Un bateau de réfugiés au large du Yémen, en septembre 2016.SALEH AL-OBEIDI / AFP
En mars dernier, un bateau civil avait été pris pour cible par un hélicoptère de la coalition menée par l’Arabie saoudite, indique un rapport confidentiel.
L’ONU accuse. Un rapport confidentiel, consulté par l’AFP, estime que le raid contre un bateau de réfugiés qui a fait 42 morts au large du Yémen au mois de mars a certainement été mené par la coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite.
Un hélicoptère avait ouvert le feu sur cette embarcation contenant 140 personnes, faisant ainsi 42 morts et 34 blessés, dans ce qui constitue une violation du droit international humanitaire, selon le rapport.
«Cette embarcation civile a été sûrement attaquée par un hélicoptère armé utilisant des munitions de calibre 7,62mm», explique le rapport, présenté par des experts des Nations unies au Conseil de sécurité cette semaine.
«La coalition arabe menée par l’Arabie saoudite est la seule puissance impliquée dans ce conflit qui a la possibilité de déployer des hélicoptères de combat dans cette zone», détaille le document.
L’hélicoptère opérait sûrement à partir d’un navire.
Les forces de la coalition arabe, soutien du gouvernement yéménite, nient cependant que leurs troupes aient été présentes dans la région de Hodeïda, où l’embarcation a été attaquée.
Deux autres attaques
«La coalition n’a pas ouvert le feu dans cette zone», a déclaré à l’AFP son porte-parole, le général Ahmed Assiri.
Deux autres attaques menées par des hélicoptères ou des navires de guerre contre des bateaux de pêche les 15 et 16 mars ont également fait 11 morts et 8 blessés, précise le rapport.
La guerre au Yémen oppose des forces progouvernementales, soutenues par l’Arabie saoudite, aux rebelles Houthis, soutenus par l’Iran et alliés à des unités de l’armée restées fidèles à l’ex-président Ali Abdallah Saleh.
Les civils constituent plus de la moitié des 8.000 morts du conflit depuis l’intervention arabe, selon l’ONU.
Le Yémen connaît également une crise humanitaire extrême: plus de 60% de la population est menacée par la famine, alors que le pays est touché par une épidémie de choléra qui a fait près de 1.900 décès et quelque 400.000 cas suspects.
Capture d’une vidéo de l’audition du premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, à l’Audience nationale, à San Fernando de Henares, le 28 juillet. POOL / AP
« Je ne me suis jamais occupé des affaires économiques du parti », a déclaré le chef du gouvernement espagnol, cité en qualité de témoin au procès de l’affaire d’un vaste réseau de corruption touchant le Parti populaire.
Il ne savait rien, « ne connaissait pas » le principal accusé et « ne s’occupait pas des affaires économiques » du Parti populaire (PP, droite). Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, entendu, mercredi 26 juillet, en qualité de témoin dans le cadre du procès de l’affaire Gurtel, a nié tout lien avec le vaste réseau de corruption qui éclabousse le PP.
D’abord mal à l’aise, puis se moquant, ironique, des avocats de l’accusation, il a été rappelé à l’ordre à plusieurs reprises par le président du tribunal. Son témoignage a convaincu les siens. Mais pas les partis de l’opposition, qui ont déclaré, à l’unisson, « ou bien il ment, ou bien il est incompétent ».
Le gouvernement avait tout fait pour éviter l’affront de voir M. Rajoy assis devant les juges, demandant qu’il puisse témoigner par vidéoconférence, ce qui lui a été refusé. D’autres stratagèmes ont finalement été utilisés pour en limiter l’impact médiatique négatif.
Deux semi-remorques, stationnés à dessein face à l’Audience nationale, ont ainsi empêché les photographes et caméras de télévision de capter l’image du chef du gouvernement pénétrant dans le parking du haut tribunal.
