L’imaginaire et l’histoire des sagas islandaises

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Rencontre littéraire. En partenariat avec l’association Cœur de livres, L’Hérault du Jour et Radio Campus sont associés à la découverte des classiques de la littérature nordique.

La troisième rencontre littéraire organisée par l’association Cœur de livres autour des grands classiques de la littérature nordique est consacrée aux sagas islandaises. Le terme de saga, aujourd’hui sémantiquement dévoyé à grand coup de Star Wars et autres séries littéraires, signifie raconter. Il voit le jour en Islande.

Une origine incertaine

La question liée à l’origine des sagas semble toujours faire l’objet d’un débat entre scientifiques. Pour certains, à un stade pré-littéraire, les sagas se seraient élaborées d’elles-mêmes, selon une tradition orale vivante. Elles se seraient transmises de génération en génération, par voie orale jusqu’à leur consignation par écrit. Tandis que pour d’autres spécialistes, les sagas seraient des ouvrages de fiction composés par des amateurs d’histoires anciennes qui se seraient livrés à un travail de reconstitution à partir de personnages et de faits mémorables conservés dans la tradition. Reste que les sagas fournissent le seul élément narratif dont nous disposons pour comprendre la vie quotidienne des Islandais et au-delà, des peuples scandinaves dans le monde médiéval nordique.

Au temps des Vikings

Les sagas constituent une source de référence pour aborder le temps des Vikings. A l’instar de L’Edda en prose, que l’on doit à Snorri Sturluson (1178-1241), poète scalde* voyant que sa passion était en train de se perdre dans les « progrès » du christianisme, tente une opération de sauvetage en mettant en scène Dieu et les mythes anciens. L’Edda qui regorge d’obscurité mêle les sagas des rois légendaires puis historiques de Norvège au premier rang desquels le roi Olàfr, dont la hache de guerre tenue entre les pattes d’un lion figure sur le blason de la Norvège. Explorateur de la Méditerranée à l’Amérique, commerçant de fourrures et d’esclaves, guerriers et pillards scandinaves, les Vikings sont restés païens jusqu’au Xème siècle. Leur ère couvre une période s’étendant du VIIIème au XIème siècle. Un regard nouveau de certains historiens lie le phénomène viking à une réaction à la christianisation forcée par le fer et le feu découlant de la volonté du roi franc, Charlemagne. Les raids vikings commencent au VIIIème siècle. La Scandinavie est alors constituée d’une multitude de petits royaumes.

Le passage à l’écrit

La volonté d’établir des grands royaumes centralisateurs dans les pays scandinaves apparaît avec la christianisation. Des princes convertis bénéficient d’alliances chrétiennes pour accéder au pouvoir. Les équilibres médiévaux s’en trouvent bouleversés. De nombreux seigneurs norvégiens prennent la mer pour s’installer dans les îles en Écosse ou en Irlande, et parviennent sur les côtes islandaises. A dater du milieu du Xe siècle, les premiers missionnaires arrivent avec l’alphabet et un fonds littéraire qui se mêle aux poèmes héroïques et scaldiques sans occasionner de résistance.

Rencontre avec François Emion

Invité de cette soirée, François Emion, maître de conférence de littérature et civilisations nordiques à l’université de Paris IV. Il est notamment auteur de L’Islande dans l’imaginaire, publié aux presses universitaires de Caen et travaille à une grammaire historique du vieil islandais. La rencontre se tient ce soir à 19h salle Pétrarque à Montpellier (entrée libre). A travers les extraits qui seront lus par les comédiens de la compagnie Tire pas la nappe, on découvrira également que les sagas sont avant tout un genre littéraire.

Jean-Marie Dinh

 * Les Scaldes, poètes de cour attachés à un roi ou à un chef pour en célébrer les hauts faits. Leurs œuvres sont antérieures aux sagas.

