Jeunesse : une ambiance électrique en ville

Situation d'abandon

A Montpellier les lycéens opposés à la réforme des retraites ont continué à se mobiliser lundi dans des rassemblements épars, lors d’une journée marquée par de nouveaux affrontements. La quasi-totalité des lycées étaient à nouveau bloqués hier matin. Devant les lycées, la  relation entre les manifestants et le personnel des établissements semble s’être améliorée grâce au dialogue qui s’est instauré. La fermeté des blocus dépend du degré de mobilisation. Les élèves qui le souhaitent peuvent généralement accéder aux salles de cours, qui sont bien souvent annulés faute de participants.

En ville, la situation reste tendue.  » On est constamment sur le qui-vive, témoigne Léa du lycée Clemenceau. Ce matin des fauteurs de trouble s’en sont pris à des lycéens en grève qui tentaient d’éteindre un feu de poubelle. » Des échauffourées ont également eu lieu au lycée privé la Merci qui envisage de fermer jusqu’à la fin de la semaine si les troubles se poursuivent. Dans la matinée, la BAC est intervenue au lycée privé Nevers où des jeunes ont fait face aux CRS avant de se disperser. Au lycée Joffre, une tentative d’incendie a été contenue par des parents d’élèves avec le soutien d’enseignants.  » On tente d’assurer une présence adulte continue, explique une mère sur place depuis l’aube, mais nous ne sommes pas assez nombreux. « 

En fin de matinée, le maire  Hélène Mandroux a interrompu une conférence de presse pour se rendre au lycée Léonard de Vinci où la loge d’entrée a été brûlée ainsi que le système d’alarme suite à un jet de projectile incendiaire. Les forces de l’ordre ont procédé à trois interpellations de mineurs du Lycée Mendès France mis en garde à vue pour avoir lancé des projectiles. Pour l’instant, les interventions du dispositif policier restent mesurées. Avec un certain succès puisque l’on ne déplore aucun incident physique grave, mais la tension monte.

Aujourd’hui l’intersyndicale, que l’on ne voit pas sur les blocus, assurera la sécurité des jeunes dans la manif. Le mouvement des lycéens se prolongera probablement au moins jusqu’à la fin de la semaine, date des vacances de la Toussaint. Jeudi, les lycéens et les étudiants de l’Hérault devraient défiler à Montpellier pour faire valoir la situation d’abandon criante de la jeunesse.

Jean-Marie Dinh

Voir aussi : rubrique Montpellier mobilisation lycéenne La détermination des lycéens ne faiblit pas,  La force de la liberté s’engouffre dans la ville, rubrique  Education Réforme des lycées le diable est dans les détails, Réforme des lycées une mauvaise copie pour le FSU , Rapport de la cours des comptes, Comment achever l’éducation NationaleSympa le logiciel du ministère allergique à la fusion, rubrique Justice, Base élèves invalidé par le Conseil d’Etat,

Comment achever l’Education nationale

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Eh oui, au-delà du discours rassurant de nos ministres et de leurs subordonnés, il y a la réalité. Une réalité que nos enfants payent tous les jours. Il semble que le temps est venu de ne plus faire l’autruche en se disant c’est trop compliqué, ou encore c’est politique. Il n’y a rien de plus politique que l’Education Nationale.C’est par là que se construit l’avenir. Ouvrons les yeux !

Le Vent se lève

Les fiches remises aux inspecteurs académiques pour dégraisser le mammouth

Primaire : augmenter la taille des classes

Primaire : Réduire les remplacements

Primaire : Scolarisation à 2 ans

Primaire : Rased

Primaire : Intervenants extérieurs en langue vivante et assistants étrangers

Secondaire : plus d’élèves par classe au collège

Secondaire : Fermer les petits établissements

Secondaire : Supprimer les décharges

Secondaire : Optimiser les remplacements

Secondaire : « Rationaliser » l’offre scolaire

Secondaire : L.P. : revoir l’offre de formation

Secondaire : Revoir les IDD

Général : emplois administratifs

Voir aussi : rubrique éducation rapport de la cours des comptes,

Rapport sévère de la Cour des comptes sur l’éducation nationale

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« L’éducation nationale face à l’objectif de la réussite de tous les élèves » : c’est le titre du rapport public de la Cour des comptes, résultat d’une enquête menée dans les établissements scolaires de six académies, ainsi que dans trois pays étrangers. Le rapport conclut au constat d’une forte inégalité des chances entre les élèves et à l’incapacité de l’éducation nationale à atteindre les objectifs que lui assigne la loi.

