Festival de Radio France : La 25e édition amorce une transition régionale

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 » C’est le dernier Festival de Radio France et de Montpellier… l’année prochaine, si je suis reconduit président, ce sera le premier Festival Régional de Radio France.  » A moins d’un an du scrutin régional, Georges Frêche ne pouvait manquer de placer la culture sur le terrain de campagne où il s’apprête à jouer la mère des batailles. C’est ce qu’il a fait, lundi lors de la présentation du Festival en s’appuyant sur la profonde complicité de René Koering.

Après avoir pointé un déficit d’infrastructure musicale adaptée à la musique sur le territoire régional, le président annonce :  » Si je suis réélu, j’aiderai à faire cinq ou six salles de 500 à 1 000 places avec une qualité acoustique digne de ce nom.  A Perpignan, Nîmes Carcassonne, Alès et pourquoi pas Béziers et Sète. S’adressant au maire UMP de Sète François Commeinhes, présent dans la salle, il propose :  » Je suis prêt à vous en prendre 50%.  » Qui dit mieux ?

L’excitation s’émousse

La présentation publique du festival qui réaffirme cette année sa vocation régionale, manque singulièrement de renouveau. Dans le milieu politico-artistique régional, comme ailleurs, on ne s’étonne plus guère des jeux de surenchères surréalistes qui se succèdent à la tribune. On opte généralement pour l’attitude confortable du détachement qui consiste à faire le dos rond en attendant que cela passe. Mais on ignore ainsi les conséquences sur le long terme. L’excitation qui fait la vie des grands festivals s’émousse. Si l’on s’accorde à penser que la culture n’est pas une marchandise comme les autres, on ne peut oublier qu’un projet artistique est toujours porté par le désir. Reste le contenu et la réussite incontestable d’une aventure culturelle qui passe sans célébrations tapageuses son quart de siècle. De ce point de vue, le bilan plaide si bien pour l’entité bicéphale Frêche Koering que l’on peine à imaginer une continuité dans un autre casting. Ceci explique peut-être cela.

La qualité demeure

Le choix de l’exigence et de l’ouverture qui fonde la réussite du Festival de Montpellier seront au rendez-vous de cette 25e édition. A commencer par trois opéras qui devraient réjouir les amateurs d’art lyrique. Zaira, un inédit de Bellini (version concert), Ezio, de Haendel avec une distribution d’exception rassemblant la soprano Verónica Cangemi, Kristina Hammarstroem, le contre-ténor Lawrence Zazzo, l’alto Sonia Prina, Antonio Abet et le ténor Vittorio Prado. Enfin Marie-Antoinette, par l’ensemble italien de musique baroque Europa Galante, mis en scène par Jean-Paul Scarpitta, évoquera les secrets d’une reine ( interprété par Sylvie Testud) et le rôle qu’elle joua en faveur de la musique.

Curiosités

Sous la baguette d’Emrico Delamboye, la soirée du 19 juillet figure au rang des curiosités attractives avec deux créations.  Trois discours politiques pour baryton, chœur d’hommes et orchestre , une œuvre de 1944 où le compositeur allemand Manfred Gurlitt célèbre à sa façon la révolution française à partir des discours de Saint-Just, Danton et Robespierre avec le concours de Fanny Ardant et de Gérard Depardieu. La deuxième partie de la soirée verra la renaissance de La Haine, une œuvre profondément dramatique d’Offenbach, qui dormait dans un tiroir depuis plus d’un siècle.

Le piano sera comme chaque année à l’honneur avec le retour des sœurs Labèque, la fidélité d’Aldo Ciccolini et la virtuosité d’Evgeny Kissin qui interprétera des œuvres de Mendelssohn et Tchaikovski dans des partitions pour trio, piano, violon et violoncelle. A noter enfin, la création Parole perdue d’après un livret de Jean Vermeil, mis en scène par Jean-Claude Fall avec le concours du dispositif électroacoustique GRM de l’INA, de la comédienne Emmanuelle Laborit et de la voix posthume de Guillaume Depardieu.

Jean-Marie Dinh

 

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Otage de sang

Marc Pastor et Julien Guill dans Diktat d'Enzo Corman

Marc Pastor et Julien Guill dans Diktat

La pièce débute comme un réveil qui sonne à mauvais escient. Promis à un bel avenir dans un régime totalitaire, un psychiatre dans la force de l’âge, sort soudainement du rêve. Dans un espace perdu, la scène, dépouillée de tout, s’y prête parfaitement, Piet va retrouver son demi-frère porté disparu avec sa mère durant la guerre civile. Vingt-cinq ans plus tard, cette résurrection soudaine, vient interrompre sa vie quotidienne et réviser passablement ses certitudes. Sans plus trop savoir où il en est, il se débat avec lui-même quand arrive le frère oublié qui le braque brusquement avec un revolver pour en faire son otage.

