Christopher Crimes : « Une vraie menace plane sur la création en Europe »

Nommé par André Vezinhet Christopher Crimes est directeur du Domaine d’O depuis 2009. Il a participé à l’ouverture d’équipements culturels reconnus Le Quai d’Angers, La Filature de Mulhouse, ou la Maison de la culture du Havre …. Créatif, Christopher Crimes aime les symboles. Au cours de sa carrière, il a développé un vaste réseau au niveau européen.

Pouvez-vous évoquer les  grands axes de votre partition d’hiver…


« Nous poursuivons le parcours de découvertes dans le domaine de la création étrangère européenne, en accueillant Grace Ellen Barkey du collectif Needcompany basé à Bruxelles, tg Stan installé à Anvers ou encore l’artiste associée suisse Gisèle Sallin et le théâtre des Osses. La Belgique et la Suisse partagent certaines similitudes dans les esthétiques mais aussi une belle diversité. La question de l’identité constitue un autre axe de cette saison  avec le  spectacles Invisible de Nasser Djemaï que nous avons accueilli en résidence l’année dernière et Nous habitons ici, une rencontre théâtrale qui évoque tous les peuples qui sont en nous, proposée par l’artiste associé François Cervantes. Nous suivrons aussi la volonté d’approfondir la notion de conflit. D’évoquer à notre façon ce que l’on ressent en tant que citoyens dans ce monde plutôt malade. Dans cette idée de clarification nous reprenons le spectacle Radio Clandestine, mis en scène par Dag Jeanneret. Nous accueillons aussi Jean-Claude Fall pour une lecture du texte de Falk Richter « Le système » qui aborde les imbrications de la politique américaine avec le pouvoir de la finance.

Vous recentrez l’intérêt sur l’humain en vous éloignant des grands thèmes qui portaient votre volonté initiale comme l’Europe ou l’écologie qui sont aujourd’hui dans une impasse politique ?

Ces thèmes demeurent dans les strates de l’action que nous conduisons. En 2012, nous défendrons des projets autour du changement climatique. Mais en ces temps de grande incertitude, je pense en effet qu’il est important de se rapprocher des gens, de la façon dont ils vivent, de leurs préoccupations… Notre fête de fin d’année tournera autour des années 30, une période de crises, de conflits et d’appauvrissement de la population qui présente des similitudes avec notre époque. C’était en même temps un moment où les gens éprouvaient le besoin de faire la fête. Nous avons limité les entrées à 600 personnes pour vivre un moment créatif et conviviale en toute simplicité. C’est l’antithèse des réseaux sociaux, nous voulons permettre aux gens de partager et d’être ensemble.

Stan’s café, la compagnie anglaise associée au Domaine d’O est une des victimes de la crise ?

Oui nos amis ne peuvent plus travailler en Angleterre où la crise frappe de plein fouet les artistes. Ils n’ont pas pu monter de création cette année et doivent faire des animations scolaires pour survivre.

Comment la  crise financière et politique de l’UE impacte-t-elle la culture qui n’était déjà pas une de ses priorités ?

Il y a une vrai menace qui se fait sentir aussi aux Pays-bas et en Allemagne où l’on assiste à des coupes budgétaires qui ont lieu sans discernement. Cette année, on a imposé d’un coup au plus grand théâtre de Rotterdam d’arrêter toute production. Il ne font plus que de la diffusion. Dans certains pays on a tendance à réduire la culture à des spectacles populaires, voir populistes. Un peu comme si on se mettait ici à subventionner les spectacles de variétés commerciales. Ce n’est pas  le rôle des établissements publics.

L’UE a réalisé d’importants investissements dans le domaine culturel. Notamment à travers le programme des capitales de la culture européenne. Cela a profité à certaines villes. Dans d’autres cas les investissements n’ont pas toujours été bien employés. A Glasgow la ville a placé la culture au cœur de sa politique de régénération urbaine, économique et sociale. C’est aussi une réussite à Lille où Martine Aubry a eu l’intelligence de jouer la continuité avec Lille 3000.

Le domaine d’O est aussi un lieu de recherche. Quelles sont les expériences qui ont marché et celles qui n’ont pas abouti ?