Elus véreux, comptes en Suisse
Entré en voiture, contrairement à l’usage, M. Rajoy a pu éviter les dizaines de manifestants criant « ce président est un délinquant » et les journalistes massés derrière des barrières. Dans la salle, il n’a pas eu non plus à croiser les principaux accusés. L’entrepreneur Francisco Correa, cerveau présumé du réseau de corruption, accusé d’exiger des pots-de-vin aux entreprises en échange de l’attribution de contrats publics dans plusieurs villes gouvernées par le PP, puis d’arroser des élus véreux et de financer illégalement des actes de campagnes était absent.
Tout comme Luis Barcenas, l’ancien intendant puis trésorier du PP, gardien présumé d’une comptabilité parallèle, à qui Mariano Rajoy a envoyé un SMS lui disant « Sois fort ! », en 2013, quelques jours après que la presse eut publié que près de 50 millions d’euros avaient transité sur ses comptes en Suisse.
M. Rajoy a aussi évité de s’asseoir avec les autres témoins et accusés : exceptionnellement, une table a été installée à côté du président du tribunal. Tout a été fait pour que les images du témoignage de M. Rajoy ne l’accablent pas. Mais il n’a pas pu éviter les questions embarrassantes des avocats de l’accusation.
En tant que vice-secrétaire d’organisation du PP entre 1990 et 2003, directeur de plusieurs campagnes électorales puis secrétaire général de 2003 à 2004, Mariano Rajoy a dû éclaircir quelles étaient ses relations avec les accusés et que savait-il de leurs agissements entre 1999 et 2005, l’époque jugée depuis octobre. Il a balayé l’essentiel des questions d’une phrase, répétée à l’envi : « Je ne me suis jamais occupé des affaires économiques du parti. » Il a aussi assuré que malgré sa position dans l’organigramme, il n’exerçait, « de fait », presque aucune fonction au sein du PP, car il était alors ministre du gouvernement de José Maria Aznar (1996-2004).
Savait-il que M. Correa a payé son voyage aux Canaries en famille, en 2003 ? « C’est le parti qui l’a payé, de ce que je sais », a-t-il répondu. Que signifiait le SMS envoyé à M. Barcenas dans lequel il disait « nous faisons ce que nous pouvons » ? « Cela veut dire que nous n’avons rien fait qui puisse porter préjudice à un processus judiciaire », a-t-il assuré.
Pourquoi a-t-il rayé M. Correa de la liste des sociétés qui prêtaient habituellement ses services au PP, lorsqu’il en est devenu président, en 2004 ? Parce que l’ancien trésorier entre 1990 et 2008, Alvaro Lapuerta, lui aurait dit que « certains fournisseurs utilisaient le nom du PP…, arépondu M. Rajoy. Je lui ai demandé s’ils faisaient quelque chose d’illégal, il m’a dit qu’il n’avait pas de preuve mais qu’il n’aimait pas ça… Nous avons donc cessé de l’employer. » Chose que M. Lapuerta ne peut confirmer. Agé de 88 ans, il souffre de démence sénile depuis qu’il a fait une mauvaise chute, en 2013, peu après sa mise en examen.
Quant aux « papiers de Barcenas », des documents manuscrits où sont consignés des virements de chefs d’entreprises et des versements à des dirigeants politiques, dont M. Rajoy, semblant accrédité l’existence d’une comptabilité illégale du PP, le chef de l’exécutif a déclaré qu’ils sont « absolument faux. »
L’affaire Gurtel est en grande partie responsable de la perte de 3 millions d’électeurs du PP entre 2011 et 2016, et de la réticence des partis politiques à s’allier avec lui pour garantir la stabilité du gouvernement, en minorité au Parlement.
Le secrétaire général du Parti socialiste espagnol, Pedro Sanchez, a d’ailleurs saisi l’occasion pour demander la démission de Mariano Rajoy, « pour la dignité de la démocratie ».