La colonisation de l’Islande


Nicholas_Roerich_Guests_from_OverseasL’histoire de la colonisation de l’Islande nous est connue par le Livre de la colonisation (Landnámabók) et le Livre des Islandais. Les informations sur la société nous viennent des sagas. En 860 environ, l’Islande aurait été redécouverte par les marins norvégiens de Nadoddrr rejetés par la tempête. Ils auraient baptisé le pays Snaeland, pays de la neige. Selon la légende, le Norvégien Ingólfr Arnarson et son frère juré Hjörleilf Hróddrmarsson arrivent de Norvège en Islande après une affaire difficile avec un seigneur. Hjörleilf est tué par des esclaves qu’il avait attelés à sa charrue. Ceux-ci cherchent refuge dans des îlots au sud-est de l’Islande. Après avoir châtié les assassins de son frère, Ingólfr se fixe à Reykjavik.

Source : La Marseillaise : 24/04/2014

Télécharcher la brochure de présentation Les Saga Islandaises

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De la Littérature à la politique, Gabriel Garcia Marquez a réconcilié l’Amérique latine

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Dans un continent encore extrêmement polarisé politiquement, l’immense contribution de l’écrivain, décédé jeudi, à la vie intellectuelle –et politique– latino-américaine fait plus que jamais l’unanimité.

«Gabriel Garcia Marquez a réussi, par son décès, à mettre d’accord pour la première fois deux ennemis jurés: les guérillas des Forces Armées Révolutionnaires Colombiennes (FARC) et l’ancien président [conservateur] Alvaro Uribe (2002-2010), qui ont lamenté d’une seule voix la mort de l’écrivain lauréat du prix Nobel de littérature en 1982.»

Voilà le constat que faisait le quotidien latino de Miami «El Nuevo Herald» après la mort du maître du réalisme magique ce jeudi 17 avril. De son vivant, Gabo, comme il était connu en Amérique Latine, n’a pas échappé aux critiques– notamment  à cause de son amitié avec Fidel Castro et de ses liens avec certains groupes de guérilla.

Mais dès l’annonce de sa mort, le président colombien de droite Juan Manuel Santos a déclaré trois jours de deuil national. Les hommages d’artistes, écrivains et hommes politiques de tous bord se multiplient. Dans un continent encore extrêmement polarisé politiquement, l’immense contribution de Garcia Marquez à la vie intellectuelle –et politique– latino américaine fait plus que jamais l’unanimité.

«Le seul prix Nobel»

En grande partie, cet attachement est dû au fait que Garcia Marquez a donné une mythologie à l’Amérique Latine. L’auteur William J. Kennedy disait d’ailleurs de Cent Ans de Solitude qu’il s’agissait de «la première œuvre littéraire depuis la Genèse qui devrait être une lecture obligatoire pour tout le genre humain

Et l’œuvre phare de Gabo est bien une sorte de Bible du continent construite autour du village  allégorique de Macondo. Au commencement du livre, «le monde était si récent que les choses n’avaient pas encore de nom, et pour les mentionner, il fallait les montrer du doigt.»

La dynastie Buendía, à la fois protagoniste et victime du roman, connaît ensuite un déluge de cinq ans, puis l’Apocalypse. Mais l’herméneutique de l’œuvre ne se limite pas à sa signification religieuse. Si le grec Prométhée a donné le feu à l’homme, le gitan Melquiades, lui, offre la glace aux Colombiens – un bien essentiel dans une région où il ne fait jamais froid.

Pour Garcia Marquez, le réalisme magique, cette manière de conter l’histoire d’un pays – d’un continent même – autour d’événements fantastiques mêlés à la banalité du quotidien, était le produit du passé sanglant et des dictatures d’Amérique Latine. Un passé si extrême qu’il aurait pu être inventé. Dans son discours d’acceptation du prix Nobel en 1982, il expliquait ainsi:

«Notre réalité n’est pas de papier, elle vit avec nous et détermine chaque instant de nos innombrables morts  quotidiennes. Elle est l’origine d’une source de création insatiable, pleine de tristesse et de beauté, de laquelle ce Colombien errant et nostalgique n’est qu’un parmi d’autres, plus distingué par la chance. Poètes et mendiants, musiciens et prophètes, guerriers et racaille, tous créatures de cette réalité effrénée, n’avons eu que peu de choses à demander de notre imagination, car le défi principal pour nous a été de rendre notre vie crédible sans avoir assez de ressources conventionnelles pour y arriver. Cela, chers amis, est le cœur de notre solitude.» 

