«Il y a crise quand l’ancien monde ne veut pas mourir et que le nouveau monde ne peut pas naître.» Cette définition du théoricien italien Antonio Gramsci s’applique à la lettre au moment de tension extrême que subissent la planète financière en général et le monde de la banque en particulier. De l’ancien monde, tout semble encore en place, ou presque. Près de deux décennies après le scandale du Crédit lyonnais, le drame de Dexia en témoigne jusqu’à la caricature : prise de risques inconsidérés, spéculation à coups de «produits» toxiques, tergiversation irresponsable des Etats, «stress tests» bidons et sauvetage public sans contreparties… Comme si chacun se refusait à tirer la moindre leçon de la catastrophe. Aucune mesure sérieuse d’encadrement et de contrôle des instruments financiers n’a été prise, ni en Europe ni aux Etats-Unis, depuis le sévère avertissement de 2008. Au moment où s’esquisse un nouveau plan de sauvetage des banques, cette fois à l’échelle européenne, il faut rappeler à tous qu’une banque est d’abord et avant tout un bien public. Les Etats ne sauraient mobiliser à nouveau des milliards d’euros sans exiger des règles nouvelles et, notamment, une place au conseil d’administration des établissements aidés. Nicolas Sarkozy s’y était refusé en 2008. Les peuples européens ne comprendraient pas aujourd’hui que nul ne soit en charge du rappel permanent et exigeant de l’intérêt général. La politique y joue son crédit. Le monde nouveau ne naîtra pas sans un électrochoc.
Hier à Bruxelles, les Vingt-Sept se sont mis d’accord sur le principe de renflouer les établissements en difficultés. Sans encore évoquer de contreparties.
Panique à bord : après des mois de déni, les gouvernements européens, secoués par l’effondrement de la banque franco-belge Dexia, admettent enfin qu’il y a un énorme problème bancaire sur le continent. Hier, à Bruxelles, Angela Merkel a reconnu qu’il «est justifié, s’il y a un constat commun que les banques ne sont pas assez capitalisées, que l’on procède (à une recapitalisation), compte tenu de la situation actuelle sur les marchés financiers». En clair, pas question de croiser les doigts en espérant que la confiance revienne, comme voulait le faire Paris. «Pour les marchés, il est important qu’on aboutisse à des résultats, a martelé Merkel. Le temps presse et donc il faudrait que cela se fasse vite.»
Olli Rehn, le commissaire chargé des affaires économiques et monétaires, a pour sa part annoncé, dans un entretien au Financial Times, que les Vingt-Sept préparaient un plan destiné à renflouer les banques qui en ont besoin : «Il y a un sentiment d’urgence parmi les ministres des Finances. […] Le capital des banques européennes doit être renforcé afin de leur donner une marge de sécurité et ainsi de réduire l’incertitude», sur les marchés. Ce n’est pas encore un Plan Marshall pour les banques, mais ça commence à y ressembler.
Incendie. Les réunions des dirigeants européens vont s’accélérer ces prochains jours, non seulement pour enrayer l’incendie bancaire qui menace, mais aussi pour essayer d’apporter une réponse globale à la crise de la dette souveraine : réunion de la BCE aujourd’hui à Berlin, sommet franco-allemand dimanche, toujours à Berlin, puis Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement les 17 et 18 octobre… Cette fois, les capitales européennes semblent déterminées à éviter la cacophonie de l’automne 2008, lorsque l’Irlande avait garanti sans avertir personne les dépôts de ses épargnants, ce qui avait déclenché une belle panique. «Ce devra être un mouvement ordonné, transparent et égalitaire dans toute la zone», indique l’Elysée.
Merkel insiste aussi pour que la recapitalisation se fasse selon des «critères communs». «Si l’on renforce les banques, ce ne sera pas parce qu’elles sont intrinsèquement malades, mais parce que l’on n’arrive pas à résoudre la question de la dette de la Grèce. Il s’agit de témoigner d’une volonté collective de stabilisation du système financier européen», insiste l’Elysée. Pourtant, «la crise bancaire de 2007 est loin d’avoir été résolue, que ce soit aux Etats-Unis ou en Europe, comme le montre l’affaire Dexia, affirme Nicolas Veron, du centre de réflexions Bruegel. Certes, depuis, elle s’est transformée en crise de la dette et désormais les deux s’entretiennent réciproquement : c’est parce que les marchés doutent de la solvabilité des Etats qu’ils doutent de la solidité des banques.» Mais, selon Veron, le problème va bien au-delà d’une question de confiance des marchés : «Il faut qu’une autorité indépendante soit chargée d’identifier les maillons faibles, car il y en a, et qu’elle puisse les traiter en les recapitalisant ou en les restructurant.»
