Le Parlement a définitivement adopté, mercredi 1er décembre, une proposition de loi de sénateurs UMP permettant aux universités d’avoir recours au système des partenariats publics-privés, dits « PPP », pour gérer leur patrimoine immobilier. La ministre de l’enseignement supérieur, Valérie Pécresse, a défendu ce projet, à l’initiative du sénateur Jean-Léonce Dupont (Union centriste) et qui s’inscrit dans le droit fil de la loi sur l’autonomie des universités. Voté par le Sénat le 17 novembre, il l’a été sans modification mercredi à l’Assemblée nationale et il est donc définitivement adopté.
Depuis la loi d’autonomie d’août 2007, les universités peuvent devenir propriétaires de leurs murs, l’Etat étant actuellement propriétaire de l’essentiel des 18,6 millions de m2 de foncier bâti des six mille trois cent cinquante établissements d’enseignement supérieur. Cinq universités (Clermont-I, Corte, Paris-VI, Poitiers et Toulouse-I) ont obtenu au début de novembre le feu vert pour devenir propriétaires de leur patrimoine immobilier. Michel Bouvard (UMP) a salué une loi qui « va débloquer des situations immobilières en attente ». L’opposition a voté contre. Le PS y a vu un « signe supplémentaire du désengagement de l’Etat », comme l’a affirmé Régis Juanico. Jean-Paul Lecoq (PCF) craint que le dispositif signe « une montée en puissance du secteur privé ».
Pour éviter la faillite publique, le gouvernement britannique a annoncé mercredi des mesures d’austérité drastiques. Les prestations sociales seront réduites et près d’un demi-million de postes seront supprimés dans le service public. Les commentateurs jugent cette politique dure, injuste et extrêmement dangereuse pour l’économie.
Avec le programme d’austérité, le chancelier de l’Echiquier George Osborne mise tout sur une seule carte, écrit le quotidien de centre-gauche The Guardian, qui estime toutefois que ce jeu pourrait mal se terminer avec l’économie : « Osborne a besoin que suffisamment de gens avalent la petite histoire de la coalition, selon laquelle le Labour aurait ruiné l’économie et créé un déficit auquel la seule réponse serait une cure d’austérité, prescrite de façon relativement équitable. D’après les sondages, c’est l’opinion qui domine aujourd’hui. Mais sur la durée, l’opinion publique se basera sur la perspective d’une véritable relance économique ces quatre prochaines années, afin qu’Osborne ou son successeur soit en mesure de déclarer en octobre 2014 que le remède a été efficace, et qu’une période favorable – et une réélection en 2015 – se profilent. … Ce programme d’austérité est l’œuvre d’un parieur. Un Chancelier ne peut pas retrancher 81 milliards de livres de l’économie, à l’image d’Osborne, sans porter atteinte au pays. Ce sera un pays différent dorénavant. » (21.10.2010)
En procédant aux plus lourdes coupes budgétaires depuis la Seconde Guerre mondiale, le Premier ministre britannique David Cameron s’inscrit dans la lignée de Winston Churchill, écrit le quotidien Aamulehti. Mais le risque d’échec est grand : « Alors que la Grande-Bretagne luttait pour son existence au début de la Seconde Guerre mondiale, le Premier ministre de l’époque, le conservateur Winston Churchill, ne mâchait pas ses mots dans son premier discours en tant que dirigeant du gouvernement de guerre, à un moment extrêmement difficile. ‘Je n’ai rien d’autre à vous offrir que du sang, du labeur, de la sueur et des larmes’, déclarait-il dans son célèbre discours à la nation. En d’autres termes, il fallait accepter de nombreux sacrifices pour pouvoir espérer un avenir meilleur. … Les détails du programme d’austérité seront fortement contestés, dans la rue comme au Parlement. Mais ce qui importe, c’est l’influence qu’il aura sur l’avenir britannique. Même si l’opération est un succès, le patient y survivra-t-il ou laissera-t-il sa peau sur le billard ? C’est un pari dangereux, pour lequel le gouvernement Cameron a décidé de prendre tous les risques. » (21.10.2010)
