenal idéologique mis au placard partout ailleurs en Chine. Dans les villes, la corruption exaspère les petites gens. Toute une bourgeoisie émergente accepte mal de ne pas avoir de prise sur les affaires qui la concernent.

Quant aux migrants des campagnes, grands perdants du miracle économique chinois, ils se réveillent, au point que la province du Guangdong, le cœur de la machine à exporter, a connu deux émeutes ces dernières semaines, un an après les grèves chez Honda et les suicides d’ouvriers de Foxconn.

Prisons noires

Si les migrants « ne sont pas absorbés dans la société urbaine et ne jouissent pas des droits qui leur sont dus, les conflits ne vont cesser de s’accumuler… Les politiques doivent faire face à la réalité pressante que la nouvelle génération de travailleurs migrants veut rester dans les villes », lit-on dans un rapport publié, mardi 14 juin, par le Centre de recherche pour le développement du Conseil d’Etat, un think tank du gouvernement chinois.

Les rouages de la « machinerie de préservation de la stabilité » ont même fait l’objet, sous ce titre, d’une grande enquête dans l’hebdomadaire libéral Caijing, le 6 juin. Une première. Divers médias avaient, ces dernières années, levé un coin du voile sur les aberrations de la politique sécuritaire, comme les « prisons noires » pour les récidivistes de la pétition. Ou encore, dans une version plus douce, les « commentateurs du Net » qui s’immiscent dans les conversations en ligne pour appeler à l’apaisement.

Les tabous se brisent. Tout un pan de la société chinoise, mais aussi du parti, milite pour une approche différente du « maintien de la stabilité » et l’abandon d’une mentalité répressive : « Dans les autres pays, ce genre d’incidents est considéré comme l’expression ordinaire des intérêts [des gens], ils participent de leurs libertés. On ne les appelle pas “incidents de masse” et il n’existe pas de concept de ‘maintien de la stabilité' », expliquait, début 2011 dans une interview au magazine Guoji Xianqu Daobao, de l’agence Xinhua, le politologue Wang Yukai, du centre de recherche China Society for Administration Reform. Il préconise de cesser de « diaboliser les incidents de masse » et de s’ouvrir à « l’idée d’un maintien normal de l’ordre social ».

Le maintien de la stabilité

La « machinerie de préservation de la stabilité » décrite par Caijing est contrôlée au sommet par le Comité politico-légal du parti, dont les extensions locales décident des verdicts dans les tribunaux, selon la ligne politique du parti. Le système est renforcé en 1991 : le maintien de la stabilité devient une « tâche de la plus haute importance ». Un « groupe de travail de la haute direction » – sa composition reste secrète – se voit octroyer « l’autorité suprême » sur les questions de stabilité. « L’office 610 » – spécialisé dans la lutte anti-Falun Gong – est créé en 1999.

Au fil des années, le système se dote d’outils plus modernes, d’évaluation des risques et de fourniture de services sociaux, notamment aux migrants. Un réseau de commissions et de bureaux de « maintien de la stabilité » se constitue à tous les échelons administratifs.

Rien qu’au niveau du canton, le plus bas en Chine, des milliers de personnes sont impliquées dans cette mission et reçoivent des budgets. Un système d’incitations financières récompense, par exemple, l’absence « d’incidents de masse » au cours de l’année. L’interception de pétitionnaires qui se rendent à Pékin a conduit, dénonce le magazine, à la création d’un véritable « marché du maintien de la stabilité », dont profitent les officiers de liaison des provinces à la capitale, mais aussi toutes sortes de « rentiers du système, d’intermédiaires ou de gangsters ».

Peur des métiers de la justice

L’externalisation de la tâche de rapatriement des plaignants vers leur lieu de résidence à des sociétés privées en est un autre exemple : l’agence Anyuanding, dont pétitionnaires et avocats ont dénoncé les pratiques violentes et illégales en 2010, fut ainsi sous contrat de 19 gouvernements provinciaux.

En primant sur tout le reste, le « maintien de la stabilité » a fait reculer la construction de l’Etat de droit, pourtant programmée dans le cadre de l’ouverture économique : « Avant les années 2003 et 2004, le président de la Cour suprême avait lancé des réformes pour consolider le statut des juges. Tout allait dans le sens d’une plus grande indépendance de la justice et d’une professionnalisation », explique au Monde He Weifang, professeur de droit à l’université de Pékin.

