Écueil pour la scène nationale jeune public de Villeneuve

imagesPolitique culturelle. Suite à une réduction inattendue de la subvention municipale, le Théâtre de Villeneuve-lès-Maguelone voit son avenir menacé. L’Etat et la Région assurent un soutien à l’équipe.

La passe d’armes qui a eu lieu lors du dernier conseil municipal de Villeneuve-lès-Maguelone (Hérault) fait des vagues. Jeudi dernier, le groupe d’opposition présidé par Serge Desseigne (PCF) est monté au créneau pour défendre la politique culturelle de la ville.

Au coeur du débat le vote du solde de la subvention au Théâtre de Villeneuve. Le montant attendu par la Scène conventionnée enfance et jeunesse pour boucler la fin de l’exercice se voit raboté de 33 000 euros. Le maire (divers gauche) Noël Segura avalise les propos de son adjoint aux Finances sur les difficultés de la commune conduisant à cette coupe budgétaire. Il n’a malheureusement pas trouvé la disponibilité pour s’exprimer sur ce dossier.

« Pour justifier le vote de la majorité, notre adjoint aux Finances a fait état de la mise à disposition du personnel municipal pour le théâtre et d’une certaine insatisfaction quant à ses missions », précise Serge Desseigne. « Mais dans le même temps il est question d’un budget d’investissement de 470 000 euros dans un dispositif de vidéo surveillance », s’indigne le conseiller qui voit dans ce choix politique l’influence de l’élu FN jouant la carte d’une démolition de la politique culturelle.

Surprise chez les partenaires

Outre l’irrigation directe du spectacle vivant sur la population et son articulation avec les écoles et le collège, le rayonnement culturel lié au théâtre dont bénéficie la commune de moins de 10 000 habitants apparaît comme un atout majeur de son développement. Ce que les deux autres partenaires de la convention tripartite confirment.

« La position de la ville va enclencher très prochainement une réunion de l’ensemble des partenaires, assure François Duval en charge du dossier à la DRAC. Nous sommes très attachés à la scène nationale de Villeneuve-lès-Maguelone et au projet de sa directrice Martine Combréas qui remplit parfaitement sa mission. »

Même son de cloche du côté de la Région par la voix de Josianne Collerais :

« La direction du Théâtre de Villeneuve remplit sa mission. C’est une équipe qui joue dans la cour des grands. Le théâtre a accueilli en 2010 la Soirée des Molière jeune public. Je ne comprends pas la décision de la Ville. Cela met le théâtre en difficulté et c’est d’autant plus stupéfiant qu’il n’y a eu aucun échange au préalable pour trouver des solutions. »

A court terme, la réunion des partenaires devrait déboucher sur des solutions. Mais la convention triennale de la scène conventionnée enfance et jeunesse de Villeneuve arrive à son terme à la fin de l’année. L’Etat et la Région se déclarent d’ores et déjà prêts à reconduire leurs engagements, respectivement 100 000 et 90 000 euros annuel, sans baisser leur budget.

La balle est maintenant dans le camp du maire Noël Segura qui est également vice-président de l’Agglo de Montpellier. Une participation de celle-ci paraîtrait logique s’il se montre convainquant.

Jean-Marie Dinh

Source : L’Hérault du Jour 4/12/2014

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Gisèle Vienne. APOLOGIZE

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Gisèle Vienne nous immerge dans un onirisme rare qui nous rappelle à quel point nous sommes à la merci des caprices d’un monde détraqué.
Les derniers souffles de l’humaine condition semble déjà des souvenirs.
Qui dès lors doit on considérer comme une entité vivante à part entière ?
Construction et déconstruction d’une métaphore existentielle postmoderne.
Puissant. A ne pas manquer !

JMDH

APOLOGIZE
3, 4 et 5 Décembre à 20h.

CONCEPTION GISÈLE VIENNE • TEXTES ÉCRITS ET LUS PAR DENNIS COOPERMUSIQUE ORIGINALE ET INTERPRÉTATION LIVE PETER REHBERG I Apologize part de la reconstitution d’un accident. Cette reconstitution engendre plusieurs versions de l’évènement afin d’en cerner la réalité. Diverses, elles ont un statut trouble entre mises en scène d’un évènement réel et mises en scène d’un fantasme; elles génèrent la structure de la pièce, une réflexion sur la réalité et ses représentations hypothétiques.Ces différentes versions, dirigées par un jeune homme, mettent en scène un homme et une femme et une vingtaine d’adolescentes d’une douzaine d’années sous la forme de poupées articulées.Si la musique et les textes sont à la base de l’écriture du spectacle, ce sont autant les corps et les poupées, et de cette manière, la proposition plastique qui sont les éléments premiers de la conception du spectacle. En ce sens, cette pièce, tout en s’inscrivant dans le champ chorégraphique, relève pourtant bien d’une démarche de travail proprement marionnettique. Il s’agit d’une exploration de l’émotion qui naît du lien intime entre l’érotisme, la mort et l’immobilité perturbante de la poupée.

