La fabrique du monstre, autopsie du clientélisme politique

cité Kallisté, dans les quartiers nords de Marseille

cité Kallisté, dans les quartiers nords de Marseille

Dans « La fabrique du monstre », publié en janvier 2016 aux éditions Les Arènes, Philippe Pujol résume plus de 10 ans d’immersion dans les quartiers nord de Marseille. Un travail au long cours sans voyeurisme ni complaisance, qu’il décrit dans The Dissident.

Philippe Pujol, qu’est-ce qui vous a amené à écrire sur les quartiers nord de Marseille?

J’ai beaucoup écrit sur ces sujets. J’ai fait un premier livre « French deconnection » (Wildproject/Robert Laffont 2014) qui raconte les trafics de stupéfiants vus de l’intérieur. Je parle des idées reçues sur les petits dealers qu’on fait passer pour des gars qui se font beaucoup d’argent. Je démontre qu’ils sont mis de côté, que leur trajectoire est loin d’être ascendante. Je voulais qu’on arrête de séparer toutes les actualités marseillaises : les règlements de compte, le clientélisme, la misère, l’immobilier… Ces problématiques s’imbriquent les unes dans les autres. Mon idée c’est de raconter les systèmes. Comment les choses sont reliées entre elles. Le politique prend bien soin de séparer les choses pour qu’on ne comprenne pas que c’est l’absence de décisions politiques – ou au contraire des décisions politiques bien précises – qui en bout de chaîne, comme des dominos, amènent au pire.

De quel « monstre » parlez-vous ?

Le monstre, c’est la République malade qui enfante tous les radicalismes : la délinquance, le radicalisme religieux de l’islam et le radicalisme politique avec l’extrême-droite dont le Front national (FN) est la partie visible. Le FN n’a strictement rien de nouveau par rapport à ce qu’il a toujours été. C’est juste une façade. C’est un peu la métaphore de Marseille. Ce parti s’est fait une jolie façade comme Marseille qui a rénové son front de mer avec le projet d’urbanisme EuroMéditérranée. Mais en fait la ville est pire qu’avant ! Le FN c’est pareil. Lorsqu’on côtoie ces gens, on est face une extrême-droite lourde, avec des fascistes. Ces radicalismes viennent de cette République malade, fatiguée. Le clientélisme est un mot-valise qui part du clientélisme sympa jusqu’à la corruption. On a l’impression que le clientélisme sympa, ce n’est pas grave. Mais il nourrit la corruption. Il y a une escalade. J’essaie de le mettre en perspective avec un livre qui, je l’espère, ressemble à ce qu’ont fait David Simon et Ed Burns sur la série « Baltimore ». Mon travail s’inspire plus de « Baltimore » ou de « The Wire » que de « Gomorra », le livre de Roberto Saviano sur la mafia napolitaine.

Pour vous, cela représente plus de 10 ans d’immersion dans ces quartiers comme reporter pour le journal la Marseillaise.

Même quand je n’étais pas journaliste, j’étais familier avec ces lieux. J’ai grandi à la Belle de mai, non loin de ces quartiers. C’est devenu un des quartiers les plus pauvres de France. Ce qui n’était pas le cas quand j’y vivais. J’y ai connu des amis qui y vivent toujours. Certains ont mal tourné politiquement en se tournant vers le FN. D’autres en faisant des conneries. Certains sont dans le clientélisme associatif. Je n’ai été pris dans aucun clientélisme pas parce que je suis fort mais parce que j’ai déménagé. Ceux qui sont restés sont tous rentrés dans un de ces systèmes qui se concurrencent les uns les autres.

Ce que vous décrivez dans ces quartiers, c’est un processus d’enfermement de la jeunesse.

