Les sénateurs ont adopté par 60 voix contre 39 le projet de loi sur la couverture maladie, qui vise à rendre l’assurance santé plus accessible aux Américains.
Le président des Etats-Unisa qualifié d' »historique » le vote jeudi 24 décembre par le Sénat de la réforme de la couverture maladie, l’une des mesures phares du début de son mandat. « Lors d’un vote historique qui a eu lieu ce matin, les sénateurs ont rejoint leurs collègues de la Chambre (des représentants) pour adopter une réforme de l’assurance maladie qui fera date », a affirmé Barack Obama. Ce texte de loi « nous rapproche de la fin d’une bataille de près d’un siècle pour réformer le système de santé américain », a poursuivi le président lors d’une allocution à la Maison Blanche.
94% des Américains de moins de 65 ans couverts
LeSénataméricain a adopté dans la matinée le projet de loi sur la couverture maladie, l’une des mesures clé du programme de réforme du président Barack Obama visant à rendre l’assurance santé plus accessible aux Américains. Le projet de loi de la chambre haute vise à fournir une couverture à 31 des 36 millions d’Américains qui en sont dépourvus. Au total, avec le projet de loi du Sénat, 94% de l’ensemble des Américains de moins de 65 ans seraient couverts. Les personnes plus âgées bénéficient déjà d’une couverture fournie par l’Etat fédéral appelé Medicare. Les sénateurs ont approuvé le texte par 60 voix contre 39, soit sans aucune voix de l’opposition républicaine.
Plusieurs mois de négociations
Le vote met un terme à plusieurs mois de négociations entre la majorité démocrate et la Maison Blanche, ainsi que de nombreuses discussions avec l’opposition républicaine. Mais les débats au Congrès ne s’arrêtent pas là. Le texte devra encore être fusionné avec celui déjà voté à la Chambre des représentants le 7 novembre. Une version définitive devra ensuite être envoyée au président Barack Obama pour promulgation. Les chefs démocrates des deux chambres espèrent envoyer le projet de loi à la Maison Blanche avant le discours sur l’état de l’Union, qui a lieu traditionnellement durant la dernière semaine de janvier.
Le chef de la majorité a d’abord dit « non »
Les 60 sénateurs de la majorité s’étaient mis d’accord dès les petites heures de lundi sur un texte de compromis en votant sur la clôture des débats. En début de semaine, il était encore question d’un vote jeudi soir, mais démocrates et républicains se sont mis d’accord pour éviter un vote en plein réveillon de Noël. Le projet de loi a finalement été adopté à 7h15 locales (12h15 GMT). Signe de l’épuisement des parlementaires après des semaines de tension, le chef de la majorité démocrate, Harry Reid, a d’abord dit « non » au projet de loi pour lequel il a combattu d’arrache-pied, avant de se reprendre et de déclarer « oui », suscitant l’hilarité de ses collègues.
Une volonté qui date de Roosevelt
La réforme, sur laquelle plusieurs générations d’hommes politiques depuis le président Theodore Roosevelt (1901-1909) ont planché sans pouvoir la concrétiser, devrait marquer la présidence de Barack Obama. « Depuis que (le président) Teddy Roosevelt a le premier appelé à une réforme en 1912, sept présidents, démocrates ou républicains, s’y sont attelés. A chaque fois, ces efforts ont été bloqués par des groupes d’influence souhaitant un statu quo plus profitable au secteur des assurances qu’aux Américains », a rappelé le président. « Mais avec le vote de projets de loi tant à la Chambre qu’au Sénat, nous sommes désormais tout près de tenir la promesse d’une réforme réelle et significative qui apportera davantage de sécurité et de stabilité aux Américains », s’est-il félicité. « Ce ne sont pas de petites réformes, ce sont de grandes réformes. S’il est adopté, ce (texte) sera la législation sociale la plus importante depuis l’instauration de la Sécurité sociale (le système de retraites, ndlr) dans les années 1930 », a conclu Barack Obama.
Le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen a lancé mercredi un avertissement aux pays alliés réticents à envoyer des renforts de soldats en Afghanistan dans le sillage des Etats-Unis, en prévenant que Washington pourrait abandonner son approche « multilatérale ».
« Les Américains ont opté pour une approche multilatérale et je crois que les Etats-Unis commenceront à mettre en doute cette approche si les autres alliés ne prennent pas leur part du fardeau » en Afghanistan, a-t-il dit lors d’un débat à Bruxelles. « Le président (Barack) Obama a annoncé une augmentation significative du nombre de troupes en Afghanistan, dans cette situation il est crucial que les autres alliés suivent », a-t-il déclaré.
