La 10e Zone artistique temporaire sera musicale

CcdKKPkWwAAqpfvQuartier. Derrière un grand rideau rouge, Figuerolles se prépare à devenir un théâtre à ciel ouvert les 9 et 10 avril prochains pour la ZAT montpelliéraine.

En présentant hier la 10e édition de la ZAT attendue dans le quartier Figuerolles les 9 et 10 avril prochain, Philippe Saurel n’a pas résisté à mettre en regard  l’événement avec La Commune Libre de Figuerolles, épisode de démocratie participative vécu dans le quartier entre 1948 et 1962. « La Commune de Figuerolles est à l’origine des premiers spectacles de rue, a indiqué le maire de Montpellier, c’était aussi un moyen de tourner en dérision les pouvoirs publics et à travers le carnaval, un moyen pour la culture populaire de rediscuter le contrat social, artistiquement, socialement et politiquement... » A l’heure de la société de surveillance, le parallèle avec cette histoire dont notre collaborateur Thierry Arcaix*, auteur de plusieurs ouvrages sur le quartier est un spécialiste, n’apparaît pas de manière évidente. La dimension historique et populaire du quartier au coeur de cette 10e édition demeure cependant, comme l’esprit frondeur incarné par Philippe Saurel souvent de manière paradoxale, dirait Paul Ricoeur.

Les lieux poussent aux projets

La partition de la manifestation a été composée par le musicien et homme de culture marseillais Pierre Sauvageot qui se consacre depuis de nombreuses années à l’espace public. « La clé de notre travail tourne autour de deux notions : espace public et relations au contexte, a indiqué le chef d’orchestre, c’est-à-dire autour des  gens et des lieux que nous avons croisé durant les trois mois de préparation. » Le spécialiste de l’espace public entend faire de la rue du Faubourg Figuerolles la colonne vertébrale de la manifestation. Une vingtaine de propositions se tiendront durant deux jours. Dans la soirée du 9 avril une cinquantaine de musiciens se disperseront dans le parc de la guirlande plongé dans une ambiance bleutée pour faire vivre aux spectateurs une expérience musicale sensible. La ZAT sera l’occasion de découvrir le quartier fermé à la circulation. En se promenant rue Tour Gayaud on mesurera l’effervescence sonore de pas moins de onze choeurs qui prendront place tour à tour aux balcons. « Ce sont les lieux qui poussent aux projets et non les lieux qui cherchent des projets, explique Pierre Sauvageot qui confie chanter chez lui avec son frigo, dans sa cuisine présumons-nous.

Cité Gely, on passera entre les guinguettes gitanes, on festoiera en partageant son repas rue du Faubourg Figuerolles. L’installation The Speakers de Thor Mc Intyre-Burnie menée avec la complicité de la Boutique d’écriture, restituera la parole des habitants à propos de la bouillante question des réfugiés. Bien d’autres surprises et curiosités devraient donner l’envie d’aller faire un tour à Figuerolles durant ce week-end d’avril.

Pour le maire de Montpellier, Pierre Sauvageot a rempli le cahier des charges avec une grande proportion d’acteurs artistiques locaux ou régionaux et une place laissée aux acteurs du quartiers. Philippe Saurel a repris voix avec Pascal Le Brun Cordier injustement banni après avoir fait monter en puissance l’événement a-t-on appris hier. La question de la direction artistique des ZAT serait de nouveau en discutions.

JMDH

*Dans le cadre de la ZAT Thierry Arcaix, docteur en sociologie, donnera une conférence sur le quartier.

La Marseillaise 02/03/2016

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Réforme territoriale. Jeux de puzzle

Le discret président Kleber Mesquida. dr

Le discret président Kleber Mesquida. dr

Politique culturelle. Quand le Conseil Départemental de l’Hérault organise une présentation de saison patchwork…

Si bonne soit-elle, une campagne de com’ ne remplace pas une « conf de presse ». Sous le slogan, Je dis Oui à mes envies, le Département de l’Hérault vantait le 19 février, la qualité de ses services mêlant les attraits sportifs, culturels et environnementaux du territoire.