Mais, poursuit-il, « la plus haute direction du parti a voulu réaffirmer son contrôle sur la justice. Un recul pour les libéraux. En fait, les autorités ont eu peur des métiers de la justice ».

Brice Pedroletti (Le Monde)

Post-Maoïsme: le rendez-vous de 2012

En 2012, la Chine aura un nouveau chef d’Etat. La même année, des élections pourraient provoquer des changements de gouvernement en Corée du Sud, en Espagne, en France ou aux Etats-Unis. Mais en Chine, c’est au cours du XVIIIe congrès du Parti communiste chinois, que Hu Jintao, son actuel secrétaire général et président de la République populaire de Chine, devrait s’effacer au profit de Xi Jinping. Dans la foulée, le premier ministre Wen Jiabao laissera sa place à Li Keqiang. Quelles lignes de force traversent la Chine que la « cinquième génération » de leaders communistes s’apprête à diriger

Chose connue, le pays est aujourd’hui beaucoup plus riche qu’en 2003, lorsque Hu en devint président et que le PIB par habitant n’eût atteint que 1 274 dollars. En 2011, il devrait dépasser les 4 000 dollars, reflétant ainsi la forte croissance économique chinoise, à peine ralentie par la crise mondiale de 2008-2009. Estimé à 7 600 dollars en 2010, le PIB par habitant calculé à parité de pouvoir d’achat reste modeste : la Chine se hisse à la 126e place mondiale.

Cette somme n’est pourtant pas sans signification : aujourd’hui, le « Chinois moyen » dispose d’une capacité de consommation supérieure à celle du citoyen des marges de l’Union européenne (l’Ukrainien ou l’Algérien, par exemple). De plus, cette moyenne cache d’importantes disparités internes : si l’habitant du Guizhou (province la plus pauvre) n’est guère mieux loti que le Vietnamien, le revenu du Cantonais atteint la moyenne mondiale tandis qu’à Shanghai (municipalité la plus aisée) la richesse par habitant talonne celle de l’Estonie, membre de la zone euro. Quant à la région administrative spéciale de Hong-Kong, son PIB par habitant à parité de pouvoir d’achat dépasse celui de la France de 38 %.

La direction politique qu’a tenté de faire prendre Hu Jintao à son pays est résumée par le slogan de la « société harmonieuse », véritable parapluie idéologique abritant tous ses grands projets (lutte contre les inégalités sociales et la corruption, rééquilibrage de la croissance des zones côtières vers les terres de l’intérieur et construction d’une « économie verte »).

Difficile de dire si la société chinoise est davantage « harmonieuse » aujourd’hui qu’à l’époque de son prédécesseur. Les nombreux scandales de corruptions mis à jour n’ont-ils pas davantage répondu à des intérêts politiques qu’à une volonté de moralisation (on pense à l’homme fort de Shanghai, Chen Liangyu, potentiel concurrent politique de Hu, condamné à 18 ans de prison en 2008) ?

Les avancées indéniables dans le domaine des énergies renouvelables (la Chine est aujourd’hui leader industriel mondial en éoliennes et en panneaux solaires) n’entrent-elles pas en contradiction avec la continuation de la politique néo-stalinienne de grands travaux aux impacts négatifs sur l’environnement (entrée en fonction du barrage des Trois-Gorges en 2009, multiplication des projets de barrages au Sichuan et au Tibet, projet de détournement à partir de 2014 d’une partie des eaux du Yangtsé vers le fleuve Jaune) ?

La lutte contre les conditions de travail indignes a enregistré quelques succès, mais les 15 000 morts par an du fait d’accidents du travail ne troublent-ils pas l’harmonie de la société chinoise davantage que quelques blogueurs ? De fait, aucune avancée sensible sur le terrain des libertés publiques n’est à mettre au crédit de Hu (arrestations arbitraires, bridage d’Internet et harcèlement policier d’opposants ont été renforcés).

