Le taux de chômage a atteint un nouveau record chez les jeunes Britanniques, grimpant à 20,5%, contre un taux resté globalement stable à 7,9% pour l’ensemble de la population, selon des statistiques officielles publiées le 16 février. Le nombre de chômeurs au sens du Bureau international du travail (BIT) a progressé de 44.000 sur les trois mois achevés en décembre par rapport aux trois mois achevés en novembre, pour s’établir à 2,49 millions, a indiqué l’Office des statistiques nationales (ONS).
Le taux d’ensemble est néanmoins resté le même, à 7,9%. Les 16-24 ans ont été les plus frappés, représentant à eux seuls 66.000 nouveaux inscrits et 965.000 chômeurs au total, un nouveau record depuis le début de la compilation de ces statistiques en 1992. Plus d’un jeune sur cinq (20,5%) sur le marché du travail se trouve désormais sans emploi.
Le chômage des femmes a quant à lui atteint un record depuis 1997.
L’évolution du chômage est scrutée avec une attention particulière alors que les coupes budgétaires sans précédent décidées par le gouvernement britannique commencent seulement à faire sentir leurs effets. Selon des prévisions officielles, le plan d’austérité du gouvernement du Premier ministre conservateur David Cameron devrait entraîner la disparition de 330.000 emplois publics sur quatre ans.
Les chiffres publiés mercredi ont conforté les analystes dans leur attente d’une hausse continue du chômage en 2011. Insistant comme ses confrères sur l’envolée du chômage des 16-24 ans, Howard Archer, de IHS Global Insight, a souligné « l’inquiétude sur la situation des jeunes dont beaucoup seront sans travail pendant longtemps » étant donnée la situation de l’économie.
Dominique Plihon est président du conseil scientifique d’Attac France. Il était à Athènes ces derniers jours et a pu s’entretenir avec plusieurs interlocuteurs de la situation économique du pays. Il revient sur la crise sociale et économique qui touche la Grèce.
Quel était le mot d’ordre principal dans les défilés mercredi?
Les Grecs sont révoltés par la manière dont le plan d’austérité va les toucher. Ils ont conscience que leur système économique ne fonctionne pas bien, mais ils ont l’impression que le fardeau d’ajustement n’est pas bien partagé, et qu’il va davantage toucher les classes moyennes et populaires.
Pourtant, les premières mesures du gouvernement Papandréou étaient plutôt bien réparties socialement. Il y avait une hausse de la TVA et du prix de l’essence, mais aussi une augmentation des droits de succession et de la progressivité de l’impôt sur le revenu. C’est sous la pression des gouvernements européens que des mesures plus régressives ont été prises. Notamment en réduisant les retraites. Certaines sont désormais inférieures à 600 euros par mois.
Hier, secteur public et privé défilaient ensemble. Les fonctionnaires sont déjà touchés, avec la suppression des treizième et quatorzième mois. Les salariés du privé s’inquiètent quant à eux de futures mesures directes sur leurs salaires, et de mesures induites, comme des licenciements.
Quels blocages peuvent intervenir dans la société grecque?
Le PIB est sous-évalué de 35% car il ne prend pas en compte le secteur informel. Cela représente un manque à gagner de recettes fiscales de 15% pour le pays. Il y a évidemment quelque chose à faire à ce niveau, mais les gouvernements n’ont jamais voulu aller jusqu’au bout car cela touche l’ensemble de la population. Par exemple, les professions libérales -médecins, avocats, architectes- ne déclarent pas leurs revenus.
Hier, outre l’incendie de la banque à l’issue dramatique, un centre des impôts a également brûlé. On m’a dit qu’il traitait des dossiers fiscaux litigieux. Il existe un gros problème d’évasion fiscale en Grèce, et Papandréou avait décidé de combattre ce problème. Il n’est pas impossible que des manipulations aient pu mener à cet incendie.
La population grecque est très sévère avec sa propre classe politique. Comment se positionne-t-elle par rapport à l’Union européenne et au FMI?
Les Grecs étaient plutôt pro-européens. Mais ils sont aujourd’hui déçus car les pays membres de l’Union européenne ont tardé à les aider. Certains économistes sont convaincus que si la commission était intervenue plus tôt pour garantir la dette grecque, on n’aurait pas eu besoin d’un plan d’austérité si rigoureux.
