Nicolas Sarkozy a résolument plaidé pour le développement du nucléaire civil dans le monde, souhaitant qu’il devienne « le ciment d’une nouvelle solidarité internationale » et que la France y joue un rôle moteur, lors de la conférence internationale organisée lundi à l’OCDE, l’Organisation de coopération et de développement économiques, à Paris.
« La France veut coopérer avec tous les pays qui souhaitent le nucléaire civil », a déclaré le chef de l’Etat, inaugurant la conférence. « La population mondiale croît et s’enrichit. Nous aurons besoin de 40% d’énergie en plus d’ici 2030 », a-t-il expliqué. « La solution n’est pas dans les idéologies de la décroissance ou du repli« , a argumenté M. Sarkozy, montrant du doigt « des idéologies égoïstes qui veulent maintenir les pauvres dans la pauvreté ».
La priorité va à la « lutte contre le réchauffement climatique », a assuré le président. « Il faut le nucléaire civil et il faut les énergie renouvelables, il faut les deux », a-t-il estimé, rappelant que « 80% de la croissance de la consommation électrique d’ici 2030 viendra de pays non membres de l’OCDE: il faut donc que le nucléaire s’implante dans de nouveaux pays« . Dans ce contexte, a-t-il dit, « le nucléaire civil peut être aux yeux de la France le ciment d’une nouvelle solidarité internationale ». Dressant la liste des « points essentiels » à ses yeux, M. Sarkozy a d’abord évoqué le financement du nucléaire civil dans le monde: « je ne comprends pas et je n’accepte pas l’ostracisme du nucléaire dans les financements internationaux », a-t-il affirmé, y voyant « matière à scandale ». Les institutions financières internationales -notamment la Banque mondiale- doivent à son avis s’engager « résolument » dans le financement de l’énergie nucléaire civile.
Toutefois, a-t-il souligné, « il ne peut pas y avoir de développement du nucléaire civil sans engagement de la transparence ». En matière de « sûreté nucléaire », le président a donc souhaité « qu’unorgane indépendant sous l’égide de l’AIEA(Agence internationale de l’énergie atomique, dépendant de l’ONU) établisse sur des bases scientifiques et techniques incontestables une grille d’analyse internationale », ainsi que la mise en place d’un classement des réacteurs proposés sur le marché « selon le critère de la sûreté ».
Nicolas Sarkozy a insisté sur le « respect de la non-prolifération » de l’armement nucléaire, mettant en exergue « la décision volontaire prise en 2003 par la Libye » dans ce domaine -laquelle Libye n’a pas répondu à l’invitation à la conférence de lundi. « Je propose donc que nous suspendions notre coopération nucléaire avec les pays qui ne respectent pas leurs obligations », a-t-il déclaré. « La France sera intraitable à l’encontre de ceux qui violent les règles de sécurité collectives« , a averti le président français.
Le chef de l’Etat a annoncé la création d’un « Institut international de l’énergie nucléaire » à Saclay (Essonne) et Cadarache (Bouches-du-Rhône), dans le cadre « d’un réseau international de centres d’excellence spécialisés en cours de constitution ». Il a aussi évoqué le thème de la « sécurité de l’approvisionnement en combustibles », en proposant la « création d’une banque du combustible à l’AIEA ».
Enfin, en ce qui concerne la « gestion des combustibles usés et des déchets ultimes », M. Sarkozy a prôné « le recyclage », sur le modèle de la France. « Il me semble que c’est la voie la plus prometteuse pour l’avenir », a-t-il estimé. « C’est pourquoi la France veut continuer à coopérer avec de nombreux pays en mettant ses installations de retraitement et de recyclage au service de tous ceux qui n’en ont pas. » Dans la foulée du président français, le président de la commission européenne José Manuel Barroso a mis en exergue le cas de pays comme l’Iran ou la Corée du Nord, « dont les activités nucléaires présentent des risques de sécurité pour la communauté mondiale ».
« Tout pays a le droit d’accéder au nucléaire civil. Les traités internationaux le précisent bien. Mais pour l’Europe, le respect des normes de sûreté, de sécurité et de non-prolifération les plus strictes n’est pas négociable », a-t-il à son tour insisté. Par ailleurs, M. Barroso a incité le reste du monde à s’aligner sur l’Union européenne, qui depuis juin 2009 a adopté « un cadre communautaire pour la sûreté des installations nucléaires ». Cette décision donne « une force juridique contraignante aux principales normes internationales de sûreté nucléaire, notamment celles de l’AIEA » a-t-il souligné.
AP 09/03/10
Fillon mise sur l’aide de Tokyo pour défendre le nucléaire civil au G8
Le Premier ministre français François Fillon a plaidé , au deuxième jour de sa visite au Japon, pour que les deux pays soutiennent ensemble au G8 la cause du nucléaire civil, seule voie selon lui pour répondre aux besoins d’énergie des pays émergents.
La France et le Japon doivent être « les porte-parole au niveau mondial d’une utilisation raisonnée de l’énergie nucléaire« , a-t-il lancé en visitant à Rokkasho (nord) un centre de retraitement inspiré de celui de La Hague (ouest de la France). Le ministre de l’Economie japonais, Akira Amari, qui l’accompagnait, a affirmé que cette déclaration était « un message extrêmement important » sur les « défis difficiles » que sont l’énergie et le climat, les deux dossiers-phare du prochain sommet du G8, sur l’île japonaise de Hokkaido.
La réunion aura lieu du 7 au 9 juillet, et M. Fillon a « espéré » que Paris et Tokyo sauront proposer d’ici là aux autres membres du G8 « une action commune » en faveur du nucléaire civil. Les deux pays multiplient depuis plus de trois décennies les coopérations industrielles dans le domaine nucléaire. Dans une nouvelle déclaration écrite vendredi, ils affirment partager « la même vision du rôle prépondérant qu’aura l’énergie nucléaire pour la prospérité et le développement durable au XXIe siècle ».
Un thème que M. Fillon a développé à Rokkasho, un site né d’une association entre Japan Nuclear Fuel et le français Areva. Refuser aux pays émergents l’accès au nucléaire civil, a-t-il lancé à la presse, serait « une faute politique » provoquant « l’instabilité à terme du monde« . « Si on n’est pas capable de trouver, grâce à la science, le moyen d’apporter à ces habitants l’énergie dont ils ont besoin pour leur développement, alors nous nous préparons des jours extrêmement sombres« , a-t-il encore prévenu.
La France a signé ces derniers mois des accords de coopération nucléaire civile avec l’Algérie, la Libye et les Emirats arabes unis. Ceux-ci sont vus comme une première étape avant l’étude de centrales nucléaires. Areva a, pour sa part, conclu un accord avec Mitsubishi Heavy Industries pour développer un réacteur nucléaire adapté aux pays émergents. Le chef du gouvernement français a également insisté au Japon sur l’intérêt du nucléaire pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. « Si l’on prend en compte la totalité des centrales nucléaires européennes, l’économie de rejet de CO2 dans l’atmosphère, c’est l’équivalent de la totalité du parc automobile européen », a-t-il encore souligné.
M. Fillon est le premier dirigeant français à se rendre officiellement le Japon depuis Jacques Chirac en mars 2005. Il sera suivi en juillet par le président Nicolas Sarkozy, qui fera une brève étape à Tokyo sur la route du G8.Ces deux visites successives, a-t-on confié de source française, sont utiles pour « rassurer » le gouvernement japonais, « inquiet » de l’intérêt croissant porté par la France et les Européens en général à l’éternel rival chinois.
Le Vietnam, à la croissance énergivore, s’apprête à franchir une nouvelle étape vers sa première centrale nucléaire, un projet dans l’air depuis plus de dix ans sur lequel scientifiques et députés appellent à la prudence, notamment en matière de sécurité. L’Assemblée nationale du pays communiste a légalisé l’usage du nucléaire civil en 2008 et doit valider, fin novembre, le premier projet de centrale.
Le plan vise la construction de réacteurs d’une capacité totale de 4.000 mégawatts sur deux sites de la province de Ninh Thuan (sud), à partir de 2020. Selon les experts, son coût oscillerait entre 11 à 18 milliards de dollars. Mais avant même le vote, le gouvernement anticipe déjà une deuxième étape, pour doubler cette capacité d’ici à 2025. Le nucléaire assurerait dans un premier temps moins de 5% de la demande énergétique. Le pourcentage pourrait monter jusqu’à 30% d’ici à 2050.