Hu s’est également illustré dans la répression des minorités. Récemment, le mécontentement de populations minoritaires a généré des manifestations réprimées par l’Etat : au Tibet en 2008, au Xinjiang en 2009 et en Mongolie intérieure en 2011. L’Etat chinois cherche à intégrer ses marches par l’afflux de colons Han, rendant les populations locales minoritaires sur leurs propres terres (seuls 17 % des habitants de Mongolie intérieure sont Mongols) . Pour l’Etat chinois, ces régions sont cruciales : additionnés, le Tibet historique, le Turkestan oriental et les zones mongoles représentent près de la moitié de la superficie de l’Etat chinois actuel. De plus, le Tibet constitue une formidable réserve hydraulique, le Xinjiang produit du gaz naturel et la Mongolie intérieure est riche en charbon, trois ressources dont la Chine industrialisée est toujours plus friande.

A cela s’ajoutent les avantages en termes de profondeur stratégique que ces territoires apportent à la Chine, notamment face à l’Inde et à la Russie, dans une perspective de compétition régionale accrue. Il est donc improbable que Pékin fasse prochainement la moindre concession politique aux autonomistes tibétains ou ouighours.

La « cinquième génération de dirigeants » qui s’apprête à accéder au pouvoir se structure autour de deux principaux courants. Le premier est celui des « petits princes », tels le futur président Xi Jinping, fils de figures historiques du Parti, dont les pères furent compagnons de Mao. Portés sur les fonds baptismaux par la « clique de Shanghai » de l’ancien président Jiang et parfois accusés d’être de vulgaires captateurs d’héritage, certains « petits princes » tentent de se donner une légitimité politique en ranimant une ligne politique néo maoïste, comme Bo Xilai (maire de Chongqing), qui a réimposé les chants révolutionnaires dans les média locaux, écoles et administrations.

L’autre grande « faction » est celle dite de la Ligue des jeunesses communistes. Elle se compose de personnalités au profil plus technocratique, cadres de cette organisation dans les années 1980. Hu Jintao et son protégé, le futur premier ministre Li Keqiang, en font partie. Ce groupe développerait des idées plus réformistes que le premier, ce qui est à nuancer au regard du bilan répressif de Hu Jintao. Quelle que soit leur affiliation, les dirigeants communistes de Chine (qui fêtent cette année les 90 ans du Parti à grand renfort de propagande) ont comme objectif commun de conserver le pouvoir en maintenant sous le boisseau les « contradictions sociales saillantes » (en clair : les mouvements de protestation) dénoncées lors du Politburo du 30 mai.

Les réactions unanimement indignées des responsables gouvernementaux (y compris les « réformateurs ») lors de la remise du prix Nobel de la paix au dissident emprisonné Liu Xiaobo indiquent bien la faible volonté des élites de mettre en œuvre de véritables réformes politiques.

Le 3 avril, l’artiste contemporain et critique du pouvoir Ai Weiwei était arrêté à l’aéroport de Pékin, en dehors de toute procédure judiciaire. Il est toujours détenu aujourd’hui, dans un lieu maintenu secret. Le 21 juin 2009, il publiait sur Twitter l’opinion suivante : « Dans ce pays, la tyrannie prive les gens ordinaires non seulement de leur droit à la vie mais également du droit d’exprimer leurs opinions, du droit de questionner, du droit de se renseigner et du droit de savoir. Rien n’arrêtera les autorités dans leur destruction de ceux qui luttent pour acquérir ces droits. »

Paradoxe : en 2012, Taïwan – que Pékin persiste à considérer comme une « province renégate » – se choisira un président au cours d’élections libres et transparentes. Preuve vivante que, lorsqu’ils en ont l’opportunité, les Chinois sont aussi aptes que n’importe quel peuple à jouer le jeu démocratique.

Les « contradictions sociales » hypocritement redoutées par le Politburo pourraient se résoudre si le Parti consentait à ouvrir le champ démocratique. Une chose est certaine : son congrès de 2012 ne fera aucune avancée en ce sens.