Quant au FMI, certains jugent qu’il est intervenu de manière plus réactive que l’UE. Mais d’autres soulignent aussi que Dominique Strass-Kahn, bien que socialiste, n’a pas modifié la doctrine du FMI sur les politiques d’ajustement structurel. Le peu d’attention porté aux effets redistributifs du plan n’a pas changé.
Le plan d’austérité doit être voté au Parlement ce jeudi. Peut-il améliorer la situation?
J’ai parlé avec plusieurs économistes grecs, et j’ai comme eux la conviction que le plan d’austérité va être inefficace et même dangereux. Il va avoir un effet dépressif sur l’activité ce qui rendra encore plus difficile le rééquilibrage du déficit extérieur. Les rentrées fiscales diminueront aussi.
A court terme, le plan va sûrement satisfaire les marchés. Mais les effets induits à moyen terme, d’ici un à deux ans, ne régleront pas les problèmes de fond.
Il y a un effort à faire du côté des banques, qui bénéficient d’un circuit financier très pervers. Elles se refinancent auprès des banques centrales et prêtent cet argent à des taux beaucoup plus élevés. Pour mettre fin à ce phénomène de spéculation, on pourrait mettre en place un fonds européen. Celui-ci s’endetterait sur les marchés avec la signature européenne, garantie par des pays comme l’Allemagne et la France. Ces taux d’intérêt, plus bas, bénéficieraient à d’autres pays que la Grèce, comme l’Espagne et le Portugal.
Libération 06/05/10
Réflexion
Joseph Stiglitz exhorte les Européens à plus de solidarité
L’économiste américain Joseph E. Stiglitz rejette dans un article pour le quotidien Der Standard deux issues théoriques pour sortir l’UE de la crise économique et financière actuelle : une diminution harmonisée des salaires dans les pays de la zone euro ainsi que la scission de la zone monétaire. Il demande à la place l’introduction de mécanismes de soutien financier pour les pays membres : « Il existe une troisième solution qui est porteuse des plus grands espoirs, comme l’Europe le constatera probablement. Il s’agit de la mise en œuvre des réformes institutionnelles qui auraient dû être conduites au moment de l’introduction de l’euro, et qui auraient dû intégrer son cadre nécessaire de politique fiscale. Il n’est pas encore trop tard pour l’Europe. Elle peut appliquer ces réformes et répondre ainsi aux idéaux qui s’appuient sur la solidarité et qui étaient les fondements sur lesquels reposait l’introduction de l’euro. Toutefois, si l’Europe ne le peut pas, il est peut-être préférable qu’elle reconnaisse son échec et poursuive de manière différente au lieu d’accepter, au nom d’un modèle économique défectueux, le prix fort que cela coûte en chômage et misère humaine. »
Der Standard (Autriche) 07/05/10
L’euro en état de mort clinique
La faiblesse persistante de l’euro dans le sillage de la crise grecque suscite des doutes autour de la monnaie commune. Le journal Weltwoche exprime une critique générale à l’égard de l’intégration européenne : « L’euro était dès le début un acte économique manqué. Les marchés financiers révèlent maintenant sans sentimentalisme ce qui était dès le départ erroné dans cette construction : il ne peut pas y avoir de politique monétaire commune raisonnable pour des économies nationales aussi différentes que la petite principauté du Luxembourg, le géant industriel allemand et les Etats négligents comme le Portugal ou la Grèce. L’euro est un projet politique – et ce projet a échoué. Ce à quoi nous assistons aujourd’hui, ce sont des mesures visant à maintenir en vie une monnaie en état de mort clinique. … L’euro est un symptôme. La maladie qui se cache derrière s’appelle l’intégration européenne. La monnaie commune devrait préfigurer l’Etat uni, de même que le traité de Schengen aurait dû être une étape sur la voie illusoire vers des Etats-Unis d’Europe. »
Le premier médiateur de Pôle emploi aura tenu un peu plus d’un an et claque la porte ! ?En effet, le médiateur de Pôle Emploi Benoît Genuini vient de jeter l’éponge : « Je n’ai ni les moyens ni le soutien nécessaires pour continuer à faire mon travail ! ».
Une réussite de plus à mettre à la politique de l’emploi du gouvernement et du traitement des chômeurs par Pôle Emploi ? Un chômage qui frappe toutes les familles du plus jeune au plus vieux !?? Oublié le pouvoir d’achat, les heures supplémentaires payées plus et le crédo d’une France de propriétaires et peut être même le « plaisir » d’exhiber sa montre de luxe qui permet à 50 ans de se prouver qu’on a réussit sa vie !
