Maintien de la qualité de l’offre théâtrale par temps de tempête

Théâtre
A l’heure où les politiques culturelles confuses se muent en enfer pour les créateurs et en lourdes menaces pour les lieux de diffusion et leur liberté de programmation, un petit retour sur les pièces diffusées récemment dans l’Hérault montre que les publics ne sont pas prêts à se laisser déposséder de la diversité et de la qualité de l’offre.

Au CDN hTh le controversé directeur Rodrigo Garcia qui ne souhaite pas renouveler son mandat à Montpellier reprend une de ses pièces à guichet fermé.

cest-comme-ca-1-christian-berthelot-1024x680

C’est comme ça et me faites pas chier  de Rodrigo Garcia
Certaines édiles ont vu dans le titre un outrage, là où l’auteur et  metteur en scène affirme son expression sur l’incommunicabilité. La réponse aux détracteurs se trouve dans le texte superbe de l’auteur argentin écrit il y a presque 10 ans : « Voilà ce que j’ai appris. À faire confiance à l’alphabet. J’ai appris qu’il faut faire confiance seulement aux mots et jamais à ce qui s’agite autour. Tu vas me dire que chaque être humain doit viser le mot juste. À ça‚ moi je réponds : effectivement‚ c’est là sa dette ; ce qu’il a de plus lourd à porter tient à sa nature. Langage : mille millions de tonnes que n’importe quel homme porte sur son dos. » De ce poids, on le sait, les politiques ne sont pas en reste. Le rôle titre est interprété par  l’acteur aveugle et lumineux Melchior Derouet. Poussé par la puissance d’un monde intérieur proche de l’enfance mais affirmé, il performe  avec la sensuelle  et radicale Nuria Lioansi dans un échange sensible. Les ruptures sonores ou minimalistes laissent intacte la force d’un texte qui questionne les valeurs d’intelligibilité égarées de notre quotidien.

La Mouette d’Ostermeier
la_mouette-3bPour son adaptation de La Mouette, Thomas Ostermeier s’attache à l’expérience fondatrice de Tchekhov, très engagé socialement. Le spectacle vient d’être donné au Théâtre de Nîmes et au Théâtre Molière à Sète. La relecture de l’artiste allemand se traduit par une mise en scène contemporaine du texte. Ce qui apparaît très perceptiblement au début du spectacle  dans les apartés des comédiens sur le théâtre de performance ou à travers l’évocation du conflit syrien, s’estompe lorsque l’action de la pièce de Tchekhov démarre. Mais le fil rouge qui met en exergue l’ambivalence et l’aveuglement volontaire des nantis obsédés par leurs petits problèmes personnels, sans que d’aucune manière la crise humaine et politique fondamentale qui se déroule sous leur yeux, ne leur pose question, demeure tendu. C’est avec finesse, qu’Ostermeier dessine la transposition des contextes,  Les coupes opérées dans le texte  et la direction des comédiens contribuent au renouvellement de l’intrigue qui se joue dans le monde intérieur des personnages et ouvrent sur  une vision du monde très familière. A cet égard, le conflit artistique de génération figurant dans la pièce n’est pas sans rappeler les débats autour du CDN de Montpellier.

RDV Gare de l’Est  à sortieOuest

2012-11-13 Comédie de Reims Production T Colline " GARE DE L'EST" ecrit et mec GUILLAUME VINCENT
Guillaume Vincent a mis en scène son texte Rendez-vous Gare de l’Est à sortieOuest. Il est question de restituer la parole prisonnière que ce soit celle prononcée par les accusés devant le juge, ou celle entendue aux urgences psychiatriques. Le texte résulte d’un travail intensif d’entretiens. Une femme se raconte, dit son trouble : la bipolarité. La pièce est donnée devant un public en alerte, mobilisé pour la sauvegarde du lieu où il se trouve encore aujourd’hui et peut-être plus demain, ce qui confère une écoute particulière, très attentive. Le silence est participatif. La déraison comme un fruit du mensonge et la vérité considérée comme inconsistante. La vérité humaine perdue que le théâtre rend perceptible. Cette inconnue de la gare, si proche de nous, traverse parfois la frontière qui contient la norme, sans trop s’éloigner. La performance d’Émilie Incerti Formentini, dont la présence électrique secoue ce monde vitré, s’inscrit dans nos mémoires.

