Matières premières : comment les traders suisses écoulent du carburant toxique en Afrique

Plateforme pétrolière en Angola. Photo Martin AFP

Plateforme pétrolière en Angola. Photo Martin AFP

Dans l’enquête intitulée « Diesel sale », l’ONG Public Eye (ex-Déclaration de Berne) dévoile les pratiques peu scrupuleuses de traders pétroliers suisses en Afrique. Quatre enquêteurs ont travaillé durant trois ans pour percer les mystères toxiques de l’essence et du diesel distribués sur le continent africain par les géants suisses du négoce de matières premières.

Les résultats de cette enquête publiée jeudi 15 septembre sont sans appel : les carburants écoulés en Afrique ont une teneur en soufre entre 200 et 1 000 fois plus élevée qu’en Europe, mettant gravement en péril la santé de populations exposées aux particules fines et à d’autres substances chimiques cancérigènes.

  • Des produits toxiques ajoutés aux carburants pour augmenter les profits

Pour augmenter leurs profits, les traders effectuent des mélanges avec des produits toxiques et particulièrement nocifs pour l’environnement et pour la santé. Des opérations souvent risquées qui s’effectuent à quai, notamment à Rotterdam, Amsterdam et Anvers, ou en pleine mer à quelques miles des côtes de Gibraltar ou des ports d’Afrique de l’Ouest.

Les traders ont un nom pour qualifier ces produits pétroliers : « qualité africaine ». Ce carburant toxique est écoulé en Afrique de l’Ouest où les négociants en matières premières profitent de réglementations qui permettent encore l’importation de diesel et d’essence contenant un taux de soufre très élevé. Ils en ont fait un marché parallèle et opaque.

  • Dans les stations essence de Trafigura, Vitol ou Oryx

Public Eye a effectué des prélèvements dans des stations essence de huit pays africains (Angola, Bénin, Congo-Brazzaville, Ghana, Côte d’ivoire, Mali, Sénégal et Zambie) détenues ou alimentées par ces maîtres du négoce pétrolier, comme Trafigura, Vitol ou Oryx. Plus de deux tiers des échantillons contiennent un taux de soufre supérieur à 1 500 parties par million (ppm). Avec une pointe à 3 780 ppm au Mali. La limite est de 10 ppm en Europe, aux Etats-Unis et même en Chine, à compter de 2017.

Les grandes villes africaines pâtissent déjà d’une qualité de l’air déplorable et d’une urbanisation préoccupante. D’ici 2050, la population urbaine devrait tripler sur le continent. Et le nombre de véhicules devrait considérablement augmenter. Les grands acteurs suisses de ce marché du « diesel sale » disent respecter les normes en vigueur. Et ils insistent sur les efforts fournis par l’Association des raffineurs africains (ARA), une organisation basée… à Genève et dont ils sont membres, pour améliorer la qualité des carburants qu’ils importent, mélangent, revendent et distribuent sur le continent.

Lire l’intégralité du papier :   Les géants du négoce pétrolier écoulent depuis des années un carburant toxique en Afrique

Source Le Monde 15/09/2016

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Santé. La pollution de l’air s’introduit jusque dans notre cerveau

 Santé. La pollution de l’air s’introduit jusque dans notre cerveau     Science & Techno     Courrier international - Paris Publié le 06/09/2016 - 14:51 Les plus lus Algérie. Pas d’école pour les filles non voilées ! Partager Travail. Ces collègues qui nous pourrissent la vie Partager Polémique. Burkini : le “New York Times” répond à Manuel Valls Partager Italie. Charlie Hebdo fait du mauvais esprit sur les victimes du séisme Partager Inde. Les règles, un frein pour l’éducation des filles Partager Dessin de Chubasco, Mexique.

Dessin de Chubasco, Mexique.

De minuscules particules liées à la pollution industrielle ont été découvertes dans plusieurs échantillons de cerveau humain. Elles sont soupçonnées de contribuer au développement de la maladie d’Alzheimer.

Si vous vivez dans un environnement urbain, il y a des chances que vous ayez des nano-aimants dans le cerveau, au sens propre”, prévient Science. Une nouvelle étude parue dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS) suggère que la plupart de la magnétite – composée d’oxyde de fer – trouvée dans le cerveau provient de la pollution de l’air issue des pots d’échappement ou d’activités industrielles comme la combustion du charbon pour produire de l’électricité.