Lors de mon arrivée un peu précipitée, je n’avais pas tous les moyens de compréhension. Je me suis rendu compte depuis, que mon objectif d’ouvrir vers de  nouveaux publics n’était pas forcément bien entré dans les esprits des spectateurs. Je me suis mis à l’écoute en découvrant parallèlement la richesse créative du territoire. Sans dévier du projet artistique nous sommes passés à un taux de remplissage de 85% pour la deuxième saison.

Pour les créations, j’invite des artistes. Je passe du temps, j’observe, j’accompagne différentes étapes dans la durée. A la fin, on fait le point ensemble et je prends la décision de poursuivre ou pas le projet. Ce qui n’a pas suffisamment marché, ce sont les rencontres du dimanche présentant des aspects scientifiques ou patrimoniaux. Nous les poursuivons cette année mais à un rythme mensuel. Il y a également de la philosophie, des lectures dramatiques ou poétiques, de la chanson et des spectacles jeunes publics ponctués d’ateliers pour découvrir l’envers du spectacle. Cet ensemble orienté vers le public réserve d’étonnantes rencontres. Le premier rendez-vous est fixé au 23 septembre avec la nuit des chercheurs où il sera question de vie et de fin du monde ! »

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Voir aussi :  Rubrique Politique culturelle, rubrique Festival,   rubrique Rencontre, Olivier Poivre d’ArvorJérome Clément,

Bernard Pasobrola : « J’évoque l’aspect ridicule du pouvoir « 

Pasobrola. Photo Rédouane Anfoussi

Rencontre. L’écrivain montpelliérain Bernard Pasobrola revient sur la scène littéraire en trempant sa plume lucide et décapante dans le grand noir.

Bernard Pasobrola a été libraire à Grenoble puis à Bruxelles avant d’effectuer une longue migration au Portugal où il a exercé la profession de plasticien indépendant. Il vit actuellement à Montpellier. Il a publié plusieurs romans*. Il collabore avec diverses revues comme Temps Critiques ou La Revue des Ressources et traduit des ouvrages de philosophie et de linguistique américains.

Après dix années de silence, comment les Katz sont revenus dans Mortelle hôtesse ?

Le roman est parti de ce couple infernal. Humbert Katz, un vieux désabusé, en décalage avec le monde d’aujourd’hui qui se retrouve plongé dans ce qu’il y a de plus pointu grâce à sa fille, une jeune scientifique douée. A l’inverse de son père, Nora est totalement à l’image de son époque. Elle est pleine de piercing et de certitudes. Elle n’a peur de rien. Cette confrontation générationnelle mais aussi entre la foi religieuse et scientifique, figurait comme le point de départ de L’Hypothèse de Katz. Dans ce livre, qui n’était pas un roman noir, Humbert est pris d’un délire de persécution. Moi, je ne savais pas si c’était vraiment fondé et je ne voulais pas trancher là dessus. Il se trouve que le bouquin a été plutôt apprécié par les amateurs de polar. Comme l’indécision finale qui plane ne leur convenait pas, un certain nombre d’entre eux m’ont demandé une suite. C’est ainsi que je me suis lancé  dans Mortelle hôtesse en adoptant les codes du noir.

Comment s’est effectuée cette transition du genre ?

On peut classifier les stéréotypes d’un genre, mais je ne vois pas de vraie frontière entre le roman noir et la littérature, dite blanche. Il y a des romans noirs truffés de pathos dont l’ancrage social est faible. D’autres romans dits de littérature générale sont d’excellents roman noirs. C’est le cas de certains romans de Kundera, La valse des adieux par exemple, qui est d’une rare noirceur. Je pense que ce qui est bon échappe au contrôle des genres. Aujourd’hui, le problème des auteurs n’est pas un problème de genre mais de lectorat.

Au-delà des conventions du genre, quelle a été votre démarche pour parvenir à cette forme stylistique très aboutie ?