Il est à toi
ce passeport
pour tous les peuples, avec un drapeau arc-en-ciel,
et pour emblème une oie migratrice qui tourne autour du globe,
en toutes les langues que tu veux,
officielles ou pas,
en bleu océan,
rouge sang séché,
ou noir charbon prêt à brûler,
à toi de choisir,
emporte-le où tu veux,
la voie est libre et grande ouverte,
la porte sortie de ses gonds,
tu peux entrer et sortir sans crainte,
personne ne t’arrête,
il n’y a pas d’attente…
Antoine Cassar est un poète de langue maltaise et parfois multilingue. Son long poème Merhba, a poem of hospitality a reçu le prix United Planet en 2009. Il est l’auteur de Muzajk (2008), Passeport (2009, Bejn / Between (2011) et Mappa tal-Mediterran (2013). Activiste pour les droits des migrants et la liberté universelle de circulation, il a fondé et coédite depuis 2013 la revue artistique multilingue Le monde n’est pas rond, en collaboration avec Personne n’est illégal.
On trouve ce beau petit livre objet aux éditions montpelliéraines Faï fioc fondées par le comédien Jean-Marc Bourg, aux prix de 5 euros. Les recettes de la vente du Passeport sont versées à des associations locales qui offrent assistance juridique et linguistique aux réfugiés et aux demandeurs d’asile.
Un migrant allongé au sol entouré par des policiers français le 1er juin 2017 à Calais. PHILIPPE HUGUEN / AFP
Selon l’enquête rendue publique mercredi par l’ONG et menée en juin et juillet à partir d’entretiens avec des exilés, le recours à l’agent chimique par la police est quotidien.
Calais est un enfer… L’organisation humanitaire Human Right Watch (HRW), qui mène des investigations sur les violations des droits humains partout dans le monde, vient de dresser un bilan approfondi des violences policières dans le Calaisis.
D’une ampleur inédite, l’enquête de cette ONG indépendante et internationale, rendue publique mercredi 26 juillet, a été menée à partir d’entretiens avec plus de 60 demandeurs d’asile et migrants, dont 31 enfants non accompagnés, en juin et juillet. Il en ressort une violence récurrente et souvent gratuite des forces de l’ordre envers les exilés et les associatifs qui les aident à survivre.
Si les migrants ne se plaignent pas prioritairement d’être frappés ou insultés, ils sont unanimes à dénoncer l’usage quotidien du gaz poivre contenu dans les bombes lacrymogènes de défense dont disposent les policiers.
Cet « agent chimique conçu pour maîtriser des personnes se comportant violemment, cause une cécité temporaire, de fortes douleurs oculaires et des difficultés respiratoires, qui durent en général de trente à quarante minutes, précise le rapport. La nourriture et l’eau aspergées de gaz poivre ne peuvent plus être consommées, tandis que les sacs de couchage et les vêtements doivent être lavés avant de pouvoir être utilisés à nouveau. »
La nuit et le jour
D’après le travail de cette organisation des défense des droits de l’homme, ce gaz est en effet très largement utilisé contre les exilés, mais aussi contre le peu qu’ils possèdent, qu’il s’agisse de nourriture ou de biens. L’affaire n’est pas nouvelle mais elle a pris une ampleur inédite depuis que l’exécutif a fait évacuer la jungle, en octobre 2016, et il se bat pied à pied pour éviter toute reconstitution de campement dans le Calaisis.
L’auteur de ce travail, Michael Garcia Bochenek, un juriste, estime caractéristique le récit de Nebay T., un Erythréen de 17 ans, qui lui a raconté comment « les aspersions ont lieu presque chaque nuit. Les policiers s’approchent de nous pendant que nous dormons et nous aspergent de gaz. Ils le pulvérisent sur tout notre visage, dans nos yeux », lui a-t-il expliqué.
Ce qui se produit la nuit arrive aussi le jour, comme Layla A. le montre. Cette jeune femme de 18 ans lui a raconté que deux jours avant son entretien, elle marchait « sur la route » : «Des policiers sont passés et ont utilisé leurs sprays. C’était le soir, peu après 20 heures, ils sont passés près du point de distribution dans leurs voitures. Ils ont ouvert la fenêtre et m’ont aspergée ». Des humanitaires, subissent aussi parfois le même sort en plus des contrôles d’identité, des amendes à leur véhicule pour manque d’eau dans le lave-glace, pour des rétroviseurs sales ou un stationnement gênant.