50 ans, justement l’âge à partir duquel dans ce pays, plus aucune entreprise ne veut ! Les 50 ans à qui on va très probablement appliquer une double peine : Chômeurs et très probablement fins de droits sans ressource jusqu’à plus d’âge ! Notre Président sait parfaitement que la situation est grave malgré ses discours qui ne convainquent plus personne sur la fin de la crise et la « sortie du tunnel » chère aux politiciens démagogues.
Les discours ou annonces ne fonctionnent plus non plus de la part de Pôle Emploi où le Directeur Général n’a rien trouvé de mieux que la recette du Téléthon pour affirmer que son administration « croule » sous les demandes non satisfaites ! Quant aux déclarations et annonces de Laurent Wauquiez sur les services à la personne générateurs de CDI à 2H00 par semaines …
Et pourtant, il en était fier de sa fusion ANPE ASSEDIC notre Président « réformateur » !?? En novembre dernier, Nicolas Sarkozy avait défendu la fusion ANPE-Assedic, qui a donné naissance à Pôle emploi, et assuré à leurs salariés qu’il était «fier» de leur travail malgré les «difficultés» liées à la conjonction de la crise et de la fusion de leurs deux entreprises. Source 20Minutes ?
Seulement pour des millions de chômeurs, force est de constater que ça ne fonctionne pas mieux qu’avant ! Alors, « Magic President » a décidé de se déplacer dans un des endroits qui devait être une autre de ses grandes réussite !
« Nicolas Sarkozy devrait dévoiler le sort réservé aux chômeurs en fin de droit. Il visitera jeudi matin l’agence Pôle emploi de Gonesse (Val-d’Oise) pour y rencontrer des demandeurs d’emploi et des salariés de l’entreprise née de la fusion ANPE-Assedic (…) » Lors de ce déplacement, le chef de l’Etat s’entretiendra avec « des demandeurs d’emploi arrivant prochainement au terme de leurs droits à l’assurance chômage » et fera un « point d’étape sur la mise en place de Pôle emploi » avec ses agents, a précisé l’Elysée dans un communiqué.« Nicolas Sarkozy sera accompagné par la ministre de l’Economie, Christine Lagarde, et le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez (…) » – Source 20Minutes
Point d’étape ?
« Ce point semble pourtant déjà fait par le médiateur de Pôle Emploi Benoît Genuini qui vient de jeter l’éponge : « Je n’ai ni les moyens ni le soutien nécessaires pour continuer à faire mon travail. La direction générale n’a pas vu l’intérêt de mon rapport parce qu’elle accepte mal toute forme de critique», aurait expliqué Benoît Genuini. Le rapport en question, Benoît Genuini l’a rendu trois semaines plus tôt. Il y pointait de nombreux dysfonctionnements internes (…) » – Source 20Minutes
Que disait ce rapport ?
« Le premier rapport d’activité du médiateur de Pôle emploi recommande du « bon sens et de l’humanité » mais il se dit « frappé » par le « besoin quasi pathétique d’écoute » des gens. L’idée qu’il y aurait une politique de radiation à Pôle emploi tient du fantasme », insiste Benoît Genuini, médiateur de Pôle emploi. Quand aucune satisfaction ne peut être donnée, ce qui arrive dans 29% des cas, quand la décision des services de Pôle emploi, est confirmée, « on explique en détail et de la façon la plus claire possible, les gens nous en remercient », a expliqué Benoît Genuini, vendredi 12 mars, à la remise de son premier rapport d’activité. Plus surprenant, il s’est dit « frappé » par la « soif de communication » et le « besoin quasi pathétique de relation personnalisée et d’écoute » des gens. Un peu moins de 1.000 réclamations, dont la moitié sont recevables et une minorité concernent des radiations, parviennent chaque mois au médiateur de Pôle emploi, qui a recommandé « plus de bon sens et d’humanité ». Source Nouvel Obs
Du côté de l’UNEDIC, on déplore ce départ : « Ce rapport très intéressant n’a pas été autant relayé qu’il aurait pu l’être, confirme Gaby Bonnand, le président CFDT de l’Unedic. Cette démission est regrettable dans la mesure où Pôle emploi avait su se doter d’un système d’alerte sans concession »
Encore une brillante réussite du : « Ensemble tout est possible »!