Plus que le principe du nucléaire, ce sont les conditions de sa mise en oeuvre qui inquiètent: trop vite, sans assez de garanties en matière de sûreté. « On ne peut pas considérer les centrales comme des voitures », juge Pham Duy Hien, président du comité scientifique de l’agence vietnamienne de sûreté nucléaire. Défis de main d’oeuvre, législation embryonnaire, garanties insuffisantes sur le traitement des déchets: les experts multiplient les mises en garde.
Si Hanoï avance comme prévu, « la quantité de radioactivité dans ces déchets après dix ans d’opération sera énorme », avertit Pham Duy Hien. Il craint, même si le pays s’engage à du nucléaire civil, des risques de détournement de la matière. « On ne peut pas dire qu’il n’y aurait pas de problèmes », poursuit le scientifique, reconnaissant que le fléau de la corruption — jugée endémique au Vietnam — les accentuait.
Le député Nguyen Minh Thuyet demande aussi d’avancer par étape. Mais à l’Assemblée, les débats sont « tendus », reconnaît-il. « Pas mal de gens soutiennent le projet car ils pensent que le Vietnam va sérieusement manquer d’électricité ». Les réserves du pays en hydrocarbures ne sont pas infinies. L’exploitation de gisements de charbon dans le delta du Fleuve rouge au nord divise parce qu’elle sacrifierait des rizières. L’énergie hydraulique a des impacts écologiques, déloge des populations locales.
Le Vietnam vise une croissance économique de quelque 5% en 2009 et espère rejoindre le clan des pays industrialisés d’ici aux années 2020. Il commence juste à pointer son nez dans celui des pays à revenu intermédiaire. « L’industrie de l’électricité nucléaire est de très haute technologie et demande une gestion disciplinée », résume Pham Duy Hien, qui, face à une demande énergétique en hausse de près de 15% par an, conseille d’abord une chasse aux gaspillages.
Malgré ces débats, plusieurs pays ont depuis longtemps montré leur intérêt pour le projet. La France, dont le Premier ministre François Fillon a paraphé jeudi à Hanoï un accord de coopération nucléaire, mais aussi le Japon, la Russie, la Chine, et dans une moindre mesure la Corée du Sud et les Etats-Unis. Le vote des députés, perçu par certains comme acquis car appuyé par la direction communiste du régime, devrait ouvrir la voie aux études de faisabilité. Le partenaire ne devrait pas être choisi avant 2011-2012.
Un article de Wikipédia, l’encyclopédie libre pour mieux comprendre les enjeux du dossier nucléaire iranien.
Cet article traite du programme nucléaire de l’Iran. Pour plus d’informations sur les soupçons de la communauté internationale à propos du développement par l’Iran d’armes nucléaire, voir Armes de destruction massive en Iran.
Le programme nucléaire iranien a été lancé par le Shah d’Iran dans les années 1950 avec l’aide des États-Unis, puis de l’Europe. Après la révolution iranienne en 1979, le programme a été temporairement arrêté. Il fut rapidement remis en route, mais avec l’assistance de la Russie. Le programme actuel met en œuvre plusieurs sites de recherche, une mine d’uranium, un réacteur nucléaire et plusieurs installations de transformation de l’uranium qui incluent une usine d’enrichissement de l’uranium. Depuis les années 1950, le gouvernement iranien assure que le seul but du programme est de développer la capacité de produire de l’énergie nucléaire afin de générer de l’électricité, et planifie de générer 6 000 MW d’électricité à partir d’énergie nucléaire en 2010[1]. En 2006, l’énergie nucléaire ne contribue pas encore à la production d’électricité iranienne.
Extrait d’un journal iranien de 1968 : « Un quart des scientifiques en relation avec l’énergie nucléaire sont des femmes ». La photo montre quelques docteurs en physique iraniennes posant en face du réacteur de recherche de Téhéran.
Coopération entre l’Iran et les États-Unis dans les années 1950-1960
Les fondations du programme nucléaire iranien ont été posées pendant la guerre froide, à la fin des années 1950, sous l’égide des États-Unis et dans le cadre d’accords bilatéraux entre ceux-ci et l’Iran. Un programme nucléaire de coopération civile a été signé dès 1957avec les États-Unis dans le cadre du programme « Atoms for Peace ». Le ShahMohammad Reza Pahlavi régnait sur l’Iran à cette époque, et après la chute de Mohammad Mossadegh encouragée par la CIA en 1953, le régime apparaissait suffisamment stable et amical envers l’occident pour que la prolifération nucléaire ne devienne une menace.
Coopération entre l’Iran et les États-Unis dans les années 1970
En mars 1974, le Shah avait la vision d’une époque pendant laquelle les réserves de pétrole du monde se tariraient et déclara: « le pétrole est un matériau noble, bien trop valeureux pour le brûler… Nous envisageons de produire, aussi tôt que possible, 23 000 mégawatts d’électricité en utilisant des centrales nucléaires. »[3]. Bushehr serait la première centrale, et fournirait de l’énergie à la ville de Shiraz située plus dans les terres. En 1975, la compagnie originaire de Bonn, Kraftwerk Union AG, entreprise créée grâce à un partenariat de Siemens AG et AEG Telefunken, a signé un contrat pour 4 à 6 milliards de US$ afin de construire la centrale à réacteur à eau pressurisée. La construction des deux unités de génération de 1 196 MW a été sous-traitée à ThyssenKrupp et aurait dû être finie en 1981.
En 1975, le secrétaire d’État américain, Henry Kissinger, signe le document National Security Decision Memorandum 292 (Mémo 292 de décision pour la Sécurité nationale) intitulé « Coopération U.S.-Iran« , qui décrit les détails de la vente d’équipements nucléaires devant rapporter plus de 6 millions de dollars aux compagnies américaines. Pendant ce temps, l’Iran extrayait un volume de 6 millions de barils par jour (950 000 m³/j) de pétrole, à comparer avec les 4 millions de barils par jour (640 000 m³/j) extraits aujourd’hui.
En 1976, le président américain Gerald Ford signe avec hésitation une directive offrant à Téhéran l’opportunité d’acheter et d’utiliser une installation de traitement du combustible usé, de fabrication américaine, permettant d’extraire du plutonium à partir de combustible. L’accord était écrit en vue de parvenir à maîtriser le « cycle complet de l’atome« , avec tous les risques en termes de prolifération que cela pourrait engendrer. Le document stratégique de Ford stipulait que « l’introduction de l’énergie nucléaire en Iran permettra à la fois de fournir les besoins grandissant de l’économie iranienne et de libérer des ressources de pétrole pour l’export ou la conversion en produits pétrochimiques. » [4]
L’équipe du président Ford a approuvé les projets iraniens qui visaient à construire une véritable filière électronucléaire, et a aussi travaillé dur pour conclure un accord de plusieurs milliards de dollars, accord qui aurait donné à Téhéran le contrôle sur de grandes quantités de plutonium et d’uranium enrichi – les deux chemins vers la bombe nucléaire. L’Iran, allié des États-Unis, avait alors beaucoup d’argent et des liens étroits avec des compagnies américaines de Washington, dont Westinghouse et General Electric.
Dans une interview pour le Washington Post du 27 mars 2005, Henry Kissinger a dit: « Je ne pense pas que le sujet de la prolifération soit apparu. » [4]
Un grand nombre de documents déclassifiés ont été trouvés sur le site web de la bibliothèque et du musée du Président Ford [5]. Deux documents en particulier, datés du 22 avril 1975 et du 20 avril 1976, montrent que les États-Unis et l’Iran ont tenu des négociations pour une coopération sur l’utilisation de l’énergie nucléaire. Selon ces documents, les États-Unis étaient prêts à aider l’Iran en mettant en place l’enrichissement de l’uranium et des installations de traitement du combustible[6].
Jusqu’au changement d’administration en 1977, Dick Cheney, le ministre de la Défense américain Donald Rumsfeld et Paul Wolfowitz, qui sont aujourd’hui parmi les plus féroces opposants au programme nucléaire iranien, étaient tous très impliqués dans la promotion d’un programme nucléaire iranien qui pourrait permettre d’extraire du plutonium du combustible usé des réacteurs nucléaires afin de l’utiliser dans des armes nucléaires[7].