Yidir Plantade (Le Monde interactif)

 

Voir aussi : Rubrique Chines, Le cours du Yuan en hausse, Rubrique Montpellier, Le jumelage Montpellier et Chengdu,

BRICS: La voix des émergents se fait entendre sur la Libye

Jusque là, on les attendait sur un créneau économique. Réunis jeudi à Sanya sur l’île chinoise de Hainan, les Brics, sigle acronyme des grands pays émergents de la planète – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- ont trouvé une voix commune pour exprimer leur opposition à l’intervention militaire en Libye. (A lire: Obama, Cameron et Sarkozy sortent du cadre de l’ONU)

Le président chinois Hu Jintao, ses homologues brésilien Dilma Rousseff, sud-africain Jacob Zuma, russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre indien Manmohan Singh ont envoyé un message clair à l’Occident  et à ses principaux ténors dont la France qui mènent l’offensive. Ils demandent dans leur communiqué final « qu’une solution négociée soit trouvée pour résoudre la crise en Libye ». Précisant que  « le recours à la force devait être évité », ils se prononcent pour une solution négociée et saluent les efforts de médiation de l’Union africaine (UA) conduite justement par le président sud-africain Jacob Zuma.

Nouvelle donne géopolitique

Cette prise de position unitaire, quoiqu’encore timide, n’en marque pas moins un tournant pouvant jeter les bases d’une alliance géopolitique d’un nouveau type. Notons quand même que cette unité stratégique a cruellement fait défaut lors des votes de sécurité de l’Onu que ce soit sur le Côte d’Ivoire que sur la Libye. Les Brics y ont conduit le débat en ordre dispersé. A l’exception de l’Afrique du Sud qui avait alors voté en faveur de la résolution 1973. Les quatre autres pays avaient préféré s’abstenir. Pourtant Moscou et Pékin, membres permanents du conseil de sécurité disposent d’un droit de veto qui, utilisé, aurait immédiatement contraint à l’abandon de la résolution. Pour Pékin c’était un premier écart dans sa politique diplomatique de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays étrangers.

« Ingérence militaire »

La violence des frappes de l’Otan, la perte des victimes civiles ont poussé en quelques jours les Brics à critiquer ouvertement l’attaque militaire et ses ambitions réelles. La Chine l’a officiellement fait savoir à Nicolas Sarkozy lors de son passage à Pékin fin mars. « Les expériences passées ont déjà montré que l’intervention humanitaire n’est qu’un prétexte pour une ingérence militaire dans les affaires intérieures d’une autre nation » écrivait dans le même temps, Tang Zhichao, un spécialiste de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, dans le Quotidien du peuple.

Moins d’une semaine après le vote de la résolution le 17 mars, les Brics appelaient à un cessez le feu. Sans être entendus. La déclaration de Sanya donne à cette demande une dimension plus solennelle. « Les résolutions du Conseil de sécurité devraient être appliquées (..) en accord avec leur lettre et leur esprit », relevait  Dimitri Medvedev à l’issue du Sommet . « Nous avons essentiellement une opération militaire. La résolution ne dit rien de cela », estimait-il précisant que « sur cette question, les pays du Brics sont totalement unis ». Selon une source diplomatique, tous les dirigeants ont été catégoriques. « Ils ont tous condamné les bombardements ».

(L’Humanité)

Voir aussi : Rubrique Politique Internationale, L’Afrique du sud rejoint les BRIC, rubrique Lybie,

Le président chinois en visite d’Etat à Washington

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Le président chinois Hu Jintao a entamé  mardi une visite de quatre jours aux Etats-Unis. A l’ordre du jour des discussions avec le président américain Barack Obama, des questions telles que la suprématie du dollar et l’importance croissante de la puissance militaire chinoise.

Dr. Obama and Mr. Hu

Basketteur de 2,30 mètres, Yao Ming, vedette des Houston Rockets, a été choisi par Shanghai Lintas Advertising pour être la guest star d’une campagne de publicité lancée aux Etats-Unis, mardi 18 janvier, au moment où le président chinois Hu Jintao devait y commencer sa première visite d’Etat. Objectif : « Promouvoir vigoureusement le développement et la prospérité de la culture socialiste et de notre soft power national », selon les propos d’un employé du Bureau d’information du Conseil d’Etat chinois, commanditaire de l’opération.

Il n’est pas certain que les Américains, quelle que soit la qualité du spot, seront sensibles à ses appâts. Pas seulement parce que, en choisissant Yao Ming, les Chinois montrent combien ils restent éloignés de leur quotidien : star absolue dans l’empire du Milieu, ce basketteur régulièrement blessé voit sa notoriété fondre aux Etats-Unis. Surtout, en ces temps difficiles, cette campagne a peu de chances d’enrayer une sinophobie de basse intensité alimentée par un sentiment diffus du déclin de leur pays associé, dans beaucoup d’esprits américains, à un irrésistible ascendant de la Chine qui suscite de multiples débats et… des fantasmes irrationnels.