Le livre a sa propre mécanique. Je l’ai écrit en 2003, durant la canicule, dans un flux que je ne maîtrisais pas. Il comporte un certain nombre d’aspects scientifiques et techniques. Ayant essuyé quelques péripéties éditoriales, j’ai eu le temps de travailler le style, de le fluidifier. C’est assez difficile, dans un roman d’action, on n’attend pas de grandes discrétions sur la couleur des falaises mais tout ne tient pas non plus au basique…

A travers les visions froides et lucides que vous donnez du pouvoir, vous renouez avec une forme de réalisme, les longues descriptions en moins. Ce qui ne manque pas d’interpeller le lecteur sur notre époque…

Je m’intéresse à la biologie depuis longtemps. Rien ne m’étonne. La thérapie génique a déjà fait le lien entre les neurones et l’électronique. J’essaie d’anticiper un tout petit peu. Mais dans le rapport homme machine, tout est déjà canalisé. La marchandisation du corps ne relève pas de la fiction. Partout, on assiste à la transcendance de la technique. A partir du moment où il y a une médiation technique, elle prend le dessus. Il faut que l’on en trouve un usage soit commercial soit à travers un prestige convertible plus tard en termes financiers. Tout cela n’est pas apparent. Le livre met en relief l’aspect éminemment ridicule du pouvoir et de beaucoup de choses considérées comme respectables. Nous sommes dans un monde où les réseaux de puissance sont devenus extrêmement polymorphes, et n’ont de comptes à rendre à personne. C’est la victoire totale du capital. Il n’y a plus de différence entre réseaux légaux et illégaux. »

Recueilli par Jean-Marie Dinh

*Au diable vos verres  (ed. Séguier),  Le singe et l’architecte (ed. Séguier),  L’Hypothèse de Katz  (ed. Denoël) et  Mortelle hôtesse  (éd. La vie du Rail 2011).

Rien ne va plus, faites vos jeux…

Roman noir. C’est l’atmosphère d’un monde sans politique qui fonde la silencieuse et angoissante toile de fond du roman d’action « Mortelle hôtesse ».

Richard Meyer, salarié d’une officine privée qui donne dans le renseignement assiste à la mort de son collègue Gro sous la Manche. A bord du TGV Paris-Londres il fait aussi la connaissance de Nora, une jeune et brillante chercheuse à la recherche de son père Humbert Katz. L’homme pourrait avoir été kidnappé et retenu dans une clinique de thérapie génique. Il n’en faut pas moins pour convaincre le pessimiste réaliste,  Richard Meyer de se lancer sur la piste escarpée des intérêts de l’industrie pharmaceutique. Habitué à nager en eaux troubles, il parvient à tisser un lien entre les événements et une mystérieuse épidémie de cécité qui frappe le milieu fermé des diamantaires d’Anvers. Débute une course à tombeau ouvert où le lecteur traverse un tissu d’intrigues en empathie avec ce personnage désabusé d’un long voyage dans les arcanes du pouvoir. Bernard Pasobrola affirme avec ce quatrième roman un style grinçant mais tout en légèreté, l’ensemble teinté d’un humour, destructeur fort à propos. L’action rythmée se déploie dans un contexte très contemporain qui, de l’exploitation des mines de diamants aux expériences biotechologiques en passant par l’industrie florissante des armées privées, décrypte sobrement le milieu politico-économique dont l’équilibre apparaît en totale et durable perdition. Mortelle Hôtesse répond aux codes du roman noir, usant de ce ressort pour entraîner une sorte de boule miroir dans laquelle se réfléchit l’immoralité du monde.

Peut-être est-ce à ces raisons que Bernard Pasobrola doit ses mésaventures éditoriales… Les grandes maisons se sont confondues, jugeant son manuscrit trop complexe pour séduire les lecteurs. Il n’en est rien, tout au contraire, l’atmosphère introduite par l’auteur à travers le soin porté à la structure et à la fluidité de l’écriture, met en évidence des aspects profonds de notre époque. Une intelligence que l’on savoure avec délectation.

Jmdh

Mortelle hôtes,  Rail noir, 15 euros.

Voir aussi : Rubrique LivreRoman noir,

Marion Aubert :« Je voulais que rôde une forme de bestialité »

 

Rencontre. L’auteure montpelliéraine Marion Aubert a écrit « Le Brame des Biches » pour Le théâtre du peuple. Actuellement sur les planches du théâtre mythique vosgien.


Marion Aubert, auteure contemporaine et comédienne, est  issue du Conservatoire national de région de Montpellier, dirigé par Ariel Garcia Valdes. Elle est l’une des fondatrices de la Cie Tire pas la nappe dont elle assure la direction artistique avec Marion Guerrero. Elle a écrit une quinzaine de pièces. En dehors de sa compagnie, elle répond aux commandes de différents théâtres ou metteurs en scène. Le directeur du Théâtre du Peuple de Bussang, Pierre Guillois, lui  a commandé sa dernière pièce Le brame des biches * actuellement sur les planches de ce lieu emblématique vosgien.