“On savait déjà que des nanoparticules de fer étaient présentes dans le cerveau, mais on pensait qu’elles provenaient du fer qu’on trouve naturellement dans le corps, issu de la nourriture”, rappelle New Scientist. Or l’analyse précise des particules identifiées dans le cerveau de 37 personnes ayant vécu soit à Manchester, soit à Mexico fournit un indice crucial quant à leur origine.

“La magnétite que l’on trouve parfois naturellement dans le cerveau y est présente en quantités infimes, et ses particules se distinguent par leurs contours déchiquetés, explique BBC News. Au contraire, les particules trouvées dans l’étude étaient non seulement bien plus nombreuses, mais aussi lisses et arrondies, caractéristiques de ce qui se crée aux hautes températures d’un moteur de voiture ou des systèmes de freinage.”

La magnétite, un produit toxique

Cette nouvelle étude tire donc une nouvelle fois la sonnette d’alarme quant aux risques liés à la pollution. Car “le problème avec la magnétite, c’est que c’est toxique”, insiste Science. “Cela provoque le stress oxydatif, perturbe le fonctionnement cellulaire normal et contribue à la création de radicaux libres destructeurs – des molécules instables qui peuvent endommager d’autres molécules importantes”, énumère la revue scientifique.

Des travaux précédents, détaillés en 2015 par le New Scientist notamment, ont également montré des corrélations entre des niveaux élevés de fer dans le cerveau et le développement de la maladie d’Alzheimer. “Rien ne lie définitivement la magnétite à Alzheimer, tempère Science, mais le type de dommage cellulaire qu’elle peut causer est cohérent avec ce qu’on voit dans la maladie.”

Pour Clare Walton, directrice de recherche à l’Alzheimer’s Society, qui n’a pas participé à l’étude, citée par BBC News :

Les causes des démences sont complexes et jusqu’à présent il n’y a pas eu suffisamment de recherches pou dire que le fait de vivre dans des villes et des zones polluées augmente le risque de démence.”

“D’autres travaux dans ce domaine sont nécessaires, mais tant que nous n’avons pas plus d’information les gens ne devraient pas s’inquiéter de manière excessive”, ajoute-t-elle, avant de rappeler que l’exercice physique régulier, un régime alimentaire sain et l’arrêt de la cigarette diminuent les risques de développer ce type de maladie.

Carole Lembezat

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Au Brésil, de nouveaux projets de barrages menacent la forêt tropicale et les populations indigènes

Portrait de deux amérindiens Munduruku, par le peintre français Hercules Florence, lors de l’expédition conduite en Amazonie brésilienne par le Baron von Langsdorf de 1825 à 1829.

Portrait de deux amérindiens Munduruku, par le peintre français Hercules Florence, lors de l’expédition conduite en Amazonie brésilienne par le Baron von Langsdorf de 1825 à 1829.

Les ressources hydroélectriques du Brésil sont immenses. Mais la construction de barrages a des impacts énormes sur l’environnement : indigènes et écologistes s’opposent aux nouveaux projets, comme celui de Tapajós.

ActualisationVendredi 5 août – La construction de la centrale hydroélectrique de Tapajos a été rejetée jeudi 4 août par l’autorité environnementale brésilienne (Ibama). Les groupes indigènes et Greenpeace se sont alliés pour protester contre la construction d’un méga-barrage à São Luiz do Tapajos. Pour les opposants, sa construction forcerait les communautés locales Munduruku à quitter leurs lieux de vie et mettrait en danger la forêt amazonienne.

São Paulo (Brésil), correspondance

Non loin de Manaus et de Santarém, les villes principales d’Amazonie, coule le fleuve Tapajós, un affluent de l’Amazone. Un fleuve réputé pour ses eaux claires, qui peut atteindre par endroit jusqu’à 12 kilomètres de large. Il tient son nom des Indiens Tapajós, une tribu aujourd’hui disparue. Sur ses berges vivent désormais les Munduruku. Et ils risquent bien de disparaître à leur tour à cause d’un projet de mégabarrage qui pourrait bouleverser tout un écosystème plurimillénaire.