Ils sont pris dans quelque chose qui les dépasse. On ne peut pas dire qu’il y a du laxisme car ils sont sanctionnés. Quand ils glissent, ils sont sanctionnés par la justice. Et si ça ne suffisait pas, ils sont sanctionnés par le réseau lui-même : ils meurent. La sanction existe. Par contre, la réaction politique est inexistante. On prend bien soin de ne pas en avoir et on les enferme dans leur situation. C’est pour ça que Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille, et le FN ont cette phrase: « Tant qu’ils se tuent entre eux… » Peut-être que le FN se réjouit. Je connais suffisamment Gaudin pour savoir que ce n’est pas un mauvais bougre. S’il tient ces propos, c’est pour dédouaner les dysfonctionnements des différents maires et des différentes institutions depuis des décennies. Il fait comme s’il y avait d’un seul coup des voyous qui n’ont pas de père, pas de mère. Comme s’ils étaient nés comme ça. Or ce n’est pas vrai ! La voyoucratie est une manière – illégale certes – d’ascension sociale. Pourquoi les voyous se fringuent avec des vêtements super chers, bling bling, souvent de mauvais goût ? Au delà du fric  c’est pour montrer qu’ils sont devenus quelqu’un. Ces signes extérieurs n’existent pas que chez les voyous. Mais là c’est exacerbé.

Parmi ces personnages qui connaissent l’ascension et la chute, il y a Kader.

Autour du fait divers de Kader, il y a tous les personnages que j’aborde dans la deuxième partie du livre sur le clientélisme. Ça se déroule dans le secteur de l’ex députée PS de la 7ème circonscription des Bouches du Rhône (quartiers nord) Sylvie Andrieux qui a été condamnée pour détournement de fonds publics en 2013. Elle était en concurrence avec le clientélisme associatif de son adversaire Nora Preziosi des Républicains… qui elle-même a favorisé le FN pour permettre la défaite d’Andrieux. Le FN a bénéficié de ces règlements de compte et des déçus du clientélisme. Dans un même secteur, autour d’un même fait divers, on aborde toutes les problématiques. Ça me permet de parler de l’immigration. Dans l’entourage de Kader, il y a des jeunes de Bassens. Je raconte comment à Bassens on concentrait dans des cités de transit tous ceux qui étaient considérés comme inaptes à l’intégration. C’est devenu un ghetto absolu. Autour de Bassens, il y a 900 entreprises… et zéro gamin de cité qui y travaille. Alors qu’il y en a plusieurs centaines. Ça veut bien dire qu’il y a un problème de formation des jeunes, de contacts dans les entreprises, de réseaux.

Pourquoi selon vous le gangstérisme a plus le vent en poupe dans les quartiers nord que l’intégrisme religieux ?

Le radicalisme délinquant prédomine à Marseille parce qu’il y a une culture du banditisme. Une bonne partie de la population connaît le parcours des bandits locaux. On peut citer 20 noms de bandits sans s’en rendre compte. Le banditisme parisien n’a rien à envier à celui de Marseille mais on n’en retient qu’une poignée de noms. C’est lié à la culture. À Marseille c’est valorisé. On a intégré la possibilité de faire une carrière dans la délinquance. Pour mille raisons, on a une culture délinquante. Mais demain, comme dans la délinquance les carrières sont courtes et compliquées, il n’est pas impossible que le radicalisme religieux prenne le relais. Quand on ne croit plus aux lois de la République on croit à la loi du plus fort. Les djihadistes mélangent la loi du plus fort et la loi divine. À Marseille, la loi du plus fort est un bon terreau pour créer des djihadistes. Sauf qu’aujourd’hui le pragmatisme fait qu’on préfère faire 50 euros avec du stup que d’aller en Syrie. Je décris aussi dans le livre l’apparition du « djellaba basket », des mecs qui sont entre deux mondes, un peu perdus. Ils écoutent un peu les salafistes en continuant à vendre du shit en scooter sans casque, avec un langage de cramé de cité. Je ne sais pas trop ce que ces jeunes deviendront.

La fabrique du monstre de Philippe Pujol, éditions les Arènes.

La fabrique du monstre de Philippe Pujol, éditions les Arènes.