Les grandes bouches

20161110_grandesbouchesLe metteur en scène Luc Sabot adapte le texte Les grandes bouches de François Chaffin au Chai du Terral à St-Jean-de-Védas. Un spectacle musical qui renoue avec la verve du rock français des années 80 où le texte ordonne le chaos, la rage et la résistance. Ce texte nous parle des figures du pouvoir politique, militaire, médiatique, commercial, intellectuel qui parle à notre place. Ici encore, le théâtre réaffirme sa vocation politique dans le bon sens du terme.

Le point commun de ces spectacles qui ont fait salle comble, pourrait être l’attachement du public au théâtre dans sa diversité d’expression. La volonté de ne pas se laisser happer par l’industrie du divertissement, si agréable soit-elle. Quoiqu’en pensent les responsables politiques, l’art théâtral n’est pas soluble dans les paillettes. Dans le contexte d’incertitude actuel, ils pourraient bien l’apprendre à leur dépens.

 JMDH

Source : La Marseillaise 15/11/2016

Voir aussi : Rubrique ThéâtreDossier. Théâtre en péril, fin d’un modèle à Montpellier et dans l’Hérault, hTh 2017 Libre saison de bruit et de fureur, SortieOuest archivesBéziers, le débat déconstruit la mystification, Sortieouest. Des spectacles vraiment vivants ! , rubrique Politique, Politique culturelleDernière saison d’hiver au Domaine d’O ?, Politique Locale, rubrique Danse,  rubrique Montpellier, rubrique Rencontre, Rodrigo Garcia : «Vivre joyeusement dans un monde détestable»,

Théâtre de Sète. Yvon Tranchant sans effets de manche

yvon-tranchant-pense-que-le-chai-skalli-lieu-provisoire_477808_510x255

Théâtre de Sète
Le directeur de la Scène nationale Yvon Tranchant qui a annoncé qu’il tirera sa révérence à la fin de la saison 2016 2017, poursuit sa mission avec détermination.

Après 14 ans de batailles et de plaisir à la tête de la Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau,  Yvon Tranchant pourrait porter en bouche le goût de la mission accomplie, mais il reste concentré sur les dossiers en cours toujours animé par la volonté de tous instants qui sied à la conduite d’un service public.

«Le cahier des missions d’une Scène nationale on le connaît tous, soutenir la création et la diffusion,  et développer l’action culturelle, indique Yvon Tranchant, au-delà de cette vocation généraliste, je pense  que ce qui caractérise notre projet est  lié à la nature de notre implication dans l’aménagement du territoire et dans la production qui se prolonge par des implications dans l’économie du secteur avec des retombés en termes d’emploi.»

Le Théâtre de Sète se considère comme une maison dédiée aux artistes et au public. La mandature d’Yvon Tranchant est ponctuée d’événements où il a fallu défendre ce postulat. En 2003, le transfert  d’intérêt culturel communautaire de la Scène nationale, de la Ville de Sète à la Communauté d’agglomération du Bassin de Thau marque les contours du projet artistique et culturel. Cette décentralisation sur le territoire impliquait l’obtention de moyens supplémentaires.

«Nous avons défendu auprès du maire l’enjeu culturel de ce transfert, ce souvient  Yvon Tranchant. Des 40?000 habitants de Sète nous passions à un bassin de population de 90?000 habitants, avec des contraintes artistiques et spatiales, mais aussi un rayonnement plus conséquent

Les politiques suivent et le projet prend forme avec une programmation pluridisciplinaire de qualité : musique, théâtre, danse, arts croisés, cirque de création et une présence artistique adaptée dans toutes les villes de la communauté.

Accompagnement du public
« Le travail d’action culturelle est prédominant. Nous sensibilisons, accompagnons, fidélisons le public sur des choix artistiques. Dans les communes, nous cherchons des formes adaptées en nous ajustant aux infrastructures disponibles.» La cohérence dans le temps a permis de défricher d’aménager et de gagner la confiance d’un public. « On a fait bouger les gens dans leur rapport à l’art. Le public des petites communes profite aujourd’hui  d’une offre sur place et il a identifié le théâtre comme lieu centre où il se rend pour voir plusieurs spectacles par saison

 

L’activité de production
Parallèlement la Scène nationale de Sète a progressivement développé son outil de production au service des artistes et des compagnies avec une place importante donnée au suivi des artistes.