Le centre de recherches Pew a ainsi diffusé, mercredi 12 janvier, la dernière version d’un sondage annuel. A la question : « Quelle est la première puissance économique au monde ? », 47 % des sondés répondent « la Chine », 31 % seulement leur propre pays ! Avant l’effondrement financier de 2008, l’opinion plaçait les Etats-Unis nettement devant, à 41 %, contre 30 % seulement à la Chine. Ce basculement reflète les traces profondes laissées par la crise et la « wal-martisation » du pays : de plus en plus d’Américains paupérisés constatent que les produits les moins chers sont souvent étiquetés « made in China ». Ils concluent que celui qui leur permet si massivement de s’habiller et de se meubler est devenu le plus fort. Ils ont tort, évidemment : la Chine reste loin des Etats-Unis en termes de richesse. Mais en fantasmant une superpuissance économique chinoise, les Américains accréditent l’idée de leur propre déclin.

Les « anti-déclinistes » rappellent que ce n’est pas une première. Dans les années 1980, une blague parcourait le pays. Que ferait Washington si la troisième guerre mondiale éclatait ? Réponse : d’abord, bombarder Pearl Harbour ! A l’époque, en plus de Columbia et du Rockefeller Center, les Américains voyaient les Nippons acheter tout Hawaï. Leur économie paraissait invincible. Aujourd’hui, personne ne s’en souvient ; ni de la nippophobie qui l’accompagna. Les « anti-déclinistes » notent que, pareillement, la hantise de la Maison Blanche et du Congrès vis-à-vis du « yuan dévalorisé » est un faux débat. L’appréciation de la devise chinoise de 5 % aurait un impact sur le PIB américain de « 0,00 quelque chose », nous disait récemment Jan Hatzius, chef économiste de Goldman Sachs.

De même contestent-ils la réalité du déséquilibre commercial sino-américain. Les vieux critères de calculs, disent-ils, sont devenus inopérants. Un exemple : catalogué made in China, l’iPhone pèse officiellement pour 1,9 milliard de dollars dans le déficit commercial américano-chinois. Or des chercheurs de Palo Alto ont calculé qu’en réalité la Chine n’entre que pour 3,6 % dans sa valeur (elle ne fait que l’assembler). Certes, les Etats-Unis ne font pas beaucoup mieux (6 %), mais les entreprises japonaises y contribuent pour 34 %, les allemandes 17 %, les sud-coréennes 13 %, etc. Assimiler l’iPhone à un « produit chinois » est donc un leurre. La Chine, combien de prix Nobel scientifiques ? demandent-ils encore (la réponse est : zéro).

Ces voix notent avec satisfaction que le secrétaire au Trésor, Tim Geithner, dans son dernier discours, a minoré la question du yuan pour insister sur des thèmes plus importants : la fin des « pratiques qui violent les engagements internationaux » (vol de propriété intellectuelle, rétro-ingénierie et copiage des brevets systématique, protection de « l’innovation autochtone »…), et l’amélioration de la demande intérieure chinoise. Ces enjeux – avec le recul de la domination stratégique des Etats-Unis – alimentent aussi la vision « décliniste », que Gideon Rachman résume ainsi dans le dernier Foreign Policy : « Le déclin américain, on connaît la rengaine. Sauf que cette fois c’est différent. » L’argumentaire de ce camp apparaît à l’opinion plus convaincant parce que plus simple : alors que l’influence globale des Etats-Unis recule, celle de la Chine, même si elle en reste loin, progresse – et à un rythme plus rapide que prévu.

