Retraites: Hollande, ou l’art d’habiller un recul en avancée

Après 48 heures de flottement et un avis de gros temps à la gauche du PS, François Hollande a précisé mercredi sa position sur « sa » réforme des retraites. « Ma démarche, ma méthode est claire: immédiatement au lendemain de la victoire de 2012, sera ouverte la posssibilité pour ceux qui ont fait leur carrière – 41 années et plus tard 41,5 années de cotisation – de partir à 60 ans », déclare le candidat à l’Elysée au terme d’une matinée-débat avec des associations de lutte contre la précarité, dans un centre d’hébergement d’urgence Emmaüs qui vient d’être rénové à Paris. « Ce sera le premier acte qui sera pris », martèle le député. Jusque là tout va bien, c’est ce que veut le PS.

Mais là où la contre-réforme des retraites défendue par le parti depuis le printemps 2010 prévoyait de laisser la liberté aux salariés de partir à 60 ans sans la totalité de leurs annuités moyennant une décote, Hollande renvoie à une négociation avec les partenaires sociaux. Il n’y a plus d’automaticité. « Nous ouvrirons une négociation sur la durée légale, la décote et la pénibilité », précise le candidat, dont les dernières déclarations, lundi matin, sur RTL, laissait planer un doute sur ses intentions. Le seuil de 62 ans est donc maintenu dans l’attente des résultats de cette négociation. Cette fois c’est dit.

Mardi soir, alors que l’Europe figurait tout en haut de l’agenda, la question des retraites –« ses flous et ses loups », selon les mots d’un dirigeant du PS- a occupé une bonne partie du premier « conseil politique » du PS, réuni autour du candidat, rue de Solférino. Benoît Hamon a demandé des « explications » à Hollande. « Si on laisse le flou sur cette question, la droite nous dira que nous mentons et que nous ne reviendrons pas sur la réforme », a prévenu le porte-parole du PS, héraut de la gauche du parti. Après la réunion, certains grands chefs du PS s’évertuaient à expliquer que rien n’avait bougé et que la position collective tenait toujours. D’autres, levant les épaules, concédaient qu’il y avait bien désormais deux positions: celle du parti et celle du candidat. « C’est lui qui présidera, c’est sa solution qui prévaut », lâchait un secrétaire national.

Pour le candidat et son équipe, la réflexion ne peut pas se limiter à l’accès à la retraite mais doit aussi traiter du niveau des pensions. Et partir avec une décote quand on a déjà qu’une toute petite retraite, c’est franchir un cran dans la paupérisation, insistent les conseillers du candidat qui veut faire du « vivre mieux ensemble » sa « grande cause » pour rassembler les Français.

Le point-presse terminé, Hollande disparaît dans sa berline et Bertrand Delanoë se retrouve à faire le service après-vente sur le trottoir de la rue Jacques Louvel-Tessier. Donc, après le siège de la France à l’Onu ou le nombre de centrales nucléaires à fermer, le candidat socialiste s’éloigne une fois de plus des propositions du parti? « Vous pouvez pinailler sur telle ou telle mesure mais l’essentiel, c’est de casser la réforme injuste et mauvaise de la droite », tonne le maire de Paris. « Il n’y a pas plus social que d’élaborer une réforme avec les syndicats », insiste-t-il avant de clore les interviews par un solennel: « François a l’esprit de justice sociale ».

Un peu plus loin, Marisol Touraine, chargée du Pôle social de l’équipe présidentielle, sort les rames à son tour. « L’engagement qui est pris et qui est une avancées significative, c’est de permettre aux première victimes de la réforme Fillon/Sarkozy de pouvoir partir à 60 ans », repète la députée, qui fut la cheville ouvrière du projet PS sur la réforme des retraites. Elle l’assure: la gauche au pouvoir fera une réforme « responsable et durable ».

Pour les syndicats, la pilule ne passe pas du tout. « Ça nous pose énormément de problèmes », explique dans la foulée sur Europe 1 Eric Aubin, secrétaire confédéral chargé des retraites à la CGT. « Nous avons mobilisé des millions de salariés en 2010, notamment contre le recul de l’âge légal de départ en retraite. Je crois qu’à ce moment-là, les partis de gauche et notamment le Parti socialiste, s’était engagé à revenir à l’âge légal à 60 ans pour tous »Le PS est-il devenu amnésique?