À quoi aspirent-ils selon-vous?

Ils souffrent de ne pas faire partie de la République. Leur rêve c’est de devenir des Frédéric, des français moyens de zones pavillonnaire. C’est méchant de dire ça mais leur rêve c’est de devenir des beaufs. Un match de foot, des pizzas, un bowling le week-end, un bon blockbuster. Faire des brochettes dans un pavillon. Mais pour ça il faut un travail qui permet le crédit qui permet la maison. Ils n’ont pas accès à ça. On parle de laïcité tout le temps. Je suis moi-même un pur laïc. Sauf qu’on ne peut pas parler de laïcité parce que c’est en bout de chaîne. On n’en est même pas aux fondements, c’est à dire le contrat social. La République nous offre les moyens de faire des études, d’être en sécurité, d’avoir des transports publics. En retour on respecte la loi, les règles et on obtient du travail. C’est du donnant-donnant. Aujourd’hui, pas seulement dans les quartiers populaires, à l’échelle de la France, ce contrat social n’est plus tenu. Il est rompu. Y compris pour la jeunesse des classes moyennes. Aujourd’hui un minot qui a fait des grandes études ne trouve pas de boulot à la hauteur. Dans les quartiers populaires, c’est pire. La situation est plus grave, plus visible, donc ça fait des dégâts encore plus grands. Ce qui fait des déçus pour les classes moyennes anéantit les classes populaires.

Comment a été reçu votre livre dans les quartiers ?

C’est le paradoxe des quartiers populaires. Ils veulent qu’on raconte leur misère. Quand ils lisent leur misère ils disent : « On n’est pas que ça ! On n’est pas que des misérables ! » Quand on marque que ça va bien : « Vous dites que ça va ! Mais oh ! C’est pas facile notre vie au quotidien. » On veut être mis en valeur mais en même temps il faut raconter le pire. Je raconte le pire et le meilleur en même temps. Dans les cités, l’accueil du livre a été très bon de la part des gens qui y travaillent, les travailleurs sociaux. Les associations sont assez contentes que j’ai mis sur la place publique le clientélisme dont elles souffrent plus qu’elles n’en bénéficient. Ça a été accueilli de manière positive par tous ceux qui se posent des questions, qui cherchent à comprendre pourquoi les choses semblent si illogiques. Les très jeunes, qui sont concernés directement, ne me lisent pas. Mon écriture demande un peu de second degré, de capacité d’abstraction. Un des effondrements culturels que j’ai pu observer dans les cités c’est cette incapacité à l’abstraction. Ce qui est écrit est tout le temps pris au premier degré. Tout est pris de manière définitive. Ils n’ont plus cette capacité de recul. C’est la porte ouverte à tous les conspirationnismes, à toutes les propagandes d’extrême-droite ou de Daesh. Il y a eu en quelques années un effondrement culturel très rapide. Du jour au lendemain quand je parlais avec des mecs sur le terrain de rap, du Wu-Tang Clan, ils n’avaient plus aucune connaissance sur rien. Ils ont tout refoulé. La drogue qu’ils prennent y est pour beaucoup. Des psy disent que la surconsommation de drogue entre 12 et 18 ans, surtout la leur qui est particulièrement mauvaise, rend apathique et fait refuser toute imprégnation culturelle. Certains jeunes ne comprennent plus rien. Ils ne comprennent pas les phrases que je leur dis. Même quand je les défends, ils ne le perçoivent pas.

Qu’est-ce que vous envisagez pour l’avenir à Marseille ?