La sortie prochaine d’un avion de ligne et d’un porte-avions chinois est venue renforcer ces craintes. D’autant que le régime de Pékin instille chez les Américains un doute quasi identitaire. Liberté et initiative individuelle sont les mamelles de la prospérité, clame leur doxa officielle. Or le capitalisme rouge, dominé par un Etat planificateur et antidémocratique, s’avère économiquement plus efficace. Au sortir de la crise, alors que la Réserve fédérale prévoit 3,4 % de croissance aux Etats-Unis en 2011, à Pékin, l’agence de planification économique table sur 8 % (après 10,1 % officiels en 2010). L’agence de planification ? Brrr… C’est dans ce pays désorienté que débarque Mister Hu. Au docteur Obama, Henry Kissinger conseille dans le Washington Post de ne pas oublier ces évidences : « L’exceptionnalisme américain considère naturel de conditionner son attitude vis-à-vis d’autres sociétés à leur acceptation des valeurs américaines. (…) En situation de blocage, les négociateurs américains deviennent agités et impatients… » Avec les Chinois, ce n’est pas la bonne méthode, juge l’homme qui a procédé aux retrouvailles historiques avec la Chine de Mao.

Sylvain Cypel (Lettre de Wall Street Le Monde)

Le président Hu Jintao . Photo AP

Le président Hu Jintao . Photo AP

Le président Hu Jintao lance une proposition en cinq point

Le président chinois Hu Jintao, en visite d’Etat aux Etats-Unis, a lancé jeudi une proposition en cinq points pour promouvoir le développement des relations sino-américaines.

Le président Hu a exposé sa proposition durant un discours prononcé lors d’un déjeuner d’accueil offert en son honneur par des associations d’amitié aux Etats-Unis.

« Du fait de la situation internationale complexe et mouvante ainsi que des divers risques et enjeux, les peuples de nos deux pays devraient renforcer la coopération et oeuvrer de concert avec les peuples du monde entier pour partager les opportunités, relever les défis et construire un meilleur avenir pour l’humanité », a indiqué M. Hu.

Durant la première décennie de ce siècle, la Chine et les Etats-Unis ont accompli d’importants progrès dans l’établissement de relations positives, coopératives et globales pour le 21e siècle. Les relations sino-américaines ont atteint une ampleur et une profondeur sans précédent, selon le président chinois.

« Nous sommes totalement confiants sur les perspectives des relations sino-américaines. J’aimerais proposer les mesures suivantes pour renforcer la croissance solide et stable de nos relations », a dit le président chinois.

Premièrement, il faudrait garder à l’esprit les intérêts généraux, adopter une perspective de long terme et mener des efforts actifs pour promouvoir le partenariat de coopération sino-américain, a indiqué M. Hu.

Les deux parties devraient considérer et traiter les relations bilatérales d’un point de vue global en s’adaptant aux tendances de notre époque.

« Nous devons maintenir nos relations sur la voie de l’égalité, du respect et de la confiance mutuels, du bénéfice réciproque et du développement commun. A cette fin, nous devons accroître les échanges de haut niveau, approfondir et élargir les communications à tous les échelons, mieux comprendre les intentions stratégiques et les voies de développement de l’autre, et renforcer la confiance mutuelle, disperser les malentendus et construire un consensus », a-t-il ajouté.

Deuxièmement, il faudrait profiter des opportunités et prendre des mesures innovatrices pour établir un nouveau modèle de coopération économique mutuellement bénéfique. La Chine et les Etats-Unis procèdent tous deux à une restructuration économique, accroissent leurs investissements dans la protection environnementale, dans les énergies renouvelables et l’innovation technologique, et promeuvent le développement de la santé, de l’éducation et d’autres programmes sociaux, a indiqué le président chinois.

« Tout cela nous offre de nouvelles opportunités pour promouvoir de nouveaux domaines de coopération économique », a estimé M. Hu.

Troisièmement, il faudrait intensifier la communication et les consultations et approfondir la coordination et la coopération entre les deux parties pour traiter les défis globaux ainsi que les principales questions internationales et régionales, a-t-il continué.

La Chine et les Etats-Unis devraient poursuivre la coopération globale en tant que partenaires pour assumer les responsabilités communes et relever les défis communs, a ajouté M. Hu.

Quatrièmement, il faudrait approfondir l’amitié et promouvoir vigoureusement les échanges d’amitié entre les divers secteurs des deux pays. Le développement des relations sino-américaines repose sur le large soutien et la participation active des peuples des deux pays.