Car pour l’instant, les comptes des banques sont pleins de zones d’ombre que les «stress tests» de juillet n’ont pas permis de lever. En particulier, les établissements français souffrent, aux yeux des marchés, d’avoir conservé un effet de levier trop élevé dans leur bilan : ainsi, le total de bilan de BNP Paribas représente 27 fois ses fonds propres et ce multiple s’élève à plus de 50 pour la Société générale. En comparaison, les principales banques américaines affichent un ratio moyen de 10. Pour s’aligner, à périmètre constant, les banques européennes devraient augmenter leurs fonds propres de 360 milliards d’euros…
Prix d’Ami. La recapitalisation qui s’annonce et dont on ignore le montant fera appel soit à des investisseurs privés, soit à de l’argent public, soit à des fonds européens. En effet, le Fonds européen de stabilité financière pourra, dans sa nouvelle mouture, qui devrait entrer en vigueur à la fin du mois, prêter de l’argent aux Etats afin de les aider à recapitaliser leurs banques. Les Européens cherchent actuellement les moyens de démultiplier son action en créant un «effet de levier».
En attendant que le ménage soit fait, la BCE ne reste pas inactive. Le système peut imploser à chaque instant, puisque le marché interbancaire est paralysé. La situation est aussi tendue qu’au début de la crise des subprimes, (août 2007), ou au lendemain de la faillite de Lehman Brothers (septembre 2008) : les établissements financiers ne se prêtent plus d’argent de peur de ne pas le récupérer. La BCE inonde donc à nouveau de liquidités le marché : depuis le début de la crise, elle accorde des prêts à taux fixe (et donc à prix d’ami) à trois mois et sans plafond aux banques commerciales. Mieux : elle a annoncé qu’elle allait passer à des durées de six mois et peut-être, demain, d’un an. Reste à savoir si les opinions publiques accepteront ce second sauvetage sans que les banques en payent le prix. Jean-Claude Trichet, président de la BCE, a déjà averti que «nos démocraties ne pourraient accepter un nouveau plan d’aide aux banques» de même ampleur qu’en 2008 «sans contreparties».
Il faut pas prendre les enfants pour des cochons sauvages !
Le dogme du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux met l’Ecole publique à genoux, ne lui permettant plus d’assurer ses missions de Service public. Ce dogme ne permet plus aux personnels d’exercer leur métier avec sérénité et professionnalisme.
Depuis 4 ans, le Ministère de l’Education nationale a supprimé plus de 52 000 postes. Les personnels de l’Education, les parents et les jeunes se sont mobilisés régulièrement au cours de cette année pour dénoncer les 16 000 nouvelles suppressions de postes effectives à la prochaine rentrée scolaire alors même que plus de 60 000 élèves supplémentaires sont attendus.
Ces suppressions associées au manque d’ambition éducative dégradent encore plus les conditions d’apprentissage des élèves et de travail des personnels.
Dans ce contexte, la campagne publicitaire sur les recrutements lancée par le Ministre de l’Education nationale sonne comme une provocation d’autant que la préparation du prochain budget prévoit de nouvelles suppressions d’emplois et n’affiche d’autre objectif pour le système éducatif que la recherche d’économies.
Si le gouvernement cherche à tromper l’opinion en affirmant sans cesse, comme si cela pouvait convaincre, que l’on peut faire « plus avec moins », la France reste un des pays qui investit le moins dans son éducation et donc dans l’avenir.
En plus de la question fondamentale des postes, la politique éducative, l’avalanche de mesures inadaptées, incohérentes et précipitées maintiennent un système éducatif inégalitaire qui ne permet pas de lutter réellement contre l’échec scolaire.
La nécessité d’une toute autre politique éducative passe aussi par un budget plus volontaire. Pour cela, les organisations FERC-CGT, FSU, SGEN-CFDT, UNSA Education appellent les personnels de l’Education nationale et de l’enseignement agricole publique à se mettre en grève le 27 septembre . Elles exigent l’arrêt des suppressions d’emplois, une autre logique pour le prochain budget et une transformation démocratique du système éducatif afin d’assurer la réussite de tous les élèves.
Aujourd’hui plus que jamais, notre pays a besoin d’un système éducatif qui s’attaque réellement aux inégalités scolaires et traite la situation des élèves en grande difficulté. D’autres choix pour la réussite de tous les jeunes sont nécessaires afin que l’École remplisse les objectifs d’une École démocratique, ambitieuse et émancipatrice.
L’affaire paraît entendue : François Hollande est un dangereux démagogue ! Doublé d’un tacticien à la petite semaine, prêt aux promesses les plus extravagantes pour séduire la grande famille de l’éducation nationale, réputée fournir de gros bataillons d’électeurs à la « primaire citoyenne » des 9 et 16 octobre.