La magie, en somme, pouvait encourager la littérature protestataire.

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La publication de Cent Ans de Solitude a coïncidé avec le «boom» littéraire latino-américain, au moment où des auteurs comme Carlos Fuentes, Julio Cortázar et Mario Vargas Llosa commençaient à être reconnus internationalement pour la virtuosité et l’audace de leur style. Mais c’est sans aucun doute Garcia Marquez qui a fini de faire de l’Amérique Latine une destination littéraire.

Dans un portrait publié dans le New Yorker en 1999, le journaliste américain Jon Lee Anderson remarquait qu’un ami de l’écrivain l’avait décrit comme «le seul prix Nobel», une qualification qui, loin de le choquer, lui «avait semblé fondamentalement juste, du moins en Amérique Latine.» Lee Anderson oubliait tout de même un autre géant de la littérature espagnole, Pablo Neruda, lauréat du Nobel onze ans avant Garcia Marquez. Mais l’erreur est significative: pour beaucoup,  Garcia Marquez est le père de la littérature latino-américaine telle qu’on la connaît aujourd’hui.

«Le dernier optimiste de Colombie»

Un autre versant, certes plus polémique, de la popularité de Gabo est lié à son engagement idéologique. Après tout, ses convictions politiques ont informé toute sa vie à la fois ses romans et sa carrière de journaliste. Et même si une partie de son public lui a toujours reproché son amitié  avec le régime Cubain, Garcia Marquez était depuis longtemps considéré comme l’une des voix de la réconciliation entre la guérilla et Bogota, même après avoir quitté son pays de naissance pour le Mexique. Se décrivant comme «le dernier optimiste de Colombie», il avait ainsi poussé les deux côtés du conflit qui continue de déchirer son pays à s’asseoir à la table des négociations.

A la fin des années 1990, celui qui était alors président de la Colombie, Andrés Pastrana, fit appel à Garcia Marquez pour négocier avec les FARC.  L’écrivain présenta le chef d’Etat colombien à Fidel Castro, et c’est en partie grâce à lui que les dialogues de paix entre la guérilla et Bogota ont encore lieu à La Havane. «Je ne dirais pas que c’est Gabo qui a tout mis en place», confiait Bill Richardson, l’ancien Secrétaire à l’Energie américain, au New Yorker. «Mais  il a certainement agi en catalyseur».

Souvent critiqué pour son goût un peu trop prononcé du pouvoir, et de ceux qui le détenaient, Gabo a tout de même pris part aux négociations pour terminer les guerres civiles au Nicaragua et à El Salvador et participé aux opérations de libération d’otages en Colombie.

Sans avoir jamais condamné Castro, il admettait avoir souvent intercédé pour obtenir l’exil de certains prisonniers politiques cubains (il disait même se loger chez certains d’entre eux quand il visitait Miami).

Mais c’est peut-être avant tout son rayonnement international, même aux pires heures de la Colombie, dont ses compatriotes lui sont reconnaissants. Dans un pays ravagé par la violence, le narcotrafic et les guérillas  —un mal que Garcia Marquez avait qualifié d’«holocauste Biblique»— la magie du verbe de ses plus grandes œuvres a longtemps été l’une des seules fiertés du pays qu’il avait fini par abandonner. Comme l’a si bien résumé le journaliste Enrique Santos Calderón, «dans un pays qui s’est enfoncé dans la merde, Gabo est un symbole de fierté nationale».

