Le Sénat américain décide de débattre sur le projet de loi relatif au yuan

WASHINGTON, 4 octobre  – Le Sénat américain s’est prononcé lundi en faveur d’un débat sur le projet de loi controversé concernant la soi-disant « manipulation de la monnaie » par la Chine, en dépit de la forte opposition de la Chine et d’associations des milieux d’affaires américains.

Avec 79 voix contre 19, l’aval des sénateurs a ouvert la voie à un débat d’une semaine sur le projet, dernière étape avant qu’il ne soit soumis au vote du sénat. Et pour que le projet devienne loi, il faudra encore qu’il soit adopté par la chambre des représentants et signé par le président Barack Obama.

Le projet de loi de réforme sur la supervision des taux de change a été présenté par les sénateurs Charles Schumer et Sherrod Brown, et d’autres législateurs démocrates et républicains.

Avec pour objectifs de réduire le déséquilibre commercial entre les deux pays et de créer plus d’emplois aux Etats-Unis, cette loi obligerait le département américain du Trésor à désigner la Chine comme un « manipulateur de monnaie » et à donner le droit aux compagnies américaines d’imposer des droits de douane supplémentaires, par mesures de rétorsion, sur les produits importés venant de pays dont les monnaies ont été jugées « sous-évaluées ».

La Chine a déjà exprimé sa forte opposition au projet de loi, en demandant aux hommes politiques américains d’éviter d’accroître le protectionnisme commercial et de politiser la question du taux de change.

La loi américaine sur la devise chinoise fait plus de mal que de bien

WASHINGTON, 3 octobre.  La loi présentée par le Sénat américain en représailles contre les supposées manipulations de change de la Chine n’aidera pas la création d’emplois aux Etats- Unis, mais aura des conséquences négatives, a rapporté lundi le Washington Post.

Le Sénat doit procéder lundi soir à un vote de procédure pour décider ou non de sanctions contre la Chine, accusée de sous- évaluer sa monnaie et de voler des emplois aux Américains.

« C’est une loi contre-productive », estime le Washington Post dans son éditorial, ajoutant que des sanctions contre la devise chinoise n’aideront pas à rééquilibrer le commerce américain ni à créer davantage d’emplois.

« Mettre fin au déficit commercial avec la Chine ne suffira pas nécessairement à résoudre le déséquilibre commercial global des Etats-Unis », indique ce journal, « En effet, d’autres pays à bas salaires (..) pourraient facilement prendre la place de la Chine ».

Le reportage note que les pièces de nombreux produits « chinois » sont déjà fabriqués ailleurs, importés en Chine pour y être assemblés puis réexportés vers les États-Unis. Seuls 20 à 30% de la valeur des produits chinois aux États-Unis seraient affectés par un renforcement du yuan, la devise chinoise, également dénommée renmibi.

En outre, la Chine effectue déjà une réévaluation progressive de sa devise, principalement parce qu’elle y est obligée pour juguler l’inflation dans son propre pays.

Cette manoeuvre du Congrès serait également néfaste à l’ économie mondiale, note l’article.

« L’économie mondiale a suffisamment de problèmes sans y ajouter le fossé commercial entre les Etats-Unis et la Chine », ajoute-t-il.

Xinhua

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rubrique Livre , Susan Georges de l’évaporation à la régulation, Aux éditions la Découverte La monnaie et ses mécanismes, Les taux de change,

Oliver Stone voudrait voir « un Hugo Chavez à la tête des Etats-Unis »

Photo Reuter.

Photo Reuter.

Le réalisateur américain a estimé que le président du Venezuela était un modèle pour l’Amérique Latine et dénonce la « désinformation » qui règnerait aux Etats-Unis.

Le cinéaste américain Oliver Stone, dont le documentaire sur la gauche latino-américaine South of the Border sort vendredi aux Etats-Unis, déclare à l’AFP qu’il souhaite voir « un Hugo Chavez à la tête des Etats-Unis » et le considère comme un modèle pour l’Amérique latine. Pour le réalisateur de Né un 4 juillet, JFK ou Wall Street, « quoi qu’on en dise, la vérité c’est que (Hugo Chavez et son gouvernement) redistribuent l’argent au peuple, aident les gens, ils ne sont pas là pour enrichir et engraisser les grandes entreprises, c’est ça le plus important ».

Dans son film, le cinéaste veut dénoncer la « désinformation » qui règne, selon lui, aux Etats-Unis, chaque fois qu’il est question de Hugo Chavez. « Je voulais montrer la face cachée de l’histoire à un pays (les Etats-Unis) intoxiqué par les mensonges », déclare-t-il. Dénonçant le « tissu de conneries » écrites sur Hugo Chavez « chaque semaine » dans le New York Times et le Washington Post, Oliver Stone estime que la liberté de la presse est plus grande au Venezuela qu’aux Etats-Unis. Là-bas, « vous pouvez dire tout ce que vous voulez. Ici, on ne peut pas dire, par exemple, ‘Il faudrait renverser Obama’« , affirme-t-il.

