Festival Arabesques : Il était une fois les chibanis

chibanis

Arabesques est un festival soutenu par le Conseil Général de l’Hérault, ouvert sur la Méditerranée, la diversité culturelle et la découverte des arts arabes. Chaque année la manifestation ouvre au Domaine d’O à Montpellier, la saison estivale du vaste espace dédié à la culture. Expositions, manifestations, débats, concerts, pièces de théâtre nourrissent ce rendez-vous autour d’une thématique. Pour sa huitième édition, le festival rend selon la volonté de son président Habid Dechraoui, un hommage aux Chibanis.

Histoire et mémoire

En Algérien, le terme signifie ancien, de manière étendue. Il fait référence à la population de travailleurs immigrés issus de l’Afrique du Nord. La présence des Chibanis en France métropolitaine est liée à la colonisation, et aux efforts de guerre des troupes musulmanes qui jouèrent un rôle décisif dans l’armée française en Afrique du Nord et dans la libération de la France. Cette présence atteint une importance inégalée avec l’immigration économique durant les trente glorieuses où les migrations de main d’oeuvre se transforment en implantation définitive. C’est dire si cet hommage qui éclaire les douloureux efforts consentis dans la solitude, tombe bien pour relire une période opportunément ignorée de notre histoire. A l’heure où la crise qui traverse le pays engendre un retour inquiétant de l’ignorance et de l’intolérance, revenir sur le parcours des Chibanis offre des clés de compréhension bien utiles.

Une démarche pédagogique

L’association Uni’Sons, qui porte le festival, rallie depuis ses premiers pas le jeune public à son travail. Des interventions artistiques sont conduites en partenariat avec les deux collèges du quartier de La Paillade. «Nous travaillons sur l’ouverture culturelle et sur l’identité en étroite collaboration avec les équipes pédagogiques», explique Abdou Bayou, le CPE du collège des Escholiers de la Mosson. Cette année une classe de 3e a travaillé sur l’histoire de l’immigration avec le concours des profs d’histoire, de français et d’espagnol. Après s’être documentés aux archives départementales en élargissant la recherche à d’autre pays comme l’Espagne, les élèves se sont rendus à plusieurs reprises dans les foyers Adoma de la ville pour échanger avec les Chibanis. «Beaucoup d’élèves qui habitent le quartier ignoraient l’existence de ces foyers. Concernant, les témoignages, nous avions convenu avec la directrice de laisser la porte ouverte. Certains sont restés un quart d’heure, d’autres du début à la fin de la rencontre. La traduction a favorisé l’échange. L’une des personnes à qui l’on demandait pourquoi elle peinait à user du français a eu cette réponse : Mon patron m’a toujours demandé de travailler, jamais de parler…»

Vertus de l’échange

Les élèves se sont passionnés pour ce travail d’enquête réalisé en dehors des heures de cours. « Cela les a amenés à s’interroger sur eux-même, et sur les autres, analyse Abdou Bayou, les ados se fabriquent des schémas de référence et oublient qu’ils en existent d’autres. Cette expérience les amène à comprendre que l’on doit cohabiter pour vivre ensemble. Je pense que c’était aussi positif pour les Chibanis qui n’avaient jamais eu l’occasion de transmettre, c’est valorisant d’être écoutés. Certains ont livré un regard critique sur le système, mais aucun n’a dit du mal de la France

Suite à ces rencontres les élèves ont écrit des récits de vie qui ont servi de matière à l’intervention artistique du metteur en scène Ali Merghache. «A partir des textes, nous avons travaillé sur le jeu d’acteur et construit une mise en scène». Celle-ci se compose de trois parties : le rapport à la guerre, quand les Chibanis portaient l’uniforme français, la vie quotidienne en France dans un foyer, et ce qui est resté là-bas, leur pays, leur femmes… « C’est un projet très intéressant qui est loin d’être anodin. D’un côté comme de l’autre, il y a une forte intensité. Pour beaucoup d’élève c’est un moyen d’interroger leurs racines. Les anciens qui ont vécu des vies très dures paraissent moins révoltés que nous. Ils étaient très touchés que l’on vienne à leur rencontre

Jean-Marie Dinh

Dans l’inconfort des habitudes

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Arabesques. Nasser Djemaï porte sur les planches l’histoire de l’immigration à travers la figure des chibanis. Rencontre…

Martin, la trentaine, hérite d’un petit coffret avec un nom et une adresse qui vont être le point de départ d’une quête identitaire le conduisant à la rencontre des Chibanis. Invisible mis en scène par Nasser Djemaï a dépassé le cap des cent représentations. La pièce est programmée aujourd’hui et demain au festival Arabesques.