Après l’annonce du gouvernement britannique d’un programme d’austérité qui prévoit notamment des coupes dans les dépenses sociales, le quotidien progressiste Politiken espère des mesures tout aussi strictes pour le secteur financier : « La coalition libérale-conservatrice veut soumettre l’Etat-providence britannique à une cure d’austérité dramatique ; elle veut davantage épargner que stimuler. La reine aussi doit épargner, mais ce sont surtout le système social, l’Etat-providence, ainsi que les services publics, qui sont touchés. Avec pour résultat les plus grandes coupes budgétaires jamais imposées au secteur public depuis la Seconde Guerre mondiale. Si les Britanniques doivent avaler cette couleuvre, il faudra que le secteur financier, indubitablement à l’origine de la crise, soit plus fortement réfréné et contraint à assumer ses responsabilités. » (21.10.2010)
Avec ses lourdes mesures d’austérité, le Premier ministre britannique David Cameron suit un cap bien plus rigoureux que ce à quoi s’attendait beaucoup de monde, estime le quotidien de centre-gauche De Volkskrant. Mais contrairement à l’ex-Premier ministre Margaret « Thatcher, qui voulait surtout briser le pouvoir des syndicats, Cameron tente de prêter à sa thérapie de choc une dimension idéaliste. A ses yeux, cette thérapie n’est pas seulement une amère nécessité économique, mais aussi une mesure qui va dans le sens de son projet de ‘Big Society’, où il est naturel que certaines tâches n’incombent plus à l’Etat mais aux citoyens, ceux-ci disposant ainsi d’un plus grand pouvoir de contrôle. Ce n’est pas une idée inintéressante, mais ce n’est pas non plus la panacée. Pour créer une base sociale suffisante acceptable pour ces lourdes atteintes, le Premier ministre devra offrir des perspectives nouvelles et plus claires. » (21.10.2010)
A Montpellier les lycéens opposés à la réforme des retraites ont continué à se mobiliser lundi dans des rassemblements épars, lors d’une journée marquée par de nouveaux affrontements. La quasi-totalité des lycées étaient à nouveau bloqués hier matin. Devant les lycées, la relation entre les manifestants et le personnel des établissements semble s’être améliorée grâce au dialogue qui s’est instauré. La fermeté des blocus dépend du degré de mobilisation. Les élèves qui le souhaitent peuvent généralement accéder aux salles de cours, qui sont bien souvent annulés faute de participants.
En ville, la situation reste tendue. » On est constamment sur le qui-vive, témoigne Léa du lycée Clemenceau. Ce matin des fauteurs de trouble s’en sont pris à des lycéens en grève qui tentaient d’éteindre un feu de poubelle. » Des échauffourées ont également eu lieu au lycée privé la Merci qui envisage de fermer jusqu’à la fin de la semaine si les troubles se poursuivent. Dans la matinée, la BAC est intervenue au lycée privé Nevers où des jeunes ont fait face aux CRS avant de se disperser. Au lycée Joffre, une tentative d’incendie a été contenue par des parents d’élèves avec le soutien d’enseignants. » On tente d’assurer une présence adulte continue, explique une mère sur place depuis l’aube, mais nous ne sommes pas assez nombreux. «
En fin de matinée, le maire Hélène Mandroux a interrompu une conférence de presse pour se rendre au lycée Léonard de Vinci où la loge d’entrée a été brûlée ainsi que le système d’alarme suite à un jet de projectile incendiaire. Les forces de l’ordre ont procédé à trois interpellations de mineurs du Lycée Mendès France mis en garde à vue pour avoir lancé des projectiles. Pour l’instant, les interventions du dispositif policier restent mesurées. Avec un certain succès puisque l’on ne déplore aucun incident physique grave, mais la tension monte.
Aujourd’hui l’intersyndicale, que l’on ne voit pas sur les blocus, assurera la sécurité des jeunes dans la manif. Le mouvement des lycéens se prolongera probablement au moins jusqu’à la fin de la semaine, date des vacances de la Toussaint. Jeudi, les lycéens et les étudiants de l’Hérault devraient défiler à Montpellier pour faire valoir la situation d’abandon criante de la jeunesse.