« L’équilibre de l’Otan est en jeu, il est important que l’opération en Afghanistan ne soit pas perçue comme une opération américaine pure et simple », a ajouté M. Rasmussen. Donc « j’appelle tous les alliés à augmenter leur contribution en Afghanistan », a dit le secrétaire général. Invité à dire s’il n’était pas déçu par la position du président français Nicolas Sarkozy qui exclut l’envoi de troupes de combat en renfort en Afghanistan mais pas celui de nouveaux formateurs militaires, M. Rasmussen a répondu: « Au contraire je suis encouragé par les commentaires du président Sarkozy ».
La France comme l’Allemagne veulent attendre la conférence de fin janvier sur l’Afghanistan avant de se prononcer sur leur contribution. M. Rasmussen a aussi appelé les Pays-Bas à poursuivre leur engagement. « J’espère que tous les alliés vont prendre en considération (le fait) que c’est une opération de l’Otan, j’ai confiance dans le fait que le gouvernement néerlandais et les autres tiendront compte de cela », a-t-il dit. Les Pays-Bas contribuent à raison d’environ 1.770 hommes à la Force internationale de l’Otan en Afghanistan (Isaf). Ils sont déployés pour la plupart dans la province d’Uruzgan (sud), où les talibans sont très virulents. Les Pays-Bas ont décidé de retirer leurs troupes en 2010 et ils doivent encore décider quelle suite ils donneront aux demandes qui leur sont faites de rester présents.
La France risque d’être prise « dans l’engrenage » (Hollande, PS)
François Hollande (PS) a souligné mercredi le risque pour la France d’être pris « dans l’engrenage » après la décision des Etats-Unis d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan en raison de sa présence dans l’organisation militaire de l’Otan. « Pour l’instant, Nicolas Sarkozy dit non, je n’enverrai que des formateurs, mais nous ne sommes pas certains qu’il ne sera pas lui-même, dans le cadre de cette alliance militaire (l’Otan), pris dans l’engrenage », a déclaré l’ex-premier secrétaire du PS sur France 2.
Il a rappelé que c’est « sous l’autorité de Nicolas Sarkozy » que la France y est « entrée » et « donc de plus en plus nous allons être liés aux décisions des Etats-Unis ». Selon le député de Corrèze, « le risque de la mission d’Obama c’est l’escalade : on va envoyer sans cesse plus de troupes pour maintenir un ordre de plus en plus précaire ». « Ce que nous devons faire, selon lui, c’est changer l’orientation de la présence des troupes » en insistant sur « la formation, l’afghanisation, la reconstruction, la lutte contre la corruption et les trafics ».
Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré mercredi qu’un nouvel ajustement du dispositif militaire français en Afghanistan était possible, après l’annonce de renforts américains massifs dans ce pays. La veille, le président Nicolas Sarkozy avait apporté son « plein soutien » à son homologue américain Barack Obama sans annoncer de renforts.
Afghanistan: la France « coincée » par l’engagement dans l’Otan (Chevènement)
Le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement a estimé mercredi que la France est « coincée » par sa réintégration dans le commandement militaire de l’Otan et devra probablement suivre ses alliés en envoyant des renforts militaires en Afghanistan.
« La France est coincée par la réintégration de l’organisation militaire de l’Otan », décidée par Nicolas Sarkozy, a affirmé l’ancien ministre PS de la Défense sur i-Télé. « A partir du moment où (Barack) Obama met 30.000 hommes de plus, en demande 10.000 aux alliés de l’Otan, où les Allemands malgré leurs réticences vont envoyer des renforts, où les Britanniques ont déjà annoncé qu’ils allaient en envoyer, la France est prise dans le sifflet », a-t-il déclaré.
« Je pense que le gouvernement ne tiendra pas, que le président de la République, vraisemblablement à la Conférence de Londres le 28 janvier, annoncera des renforts », a jugé le sénateur du Territoire-de-Belfort. Selon M. Chevènement, « ces renforts ne régleront rien du tout ». « Ce qui compte c’est la définition des objectifs politiques et le militaire vient après », a-t-il dit.
Renforts en Afghanistan: « fuite en avant » vouée à l’échec, selon le PCF
Le Parti communiste français (PCF) a dénoncé mercredi la décision du président américain Barack Obama d’envoyer 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, y voyant « une fuite en avant lourde de menaces ».