Après la révolution de 1979
Après la révolution iranienne, l’Iran a informé l’AIEA de ses projets de reprendre son programme nucléaire, en utilisant du combustible nucléaire enrichi en Iran. En 1983, l’AIEA a même planifié de fournir de l’assistance à l’Iran dans le cadre d’un programme d’assistance technique. Un rapport de l’AIEA disait clairement que son but était de « contribuer à la formation d’une expertise locale et de la main d’œuvre nécessaire afin de soutenir un ambitieux programme dans le champ de la technologie des réacteurs nucléaires et du cycle du combustible ». Cependant, l’AIEA a été forcée de terminer ce programme sous la pression américaine[8]. La révolution iranienne a marqué un point décisif en termes de coopération avec l’étranger sur la technologie nucléaire.
Après 1979, un autre résultat de la révolution fut le refus de la France de fournir de l’uranium enrichi à l’Iran. L’Iran n’a pas non plus pu cautionner son investissement dans Eurodif, un consortium international fondé en 1973 par la France, la Belgique, l’Espagne et la Suède. En 1975, la part suédoise de 10% dans Eurodif était parvenue à l’Iran à la suite du désistement de la Suède et d’un accord entre la France et l’Iran. La société française nationalisée Cogéma et le gouvernement iranien ont alors fondé la Sofidif (Société franco-iranienne pour l’enrichissement de l’uranium par diffusion gazeuse), possédant respectivement 60% et 40% des parts. En retour, la Sofidif a acquis une part de 25% dans Eurodif, ce qui donnait à l’Iran sa part de 10% dans Eurodif. Reza Shah Pahlavi a prêté un milliard de dollars US (et encore 180 millions de US$ en 1977) pour la construction de l’usine Eurodif, afin d’avoir le droit d’acheter 10% de la production d’uranium enrichi du site.
Les États-Unis étaient aussi rémunérés pour livrer du combustible nucléaire à l’Iran en accord avec un contrat signé avant la révolution. Les États-Unis n’ont livré ni le combustible, ni rendu les milliards de dollars de paiement qu’ils avaient déjà reçus. L’Allemagne fut aussi rétribuée par des milliards de dollars pour les deux installations nucléaires de Bushehr, mais après trois décennies, l’Allemagne a refusé à la fois d’exporter les équipements nécessaires et de rendre l’argent[9]. En conséquence, le gouvernement de l’Iran a suspendu ses paiements et a essayé de renégocier le prêt en faisant pression sur la France, notamment en supportant des groupes de résistance arabe, dont le Hezbollah qui avait pris des citoyens français en otages dans les années 1980. En 1982, le président François Mitterrand refusa de donner de l’uranium enrichi à l’Iran, qui réclamait aussi la dette d’un milliard de dollars. En 1986, Georges Besse, le manager d’Eurodif, fut assassiné; la responsabilité de l’acte fut acceptée par Action directe. Cependant, ils ont nié toute responsabilité pendant leur procès.[10]. Dans leur enquête La République atomique, France-Iran le pacte nucléaire, David Carr-Brown et Dominique Lorentz ont insisté sur la responsabilité des services secrets iraniens. Plus important encore, ils ont montré comment l’affaire des otages français, ainsi que l’assassinat de Besse et l’attentat de la rue de Rennes du 17 septembre 1986, était liés au chantage iranien. Le chantage iranien s’est également exprimé lors de la série d’attentats en France en 1985-1986 [11][12].
Finalement, un accord (dont certaines dispositions sont restées secrètes) pour régler le contentieux Eurodif fut trouvé en 1991 : la France a rendu plus de 1,6 milliard de dollars tandis que l’Iran dédommageait des entreprises françaises pour des contrats annulés. L’Iran est resté actionnaire d’Eurodif via la Sofidif, un consortium franco-iranien actionnaire à hauteur de 25% d’Eurodif. Le 11 Avril 2007, le Ministère des Affaires étrangères a réaffirmé l’actionnariat de l’Iran à Eurodif, tout en affirmant que selon les termes de l’accord de 1991, l’Iran n’a aucun droit à enlever de l’uranium enrichi ni d’accès aux technologies du nucléaire, mais seulement aux gains financiers qui résultent de sa présence dans le consortium [13]. Mais, en raison de la Résolution 1737 du Conseil de sécurité des Nations unies (23 décembre 2006), qui gèle les avoirs de l’Organisation Iranienne à l’Energie Atomique, les fonds dû sont actuellement bloqués [13].
Kraftwerk Union, la coentreprise de Siemens AG et d’AEG Telefunken qui avait signé un contrat avec l’Iran en 1975, s’est complètement retiré du projet de la centrale nucléaire de Bushehr en juillet 1979, après que le travail eut été arrêté en janvier 1979, avec un réacteur à moitié fini et l’autre fini à 85%. Ils ont dit qu’ils avaient basé leur action sur le non-paiement de sommes dues par l’Iran de 450 millions de dollars. La compagnie avait reçu 2,5 milliards du contrat total. Leur annulation a eu lieu après avoir la certitude que le gouvernement iranien terminerait unilatéralement le contrat d’eux-mêmes, suivant la révolution qui a paralysé l’économie de l’Iran et a mené à une crise dans les relations de l’Iran avec l’occident. La compagnie française Framatome, filiale de Areva, s’est elle aussi retirée.
En 1984, Kraftwerk Union a fait une déclaration préliminaire afin de voir si elle pourrait conclure le travail sur le projet, mais elle a finalement décliné de le faire tant que la guerre Iran-Irak continuait. En avril de cette même année, le département d’état américain a affirmé qu’il pensait « que cela prendrait au moins deux ou trois ans pour finir la construction des réacteurs à Bushehr. » Le porte-parole a aussi dit que les réacteurs à eau légère de Bushehr « sont particulièrement adaptés à un programme militaire»; puis a continué en disant « De plus, nous n’avons pas de preuves de la construction d’autres installations iraniennes qui seraient nécessaires pour séparer le plutonium du combustible du réacteur utilisé. »
Les réacteurs de Bushehr ont ensuite été endommagés par les multiples frappes aériennes irakiennes entre le 24 mars 1984 et 1988; et le travail sur le programme nucléaire s’est arrêté. En 1990, l’Iran a commencé à chercher des partenaires pour son programme nucléaire; cependant, à cause d’un climat politique complètement différent et des sanctions économiques américaines, peu de candidats existaient alors.
En 1991, le président argentin Carlos Menem, sous pression de Washington, met fin unilatéralement à la coopération nucléaire irano-argentine, entamé en 1983 [14]. Néanmoins, l’Argentine continue à fournir de l’uranium faiblement enrichi à l’Iran, qui attend 1996 avant de déclarer qu’il prendra des mesures légales pour rupture illégale de contrat [14].
D’après la porte-parole de l’AIEA Melissa Fleming, les inspecteurs de l’AIEA ont visité les mines d’uranium iraniennes en 1992.
En 1995, l’Iran a signé un contrat avec la Russie afin de compléter le travail sur la centrale partiellement construite de Bushehr, installant dans le bâtiment existant Bushehr I un réacteur nucléaire de type VVER de 1000 MW, travaux dont la fin est prévue en 2007. Il n’existe actuellement pas de projet pour finir le réacteur Bushehr II.
En 1996, les États-Unis ont essayé, sans succès, d’empêcher la Chine de vendre à l’Iran une usine d’enrichissement de l’uranium. La Chine a aussi fourni à l’Iran le gaz nécessaire pour tester le processus d’enrichissement de l’uranium.
Selon la journaliste D. Lorentz, l’Iran « a fait son entrée dans le club des puissances atomiques officieuses » suite aux essais nucléaires pakistanais de 1998 [15]. Le président iranien, Mohammad Khatami, fut officiellement reçu à Paris en octobre 1999, immédiatement après la visite du chef d’Etat chinois Jiang Zemin. Khatami s’entretint avec le président Jacques Chirac, le premier ministre Lionel Jospin refusant de le recevoir [16]. Khatami déposa une gerbe sur les tombes de Pierre et Marie Curie, au Panthéon, le 26 octobre 1999, suscitant ce commentaire de Lorentz: « Leur potentiel atomqiue leur avait été fourni par la France. Mohammad Khatami l’avait habilement rappelé à ceux qui étaient tentés de l’oublier (…) Le message était limpide. Pourtant, aucun observateur ne se demanda pour quelle raison le Président Khatami avait tenu à honorer les pionniers français de l’atome. » [16].