« Nous devons élaborer un bon programme d’échanges et de coopération dans les domaines de la culture, de l’éducation, de la science et de la technologie, entre autres, et encourager davantage de dialogue et d’échanges entre les institutions législatives, les autorités locales, les entreprises, les institutions universitaires, les médias et d’autres secteurs encore, pour que de plus en plus de personnes soutiennent une relation américaine solide et s’engagent de manière active dans cette grande cause », a déclaré le président Hu.

Cinquièmement, il faudrait se comporter l’un envers l’autre avec respect, en se traitant d’égal à égal, et régler les questions majeures et sensibles de manière appropriée.

« Les questions relatives à Taiwan et au Tibet touchent à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de la Chine, et elles représentent les intérêts fondamentaux de la Chine. Nous espérons que la partie américaine honorera ses engagements et travaillera avec nous pour préserver les progrès réalisés dans nos relations », a-t-il souligné.

« La Chine et les Etats-Unis diffèrent en matière d’histoire, de culture, de système social et de niveau de développement. Il est donc normal que nous rencontrions des désaccords et frictions », a ajouté M. Hu.

« Nous devons renforcer la confiance mutuelle, relever les obstacles existants et travailler de concert pour construire un partenariat de coopération sino-américain basé sur le respect mutuel et le bénéfice réciproque », a-t-il déclaré.

Le président chinois est arrivé mardi dernier à Washington pour une visite d’Etat de quatre jours aux Etats-Unis. La visite a pour objectif de renforcer les relations positives, coopératives et globales entre la Chine et les Etats-Unis.

Xinjua

Revue de presse européenne

La presse européenne estime que les Etats-Unis ont retrouvé un adversaire à leur niveau.

La Vanguardia – Espagne

Avant de se rendre à Washington, le président chinois Hu Jintao a critiqué la politique monétaire américaine. La Chine est en passe de devenir une puissance équivalente aux Etats-Unis, estime le quotidien La Vanguardia : « Hu Jintao ne vient pas seulement en tant que président d’une puissance émergente, mais aussi en tant que banquier non-négligeable qui a déjà pratiquement racheté un billion de dollars de titres de créance américains. La politique post-maoïste a été une réussite et représente un défi pour le statut actuel de superpuissance unique des Etats-Unis. … On peut résumer cette réussite à la capacité de la Chine à établir une situation de dépendance réciproque avec les Etats-Unis. Celle-ci  correspond à l’équilibre de la terreur pendant la guerre froide entre l’Union soviétique et les Etats-Unis. » (18.01.2011)

Süddeutsche Zeitung – Allemagne

Le président chinois Hu Jintao, avant sa visite aux Etats-Unis cette semaine, a critiqué la suprématie du dollar. Si la Chine privait le dollar de son statut de devise mondiale, cela serait un bienfait pour le monde, estime le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung : « Le monde n’a pas besoin de monnaie dominante pour s’assurer un ancrage solide, que celle-ci soit américaine ou chinoise. La crise financière a montré les risques encourus lorsqu’un Etat qui dispose d’une devise trop puissante s’enflamme. Les Etats-Unis ont pu s’endetter effrontément car le monde entier avait besoin du dollar pour payer. La bulle a désormais éclaté. La Chine sort renforcée de la crise et l’Europe va se ressaisir. L’économie mondiale est suffisamment grande pour plusieurs monnaies internationales. D’un point de vue historique, cela n’a rien d’original. Avant 1914, la livre britannique, le franc français et le mark allemand se partageaient le rôle de monnaie internationale. Le dollar, l’euro et le yuan pourraient se répartir cette tâche aujourd’hui. L’économie mondiale du XXIe siècle est dominée par plusieurs puissances. Il n’y a aucune raison que cela ne soit pas aussi le cas sur le marché des devises. » (18.01.2011)

Jornal de Negócios – Portugal

La visite d’Etat du président chinois aux Etats-Unis sera probablement l’occasion de porter un nouveau sujet à l’ordre du jour, écrit l’économiste Zhang Wei dans le journal économique Jornal de Negócios, à savoir « la puissance militaire croissante de la Chine et son influence sur l’espace Asie-Pacifique. … La position de la Chine à l’égard du dialogue militaire sino-américain reste confuse. Malgré ses réticences à mener un dialogue stratégique avec les Etats-Unis, la Chine semble vouloir appeler de ses vœux l’attention des Etats-Unis sur sa puissance militaire croissante. … L’histoire nous montre qu’une puissance militaire émergente entre inévitablement en conflit avec une puissance militaire existante s’il n’y a pas de dialogue régulier et efficace entre les deux. Dans ce cas, la revendication chinoise d’une ascension pacifique sonnerait creux. La Chine, l’espace Asie-Pacifique et le monde dans sa globalité auraient tout à y perdre. » (17.01.2011)