Je n’écrirai plus sur Marseille. J’ai bien mis les pieds dans le plat. Je ne peux que me répéter. S’il y a quelque chose à faire sur Marseille, c’est de fédérer toutes les énergies positives qu’on trouve dans la ville. Énormément de gens ont de bonnes initiatives, ont envie de changer les choses. Il y a plein de bonnes idées éparpillées. Quand elles sont aidées par les pouvoirs publics elles sont manipulées. Il faudrait rendre ces énergies efficientes, cohérentes. Se rendre compte que la jeunesse des quartiers nord c’est l’antidote contre le mal qui les touche. Ces jeunes là ne sont pas un problème mais ils sont la solution. Quand ils ne sont pas shootés, comme c’est le cas pour certains d’entre eux, ils sont très vifs, entreprenants. Ils ont envie. Ils ont des idées. Ils ne sont absolument pas aidés. Ils ont assez peu d’espoir. Il y a des choses à faire sur Marseille et partout ailleurs. Après ce constat assez dur de mon livre, il faudrait passer à une phase plus collective de mise en place de l’après-Gaudin. Gaudin va finir par arrêter la politique. Après lui, ça va être le chaos parce que ses « amis » politiques vont se flinguer. Ils ont déjà commencé. La gauche n’existe plus. Le FN est aux aguets. C’est à la société civile de s’organiser et d’y aller. C’est ce qu’avait réussi à faire Robert-Paul Vigouroux en 1986, à la mort de Gaston Deferre. Il va y avoir la place bientôt. Il ne faudra pas la rater. On peut arriver à quelque chose. Marseille n’est que l’allégorie de la France. Ça te montre à une échelle assez restreinte-moins d’1 million d’habitants- tout ce qui se passe sur le territoire français. C’est pareil qu’ailleurs… en pire!

Source The Dissident 17/06/2016

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Mohamed Ben Saada. « Une démocratie dévoyée »

mohamed_bensaadaUniversité d’été d’Attac

Ce militant des quartiers Nord de Marseille intervenait  dans l’atelier « Quartiers populaires et démocratie ». Interview.

Mohamed Ben Saada de l’association « Quartier Nord-Quartiers forts », est manipulateur radio dans la vie. Après plus de deux heures de débat dans l’atelier « Démocratie et quartiers populaires » devant une salle pleine, il a répondu à nos questions.

La Marseillaise. Est-ce qu’il n’y a pas de démocratie dans les quartiers Nord de Marseille ?

Mohamed Ben Saada. Il y a une forme de démocratie complètement dévoyée dont on se contente, je le dis sans aucun détour : une démocratie qui repose sur le clientélisme. Il faudrait trouver un nom spécifique à cette forme parce que quand on veut citer des exemples de dénis démocratique, on a toujours en tête des destinations lointaines. Mais il suffit de regarder la manière dont la vie politique s’organise ici, comment les échéances électorales se déroulent dans nos quartiers. Même de façon périphérique, dans la façon dont les gens continuent à harceler les citoyens qui vont voter, à deux mètres du bureau de vote… Il y a une chape de plomb qui repose sur une relation purement clientéliste. On fait fi de tout ce qui est l’engagement citoyen : les convictions, le fait que l’on soit pour tel ou tel parti, le fait que l’on ait telle ou telle vision du monde. Tout ne repose alors plus que sur : « Si je vote pour toi, tu me donnes quoi ? Un emploi, un appartement… »

La Marseillaise. Mais est-ce que cela ne touche vraiment que ces « quartiers » ?

Mohamed Ben Saada. Cela touche principalement les quartiers populaires dans la vulgarité des procédés. On n’y prend pas de gants. Souvent les médias font référence, lors des élections, à des anomalies dans des bureaux de vote, mais on passe rapidement parce qu’on considère qu’il s’agit de zones où les droits et la démocratie… sont ce qu’ils sont et qu’on y peut rien. Mais ce clientélisme est, à mon sens, le plus abjecte car il repose sur la misère des gens. Après, je suis d’accord. Le clientélisme touche d’autres populations, je ne peux pas dire que cela n’existe pas ailleurs. Dans les quartiers Sud, tout aussi brutalement, le clientélisme prend la forme de promesses du type : « Ne vous inquiétez pas, votez pour moi et il n’y aura pas de logement social ici ».

La Marseillaise. Que faudrait-il faire demain pour réinstaurer une dose de démocratie dans les quartiers ?

