Des artistes qui se mouillent

Théâtre de Sète. Un soir gris où Phia Menard présentait « Belle d’hier ».

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Il est des spectacles qui vous saisissent pour ne vous relâcher que bien après la clôture du rideau. Belle d’Hier « Pièce de l’Eau et de la Vapeur » compte parmi ceux là. La sensibilité n’est pas que mentale, elle est aussi physique nous dit Phia Ménard, née Philippe, qui revisite le mythe des passives princesses.

Cela, on le sent, d’entrée lorsque le froid nous saisit avec la mise en place des sinistres soldats gelés d’une armée des ombres. Vingt mannequins s’érigent face à nous, imposants comme un père de famille violent qui domine en bout de table son cheptel familial. Mais le temps à raison de tout, y compris du pouvoir, et au fur et à mesure que la glace fond la rigidité s’estompe dans le mouvement sublime de vies qui meurent et se transforment…

Créée au dernier Festival de Montpellier Danse, la pièce de Phia Ménard était donnée au Théâtre de Sète dans une version renouvelée et un contexte brun qui faisait dire à la chorégraphe : « J’ai besoin d’absolu. Je défends ce lieu théâtre contre la barbarie et pour la liberté de penser. Le théâtre est un trou noir où rien n’est institué.

C’est un endroit où l’on invente les formes. Je ne supporte pas le didactisme en art. J’ai besoin de vous faire sentir ce que vous n’avez jamais vu. Le théâtre est un lieu où je veux aller dans votre chair. J’ai besoin que le théâtre soit une drogue dure où l’on renoue avec l’humanité qui nous manque. Je rêve d’un jour où vous ne pourrez plus sortir du théaâre. »

A la bonne heure ! Nous sommes nous retenus de dire, voilà qui est parlé et aussi vécu par des artistes qui se mouillent.

JMDH

Source : La Marseillaise 16/12/2015

Voir aussi : Rubrique Danse,