Alors qu’il prônait le plus grand sérieux budgétaire, le candidat socialiste ne vient-il pas de tomber le masque en annonçant que, président de la République demain, il recréerait en cinq ans 60 000 postes d’enseignants, soit à peu près autant qu’il en a été supprimé depuis 2007 ?
« Irresponsable ! », « irréaliste ! », s’est empressé de dénoncer l’actuel ministre de l’éducation nationale, Luc Chatel. Bon à jeter « à la poubelle », a ajouté son collègue de l’économie, François Baroin. « Une drôle d’idée », a commenté, un brin méprisant, le premier ministre. Le chef de l’Etat lui-même a ironisé : « Ce n’est pas « Qui veut gagner des millions ? », c’est « Qui veut dépenser plus ? » » … Quant à la principale concurrente de M. Hollande, Martine Aubry, surprise et agacée d’être ainsi doublée sur sa gauche, elle a déclaré : « Remettre des enseignants, oui, mais en priorité là où il y en a besoin. La réponse est donc un peu plus complexe. »
Pourtant, au risque de se voir affublé des mêmes quolibets ou de recevoir les mêmes leçons, disons-le tout net : François Hollande a parfaitement raison.
Sa proposition est simplificatrice ? Oui, et c’est son mérite de ne pas tourner autour du pot, de mettre – simplement autant que symboliquement – le doigt sur la dégradation du système éducatif français et sur l’une de ses causes centrales : l’affaiblissement des moyens que la République lui consacre, au point qu’il n’apparaît plus comme un investissement essentiel pour le pays, mais comme un fardeau qu’il faudrait à tout prix alléger.
Discours archaïque, incapable de comprendre que l’on peut – que l’on doit, même, compte tenu de la situation des comptes publics – « faire mieux avec moins d’enseignants », comme ne cesse de le répéter le ministre actuel ? Mais alors, il y a beaucoup d’archaïques, ces temps-ci. Car, après bien d’autres, deux études viennent de dresser un diagnostic sévère de l’état de l’école.
Le 13 septembre, c’est l’OCDE qui a publié son rapport annuel sur l’éducation dans 34 pays développés. S’agissant de la France, il fait quatre constats « alarmants ».
1. Le taux de scolarisation des jeunes de 15 à 19 ans, les lycéens, a diminué de 89 % à 84 % entre 1995 et 2009, alors qu’il a augmenté de plus de 9 points en moyenne dans l’OCDE. Et l’on compte toujours quelque 140 000 jeunes qui, chaque année, sortent du système sans aucune qualification.
2. De 2000 à 2008, les dépenses d’éducation ont augmenté de 5 %, quand elles progressaient de 15 % en moyenne dans les autres pays de l’OCDE. En outre, ces dépenses sont déséquilibrées, plus fortes qu’ailleurs dans l’enseignement secondaire (+ 12 %), mais nettement plus faibles (- 14 %) dans l’enseignement primaire, là même où se nouent les retards scolaires, souvent irrémédiables.
3. Le salaire statutaire (hors primes et heures supplémentaires) des enseignants français est non seulement inférieur à la moyenne de l’OCDE, mais il a diminué en valeur réelle depuis quinze ans. Et quand M. Chatel rappelle qu’il a augmenté de 10 %, en 2010, le salaire des professeurs débutants, il oublie de préciser que lesdits salaires étaient alors très inférieurs à la moyenne de l’OCDE (de 24 %), et qu’ils le restent.
4. Enfin, l’OCDE redit, comme l’ont cruellement établi ses enquêtes PISA sur les compétences des élèves, que l’école française, loin de corriger les inégalités sociales entre élèves, les aggrave au contraire.
Le second rapport, publié le 16 septembre, vient d’être très largement adopté par le Conseil économique, social et environnemental, approuvé aussi bien par les représentants des syndicats que ceux du patronat, de l’artisanat, des professions libérales ou de la mutualité. Que dit-il ? Ceci : « La France affiche aujourd’hui une performance éducative décevante : si, pour la moitié des élèves, le système éducatif fonctionne plutôt bien, en revanche la proportion d’élèves très faibles en fin de scolarité obligatoire atteint 20 %, c’est-à-dire sensiblement plus que chez ses principaux partenaires. De surcroît, cette situation s’est fortement dégradée depuis dix ans. »
Et, après avoir souligné que le système français a cessé d’être un facteur de réduction des inégalités scolaires, fortement liées aux inégalités sociales et culturelles des familles, il ajoute : « Plus récemment, une conjoncture défavorable, de très sévères restrictions budgétaires et des suppressions de postes sont venues compromettre un peu plus cette situation. » Sans parler de la formation des enseignants, « insuffisante » et « plus désorganisée que jamais ».