« La création c’est fondamental pour faire de la diffusion de qualité. C’est important de mener des parcours dans la durée avec des équipes artistiques. Notre responsabilité nous engage à être ambitieux et à développer des projets pas toujours faciles. Je pense par exemple au travail du chorégraphe Phia Ménard  qui n’est pas vraiment consensuel. Nous le suivons depuis de nombreuses années et aujourd’hui il a véritablement fidélisé son public. »

A quelques mois de son départ, Yvon Tranchant s’implique dans un nouveau défi impliquant l’aménagement du territoire et la production. La Scène nationale s’apprête en effet à assurer la gestion du Centre culturel de Mireval (entre Sète et Montpellier) pour y développer un projet de production et de diffusion dédié à la jeunesse. Elle pourra ainsi disposer d’un second lieu d’accueil artistique qui lui faisait défaut. Une façon de préparer l’avenir en laissant à son successeur une fréquentation de 50 000 spectateurs et du champs  potentiel de développement.

JMDH

Source La  Marseillaise 14/11/2016

Voir aussi : Actualité Locale,  Rubrique Théâtre, Politique culturelle,

Voix Vives 2016. Les yeux brillants d’un monde vrai

Voix Vives en mer face au cimetière de Paul Valéry. Photo dr

Voix Vives en mer face au cimetière de Paul Valéry. Photo dr

La paix comme un souffle qui monte avec Voix Vives et ses invités…

Comment le port de Sète qui a 350 ans cette année  n’aurait-il pas vibré aux ondes de la poésie  portées par les cents poètes invités au festival Voix Vives ? Celui-ci vient de s’achever. Ils sont venus de toutes les rives, pas pour faire des ronds de jambe à l’attention des élites cultivées qu’il leur arrive de fréquenter. Juste pour échanger avec les gens dans la rue, les parcs, les petites places du quartier haut, pour parler avec simplicité, profondeur et apaisement.

En écho paradoxal au monde qui semble se déchaîner autour de cette petite mer que l’on nomme grande bleue. « La Méditerranée, c’est la quiétude face à l’avalanche de l’Atlantique mais actuellement ce n’est pas la mer de la baleine blanche, a souligné  la poétesse madrilène Maria Antonia Ortéga. Les tragédies de la Méditerranée sont les conséquences de l’égoïsme des hommes qui n’ont pas la capacité de surpasser  leurs contradictions. »

Vision de la tragédie, au sens classique des héros abandonnés par leurs dieux qui  ne parviennent plus à affronter leur destin. « La poésie a cette capacité de saisir  la vie  dans ce qu’elle a d’immédiat et d’universel », rappelle la directrice du festival Maïthé Vallès-Bled.

Ainsi est-il toujours possible d’interpréter le présent à travers le prisme de la tragédie grecque. Mais le questionnement permanent qui aiguise l’interrogation du poète comme son désir de dire et d’écrire ne se limite pas à la tragédie. Durant neuf jours, Voix Vives l’a une nouvelle fois démontré.

Le festival  a ouvert grand les vannes, libérant les poèmes par milliers sous toutes les formes, en provenance des horizons proches et lointains de la culture méditerranéenne. Pour la première fois depuis sa création, le festival s’est affublé d’un sous titre : La poésie chemin de paix. A l’évidence, ces chemins ont été pluriels, comme le sont, les douleurs et expériences que peuvent traverser les membres d’une même famille face à un déchirement.

Au-delà de ce sous-titre, qui n’a contraint aucun des poètes invités, le ciel de cette 7e édition sétoise du festival  fut chargé d’implication, de présence, et d’écoute tant de la part des poètes que de celle de l’équipe et du public et même d’une ministre de la Culture. Comme si l’espace du festival s’ouvrait plus que de coutume aux relations directes avec le monde et au bonheur d’une altérité affûtée.