En connaissance de cause, et à renfort de détails sur la tragédie des survivants, Val ranime la culpabilité de son frère que le temps a transformé en naïve innocence. La guerre ressurgit comme des fils barbelés entre les deux frères. Et le choix imposé par la victime rebelle au nationaliste assumé est radical. Le lien de sang propulse l’intensité de la relation. Le cadet piétine la raison filiale que recherche l’aîné d’abord pour sauver sa  peau, puis plus sincèrement.

Interprétation et présence corporelle remarquable de Julien Guill et de Marc Pastor qui maintiennent une intensité dramatique soutenue et nuancée, en tenant le spectateur sur le fil d’un bout à l’autre de la pièce. Le duo fonctionne comme une horloge qui tourne à l’envers en remontant le temps vers les périodes noires du conflit, puis jusqu’à l’enfance retrouvée et finalement fusillée.

La grandeur des vaincus tient une place de choix dans le théâtre de Corman. Avec Diktat, l’auteur aborde l’épineuse question de la responsabilité politique et morale de l’individu. Ni le pays ni les parties en présence ne sont citées. Enzo Corman a cependant écrit ce texte en 1995, ouvrant la porte de la fiction dramatique en pleine guerre de Bosnie pour faire entrer un peu d’air dans les principes aveugles de la réalité.

Diktat par la Cie Provisoire à La Baignoire en mars 2009

Représentations et esthétisme

Jose Ortiz Echagüe

En amont de la Comédie du Livre où l’Espagne sera à l’honneur du 22 au 24 mai, le Pavillon Populaire propose un voyage photographique en terre hispanique. Une occasion de découvrir l’Espagne à travers les figures particulières de quinze photographes espagnols.

L’espace de l’exposition se divise en trois parties. En entrant dans la pièce centrale, on accède à l’Espagne contemporaine. Emprunts d’une force émancipatrice, les personnages du Barcelonais Miguel Trillo collent à l’attitude posée, moderne, parfois surjouée, de la movida. A quelques pas de là, Ricky Davila capte l’intégralité de son pays à travers dix portraits que l’on entend respirer. Cette partie de l’exposition provient du Musée d’art moderne de Madrid.

Riche et diversifiée, la matière de l’exposition ouvre sur d’autres perspectives. Certains travaux ayant été spécialement produits pour Montpellier. C’est le cas du travail de Juan Salido dont a été tirée l’affiche. Présent lors du vernissage, le photographe dispose d’une salle où il présente des grands formats consacrés aux mouvements entêtant du flamenco.

En contrepoint de l’Espagne d’aujourd’hui, les côtés du Pavillon offrent un accès aux représentations plus anciennes. Les compositions minutieuses et contrastées de Koldo Chamoro révèlent une certaine inquiétude face à la disparition gokautomaat online de la mémoire. La démarche de l’artiste évoque une volonté ultime de transmission dans une société qui pousse vers l’effacement de la tradition.

A l’étage on découvre le travail hors du commun de Jose Ortiz Echagüe (1886-1980) tant par la forme que dans les représentations. Ingénieur, industriel, et pilote, Jose Ortiz Echagüe échappe à son métier grâce à sa passion pour la photographie. Son travail de picturaliste se distingue par le procédé utilisé basé sur le charbon. On s’attarde volontiers sur les nuances de ses compositions très travaillées et parfaitement distribués dans l’espace.

L’exposition prend en considération les représentations les plus significatives de l’Espagne à la fois urbaine et rurale. Le travail de Fernando Herraez qui s’intéresse aux ferias locales ou celui de Benito Roman sur les nains toréadors pénètre en profondeur la culture hispanique marquée par le génie goyesque.

On s’attarde volontiers sur les nuances et la composition du travail de Jose Ortiz Echagüe

 

Nouvelle manifestation contre l’offensive aveugle israélienne

Associations, collectifs, syndicats et partis politiques ont défilé hier dans les grandes villes de France pour demander l’arrêt de l’opération « Plomb durci ». Et des sanctions contre le gouvernement israélien qui ignore l’appel au cessez-le-feu immédiat de l’ONU. A Montpellier, le rendez-vous donné place de la Comédie a réuni entre 4 et 5 000 personnes. Après la manifestation de samedi dernier, la mobilisation s’intensifie en nombre. Elle semble également plus déterminée pour dénoncer le viol du droit international par l’Etat d’Israël et l’attitude trop attentiste de la communauté internationale. Mais l’appel des organisateurs à « exprimer la colère calmement » a été entendu.