Bien qu’il soit souvent dit que l’Iran avait « dissimulé » son programme d’enrichissement à l’AIEA, « en violation du Traité de non prolifération nucléaire » (TNP) jusqu’à ce qu’il soit « attrapé en train de tricher » en 2002, le fait est que l’Iran n’était alors pas obligé d’informer l’Agence à propos de ces installations d’après l’accord avec l’AIEA portant sur les garde-fous qui étaient en vigueur à cette époque. Cet accord stipulait entre autres que l’« l’Iran n’est pas obligé d’autoriser les inspections de l’AIEA dans une nouvelle installation nucléaire jusqu’à six mois avant que le matériel radioactif ne soit introduit.» En fait, l’Iran n’était même pas obligé d’informer l’AIEA de leur existence jusqu’à ce moment-là, un point concédé par la Grande-Bretagne dans la réunion du Conseil de sécurité des Nations unies en mars 2003. Cette clause ‘des six mois’ était une clause standard de tous les accords de sauvegarde de l’AIEA. Néanmoins, l’Iran a autorisé les inspections des installations par l’AIEA en regard au protocole additionnel, et l’AIEA conclut que les installations ne faisaient pas partie d’un programme militaire secret[17].
Le 14 novembre 2004, le responsable iranien des négociations sur la question du nucléaire a annoncé une suspension temporaire et volontaire de son programme d’enrichissement d’uranium (l’enrichissement n’est pas une violation du TNP) sous la pression de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne agissant au nom de l’Union européenne (UE) (connus dans ce contexte sous le nom de EU-3). La mesure était alors décrite comme une mesure permettant de rétablir la confiance, limitée à une période de temps raisonnable, 6 mois étant cité comme référence. Le 24 novembre, l’Iran a cherché à amender les termes de cet accord avec l’UE pour exclure certains d’équipements de cet accord afin de continuer certains travaux de recherche. Cette requête a été rejetée quatre jours plus tard.
Les 8 et 10 août 2005, le gouvernement iranien a repris la conversion d’uranium à l’usine d’Ispahan, seulement cinq jours après l’élection de Mahmoud Ahmadinejad, les activités d’enrichissement étant toujours officiellement suspendues. Cela a poussé (le 19 septembre 2005) l’UE à faire pression sur l’AIEA afin de porter le dossier du programme nucléaire iranien devant le conseil de sécurité des Nations unies. En janvier 2006, James Risen, un journaliste du New York Times, a affirmé dans son livre State of War (État de guerre) qu’en février 2000, une opération secrète américaine -sous le nom de code de Opération Merlin – avait échoué. Son but premier était de fournir à l’Iran des plans falsifiés permettant de construire une arme nucléaire, afin de retarder le soi-disant programme nucléaire militaire iranien. À la place, le plan aurait permis d’accélérer le programme en fournissant des informations utiles une fois que les erreurs auraient été identifiées[18].
Le 4 février 2006, les 35 membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA a voté, à 27 voix contre 3 (dont 5 abstentions : Algérie, Biélorussie, Indonésie, Libye et Afrique du Sud) le transfert du dossier de l’Iran devant le Conseil de sécurité de l’ONU. La mesure était proposée par la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne, soutenues par les États-Unis. Deux membres permanents du Conseil, la Russie et la Chine, ont donné leur accord pour ce renvoi à la condition que le Conseil ne prenne aucune décision avant mars. Les trois membres qui ont voté contre le renvoi étaient le Venezuela, la Syrie et Cuba[19],[20].
Le 11 avril 2006, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad annonce que l’Iran a enrichi avec succès de l’uranium. Le président Ahmadinejad a fait l’annonce lors d’un discours télévisé depuis la ville de Mashhad, où il a dit : « J’annonce officiellement que l’Iran a rejoint le groupe de ces pays qui ont la technologie nucléaire ». L’uranium a été enrichi de l’uranium à 3,5% en utilisant plus d’une centaine de centrifugeuses. À ce niveau, il pourrait être utilisé dans un réacteur nucléaire si la quantité en était suffisante; l’uranium pour la bombe nucléaire devrait être enrichi à 90% et plusieurs milliers de centrifugeuses devraient être construites et utilisées.
Le 13 avril 2006, après que la Secrétaire d’Etat américaine Condoleezza Rice eut dit (le mercredi 12 avril 2006) que le Conseil de sécurité devait prendre des mesures fortes afin de pousser Téhéran à renoncer à son ambition nucléaire, le président Ahmadinejad a affirmé que l’Iran n’abandonnerai pas l’enrichissement de l’uranium et que le monde devrait considérer l’Iran comme une puissance nucléaire, en ajoutant : « notre réponse à ceux qui sont mécontents que l’Iran réussisse à maîtriser complètement le cycle du combustible nucléaire se résume à une seule phrase. Nous disons : Soyez en colère contre nous et mourrez de cette colère », parce que « nous ne discuterons avec personne à propos du droit de la nation iranienne à enrichir de l’uranium ».
Le 14 avril 2006, l’Institut pour la science et la sécurité internationale (ISIS) a publié une série de photos satellites analysée des installations nucléaires iraniennes à Natanz et Ispahan[21]. Sur ces photos, on peut voir un nouveau tunnel d’entrée dans l’installation de conversion d’uranium à Esfahan, et une construction continue au site d’enrichissement de Natanz. De plus, une sérié d’images datant de 2002 montre les bâtiments d’enrichissement et leur couverture par de la terre, du béton et d’autres matériaux.
La puissance nucléaire en tant que sujet politique
Le programme nucléaire de l’Iran est devenu politique à deux points de vue: local et international. Les politiciens iraniens l’utilisent comme une partie de leur arsenal populiste, et il y a une spéculation de la part des étrangers quant à l’utilisation possible d’énergie nucléaire. L’Iran a ratifié le traité de non-prolifération nucléaire en 1970, ce qui engage l’Iran à ne pas fabriquer d’armes nucléaires et à ne pas essayer de s’en procurer; cependant, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) croit que la récente non-coopération iranienne rend impossible la conduite d’inspections afin de s’assurer que la technologie n’est pas détournée pour un usage militaire.
Le programme nucléaire iranien et le TNP
1. Rien dans ce traité ne devrait être interprété comme affectant le droit inaliénable de toutes les parties du traité à développer la recherche, la production et l’utilisation d’énergie nucléaire à buts pacifiques sans discrimination et en conformité avec les articles I et II de ce traité.
2.Toutes les parties du traité sous-entendent faciliter et avoir le droit de participer à l’échange d’équipement, de matériel, d’information technologique et scientifique le plus large possible afin d’utiliser pacifiquement l’énergie nucléaire. Les parties au traité en position de le faire devront aussi coopérer en contribuant seul, avec d’autres pays ou des organisations internationales au développement ultérieur d’applications de l’énergie nucléaire pacifique, particulièrement sur les territoires des états membres du traité ne possédant pas l’arme nucléaire, avec une considération particulière pour les besoins des régions du monde en développement. TNP de 1968.
La puissance nucléaire iranienne est devenue une discussion politique à la fois en Iran et dans les pays occidentaux. Un fossé considérable émerge entre les vues politiques des iraniens et ceux de l’occident. Le public iranien voit la puissance nucléaire comme un moyen de moderniser et de diversifier les sources d’énergie. Le public iranien, pratiquement tous les candidats politiques et le gouvernement actuel sont unis sur ce point : l’Iran devrait développer son industrie nucléaire civile. Les gouvernements occidentaux pensent que le programme nucléaire civil possède des intentions cachées, dont l’introduction possible d’armes nucléaires.
Il n’y a actuellement pas de preuves que l’Iran se sert de ses capacités nucléaires pour produire des armes atomiques, et les installations connues n’ont pas la possibilité de produire du matériel de qualité militaire. N’importe quel usage militaire en dehors de la production d’énergie électrique serait une violation du TNP, que l’Iran a ratifié en 1970. Avant la révolution de 1979, certains dirigeants de l’Iran avaient déjà apporté leur soutien à cet égard. Ardeshir Zahedi par exemple, qui avait fait signer le TNP par l’Iran pendant la dynastie Pahlavi, a exprimé son soutien au programme nucléaire de l’Iran dans une interview en mai 2006, le décrivant comme un « droit inaliénable de l’Iran » [22].