Mohamed Ben Saada. Demain, ce n’est pas possible. Le délai est trop court… A mon sens, il faudrait repartir sur des programmes nationaux d’éducation populaire qui soient menés de façon volontariste par les acteurs politiques, les organisations, les syndicats, pour outiller les générations à venir, et faire en sorte que l’éducation populaire, comme elle avait été pensée et organisée en 1947, redevienne ce qu’elle est : le moyen de donner à des jeunes adultes des outils d’appréhension et de compréhension du monde dans lequel ils vivent, pour se forger une opinion.

La Marseillaise. On dit que les services publics ont laissé ces quartiers en friche. Mais pourquoi cette action d’éducation populaire n’existe plus non plus ?

Mohamed Ben Saada. C’est le serpent qui se mord la queue. Tout est lié. Les élus, malgré les promesses qu’ils font, voient vite que sur les territoires où ils sont élus, il n’y a pas beaucoup de votants et ils n’ont donc pas une pression électorale forte. A ces endroits où l’abstention atteint des records, l’engagement et les promesses de service public qui devraient faire partie du contrat social entre les élus et les citoyens, restent donc des chimères… La blague qui court dans nos quartiers, c’est que dès qu’il sont élus ils changent d’opérateur téléphonique.

Propos recueillis par Christophe Casanova

Source ; La Marseillaise, le 28 août 2015

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La Marseillaise annonce son dépôt de bilan

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Le quotidien La Marseillaise va déposer son bilan vendredi devant le tribunal de commerce de Marseille, avec demande de mise en redressement judiciaire, a annoncé jeudi la direction de ce journal engagé à gauche.

La société éditrice de La Marseillaise « sera mise sous la protection du tribunal de commerce de Marseille par une déclaration de cessation de paiement, avec demande de redressement judiciaire. La crise économique, doublée d’une crise de la presse et d’une chute brutale de la publicité, nous contraint à cette démarche pour préserver la continuité de notre titre », a indiqué son PDG Jean-Louis Bousquet, dans un communiqué sur le site internet du journal.

« Nous étions quasiment à l’équilibre en 2013 mais nous tablons sur 1 à 1,5 million d’euros de pertes en 2014. Depuis le 1er janvier, nous subissons une forte baisse de la communication institutionnelle, de la publicité et des annonces légales », a précisé M. Bousquet à l’AFP.

Fondée en 1943 dans la clandestinité, La Marseillaise est diffusée sur six départements et emploie 213 personnes, dont environ 75 ont la carte de presse, selon son PDG.

« Ce journal a toujours vécu dans la difficulté. Nous allons adopter un plan de sauvegarde pour tenir le coup. Nous allons en appeler à nos lecteurs, au monde politique, et chercher d’éventuels partenaires », a ajouté M. Bousquet, soulignant que le journal n’était adossé « à aucun groupe de presse ni aucun banquier ».

La Marseillaise « continuera d’exister et restera le journal du Sud qui porte les idéaux progressistes de transformation sociale », a encore assuré son président sur le site internet, à l’issue du comité d’entreprise extraordinaire.

« La direction a cédé à une forme de précipitation, qui nous surprend. Nous avons le sentiment qu’elle passe en force, au mépris du personnel. Elle ne nous a pas donné les informations que nous réclamons, notamment sur l’état du passif et de l’actif, et sur ses objectifs », a regretté de son côté auprès de l’AFP Jean-Marie Dinh, délégué SNJ-CGT, disant néanmoins son espoir dans la « pérennité du titre ».

Le quotidien, longtemps proche du Parti communiste qui a appelé jeudi à la création « d’un comité de soutien » à ce titre ayant « la transformation sociale au coeur », ne publie pas ses chiffres à l’OJD. Il fait état de ventes « 6 à 7 fois moindres que celles de (ses) concurrents, La Provence et Le Midi Libre ».

L’un de ses journalistes, Philippe Pujol, qui a quitté depuis le quotidien, a reçu le prix Albert Londres en 2014.