Hausse du chômage, situation aggravée pour les plus pauvres… Un tableau noir dressé par l‘Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion, dans son rapport sur ses dix ans d’activité, publié ce jeudi 25 février.
La France compte plus de 8 millions de personnes pauvres, le même nombre qu’il y a dix ans. Avec une différence : la situation des plus vulnérables s’est «dégradée» et risque de s’aggraver avec la crise. C’est le constat fait par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) dans son dernier rapport. Le document a été rendu public jeudi, jour du dixième anniversaire de l’ONPES, en présence du secrétaire d’Etat chargé du Logement Benoist Apparu et de Martin Hirsch, Haut commissaire aux Solidarités actives.
Dans cette sixième édition, outre un bilan des travaux de l’ONPES depuis dix ans, le rapport s’attarde en particulier sur une étude sobrement intitulée Impact de la crise sur la pauvreté. Ses auteurs, des membres de l’Observatoire français des conjonctures économiques, estiment que la montée «brutale» du chômage en 2008, suite à la crise économique et financière, n’est «que le début de l’ajustement du marché du travail et va se poursuivre dans les années qui viennent.»«Nous entrons actuellement dans une phase de chômage durablement élevée», avec des «conséquences considérables en termes sociaux» ajoutent-ils.
1,8 million de Français vivent avec moins de 602 euros par mois
L’étude précise que le taux de personnes vivant en-dessous du seuil de pauvreté (moins de 60% du revenu médian, soit 908 euros par mois) n’a guère évolué, passant de 13,6% à 13,4% de la population entre 1998 et 2007, ce qui représente plus de huit millions de personnes en 2007. La proportion de la population subsistant avec 40% du revenu médian (soit 602 euros) a, quant à elle, augmenté de 2,1% en 2002 à 3,1% en 2007. Ils étaient 1,8 million dans ce cas il y a trois ans.
«Parmi les personnes pauvres, la situation des plus pauvres s’est donc sensiblement dégradée», s’alarme l’ONPES dans son compte-rendu, publié au 10e anniversaire de cet organisme. Avec un facteur aggravant souligné par Agnès de Fleurieu, présidente de l’ONPES : «La dégradation du marché du travail, en touchant les personnes qui étaient déjà les plus vulnérables, engendre un risque d’irréversibilité du chômage et de la pauvreté». Alors que le secrétaire d’Etat à l’Emploi, Laurent Wauquiez, a annoncé ce matin que l’Etat et l’Assurance chômage allaient débloquer des fonds pour les chômeurs en fin de droits, le rapport constate effectivement que le «taux d’ancienneté du chômage»est plus important en 2010 qu’il y a 3 ans, aggravant le niveau de pauvreté moyen des chômeurs.
«Un million de chômeurs vont se retrouver en fin de droits en 2010», a-t-elle rappelé. Si les statistiques disponibles sur la pauvreté ne donnent pas encore de données précises sur les effets de la crise, l’ONPES note que les associations sont «particulièrement préoccupées par l’augmentation des demandes d’aide alimentaire et financière enregistrée depuis l’automne 2008». Un «système de veille sociale» mis en place en 2009 pour faire remonter les impressions des «acteurs de terrain» a également déjà fait apparaître un recours plus importants des jeunes et des personnes âgées aux aides sociales.
Pauvres avec emploi
Phénomène déjà souligné dans le précédent rapport il y a deux ans, la pauvreté touche également les personnes employées. Les travailleurs pauvres étaient 1,9 million en 2007, soit 6,7% des salariés. En 2005, ils étaient déjà 1,7 millions (7% des travailleurs). «On doit avoir moins de travailleurs pauvres, malgré la crise», a plaidé Martin Hirsch. Il a également averti que la prochaine réforme des retraites devra veiller à ce que «travailler plus longtemps soit compatible avec le fait de ne pas pénaliser et ne pas faire renaître la pauvreté chez celles et ceux pour lesquels le parcours de travail a été chaotique». Enfin, «phénomène nouveau», l’ONPES s’inquiète d’une «désespérance accrue des personnes pauvres» qui se traduit par des états «dépressifs»et des attitudes de ressentiment. D’autant plus préoccupant, note le rapport, qu’on «peut y voir moins l’effet de la crise que l’expression d’un processus long de fragmentation la société française».