Embaucher en cinq ans 60 000 professeurs supplémentaires ne résoudra pas par magie les problèmes graves ainsi pointés. Comme dirait Mme Aubry, c’est un peu plus complexe. Effectivement, car bien des facteurs doivent se conjuguer pour améliorer l’efficacité d’un système éducatif : l’attractivité du métier d’enseignant, la formation des professeurs (aujourd’hui saccagée), leur statut et les conditions dans lesquelles ils travaillent, les dispositifs pédagogiques, notamment de soutien aux élèves les plus faibles, l’organisation de la carte scolaire, celle des rythmes scolaires, etc.
Encore faut-il, au préalable, mettre clairement un terme à la logique malthusienne et destructrice à l’oeuvre depuis dix ans. C’est le sens de la proposition de M. Hollande. Et que l’on n’objecte pas que la France n’aurait pas les moyens de recruter 60 000 enseignants de plus en cinq ans : cela équivaudrait au coût d’une seule année d’allégements fiscaux accordés au secteur de la restauration (2,5 milliards d’euros) ! Gouverner, c’est choisir. En l’occurrence, le choix s’impose.
(Le Monde)
Martine Aubry tacle Hollande sur l’éducation
Martine Aubry a ironisé, sur la proposition de François Hollande de recréer au cours du prochain quinquennat l’ensemble des postes supprimés depuis 2007 dans l’Education nationale, se disant « contente » que son rival à la primaire ait selon elle « changé d’avis ».
« Je suis contente que François Hollande fasse maintenant de l’éducation une priorité et qu’il ait changé d’avis car il y a encore quelques jours, il disait vouloir sanctuariser le budget de l’éducation à ce qu’il est aujourd’hui », a taclé la maire de Lille, en marge de l’université de rentrée du PS du Nord, organisée dans la métropole lilloise.
François Hollande a déclaré vendredi à Soissons (Aisne) qu’il recréerait en cinq ans, s’il était élu à l’Elysée, les « 60.000 à 70.000 » postes supprimés dans l’Education nationale depuis 2007, en promettant d’arrêter « l’hémorragie que représente la règle du non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite ».
« Adapter l’école à chaque enfant »
« Remettre des enseignants oui, mais en remettre en priorité là où il y en a besoin, la réponse est donc un peu plus complexe », a estimé Martine Aubry, qui juge qu’il faut des moyens et des enseignants », mais « également des psychologues et des éducateurs pour les consolider dans leur tâche ».
Interrogée pour savoir si elle était finalement d’accord avec son rival, Martine Aubry a considéré que la « réponse » de François Hollande « ne répond pas à l’ambition du pacte éducatif » qu’elle veut mettre en place pour « refonder profondément l’école », sur lequel elle « travaille depuis deux ans ».
« La refondation de l’école, c’est bien sûr remettre des enseignants et des moyens, mais aussi adapter l’école à chaque enfant qui est en face de nous », a conclu Martine Aubry.
Les engagements de François Hollande vont au-delà des préconisations de la fondation Terra Nova, proche du PS. Dans un rapport sur l’école 2012, elle prône de réinvestir fortement dans le primaire et l’éducation prioritaire, en créant notamment 10.000 postes par an durant le quinquennat dans l’Education nationale.
Un homme portant cravate se présenta un jour dans un village. Monté sur une caisse, il cria à qui voulait l’entendre qu’il achèterait cash 100 euros l’unité tous les ânes qu’on lui proposerait. Les paysans le trouvaient bien peu étrange mais son prix était très intéressant et ceux qui topaient avec lui repartaient le portefeuille rebondi, la mine réjouie. Il revint le lendemain et offrit cette fois 150 € par tête, et là encore une grande partie des habitants lui vendirent leurs bêtes. Les jours suivants, il offrit 300 € et ceux qui ne l’avaient pas encore fait vendirent les derniers ânes disponibles. Constatant qu’il n’en restait plus un seul, il fit savoir qu’il reviendrait les acheter 500 € dans huit jours et il quitta le village.
Le lendemain, il confia à son associé le troupeau qu’il venait d’acheter et l’envoya dans ce même village avec ordre de revendre les bêtes 400 € l’unité. Face à la possibilité de faire un bénéfice de 100 € dès la semaine suivante, tous les villageois rachetèrent leur âne quatre fois le prix qu’ils l’avaient vendu et pour ce faire, tous empruntèrent.
Comme il fallait s’y attendre, les deux hommes d’affaire s’en allèrent prendre des vacances méritées dans un paradis fiscal et tous les villageois se retrouvèrent avec des ânes sans valeur, endettés jusqu’au cou, ruinés.