La France est un des pays où les destins scolaires sont le plus fortement corrélés aux origines sociales : 78,4 % des élèves provenant de catégories sociales favorisées obtiennent un baccalauréat général, contre seulement 18 % des élèves d’origine sociale défavorisée. L’enseignement scolaire public coûte 53 milliards d’euros par an pour 10 millions d’élèves. Avec environ 3,9 % du PIB, l’efficience du système scolaire français se situe dans la moyenne de l’OCDE. Mais les moyens restent majoritairement répartis comme si l’offre scolaire devait être uniforme sur tout le territoire.

Le système scolaire français est resté fondamentalement inchangé depuis des décennies, alors même que ses objectifs ont évolué : ainsi, la définition de l’activité des enseignants a été fixée en 1950, quand le taux de bacheliers était de 5 %, et le système reste très majoritairement géré par le haut, alors que la difficulté scolaire ne peut être connue et traitée qu’à la base.

Recommandations de la Cour : le système scolaire doit passer d’une logique de gestion par une offre scolaire uniforme – qui est inefficace, qui l’épuise financièrement et qui est contraire à l’égalité des chances -, à une logique de gestion par la demande scolaire, c’est-à-dire fondée de façon prioritaire sur la prise en compte des besoins très différents des élèves.

Télécharger le rapport

Voir aussi : rubrique éducation comment achever l’éducation Nationale,

Médias, banlieue et représentations

emeutebanlieueLa focalisation des médias sur les faits divers violents impose une représentation alarmiste aux conséquences répressives.

Quelles images avons-nous de la banlieue ? Comment vit-on dans ces quartiers difficiles, que s’y passe-t-il ? La série de reportages sur le quartier La Mosson, diffusée prochainement sur France Culture, apporte des éléments de réponse . Par la nature du travail et le temps consacré à l’enquête, c’est aussi une exception qui confirme la règle.

L’approche habituelle de la banlieue relayée par les médias prend le plus souvent des raccourcis pour désigner ces espaces comme un environnement de violence et de délinquance. A partir de faits spectaculaires, courses poursuites, voitures qui flambent… une représentation alarmiste de la jeunesse populaire s’est imposée dans les médias et dans le champ politique.

Le sujet n’est pas nouveau, dans les années 80 l’institutionnalisation du « problème des banlieues » a donné lieu à des politiques conduites dans plusieurs directions, notamment dans l’insertion professionnelle des jeunes, la réhabilitation des quartiers d’habitat dégradé et la prévention de la délinquance. Mais l’objectif de départ n’a pas été atteint. Sur fond de crise, la dégradation du cadre bâti se poursuit, la situation socio-économique des populations ne cesse de se dégrader… Et la prévention de la délinquance a été remplacée par le contrat local de sécurité qui impose sa problématique. Alors que les populations s’enfoncent dans la précarité, les pouvoirs publics instaurent la lutte contre l’insécurité, principalement contre la petite délinquance dans les quartiers pauvres. Tandis que parallèlement, la justice des mineurs s’oriente vers plus de répression.

Sur ce sujet, les discours gouvernementaux et journalistiques s’emboîtent bien souvent. Les reportages produisent une vision dramatisée et les débats glissent de la question de la laïcité à celle de l’immigration érigée en problème d’ordre national. Dans Les médias & la banlieue* la sociologue Julie Sedel s’intéresse au poids particulièrement important des médias sur la vision du monde social qu’ils donnent des plus démunis, sans omettre de signaler que le travail journalistique en banlieue est révélateur des transformations des logiques de production de l’information.

Jean-Marie Dinh

Les médias &la Banlieue, Ina Bdl éditions, 2009

Voir aussi : Rubrique Montpellier Rubrique Politique locale Petit Bard Pergola rénovation urbaine, Rubrique Médias, entretien avec Florence Aubenas , entretien avec Stéphane Bonnefoi Justice Les rois du Petit bard, Délinquance en col Blanc

L’UNEF s’inquiète de l’instrumentalisation de la jeunesse dans le débat public

L’UNEF s’inquiète de la tonalité prise par le débat public ces derniers jours et exprime sa vive préoccupation suite à certaines propositions gouvernementales stigmatisantes et inadaptées qui témoignent d’une vision rance et dépassée de la jeunesse, de ses difficultés et de ses aspirations.