Source AFP 13/11/2014

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Expo Mangaro/Heta-Uma. Plongée underground nippone

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Heta-Uma un univers en rebellion contre la perfection et l’esthétisme glacé de la culture japonaise. Dr

Expositions. Dans les années 60, les artistes japonais alternatifs brisent les carcans de la bienséance pour libérer leur créativité. Le mouvement vit toujours à découvrir au Miam à Sète jusqu’au 1er mars 2015.

A propos de la culture graphique japonaise, il paraît aujourd’hui difficile d’échapper au pouvoir des Pokemons ou à la poésie de l’œuvre de Miyazaki. Pourtant c’est possible. C’est ce que révèle l’exposition Mangaro/Heta-Uma, une collaboration inédite entre le Musée international des arts modestes (Miam) à Sète et le Cartel de la Friche la Belle de Mai à Marseille, qui se décline en deux volets.

Marseille à la Belle de Mai

Dans la cité phocéenne à l’initiative de l’artiste et responsable des éditions Le dernier cri, Pakito Bolino, et de la libraire japonaise Ayumi Nakayama, l’expo Mangaro regroupe les éditeurs japonais et français qui revendiquent l’héritage de la revue culte Garo. Un support d’édition alternative de BD japonaises né en 1964 qui bouscule les codes établis en alternant art abstrait, drames sociaux et autobiographiques. Garo choque une partie de la société japonaise et séduit un public étudiant tout en ouvrant la porte des mangas aux adultes.

« On peut comparer l’émergence de Garo au journal Hara-kiri pour son côté bête et méchant mais aussi politique puisque la revue était proche des milieux de l’extrême gauche japonaise », explique Pakito. Les nombreux artistes qui y travaillent en profitent pour explorer de nouveaux champs de création.

Dans les années 60 Garo rencontre un véritable succès populaire. Au début des années 70, le tirage du magazine atteint 80 000 exemplaires. Du jamais vu pour une revue underground libre de toutes contraintes. L’année 2002 marque la fin de Garo. Le magazine Axe prend le relais et trouve une continuité dans l’hexagone avec les éditions du Lézard noir qui assurent une traduction française de certains de ses auteurs.

Sète au Miam

A Sète, l’expo Heta-Uma, littéralement l’art du mal fait bien fait,  retrace 40 ans de cette histoire méconnue. On découvre ce style volontairement maladroit né sous l’impulsion de King Terry Yumura à travers les déclinaisons inventives de 80 artistes. La période Heta-Uma qui émerge dans les années 80 se révèle plus graphique avec un dessin sale un peu à la Reiser qui emprunte à la BD underground américaine. Trois générations d’artistes japonais sont réunies dans le cadre de l’expo, du jamais vu.

« Avec le concours de Ayumi Nakayama de la librairie Taco Ché à Tokyo, nous avons réussi à réunir un panel d’artistes complet et représentatif, indique Pakito Bolino ce qui aurait été impossible au Japon en raison des cloisonnements sociaux et générationnels. Nous tirons satisfaction d’avoir permis ces échanges, ainsi que de la mise en relation entre les éditeurs et les artiste français et japonais qui pourrait déboucher sur une expo au Japon. »

Une quinzaine d’artistes japonais étaient présents lors du vernissage qui a donné lieu à des créations d’œuvres in situ. Beaucoup appartiennent à la troisième génération du mouvement alternatif. Leur travail s’inspire de l’univers psychédélique des années 60 et du pop art américain avec des références culturelles spécifiquement nippones comme le bondage, l’esprit samouraï, la présence forte de la faune et de la flore, ou des esprits liés au shintoïsme. Certains créateurs sont aussi musiciens ce qui participe au télescopage entre création plastique et univers musical très couru dans le milieu de la noise japonaise.

La scénographie immerge le visiteur dans une rue sublimée de Tokyo où la surabondance de l’information est saisissante. Peintures, dessins mal faits, vidéo, musique collection de jouets transportent dans un ailleurs où l’avant-garde côtoie volontiers la décadence.