Comment vous êtes-vous lancé dans cette aventure ?

Cette histoire est un peu celle de mon père arrivé en France en 1968. J’étais donc sensibilisé à ce sujet, jamais traité au théâtre. C’est un sujet casse-gueule, le danger aurait été de vouloir tout raconter. J’ai tenté d’ouvrir une petite lucarne pour mettre en lumière la vie de ses hommes qui sont arrivés pour travailler en se coupant de tout. Certains ont vécu la guerre contre leur propre pays. Leur désir de réussite s’est étiolé avec le temps. Ils se sont usés pour finir pauvres et oubliés. Il y a une dimension proche des Danaïdes dans cette histoire digne des tragédies grecques.

Avez-vous approché la réalité vécue sur le terrain ?

Oui, comme l’indique le titre, c’est une génération invisible. J’ai effectué un travail d’immersion à Grenoble, où j’ai passé un bout de  temps dans les cafés sociaux. Au foyer Adoma j’ai pu approfondir  en rencontrant des personnes qui connaissent bien le vécu de ses hommes toujours très discrets.

Quelle place réservez-vous aux femmes ?

Les femmes sont traitées de manière virtuelle. Elles hantent l’espace comme des fantômes. Elles apparaissent immenses, projetées en fond de scène sur quatre mètres de haut. Leur absence nourrit les fantasmes…

Comment peut-on s’expliquer le fait que ces hommes soient restés seuls après la loi sur le regroupement familial ?

Cela est lié à plusieurs facteurs. Il y a d’abord l’illusion du provisoire. Les Chibanis ont toujours nourri l’espoir d’un retour au pays. Ils ne comptaient pas s’installer en France. Les années passant, ils ont compris que leurs salaires ne leur permettraient pas de revenir chez eux. Ils ne vivaient pas de grand chose, mais avec l’argent qu’ils envoyaient à leur famille il fallait toujours travailler plus. Les années défilent et les enfants grandissent sans vous. On finit par s’habituer à votre absence. Et puis il y a le mythe du tonton d’Amérique que l’on entretient lorsqu’on se rend au pays les bras chargés de cadeaux pour tous. Au final le décalage s’enracine et vous renoncez à accueillir vos proches pour les faire vivre dans des conditions qu’ils n’imaginent même pas.

Quelle a été la nature de votre travail avec les comédiens ?

Il y a six comédiens. Pour Martin, je voulais un jeune homme naïf avec une maîtrise de la langue française pour favoriser l’identification des spectateurs. Pour les Chibanis cela a été plus difficile de trouver des comédiens d’origine arabe de plus de soixante ans. Leur savoir faire s’est perdu parce que le théâtre ne leur donne pas de travail. Ils sont employés à la télé ou au cinéma. Il a fallu se remettre sur les rails, remuscler par la pratique. C’est un peu comme un piano que l’on accorde. Aujourd’hui ils usent de toutes leurs cordes pour passer de l’histoire intime à l’histoire universelle des hommes. Ce sont des personnages totem.

Recueilli par JMDH

 

Repères historiques

Les manoeuvres de la république

Durant les trente glorieuses, pour sa reconstruction puis sa croissance économique, la France a d’importants besoins de main-d’oeuvre. Elle fait appel à de jeunes hommes pauvres et isolés venus d’Afrique et du bassin méditerranéen. Peu formés, peu exigeants, et peu payés, ils sont souvent employés avec des contrats de travail à durée limitée comme manoeuvre dans les travaux publics et les entreprises du bâtiment mais aussi comme ouvriers spécialisés (OS) du travail à la chaîne, en particulier dans l’industrie automobile.

La différence de niveau de vie, de développement économique et de potentiel démographique entre le Nord et le Sud, entre la métropole et ses colonies, puis avec les pays du champ de coopération nourrit ce mouvement de population.