Les malheureux tentèrent vainement de les revendre pour rembourser leur emprunt. Le cours de l’âne s’effondra. Les animaux furent saisis puis loués à leurs précédents propriétaires par le banquier. Celui-ci pourtant s’en alla pleurer auprès du maire en expliquant que s’il ne rentrait pas dans ses fonds, il serait ruiné lui aussi et devrait exiger le remboursement immédiat de tous les prêts accordés à la commune.
Pour éviter ce désastre, le Maire, au lieu de donner de l’argent aux habitants du village pour qu’ils paient leurs dettes, le donna au banquier, ami intime et premier adjoint, soit dit en passant. Or celui-ci, après avoir rétabli sa trésorerie, ne fit pas pour autant un trait sur les dettes des villageois ni sur celles de la commune et tous se trouvèrent proches du surendettement.
Voyant sa note en passe d’être dégradée et pris à la gorge par les taux d’intérêts, la commune demanda l’aide des communes voisines, mais ces dernières lui répondirent qu’elles ne pouvaient en aucun cas l’aider car elles avaient connu les mêmes infortunes.
Sur les conseils avisés et désintéressés du banquier, toutes décidèrent de réduire leurs dépenses : moins d’argent pour les écoles, pour les programmes sociaux, la voirie, la police municipale… On repoussa l’âge de départ à la retraite, on supprima des postes d’employés communaux, on baissa les salaires et parallèlement on augmenta les impôts. C’était, disait-on, inévitable mais on promit de moraliser ce scandaleux commerce des ânes.
Cette bien triste histoire prend tout son sel, quand on sait que le banquier et les deux escrocs sont frères et vivent ensemble sur une île des Bermudes, achetée à la sueur de leur front. On les appelle les frères Marché.
Très généreusement, ils ont promis de subventionner la campagne électorale des maires sortants.
Cette histoire n’est toutefois pas finie car on ignore ce que firent les villageois. Et vous, qu’auriez-vous fait à leur place? Que ferez-vous ?
Avant de nous retrouver tous sur la place du village samedi 15 octobre 2011 (journée internationale des Indignés), faites déjà passer cette histoire à votre voisin…
L’emprunt forcé, une arme des Etats face aux marchés ?
C’est parce qu’ils sont convaincus que les grands pays européens ne sont pas « sans défense face aux anticipations perverses des marchés » que l’ancien et l’actuel président de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), Jean-Paul Fitoussi et Philippe Weil, et le grand patron italien Gabriele Galateri di Genola, président de Generali, ont pris leur plus belle plume pour inviter ensemble les Etats à se ressaisir.
Leur tribune initialement parue dans le Financial Times du 15 septembre est en ligne sur le blog de l’OFCE sous le titre « L’emprunt forcé : l’arme de destruction massive de la politique budgétaire ».
Le propos des trois auteurs, décrypté par M. Weil, est simple : éviter que la crainte du pire demain (des écarts de taux trop forts, une dégradation de la note souveraine et un emballement de l’endettement) n’entraîne dès aujourd’hui « une spirale dépressive » calamiteuse pour la croissance et pour l’emploi.
Quand des pays qui ont la même monnaie (l’euro) et qui sont des partenaires commerciaux se mettent ensemble, par une coordination de fait, à adopter des politiques restrictives, le résultat est catastrophique sur l’activité et le niveau de l’emploi, explique M. Weil.
Les Etats européens ne peuvent plus, comme autrefois, faire marcher la planche à billets pour réduire leur taux d’endettement (c’est-à-dire monétiser leur dette). Les eurobonds, dont le mérite économique n’est pas à démontrer, ne séduisent guère les Allemands. Et le marché unique ne résisterait sans doute pas à la création, au sein de la zone euro, d’un espace des pays du Nord et d’un espace des pays du Sud.
Pour autant, écrivent les auteurs, le sort de l’Europe n’est pas scellé. Il suffit pour cela que les gouvernements ressortent de leur arsenal budgétaire l’arme qui leur a servi aussi bien en temps de guerre qu’en temps de paix : l’emprunt forcé.
Ce serait une façon de « sortir des prophéties auto-réalisatrices des marchés » et un moyen pour les grands pays européens de leur rappeler qu’il n’y a aucune raison que les Etats fassent défaut et qu’une partie des dettes souveraines, lorsque les primes de risques sont trop élevées, peut fort bien être refinancée auprès de leurs propres citoyens.
Valéry Giscard d’Estaing ou François Mitterrand ne sont pas les seuls à avoir recouru à l’emprunt forcé. Plus récemment, en 2009, la Californie a utilisé cette arme : elle a augmenté de 10% le prélèvement à la source de ses contribuables pendant la crise, tout en les prévenant qu’elle les rembourserait, mais sans intérêts, en 2010. C’était aussi un signal adressé aux marchés. L’histoire ne dit pas ce que les Californiens en ont pensé.