Le Miam s’abandonne à une puissance créative qui surpasse l’imagination et ne cherche pas à être contrôlable et encore moins contrôlée ce qui rend la visite très stimulante.

Jean-Marie Dinh

 Jusqu’au 1er mars 2015

Edition. Le dernier Cri structure éditoriale indépendante

Pakito Bolino

Pakito Bolino

Le dernier cri est une maison d’édition associative publiant tour à tour des livres des affiches, des cartes à jouer, des pochettes de disques et des vidéos, au sein de l’atelier sérigraphique de Pakito Bolino. La structure éditoriale indépendante, installée au sein de la Friche la Belle de Mai à Marseille, s’attache depuis vingt ans à promouvoir une forme d’expression décalée à l’interface de l’art brut et de la bande dessinée hors cadre et du graphisme déviant. Dans la lignée du mouvement intergraphique, Le dernier cri organise et participe à de nombreuses manifestations.

La maison d’édition s’attache depuis le début des années 90 à promouvoir les travaux d’auteurs évoluant de manière atypique. Dans la lignée de leurs aînés Hara-Kiri, Bazooka et Raw, le Dernier Cri entretient un penchant pour l’image torve qu’il cultive avec jubilation. Sans se départir de ses fondements éditoriaux, son catalogue, qui compte aujourd’hui plus de 300 titres, s’ouvre à des graphismes et des modes narratifs toujours plus innovants. Ce mélange de styles fait du Dernier Cri un véritable laboratoire d’une édition inventive, toujours grinçante mais néanmoins en prise avec les préoccupations de la société.

Atelier d’édition dédié aux innovations graphiques et aux nouvelles formes de métissage de l’outil multimédia, le Dernier Cri crée un lien entre les acteurs français et internationaux de la création SUB-graphique.

Source : La Marseillaise, L’Hérault du Jour, 25/10/2015

Voir aussi :  Rubrique Expositions, Art, rubrique Asie, Japon, rubrique LivreEdition,

Guérini lance son propre parti politique, »La Force du 13″

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Par Benjamin Bonneau avec AFP

RENÉGAT – Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône, expulsé du PS, veut continuer à peser sur la scène locale.

L’INFO. Le Parti socialiste n’en a pas fini avec Jean-Noël Guérini. Le président du conseil général des Bouches-du-Rhône avait devancé son exclusion du PS en annonçant son départ du parti, le 7 avril dernier. Vendredi, il a annoncé la création de son association politique « La Force du 13 », car après l’échec cuisant de la gauche aux municipales à Marseille, « il y a un espace politique qui s’ouvre à nous », as-t-il estimé lors d’une conférence de presse.

« A 95% des personnalités de la société civile ». La « Force du 13 » dont les statuts ont été déposés vendredi matin à la préfecture des Bouches-du-Rhône est une association régie par loi de 1901 dont les « cotisations seront le seul mode de financement » et qui « fonctionnera sans faire appel à l’argent public », a annoncé celui qui est mis en examen dans des dossiers de marchés publics et de détournement de fonds publics. Son objectif : réunir « 1.000 adhérents d’ici à la fin de la semaine prochaine ». Il s’agira « d’élus, de maires, de responsables politiques », a indiqué l’élu citant « des adhérents de l’ancienne liste de Pape Diouf », candidat aux municipales, « des membres de la majorité municipale, du PS, du PCF » mais surtout, « à 95% des personnalités de la société civile ».

Le mouvement, que Jean-Noël Guérini présidera « le temps de le lancer dans le paysage départemental » n’est pas destiné à « distribuer les investitures » pour les élections. « La double appartenance », entre son association et un parti politique « est possible sauf avec les extrêmes », a-t-il précisé. Ses premiers rendez-vous : « les élections cantonales et les régionales ».

Source Europe 1  25/04/2014

Voir aussi : Rubrique Politique, Politique locale,