 

Votre dernier texte est actuellement monté au Théâtre du Peuple de Bussang. Quel  a été le cheminement de cette aventure ?

« A l’origine, c’est une commande de Pierre Guillois, qui dirige ce théâtre depuis 2005. Cela c’est fait de manière intuitive. Il a pensé que je pourrais être touchée par ce lieu et peut-être que le côté irrévérent de mon travail s’adapterait bien à cette forme singulière de théâtre.

Comment est né Le Théâtre du peuple ?

Ce lieu est un cas particulier, que l’on peut considérer comme l’ancêtre du théâtre populaire. Il a vu le jour à la fin du XIXe, à l’initiative de Maurice Pottecher un homme de théâtre issu d’une famille de tisserands qui a construit un théâtre en bois perdu dans la nature pour faire jouer les ouvriers. La tradition s’est poursuivie jusqu’en 1965. Elle a repris en 1976, relancée par le petit-fils de Maurice Pottecher.

Sur quelles bases avez-vous abordé l’écriture du texte ?

J’avais un peu plus de temps. Je me suis beaucoup documentée. C’est un cas à part dans mon travail d’écriture habituellement plus instinctif. L’action se situe à Bussang dans la seconde partie du XIXe. Je me suis intéressée à l’histoire du Théâtre du peuple, aux conditions de vie de l’époque. J’étais dans le féminisme, j’ai lu l’essai de Geneviève Fraisse, Service et servitude qui aborde la relation dissymétrique entre maître et domestique. Je voulais aussi travailler sur l’idée d’un mélodrame que l’on retrouve dans les pièces de Pottecher. Après, tout cela s’est enchevêtré. Au final, la pièce donne une vision assez étrange et baroque de ce qui pouvait se passer à l’époque. Ce n’est pas un spectacle sur la misère au XIXe.

 

Elle compte une multitude de personnages dont deux femmes : Clara l’ouvrière et Mathilde la bourgeoise qui ont le vertige  …

Oui, mais peut-être qu’en définitive tout le monde est pris par le vertige. Clara et Mathilde n’ont pas de prise sur leur vie. Chacune dans leurs conditions, elles n’ont clairement pas le choix. On a l’impression que les hommes l’ont…

Le climat évoque l’homosexualité et flirte aussi avec la cruauté des contes ?

C’est la première fois que j’aborde le thème de l’homosexualité, féminine et masculine, sans parti pris, intuitivement. Cela m’intéresse parce que tout devient confus dans les relations. Dans le texte, on parle de La belle et la bête. J’avais envie de travailler sur la dévoration. Tous les personnages sont un peu des animaux. Je voulais que rôde une forme de bestialité un peu comme dans Le Ruban Blanc de Haneke.

On retrouve votre univers féroce. Gouverner par leurs obsessions les personnages s’affranchissent des codes de la représentation sociale…

Je vais jusqu’au bout et je ne lâche pas jusqu’à ce qu’ils crachent le morceau. Un jour quelqu’un m’a dit que mes personnages avaient leurs instincts sexuels pour condition générale. Cela m’intéresse de faire lutter les fantasmes. Dans Le brame des biches, les rôle s’échangent. Les personnages rêvent que les autres veulent leur place. C’est l’histoire de ces désirs qui met les rôles en jeu. A un moment, les fondamentaux fléchissent. La patronne ploie par la fuite et le patron ploie… sous lui-même.

Qu’avez-vous ressenti lorsque vous avez vu la pièce à Bussang ?

Traditionnellement, quelques professionnels se mêlent à la pièce. Mais le Théâtre du peuple reste avant tout interprété par des amateurs, ce qui est peu ordinaire. S’ajoute le cadre rural qui n’a rien à voir avec Paris où les CDN. Les acteurs sont souvent beaux où alors ils sont choisis parce qu’ils sont moches. Sur une cinquantaine d’acteurs j’étais heureuse de voir des gens gros et moches. Cela m’a surprise moi-même de mettre imaginer un type de physique pour certains personnages. Sur scène, il y avait plein de gens improbables venus de partout. J’avais l’impression que le monde était mieux représenté. La présence du public m’est apparue comme une figure théâtrale vraiment vivante. Ce qui correspond bien à ma pratique frontale du théâtre.