« Barack Obama vient d’annoncer l’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan. Consternante pour un prix Nobel de la Paix, cette fuite en avant dans la guerre est lourde de menaces pour les peuples afghan mais aussi américain », écrit le PCF dans un communiqué.
« L’échec de la stratégie de l’OTAN est chaque jour plus criant. Il serait inacceptable que la France choisisse de s’aligner sur l’Administration des Etats-Unis dans cette stratégie belliqueuse en participant de quelque manière à l’envoi de nouvelles troupes. Le Président de la République doit refuser une telle perspective », ajoute le texte, rappelant que le Parti exige le retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan.
Ayrault demande à Sarkozy une clarification et un calendrier de retrait
Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a demandé mercredi au président Nicolas Sarkozy de « clarifier sa position » sur l’Afghanistan, « de s’engager dans une stratégie de solution politique et d’annoncer un calendrier de retrait » des troupes françaises.
Invité de Questions d’info/LCP/France Info/AFP, M. Ayrault s’est félicité du « changement de stratégie » du président américain Barack Obama, qui, en annonçant un renforcement des effectifs américains de 30.000 hommes a donné « une date », 2011, pour « l’amorce d’un retrait ». Cela démontre, a dit M. Ayrault que Barack Obama considère qu’il « n’y a pas de solution militaire en Afghanistan. Il y a une solution politique ».
S’agissant de l’engagement de la France, le chef de file des députés socialistes a rappelé sa demande d’un débat à l’Assemblée nationale. « Nous redemandons un changement de stratégie (…) il n’est pas question d’envoyer des militaires supplémentaires », a insisté M. Ayrault en faisant observer que dans ce dossier « la France ne pèse pas dans la décision » et « Nicolas Sarkozy est spectateur et non acteur ».
« La France doit clarifier sa position, s’engager dans une stratégie de solution politique et annoncer un calendrier de retrait », a poursuivi le député-maire de Nantes. « Il faut un calendrier. L’objectif est une sortie par le haut », a-t-il ajouté, en estimant que « l’objectif de date » de Barack Obama était « audacieux ».
Il a jugé que la France en Afghanistan avançait « au fil de l’eau sans peser sur la décision, sans être associée aux orientations nouvelles malgré sa présence dans le commandement intégré de l’Otan ».
« Il n’y a pas d’alternative » à l’engagement des soldats français en Afghanistan, estime le ministre de la Défense, Hervé Morin, dans une interview publiée par Le Figaro lundi, avant un débat prévu dans l’après-midi au Sénat sur la présence française dans ce pays. Ce débat, réclamé à plusieurs reprises par les sénateurs de l’opposition, intervient après une mission fin octobre en Afghanistan du président du Sénat, Gérard Larcher (UMP). « Il n’y a pas d’alternative » à l’engagement de la France en Afghanistan, « même si la France est depuis longtemps convaincue qu’il faut faire évoluer la stratégie et être davantage présent auprès de la population« , déclare le ministre de la Défense.
Pour M. Morin, « ce qui inquiète les Français, ce n’est pas le fait que l’on soit présent en Afghanistan, c’est que l’on soit contraint d’y rester pendant des années!« . « Il faut donner des perspectives, des objectifs à l’opinion publique. Il faut rappeler aux Français que laisser l’Afghanistan aux talibans, c’est laisser le terrorisme prospérer et nous menacer », ajoute-t-il. Interrogé sur le fait que le président américain Barack Obama n’arrive « apparemment pas à trancher sur la question des effectifs » déployés en Afghanistan, M. Morin relève qu’envoyer « 20.000 ou 40.000 hommes ne suffira pas ». « La seule stratégie qui vaille est de respecter la population afghane et de faire monter en puissance son armée et sa police », affirme-t-il. Dans un entretien au Monde daté de dimanche-lundi, M. Larcher avait estimé que la France devait « éviter de devenir une force d’occupation étrangère » en Afghanistan et se fixer « une perspective de départ » à « quatre ou cinq ans« .
Israël s’est dit prêt à des négociations de paix sans condition préalable avec la Syrie, alors que le processus de paix avec les Palestiniens est enlisé. « Le Premier ministre (Benjamin) Netanyahu est d’accord pour des négociations immédiates avec la Syrie, partout dans le monde et sans condition préalable », a déclaré jeudi son conseiller de presse, Nir Hefetz, à la radio militaire.