Les travailleurs vendent leur force de travail, dépensent le moins possible sur place, afin d’envoyer à leur famille la plus grande partie de ce qu’ils peuvent économiser et songent surtout à rentrer au pays dans l’espoir d’y mener fortune faite, ou au moins épargne cumulée, une vie plus heureuse et plus aisée sur le plan matériel. Leur conditions de vie sont souvent précaires.

On bâtit à la hâte des foyers de travailleurs immigrés sur fonds publics, comme ceux de la Sonacotra (société nationale de construction pour travailleurs immigrés) devenus les foyers Adona. Mais beaucoup sont exploités par les marchands de sommeil dans des conditions d’insalubrité et d’insécurité extrême. Cette réalité s’inscrit toujours aujourd’hui dans le paysage de Montpellier.

Voir :  Histoire de l’Islam et des Musulman en France. Editions Albin Michel

Visa pour l’Image : Le plus grand magazine du monde

Guatemala : Une Paix bien plus violente que la guerre. Rodrigo ABD, Associated Press

Festival. Visa pour l’Image est aujourd’hui le lieu de rassemblement majeur des acteurs internationaux de la presse et du photojournalisme. Quelques raisons de ce succès.

Après La gare de Dali, Visa pour l’Image fait de Perpignan le centre du monde à la différence,  que depuis 23 ans, on est passé en mode réaliste. Pendant deux semaines jusqu’au 11 septembre, le festival revient sur « l’actu » de l’année. Les visiteurs* se succèdent continuellement pour découvrir les 28 expositions gratuites de la manifestation. Nombre de regards traduisent un intérêt acéré. Au-delà de l’esthétisme qui demeure au rendez-vous, ils décryptent l’écriture photographique comme une expérience signifiante qui s’offre à leurs yeux.

C’est peu dire que cette forme d’expression n’a rien de commun avec la télévision et les autres médias tant la puissance des reportages sélectionnés emporte. La vision d’actualité du photojournalisme défendue par le fondateur du festival, Jean-François Leroy, refuse la course médiatique pour rester en phase avec ce qui se passe. Une qualité d’exigence rare qui se heurte aux pratiques d’aujourd’hui. Celles qui bradent les valeurs professionnelles, comme la rigueur, l’engagement pour un sujet, et la crédibilité de l’information sous couvert de l’évolution technologique. Comme si rapidité et rentabilité rimaient avec authenticité. Ce sujet  reste au cœur du débat des rencontres professionnelles.

Kesennuma : The man with a dog 22 mars 2011, Issey Kato Reuter

A travers plusieurs séquences, le festival revient sur les événements qui ont mobilisé les grands médias, comme la manifestation sismique au Japon ou la vague du printemps arabe, mais il ouvre surtout sur le hors champ. Des reportages comme celui de Valerio Bispuri qui a sillonné pendant dix ans les prisons d’Amérique Latine, ou de d’Alvaro Ybarra Zavala sur la guerre civile en Colombie témoignent de l’engagement de ce métier. La moisson mondiale des crises écologiques, économiques, démocratiques, et sociales de l’année écoulée a le goût du sang et de l’abandon. Elle suscite aussi de l’espoir à travers la nécessité absolue qui s’impose pour trouver des limites.

* 190 000 visiteurs en  2010

Lima, Pérou, décembre 2006. Détenus dansant dans la cour de la prison. Valéro Bispuri.

A Perpignan le versant Occident n’est pas épargné

A Perpignan l’hémisphère Sud apparaît en première ligne mais  Visa pour l’Image ne fait pas l’impasse sur les dérives sociétales de l’Occident. Shaul Schwarz signe un symptomatique reportage sur la culture narco qui se propage au sein de la communauté latino américaine aux Etats-Unis. Les film narco et les clubs narcocorridos y font fureur sur la côte Ouest, comme les chansons composées à la gloire des trafiquants. « C’est l’expression d’un mode de vie qui s’oppose à la société », explique le photographe américain.

Construction de tombes monumentales au cimetière Jardine del Humaya, Mexique juillet 2009.