Mais l’axe politique transversal, qui repose sur un service de proximité, la sollicitation citoyenne et le développement économique, se heurte à une incertitude de taille. Les fameux transferts de compétences du Département à la Métropole qui doivent être négociés d’ici décembre. Dans ce dossier, le torchon brûle entre Mesquida et Saurel. Après un premier round en janvier, les relations semblent gelées. Le directeur général des services de la Métropole aurait fait faux bon à son homologue.

En Assemblée les conseillers départementaux pro-Saurel ont voté contre le budget. Peu enclin à alimenter les polémiques, le patron du Département évoque 100 millions de financement destinés au territoire métropolitain et notamment au Domaine d’O. Pas sûr que Saurel ait les moyens d’y subvenir, et les maires de la Métropole n’ont pas de vision monolithique sur cette question…

JMDH

La Marseillaise 29/02/2016

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Le triptyque gagnant de Cinemed : Filippetti-Leparc-Talvat

vcsPRAsset_3165929_63766_42f1763f-dfc0-483b-90b8-cad0e9993b7d_0Christophe Leparc, Philippe Saurel, Henri Talvat, Aurélie Filippetti. Photo Montpellier Métropole

La nouvelle gouvernance du festival de cinéma méditerranéen a été dévoilée hier. Elle répond à un équilibre et une volonté de développement.

L’attente s’éternisait et le secret était bien gardé, en cinéma on appelle ça le suspense. Philippe Saurel y a mis fin hier après-midi lors d’un point presse. La direction du Festival Cinemed revient à Christophe Leparc qui assurait l’intérim depuis le départ de Jean-François Bourgeot. Une satisfaction pour l’équipe soudée du festival qui soutenait sa candidature. La présidence revient à l’ancienne ministre de la culture Aurélie Filippetti. Le cinéphile Henri Talvat, membre fondateur du festival conserve la présidence d’honneur.

Cet annonce, qui doit encore être entérinée par le conseil d’administration du Cinemed, devrait satisfaire tous les amoureux de ce festival atypique dédié au cinéma méditerranéen. Le président de la Métropole montpelliéraine Philippe Saurel a finalement choisi de maintenir l’identité forte de la manifestation qui rayonne aujourd’hui sur toutes les rives de la grande bleue. Equilibre interne et professionnalisme avec Christophe Leparc qui assure la fonction de Secrétaire général de la Quinzaine des réalisateurs cannoise depuis 2008 et fut une cheville ouvrière du Cinemed depuis 20 ans, en tant que délégué artistique notamment. Histoire et passion pour le cinéma avec Henri Talvat, qui fut conseiller municipal en charge de la culture sous Georges Frêche et fondateur du festival avec Pierre Pitiot.

La nomination d’Aurélie Filippetti revêt un caractère quasi providentiel par sa dimension à la fois politique, culturelle et médiatique. « C’est un grand plaisir et une jolie surprise d’avoir été sollicitée  par Philippe Saurel, indique l’ancienne ministre, désormais députée de la Moselle, « En tant que ministre, j’ai constaté la vitalité et l’innovation de Montpellier en matière de politique culturelle. Ce qui suppose d’être toujours en mouvement. Cinemed en représente un des aspects. Je pense que la culture est une solution et une réponse face à cette crise qui touche certains pays de la Méditerranée. » Philippe Saurel voit dans la réforme territoriale « une occasion de renforcer notre identité méditerranéenne », ce qu’il s’apprête à faire lors de son voyage à Palerme où il entend parler cinéma avec le maire dans la perspective d’un jumelage qui sera signé lors de la Comédie du livre.

Au-delà de la culture, la dimension politique n’est jamais absente chez le maire de Montpellier. « Qui se rassemble s’assemble, commente la frondeuse Aurélie qui semble proche du rebelle Philippe dans la défiance des instances au pouvoir. Le temps est à l’innovation…

JMDH

La Marseillaise 20/02/2016

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Comédie du livre. La Métropole à l’heure italienne

img_2205Comédie du livre. La 31e édition qui se tiendra à Montpellier du 27 au 29 mai, se dévoile.

