La musique de Grieg portée à la scène

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Concert Montpellier
Un Peer Geer qui explore la forme intrigante de la pièce à lire souhaitée par Henrik Ibsen dans sa demande à Grieg. La mise en scène du duo Clarac-Deloeuil fait dialoguer orchestre symphonique, comédiens, chanteurs lyriques, choeurs et création vidéo réalisée en direct

ce soir et demain à l’Opéra Berlioz.

L’orchestre national Montpellier Occitanie prolonge son invitation pour penser autrement le cérémonial du concert. Une façon aussi d’y intéresser des publics plus mêlés, curieux de formes hybrides et soucieux, de questionner notre temps présent, au prisme des grandes pièces du répertoire symphonique et lyrique. On retrouve le répertoire romantique après Manfred, le poème dramatique de Robert Schumann, l’Opéra Orchestre  National de Montpellier accueille un surprenant Peer Gynt d’Edvard Grieg mis en scène et scénographié par  les fondateurs de l’outil de production Clarac-Deloeuil lelab .

Impressionné par le talent de Grieg qu’il a eu l’occasion de côtoyer à Rome quelques années plus tôt, en janvier 1874, l’écrivain Ibsen propose au compositeur norvégien de mettre en musique son Peer Gynt. Le projet d’opéra tombe dans l’oubli. Une subvention du gouvernement lui donne le loisir de composer tranquillement et se consacrer à la commande d’Ibsen. La partition est achevée en juillet 1875, la première de Peer Gynt a lieu le 24 février 1876.

Depuis sa Norvège, Edvard Grieg compose une splendide musique de scène sur l’histoire tragicomique de Peer Gynt, jeune adulte volage, ivrogne et paresseux.  Peer Gynt est un voyage initiatique narrant les aventures d’un anti-héros en quête de rêve et d’identité. Oscillant sans cesse entre courage et lâcheté, Peer Gynt surmonte tant bien que mal les obstacles qu’il rencontre, le plus souvent par la fuite et le mensonge.

À partir du récit dramatique de ce drôle d’antihérosnorvégien, Jean-Philippe Clarac et Olivier Deloeuil adapte à la scène cette œuvre connue par son titre et la musique de Grieg, mais rarement donnée comme pièce. Cette production prolonge les mots d’Ibsen, pour faire de Peer Gynt « un territoire de jeu à la fois très étrange et très concret ». L’orchestre est enveloppé d’une élégante construction de bois blond, comme autant de sentiers pour retracer les chemins de vie du fantasque antihéros norvégien.

Au fil des passages musicaux, acteurs et chanteurs évoluent sur ce réseau de passerelles. Ils n’incarnent délibérément pas leurs personnages. Mais ils donnent à voir les aventures tragi-comiques de Peer Gynt en effigie, grâce au théâtre d’objets, à la création graphique et à la vidéo réalisée en direct. Un collage de supports poétiques et de techniques parfois surprenantes, qui suggère plus qu’il ne représente, tournant résolument Peer Gynt vers la fable métaphorique et universelle.

JMDH

Objet Musical Créatif, en coproduction avec l’OONM et Le Lab Clarac-Deloeuil. Opéra Berlioz ce soir et demain à 20h.

Source La Marseillaise 12/01/2018

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Otage de sang

Marc Pastor et Julien Guill dans Diktat d'Enzo Corman

Marc Pastor et Julien Guill dans Diktat

La pièce débute comme un réveil qui sonne à mauvais escient. Promis à un bel avenir dans un régime totalitaire, un psychiatre dans la force de l’âge, sort soudainement du rêve. Dans un espace perdu, la scène, dépouillée de tout, s’y prête parfaitement, Piet va retrouver son demi-frère porté disparu avec sa mère durant la guerre civile. Vingt-cinq ans plus tard, cette résurrection soudaine, vient interrompre sa vie quotidienne et réviser passablement ses certitudes. Sans plus trop savoir où il en est, il se débat avec lui-même quand arrive le frère oublié qui le braque brusquement avec un revolver pour en faire son otage.