Du point de vue économique, l’exploitation de l’énergie de centaines de cours d’eau de son territoire est d’une importance stratégique pour le développement du Brésil. En 2015, 64 % de l’électricité produite dans le pays provenait de cette source gratuite et renouvelable. Une bénédiction dont le plus grand pays d’Amérique du Sud aurait tort de se priver, avec une des plus grandes réserves d’eau douce de la planète grâce à l’Amazone, fleuve géant. Mais le Brésil est aussi le gardien d’une grande partie d’une autre ressource naturelle vitale : la forêt tropicale amazonienne.

250 barrages en projet en Amazonie brésilienne

Si la construction de barrages n’est pas la principale cause de la déforestation [1], elle n’en a pas moins un coût environnemental et social irréversible. Selon le dernier rapport du WWF, Living Amazon, pas moins de 250 barrages sont en projet en Amazonie brésilienne. Rien que sur le fleuve Tapajós, une quarantaine de projets sont à l’étude. Le plus important d’entre eux, l’usine hydroélectrique de São-Luiz-de-Tapajós, devrait submerger 729 km², soit sept fois la superficie de la ville de Paris.

tapajosrivermap

Le fleuve Tapajós, d’une longueur de 2 291 km, est un affluent de l’Amazone.

La particularité des barrages hydroélectriques, c’est qu’ils dépendent de décisions politiques, et permettent donc une déforestation sur un fondement légal. C’est pourquoi les ONG de protection de l’environnement, et en premier lieu Greenpeace, se sont lancées dans des campagnes de sensibilisation de l’opinion aux menaces que représentent ces grands travaux et font pression sur les décideurs politiques.

Car chaque ouvrage a des conséquences sur la migration des poissons et des animaux aquatiques, tels que les dauphins roses, une espèce d’eau douce unique au monde ; sur les routes d’approvisionnement des populations riveraines ou encore sur le trajet des alluvions, modifiant les écosystèmes. Il génère aussi des gaz à effet de serre lorsque les végétaux détruits par la montée des eaux entrent en décomposition et émettent du méthane dans l’atmosphère.

L’implication de grandes compagnies étrangères

Dans une région où les scientifiques estiment que beaucoup d’espèces animales et végétales restent à découvrir, la biodiversité est menacée. « Il existe différents types de forêts. La forêt alluviale, que les indiens appellent la “Mata de Igapó”, est caractéristique des berges des fleuves amazoniens. Elle joue un rôle fondamental pour la survie des tribus, explique Danicley de Aguiar, chargé de campagne pour Greenpeace Brésil. C’est elle qui serait menacée de disparition par la rétention que créerait le barrage. Or, cette forêt a une relation très importante avec la forêt profonde, plus dense, qui constitue le cœur de l’Amazonie. Il faut donc préserver cette forêt fluviale, car elle garantit l’équilibre du système comme un tout. »

À cela il faut ajouter que, pour les besoins de ces travaux titanesques, de nouvelles routes sont ouvertes et que l’arrivée de milliers de travailleurs suppose la création d’infrastructures de vie, générant déforestation et pollution dans des zones quasiment vierges jusqu’à présent de présence humaine. L’expérience de la construction du barrage de Belo Monte, troisième plus grand barrage hydraulique du monde, également en Amazonie, a montré à quel point les conséquences environnementales d’une usine hydroélectrique peuvent être nombreuses et complexes. Celle-ci, inaugurée en mai, vient par ailleurs d’entrer en service, malgré trente ans de luttes indigènes, menées notamment par le chef Raoni avec le soutien de stars internationales.

Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent donc à raison de la construction d’un nouveau mégabarrage. Greenpeace mobilise actuellement ses volontaires et soutiens pour défendre les Munduruku qui vivent dans la région contre le projet de São-Luiz-de-Tapajós et dénonce, dans une étude, le « business risqué de l’hydroélectrique ». L’organisation pointe notamment l’implication de grandes compagnies étrangères [2] et rappelle que ce type de projet cache souvent des affaires de corruption, comme ce fut le cas à Belo Monte [3]. Enfin, ces grands ouvrages, qui engloutissent des dizaines de millions de reals (la monnaie brésilienne) de subventions publiques et dépassent souvent leurs budgets initiaux, se révèlent parfois beaucoup moins rentables que prévu et ne bénéficient que marginalement aux populations locales [4].