Créé en collaboration avec, et interprété par Jonathan Capdevielle, Anja Röttgerkamp, Jean-Luc Verna • Lumière Patrick Riou • Maquillages Rebecca Flores Création des poupées Raphaël Rubbens, Dorothéa Vienne-Pollak, Gisèle Vienne • Production déléguée : DACM • Coproduction : Les Subsistances / 2004/ Lyon, WP-Zimmer/Anvers • avec le soutien du Centre Chorégraphique National de Grenoble dans le cadre de l’Accueil Studio 2004, de l’aide au projet de la Drac Rhône-Alpes, du Conseil Régional Rhône-Alpes, du Conseil Général de l’Isère et de ske/Autriche.Avec le soutien de L’Institut International de la Marionnette et de la Compagnie des Indes pour la captation.Remerciements :Anne-Claire Rigaud, Minijy/ Clara Rousseau, Séverine Péan, Sophie Metrich, Esther Welger Barboza, Théâtre Les Ateliers de construction du Théâtre de Grenoble,Boutique Catherine Lafon – Lyon, Robrecht Ghesquière, Mark Harwood, Jean-Paul Hirsch, Martin Lecarme, Antoine Masure, Paul Otchakov-Laurens, Isabelle Piechaczyk, Béatrice Rozycki, Estelle Rullier, Yury Smirnov, Alexandre Vienne, Jean-Paul Vienne, la Villa Gillet. La Compagnie DACM est conventionnée par le Ministère de la Culture et de la Communication – DRAC Alsace, la Région Alsace et la ville de Strasbourg Elle reçoit l’aide régulière de l’Institut Français – Ministère des Affaires étrangères pour ses tournées à l’étranger Gisèle Vienne est artiste associée au Théâtre Nanterre-Amandiers depuis janvier 2014 et au Parvis, Scène Nationale Tarbes Pyrénées depuis 2012.

Poison de Dag Jeanneret. Un regard lucide et sensible

10469867_553956651406058_3636817543679018096_nSortieOuest. Dag Jeanneret signe la mise en scène de « Poison », texte contemporain saisissant de Lot Vekemans.


Dag Jeanneret met en scène un texte contemporain de Lot Vekemans. Il est question d’un moment clé dans la vie d’un couple d’aujourd’hui. Un homme et une femme qui ne se sont pas vus depuis plusieurs années semblent se rencontrer fortuitement. Ils échangent des mots, apparemment anodins, dans un lieu qui s’avère être le bâtiment d’accueil d’un cimetière. Petit à petit, leurs vies se dessinent à la fois dans ce qui les a unis et dans leur présent, et les paroles creusent ce qui n’a jamais pu être dit.

Tout commence par un silence. Un homme seul dans un endroit vide. Un vide assez brutal qui pourrait être celui d’une vie passée qui remonte. Ca commence assez brutalement. Une femme arrive. « C’est bizarre de se retrouver là tous les deux » dit la femme. Celle qui dit cela est quelqu’un qui pourrait avoir cessé d’exister, assez longtemps, à la suite d’un drame.

Le titre Poison fait référence à quelque chose qui est à côté, tout près, mais on ne sait pas grand chose là-dessus. Le texte nous plonge dans une région nouvelle de la langue théâtrale. Ce qu’en fait la mise en scène de Dag Jeanneret reste fidèle à cette sobriété percutante, directe, qui respire le vrai. Tout comme la scénographie minimale de Cécile Marc. Le jeu d’Hervé Briaux et Sophie Rodrigues est à la fois réaliste et sensible sans effet dramatique. On explore les périodes crépusculaires de la vie des personnages. L’oeil lucide du metteur en scène et des comédiens aboutit à une forme absolue du temps, pas seulement du passé, du présent ou de l’avenir mais de toujours, l’essentiel.

JMDH

Lot Vekemans a reçu en 2005 le prix « Van der Vies », décerné tous les trois ans au meilleur texte théâtral de la période écoulée. Edition Espace 34

Source : L’Hérault du Jour 15/11/2014

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Le post-dramatique ouvre sur le réel

Croisement entre le formalisme de l’homme et l’instinct animal. Photo dr

Croisement entre le formalisme de l’homme et l’instinct animal. Photo dr

Théâtre. Jan Fabre ouvre la saison d’Humain trop humain avec « Le pouvoir des folies théâtrales ».

