Nucléaire civil: tour du monde des nouvelles puissances

Les prix élevés du pétrole appelés à perdurer et la chasse aux gaz à effet de serre sont les moteurs de la relance mondiale du nucléaire. La concurrence sera rude, en particulier sur le créneau des réacteurs de moyenne puissance destinés aux pays émergents. Revue des exportateurs potentiels et des historiques, concurrents de la France.

• L’Argentine

C’est le petit nouveau qui pourrait surprendre. L’Argentine a vendu récemment un réacteur nucléaire, certes destiné à la recherche, à l’Australie. Le pays andin avait déjà exporté des modèles similaires au Pérou, à l’Égypte et à l’Algérie. Ses deux seules centrales sont de fabrication allemande et canadienne. Mais l’État argentin ambitionne de produire son premier réacteur de puissance « 100 % argentin », ­Carem, de 200 à 300 MW à l’horizon 2016.

• L’Afrique du Sud

L’Afrique du Sud exploite depuis un quart de siècle deux réacteurs construits par le français Framatome. Ses chercheurs ont repris une technique conçue puis abandonnée par les Allemands, le « réacteur modulaire à lit de boulets », de petite puissance, où le combustible prend la ­forme de boules. Le premier réacteur à boulets ne devrait pas être opérationnel avant 2018.

• L’Inde

Sur son marché intérieur, l’Inde projette de porter à 25 % la part de l’atome dans sa production électrique à l’horizon 2050. Le géant asiatique exploite 17 réacteurs et en construit 5. L’Inde affiche l’ambition de devenir un leader mondial dans la technologie des réacteurs à neutrons rapides alimentés en thorium, métal plus abondant que l’uranium.

• La Chine

Sur les onze réacteurs mis en chantier l’an dernier dans le monde, neuf l’ont été en Chine. Mais, pour l’heure, les Chinois « achètent toujours de la technologie étrangère et leur priorité est leur marché intérieur », pointe Hans-Holger Rogner, responsable des études économiques à l’AIEA.

• La Russie

La Russie participe à un appel d’offres en République tchèque face à Areva et Westinghouse et se prépare pour la Turquie et le Maroc. En dehors de ses frontières, la Russie a construit deux réacteurs encore en service en Bulgarie, en Finlande et en Chine, et termine la très controversée centrale iranienne de Bouchehr.

• L’Allemagne

Le géant Siemens, qui a construit toutes les centrales d’Allemagne de l’Ouest, a noué l’an dernier un partenariat straté­gique avec le russe Rosatom. Ensemble, ils comptent conquérir un tiers du marché mondial.

• Le Japon

Le japonais Hitachi était en lice pour Abu Dhabi, allié à l’américain GE. Avec Mitsubishi Heavy Industries et Toshiba (désormais propriétaire de l’historique Westinghouse), l’Archipel compte trois grands groupes à l’affût des marchés ­extérieurs, en général dans le cadre de consortiums.

• Les États-Unis

La Maison-Blanche a évoqué lundi la relance du nucléaire. En octobre dernier, l’État fédéral a reçu 19 demandes de prêts de la part des compagnies d’électricité pour construire autant de réacteurs. Le constructeur Westinghouse, qui concéda des licences à l’origine des programmes nucléaires civils français et sud-coréens, est aujourd’hui contrôlé par le japonais Toshiba. GE reste le seul vendeur américain de réacteurs.

Le Canada

Avec sa filière Candu, dont huit réacteurs sont opérationnels en Roumanie, en Argentine, en Chine, en Inde et en Corée du Sud, le Canada reste un des grands ­acteurs du nucléaire.

Voir aussi : rubrique Politique internationale, Sarkozy nucléaire civil  « ciment d’une nouvelle solidarité », rubrique Japon  L’accident nucléaire