Vues sur le programme nucléaire iranien
Le point de vue iranien
En Iran, l’énergie nucléaire est considérée comme nécessaire pour une nation s’industrialisant rapidement et une population à forte croissance démographique (la population a plus que doublé en vingt ans). « Le pétrole est un matériau noble, de bien trop de valeur pour qu’on le brûle… » disait déjà le Shah d’Iran Mohammed Reza Pahlavi en 1974. En effet, la combustion de ressources fossiles en grandes quantités atteint dramatiquement les ressources de l’Iran.
L’Iran souhaite diversifier ses sources énergétiques, les réserves fossiles devant se tarir un jour. Les ressources de l’Iran sont actuellement estimées à 133 milliards de barils. Cela représente une consommation de 74 à 89 ans au rythme courant d’extraction de 1,5 à 1,8 milliard de barils par an si aucune nouvelle réserve n’est découverte. L’Iran soulève aussi la question financière, soutenant que développer la capacité de son industrie pétrolière coûterait 40 milliards de dollars, sans compter le prix des centrales pétro-électriques. Développer une énergie nucléaire coûte seulement une fraction de cette somme. La question de l’indépendance énergétique (le pays importe régulièrement de l’essence et de l’électricité) est aussi à prendre en compte, l’Iran possédant ses propres réserves de minerai d’uranium.
Le Dr. William O. Beeman, professeur pour le programme d’études du Moyen-Orient de l’Université Brown, qui a passé des années en Iran, dit que la question du nucléaire est centrale dans le discours politique iranien :
« Les Iraniens veulent être connus et vus comme un État moderne, en développement, possédant une base industrielle moderne et en pleine croissance. Pendant les derniers siècles, l’histoire des relations entre l’Iran et l’occident a inclus le développement par l’Iran de plusieurs sortes d’avancées technologiques et industrielles afin qu’ils se prouvent à eux-mêmes -et dans un effort pour le prouver au monde entier- qu’ils sont en fait un pays moderne en pleine croissance. »
La question de l’énergie nucléaire s’insère dans ce contexte. Quand certains Iraniens parlent des États-Unis, ils disent: « les États-Unis essaient de nous réprimer; ils essaient de nous garder en retrait et en retard, de faire de nous une nation de seconde classe. Et nous avons la possibilité de développer une industrie nucléaire, et on nous dit que nous ne sommes pas assez bons ou que nous ne pouvons pas ». Et cela rend une partie du peuple iranien furieux – pas seulement le clergé au pouvoir, mais aussi des gens de la rue, dont certains jeunes de 16-17 ans. C’est un sujet tellement émotionnel qu’aucun politicien n’osera revoir ses exigences à la baisse.
Le Dr. William O. Beeman souligne aussi le fait que la politique des États-Unis vis-à-vis du programme nucléaire iranien a beaucoup changé depuis les années 1970 : « les membres de l’équipe de la Maison Blanche, qui sont en train d’empêcher l’Iran de développer sa propre capacité nucléaire et qui refusent de retirer le sujet d’une action militaire contre l’Iran, oublient continuellement que ce sont les États-Unis qui furent la maîtresse du programme nucléaire iranien il y a 30 ans ». Le journal basé en Iran Bastab a récemment rapporté que les États-Unis avaient fourni à l’Iran 5 kg d’uranium enrichi à 19,7% avant la révolution. Cette participation donnait aux pays étrangers l’opportunité de garder un œil sur le programme iranien, mais depuis 1979 l’investissement étranger dans ce programme est quasi nul.
La révolution de 1979 a marqué un tournant dans la politique américaine, justifiée par un gouvernement iranien devenu plus fondamentaliste et anti-occidental. Après la révolution de 1979, l’Iran a informé l’AIEA de ses plans pour redémarrer son programme nucléaire en utilisant du combustible produit nationalement, et en 1983, l’AIEA avait même prévu d’aider l’Iran via son programme d’assistance technique afin de produire de l’uranium enrichi. Le but de l’AIEA était de « contribuer à la formation d’une expertise locale et de la main-d’œuvre nécessaire pour soutenir un programme ambitieux dans le domaine de la technologie des réacteurs nucléaires et du cycle du combustible », selon son rapport. Cependant, l’AIEA a été forcée de terminer ce programme sous la pression américaine.
L’Iran estime aussi qu’elle a le droit légal d’enrichir l’uranium pour des utilisations pacifiques sous les termes du traité de non-prolifération, un droit dont les États-Unis et l’Union européenne ont commencé à dire en 2005 qu’il avait été corrompu par un programme nucléaire « clandestin » qui aurait été révélé en 2002. En fait, le programme d’enrichissement de l’uranium était ouvertement débattu sur la radio nationale, et les inspecteurs de l’AIEA ont visité les mines d’uranium en Iran. Les politiciens iraniens comparent leur traitement en tant que signataire du TNP avec trois autres nations qui n’ont pas signé le TNP: Israël, Inde et Pakistan. Chacune de ces nations a développé une capacité nucléaire militaire nationale: Israël en 1967, l’Inde en 1974 et le Pakistan en 1990.
Arak était un des deux sites exposés par Alireza Jafarzadeh en 2002. l’Iran est en train de construire une usine produisant de l’eau lourde et un réacteur à eau lourde sur ce site, qui devrait être prêt en 2014.[23]
Ardekan
La construction d’un site de fabrication de combustible nucléaire à Ardekan aurait dû être finie mi-2005.
Le centre de recherche pour l’énergie atomique de Bonab recherche des applications à la technologie nucléaire dans l’agriculture. Il est dirigé par l’Organisation pour l’énergie atomique d’Iran (OEAI).
La centrale nucléaire de Bouchehr est située à 17 kilomètres au sud de la ville de Bouchehr, entre les villages de pêcheurs de Halileh et Bandargeh le long de la côte du golfe Persique.
Cette installation fut à l’origine l’idée du ShahMohammad Reza Pahlavi, qui avait la vision d’une époque pendant laquelle les réserves de pétrole du monde se tariraient et déclara : « le pétrole est un matériau noble, bien trop valeureux pour le brûler… Nous envisageons de produire, aussi tôt que possible, 23 000 mégawatts d’électricité en utilisant des centrales nucléaires ».[3]Bushehr serait la première centrale, et fournirait de l’énergie à la ville de Shiraz située plus dans les terres.
En 1975, la compagnie originaire de Bonn, Kraftwerk Union AG, entreprise créée grâce à un partenariat de Siemens AG et AEG Telefunken, a signé un contrat pour 4 à 6 milliards de dollars afin de construire une centrale disposant de deux réacteurs à eau pressurisée. La construction des deux unités de production d’électricité de 1 196 MW a été sous-traitée à ThyssenKrupp et aurait dû être finie en 1981.
Kraftwerk Union avait vraiment envie de travailler avec le gouvernement iranien puisque, comme l’a dit le porte-parole Joachim Hospe en 1976, « afin d’exploiter pleinement notre capacité à faire des centrales nucléaires, nous devons gagner au moins 3 contrats à l’étranger par an. Le marché ici est presque saturé, et les États-Unis couvrent la plupart du reste de l’Europe, nous devons donc nous concentrer sur le Tiers-monde ».
Kraftwerk Union s’est retiré complètement du projet nucléaire de Bushehr en juillet 1979, après que le travail se soit arrêté en janvier 1979, avec seulement un réacteur à 50% terminé et l’autre à 85%. Ils ont dit qu’ils avaient basé leur action sur le non-paiement de sommes dues par l’Iran de 450 millions US$. La compagnie avait reçu 2,5 milliards du contrat total. Leur annulation a eu lieu après avoir la certitude que le gouvernement iranien terminerait unilatéralement le contrat d’eux-mêmes, suivant la révolution qui a paralysé l’économie de l’Iran et a mené à une crise dans les relations de l’Iran avec l’Occident.