La Comédie du livre aura désormais des préfaces, a indiqué Nicole Liza, la conseillère municipale déléguée à cette grande fête du livre qui tiendra cette année sa 31e édition. Pour mettre en appétit et concerner les habitants de la Métropole montpelliéraine, ces avant-goûts se tiendront en amont de la manifestation dans 16 communes autour de Montpellier trois mois avant le grand week-end du 27 au 29 mai sur la Comédie. Une dizaine de rencontres d’auteurs sont programmées dans des lieux patrimoniaux et le réseau des médiathèques métropolitain pour mieux se familiariser avec la littérature italienne à l’honneur cette année.

En actant le transfert de La Comédie du livre et des jumelages de la ville à la Métropole, le maire de Montpellier Philippe Saurel poursuit la construction d’une réflexion centrée sur la cohérence économique à moyen et long termes. Il a annoncé hier que le jumelage avec Palerme sera signé lors de l’événement, indiquant que le choix de la thématique italienne était le fruit de cette volonté.

Dynamique spatiale impensée

Le processus de métropolisation s’inscrit dans la réforme territoriale et au-delà, dans un mouvement de concentration des réseaux de l’économie mondiale. Il évolue en France au détriment des communes et des départements en modifiant l’ancrage local. Il pose aussi de réelles problématiques, politiques et démocratiques comme il questionne les dimensions sociale et culturelle.

L’incontestable qualité de programmation de La Comédie du livre devrait cependant résister à ce choc espace temps. De grands noms de la littérature italienne sont attendus comme Claudio Magris, Erri De Luca, Luciana Castellina, Milena Agus. La Carte blanche est confiée cette année à Maylis de Kerangal, qui invite des fleurons du renouveau littéraire hexagonal tels : Olivia Rosenthal, Olivier Roch, Jerôme Ferrari. Enfin les excellentes éditions Verdier débarquent avec dix de leurs auteurs. De quoi donner matière à réflexion.

JMDH

Source : La Marseillaise 11 01 2016

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Rodrigo Garcia : «Vivre joyeusement dans un monde détestable»

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Rodrigo Garcia : « Je suis profondément athée mais je pense que Dieu existe pour nous emmerder» Photo Marc Ginot

 

Deux ans après sa nomination à la direction du Centre dramatique national de Montpellier, l’auteur-metteur en scène hispano-argentin inscrit une ligne artistique qui renouvelle le paysage et les publics.

Réputé provocateur, Rodrigo Garcia considère aujourd’hui les controverses autour de son projet comme naturelles. Il évoque les fondements de son travail artistique qui bouscule la tradition du théâtre français, particulièrement «texto-centré», pour introduire une coexistence de formes et de pratiques qui se déploient sur le plateau. Un espace dans lequel l’esprit du spectateur serait l’ultime atelier dramatique.

A la mi-parcours de votre mission à la tête du CDN de Montpellier, on observe votre projet de manière contrastée. Le bon côté d’avoir nommé un artiste à cette fonction, c’est qu’il est contraint de rester fidèle à sa vision, contrairement à un directeur culturel qui sera par nature, plus poreux aux demandes de l’institution…

Cette porosité que vous évoquez est importante. Je dois tenir compte des attentes et en même temps, il m’est impossible de renoncer à mes idées. Je dois trouver un équilibre avec çà. Je ne peux pas être autiste. Ou du moins, je peux l’être dans ma création, mais pas dans ma programmation. Mes choix artistiques peuvent paraître radicaux si on les compare aux autres. Moi, je n’ai pas ce sentiment. La majorité de ce qui est programmé dans les CDN est radicalement conservateur, dans ce contexte, ma propre radicalité ouvre une fenêtre pour l’expression plurielle.

 

Quelle place occupe l’écriture dans votre quotidien ?

Je suis attentif à ce qui se passe, aux artistes. Mon écriture est liée à la littérature du corps qui n’est pas toujours ce que l’on croit qu’il est. Le corps et le texte sont sujets à d’infinis avatars. Dans la pièce de Marija Ferlin donnée ce soir *, on voit bien comment le chorégraphe est imprégné de la matière textuel.