« La résistance des Munduruku n’est pas qu’une lutte qui se restreint au Brésil, elle est mondiale » 

Tout pourrait se jouer dans les prochaines semaines. Le président intérimaire du Brésil, Michel Temer, a annoncé qu’il attendrait la fin du processus légal qui pourrait écarter définitivement Dilma Rousseff d’ici au mois d’août, avant de lancer les appels d’offre. Cependant, il lui manque le soutien des organismes publics comme l’Ibama (l’Institut brésilien de l’environnement et des ressources naturelles) et la Funai (la Fondation national de l’indien). L’Ibama, qui accorde les autorisations environnementales pour toute infrastructure de ce type, a suspendu depuis avril 2016 ses procédures de certification. L’Institut a déclaré attendre de connaître la décision qui sera prise par rapport à la reconnaissance du territoire des indiens Munduruku. Celui-ci n’est pas encore allé jusqu’au bout du processus de « démarcation », qui ne peut être officialisé que par décret présidentiel, sur recommandation des études menées par la Funai et après avoir obtenu l’aval du ministère de la Justice.

Depuis quelques semaines, il semble que la mobilisation commence à être entendue. Mi-juillet, le ministre de l’Environnement du gouvernement intérimaire, José Sarney Filho, s’est déclaré plutôt opposé à l’idée des grands barrages hydrauliques et souhaite lancer des études pour trouver des solutions de rechange, comme l’éolien. « La résistance des Munduruku n’est pas qu’une lutte qui se restreint au Brésil, elle est mondiale. Ce sont plus d’un million de personnes qui les soutiennent à travers la pétition lancée par notre organisation, a expliqué Asensio Rordriguez, directeur exécutif de Greenpeace Brésil après sa rencontre au ministère, à Brasilia. C’était très important de le faire comprendre au ministre, parce que désormais toutes les mesures qui seront prises par rapport au complexe électrique de la rivière Tapajós seront suivi par des gens du monde entier. »

Mathilde Dorcadie 

Source Reporterre 26/07/2016

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Philippines : meurtre d’une écologiste en campagne contre le lobby du charbon

Des résidents de Calaca regardent brûler un tas de terre ramassé à côté de la centrale à charbon dans leur ville, lors d'une manifestation devant le bureau du ministère de l'Environnement à Manille aux Philippines le 17 mars 2016. (Crédits : TED ALJIBE / AFP)
Il est près de 20 heures ce vendredi soir 1er juillet, lorsque deux hommes à motos surgissent dans le port de Lucanin, tout au sud de la péninsule de Bataan aux Philippines. L’un d’eux porte un casque, l’autre une serviette nouée sur la tête. Les deux individus marquent un arrêt au niveau du « videokehan », le karaoké de la famille Capitan, et ils ouvrent le feu au calibre 45. Trois balles atteignent Gloria Capitan à la tête et au bras, une autre vient égratigner son petit-fils âgé de huit ans. Assis sur une chaise en plastique, ce dernier se trouvait près de l’écran quand les assassins ont ouvert le feu sur sa grand-mère qui fixait les rideaux à la fenêtre du karaoké. Agée de 57 ans, Gloria Capitan meurt sur le coup. Cette figure de l’écologie locale était à la tête d’un groupe de défense de l’environnement qui s’était notamment opposé à l’expansion des zones de stockage de charbon à Mariveles dans la province de Bataan. Pour Reuben Muni, chargé de la campagne énergie à Greenpeace Manille, tout semble indiquer que cet assassinat est lié aux activités écologistes de la militante. Entretien.

Contexte

Gloria Capitan, un nom qui sonne comme celui d’une star de la pop musique et qui aujourd’hui vient s’ajouter à la longue liste des « martyrs » de la cause environnementale tués pour leur engagement écologiste. Pendant que la nouvelle administration de Rodrigo Duterte poursuit les cartels de la drogue, les bandes organisées continuent de semer la mort parmi les écologistes, les journalistes et plus généralement chez les défenseurs de l’environnement qui s’opposent à certains intérêts politico-industriels aux Philippines.

C’est cette « culture de l’impunité » que dénonce aujourd’hui Greenpeace. Gloria Capitan travaillait pour l’association Kilusang Pambansang Demokratiko (KPD), un groupe local opposé à différents projets du lobby du charbon dans la province de Bataan à l’ouest de Manille. Tout semble indiquer aujourd’hui, disent ses proches, qu’elle a été tuée du fait de son engagement pour la défense de l’environnement. Selon un rapport paru le 20 juin dernier de l’ONG Global Witness, 185 défenseurs de l’environnement ont été tués l’an passé dans le monde, soit 60 % de plus qu’en 2014. Parmi eux, figurent 33 militants philippins assassinés pour s’être opposés à la destruction de la faune et de la flore.