En 1984, Kraftwerk Union fait une déclaration préliminaire afin de voir si elle pourrait conclure le travail sur le projet, mais a décliné de le faire tant que la guerre Iran-Irak continuait. En avril de cette même année, le département d’état américain dit« Nous pensons que cela prendrait au moins deux ou trois ans pour finir la construction des réacteurs à Bushehr. » Le porte-parole a aussi dit que les réacteurs à eau légère de Bushehr « sont particulièrement adaptés à un programme militaire»; puis a continué en disant « De plus, nous n’avons pas de preuves de la construction d’autres installations iraniennes qui seraient nécessaires pour séparer le plutonium du combustible du réacteur utilisé. »
Les réacteurs de Bushehr ont ensuite été endommagés par des multiples frappes aériennes irakiennes entre le 24 mars 1984 et 1988; et le travail sur le programme nucléaire s’est arrêté jusqu’à la fin de la guerre.
En 1990, l’Iran a commencé à chercher des partenaires pour son programme nucléaire; cependant, à cause d’un climat politique complètement différent et des sanctions économiques américaines, peu de candidats se sont présentés.
En 1995, l’Iran a signé un contrat avec la Russie afin de compléter le travail sur la centrale partiellement construite de Bushehr, installant dans le bâtiment existant Bushehr I un réacteur à eau pressurisée de type VVER-1000 de 915 MW, travaux dont la fin est prévue en 2007. Le 5 février 2009, Sergueï Kirienko, PDG de Rosatom, qui gère l’industrie et les sites nucléaires russes, a annoncé le lancement technique du réacteur, avant la fin de l’année.[24]
En 1995, des exilés iraniens vivant en Europe ont dit que l’Iran était en train de construire un site secret pour construire des armes nucléaires dans une montagne à 20 kilomètres de la ville de Chalus[25]. En 2006, cette affirmation n’a toujours pas été vérifiée.
Le centre de technologie nucléaire d’Esfahan est un site de recherche nucléaire qui opère actuellement quatre petits réacteurs nucléaires pour la recherche, tous fournis par la Chine. Il est opéré par l’OEAI[26].
Le site d’enrichissement de l’uranium d’Esfahan convertit de l’uranium concentré sous la forme de yellowcake (uranium concentré sous la forme U3O8) en hexafluorure d’uranium (UF6). Fin octobre 2004, le site est opérationnel à 70% avec 21 ateliers pour 24 en fonctionnement. Il existe aussi une usine de production de zirconium, située à côté, qui produit les ingrédients nécessaires aux réacteurs nucléaires[27].
Le centre de recherche agricole et de médecine nucléaire à Hashtgerd a été fondé en 1991 et est opéré par l’OEAI[28].
Lashkar Ab’ad
Une usine pilote pour la séparation des isotopes. Établi en 2002, les expériences d’enrichissement au laser ont été conduites sur ce site; cependant, l’usine est fermée depuis que l’Iran a déclaré qu’il n’avait pas d’intentions d’enrichir de l’uranium en utilisant la technique de séparation isotopique.
Lavizan
Tous les bâtiments de l’ancien centre de recherche technique de Lavizan-Shian ont été démolis en août 2003 et mars 2004 et le sol en surface a été enlevé. Les échantillons environnementaux pris par les inspecteurs de l’AIEA pourraient montrer des traces de radiation. Le site doit être rendu à la ville de Téhéran.[29]
C’est une usine d’enrichissement couvrant 100 000 m² construit à 8 mètres sous terre et protégé par un mur de béton de 2,5 m d’épaisseur, protégé lui-même par un autre mur de béton. En 2004, le toit a été renforcé de béton armé puis recouvert de 22 mètres de terre. Le complexe consiste en deux halls de 25 000 m² et d’un certain nombre de bâtiments administratifs. Ce site fut l’un des deux sites secrets dévoilés par Alireza Jafarzadeh en 2002. Le directeur général de l’AIEA Mohamed ElBaradei a visité le site le 21 février 2003 et a rapporté que 160 centrifugeuses étaient complètes et prêtes à fonctionner, 1000 autres étant en cours de construction sur le site[30].
Le complexe militaire de Parchin n’est pas un site nucléaire. Cela a été confirmé le 1er novembre 2005, quand l’AIEA a eu accès au site et que des échantillons environnementaux ont été pris. Les inspecteurs n’ont pas observé d’activités non habituelles dans les bâtiments visités et les analyses n’ont pas indiqué de radioactivité dans les échantillons[31].
Le centre de recherche nucléaire de Téhéran (CRNT) est dirigé par l’OEAI. Il est équipé d’un réacteur de recherche de 5 MW fourni par les américains, qui est capable de produire annuellement 500 grammes de plutonium à partir du combustible usé. 17 ans de production seraient suffisants pour faire une seule bombe atomique, cependant, le stockage des déchets est surveillé attentivement par l’AIEA et l’extraction du plutonium n’est pas possible tant que l’Iran reste signataire du Traité de non-prolifération nucléaire.
années 1970 : sous le règne de Mohammad Reza Shah Pahlavi, des plans sont faits pour construire jusqu’à 20 centrales nucléaires à travers le pays avec le support et le soutien des États-Unis. De nombreux contrats signés avec des compagnies occidentales, et l’entreprise allemande Kraftwerk Union (une filiale de Siemens AG) commence la construction de la centrale nucléaire de Bushehr en 1974.
1974 : la production de pétrole iranienne culmine à 6,1 millions de barils par jour[34].
1974 : Promulgation de la loi énergétique de l’Iran. Cette loi couvre les activités pour lesquelles l’OEAI fut fondée à cette période. Ces activités incluent l’utilisation de l’énergie atomique et de la radioactivité dans l’industrie, l’agriculture et les industries de services, la mise en place de centrales nucléaires et d’usine de désalinisation, la production de matières premières nécessaires à de tels projets, la création d’infrastructure technique et scientifique nécessaire pour mener à bien de tels projets ainsi que la coordination et la supervision de tous les sujets liés à l’énergie atomique dans le pays[35]
1979 : la révolution iranienne gèle le programme nucléaire iranien et le contrat de Bushehr avec Siemens AG se termine avec le départ de l’entreprise.
1982 : les officiels iraniens annoncent qu’ils prévoient de construire un réacteur fonctionnant avec leur propre uranium au centre de technologie nucléaire d’Isfahan.
1983 : les inspecteurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique inspecte les installations iraniennes, et font un rapport sur une proposition d’accord de coopération afin d’aider l’Iran a fabriquer de l’uranium enrichi dans le cadre du « programme ambitieux de l’Iran dans le domaine de la technologie des réacteurs nucléaires et du cycle du combustible ». Le programme d’assistance est plus tard arrêté sous la pression américaine. D’un autre côté, le président argentin Raul Alfonsin signe un accord de coopération nucléaire avec l’Iran, qui comprend de la fourniture d’uranium enrichi [14].
1984 : malgré l’opposition de l’ayatollah Hossein Khomeyni à l’emploi d’une bombe nucléaire, la décision est prise en pleine guerre Iran-Irak de relancer le programme civilo-militaire.
1984 : la radio iranienne annonce que les négociations avec le Niger à propos des achats d’uranium sont près de leur conclusion.
1985 : les programmes de radio iraniens discutent ouvertement de la signification de la découverte de minerai d’uranium en Iran avec le directeur de l’OEAI.
1989 : la loi sur la protection contre les ondes radio est ratifiée en session publique le 9 avril 1989 par le parlement et approuvé par le conseil des Gardiens le 19 avril 1989[35].
1990 : l’Iran commence les négociations avec l’Union soviétique concernant la reconstruction de la centrale de Bushehr.
1991 : Le président argentin Carlos Menem, sous la pression des Etats-Unis, met fin unilatéralement aux accords de coopération nucléaire avec l’Iran. Néanmoins, la collaboration se poursuit partiellement, Buenos Aires fournissant de l’uranium faiblement enrichi à Téhéran [14].
1992 : l’Iran signe un accord avec la Chine pour la construction de deux réacteurs de 950 MW à Darkhovin (Iran de l’ouest). À ce jour, la construction n’a pas commencé.
Janvier 1995 : l’Iran signe un contrat de 800 millions de US$ avec le ministère russe de l’énergie atomique(MinAtom) afin de finir les réacteurs de Bushehr sous le regard de l’AIEA[36].
1996 : la Chine et l’Iran informent l’AIEA de plans de construction d’une installation d’enrichissement nucléaire en Iran, mais la Chine se retire du contrat sous la pression américaine. L’Iran informe l’AIEA qu’il envisage de poursuivre la construction quand même.