Voir aussi : Rubrique société
Document ; Dix ans après la déclaration du sommet européen de Lisbonne qui avait tracé l’objectif de « donner un élan décisif à l’éradication de la pauvreté », ce sixième rapport de l’ONPES porte un regard comparatif sur les évolutions en Europe et dresse un bilan de l’observation de ces phénomènes en France. La crise économique fait l’objet d’une première analyse, notamment pour apprécier ses effets sur les personnes les plus fragiles. Il présente : la construction d’un système de veille sur les phénomènes émergents en matière de pauvreté, et l’apport des personnes en situation de précarité à l’amélioration de la connaissance de la pauvreté et de l’exclusionsociale. Lien vers le rapport
La France a continué à détruire des emplois au troisième trimestre 2009, au même rythme qu’au deuxième trimestre selon l’Insee mais moins fortement selon d’autres sources, l’hémorragie devant s’atténuer en 2010. L’Insee a annoncé jeudi que les destructions nettes d’emplois s’étaient poursuivies au troisième trimestre « dans la lignée » du deuxième (-80.700 après -87.000), alors qu’une estimation provisoire il y a un mois faisait apparaître une spectaculaire décélération.
Pôle emploi et l’Acoss (Banque de la Sécu), qui travaillent sur des champs statistiques plus étroits, ont livré une photographie divergente montrant un ralentissement des pertes d’emploi au 3ème trimestre, « en trompe l’oeil car les CDD et CDI ont chuté à un niveau supérieur », selon Pôle emploi. Les trois organismes mesurent une chute de l’emploi comparable sur un an (-2,2% pour l’Insee et Pôle emploi, -2,8% pour l’Acoss). Le premier trimestre ayant été calamiteux (-178.700 emplois selon l’Insee), 2009 restera de toute façon dans les annales comme une annus horribilis pour l’emploi, lié au recul de l’activité, le plus fort depuis 1949.
En marge des chiffres du troisième trimestre, Pôle emploi a pour la première fois donné des projections horizon 2010, comme le fait habituellement l’Unedic. Les pertes d’emploi devraient continuer en 2010 mais leur volume « se réduirait nettement », selon Pôle emploi qui prévoit 102.000 demandeurs d’emploi de plus en catégories A, B, C l’an prochain, après 604.000 en 2009 et 152.000 en 2008. Le plus problématique, selon les experts, dans cette accumulation tient au fait que les premiers à avoir perdu leur emploi au 2ème semestre 2008 ne seront probablement pas les premiers à retrouver du travail.
Le chômage ne fonctionne pas comme une file d’attente et les partenaires sociaux se posent déjà la question de l’indemnisation et des fins de droit.
« Même avec l’hypothèse d’une croissance de 1,3% en 2010, ce ne sera pas suffisant pour générer de la création nette d’emplois. Dans un premier temps, les employeurs vont dégonfler le chômage partiel, et faire face à la reprise sans embauche », a souligné Bernard Ernst, directeur statistique de Pôle emploi.
« Il y a eu un effet de surprise, les employeurs n’ont pas eu le temps d’ajuster leurs effectifs au brusque retournement de l’activité », selon lui. Pour l’entourage de la ministre de l’Emploi Christine Lagarde, « il faut continuer à mettre en oeuvre tout ce qui a été décidé, debout sur l’accélérateur et sur les moyens temporaires à donner à Pôle emploi ».
Par secteur d’activité, au troisième trimestre l’industrie a continué, comme depuis 2001, à perdre des emplois (-49.400 selon l’Insee) et ça s’est « accéléré » dans le BTP (-16.100). Maigre consolation, la « forte hausse » des effectifs de l’intérim (+36.900). Ces salariés sont comptés dans le tertiaire même s’ils effectuent les missions dans l’industrie ou la construction. Majoritairement masculins, jeunes et ouvriers, les intérimaires ont été frappés de manière historique par la crise, sans avoir droit aux mesures de chômage partiel ou de reconversion, et souvent moins longuement indemnisés.
« Hors intérim, la baisse de l’emploi tertiaire a été plus marquée qu’au trimestre précédent », a souligné l’Insee. Les secteurs principalement non marchands (administration hors fonctionnaires, éducation, santé, action sociale) ont en revanche créé des emplois (+12.500). Ces chiffres sont tirés des bordereaux Urssaf, source exhaustive, a souligné l’Insee, qui va expertiser le décalage avec sa première estimation.