– L’UNEF dénonce la proposition de Brice Hortefeux de mettre en place un couvre-feu pour les mineurs délinquants, à l’heure où les missions éducatives de la protection judicaire de la jeunesse sont remises en cause. Toute mesure répressive envisagée sans un volet éducatif et sans perspective d’ascension sociale est vouée à l’échec.

– L’UNEF s’interroge sur la signification profonde l’apprentissage de la Marseillaise à l’école proposé par Eric Besson, comme si l’incivisme était la principale caractéristique de la jeunesse. Qui a le plus de problème avec l’incivilité ? Les jeunes ou Madame Parisot qui déclare que la liberté s’arrête la ou commence le code du travail, c’est-à-dire la loi ?

– L’UNEF exprime sa gêne face à la volonté de Luc Châtel d’associer l’éducation nationale au « débat » sur l’identité nationale. Cette question mérite mieux que d’être portée par le ministre de l’immigration, mais l’école n’a pas à être mise au service d’une conception figée de l’identité nationale qui oppose et qui exclut. Surtout, qui a un problème avec les valeurs républicaines fondées sur le respect et la solidarité, à l’heure où il est possible de renvoyer dans leurs pays des enfants scolarisés en France ?

– L’UNEF dénonce l’instrumentalisation du service civique pour les jeunes que révèle le souhait des sénateurs et de Martin Hirsch de faire marcher sur les Champs-Elysées les bénéficiaires de ce service civique lors du défilé militaire du 14 juillet prochain. Les jeunes sont parmi les plus engagés, notamment dans les associations humanitaires ou de solidarité, et la reconnaissance et la valorisation de l’engagement des jeunes n’implique pas forcément de marcher au pas.

L’UNEF dénonce la volonté de stigmatiser les jeunes à des fins électoralistes
L’UNEF s’interroge : s’agit-il d’un retour à certains fondamentaux considérant la jeunesse comme une nouvelle classe dangereuse qu’il est urgent de mettre au pas ou une simple poussée de fièvre pré-électorale? Dans les deux cas le gouvernement s’expose à de sérieuses déconvenues s’il prétend répondre ainsi aux inquiétudes et aux aspirations des jeunes.

Les jeunes n’ont ni un problème d’identité, ni un problème de citoyenneté. L’UNEF rappelle que l’éducation est le meilleur outil pour poser les bases du « vivre ensemble » : apprentissage de la citoyenneté, défense de la laïcité, mixité sociale.

Alors que les jeunes ont exprimés avec force ces derniers mois leur inquiétude face a l’avenir et leurs aspirations auxquelles le discours du président de la République à Avignon n’a pas apporté de réponses, l’UNEF rappelle que répondre au malaise de la jeunesse, ce n’est pas instrumentaliser les fantasmes de la société à l’égard des jeunes générations. La meilleure réponse à apporter à ce malaise est une attention sincère aux aspirations de la jeunesse. Aspiration à se former, aspiration à l’autonomie, aspiration à s’insérer durablement sur le marché de l’emploi, aspiration à s’engager pleinement dans la vie d’adulte et dans le travail, mais pas sans les protections garantissant la même liberté pour tous. C’est en raison de l’abandon de ce dessein par la nation que la jeunesse perd la foi en son avenir. Et qu’elle l’exprime de toutes les manières.

L’UNEF appelle le gouvernement à reprendre ses esprits et à répondre aux difficultés de la jeunesseL’UNEF appeler le gouvernement à ne pas céder aux sirènes électoralistes et en répondant aux véritables difficultés des jeunes. Qu’est devenue la lutte contre l’échec scolaire et universitaire, à l’heure où 40 000 postés ont été supprimés dans l’éducation depuis 2007 et que le plan Licence de Valérie Pécresse s’est mis en place sans amélioration de l’encadrement en premier cycle ? Qu’en est-il des mesures censées favoriser l’emploi des jeunes, à l’heure où 21,2% des 15-25 ans sont au chômage et que 650 000 jeunes diplômés arrivent sur un marché du travail sinistré en période de crise ? Quelles sont les réponses du gouvernement aux 300 000 jeunes au chômage non indemnisés auxquels l’extension du RSA aux mois de 25 ans ne pourra même pas profiter ? Où sont les dispositifs de lutte contre la précarité des jeunes et destinés à renforcer leur autonomie financière, à l’heure où Nicolas Sarkozy et Martin Hirsch semblent avoir enterré la perspective d’une allocation autonomie universelle et individualisée ?

Unef Paris

 Voir aussi : Rubrique politique Ministre de réserve