2002 : la production de pétrole de l’Iran, suivant le modèle en double pic de l’OPEC, culmine à 3,4 millions de barils par an et entame son déclin[34].
Août 2002 : Alireza Jafarzadeh expose deux installations nucléaires secrètes à Natanz et Arak en utilisant des sources bien placées dans le régime iranien par l’organisation terroriste MEK.
Décembre 2002 : Les États-Unis accusent l’Iran de chercher à fabriquer des armes nucléaires.
16 juin2003 : Mohamed ElBaradei, directeur général de l’AIEA, déclare que « l’Iran a manqué à son devoir de rapporter certains matériaux et activités » et demande « des actions coopératives » de la part du pays. Cependant, à aucun moment l’AIEA ne déclare l’Iran en rupture avec le TNP[37].
Octobre 2003 : l’Iran commence à tenir des négociations avec les membres de l’AIEA à propos d’inspections nucléaires plus strictes[37].
31 octobre 2003 : l’AIEA déclare que l’Iran a fourni une description « complète » de son programme nucléaire[37].
11 novembre 2003 : l’AIEA déclare qu’il n’y a pas de preuves que l’Iran essaie de construire une bombe atomique [37].
13 novembre 2003 : Washington clame que le rapport de l’AIEA est « impossible à croire ». L’ONU s’en tient aux faits donnés dans le rapport[37].
Juin 2004 : Kamal Kharrazi, ministre des affaires étrangères de l’Iran, répondant à la demande faite à l’Iran de stopper son programme nucléaire, dit : « Nous n’accepterons aucune obligation nouvelle. L’Iran a une grande capacité technique et doit être reconnu par la communauté internationale en tant que membre du club nucléaire. C’est un chemin irréversible. »[39]
14 juin 2004 : Mohamed ElBaradei, directeur général de l’AIEA, accuse l’Iran d’une coopération « moins que satisfaisante » pendant l’investigation de l’AIEA sur son programme nucléaire. ElBaradei demande « une coopération accélérée et proactive » de la part de l’Iran.
27 juillet 2004 : l’Iran brise les scellés placés sur les centrifugeuses d’uranium par l’AIEA et reprend la construction des centrifugeuses à Natanz[40]
31 juillet 2004 : l’Iran fait savoir qu’il a repris la construction de centrifugeuses nucléaires pour enrichir de l’uranium, inversant une décision volontaire de sa part d’arrêter toute activité liée à l’enrichissement d’uranium en octobre 2003, à la demande de la Grande-Bretagne, de la France et de l’Allemagne. Les États-Unis supposent que le but est de produire de l’uranium enrichi de qualité militaire.
10 août 2004 : Plusieurs questions de longue date à propos des échantillons d’uranium de qualité militaire sont clarifiées par l’AIEA. Les échantillons correspondent à des sources pakistanaises et russes qui ont contaminé l’équipement iranien venant de ces pays[41].
24 août 2004: le ministre des affaires étrangères Kamal Kharrazi déclare à Wellington que l’Iran répondra par la force à Israël ou à n’importe quelle autre nation qui tentera une frappe préventive sur son programme nucléaire. Plus tôt dans la même semaine, le chef d’état-major israélien, le général Moshe Ya’alon, a dit à un journal israélien que « l’Iran se démène pour avoir la capacité nucléaire et je suggère que dans ce cas [Israël] ne compte pas sur d’autres ».
6 septembre 2004 : le dernier rapport de l’AIEA trouve que « les sujets non-résolus autour du programme atomique iranien sont en train d’être clarifiés ou résolus. »[42]
18 septembre2004 : L’AIEA, agence de sûreté nucléaire de l’ONU, adopte à l’unanimité une résolution appelant l’Iran à suspendre toutes les activités relatives à l’enrichissement d’uranium.
21 septembre2004 : En guise de défi à l’ONU, l’Iran annonce qu’elle continuera son programme nucléaire de conversion de 37 tonnes de yellowcake pour être traité dans les centrifugeuses[43]
18 octobre 2004 : l’Iran déclare qu’elle souhaite négocier avec la Grande Bretagne, la France et l’Allemagne à propos de la suspension de ses activités d’enrichissement d’uranium, mais elle ne renoncera jamais à son droit à enrichir de l’uranium.
24 octobre 2004 : l’Union européenne fait une proposition consistant à fournir de la technologie nucléaire à l’Iran en échange de l’arrêt permanent de son programme d’enrichissement. L’Iran rejette cette offre en disant qu’elle ne renoncera pas à son droit aux technologies d’enrichissement. Une décision pour référer de ce sujet par l’AIEA au conseil de sécurité des Nations unies est attendue le 25 novembre 2004.
15 novembre2004 : Des discussions entre l’Iran et les trois membres de l’UE (Grande-Bretagne, France et Allemagne) résultent en un compromis. L’Iran accepte de suspendre temporairement son programme d’enrichissement d’uranium pendant la durée d’une seconde session de négociation, durant laquelle des tentatives seront faites pour aboutir à une solution permanente et intéressante pour tous.
15 novembre 2004 : Un rapport confidentiel de l’ONU est diffusé. Le rapport dit que tous les matériaux nucléaires en Iran ont été recensés, et qu’il n’y a aucune preuve d’un programme militaire. Néanmoins, il ne peut être écartée la possibilité d’existence d’un tel programme parce que la connaissance à ce sujet n’est pas parfaite[44].
22 novembre 2004 : l’Iran déclare qu’il suspend volontairement son programme d’enrichissement de l’uranium afin de négocier avec l’UE. L’Iran reverra sa décision trois mois après. L’UE cherche à avoir une suspension permanente et veut donner des incitations économiques et politiques.
24 novembre 2004 : l’Iran cherche à obtenir la permission de l’Union européenne, en accord avec la position adoptée conjointement avec l’UE, d’être autorisée continuer à travailler avec 24 centrifugeuses à buts de recherche.
28 novembre 2004 : l’Iran retire sa demande qu’une partie de sa technologie soit exemptée d’un gel des activités d’enrichissement nucléaire[45]
Juin 2005 : le secrétaire d’État américain Condoleezza Rice dit que le directeur de lAIEA devrait ou endurcir sa position sur l’Iran ou échouer à être choisi pour un troisième mandat à la tête de l’AIEA. Suivant une réunion en tête-à-tête entre Mme Rice et M. ElBaradei le 9 juin, les États-Unis retirent leur opposition et ElBaradei est réélu à son poste le 13 juin 2005[46].
8 août et 10 août 2005 : l’Iran reprend la conversion d’uranium à l’usine d’Ispahan, sous le contrôle de l’AIEA, mais ne reprend pas l’enrichissement d’uranium.
9 août 2005 : le chef de l’État iranien, l’AyatollahAli Khamenei émet une fatwa interdisant la production, le stockage et l’utilisation d’armes atomiques. Le texte complet de la fatwa est transmis dans une déclaration officielle dans une réunion de l’AIEA à Vienne.
11 août 2005 : les trente-cinq membres du conseil de l’AIEA adoptent une résolution appelant l’Iran à suspendre la conversion d’uranium, ainsi qu’une instruction au directeur général de l’agence Mohammed ElBaradei lui demandant d’émettre un rapport sur le programme nucléaire iranien avant le 3 septembre 2005. La résolution est considérée par beaucoup comme étant faible puisqu’elle n’inclut pas la menace d’un renvoi devant le conseil de sécurité de l’ONU.
15 août 2005 : le nouveau président de l’Iran, Mahmoud Ahmadinejad, installe son nouveau gouvernement. Ali Larijani remplace Hassan Rowhani en tant que secrétaire du conseil suprême de sécurité nationale, l’administration la plus haute en Iran, ayant la politique nucléaire dans son escarcelle.
15 septembre 2005 : dans un somment de haut-niveau des Nations unies, Mahmoud Ahmadinejad déclare que l’Iran a le droit de développer un programme d’énergie nucléaire dans les termes du traité de non-prolifération des armes nucléaires de 1970. Il offre une solution de compromis dans laquelle les entreprises étrangères seront autorisées à investir et à participer dans le programme nucléaire de l’Iran, assurant ainsi qu’il ne peut être utilisé secrètement pour faire des armes. La majorité de la délégation américaine part pendant son discours, mais la mission américaine à l’ONU le nie[47].