Les fermetures de radios au Venezuela, dénoncées par l’opposition, « sont un mensonge », pour Oliver Stone, qui reconnaît éprouver une admiration sans bornes pour « le combattant Chavez ». Au risque parfois d’y perdre son sens critique. Les radios « ont fermé pour des raisons techniques », assure-t-il. « Sur le millier de radios du pays, trente ont fermé pour des raisons techniques, des problèmes d’autorisations, et parce qu’elle violaient les lois du pays ». Et celles qui restent « sont majoritairement opposées à Chavez, alors il ne faut pas exagérer », s’emporte-t-il. Il estime que l’opposition vénézuélienne, loin d’être muselée, a suffisamment de canaux pour s’exprimer: « Vous allez sur (le site de vidéos) YouTube et il n’y a rien d’autre que des saloperies sur Chavez. C’est pour cela qu’il fallait un contrepoids à cette histoire », dit-il.

Oliver Stone ne s’est pas embarrassé de subtilités pour décrire la situation au Venezuela, et va jusqu’à le revendiquer. « Il est important d’être simple », affirme-t-il. Pour lui, les opposants aux changements en Amérique latine veulent rendre le débat plus compliqué qu’il n’est en réalité. « Quand vous êtes contre quelque chose, vous le rendez obscur, difficile à comprendre, plus complexe. Mais parfois, il faut être blanc ou noir », ajoute-t-il. « Il faut dire des choses simples comme ‘Les banques ne devraient pas garder tous les profits pour elles' ». « Quand Chavez et (le président brésilien) Lula sont arrivés au pouvoir, ils ont dit: ‘Nous voulons être maîtres de nos ressources naturelles, le pétrole est à nous, le gaz est à nous, ils appartiennent au peuple. Nous voulons distribuer les profits au peuple’. Et ils l’ont fait », poursuit-il.

« Ils ont dix ans d’avance sur les Etats-Unis », déplore-t-il. « Ici, on laisse les compagnies pétrolières tout voler et empocher les profits. Et qu’est-ce qu’elles en font? Elles se paient elles-mêmes, elles paient les actionnaires, elles paient de gros salaires, mais ne font rien pour aider la population. »

AFP

Graig Johnson : parfois l’habit fait le moine

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Graig Johnson : une empathie ciselée pour les gens ordinaires. Photo David Maugendre

En dépit de son look veste Malboro, chapeau de cow-boy et regard défiant du shérif, Graig Johnson ne joue pas sur les clichés. Il incarne vraiment sa culture. L’écrivain était jeudi l’invité de K-fé-Krime pour évoquer son dernier livre Le camp des morts dont l’intrigue conduit le lecteur sur les pas d’un flic mélancolique enquêtant à travers les hautes plaines enneigées du Wioming. C’est dans ce fief incontournable de la tradition western que l’auteur possède un ranch sur les contreforts des Bighorn Moutains. Un peu plus au nord dans le Montana, l’attrait de l’or a conduit à la défaite de Custer face à une coalition de Cheyennes et de Sioux sous l’influence de Sitting Bull. Mais dans le Wioming, on ne trouve que du cuivre, ce qui explique qu’il n’y eut jamais d’expansion. C’est un état aride, le moins peuplé des États-Unis. Il représente la moitié de la France en surface et compte à peine deux fois plus d’habitants que Montpellier. Dans ce lieu paumé loin des villes et des archétypes trompeurs, Graig Johnson puise sa matière littéraire.

Outre-atlantique, il est considéré comme une étoile montante par le Los Angeles Time quand le Washington Post parle de  » polars irrésistibles « . En France, il figure au catalogue des éditions Gallmeister qui s’attachent avec talent à faire découvrir les richesses de l’Ouest américain avec un penchant pour les grands espaces et l’écriture noire offrant une vision contestataire de l’Amérique. Graig Johnson entre dans cette famille. Il y a chez lui une empathie ciselée pour les gens ordinaires.  » En zone urbaine il faut quelques heures pour obtenir le résultat d’une analyse ADN, dans le  Wioming cela peut prendre un an, explique l’auteur. On est ailleurs, dans un hors temps. Dans le camp des morts, le shérif entreprend une vraie enquête, la science lui est de peu de secours. Il doit travailler avec des humains pour faire avancer son affaire.  »

Le style Graig Johnson tient beaucoup de cette façon de voir avec les yeux d’autrui, du rapport à la sensibilité, à la nature. D’un certain réalisme humain perdu, isolé, qui à bout de force, bascule dans la dimension spirituelle que cultivent de longue date les tribus indiennes qui vivent sur place. 

Jean-Marie Dinh

Le camp des morts, éditions Gallmeister, 23,50 euros