Nouvelle manifestation contre l’offensive aveugle israélienne

Associations, collectifs, syndicats et partis politiques ont défilé hier dans les grandes villes de France pour demander l’arrêt de l’opération « Plomb durci ». Et des sanctions contre le gouvernement israélien qui ignore l’appel au cessez-le-feu immédiat de l’ONU. A Montpellier, le rendez-vous donné place de la Comédie a réuni entre 4 et 5 000 personnes. Après la manifestation de samedi dernier, la mobilisation s’intensifie en nombre. Elle semble également plus déterminée pour dénoncer le viol du droit international par l’Etat d’Israël et l’attitude trop attentiste de la communauté internationale. Mais l’appel des organisateurs à « exprimer la colère calmement » a été entendu.

En scandant des slogans solidaires – « Nous sommes tous des palestiniens » – ou plus critiques  – « Israël assassin Sarkozy complice », « ONU entends-tu ? « ONU où es-tu ? » -, le cortège a rejoint la préfecture en empruntant la rue de la Loge sous le regard déconcerté des badeaux tout aux soldes. Une délégation de représentants d’associations a été reçue en préfecture où elle a remis une pétition noircie de 5 000 signatures recueillies cette semaine à Montpellier.

« Un soutien économique »

Le rassemblement était organisé à l’appel du Collectif national pour une paix juste et durable entre Palestiniens et Israéliens. Outre l’engagement de simples citoyens, il regroupe une quarantaine d’organisations, notamment le PCF, le PDG, la LCR, les Verts, les CUAL 34, plusieurs syndicats, le Mrap, la Ligue des droits de l’Homme, l’Union juive française pour la paix… Une diversité importante qui dépasse largement le processus d’ethnisation orchestré en faveur du pouvoir israélien.

« La paix, ce n’est pas juste la fin de la guerre, affirme le secrétaire de UL-CGT de Montpellier, Julien Colet. Cela passe également par un soutien au développement économique de Gaza qui compte 80% de chômeursLes syndicats doivent s’impliquer car on sait bien que la guerre est l’issue choisie par le capitalisme pour sortir des crises.» Portant la parole des associations de solidarité avec la Palestine, Anis Salem invite «  à faire pression sur les élus locaux, nationaux et européens pour le respect des droits du peuple palestinien. »

Trop peu d’élus

Peu d’élus pourtant dans le cortège. Ce que regrette le conseiller municipal communiste, Michel Passet, qui constate « l’absence de mobilisation de la Ville pour imposer la paix. Il serait judicieux d’engager une action solidaire afin d’atténuer la souffrance du peuple palestinien. Pourquoi ne pas envoyer une délégation en Israël et en Palestine ? Il ne peut pas y avoir deux poids deux mesures. Un enfant qui meurt d’un côté où de l’autre provoque une même douleur. » L’élu d’opposition LCR-Cuals Francis Viguié regrette aussi cet immobilisme. « Lors de la cérémonie des vœux, le maire a raté l’occasion de faire un signe pour dire qu’elle comprenait. L’attitude de la majorité apparaît comme un mépris qui ne peut que nourrir des suspicions sur les raisons politiques de son absence. »

L’opération « Plomb durci » est entrée dans sa troisième semaine, en dépit des appels internationaux au cessez-le-feu. L’armée israélienne a prévenu hier les habitants de Gaza que ses opérations militaires pourraient encore se renforcer.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique politique : Des bougies sous la neige, Rubrique livre : Etre juif après Gaza, Rubrique international Rapport de l’ONU sur Gaza.

Le NPA souhaite réinventer la gauche

Jugeant qu’il y avait urgence à reprendre l’offensive, lors de son 17e congrès,  la LCR a engagé le processus de dissolution du parti et la création du Nouveau parti Anticapitaliste (NPA). L’idée de « faire du neuf à gauche » repose sur un constat et plusieurs nécessités. Il s’agit de s’opposer collectivement à l’entité capitaliste qui organise et régit le modèle de la société. Et en ce sens, de proposer la plus large perspective d’engagements aux citoyens qui en font les frais. Le mouvement entend également rompre avec son image de  « parti d’extrême gauche bloqué dans ses doctrines » et de renouer ainsi avec une nouvelle génération. Le troisième grand défi annoncé est de venir disputer l’hégémonie du PS. Volonté plus tactique qui ouvre sur l’épineuse question des alliances.

La situation départementale
« En construisant ce nouveau parti, avec ceux qui nous ont rejoint, nous nous dotons d’un outil plus adapté pour faire face à la politique de la droite,  indique  l’enseignante Martine Granier, on sent bien au sein du processus constituant auquel nous  sommes associés l’idée d’une disponibilité à l’action. Les lignes bougent. »

La mobilisation pour la création du NPA s’est poursuivie dans le sillage des listes antilibérales présentes aux dernières élections municipales. Six comités d’initiative pour un NPA se sont constituées dans le département. « A l’heure qu’il est 175 personnes ont signé l’appel pour la construction du nouveau parti, commente un ancien militant de la LCR, c’est un résultat très encourageant puisque les 2/3 sont des nouveaux venus. » Si beaucoup de choses sont en débat, notamment le statut et le programme du futur parti,  les membres signataires qui travaillent en commission rejettent à l’unanimité les atermoiements ou les reniements des forces de la gauche traditionnelle, notamment du PS.

« Nous ne voterons pas le budget en l’état. Nous souhaitons  renforcer le lien avec les luttes sociales et celles des salariés. A ce niveau le rapport de force exige des meeting communs de toute la gauche. » souligne le conseiller municipal montpelliérain  Francis Viguié. La question des alliances dépend des futurs congrès du PS et du PC. Elle reste pour l’heure subordonnée aux luttes sociales comme la manifestation du 17 juin pour la défense des retraites et des 35 heures.


L’impact des nouvelles recrues

« C’est très motivant de participer à la construction d’un parti en remettant tout à plat et d’être active par rapport à ce qui se passe » confie une jeune fille d’une vingtaine d’année. «  Je cherchais une réponse politique au capitalisme financier, indique un retraité du secteur bancaire, j’étais loin de la LCR. J’ai été surpris de la profondeur du questionnement. Nous avons par exemple débattu des moyens à trouver pour sauvegarder les valeurs humaines et permettre à l’économie de tourner. » L’organisation de la convergence des réseaux d’initiative locale vers la constitution d’un nouveau parti vise la constitution d’un espace à gauche du parti socialiste. Il semble un peu tôt de vouloir mesurer l’impact idéologique des nouveaux signataires sur le nouveau parti. Comme il est difficile de s’avancer sur le futur périmètre et les composantes de ce nouvel espace, que de nombreux citoyens appellent de leurs vœux.

Jean-Marie Dinh