Avant que les mots qui nous ont traversé ne s’égarent aux confins mystérieux de nos pensées ou de nos sens, les éditions Bruno Doucey proposent une anthologie 2016 qui porte traces des mots de chaque poète présent. A nous de  savoir encore les faire danser dans nos bouches. Et de saisir ceux de Maria Antonia Ortéga : « On ne réussit à s’approcher des êtres humains que par le chemin de la liberté et il ne peut y avoir de paix sans liberté. »

JMDH

Source La Marseillaise 03/08/2016

Voir aussi : Rubrique Festival, Voix Vives 2016, 100 poètes dans la ville, Voix vives 2015, site officiel, Sans frontières les poèmes disent l’essentiel, rubrique MéditerranéeLybie, Liban, Tunisie, rubrique Livre, Poésie, rubrique /Méditerranée,

Voix Vives se décentralise en Méditerranée, après Gènes en Italie, les 17 et 18 juin et Sète  du 22 au 30 juillet, l’édition de Tolède en Espagne se tiendra du 2 au 4 septembre. Et le projet d’une édition à Ramallah, Naplouse, et Bethléem , devrait voir le jour au printemps  2017.

Voix Vives : 100 poètes dans la ville

bgvoixvive

Sète. La poésie est une fête globale et lucide sur la réalité du monde.

Poésie, chemin de paix

« Quand la société est en crise le poète ne peut que prendre note dans sa poésie de la crise traversée », constate le poète libanais et président d’honneur du festival Salah Stétié. « Il arrive dans certains cas très rares qu’un souhait bien exprimé par un poète puisse se retrouver mobilisateur », ajoute-il encore.

A l’instar de ce vers du poète Abou Kacem Al Chebbi « Lorsque le peuple un jour veut la vie / Force est au destin de répondre / Aux ténèbres de se dissiper » devenu un élément de l’hymne national tunisien. Mais combien de poètes empêchés, emprisonnés, exilés pour leur amour de la liberté… Le festival Voix Vives qui bat son plein à Sète jusqu’au 30 juillet offre l’immense plaisir et privilège de les rencontrer dans les rues et d’éprouver le souffle de leur poésie et de leurs réflexions.

imagesAshur Etwebi est né à Tripoli, c’est un poète renommé en Libye qui a contribué à faire renaître une culture libre après la chute du président Kadhafi. Il a du quitter son pays en 2015  pour émigrer en Norvège. « Il n’est pas aisé de vivre cet exil… » Si le système intellectuel d’un Clausewitz a fait beaucoup de petits en s’évertuant à penser et à comprendre la nature et l’essence de la guerre, celui des poètes de la Méditerranée qui la subissent, cherchent les chemins de la paix.

« Il n’y a aucun courage dans la guerre. La guerre prend votre air, votre inspiration, la guerre prend votre ombre, la guerre prend ton âme, affirme Ashur Etwebi. Pendant 42 ans nous avons été sous le joug d’un dictateur fou. On attendait juste qu’une fenêtre s’ouvre à nous pour un lendemain. Lorsque le Printemps arabe a éclaté, nous avons vraiment cru que le paradis était juste à un bras de nous. Mais on s’est confronté quelques mois après à la réalité. Ce que nous pensions être un paradis n’était autre qu’un vrai enfer. Après avoir liquidé un gouverneur fou, on s’est retrouvé face à des milliers de fous sanguinaires qui ont mis le feu au pays. »

L’art des poètes est de nous toucher par leur sincérité. A Sète, les artistes témoignent parfois aussi de leur expériences politiques et sociétales apportant d’autres regards.

« La première année après la chute de Kadhafi, la société civile s’est développée. Pendant que nous essayons de la consolider, les islamistes extrémistes, travaillaient en toute intelligence à mettre la main sur le gouvernement. Le résultat du match fut la perte de la société  civile et la réussite des groupes extrémistes islamistes. Ce qui est  à noter, c’est que des pays étrangers, qui  pratiquent la démocratie en paroles et en apparence, ont appuyé et armé ces groupes terroristes extrémistes. C’est pour cela que les Libyens connaissent aujourd’hui une grosse déception. C’est un désastre dans les âmes, dans l’économie et dans tous les domaines de la vie finalement. »

Que font les poètes dans ce contexte ?  « Ils ont  à leur disposition leur inspiration, parfois un organe de presse mais si cet organe déplaît à telle ou telle faction, ou au gouvernement, on a vite fait de l’étrangler et le poète se retrouve muet et souvent jeté dans les caves et les prison du régime jusqu’à ce que mort s’en suive, indique Salah Stétié, C’est arrivé en Europe. Il ne faut pas croire que l’Europe est descendue du ciel avec l’idéal démocratique. Les poètes peuvent ramener un peu de paix, demain un peu plus de paix, et peut être un jour la Paix..