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La Chine traduit ses paroles en actes avec un cours du yuan en hausse

Conformément à ses engagements du week-end, la Chine a introduit une première dose de souplesse dans son système de taux de change, avec un cours pivot du yuan en nette hausse face au dollar mardi, à quelques jours de l’ouverture du sommet du G20.

La Banque centrale a fixé un cours pivot de 6,7980 yuans contre le dollar, après 6,8275 lundi –soit une hausse du yuan de 0,43%. Ce cours représente le seuil autour duquel la monnaie chinoise fluctue quotidiennement, dans une limite de plus ou moins 0,5% en ce qui concerne le dollar. Il est basé sur la moyenne des taux évalués par des teneurs de marché mais reste déterminé par la Banque centrale, qui a averti dimanche qu’elle continuerait de privilégier la stabilité de sa monnaie. La veille, l’institut avait aussi affirmé son intention de poursuivre la réforme de son taux de change et d’insuffler plus de souplesse au système.

 Pour les analystes, Pékin a assorti ses promesses de son premier geste concret mardi, sans pour autant lâcher la bride ni être prêt à une appréciation trop forte pour le bien-être de ses exportateurs. « La Chine a soutenu ses paroles par des actions et le président Hu (Jintao) va arriver à Toronto avec la preuve tangible que le pays est sérieux sur la question d’une souplesse accrue du taux de change », a commenté Brian Jackson de Royal Bank of Canada, qui prévoit des gains « limités » et néanmoins « significatifs » face au dollar dans les prochaines semaines.

Nombre d’analystes avaient estimé que les déclarations de la Banque centrale visaient à apaiser les critiques étrangères avant le sommet du G20 de Toronto (26 et 27 juin). Les partenaires commerciaux de la Chine, surtout les Etats-Unis, ont renouvelé leurs pressions ces derniers mois en faveur de l’appréciation du yuan. Ils fustigent sa sous-évaluation, estimant qu’elle baisse artificiellement le prix des exportations de la Chine et induit des déséquilibres dans l’économie mondiale.

Les annonces de la Banque centrale ont aussi été considérées comme le signe que le yuan allait de nouveau pouvoir s’apprécier face au dollar, après deux ans de stagnation. Cela a propulsé la monnaie chinoise sur le marché interbancaire lundi à son plus fort niveau contre le dollar depuis la réforme du sytème chinois de taux de change de juillet 2005, qui avait désarrimé le yuan du dollar pour l’adosser à un panier de devises.

« Nous nous attendons à des mouvements d’envergure, dans les deux sens, avec un déplacement global vers un yuan plus fort. Mais le G20 terminé, le rythme d’appréciation devrait se ralentir », a estimé Mark Williams, de Capital Economics dans une note. Mardi, sur le marché interbancaire, le yuan s’est tout d’abord encore renforcé avant de retomber à 6,82 contre le dollar, en raison, selon l’agence Dow Jones Newswires, d’une forte demande pour la monnaie américaine. L’agence fait état de spéculations selon lesquelles des banques chinoises, à l’origine de cette demande de dollars, auraient pu être encouragées par la Banque centrale, décidée à montrer qu’un taux de change plus souple veut dire des mouvements dans les deux sens.

Le fait est que le yuan profite depuis lundi de l’amplitude de la bande de fluctuation, après ses mouvements étriqués des deux dernières années, qui l’ont vu de facto re-chevillé au billet vert. Et en fixant mardi un cours pivot au niveau de la clôture la veille sur le marché interbancaire, « les autorités ont confirmé qu’elles avalisaient » les mouvements vers le haut de la bande de fluctuation, a souligné Mitul Kotecha, analyste de Crédit agricole à Hong Kong. « Mais il n’y aura pas de mouvement d’appréciation agressif d’ici à la fin de l’année ».

AFP