Mercredi à l’Elysée, M. Netanyahu a demandé au président Nicolas Sarkozy de transmettre un message en ce sens au chef de l’Etat syrien Bachar al-Assad qu’il reçoit vendredi à Paris, selon un responsable israélien. Israël applique ainsi la « méthode du balancier » qui consiste à privilégier un autre interlocuteur lorsque le dialogue est bloqué avec le principal partenaire, comme c’est le cas actuellement avec les Palestiniens, relèvent les médias israéliens.
Le ministre israélien de la Défense Ehud Barak a déclaré mercredi qu' »il ne faut pas traiter par le mépris les signaux de paix émanant ces derniers temps de Damas ». Le président syrien a récemment pressé la Turquie d’améliorer ses relations avec Israël, allié stratégique d’Ankara, afin de pouvoir jouer à nouveau un rôle de médiateur dans des pourparlers indirects israélo-syriens lancés en mai 2008 et suspendus depuis l’offensive israélienne contre Gaza fin décembre.
Ces développements surviennent au moment où le dialogue israélo-palestinien, interrompu depuis bientôt un an, paraît plus bloqué que jamais, en dépit des efforts du président américain Barack Obama pour le relancer. Le président palestinien Mahmoud Abbas affirme vouloir reprendre les négociations uniquement si Israël gèle d’abord totalement la colonisation en Cisjordanie occupée.
Pour l’analyste Gerald Steinberg, professeur de sciences politiques à l’Université Bar-Ilan de Tel-Aviv, « le blocage sur le volet palestinien favorise une relance avec les Syriens ».
« Obama a ouvert le jeu avec Damas » et « la France peut aussi assumer un rôle, vu son influence historique au Liban », estime-t-il. « Barack Obama a toujours pensé que des négociations de paix avec Damas isoleraient fatalement l’Iran, ainsi que ses alliés, le Hezbollah (libanais) et le Hamas (palestinien) ».
« Pour M. Netanyahu, il peut être avantageux tactiquement de reprendre des négociations avec Damas. D’autant qu’il ne risque pas de devoir payer le prix de la paix avec les Syriens dans l’immédiat », explique M. Steinberg à l’AFP. La Syrie réclame la restitution totale du plateau du Golan occupé par Israël depuis la guerre israélo-arabe de juin 1967 et annexé en 1981.
« Depuis 1992, tous les chefs de gouvernements israéliens, hormis Ariel Sharon, ont envisagé d’évacuer le Golan en échange d’un accord de paix, et Ehud Olmert (le prédécesseur de M. Netanyahu) était même prêt à cela », souligne le professeur Moshé Ma’oz, orientaliste à l’Université hébraïque de Jérusalem.
Il estime cependant que « ni la Turquie, ni la France ne peuvent remplacer les Américains comme médiateurs car, en fin de compte, ils seront les garants de cet accord et veulent ramener la Syrie dans leur orbite pour préserver leurs intérêts en Irak et au Liban ».
Pour l’heure, les sondages révèlent qu’une majorité écrasante de l’opinion israélienne est hostile à un retrait du Golan.
« Le dossier israélo-syrien peut attendre. En revanche, Israël ne doit pas rater le train avec les Palestiniens, car il est de plus en plus isolé sur la scène internationale, et la menace plane d’une nouvelle explosion de violence », dit le professeur Ma’oz.
Chose assez rare en Israël, le principal problème auquel se heurte le probable
futur Premier ministre n’est pas arithmétique. Il s’agit ici de la nature politique du gouvernement.
Avigdor Lieberman
L’humour, entre autres vertus, sert parfois à dire l’indicible. Rompu à la realpolitik, le négociateur palestinien Saëb Erekat s’est récemment interrogé sur l’attitude que la communauté internationale adopterait à l’encontre d’un gouvernement israélien comprenant dans ses rangs l’extrémiste Avigdor Lieberman. « L’Europe et les États-Unis ont boycotté un gouvernement palestinien où siégeaient des ministres du Hamas, nul doute qu’une décision semblable sera prise avec le prochain gouvernement israélien », a-t-il dit en substance. On objectera que ce propos ne devrait pas prêter à sourire.
D’abord, parce que le personnage en question, qui veut des états juif et arabe ethniquement purs, et qui promet à Gaza le sort d’Hiroshima, n’ incite guère à la plaisanterie ; ensuite, parce que la pression de la communauté internationale devrait en effet s’exercer sur les deux parties au conflit. Mais ce n’est, hélas, que de l’humour, parce que personne n’y croit. Tout le monde sait que ce M. Lieberman, une fois installé dans son ministère, serrera les mains de nos ministres et autres dirigeants occidentaux qui lui conféreront une honorabilité rien de moins qu’usurpée. Il n’empêche que la présence de cet ultra dans le futur gouvernement de Benyamin Netanyahou est embarrassante pour tout le monde.