Daphnée Denis

Source : Slate 20/04/2014

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Andersen au-delà des contes pour enfants

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

Rencontre littéraire. En amont, de la Comédie du livre consacrée aux littératures nordiques, l’association Coeur de livres poursuit ce soir son cycle de découverte des classiques avec Andersen.

L’association Coeur de livres invite à la découverte des littératures classiques nordiques. Après le Kalevala du Finlandais Elias Lönnrot, l’association des libraires  propose une nouvelle rencontre autour de l’écrivain danois le plus connu : Hans Christian Andersen. Devenu célèbre grâce à ses contes, il est l’auteur d’une oeuvre riche et variée qui ne saurait se résumer à la littérature enfantine.

Andersen (1805-1875) est issu d’un milieu modeste. Son père est un libre penseur qui s’engage dans les armées napoléoniennes et qu’il perd à l’âge de 11 ans. Sa mère une robuste paysanne qui prend en charge la responsabilité de nourrir la famille. Séduit par le théâtre à l’âge de 7 ans, il semble prédestiné à une carrière artistique, puisque dès 14 ans, il veut être danseur, comédien ou chanteur.  Hans Christian, quitte Odense, sa ville natale, pour rejoindre Copenhague en 1819. Sa silhouette pittoresque et ses déclarations grandiloquentes aux directeurs de théâtres les déconcertent. Mais ses premiers essais d’écrivain dramatique sont remarqués et lui valent la protection du directeur du Théâtre Royal.

Il parfait ses études à l’école latine de Stagelse tout en publiant anonymement des poèmes (Enfant mourant en 1827). Un premier recueil de poésie paraît en 1830 suivi de plusieurs autres ( Fantaisie et Esquisses en 1831, les 12 mois de l’année en 1932.) Bien que reléguée au second plan de son oeuvre, la poésie ne cesse de le préoccuper. Il réunit une partie de sa production sous le thème  « Poèmes anciens et nouveaux ». Plusieurs de ses poèmes ont été mis en musique et sont entrés dans la conscience populaire.  Andersen poursuit son travail d’écriture pour le théâtre en mêlant le réalisme historique et la féerie mais ce n’est ni avec le théâtre, ni en tant que romancier qu’il gagne la célébrité, Ses récits de voyages sont appréciés, l’auteur ramène de ses excursions européennes une moisson d’images et de descriptions qui captent l’intérêt des lecteurs.

La vraie reconnaissance lui vient entre 1832 et 1842 avec la publication de six brochures de contes pour enfants. Encouragé par le succès qu’il a toujours recherché, Andersen regrette néanmoins la mention « pour les enfants ». Il use d’un style parlé et vif, tout en gardant la saveur de la tradition populaire et évolue vers des créations plus originales. Devenu un succès de la littérature mondiale Le vilain petit canard illustre à certains égards la recherche d’Andersen sur lui-même.

Hans Christian Andersen, dessin de Sergimao (2005). dr

 

Michel Forget : « Ce qui caractérise le mieux Andersen, c’est la contradiction »
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Michel Forget sera ce soir l’invité de Coeur de livres. C’est un éminent connaisseur d’Andersen auteur de traductions de récits de voyages (Voyage à pied), de roman (Peer-la-chance) et de recueils de récits, (Le bazar d’un poète). Il vient de traduire aux éditions Les belles Lettres Poèmes, premier recueil de poésie disponible en français d’Hans Christian Andersen.

Comment avez-vous croisé l’oeuvre d’Andersen ?

C’est en dispensant une formation sur la littérature de jeunesse à l’Ecole normale que je me suis penché sur son oeuvre. Je devais connaître une dizaine de contes guère plus, et j’ai découvert la diversité de sa production. En m’y intéressant je me suis rendu compte qu’il était peu traduit en français. J’ai poursuivi mes recherches sur son oeuvre en allemand et me suis pris de passion. J’ai fini par apprendre le Danois.

Andersen commence et finit son oeuvre par des poèmes, comment avez-vous opéré votre choix pour ce recueil ?