Stéphane Lagarde

Source : Asialyst
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Le Festival de Thau solidaire et engagé

Angelique Ionatos Abbaye de Valmagne le 24 juillet  2016.  Photo dr

Angelique Ionatos Abbaye de Valmagne le 24 juillet 2016. Photo dr

La  26e édition du Festival de Thau qui mixe cultures musicales de la planète et conscience écologique affirme sa singularité  du 18 au 24 juillet.

Outre qu’il est toujours attractif avec une affiche très alléchante, la certification à la norme Iso 20121,  rend cette année le Festival de Thau officiellement responsable. De quoi glaner quelques précisions auprès de sa fondatrice Monique Tessier sur ce qui se cache derrière ce sigle qui en dépit des apparences n’a rien de barbare.

« Cela fait 10 ans que nous avons positionné le festival sur l’axe du développement durable. Notre association (Jazzamèze) a été certifiée en juillet 2015 nous avions candidaté parce que ce label correspond à notre démarche initiale. Pour l’heure, très peu de structures organisatrices de festivals bénéficient en France, de cette certification. C’est le cas des TransMusicales de Rennes par exemple.»

On  constatera une nouvelle fois avec l’édition 2016, que le Festival de Thau, moment phare d’un travail de développement d’activités artistiques à l’année, ne se contente pas d’une simple programmation musicale, mais s’efforce de trouver en permanence des prolongements à un moment festif qui favorise l’échange toujours en lien avec son territoire.

Cette année les Eco-Dialogues concoctés par Thierry Salomon, tourneront autour du film «Demain» de Cyril Dion et Mélanie Laurent. L’action avec le Silo, centre de création coopératif dédié aux musiques du monde et traditionnelles porté par Le Festival Détours du Monde et le Festival de Thau se consolide. Il donnera lieu à trois créations. Le 18 juillet à Bouzigues on pourra découvrir Raizes. Une rencontre musicale entre le Brésil et la Syrie sur le thème de la migration. Avec la création Béatik, le 20 juillet à Montbazin, Stéphane et Beata (France/Slovaquie) emprunteront à des chants traditionnels pour donner vie à une musique audacieuse reliant l’Est et l’Ouest de l’Europe. Le 22 juillet à Mèze la création Uèi fera pont entre la France et l’Occitanie, Marseille et Montpellier  autour de chants polyphoniques teintés d’électro.

Elargir le réseau

Pour le festival, l’obtention du label Iso 20121 vient couronner  un long travail de construction et le pousse à prolonger son travail dans des domaines comme l’économie durable, la réduction de l’empreinte environnementale, l’accessibilité des publics ou la promotion du respect de l’environnement.

« C’est un peu fou de l’obtenir pour une petite structure comme la nôtre. Cela nous pousse à aller plus loin, confirme Monique Tessier, à réfléchir à la gouvernance, à travailler de manière transversale, à mettre tous les salariés au même niveau d’information. Pour ne pas rester isolés, nous nous ouvrons à différentes collaborations au Vigan, à Bédarieux ou encore à Sète avec le festival Images Singulières

Côté concerts, la 26e édition demeure éclectique avec une forte présence africaine doublée d’une  thématique sur les femmes engagées à l’image des Amazones d’Afrique, premier groupe malien exclusivement féminin. A noter aussi la présence de l’ambassadrice Rokia Traoré, le retour de la reine du Calypso qui a fait succomber Manu Chao, Calypso Rose, ou encore la sublime chanteuse grecque Angélique Ionatos accompagnée par Katerina Fotinaki  qui apporteront une réponse poétique à la situation de leur pays.

Le festival de Thau est une perle dont la brillance comporte  plusieurs facettes. « C’est encore assez peu compris », indique Monique Tessier, On a du mal a appréhender un festival de musique plus largement ouvert sur la vie sociale, la lutte contre les discriminations, pourtant cette notion, on aimerait la porter au même niveau que les concerts…

JMDH

Source : La Marseillaise 08/06/2016

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