Théâtre de Sète. Yvon Tranchant sans effets de manche

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Théâtre de Sète
Le directeur de la Scène nationale Yvon Tranchant qui a annoncé qu’il tirera sa révérence à la fin de la saison 2016 2017, poursuit sa mission avec détermination.

Après 14 ans de batailles et de plaisir à la tête de la Scène nationale de Sète et du Bassin de Thau,  Yvon Tranchant pourrait porter en bouche le goût de la mission accomplie, mais il reste concentré sur les dossiers en cours toujours animé par la volonté de tous instants qui sied à la conduite d’un service public.

«Le cahier des missions d’une Scène nationale on le connaît tous, soutenir la création et la diffusion,  et développer l’action culturelle, indique Yvon Tranchant, au-delà de cette vocation généraliste, je pense  que ce qui caractérise notre projet est  lié à la nature de notre implication dans l’aménagement du territoire et dans la production qui se prolonge par des implications dans l’économie du secteur avec des retombés en termes d’emploi.»

Le Théâtre de Sète se considère comme une maison dédiée aux artistes et au public. La mandature d’Yvon Tranchant est ponctuée d’événements où il a fallu défendre ce postulat. En 2003, le transfert  d’intérêt culturel communautaire de la Scène nationale, de la Ville de Sète à la Communauté d’agglomération du Bassin de Thau marque les contours du projet artistique et culturel. Cette décentralisation sur le territoire impliquait l’obtention de moyens supplémentaires.

«Nous avons défendu auprès du maire l’enjeu culturel de ce transfert, ce souvient  Yvon Tranchant. Des 40?000 habitants de Sète nous passions à un bassin de population de 90?000 habitants, avec des contraintes artistiques et spatiales, mais aussi un rayonnement plus conséquent

Les politiques suivent et le projet prend forme avec une programmation pluridisciplinaire de qualité : musique, théâtre, danse, arts croisés, cirque de création et une présence artistique adaptée dans toutes les villes de la communauté.

Accompagnement du public
« Le travail d’action culturelle est prédominant. Nous sensibilisons, accompagnons, fidélisons le public sur des choix artistiques. Dans les communes, nous cherchons des formes adaptées en nous ajustant aux infrastructures disponibles.» La cohérence dans le temps a permis de défricher d’aménager et de gagner la confiance d’un public. « On a fait bouger les gens dans leur rapport à l’art. Le public des petites communes profite aujourd’hui  d’une offre sur place et il a identifié le théâtre comme lieu centre où il se rend pour voir plusieurs spectacles par saison

 

L’activité de production
Parallèlement la Scène nationale de Sète a progressivement développé son outil de production au service des artistes et des compagnies avec une place importante donnée au suivi des artistes.

« La création c’est fondamental pour faire de la diffusion de qualité. C’est important de mener des parcours dans la durée avec des équipes artistiques. Notre responsabilité nous engage à être ambitieux et à développer des projets pas toujours faciles. Je pense par exemple au travail du chorégraphe Phia Ménard  qui n’est pas vraiment consensuel. Nous le suivons depuis de nombreuses années et aujourd’hui il a véritablement fidélisé son public. »

A quelques mois de son départ, Yvon Tranchant s’implique dans un nouveau défi impliquant l’aménagement du territoire et la production. La Scène nationale s’apprête en effet à assurer la gestion du Centre culturel de Mireval (entre Sète et Montpellier) pour y développer un projet de production et de diffusion dédié à la jeunesse. Elle pourra ainsi disposer d’un second lieu d’accueil artistique qui lui faisait défaut. Une façon de préparer l’avenir en laissant à son successeur une fréquentation de 50 000 spectateurs et du champs  potentiel de développement.

JMDH

Source La  Marseillaise 14/11/2016

Voir aussi : Actualité Locale,  Rubrique Théâtre, Politique culturelle,

Des artistes qui se mouillent

Théâtre de Sète. Un soir gris où Phia Menard présentait « Belle d’hier ».

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Il est des spectacles qui vous saisissent pour ne vous relâcher que bien après la clôture du rideau. Belle d’Hier « Pièce de l’Eau et de la Vapeur » compte parmi ceux là. La sensibilité n’est pas que mentale, elle est aussi physique nous dit Phia Ménard, née Philippe, qui revisite le mythe des passives princesses.

Cela, on le sent, d’entrée lorsque le froid nous saisit avec la mise en place des sinistres soldats gelés d’une armée des ombres. Vingt mannequins s’érigent face à nous, imposants comme un père de famille violent qui domine en bout de table son cheptel familial. Mais le temps à raison de tout, y compris du pouvoir, et au fur et à mesure que la glace fond la rigidité s’estompe dans le mouvement sublime de vies qui meurent et se transforment…

Créée au dernier Festival de Montpellier Danse, la pièce de Phia Ménard était donnée au Théâtre de Sète dans une version renouvelée et un contexte brun qui faisait dire à la chorégraphe : « J’ai besoin d’absolu. Je défends ce lieu théâtre contre la barbarie et pour la liberté de penser. Le théâtre est un trou noir où rien n’est institué.

C’est un endroit où l’on invente les formes. Je ne supporte pas le didactisme en art. J’ai besoin de vous faire sentir ce que vous n’avez jamais vu. Le théâtre est un lieu où je veux aller dans votre chair. J’ai besoin que le théâtre soit une drogue dure où l’on renoue avec l’humanité qui nous manque. Je rêve d’un jour où vous ne pourrez plus sortir du théaâre. »

A la bonne heure ! Nous sommes nous retenus de dire, voilà qui est parlé et aussi vécu par des artistes qui se mouillent.

JMDH

Source : La Marseillaise 16/12/2015

Voir aussi : Rubrique Danse,