Elle l’est parce qu’elle prend à contre-pied la diplomatie que l’on prête à Barack Obama (que l’on « prête », parce que, pour l’instant, on ne l’a pas encore trop vue). Elle l’est parce qu’elle dit la vérité de ce gouvernement, et la vérité de la classe politique israélienne.
Même Benyamin Netanyahou entrevoit les inconvénients de la cohabitation avec ce personnage. C’est la raison pour laquelle, le chef de file du Likoud faisait le forcing au cours de ces derniers jours pour convaincre au minimum Tzipi Livni, leader du parti centriste Kadima, et si possible le travailliste Ehoud Barak, de former avec lui une coalition. Qu’on ne se méprenne pas : cela ne changerait pas grand-chose à la politique d’Israël à l’égard des Palestiniens. Faut-il le rappeler, ce n’est pas Avigdor Lieberman qui a bombardé Gaza et tué mille trois cents personnes. Dans cette tragédie, Tzipi Livni, ministre des Affaires étrangères, et Ehoud Barak, ministre de la Défense, ont des responsabilités autrement accablantes. Netanyahou ne se soucie dans cette affaire que de son image et de celle de son pays, déjà sérieusement écornée aux yeux du monde.
Chose assez rare en Israël, le principal problème auquel se heurte le probable futur Premier ministre n’est pas arithmétique. La droite, l’extrême droite et les partis religieux disposeraient à eux seuls de 65 sièges sur les 120 de la Knesset. On a déjà connu majorité plus fragile. Il s’agit ici de la nature politique du gouvernement. Après avoir eu un discours ultra- droitier et avoir tiré vers l’extrême droite toute la vie politique israélienne, les principaux responsables de ce déplacement font tout pour masquer la réalité.
Pour mesurer ce déplacement,il suffit de se souvenir que Mme Livni, qui fait
aujourd’hui figure de centriste, et presque de caution morale, est l’héritière politique d’Ariel Sharon, l’homme qui en 2002 était considéré comme le partisan des solutions les plus radicales, d’ailleurs en partie mises en œuvre à Jénine et à Naplouse. Quant aux travaillistes, ils se sont fondus dans la droite depuis février 2001, et n’ont plus guère d’expression autonome. « À quoi servent-ils ? », s’interrogeait la semaine dernière dans nos colonnes l’historien Zeev Sternhell, suggérant la plus pathétique des réponses.
Comme toujours (ou comme souvent) dans ce pays, les politiques instrumentalisent la peur. Une peur qu’ils font naître, qu’ils cultivent et qu’ils
répandent. La technique est connue. Il s’agit de renvoyer l’ennemi palestinien à ce qu’il a de pire. On assimile les Palestiniens au Hamas, et le Hamas à sa charte de 1988 et à Al-Qaïda. Il s’agit de figer les mouvements dans leur passé,
dans leurs proclamations les plus bellicistes, et de dissimuler ou de nier tout ce qui procède d’une évolution politique. À toute force, il faut masquer à l’opinion israélienne les signes de politisation du Hamas, son adhésion au plan de paix arabe qui suppose le retour aux frontières de 1967, c’est-à-dire une reconnaissance implicite d’Israël. Vingt ans après l’offensive diplomatique de Yasser Arafat et la « politisation » de l’OLP, Israël rejoue le même scénario.
Le Hamas n’étant pas assez crédible dans le rôle de la menace existentielle, il faut évidemment le réduire à un bras armé de l’Iran. Ce qui revient également à nier la véritable implantation, tout à fait « palestinienne », du Hamas, et l’importance de la dégradation des conditions de vie des Gazaouis dans la montée du Hamas. Des conditions de vie sur lesquelles Israël conserve un pouvoir total. Le tout ayant pour seule finalité de gagner du temps pour poursuivre la colonisation de la Cisjordanie, et continuer de pourrir une société palestinienne toujours sous le joug (1).
Politis
(1) En témoignent les règlements de comptes auxquels se livrent actuellement des hommes de main du Hamas dans ce qui rappelle chez nous l’épuration à la Libération. Ces événements sordides peuvent être analysés comme le produit
de la nature intrinsèque du Hamas. Ils peuvent aussi être comparés, hélas, à toutes les situations d’après-guerre.