A Bussang, il est de coutume d’ouvrir les portes sur la nature, est-ce que vous voulez les voir s’ouvrir sur la misère ? interroge le metteur en scène de la pièce. « NON ! » s’écrit chaque après-midi le public ».

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Le brame des Biches jusqu’au 27 aôut au Théâtre du Peuple de Bussang.

La pièce est publiée chez Actes-Sud-Papier n 2011

Voir aussi : Rubrique Théâtre , Les Chonchons de Marion, rubrique Rencontre, rubrique Livre, Livre, Maxa le femme la plus assassinée du monde,

Olivier Poivre d’Arvor : »La culture doit se retrouver au centre d’un projet politique »

OPA : "Il faut rester dans la famille et faire des enfants"

en 1958, auteur édité par Jean-Edern Hallier, titulaire d’un DEA de philosophie,  Olivier Poivre d’Arvor, a entrepris une carrière dans la diplomatie culturelle (Alexandrie, Prague, Londres) après avoir été nommé directeur de l’AFFA par Hubert Védrine. Il est le directeur de France Culture depuis août 2010.

Près d’un an après votre nomination à la direction de France Culture,  vous avez fait connaissance avec la maison. Avez-vous eu des surprises ?

Plutôt des confirmations que des surprises. C’est un lieu sacré avec ses rites. Il faut les éprouver si l’on veut les épouser. C’est une véritable exception culturelle. Il y a dans notre maison, une population que l’on ne trouve pas dans les autres radios composées de producteurs et de journalistes. Nous sommes une radio de flux qui traite des grands événements de la société et dans le même temps nous faisons appel à de grands savants qui analysent la situation. C’est un exercice très singulier. En un an, nous avons gagné 100 000 auditeurs en restant fidèles  à ces principes. Une enquête lancée au sein de Radio France sur le traitement de l’affaire DSK vient de démontrer que c’est notre démarche qui a été le plus apprécié au sein des radios publiques. Sur ce dossier complexe, nous avons abordé tous les aspects en trouvant la bonne distance.

Les auditeurs vont bientôt découvrir la nouvelle grille de rentrée qui porte votre marque. Quels en sont les axes fondateurs ?

Un certain renouvellement, une féminisation et aussi plus de lisibilité avec des tranches horaires plus claires. Certains producteurs partent d’autres arrivent, ce qui conduit à un rajeunissement. Ce n’est pas facile de trouver des producteurs. Souvent la notoriété pose problème. Il faut rester dans la famille et faire des enfants. Il y a aussi une place plus importante accordée à la culture, plus de théâtre, de musique, de cinéma… Nous renforçons aussi les tranches du week-end qui étaient un peu notre point faible.

A Montpellier après 25 ans de Rencontres Pétrarque, la présence de France Culture se décline cette année sous le sigle La Semaine des Idées…

Nous souhaitons développer les Rencontres Pétrarque dans un cadre plus large. Il y aura deux fois plus d’émissions avec des rendez-vous en direct. Et puis de nouvelles rencontres comme L’esprit d’escalier qui permettront au public d’échanger avec un intervenant des Rencontres de la veille, des soirées avec des artistes et des intellectuels sont également prévues. Cette édition préfigure l’édition 2012 où nous lancerons le Marathon des idées, une sorte de petit festival autour de la pensée.

La thématique « Le peuple a-t-il un avenir ? » adjoint-elle à la culture une dimension sociale ?

Probablement, la question est en tout cas posée malgré nous par certains partis politiques qui ont recours  à un discours populiste. Celui-ci sera au cœur du questionnement lors du débat de mardi.

On vous dit proche de Martine Aubry ?

C’est une de mes plus proches amies. C’est la marraine de ma fille. Au-delà de cela je pense que c’est quelqu’un qui a une vraie conscience de l’importance de la culture. Je m’occupe du service public, il ne m’appartient pas  de me prononcer. Tous les discours politiques m’intéressent. Mais à titre privé, je ne vais pas me mettre en refus d’amitié pendant un an pour cause de primaires. Je pense que la question de la culture doit revenir au centre d’un projet politique.