Il a écrit des poèmes tout au long de sa vie, mais surtout dans les premières années, puis à la fin de sa vie où il a cultivé la poésie lyrique en ayant trouvé sa propre voie. Pour le recueil, je me suis efforcé de restituer un échantillon des différentes facettes de son oeuvre poétique en laissant de côté les textes de circonstance.

Issue d’un milieu modeste et doté d’une grande ambition, il semble fortement animé par un souci de reconnaissance ?

C’est un aspect important de sa personnalité avec le doute. Il a été étonné par sa réussite qu’il considérait comme miraculeuse en ayant pourtant tout fait pour y parvenir. A la fin de sa carrière, alors qu’il n’avait plus rien à prouver, il était toujours tenu par l’angoisse d’un tarissement possible de sa source créative. Il y avait chez Andersen une fragilité intérieure mais il pouvait aussi se coiffer de vanité qu’il contre-balançait par son sens de l’humour.

Son oeuvre poétique se situe à la charnière entre le romantisme et une modernité bien plus matérialiste, comment cela coexiste-il chez lui ?

Ce qui caractérise le mieux Andersen c’est la contradiction. Il a peur de tout et voyage dans les pays dangereux. Il déteste la noblesse et recherche sa compagnie. Il dispose d’un physique ingrat et veux plaire aux plus belles femmes…

Que savons nous de sa vie amoureuse ?

Il a été amoureux toute sa vie et toute sa vie éconduit. Cela transparaît dans ses contes, plusieurs ont comme fil directeur, l’amour à sens unique du personnage principal.

Quelle est la nature de la relation qu’il entretient avec la religion ?

C’était un croyant sincère. Dans sa poésie la religion prend une forme interrogative.

Que ressort-il de ses récits de voyages ?

Andersen est un voyageur curieux et observateur de l’Ecosse à la Turquie. Il offre une perception de l’Europe du XIXe. Ce qui déclenche son écriture c’est ce qu’il ne peut voir. Il était à ce point romantique. Il trouvait le vraisemblable plus intéressant que le réel.

propos Recueillis par JMDH

Rencontre avec Michel Forget ce soir à 19h, salle Pétrarque

Source : La Marseillaise 20/03/13

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Printemps des poètes Vénus Khoury-Ghata : Métaphores percutantes

Sète. Vénus Khoury-Ghata dimanche au Musée Paul Valéry.

Une femme aimante et libre.

Une femme aimante et libre.

Dans le cadre du Printemps des Poètes, une grande dame de la poésie est attendue dimanche à Sète; la poétesse d’origine libanaise Vénus Khoury-Ghata répondra à l’invitation du musée Paul Valéry en collaboration avec la Maison de la poésie de Montpellier-Languedoc. Insatiable et passionnée, Vénus Khoury-Ghata a su s’imposer très naturellement dans un monde d’homme et devenir l’une des plus célèbres écrivains et poétesses françaises.

Entre France et Liban; entre Orient et Occident, de  «l’araméen caillouteux» à «l’arabe houleux» et dans un français puissant, la mémoire des êtres aimés et blessés, une mère, un frère et celle d’un époux perdu, donnent à cette voix de femme aimante et libre un échos rapidement reconnu et une profondeur universelle.

Elle a bâti au fil des ans une œuvre riche, alternant poésie et roman, couronnée par de nombreux prix : prix Apollinaire pour «Les ombres et leurs cris», prix Mallarmé pour «Un Faux pas du soleil», grandprix de Poésie de la SGDL pour l’ensemble de son œuvre, grand prix de poésie de l’Académie Française.

Lecture poétique  et musicale de dim 16 mars à 16h, dans les jardin du Musée Paul Valéry entrée libre.

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Le kalevala : un retour aux origines poétiques

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Une entrée dans le mythe des peuples ouraliens : La création du Sampo (objet magique) par Ilmarinen,

Rencontre littéraire. L’association Cœur de livres débute un cycle de débats autour des littératures nordiques en partenariat avec L’Hérault du jour et Radio Campus. Ce soir les origines de la Finlande.