 

Pouvez-vous évoquer la nature du jeu que vous entretenez avec vos comédiens, et l’importance qu’ils occupent pour monter le texte à la scène ? Ce ne sont plus vraiment des interprètes mais des créateurs…

Je connais mes comédiens depuis longtemps. Nous sommes ensemble depuis quinze ans. Cela facilite les choses et ça les complique aussi, parce qu’à un moment ma difficulté est de savoir comment je vais les surprendre. Je cherche à conserver une partie secrète. Lorsque nous travaillons, personne ne sait comment les choses vont finir ni où nous allons arriver. C’est un processus organique. J’injecte dans les corps et les corps absorbent, assimilent. Au fil des représentations le texte et la pièce prennent de l’épaisseur. Dans ma dernière création 4, en deux mois tout a changé alors que techniquement rien n’a bougé.

 

Le statut du texte se transforme sur le plateau…

Le texte est un problème fondamental du théâtre. Parce qu’il faut que les comédiens s’approprient des mots qui ne sont pas les leurs. Je rêve d’un théâtre complètement libéré. Ce ne serait sans doute pas la meilleure des choses… a minima, il faut que les comédiens soient d’accord. On travaille à tâtons.

 

Revendiquez-vous, comme Pasolini, le statut d’amateur ?

Amateur… Oui, ou plutôt chercheur. Pour moi, le mot professionnel est horrible. Cela signifie que tu détiens la règle. Moi je veux déconstruire pour découvrir ce que l’on peut faire avec nos limites. Et pourtant, je me répète. D’une pièce à l’autre les éléments sont les mêmes, je m’en rend compte avec le temps. C’est fatiguant de faire la même pièce depuis 27 ans.

 

Quand vous dites « Je ne supporte pas que l’on parle au public » cela lui confère de fait, une place active. Quelle rôle lui accordez-vous ?

Si vous m’aviez demandé cela avant la première de 4, je vous aurais répondu que cette place n’est pas majeure. Mais maintenant, j’ai conscience que cette place est très importante. La pièce provoque beaucoup de réactions auxquelles je n’avais pas pensé. Freud ou Lacan me diraient « tu le savais. Tu montres la folie .» Mais cela relève totalement de l’inconscient chez moi, comme la manière dont on vit sa vie quotidienne. Il y a des moments où les réactions des gens t’énervent. Parce que c’est toi qui t’exposes et que tu as peur. C’est normal. Le paradoxe c’est que quand les comédiens jouent mal, tu existes parce que c’est ton travail qui est en cause et quand ils sont dedans, tu ne sers plus à rien et tu disparais.

 

Vous n’attachez pas d’importance à la mise en scène de vos textes. Quel rapport entretenez-vous avec la notion d’oeuvre ?

Ce qui est écrit dans le livre m’appartient. La littérature est un récit de la pièce. Un metteur en scène qui travaille avec mon texte, pour moi, c’est un peu comme s’il le récupérait dans une poubelle. C’est étrange, mais je n’ai aucune curiosité pour les pièces auxquelles cela peut donner lieu.

 

Quel regard portez-vous sur cette première expérience à la tête du CDN de Montpellier ?

C’est une chose très importante dans ma vie. En tant qu’artiste on se regarde souvent soi-même. Cette fonction m’a ouvert à la société. Je regarde les autres artistes d’une autre façon. Je suis très attentif à la valeur de l’accueil. J’ai dans l’idée que cela relève de ma responsabilité. Pour moi, c’est une leçon d’humanité. Je suis heureux de voir les autres bien, et cela me fait plaisir. Au début ce n’était pas facile. Maintenant, je suis plus tranquille. J’accepte la controverse autour de mon projet et la conçois comme une chose naturelle.

 

Vous êtes vous fixé des perspectives d’ici 2017 ?

Rien de formel, je n’ai pas d’objectif précis. Je veux continuer à faire des propositions en relation avec les acteurs et les publics. Je conçois l’évolution dans un rapport dialectique.

 

Faire du théâtre au présent, est-ce travailler dans l’incertitude ?

Faire du théâtre aujourd’hui, c’est trouver la matière et l’envie de vivre joyeusement dans un monde détestable et difficile. Je suis profondément athée mais je pense que Dieu existe pour nous emmerder. Grâce à ces problèmes, je fais le théâtre que je fais.

 

Recueillli par Jean-Marie Dinh

Source La Marseillaise 25/01/2016

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