Recueillis par Jean-Marie Dinh

Voir aussi :  Rubrique Festival, Festival de Radio France, rubrique Médias, rubrique Politique culturelle, rubrique Rencontre, Jérome Clément,

Montpellier : à la Paillade, Mélenchon s’engage en faveur des Assises nationales des quartiers populaires

 

Le candidat à la présidentielle du Front de Gauche FG, Jean-Luc Mélenchon était hier dans le quartier de La Paillade à Montpellier où il a tenu une réunion avec les habitants dans un café du quartier. Entouré de René Revol, candidat  F.G aux dernières élections régionales, et de Mohamed Bouklit, le candidat (FG) qui s’est incliné au second tour des cantonales, avec 34,5 % des suffrages, contre le Président (PS) du Conseil général André Vézinhet, Mélenchon bouscule : « Avec Frêche, on me parlait de l’Hérault comme d’un territoire où la pratique politique est caricaturale. Mais le post-frêchisme, c’est encore le frêchisme. J’ai la conviction que ce qui s’est passé ici aux dernières cantonales concerne tout le pays.« 

En franc tireur, le candidat à la présidentielle fonde sa campagne sur le réveil citoyen qui voit jour avec la décomposition des appareils politique qu’il pousse à sortir de leur routine. Après le lancement de sa campagne place des martyrs de la bataille de Stalingrad, il s’est rendu près de Marseille auprès des salariés de l’usine Thé Elephant menacés de délocalisation. L’étape montpelliéraine apporte une pierre supplémentaire à l’édifice du F.G pour défendre l’expression citoyenne des quartiers populaires.

« Ce matin nous avons passé un accord morale avec le Front de Gauche des Quartiers Populaires (FGQP), explique le candidat à la présidentielle, sans rien demander à personne, ils ont pris l’initiative de s’organiser dans le quartier pour proposer une autre politique. Tout repose la dessus. Nous l’avons rêvé, ils l’on fait et ils pensent pouvoir le développer au niveau national. Moi je leur fais confiance parce que se sont des gens raisonnables et sensés.  Je les accompagnerais dans cette démarche. »

En attendant les Assises nationales des quartiers populaires qui devraient se tenir en octobre à Montpellier Mohamed Bouklit et son équipe s’engagent à diffuser le mouvement dans l’hexagone. « Le FGQP souhaite répondre au malaise et à l’angoisse sociale que vivent durement nos concitoyens dans les quartiers populaires. Localement on a tenté d’ethniciser cette lutte sociale avec des rhétoriques fallacieuses alors  que nous participons pleinement au rassemblement et à la construction du Front de Gauche. »

 

Trois questions à Mélenchon

Ne présagez-vous pas un peu vite de la validation de cet accord avec le FGQP par les différentes composantes du Front de Gauche ?

Ca ne paie pas de mine comme çà. On est quelques uns dans un bistrot et on lance des idées qui changent fondamentalement le cours des choses. Mais on va au bout, et c’est bien souvent de cette manière que les bouleversements voient le jour. Je vais demander à Pierre Laurent d’inviter Mohamed Bouklit et ses amis à participer au Conseil national du F.G pour que nous puissions travailler ensemble. Les initiatives de terrain sont inscrites dans le code génétique du Front de Gauche.

Comment adapter une stratégie de campagne sur le modèle du non au référendum sur le TCE à une élection présidentielle où la personnalisation joue à plein ?

C’est une vraie difficulté mais on ne parviendra pas à une révolution citoyenne pacifique et démocratique sans le peuple. Il faut partir du terrain. Si quelqu’un est capable de me dire comment il faut régler le problème des quartiers. Alors qu’il vienne l’expliquer aux gens qui sont ici. On ne sort pas l’œuf. On a déjà trois campagnes derrière nous. On sait comment cela se passe et on a confiance dans la force qui se dégage.

Quel est l’état de votre budget de campagne ?

La campagne de l’UMP c’est 23 M, celle du PS, 21 M, nous, nous sommes en train de le boucler. Si on arrive à 2 M ou 3 M ce sera le bout du monde. C’est un prêt gagé sur le parti et le parti est gagé sur le candidat. Nous partageons avec le PCF. On ne s’inscrit pas  dans la compétition de l’argent et c’est tant mieux. Tout part de la base.

Jean-Marie Dinh

 

Voir aussi : Rubrique Politique, Les engagements de Mélenchon, rubrique politique locale, Cantonales : Le parti présidentiel submergé par le FN, Rubrique Société Médias banlieue et représentations,