Outre la nuit et les moments où les migrants sont isolés, loin des associatifs qui les aident, le temps des repas concentre aussi des manifestations de violence d’une autre sorte. Nasim Z., un Afghan, a expliqué à HRW que les policiers avaient intentionnellement aspergé son repas et qu’il a eu faim cette nuit-là. Certains jours, les distributions sont interdites, ou arrêtées arbitrairement.
Stratégie de la dissuasion
Une travailleuse humanitaire – elle souhaite rester anonyme –, d’Utopia 56, une des associations de terrain, a relaté avoir donné deux bidons d’eau à un groupe d’hommes. Le lendemain ils ont expliqué que des policiers avaient pulvérisé du gaz dedans. Sarah Arrom, qui travaille également pour Utopia 56, a enregistré plusieurs témoignages similaires ; comme des bénévoles d’une autre association, l’Auberge des migrants.
Ces pratiques-là ne sont pas nouvelles. Ces dernières années, Le Monde a interrogé des exilés qui avaient vécu ce type de violences. Pourtant, le travail de HRW va plus loin en mettant en exergue leur systématisme. Preuve que, comme le suspecte Bénédicte Jeannerod, la directrice de HRW France, il s’agit d’une stratégie de la dissuasion destinée à empêcher les exilés de se réinstaller en bordure de la frontière avec le Royaume-Uni, alors que la jungle a été démantelée en octobre 2016.
A moins qu’il ne faille même conclure, en accord avec une enquête indépendante baptisée « Nobody Deserves to Live This Way ! » (Personne ne mérite de vivre comme ça !) menée par la britannique Christine Beddoe pour la Human Trafficking Foundation qu’en réalité, « les actes hostiles des autorités françaises [à Calais] ont créé un “facteur répulsif” favorisant le trafic vers le Royaume-Uni ».
Bénédicte Jeannerod, qui signe après ce travail une série de recommandations qu’elle a dressées hier soir au gouvernement français, estime que « les autorités devraient envoyer un message clair pour signifier que le harcèlement policier, ou toute autre forme d’abus de pouvoir, ne sera pas toléré ».
Mépris des droits humains
Cette dernière rappelle en effet qu’« il est tout à fait condamnable que des policiers utilisent du gaz poivre sur des enfants et des adultes endormis ou en train de vaquer pacifiquement à leurs occupations » et insiste que « lorsque les policiers détruisent ou confisquent les couvertures des migrants, leurs chaussures ou encore leur nourriture, non seulement ils rabaissent leur profession, mais ils portent atteinte à des personnes ».
Pourtant, rien ne plaide vraiment pour que dans le contexte actuel de mépris des droits humains, son analyse soit entendue. D’ailleurs, lorsque l’organisation a présenté son travail au sous-préfet de Calais, Vincent Berton ce 7 juillet, HRW rapporte que ce dernier a tout simplement réfuté les résultats du travail. Le rapport reprend sa citation où il insiste sur le fait que « ce sont des allégations, des déclarations de personnes, qui ne sont pas basées sur des faits. Ce sont des calomnies ».
Cette réaction est ce qui, au fond, a le plus choqué l’auteur de l’enquête, Michaël Garcia Bochenek qui estime avec le recul, « difficile de comprendre le déni des autorités françaises, même après ces comptes rendus clairs, cohérents, détaillés et assez gênant des abus de la police. Au lieu de cet aveuglement volontaire, la préfecture devrait examiner les pratiques policières et assurer le respect des normes nationales et internationales ».
Déjà, du temps où Bernard Cazeneuve était ministre de l’Intérieur, ce dernier réfutait tous les témoignages, estimant que les migrants n’avaient qu’à porter plainte. C’est la réponse qu’il avait faite à HRW qui avait réalisé une première enquête sur le même sujet, fin 2015.