Source Le Monde 20/09/11
La rigueur, ses excès et ce qu’en disent les économistes
La conversion des socialistes français à la nécessité de réduire le déficit public, manifeste lors du premier débat télévisé qui a opposé le 15 septembre les six candidats à la primaire, a quelque chose de paradoxal. Elle survient en effet à un moment où des voix de plus en plus nombreuses s’élèvent chez les économistes, et au-delà, pour mettre en garde les pouvoirs publics contre un excès de rigueur et/ou une rigueur généralisée.
L’Allemagne, on le sait, a inscrit dans sa Constitution le passage à un déficit structurel quasi nul (0,35% de son produit intérieur brut) à partir de 2016 et elle a d’ores et déjà obtenu que certains de ses 16 partenaires de la zone euro suivent son exemple.
Or, dans une note diffusée le 7 septembre 2011, Henri Sterdyniak et Catherine Mathieu, chercheurs à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), observent que la règle d’or allemande n’en est pas une. Et surtout, ils indiquent que la « vraie » règle d’or des finances publiques, énoncée par Paul Leroy-Beaulieu à la fin du XIXe siècle, reconnaît à l’Etat le droit d’avoir un déficit tant qu’il finance l’investissement public.
Il ne va donc pas de soi ni du point de vue de l’économie classique, ni, bien entendu, du point de vue de la théorie keynésienne, qu’il faille se fixer pour objectif d’avoir un solde nul des finances publiques. Le « bon » niveau de déficit structurel dépend de la situation économique.
« Un déficit de 2,3% du PIB correspondait à la vraie règle d’or en 2006 pour la France ; un déficit de 7,5% du PIB était nécessaire en 2009, compte tenu de la situation économique », précisent les deux auteurs. Et d’ajouter en bons keynésiens : « Dans une situation de faible croissance, de fort chômage, où les taux d’intérêt sont déjà très faibles (le 1er septembre, la France s’endettait à 10 ans à 2,9%), la priorité n’est pas de réduire le déficit public mais de soutenir la demande privée ».
UNE REGLE TROP « SIMPLISTE »
Ces interrogations ne sont pas limitées aux seuls keynésiens. Ainsi Christian de Boissieu, professeur associé à Paris-I, confesse-t-il ne pas savoir « d’où les Allemands sortent leur chiffre de 0,35% ni à quoi il correspond ». « La règle d’or allemande pose des problèmes, en particulier parce qu’elle ne reconnaît pas à l’Etat le droit d’emprunter pour investir et parce qu’elle implique, à terme, un taux d’endettement public tendant vers zéro, ce qui est absurde », analyse Patrick Artus, directeur de la recherche économique de Natixis. Et de pointer d’autres règles moins « simplistes », comme l’interdiction de financer par la dette les dépenses publiques courantes.
Autrement dit, il n’y a aucune raison de faire « le concours de celui qui réduira sa dette le plus vite », selon l’expression d’Arnaud Montebourg, et Martine Aubry trouvera dans la littérature économique de solides arguments à opposer à François Hollande sur la nécessité ou pas de se fixer un objectif de zéro déficit des finances publiques en 2017.
Le cas de la Grèce retombée en récession deux ans après un premier plan d’austérité montre que le rétablissement de la soutenabilité des finances publiques exige du temps et un certain doigté. « Lorsque l’on va trop vite et trop loin, on casse la croissance et on aggrave le ralentissement économique ou on accentue la récession », observe Christian de Boissieu.
Si, comme le confirme Philippe Aghion, professeur d’économie à Harvard et à l’école Polytechnique, « il n’existe pas à proprement parler de définition de la rigueur », les pays sinon les plus rigoureux, du moins » les plus vertueux » sont, à ses yeux, « ceux qui ont des faibles niveaux moyens de dette publique ou de déficits publics sur PIB et qui, de surcroît, mènent des politiques contracycliques (augmentation des déficits en récession, réduction des déficits en période d’expansion), ce qui leur permet de minimiser les conséquences du cycle économique sur l’emploi et les investissements de croissance ».
Christian de Boissieu met pour sa part en avant au moins trois indicateurs utiles pour donner un contenu à la rigueur, ce terme emprunté aux politiques (de Raymond Barre à François Fillon en passant, bien sûr, par le socialiste Pierre Mauroy et son fameux tournant de 1983 ) : la baisse des salaires nominaux et des salaires réels (donc du pouvoir d’achat) , la caractère restrictif des politiques budgétaire et monétaire et leurs coûts d’ajustement économiques et sociaux, qui peuvent être extrêmement élevés (les Irlandais, les Grecs et les Portugais en savent quelque chose).