Si les dieux mettent en suspens le destin des hommes, la littérature se charge, à travers le temps, de le transcrire à l’écrit. Mais l’origine de l’histoire humaine passe par le langage qui précède l’apparition de l’écriture et nous propulse dans l’univers des mythes et des légendes. La première rencontre littéraire de la saison « Elias Lönnrot et le Kalevala », proposée par l’association Cœur de livres dans le cadre d’un cycle autour des littératures nordiques, plonge en profondeur près des racines primitives finnoises.

Il sera question du Kalevala, qui signifie pays de Kaveva. Une  œuvre majeure et méconnue de  la littérature mondiale constituée d’un ensemble alliant des mythes et des légendes à des récits héroïques, épiques ou lyriques. On peut avancer que le Kalevala est un pendant boréal à l’Odyssée méditerranéenne homérique. L’œuvre regroupe divers poèmes populaires oraux transmis par les bardes, poètes chanteurs, rassemblés par Elias Lönnrot (1802-1884) qui met un terme à son épopée au milieu du XIXème siècle.

L’épopée de Lönnrot
Fils de tailleur, Lönnrot poursuit ses années de médecine tout en étudiant parallèlement le latin, le grec, l’histoire et la littérature. En avril 1828, il part pour son premier périple avec dans l’idée de s’ouvrir à une vision plus large de son pays. Il souhaite particulièrement approfondir la connaissance de sa langue à travers l’approche des différents dialectes et notamment de la poésie populaire. Au début, il ne trouve rien de très intéressant mais après avoir poussé vers la Finlande Orientale jusqu’aux provinces de Savo et Carélie, il rencontre les premiers chanteurs-poètes qui lui ouvrent les portes de la mythologie à partir des incantations et des narrations scandées qu’il s’applique à retranscrire avec passion.

Tout en poursuivant ses études, Lönnrot consacre l’essentiel de son temps à ses recherches sur la poésie populaire et prépare ses nouvelles expéditions vers l’Est qui le conduiront de part et d’autre de la grande barrière de l’Oural. Au cours de ses voyages successifs, il parcourt 20 000 km pour contribuer à ses frais à la mémoire collective. Lönnrot transcrit près de 65 000 vers, proverbes devinettes recueillis auprès des bardes, chanteurs, chasseurs, guérisseurs qui tiennent de leurs anciens ces chants prononcés dans certaines circonstances comme les noces, la maladie, la peur, la semailles…

D’une fabuleuse densité et diversité, les chants des peuples ouraliens transcrivent aussi les pratiques de la vie ordinaire : chant de pleureuse, complaintes de veuves, regrets de jeunes filles, jurons d’ivrognes… En 1835, a lieu la publication du Kalevala dans sa première version. Elle reste confidentielle mais est très remarquée par les défenseurs de la philosophie nationaliste qui fleurit en Europe. En 1849 Lönnrot donne à son oeuvre une version définitive contribuant grandement à la renaissance de la langue finnoise qui devint officielle en 1902.

Pour évoquer Le Kalevala, Cœur de livres a invité Gabriel Rebourcet, consul de Finlande à Marseille, qui a traduit le texte chez Gallimard en prenant le parti de conserver la saveur archaïque de la langue. Ce lettré passionné de culture, expliquera notamment ce soir* en quoi cette œuvre fondatrice a répondu au sentiment national finlandais et par quel ressort magique elle s’inscrit dans le patrimoine universel.

Jean-Marie Dinh

*Rencontre avec Gabriel Rebourcet jeudi 20 février à 19h salle Pétrarque, entrée libre.

Ecouter la rencontre. Sur Radio Campus Montpellier.

Le Kalevala épopée des Finnois, éditions Quarto Gallimard.

Voir aussi : Rubrique Littérature, rubrique Finlande, On Line La Comédie du livre 2014, Présentation de la rencontre Télécharger la brochure au format .pdf