JMDH

Source La Marseillaise 28/07/2016

 

L'ouverture du festival Sètes quartiers hauts

L’ouverture du festival Sètes quartiers hauts dr

 

Poésie
Le festival Voix Vives de Méditerranée en Méditerranée a débuté hier dans l’île singulière un marathon poétique de neuf jours qui éprouve les sens. L’entraînement n’est pas requis, il suffit de tendre l’oreille, sentir, voir… pour éprouver les embruns de toutes les rives.

La saison Voix Vives a débuté. Au bord de la grande bleue, c’est le moment où la ville de Sète s’ouvre à la mer comme un livre ivre.  Celui où les lettres s’émancipent pour tracer tous les sens imaginables de la liberté. Profitant de la léthargie temporaire des cahiers scolaires, les milliers de mots se rebiffent pour célébrer le culte de la poésie vivante. Cent poètes traversent les rives tels des prophètes, pour investir la ville de Sète où ils vont se croiser durant neuf jours dans pas moins de six cent cinquante rendez-vous  !  Les poèmes sont livrés par leur auteur en langue originale, puis traduit par des comédiens. Ils résonnent parfois aux rythmes des  musiciens, du balancement des hamacs, ou du frémissement des feuilles, ou encore de la houle des vagues pendant les lectures en mer…

Quarante pays représentés

Parmi les poètes invités on pourra notamment croiser dans les rues cette année Jacques Ancet (France), Horia Badescu (Roumanie), Mohammed Bennis (Maroc), Jean-Pierre Bobillot (France), Denise Boucher (Francophonie/Québec), Philippe Delaveau (France), Haydar Ergülen (Turquie), Déwé Gorodé (Francophonie/Nelle-Calédonie), Vénus Khouy-Ghata (Liban/France), Paulo Jose Miranda (Portugal), María Antonia Ortega (Espagne), Anthony Phelps (Francophonie/Haïti), Liana Sakelliou (Grèce), Yvan Tetelbom (Algérie) sans oublier son président d’honneur, Salah Stétié (Liban) empêché l’an passé pour des raisons de santé.

Cette liste pourrait se prolonger. Elle révèle l’ouverture du festival sur un monde que les visions éthnocentriques ignorent bien dangereusement. Quarante pays sont représentés  à Voix Vives cette années. On y accède gratuitement,  de l’aube à la nuit par le plus sûr des moyens, la poésie comme regards portés sur le monde et comme chemin vers l’humain.

 JMDH

Concerts du festival au Théâtre de la Mer avec Pierre Perret, Tiken Jah Fakoly et Misa Criolla. Réservation : 04 99 04 72 51

Source : La Marseillaise samedi 23 juillet 2016

Voir aussi : Rubrique Festival, Voix vives 2015, site officiel, Sans frontières les poèmes disent l’essentiel, rubrique MéditerranéeLybie, Liban, Tunisie, rubrique Livre, Poésie, rubrique /Méditerranée,

Sète livre le paysage aux artistes d’aujourd’hui

Au CRAC

Dans la vallée des Merveilles

Dans la vallée des Merveilles

Les passeurs artistiques Philippe Durand, Philippe Ramette, Olga Kisseleva et Emma Dusong partagent l’espace du centre d’art régional jusqu’au 29 mai 2016

La pertinence de la notion de passeur d’art, pourrait bien être celle de la délimitation de ses contours, des liens de passage où circulent les hommes et leurs émotions…  L’artiste Philippe Durand développe une pratique photographique sur le mode de la déambulation, à la recherche de traces visibles dans l’espace public. En 2014, il décide d’explorer la vallée des Merveilles, situé dans le Parc National du Mercantour. Fasciné par cet espace naturel, il y découvre un patrimoine archéologique exceptionnel qui, selon lui, constitue «un autre espace public, évidemment non urbain mais balisé, marqué, transmis d’une personne à l’autre.» Considérant ce site comme un proto-musée en plein air, sans auteur, sans commissaire, sans public ni communication, l’artiste en fait un lieu de travail, dans une nouvelle dimension spatiale et temporelle.