Laure Bretton (Libération)

Voir aussi : Rubrique Politique France  Retraite : ce que proposent les partis d’opposition, le report de l’âge légal à 62 ans n’est pas inévitable, Le PS négocierait sur la durée des cotisations,

Au PS, le nucléaire est bien gardé

Bernard Cazeneuve, l’un des quatre porte-parole de François Hollande, est un ardent défenseur de l’énergie nucléaire. Photo Photo Joel Saget AFP.

Les écologistes auront tout tenté pour convertir le PS à la sortie du nucléaire. C’était sans compter avec les fervents défenseurs de cette industrie qui peuplent le Parti socialiste.

C’est pourtant bien parti… L’axe Aubry-Duflot devait révolutionner la pensée des socialistes sur la question du nucléaire, comme le raconte Le Monde dans son édition du 22 novembre. Mais en triomphant de la première secrétaire lors de la primaire, François Hollande a sapé le travail de fond entrepris depuis plusieurs mois. Pas question pour le vainqueur de reprendre à son compte l’objectif de sortie du nucléaire énoncé pendant la primaire par sa rivale. Le programme du candidat socialiste inclut toutefois la réduction de 75% à 50% en 2025 de la part du nucléaire dans la production d’électricité, avec à la clé la fermeture de centrales atomiques. Une inflexion importante lorsqu’on sait que le PS compte en son sein de fervents adeptes de l’atome.

D’ailleurs, l’un d’entre eux, le député-maire de Cherbourg Bernard Canezeuve vient d’être propulsé porte-parole du candidat Hollande. Lors de la primaire, ce spécialiste de la Défense s’était abstenu de s’engager en faveur de l’un des candidats. D’où cette interrogation: pourquoi ce fabiusien, certes hollando-compatible, a-t-il obtenu l’un de ces postes si convoités?

Certains mauvais esprits l’imaginent en caution donnée au lobby nucléaire qui aurait besoin d’être rassuré après l’accord PS-écolos. Il est vrai que Bernard Cazeneuve a dans sa circonscription le site de retraitement de La Hague géré par Areva. Environ 6000 personnes travaillent grâce à ce site. Du coup, l’élu socialiste a la réputation d’être proche de ce lobby et voit rouge dès qu’il entend parler de « sortie du nucléaire ». Avec les années, il est devenu l’un des plus ardents défenseurs de l’énergie nucléaire au Parlement.

L’intéressé dément fermement. « D’une part, je n’ai fait aucune démarche pour devenir porte-parole, jure-t-il. Et d’autre part, mes rapports avec Areva sont très mauvais depuis qu’ils ont choisi Le Havre pour implanter leur usine d’éoliennes. »

Pourtant, c’est bien lui qu’Areva s’est permis d’appeler, mardi 15 novembre, pour lui demander quel était le contenu de l’accord avec les écologistes sur l’avenir de la filière. Un coup de téléphone « court et froid », selon Bernard Cazeneuve. Toujours est-il que s’ensuit le retrait temporaire du passage sur le Mox qui a laissé perplexe de nombreux responsables d’Europe Ecologie-Les Verts, dont la candidate Eva Joly. « Il suffit d’un coup de téléphone d’Areva pour que le grand PS, avec sa tradition et son histoire, se mette au garde à vous! » a lâché, amer, Daniel Cohn-Bendit.

« L’OPECST, une bande de scientistes »

Les écologistes découvriraient-ils la Lune? A l’Assemblée nationale, les socialistes partisans du nucléaire ne manquent pourtant jamais une occasion de défendre ce fleuron industriel français.

Christian Bataille est l’un d’eux. La loi de 1991 relative aux recherches sur la gestion des déchets radioactifs porte son nom. Spécialiste de ces questions, il compose avec l’UMP Claude Birraux le « duo nucléocrate » de l’Assemblée nationale, selon Greenpeace. Tous deux rédigent l’essentiel des rapports parlementaires sur le nucléaire. Christian Bataille est également membre de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques (OPECST) dont Claude Birraux est d’ailleurs le président.

Dans leur livre Députés sous influences, Hélène Constanty et Vincent Nouzille qualifient l’OPECST de « poste avancé du lobby nucléaire ». « C’est un collège de scientistes convaincu que l’avenir du monde passe nécessairement par le développement de la technologie », surenchérit un élu écologiste.