En scandant des slogans solidaires – « Nous sommes tous des palestiniens » – ou plus critiques  – « Israël assassin Sarkozy complice », « ONU entends-tu ? « ONU où es-tu ? » -, le cortège a rejoint la préfecture en empruntant la rue de la Loge sous le regard déconcerté des badeaux tout aux soldes. Une délégation de représentants d’associations a été reçue en préfecture où elle a remis une pétition noircie de 5 000 signatures recueillies cette semaine à Montpellier.

« Un soutien économique »

Le rassemblement était organisé à l’appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Outre l’engagement de simples citoyens, il regroupe une quarantaine d’organisations, notamment le PCF, le PDG, la LCR, les Verts, les CUAL 34, plusieurs syndicats, le Mrap, la Ligue des droits de l’Homme, l’Union juive française pour la paix… Une diversité importante qui dépasse largement le processus d’ethnisation orchestré en faveur du pouvoir israélien.

« La paix, ce n’est pas juste la fin de la guerre, affirme le secrétaire de UL-CGT de Montpellier, Julien Colet. Cela passe également par un soutien au développement économique de Gaza qui compte 80% de chômeursLes syndicats doivent s’impliquer car on sait bien que la guerre est l’issue choisie par le capitalisme pour sortir des crises.» Portant la parole des associations de solidarité avec la Palestine, Anis Salem invite «  à faire pression sur les élus locaux, nationaux et européens pour le respect des droits du peuple palestinien. »

Trop peu d’élus

Peu d’élus pourtant dans le cortège. Ce que regrette le conseiller municipal communiste, Michel Passet, qui constate « l’absence de mobilisation de la Ville pour imposer la paix. Il serait judicieux d’engager une action solidaire afin d’atténuer la souffrance du peuple palestinien. Pourquoi ne pas envoyer une délégation en Israël et en Palestine ? Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures. Un enfant qui meurt d’un côté où de l’autre provoque une même douleur. » L’élu d’opposition LCR-Cuals Francis Viguié regrette aussi cet immobilisme. « Lors de la cérémonie des vœux, le maire a raté l’occasion de faire un signe pour dire qu’elle comprenait. L’attitude de la majorité apparaît comme un mépris qui ne peut que nourrir des suspicions sur les raisons politiques de son absence. »

L’opération « Plomb durci » est entrée dans sa troisième semaine, en dépit des appels internationaux au cessez-le-feu. L’armée israélienne a prévenu hier les habitants de Gaza que ses opérations militaires pourraient encore se renforcer.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique politique : Des bougies sous la neige, Rubrique livre : Etre juif après Gaza, Rubrique international Rapport de l’ONU sur Gaza.

Des bougies sous la neige pour Gaza

Trois cents personnes se sont réunies hier soir sur la place de la Comédie pour rendre hommage aux victimes palestiniennes de la bande de Gaza. Au douzième jour de l’opération Plomb durci le bilan ne cesse de s’alourdir. Les attaques israéliennes sur un territoire surpeuplé auraient fait 660 tués et 3 000 blessés sans distinction d’âge ou de genre indiquent les services d’urgences palestiniens. 30% de ces victimes sont des femmes et des enfants confirment les ONG. L’armée israélienne dénombre de son côté une dizaine de soldats tués et une trentaine de blessés.

Face aux pressions, Israël a accepté mardi 6 janvier au soir d’ouvrir un « corridor humanitaire » à destination des quelque 1,5 million de Palestiniens de la bande de Gaza. Il servirait à « l’acheminement de personnes, d’aide alimentaire et de médicaments ». Mais l’offensive terrestre israélienne continue de provoquer des combats dans les zones urbaines de Gaza.

Partout en France, des collectifs

pour la paix entre Palestiniens et Israéliens poursuivent leur mobilisation et demandent l’arrêt du massacre. A Montpellier l’Association France Palestine Solidarité, (AFPS), l’association palestinienne en France (APF), et la Campagne Civile Internationale pour la Protection du Peuple Palestinien

(CCIPPP34) campent sur la Comédie depuis lundi pour sensibiliser l’opinion publique et demander un cessez-le-feu. « Nous recueillons des signatures pour le retour à la paix que nous remettrons prochainement au préfet. Beaucoup de Montpelliérains se sentent concernés, c’est encourageant. Et cela dénote un décalage entre l’action politique française et la volonté populaire», souligne Anis Salem membre de la CCIPPP34. La minute de silence observée hier par les fonctionnaires de l’ONU au Moyen-Orient et la demande d’enquête internationale sur « les armes illégales » utilisées par l’armée israélienne apparaissent à ses yeux comme « des signes encourageants ». Car seule une condamnation claire et déterminée de l’opinion internationale est susceptible d’influer sur le gouvernement israélien.

Jean-Marie Dinh

Voir Aussi : Rubrique politique Manifestation contre l’offensive israélienne, Rubrique international Rapport de l’ONU sur Gaza, Rubrique livre : Etre juif après Gaza.