Aire  initiatique archaïque
A la différence du monde de l’art contemporain, les aires culturelles sont rarement des champs clos. Elles subissent, le plus souvent au fil du temps des influences multiples. Influences restituées par les photographies de Philippe Durant qui documentent l’exposition. Les clichés de l’artiste mettent en scène le dialogue des échanges à première vue très inégaux qui s’instaurent entre les cultures à travers le temps. Des gravures anciennes telles les bêtes à cornes préhistoriques que nos lointains ancêtres gravaient dans la roche pour se mettre en contact avec la puissance chamanique de l’animal, côtoient des graffitis plus récents. Un type qui fume dessiné par un berger au début du XXe siècle, un Mickey déifié dans les années 80 ou un graff des twin towers localisé et daté au canif New York 2001. «C’est intéressant de voir que les premiers et les derniers dessins de l’histoire de l’humanité se ressemblent» souligne justement le critique Pacôme Tiellement.

Signes  de l’engagement
Le travail de l’artiste se rapporte à l’histoire de l’art, à l’histoire d’un continent disparu, retrouvé et déplacé. L’exposition tente de recomposer une topographie du lieu. Comme une mise en abîme du gigantesque musée à ciel ouvert de la vallée des merveilles reconstitué au sein du Crac de Sète. Une immense photo murale du site sert de structure à l’exposition. Dans la première salle quelques éléments gonflables évoquent le chaos rocheux du paysage, leur dimension ludique emprunte au parc d’attraction en parfait contraste avec les vidéos qui invitent à une lecture méditative du site. On passe le mur de roche comme l’on traverse un miroir pour se retrouver dans la seconde salle en présence des photographies. A la croisée entre individu et société, l’installation La Vallée des Merveilles pose les signes de l’engagement dans la collectivité. Cette proposition artistique peut être perçue sous une forme individuelle et singulière ou/et comme une forme sociale et donc socialement partagée.

La  force et l’émotion
Avec Suivre sa voix, la jeune Emma Dusong se situe sur le front des pionniers de l’émotion. Son installation Classe évoque les limites et les risques du système éducatif et l’espoir déchu face au désir d’apprendre librement. L’artiste suit les traces de l’intime dans la durée et la profondeur. La conversation avec sa grand-mère espagnole sétoise renvoie à la disparition, aux craintes qu’elle suscite, mais également à tout ou partie de l’histoire de l’enfance, de la famille, de l’amour. Elle transcende largement l’état affectif des individus pour les inscrire dans le paysage de l’art.

Solo exhibition
Emma Dusong Suivre sa voix

24456_1453372230_Emma-Dusong-IMG_7724-600pxEmma Dusong travaille avec la voix et le silence à travers divers médiums. Souvent déclenchées par des performances chantées (écrites et composées par l’artiste) ses pièces sonores proposent un univers  de doute et de métamorphose.
Elle présente son travail en France et à l’étranger depuis les années 2000. En 2008, elle a reçu le prix agnes b. En 2008-2009, elle fut résidente au Pavillon de Tokyo et en 2010, elle est nominée au prix Audi Talents Awards à la FIAC.

«Je m’intéresse à la voix humaine, sa dimension vivante et évanescente, tellement présente, expressive et tactile. Je viens au départ de l’image et j’ai eu besoin à un moment donné d’un médium qui soit le plus vivant possible dans le prolongement de la respiration. Chanter était aussi ce qui me faisait le plus peur et me permettait donc de donner un renouveau à ma pratique. Ce qui me trouble dans la voie chantée est le côté vertigineux de la voix. La voix a cappella émise sans amplification lui permet d’être le plus suspendue possible, la plus vulnérable

Monographie
Philippe Ramette  questionne le réel

11_philippe-ramette-10-6444bA l’occasion de cette exposition l’artiste Philippe Ramette réactive son travail photographique mis en sommeil depuis neuf ans et propose un portrait de l’artiste au fil de l’eau. « Ma démarche est une attitude contemplative. L’idée récurrente consiste à représenter un personnage qui porte un regard décalé sur le monde , sur la vie quotidienne. Dans mes photos, je ne vois pas d’attirance pour le vide, mais la possibilité d’acquérir un nouveau point de vue.»

JMDH

Source La Marseillaise 16/03/2015

Voir aussi : Actualité Locale. Rubrique Art, rubrique Photo, rubrique Exposition,