UN RISQUE DE SPIRALE DEPRESSIVE
Si la rigueur peut se retourner contre la croissance et, dans les cas extrêmes, contre le redressement des comptes publics, sa généralisation, au même moment, à l’ensemble des pays de la zone euro, déjà affectés par le ralentissement économique mondial, ne peut qu’engendrer une spirale dépressive, alerte un nombre croissant d’économistes.
Dans son édition du 15 septembre, l‘International Herald Tribune rapporte qu’un des membres du comité de politique monétaire de la Banque d’Angleterre est un économiste américain, Adam Posen. Et que ce spécialiste du Japon et de ce qu’on appelle souvent sa « décennie perdue » met en garde depuis des semaines cette instance et les pouvoirs publics en Europe et aux Etats-Unis contre les risques de répétition des erreurs des années 1930, à savoir amplifier le ralentissement économique par des politiques monétaires encore trop conventionnelles et par des coupes budgétaires.
Que la Banque d’Angleterre tolère semblable énergumène en son sein alors que le premier ministre britannique, le conservateur David Cameron, plaide pour un Etat minimal et fait des coupes claires dans les dépenses publiques, montre bien, s’il en était besoin, à quel point les réponses aux problèmes de l’heure sont peu évidentes.
Des mallettes pleine d’argent, un chef d’Etat africain appelé «papa» (Omar Bongo), un avocat franco-libanais à la voix sucrée, des accusations dévastatrices, des démentis de principe, la justice saisie… Et puis, Chirac, Villepin, Le Pen et Sarkozy. La confession dimanche de Robert Bourgi, porteur de valises de la françafrique, est proprement stupéfiante. Les plus hauts responsables de l’Etat y palpent des billets comme des malfrats après un casse. Les lois et la morale sont bafouées. Les citoyens abasourdis. C’est du polar, de la politique fiction…
C’est surtout la face la plus noire de la politique. Celle qui apparaît si rarement au grand jour, faute de preuves ou de témoignages crédibles. Les rares à briser le silence auraient souvent préféré continuer à se taire. Qu’ils soient promoteurs, secrétaires, petits élus, chauffeurs ou même policiers, ils décident de parler un jour par rancoeur, pour une trahison de trop, le besoin de se protéger ou de ne pas porter le chapeau pour les autres. Personnages de l’ombre, seconds couteaux, «petites mains» des partis, ils sont les chevilles ouvrières de la vie politique. Jamais des élus de premier plan, encore moins des hommes dits «d’Etat». Chez ceux-là, l’omerta est une règle de vie.
Les méthodes comme les chiffres alignés dimanche par Bourgi sont si extravagants que l’on est tenté de ne pas y croire. Les accusés, comme Dominique de Villepin, récusent en bloc avec des mots choisis pour faire écran: «fariboles». L’enquête – si elle aboutit – prendra des années. Où sont les preuves? Le délai de prescription est-il atteint? Faire parler Bongo fils, pour son père décédé? Selon toute vraisemblance, les paroles de Bourgi resteront inconséquentes.
Les dernières révélations d’une ampleur comparable remontent à plus de 10 ans: la fameuse cassette Méry, du nom de ce promoteur immobilier, membre du RPR et faux facturier pour le compte du parti gaulliste. Où l’on retrouvait déjà Chirac en première ligne, accusé de s’être fait remettre des valises de billets en son hôtel de Ville de Paris. Avec en toile de fond des comptes en Suisse, des sociétés écrans, des entreprises rackettées pour se voir attribuer des marchés et priées de gonfler les factures pour reverser des dessous de table.
«Abracadabrantesque»! «Pschittt…»! Chirac et son souffleur de mots magiques, Villepin, ont survécu. Pas de poursuites, pas de procès. Le premier a été réélu président de la République en 2002 et a maintenu les juges hors de l’Elysée avec son immunité. Et dans une autre affaire (vieille de plus de quinze ans…) jugée ces jours-ci de financement illégal et d’emplois fictifs, l’ancien chef de l’Etat a trouvé la parade avec son «anosognosie». Ce qui ne l’a pas empêché de retrouver un zeste mémoire pour porter plainte contre Bourgi.
Extraits du Discours de Dakar du Président Sarkozy
« Le paysan africain qui depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature …. le drame de l’afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire »
En raison de sa nature décentralisée, Internet n’est pas « contrôlé » par un unique organisme, Etat, ou entreprise. Contrairement à une idée répandue, le réseau n’est pas non plus une « jungle » totalement libre : à tous les échelons, de nombreux organismes exercent ou peuvent exercer un contrôle ou une censure sur les informations qui y circulent.