Alors, à Calais, la vie continue avec ses rêves brisés et ses cauchemars récurrents comme ceux de Gudina W., un Ethiopien de 16 ans qui a confié à l’enquêteur : « Quand je dormirai cette nuit, je verrai les policiers. Je me réveillerai et je me rendrai compte que j’ai rêvé que les policiers venaient me frapper. C’est ça dont je rêve. »
Isabelle Fruleux a présenté sa création scénique du livre de P Chamoiseau « Frères migrants Photo Olivier Allard
Sète La poésie n’a pas de compte à rendre. « Elle ne résiste pas, elle existe », souligne Patrick Chamoiseau, et Le festival Voix Vives qui fête ses vingt ans, le confirme.
Au gré des déambulations parmi les plus de quarante points de rencontre et les quatre-vingt rendez-vous quotidiens de l’aube sur la plage à l’insomnie musicale qui balisent d’émotions le Quartier Haut de Sète, la poésie contemporaine s’affiche, se saisit, nous précède et nous succède dans une folle et éphémère épopée livrée au vent.
S’il est possible de garder trace écrite en se procurant l’anthologie de cette XXe édition, disponible Place au livre chez l’éditeur Bruno Doucet, le festival n’a pas vocation à graver les poèmes dans le marbre. Il est surtout question de les vivre. La présence des artistes de spectacle vivant, musiciens et comédiens qui s’unissent aux poètes en formant une accueillante communauté en est une démonstration.
A peine apparus, disparaissent poétesse et poète ne laissant derrière eux que songes et interrogations sur ce qu’ils peuvent bien vivre autour de cette mer ou ailleurs dans leur lointain exil. Dans cette longue valse de neuf jours, on perd une tête et on en retrouve une autre. On rencontre de jolis voisins et voisines, on pousse une porte et on entre dans une intimité. Seule la poésie permet un tel espace de liberté…
La météo poétique fait savoir qu’il pleurera des poèmes jeudi entre 18h et 19h45. Les poèmes tomberont du ciel en danse et en musique. L’occasion de fêter les 20 ans d’un festival ayant ouvert une fenêtre sur la poésie méditerranéenne par laquelle passent de drôles d’oiseaux. L’occasion de tendre les mains pour les saisir ces poèmes en vol sans faire défaut à la parole poétique car, comme le dit la directrice artistique du Festival Maïthé Vallès-Bled : « La poésie s’inscrit immédiatement dans son temps avec ses réalités humaines et socio-politiques. »
Frères migrants
Voix Vives croise les pratiques artistiques contemporaines autour de la poésie. Samedi, accompagnée de musiciens la comédienne et metteuse en scène Isabelle Fruleux a présenté sa création scénique du livre de Patrick Chamoiseau Frères Migrants (Seuil, 2017). Sincère et libre, l’auteur martiniquais est revenu dimanche sur sa vision du phénomène migratoire. En tant que catastrophe humanitaire, mais aussi de problème politique :
« On n’arrive pas aujourd’hui à répondre au problème migratoire alors qu’on sait que les migrations ne vont cesser de croître. Nous sommes confrontés à la nécessité de bâtir un nouveau cadre afin de pouvoir donner hospitalité. Cela ne se joue pas seulement au niveau international mais aussi au niveau national et local. S’il advenait demain en France une catastrophe nucléaire, aucun dispositif n’est prévu pour accueillir le grand nombre de migrants que cela occasionnerait. Et au-delà, comment s’imaginer un monde où les frontières ne seraient pas des guillotines ? ». Pour Patrick Chamoiseau, ces propos que l’on pourrait qualifier de politiques demeurent bien de nature artistique. Car l’auteur réaffirme que chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition.
« Le monde habite chacun de nous, il n’est pas une fatalité. L’idée n’est pas de donner des leçons. Mais si l’Europe laisse mourir des milliers de personnes qui n’ont d’autres choix que de fuir, cela signifie que l’imaginaire politique est épuisé, desséché. Et seul l’art, les activités culturelles, la poésie peuvent ouvrir notre imaginaire à d’autres possibles. »
La place de la poésie, dans ses expressions les plus variées, que nous ouvre ce festival a plus que jamais un rôle à jouer en libérant notre pouvoir de création.