10 octobre 2005 : Le représentant pour les affaires internationales du ministère iranien du pétrole, Hadi Nejad-Hosseinian, dit que l’Iran pourrait épuiser ses réserves de pétrole dans neuf décennies[48]
5 novembre 2005 : le gouvernement iranien approuve un plan autorisant les investisseurs étrangers à participer dans le travail à l’usine d’enrichissement d’uranium de Natanz. Le cabinet autorise aussi l’OEAI à prendre les mesures nécessaires pour attirer l’investissement national et étranger dans le procédé d’enrichissement de l’uranium[49].
19 novembre 2005 : l’AIEA sort un rapport disant que l’Iran empêche toujours les inspecteurs nucléaires des Nations unies de visiter pour la seconde fois un site connu comme le complexe militaire de Parchin, où l’Iran n’est légalement obligé d’autoriser les inspections. Le directeur général de l’AIEA, Mohamed ElBaradei dit dans le rapport : « la transparence complète de l’Iran est indispensable ». Séparément, l’Iran confirme qu’ils ont repris la conversion de nouvelles quantités d’uranium, poursuivant ainsi ses droits donnés par le TNP, malgré une résolution contraire de l’AIEA[50].
Janvier 2006 : l’Iran fournit à la partie négociatrice européenne une proposition en six points, qui inclut encore une offre de suspendre d’enrichissement d’uranium pendant deux ans, soumise au résultat des négociations continues. L’offre est déclinée par les européens et n’est pas reportée dans la presse occidentale.[51].
31 janvier 2006 : l’AEIA rapporte que « l’Iran a continué à faciliter l’accès sous les termes de l’accord de sauvegarde tel qu’il avait été demandé par l’agence… et même en fournissant de manière ponctuelle les déclarations requises et l’accès aux sites » et liste les sujets restants.[52].
Janvier 2006 : Le reporter du The New York TimesJames Risen publie État de guerre, dans lequel il soutient qu’une opération de la CIA nommée opération Merlin aurait pu aider l’Iran dans son programme nucléaire alors que l’intention initiale était de le retarder en fournissant de fausses informations.
2 février 2006 : Le ministre des finances pakistanais Sirajul Haq déclare : « Une attaque sur l’Iran serait interprétée comme une attaque sur nous »[53].
4 février 2006 : l’AIEA vote à 27 voix contre 3 le renvoi de l’Iran devant le conseil de sécurité. Après le vote, l’Iran a annoncé sa volonté de mettre fin à la coopération volontaire avec l’AIEA au-delà de la base du traité de non-prolifération, et de reprendre l’enrichissement d’uranium[54].
Mars 2006 : La stratégie de sécurité nationale américaine décrie l’Iran, en affirmant que « l’Iran a violé les obligations du traité de non-prolifération et refuse de fournir des garanties objectives que son programme nucléaire est à seules fins pacifiques. »[55]
15 mars 2006 : Mahmoud Ahmadinejad réaffirme l’engagement de l’Iran dans le développement d’une industrie nucléaire domestique[56].
27 mars 2006 : Dans un article de politique étrangère intitulé « Fool Me Twice » (Trompez-moi deux fois), Joseph Cirincione, directeur de la non-prolifération au Carnegie Endowment for International Peace, déclare que « quelques officiels de haut rang ont déjà pris leur décision : ils veulent frapper l’Iran » et qu’il pourrait y avoir « une campagne coordonnée pour préparer une frappe militaire sur l’Iran ». Joseph Cirincione met aussi en garde « qu’une frappe militaire serait désastreuse pour les États-Unis. Elle permettrait de rassembler le public iranien autour d’un régime jugé par ailleurs impopulaire, enflammer les sentiments de colère anti-américains dans le monde musulman, et mettrait en danger la position déjà fragile des États-Unis en Irak. Et cela accélèrerait, et non pas retarderait, le programme nucléaire iranien. Les partisans de la ligne dure à Téhéran se verraient confirmer leur opinion que la seule chose capable de décourager les États-Unis est une bombe nucléaire. Les dirigeants iraniens répondraient par un programme nucléaire accéléré qui permettrait de produire une bombe en quelques années. »[57]
11 avril 2006 : le président iranien Mahmoud Ahmadinejad annonce que l’Iran a enrichi de l’uranium pouvant être utilisé dans un réacteur en utilisant 164 centrifugeuses. Il dit : « J’annonce officiellement que l’Iran a rejoint ce groupe des pays qui ont la technologie nucléaire. C’est le résultat de la résistance de la nation iranienne. Sur la base des régulations internationales, nous continuerons notre chemin jusqu’à ce que nous puissions atteindre la production d’uranium enrichi de manière industrielle ». Il a répété le fait que l’enrichissement était effectué à fins pacifiques et non à des fins militaires.
26 avril 2006 : Le guide suprême de l’Iran, l’AyatollahAli Khamenei dit que les américains devraient savoir que s’ils assaillent l’Iran leurs intérêts seront touchés partout où c’est possible dans le monde, et que la nation iranienne répondra à chaque attaque avec une intensité double[58].
28 avril 2006 : l’AIEA fournit un rapport intitulé Implémentation des accords de sauvegarde du TNP en République Islamique d’Iran au conseil de sécurité de l’ONU[59]. L’AEIA dit que l’Iran a accéléré ses programmes d’enrichissement de l’uranium pendant la période de 30 jours couverte par le rapport[60].
1er juin 2006 : Le conseil de sécurité de l’ONU accepte les propositions faites afin d’atteindre un compromis avec l’Iran[61].
31 juillet2006 : Le conseil de sécurité de l’ONU adopte la résolution 1696 enjoignant à l’Iran d’arrêter l’enrichissement au 31 août 2006 sous peine de sanctions[62].
5 août2006 : L’ambassadeur d’Iran en France, Ali Ahani, affirme dans un entretien au « Monde » daté du 6-7 août que « le programme nucléaire civil iranien ne déviera jamais vers un programme militaire ».[63]
3 octobre2006: le directeur adjoint de l’OEAI, Mohammad Saïdi, déclare: « Nous avons une idée, c’est que la France crée un consortium avec les sociétés françaises Eurodif et Areva pour faire de l’enrichissement de l’uranium en Iran, et, ainsi, ils pourront surveiller étroitement nos activités » [64]
? ab(en) Colin Campbell, Association for the Study of Peak Oil and Gas, Country Assessment – Iran , http://www.peakoil.ie/newsletters/223 , accédé le 28/05/2006.
Le vice-président irakien, Adel Abdel Mahdi, va rencontrer des responsables du groupe pétrolier français Total pour discuter d’un contrat de plusieurs milliards de dollars, a-t-il déclaré , en visite de travail en France.
Lors d’une rencontre avec des journalistes , le vice-président et d’autres responsables irakiens ont déclaré souhaiter attirer des investissements français dans le secteur pétrolier de leur pays, dévasté par la guerre.
« Total a fait montre de sa volonté de travailler en Irak, en particulier dans le développement en amont des champs de gaz et de pétrole », a dit un conseiller gouvernemental et ancien ministre du pétrole, Thamer al-Ghabhdan.
Ce responsable a confirmé que Total, en partenariat avec la major américaine Chevron, avait été sollicité pour être candidat au développement de l’un des gisements les plus prometteurs du sud de l’Irak.
« Total, en partenariat avec Chevron, a été sollicité pour concourir directement pour le gisement de Nahr Bin Umar », a-t-il dit.
Le consortium franco-américain sera en concurrence avec les autres candidats, comme le norvégien StatoilHydro, a-t-il précisé.
Nahr Bin Umar est l’un des deux champs pétroliers dont Total négociait déjà l’attribution avec l’ancien régime irakien de Saddam Hussein, a-t-il dit.
« Total est donc dans une position réellement avantageuse », selon lui.
Abdel Mahdi, un ancien opposant à Saddam Hussein qui a passé 25 ans en exil en France, a ajouté: « Je leur ai parlé à de nombreuses reprises, et ils sont réellement intéressés » par le gisement.
Selon les responsables irakiens, le montant des investissements nécessaires pour ce champ n’a pas été fixé, mais un chiffre de 15 millions de dollars a été discuté.
L’ambassadeur irakien à Paris, Mowaffak Abboud, a estimé que les deux champs pétroliers visés par Total avaient un potentiel de production cumulée de plus d’un million de barils de brut par jour pendant 14 ans.