 

Une mode  en forme de bras d’honneur à la mort et à la guerre de la drogue qui emporte 35 000 vies par an. Le reportage donne un nouveau visage à la drogue comme instrument de contrôle social. Les images pimpantes du luxe narco sont à rapprocher de celles tout aussi réelles qu’a ramenées Alvaro Ybarra Zavala de Colombie.

Tumaco, Colombie,  2009. La police interroge les occupants d’un bar. Alvaro Ybarra Zavala / Getty Images

 

Avec son travail sur les classes sociales défavorisées en Israël, Pierre Terdjman lutte également contre les idées reçues en touchant du doigt une réalité oubliée. A Lod, dans la banlieue de Tel Aviv, on ne lutte pas contre les « terroristes » mais pour survivre, manger, se soigner, où se payer sa dose dans l’indifférence totale de L’Etat.

Made in England

L’édition 2011 propose aussi deux reportages Made in England, dont l’un des mérites est de faire un peu baisser la tension. Avec « Angleterre version non censurée », Peter Dench porte un regard sans complaisance sur le monde ordinaire de ses compatriotes. « Accoutrements grotesques, mal bouffe et manque de savoir vivre : beaucoup d’Anglais s’obstinent à se rendre ridicules » observe le photographe. Il démontre ses dires à travers un voyage convivial et humoristique où l’alcool, mais peut-être pas seulement, semble tenir un rôle prépondérant.

Jocelyn Bain Hogg s’est lui replongé dans le milieu pour suivre la vie intime des mafieux britanniques. Ce photographe très british a commencé son travail sur la pègre en 2001 avec un reportage intitulé  « The Firm ». Sept ans plus tard il y retourne en axant son sujet sur la famille. « Ce choix m’a permis d’être validé, confit-il, car depuis mes premières visites une bonne part de mes anciens contacts avaient passé l’arme à gauche. » « The Family » débute par une série de portraits tout droit sortis d’un film de Scorsese. Quand on lui demande s’il n’a pas forcé un peu le trait pour que la réalité rejoigne le mythe, Jocelyn Bain Hogg trouve la réponse qui tue : « Ils ont des têtes de gangsters parce qu’ils sont gangsters. On peut penser au cinéma, mais qui était là les premiers: les films ou les gangsters ? »

Ici, on n’est pas dans un film, mais à l’enterrement du père de Teddy Bambam. Jocelyn Bain Hogg VII Network

Le parcours en noir et blanc nous entraîne dans les salles de combats de boxe clandestins que la famille utilise comme autant de business center pour parler affaires, drogue et prostitution… Les expressions de la famille Pyle expriment un mélange de machisme et de violence teinté de culpabilité. On suit Joe, Mitch, Mick, qui font faire leur première communion à leur fils Cassis et Sonny : « Malgré leurs mauvais côtés, ceux sont des êtres humains qui aiment et sont croyants », commente Jocelyn Bain Hogg qui brosse le portrait d’un milieu en perdition détrôné par les mafias de l’Est qui règnent désormais en Angleterre.

Jean-Marie Dinh (La Marseillaise)

Voir aussi : Rubrique Photo, rubrique Médias, rubrique Festival, Visa pour l’Image Cédric Gerbehaye: un regard engagé,

Musiques du monde : le plaisir caché de la diversité

José Bel le directeur artistique de Fiest’A Sète "j’ai pu mesurer l’emprise totale de la culture anglo-saxonne"

 

Cette semaine, le plateau de Fiest’A Sète n’a pas eu le temps de refroidir. Les pointures de la world music se sont succédé dans l’antre exceptionnelle du Théâtre de la mer. Ici, c’est pas la cantine. On ne sert jamais de plats réchauffés. Depuis quinze ans, le cuisinier en chef José Bel mitonne une programmation aux petits oignons. Il repère, innove, allie les ingrédients artistiques et culturels. Plutôt humble, l’ancien disquaire connaît son métier sur le bout des ongles. Rester ouvert, écouter, et puiser dans sa culture musicale la meilleure façon d’offrir du bonheur. Sa cuisine est réputée. Fiest’A Sète figure parmi les meilleurs festivals de World de l’hexagone. Il comporte aussi des épices qui éveillent le public à la situation internationale.