Clemenceau où les barrages ponctuels sont régulièrement forcés par des automobilismes violents
Le mouvement des lycéens ne faiblit pas et s’étend sur Montpellier. La quasi-totalité des établissements avaient reconduit le blocage en AG la veille au soir. Hier, dans l’ensemble, les marches sur la ville se sont déroulées dans le calme. « Jeudi soir, nous avons fixé comme objectif prioritaire de consolider notre présence sur le blocus des établissements et de réduire les manifestations en ville. Nous rejoindrons la manifestation samedi. Et reprendrons les blocus dès lundi », indique Maud la coordinatrice du lycée Joffre. Un groupe de lycéens est venu prêter la main aux élèves du lycée privé Nevers où les cours ont été suspendus à midi. Dans la matinée, le lycée professionnel Jules Ferry/La Colline a également rejoint le mouvement. Devant les barricades de fortune, la situation semblait plus apaisée que jeudi au centre-ville (voir notre édition d’hier). Une évolution sans doute liée aux accords passés entre les responsables lycéens et les proviseurs.
Violences policières
En revanche des incidents opposant la gendarmerie aux lycéens ont eu lieu hier matin au lycée Pompidou de Castelnau-le-Lez. « Nous avions commencé un blocus symbolique jeudi en laissant passer ceux qui souhaitaient se rendre en cours, témoigne Marine Albertine. Ce matin en arrivant, il y avait des policiers municipaux et des gendarmes, une quinzaine au total, qui ont voulu nous empêcher de prendre des poubelles. Un des lycéens n’a pas lâché la poubelle et leur a lancé un mauvais regard, ils lui sont tombés dessus en le matraquant. Un gendarme a sorti son taser (pistolet électrique), je crois qu’il l’a utilisé. Puis ils sont entrés avec lui dans l’établissement. » Un incident, confirmé par plusieurs témoignages, que dénoncent les Jeunes Verts de Montpellier qui condamnent « l’usage par la police d’une violence démesurée à l’encontre des lycéens qui tentaient de bloquer pacifiquement leur lycée ». « Nous on ne veut pas de violence. On respecte la démocratie en laissant passer ceux qui veulent aller en cours. Si ca se passe comme ça on lèvera le blocus », conclut cependant Marine.
Par ailleurs, le lycée privé La Merci a été évacué dans la matinée en raison des fumées s’élevant à partir de poubelles enflammées. Le fait relèverait d’une bande de lycéens qui circule dans la ville en commettant diverses dégradations. « Depuis lundi, il sont venus à plusieurs reprises pour enflammer les poubelles et s’en prendre à nous », témoignent les élèves qui tiennent le blocus au lycée Clemenceau. En ville, la police nationale a procédé à deux interpellations de mineurs auteurs présumés d’incendies de poubelles. Ils ont été relâchés et seront présentés au juge des enfants. « Tous nos effectifs sont mobilisés », indique-t-on de source policière. Mais force est de constater un certain attentisme. Notamment sur l’avenue Clemenceau où les barrages ponctuels mis en place par les lycéens sont régulièrement forcés par des automobilismes violents, tandis que plusieurs véhicules de police sont stationnés place St Denis plutôt qu’en amont du barrage. « C’est comme ça depuis lundi, observent les commerçants de la rue. Les jeunes sont livrés à eux mêmes et font n’importe quoi. On voit parfois des syndicalistes qui passent le matin restent dix minutes puis repartent. On appelle la police plusieurs fois par jour. Ils ne sont jamais venus. » La contestation de la jeunesse se poursuit mais appelle de toute évidence une plus grande participation des adultes.
Le courrier, écrit sur instruction du ministère, s’adresse aux parents pour qu’ils découragent leurs enfants de participer à des actions de blocage dans le cadre de la mobilisation pour les retraites.
«A Mesdames et messieurs les parents d’élèves»: «Je vous demande de bien vouloir rappeler à votre enfant qu’il a des droits et des obligations dans le cadre de sa scolarité… Ses devoirs concernent l’assiduité, le respect de la liberté d’autrui et celui des biens». Signé : le proviseur.