Les structures les plus fondamentales d’Internet sont sous le contrôle de l‘Icann, l’Internet corporation for assigned names and numbers. Cet organisme a un statut particulier, puisqu’il s’agit d’une société à but non lucratif, soumise au droit californien. Composé de nombreuses commissions, qui gèrent des problématiques structurelles, l’Icann encadre notamment les noms de domaine ou le fonctionnement des adresses IP (Internet Protocol, les « adresses » de machines et de sites sur le réseau).
La gouvernance de cet organisme stratégique fait l’objet de nombreux débats : plusieurs pays lui reprochent notamment la sur-représentation des Américains dans les différentes commissions. L’Europe et la Chine, notamment, demandent depuis plusieurs années une plus grande ouverture dans la gestion de la fonction Iana, la « racine » d’Internet, qui gère par exemple les noms de domaine en .com. Le pouvoir de l’Icann est fondamental, puisque l’organisation peut suspendre des noms de domaines entiers, comme elle l’avait fait pour le .iq irakien ou pour le domaine afghan.
Pour le bon fonctionnement du réseau, un organisme distinct de l’Icann est également chargé de fixer les normes techniques des technologies les plus courantes sur Internet, comme le langage HTML : le World Wide Web Consortium (W3C). Sa gestion est assurée conjointement par des experts américains, européens et japonais.
Au niveau national
S’il est décentralisé, le réseau reste cependant tributaire de la présence de câbles pour son bon fonctionnement : en l’absence de « tuyaux » suffisamment grands, le trafic peut être très fortement ralenti. Or, de nombreux pays sont dépendants, pour leur accès au réseau, d’un ou deux câbles sous-marins ou souterrains. En Afrique, des pays entiers voient leur accès tributaire des décisions des pays voisins ou des choix des entreprises privées.
Surtout, les pays disposent techniquement de la capacité de bloquer ou de censurer tout ou partie d’Internet. Durant les manifestations qui ont précédé la chute de Hosni Moubarak, l’Egypte a pu couper quasi-instantanément l’accès au réseau en faisant pression sur les fournisseurs d’accès à Internet (FAI). En bloquant deux protocoles d’échange d’information vitaux, le pays a été coupé du reste de la Toile en quelques heures.
Sans aller jusqu’à ces extrémités, de nombreux pays exercent aussi un contrôle très fort sur le réseau. Des contenus contraires aux lois nationales sont ainsi bloqués dans la plupart des pays autoritaires, mais aussi dans des démocraties : en France, la loi sur les jeux d’argent en ligne permet d’ordonner le filtrage des sites qui n’ont pas reçu un agrément. En Australie, un vaste projet de filtre a été repoussé à plusieurs reprises devant les difficultés techniques et politiques. Ces systèmes de filtrage ne sont en effet pas infaillibles, mais les solutions de contournement peuvent être relativement complexes à utiliser.
L’organisation de défense de la liberté d’expression Reporters sans frontières publie chaque année un classement des pays qui censurent Internet. Dix pays sont classés par RSF comme « ennemis d’Internet » en raison de la censure draconienne qu’ils exercent sur le réseau. Parmi eux, la Chine, la Birmanie et l’Iran, où les activités des internautes sont également espionnées. La Russie, le Venezuéla ou la France sont, eux, classés comme « pays sous surveillance » en raison de lois en vigueur qui permettent de filtrer des sites Web.
Pour chaque ordinateur
Au sein d’un même pays, plusieurs acteurs peuvent exercer un contrôle sur la manière dont les utilisateurs accèdent à Internet. Les fournisseurs d’accès disposent théoriquement d’importants pouvoirs : ils peuvent par exemple bloquer ou ralentir certains types de trafic, par exemple le téléchargement en P2P. Depuis la création du Web, une règle non-écrite, dite de « neutralité du Net », prévoit que les opérateurs ne font pas de discrimination des contenus circulant sur le réseau : quel que soit l’utilisateur ou le type de données, toutes les informations doivent théoriquement circuler à la même vitesse.
Mais les FAI, qui se plaignent d’engorgements suite au développement exponentiel du Web, souhaitent pouvoir, dans certains cas, s’affranchir de cette règle. Pour des raisons de gestion du réseau, estiment-ils, il serait par exemple souhaitable de pouvoir donner la priorité à certains « paquets » d’informations au détriment d’autres, comme les vidéos en ligne par exemple. Dans certains pays, et notamment aux Etats-Unis et au Canada, les FAI brident également la vitesse de connexion et la quantité de données téléchargeables par les internautes.
En bout de chaîne, l’internaute est également soumis au contrôle de son réseau local, s’il n’est pas directement connecté à Internet. En pratique, ce sont souvent les entreprises qui détiennent le plus de pouvoir sur la connexion d’un internaute. Il est en effet plus simple de filtrer un réseau de petite taille que de le faire à l’échelle d’un pays.