« Cela fait partie de notre vocation. Qu’est-ce qu’une programmation de musique du monde si ce n’est une ouverture à d’autres cultures ? En tant que disquaire, j’ai pu mesurer l’emprise totale de la culture anglo-saxonne. Pour la programmation, je pars toujours de la notion de plaisir et de découverte. Dans le prolongement, on élargit sa sensibilité et en prenant plaisir on entrevoit ce qu’il y a derrière la musique. »

L’autre face des festivités

La force des musiques du monde tient en partie à la perception que nous donnent les artistes de leurs contextes de vie. Pour une bonne part des invités, l’environnement est loin d’être apaisé comme le révèle le dernier rapport d’Amnesty International qui tient chaque année un stand dans le cadre du festival. « C’est notre base humaniste. On n’entre pas dans la marchandisation grandissante autour des festivals. En dehors des concerts, il y a aussi Les Tchatches musicales à la médiathèque qui donnent l’occasion d’aller plus loin. » Cette année, le spécialiste des musiques du monde Franck Tenaille y a tenu une passionnante conférence sur le thème « Racines et métissages, les musiques, miroir de la mondialisation ». Vendredi, à l’occasion de la venue du Réunionnais Danyel Waro, défenseur invétéré de la culture créole, le spécialiste des musiques africaines, Philippe Conrath a rappelé que jusqu’en 1981 l’administration française interdisait à la population de jouer du Maloya comme d’en fabriquer les instruments traditionnels.

C’est l’autre face de cette musique festive qui nous enchante qui fait aussi la vigueur de son énergie communicative. La liberté de l’échange culturel n’est toujours pas assurée. Comme en témoigne le problème de visa rencontré cette année par l’artiste congolais Zao. « L’ambassade de France lui donnait rendez-vous le 3 aôut pour un concert programmé le 2 août, explique le directeur José Bel. On a pu résoudre le problème in extremis avec le concours du Réseau zone franche*. » Si les heures de Fiest’A Sète sont belles, elles ne sont pas toujours de tout repos.

Jean-Marie Dinh

* Réseau  français consacré aux musiques du monde, Zone Franche est une organisation transversale qui rassemble toutes les catégories d’acteurs du secteur autour des valeurs relatives à la promotion des diversités culturelles.

Voir aussi : Rubrique Musique, Ethiopie Mahmoud Ahmed, Congo La secousse Belili, rubrique Festival, Fiest’A Sète, rubrique, Rencontre, Mory Kanté, Nigéria Seun Kuti,

Rubrique Afrique, Une enquête parlementaire sur la Force Licorne en Côte d’Ivoire ? , La Françafrique se porte bien, rubrique Livre, Petite histoire de l’Afrique, Kamerun, Que fait l’armée française en Afrique ?,

 

Fiest’ A Sète : La secousse Staff Benda Bilili

La générosité du cœur et le rythme au ventre.

Entre l’épidémie de choléra qui sévit en RDC et celle de la corruption qui gangrène le pays, tout porterait à penser que le moral est au plus bas dans le royaume dit démocratique de Joseph Kabila. Lundi, dans un Théâtre de la mer archi comble, la soirée de musique congolaise de Fiest’A Sète réunissait les deux rives du grand fleuve. Elle a offert au public captivé une belle leçon de savoir-vivre. Les deux groupes invités, Zao (Congo Brazzaville) et Staff Benda Bilili (Congo Kinshasa), cultivent l’esprit d’une joie communicative, celle que l’on tire simplement de se trouver en vie…

En ouverture le groupe Zao devait donner le « la » d’une soirée qui s’annonçait bien colorée. Entouré de jeunes musiciens, le charismatique Casimir Zoba chauffe le public à petit feu assez peu soutenu par une rythmique un peu basique, hormis le percussionniste dont l’expérience tempère les plaqués métalliques des synthés. On se prend parfois à regretter la présence des cuivres… La soixantaine passée, Casimir tient toujours la scène, sa reprise de Ancien Combattant, titre de son premier tube antimilitariste créé en 1984, s’avère toujours d’actualité comme pour rappeler la violence  figée d’Afrique centrale. On retrouve avec bonheur la patte provocatrice du chanteur avec le titre « Moustique » qui figure sur l’incontournable compile de l’édition 2011 du festival.