En connaissance de cause, et à renfort de détails sur la tragédie des survivants, Val ranime la culpabilité de son frère que le temps a transformé en naïve innocence. La guerre ressurgit comme des fils barbelés entre les deux frères. Et le choix imposé par la victime rebelle au nationaliste assumé est radical. Le lien de sang propulse l’intensité de la relation. Le cadet piétine la raison filiale que recherche l’aîné d’abord pour sauver sa  peau, puis plus sincèrement.

Interprétation et présence corporelle remarquable de Julien Guill et de Marc Pastor qui maintiennent une intensité dramatique soutenue et nuancée, en tenant le spectateur sur le fil d’un bout à l’autre de la pièce. Le duo fonctionne comme une horloge qui tourne à l’envers en remontant le temps vers les périodes noires du conflit, puis jusqu’à l’enfance retrouvée et finalement fusillée.

La grandeur des vaincus tient une place de choix dans le théâtre de Corman. Avec Diktat, l’auteur aborde l’épineuse question de la responsabilité politique et morale de l’individu. Ni le pays ni les parties en présence ne sont citées. Enzo Corman a cependant écrit ce texte en 1995, ouvrant la porte de la fiction dramatique en pleine guerre de Bosnie pour faire entrer un peu d’air dans les principes aveugles de la réalité.

Diktat par la Cie Provisoire à La Baignoire en mars 2009

Représentations et esthétisme

Jose Ortiz Echagüe

En amont de la Comédie du Livre où l’Espagne sera à l’honneur du 22 au 24 mai, le Pavillon Populaire propose un voyage photographique en terre hispanique. Une occasion de découvrir l’Espagne à travers les figures particulières de quinze photographes espagnols.

L’espace de l’exposition se divise en trois parties. En entrant dans la pièce centrale, on accède à l’Espagne contemporaine. Emprunts d’une force émancipatrice, les personnages du Barcelonais Miguel Trillo collent à l’attitude posée, moderne, parfois surjouée, de la movida. A quelques pas de là, Ricky Davila capte l’intégralité de son pays à travers dix portraits que l’on entend respirer. Cette partie de l’exposition provient du Musée d’art moderne de Madrid.

Riche et diversifiée, la matière de l’exposition ouvre sur d’autres perspectives. Certains travaux ayant été spécialement produits pour Montpellier. C’est le cas du travail de Juan Salido dont a été tirée l’affiche. Présent lors du vernissage, le photographe dispose d’une salle où il présente des grands formats consacrés aux mouvements entêtant du flamenco.

En contrepoint de l’Espagne d’aujourd’hui, les côtés du Pavillon offrent un accès aux représentations plus anciennes. Les compositions minutieuses et contrastées de Koldo Chamoro révèlent une certaine inquiétude face à la disparition gokautomaat online de la mémoire. La démarche de l’artiste évoque une volonté ultime de transmission dans une société qui pousse vers l’effacement de la tradition.

A l’étage on découvre le travail hors du commun de Jose Ortiz Echagüe (1886-1980) tant par la forme que dans les représentations. Ingénieur, industriel, et pilote, Jose Ortiz Echagüe échappe à son métier grâce à sa passion pour la photographie. Son travail de picturaliste se distingue par le procédé utilisé basé sur le charbon. On s’attarde volontiers sur les nuances de ses compositions très travaillées et parfaitement distribués dans l’espace.

L’exposition prend en considération les représentations les plus significatives de l’Espagne à la fois urbaine et rurale. Le travail de Fernando Herraez qui s’intéresse aux ferias locales ou celui de Benito Roman sur les nains toréadors pénètre en profondeur la culture hispanique marquée par le génie goyesque.

On s’attarde volontiers sur les nuances et la composition du travail de Jose Ortiz Echagüe