Jan Fabre a ouvert cette semaine au Théâtre Jean-Claude Carrière du Domaine d’O, la saison théâtrale du CDN Humain trop humain. L’artiste belge assume depuis le milieu des années 70 une oeuvre protéiforme, (plastique, chorégraphique, théâtrale, cinématographique, poétique…) qui trouve son origine dans la performance toujours portée par une volonté d’une grande exigence. Jan Fabre jouit d’une mauvaise réputation et accepte d’être la cible de ses propres recherches.

Le pouvoir des folies théâtrales fait écho à l’ambition de Rodrigo Garcia dont l’axe programmatique anime le débat d’un paysage culturel montpelliérain en pleine mutation. Le choix de cette pièce présentait un intérêt à plusieurs titres. Pour le contenu de l’oeuvre elle-même, une pièce de quatre heures créée en 1982 qui interroge la validité d’un théâtre consacré qui a perdu prise avec le réel. Pour sa réception dans un tout autre réel social, économique, politique et montpelliérain où l’esthétique théâtrale de la philo-performance peut paraître nouveau du fait qu’elle ait très peu franchi les frontières du Centre chorégraphique national. Il n’est guère étonnant du reste que Jan Fabre, dont le rapport au corps dans tous ses aspects, matières organiques comprises, soit parfois assimilé à un chorégraphe. Ce qu’il récuse.

Mettre du sel dans une plaie

« A l’époque, j’avais parfois le sentiment que la performance était la poubelle des artistes. Je me suis attaché à la discipline », confiait  l’artiste lors d’une rencontre à la Panacée précédent le spectacle. La structure du spectacle associe précision solennelle et débordements instinctifs. Les scènes se démultiplient dans une fausse répétition qui porte le mouvement dans le temps et opèrent une bascule dans un univers onirique, conférant aux tableaux une valeur iconique.

« Je souhaitais mettre des références classiques en contact avec la réalité, injecter du réel dans le théâtre. C’était un peu comme mettre du sel dans une plaie. » Jan Fabre joue sur l’incertain équilibre entre le chaos et l’ordre. Fort économe en mot, son écriture très plastique aborde l’action, la douleur, le désir, le sexe, la domination, le mensonge et l’imposture. Elle touche en profondeur et révèle l’indicible, souvent avec ironie.

La réception de cette pièce reprise à l’identique à trente années de distance interroge, notamment la nouvelle génération quant au rythme. Côté contenu, la scène où l’on empêche une comédienne déterminée d’accéder à la scène trouve bien prise dans le réel.

On peut s’interroger sur la méfiance toujours vivace du théâtre pour la performance lorsque la scène en intègre progressivement les codes. Performances auxquelles s’adonne toujours Jan Fabre. A l’instar de son dernier exploit qui consistait à s’exposer à un jeté de tomate du public au Japon qui c’est mal fini. « Les tomates étaient trop dures et j’en ait pris une entre les jambes. » Comme quoi les temps changent !

Jean-Marie Dinh

Source L’Hérault du Jour 17/10/2014

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Montpellier,

Jean-Marie Dinh

Indépendance de rigueur aux Palabrasives

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Festif et réfléchi. Neuf jours de solidarité, de créativité et de réflexion proposés par le collectif Avis de chantier, cap sur Villeneuve-lès-Maguelone du 10 au 18 octobre pour décrasser nos neurones.

Aujourd’hui s’ouvre au Prat de Castel (route de Mireval) et aux Salines de Villeneuve-lès-Maguelone, la troisième édition des Palabrasives. Neuf jours de découvertes en tous genres, de solidarité, de créativité et de réflexion. Avis de chantier donne la parole aux exclus des médias et à ceux qui envisagent d’informer autrement, artistes, comédiens, musiciens, réalisateurs, plasticiens, chercheurs et publics que l’on encourage vivement à participer !