Changement de rive et de rythmes avec l’arrivée de Staff Benda Bilili. L’histoire de  cet orchestre de rue du Congo Kinshasa débute en 2005. Dans la perspective des premières élections démocratiques tenues depuis les années 60, le groupe formé de musiciens atteints de poliomyélite dans leur jeunesse, crée la chanson « Allons voter » qui fait un tabac dans tout le pays. Suit le film Benda Bilili réalisé par leurs producteurs, Florent de La Tullaye et Renaud Barret qui est présenté à Cannes en 2010. Dans la foulée paraît le disque « Très très fort » qui consacre le groupe en Europe.

Ce que l’histoire ne dit pas c’est la force scénique du groupe. Staff Benda Bilili diffuse toute la subtilité de la musique congolaise qui intègre la musique traditionnelle, la rumba et des sources afro cubaine, dans un cocktail ahurissant qui mêle l’énergie puissante du funk et du rythme’ n blues. Leur soukous (déformation du mot secousse) généreux emporte tous les suffrages. Staff Benda Bilili soutient que le handicap est principalement psychologique, il suffit de les voir pour s’en convaincre. Sur scène le groupe s’impose comme une grande figure de la world music à ne pas manquer.

Jean-Marie Dinh

Fiest’A Sète : La virée Africaine se poursuit ce soir au Théâtre de La mer sur le rythme de l’Afrobeat  avec le ghanéen Ebo Taylor et Seun Kuti,

Voir aussi : Rubrique Musique, Ethiopie Mahmoud Ahmed, rubrique Festival, Fiest’A Sète, La secousse Belili, rubrique, Rencontre, Mory Kanté, Seun Kuti, rubrique Afrique, La Françafrique se porte bien, rubrique RDC, Joseph Kabila, Mobutu light ?, rubrique Congo Brazaville

Fiesta sète : 15 jours de territoires musicaux

 

 

La seconde semaine du Festival Fiesta Sète débute demain au Théâtre de la mer. Une programmation musicale de haut niveau qui explore les zones méconnues mêlant artistes de renommée et découvertes.

« Nous poursuivons notre mission de prospection en direction des musiques du monde. Vers des cultures qui ne sont pas les nôtres pour les faire découvrir » a rappelé le directeur José Bel. La manifestation élargit cette année sa programmation en passant à 15 soirées.

Le festival débute par une  série d’escales musicales dans le bassin de Thau et les quartiers sétois du 25 juillet au 1er août. Un compromis a été trouvé pour coordonner les programmations avec le Festival de poésie des Voix Vives qui se déroule du 22 au 30 juillet. 75% du budget de Fiesta Sète (600 000 euros)  sont assurés sur fonds propres ce qui rend d’autant plus méritoire le parti pris de la gratuité pour lequel opte le festival.

La seconde semaine ouvre le 2 août au Théâtre de la mer par une soirée très hot avec le retour des Congolais de Staff Benda Bilili de Kinshasa plébiscités lors de leur passage l’an dernier qui se produiront ce soir là avec leur voisin congolais Zao. Afrique toujours très chaude, avec la soirée du 4 août qui met en présence le Ghanéen Ebo Taylor (musique trad et l’Afrobeat), et Seun Kuti, le digne descendant de l’afroking Fela (Nigéria).

L’art de la programmation se perçoit à travers les recherches  croisées. Celles-ci aboutissent au concert imprévu du 5 août avec la rencontre de Lo Cor  de la Plana et de Danyel Waro (La Réunion). Les spectateurs de cette soirée percevront, à n’en pas douter, la concordance de conscience multiculturelle entre les démarches. Le groupe marseillais Lo Cor  de la Plana renouvelle le patrimoine populaire occitan en y injectant du swing et du groove tandis que le défenseur invétéré de la culture créole revient dans l’hexagone pour partager sa très vibrante passion.

Figurent également au programme deux soirées cubaines et une soirée sous le signe des Balkans. La soul&funk revue concoctée par Coosmic Groove conclura la danse avec un concert exceptionnel de Betty Harris suivi d’un petit dernier, confié à Maceo Parker. Excusez du peu !

JMDH

Fiesta Sète du  25 juillet au 8 août, rens et résa 04 67 74 48 44.

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