Plusieurs parents de lycéens, notamment dans les académies de Strasbourg et Grenoble, ont eu la surprise de trouver dans leur boite aux lettres ce courrier en début de semaine. A deux ou trois formulations près, les lettres adressées aux parents sont identiques. En substance, il est demandé aux parents de faire en sorte que leurs enfants-grévistes arrêtent les actions de blocage et regagnent les salles de cours.
Daté du 8 octobre, au lendemain des premières grosses mobilisations lycéennes contre la réforme des retraites, le courrier insiste sur les dangers potentiels liés au mouvement de protestation. «Depuis plusieurs jours, des groupes de lycéens ou d’autres jeunes, qui affirment protester contre des réformes, tentent de bloquer des lycées», commence le courrier. S’en suit un argumentaire en trois points: «Les blocages font obstacles au droit à l’éducation», «l’assiduité est une obligation» et attention danger: «la présence des lycéens dans la rue attire quelquefois un certain nombre de personnes qui souhaitent troubler l’ordre public et peuvent mettre en cause la sécurité des élèves et des personnels.»
A qui doit-on ce rappel à l’ordre? Au ministre Luc Chatel qui déclarait en début de semaine que non, vraiment, les lycéens n’ont rien à faire dans la rue. «Le ministère a en effet donné des instructions aux recteurs pour rappeler simplement le droit aux parents d’élèves», reconnaissait, un peu gêné, le service de presse du ministère de l’Education, ce jeudi après-midi.
«Les tentatives d’intimidation se multiplient»
«Cela remet complètement en cause notre droit à s’exprimer, c’est sans fondement légal, proteste Quentin Delorme, secrétaire général de l’Union nationale lycéenne, le premier syndicat lycéen. C’est une nouvelle tentative d’intimidation. Depuis quelques jours, les menaces n’arrêtent pas. Dans l’Aisne, un élève a été convoqué en conseil de discipline parce qu’il avait manifesté la veille… A La Rochelle, hier, un élève me racontait qu’il avait failli être arrêté par la police lors d’un rassemblement devant le lycée. Motif : avoir bougé les poubelles du coin de la rue !»
Autre reproche, entendu plusieurs fois dans le cortège parisien mardi: «Le proviseur nous met des bâtons dans les roues pour organiser des AG dans l’enceinte du lycée. Du coup, on n’a pas le choix, on se réunit devant».
Sur ce point, Philippe Tournier, président du SNPDEN, le syndicat majoritaire des chefs d’établissement, rétorque : «Bien évidemment si l’objectif de l’AG est d’organiser le blocage, ce n’est pas acceptable. Dans les autres cas, il n’y a aucun problème.»
D’ailleurs, il reconnaît avoir lui aussi adressé à ses confrères un modèle de lettre à envoyer aux parents. «On a pris une position très ferme sur les blocages. Les actions devant le lycée visant à bloquer l’entrée sont inacceptables et contraires à la loi. La lettre aux parents visent à rappeler cette interdiction, c’est tout.»
Et de préciser: «On ne remet pas du tout en cause la liberté de manifester des lycéens. Si un élève ne vient pas en cours parce qu’il manifeste, un mot d’absence des parents nous indiquant qu’ils sont d’accord suffit. On rappelle aussi cette règle aux confrères.»
Commentaires
Les mouvements de lycéens ont toujours constitué un moyen d’éducation civique car les gens y apprennent à monter et à défendre des revendications sans sombrer dans la violence. L’attitude qui consiste à leur nier toute voix au chapitre est à l’image d’un idéal familial dans lequel on leur refuse le droit de choisir leurs moyens d’expression. Ils sont bien mignons quand il suivent la caravane de Joyeux, le GO du PMU, ou quand ils participent à des simulacres de démocratie pour élire le président du Club des Castors Minors, mais deviennent des voyous s’ils discutent à côté d’une poubelle.
Ce gouvernement est prêt à tout pour semer la confusion dans les esprits et monter les gens contre les autres, belle mentalité!