L’événement citoyen proposé par Avis de chantier a pris le relais de La Grande Barge lancée en 1998 par un collectif de plasticiens et des Villeneuvois concernés par l’éducation. « Tout est parti d’un questionnement face à la poussée du FN. On était un groupe d’artistes et d’instituteurs impliqués qui cherchait à répondre à ce phénomène sans demander plus de flics, résume Dominique Doré un des plasticiens fondateurs de La Grande barge. Nous avons organisé de nombreuses rencontres- débats autours des problèmes sociétaux et environnementaux en alliant expos et concerts dans un esprit d’ouverture. »

La manifestation prend à l’échelle du village. Les instituteurs organisent des visites avec leurs élèves, les parents s’y intéressent et participent. D’année en année La Grande barge accueille de plus en plus de plasticiens et le public suit. « Tout a toujours été gratuit et nous n’avons jamais voulu demander de subvention pour conserver notre liberté. On a été victime de notre succès. A la fin, c’était un peu lourd, on arrivait à trois semaines d’expos avec une inflation de propositions à gérer. Il n’y avait pas de limite, ce qui demandait beaucoup d’énergie. On se perdait un peu par rapport à l’objet de départ alors on a suspendu ».

L’équipe s’accorde un court temps de réflexion avant de repartir en 2005 avec Avis de chantier. « Il fallait réinventer et réduire la voilure. On garde la souplesse d’organisation mais on a recentré le propos autour de l’information, explique Antoine Galibert. On n’est pas des bénévoles mais des citoyens engagés, chacun fait son métier. On mène des ateliers dans les écoles à la prison, on organise des rencontres, comme les Boules de noël ou les Palabrasives. »

Les créateurs de l’événement ont concocté un programme audacieux et politiquement incorrect  à éplucher sur leur page Facebook Les Palabrasives 2014 où l’on comprend qu’ensemble, devenir moins con est possible…

JMDH

« Croire à ce qu’on fait permet de créer d’autres mondes »

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La riche programmation des Palabrasives commence ce soir par trois concerts. A 19h30 on pourra écouter Les Jazz’Pirateurs (fanfare Nouvelle-Orléan) suivis à 20h30 par un Duo corps à cordes avec le danseur Paul George et le musicien Thomas Boudé. Enfin à 21h  Tango Charly Jazz, un jeune quintet bordelais célébrera John Coltrane. Demain, tout le monde est convié à un voyage dans les salines suivi d’un vernissage festif de l’exposition Les Salines à ciel ouvert. Une expo déambulatoire à suivre sur un parcours de trois kilomètres pour petits et grands avec la participation d’une trentaine de plasticiens. Dans la soirée on retrouve l’esprit de la fête avec le concert de  Békar et les imposteurs (chanson-rock, pop-folk, tango-ska, yiddish).

Côté cinéma

Le romancier réalisateur Lilian Bathelot sera de la partie pour la projection de son documentaire co-réalisé avec Renée Garaud : La fabuleuse histoire de la Paravision projeté samedi à 18h. Le film de 57 minutes tourné en 2013 révèle l’existence d’une firme cinématographique créée en Aveyron par Guy Brunet, un ancien ouvrier de la sidérurgie.

« C’était un de mes voisins qui passait ses journées à peindre dans une ancienne ville minière. Je passais devant sans vraiment y prêter attention jusqu’au jour où il a peint sa façade. Intrigué, j’ai commencé à discuter avec lui. Il m’a invité à visiter son petit immeuble de trois étages rempli de personnages en carton représentant des vedettes de cinéma et des grands décors au point où l’on était contraint de circuler à l’intérieur de profil ».

Cette rencontre insolite pousse Lilian Bathelot à tourner un film et quelques années plus tard, il se lance. Le film, passionnant, évoque la vie de Renée Garaud dont les parents faisaient du cinéma itinérant, allant de ferme en ferme avant d’ouvrir dans les années 40 un petit cinéma dans le village. Lui a passé son enfance dans la cabine de projection. « C’est un homme assez renfermé, un type tombé de la lune, témoigne Lilian Bathelot. Les gens du village le prennent un peu pour un idiot mais lui il n’a qu’une idée en tête. Celle de faire des films. Il en a fait une quinzaine qui vont de 1h07 à 4h40. C’est complètement dingue ! »

La Fabuleuse histoire de la paravision va être diffusée sur la chaîne cinéma de Canal plus, Ciné +. Les réalisateurs, Renée Garaud et le Decazevillois d’origine Lilian Bathelot, viennent de signer un contrat d’exclusivité avec la chaîne. Il a aussi été programmé dans différents festivals dont le Cinemed l’an dernier.

« C’est une très bonne idée de le programmer aux Palabrasives. Le message sous-jacent du film n’est pas de créer de nouveau monde mais de soutenir le fait que d’autres mondes existent déjà. Il suffit de croire à ce qu’on fait pour créer d’autres mondes. Renée Garaud l’a fait et il en parle avec pertinence. Moi je fais les choses à ma manière dit-il cet un homme libre. »

Source : L’Hérault du jour 10/10/2014

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