Festival de Radio France. Sibéria ou le génie inventif de Giordano

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Retour de Sonya Yoncheva et du chef Domingo Hindoyan. Photo Marc Ginot

Montpellier Opéra
Le Festival de Radio France Occitanie met ce soir à l’affiche Sibéria l’opéra de Giordano. Créé le 19 décembre 1903 à la Scalla d’après le roman de Tolstoi avec  Sonya Yoncheva dans le rôle titre de Stephana sous la direction musicale à Domingo Hindoyan.

De la douzaine d’opéras achevés par Umberto Giordano qui naquit à Foggia en 1867 avant de devenir un milanais d’adoption, seuls trois connurent un succès populaire durable : Andrea Chénier (1896) pour sa qualité musicale charmeuse, Fedora (1898) considéré comme le premier opéra roman policier car l’intrigue et la nature des personnages, ne sont révélées qu’au dernier acte et Siberia (1903). Mais le dernier d’entre eux ne s’est pas maintenu au répertoire, bien qu’il ait été le préféré du compositeur et peut-être son œuvre la plus ambitieuse. C’est le librettistes Luigi Illica qui suggéra à Giordano de mettre en musique  La Donna, l’amante, l’eroina, comme s’intitulais alors Sibéria.

Le motif de ce désintérêt pour le dernier volet de la trilogie de Giordano pourrait être dû à une double raison liée à l’esthétique musicale et au sujet même de l’opéra. Dans cette oeuvre, Umberto Giordano fait évoluer son style qui flatte moins l’oreille de l’auditeur.

« On trouve dans Sibéria les premières dissonances à l’orchestre, utilisées pour exprimer une dégradation de l’atmosphère, un paroxysme négatif comme celui de l’excès de désespoir » , souligne le critique Yonel Buldrini. En redéfinissant les pratiques esthétiques Giordano relève avec Sibéria le défi du modernisme en s’éloignant par endroits des mélodies chaleureuses. On lui doit notamment un nouveau système de notation musicale pour clarinettes, cors anglais et trompettes.
Le sujet sombre trouvant son dénouement dans un bagne au fin fond de la Sibérie fait part de la souffrance constante des condamnée de l’époque, a pu réduire l’intérêt du public  habitué à une expression lyrique fluide, sans sauts violents dans la traduction des passions. Giordano use de thème puissamment évocateurs pour décrire la rudesse de l’environnement, à nous faire frissonner.

« Je ne crois pas exagérer en disant que  le deuxième acte de Sibéria prendra certainement place parmi les pages les plus singulières et les plus captivantes que la musique dramatique moderne puisse offrir», écrit Gabriel Fauré.

De quoi réveiller notre curiosité pour cet oeuvre oubliée

JMDH

Source : La Marseillaise 22/07/2017

Voir aussi : Actualité France, Rubrique FestivalLe festival de Radio France célèbre la révolution en musique, Dvorak Chostakovitch deux visages de 1917,  rubrique Musique, rubrique Montpellier, rubrique Histoire, rubrique Russie,

Le côté ténébreux des artistes napolitains

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Massino Stanzione Suzane et les veillards. photo DR

Musée Fabre. L’âge d’or de la peinture à Naples de Ribéra à Giordano à découvrir jusqu’au 11 octobre.

Après l’expo Corps et ombres : Caravage et le caravagisme européen qui avait suscité en 2012 la jalousie des parisiens, on peut découvrir, L’Âge d’or de la Peinture à Naples : de Ribera à Giordano au musée Fabre jusqu’au 11 octobre. Le parcours composé de 84 oeuvres majeures de la peinture napolitaine suit l’évolution du caravagisme au baroque.

Tous les grands maîtres de la peinture napolitaine sont représentés Caravage, Caracciolo, Vitale, Ribera, Stanzione, Di Lione, Cavallino, Giordano, Beinaschi, Solimena. L’exposition trace aussi le portrait de la cité où réside le vice-roi et siège l’administration du royaume de Naples. Les artistes qui répondent aux commandes fastueuses ne se privent pas de montrer les aspects populaires du port de commerce très actif et la foule qui grouille au marché.

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Ribera St Marie l’Egyptienne

Parmi tous les grands maîtres de la peinture napolitaine présents figurent douze oeuvres majeures du fécond Ribera dont la saisissante et pathétique St Marie l’Egyptienne. Le biographe de Ribera souligne comment l’artiste se rallia au style Caravage tout en notifiant qu’il aurait eu une vie de bohème agitée. Ce que semble attester le regard de l’ange dans le Baptême du Christ.

Au-delà des thèmes classiques des oeuvres ayant attrait au religieux, à la mythologie, aux natures mortes et à l’humanisme, on est saisi par l’ambiance ténébreuse que renforce l’usage du clair obscur. Comme si le climat de guerre politico-religieux qui enflamme l’Europe de l’époque, transparaissait de manière diffuse dans l’expression des grands maîtres tout comme la proximité menaçante du capricieux Vésuve et de la grande peste qui dévasta 60% de la population du royaume. La peinture témoigne de l’inventivité technique des peintres napolitains mais pas seulement. A l’instar du lyrisme sensuel qui se dégage de la martyre Saint Agathe de Guarino.

JMDH

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Source : La Marseillaise 27/08/2015

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