Nucléocratie locale

Arnaud Montebourg n’est pas un spécialiste de ces questions, ni même un membre de l’OPECST, ce qui n’empêche pas Greenpeace de lui reprocher un discours très ambigu sur le sujet. En avril 2011, le député de Saône-et-Loire écrit pourtant sur son blog: « La crise nucléaire japonaise démontre que notre modèle de développement, plutôt que d’assurer la prospérité, risque de nous détruire ». S’il se prononce pour la réduction du nucléaire dans le mix énergique français, il rejette toutefois l’idée d’une sortie. « On ne peut pas raisonner en sortie du nucléaire à court ou moyen terme », expliquait-il durant la primaire.

Pour l’ONG écologiste, cette position s’explique avant tout par la présence dans le département dont il préside le conseil général de sites industriels qui fabriquent des pièces pour les centrales nucléaires. « Quand on a Areva dans sa circonscription ou dans son département, c’est difficile d’être anti-nucléaire », reconnait une élue socialiste. Gisements d’emplois importants, retombées fiscales non négligeables pour les communes: la filière nucléaire arbore de nombreux atouts pour séduire les élus locaux.

Dans cette catégorie, l’ancien socialiste Eric Besson fait figure d’exemple, dépeint comme un dévôt de la cause nucléariste par ses anciens camarades de Solférino. Il faut dire que sa commune de Donzère, dans la Drôme, se situe à quelques kilomètres de la centrale du Tricastin.

DSK le lobbyiste

Ces affinités ne datent pas d’hier. Dans les années 1990, Dominique Strauss-Kahn menait des opérations de lobbying en faveur de ce que l’on nommait à l’époque « le réacteur du futur », le fameux EPR. Dans leur livre, Les vies cachés de DSK, publié en 2000, Véronique Le Billon et Vincent Giret racontent comment DSK aurait reçu plus d’un million et demi de francs (environ 225 000 euros) d’EDF et de la COGEMA pour des missions en France et à l’étranger. Des activités tout à fait légales, même si la Cour des comptes s’était étonnée à l’époque de « l’insuffisance des termes des contrat d’origine, qui ne donne aucune indication sur le contenu de la prestation assurée ».

A l’époque, Dominique Strauss-Kahn est notamment assisté dans sa tâche par Jean-Yves Le Déaut, député socialiste depuis 1986 et toujours membre de l’OPECST, qu’il a lui-même présidé par le passé.

Hollande bien entouré

Aujourd’hui, l’entourage du candidat socialiste compte plusieurs anciens responsables de la filière nucléaire. Selon Le Monde, l’ancien président d’honneur d’EDF, François Roussely, proche des socialistes, aurait été contacté par son successeur, Henri Proglio, pour intervenir auprès du candidat PS et s’assurer que les désiderata des écologistes resteraient lettre morte.

Débarquée de la tête d’Areva en juin dernier par Nicolas Sarkozy, Anne Lauvergeon n’a pas oublié le soutien apporté à sa reconduction par François Hollande. L’ancienne « sherpa » de François Mitterrand connait bien le candidat socialiste. A Solférino, la rumeur court qu’elle pourrait même décrocher une investiture PS aux prochaines législatives.

Michel Verron (L’Express)

Voir aussi : Rubrique Ecologie, rubrique Politique24 réacteurs nucléaires à fermer, rubrique UE, L’allemagne renonce au nucléaire, Parlement européen et corruption, rubrique internationale Fukushima désinformation,

Le ralliement de Montebourg à Hollande vu par Copé

Le secrétaire général de l’UMP Jean-François Copé a ironisé vendredi sur « l’alliance de la carpe et du lapin » après qu’Arnaud Montebourg a annoncé qu’il voterait pour François Hollande au second tour de la primaire socialiste. « On a là une alliance assez contre-nature entre une carpe et un lapin. Personne ne doit être dupe de tout cela, c’est combinaison et compagnie », a-t-il déclaré en marge des journées parlementaires UMP, à Saint-Cyr-sur-Loire, près de Tours.

« Pour le reste, il est vrai que François Hollande a fait des avancées gigantesques du côté de M. Montebourg qui ne peuvent avoir échappé à personne en fustigeant à la télévision les licenciements boursiers, sans rire. Il nous la joue à l’instar de ce qu’aurait pu dire feu Georges Marchais », a affirmé Jean-François Copé.

« Gauche sans courage »

« C’est dire combien la gauche molle n’est pas décevante. Elle est exactement dans ce que nous imaginions, c’est-à-dire la gauche sans courage, sans ambition, prête à toutes les compromissions, en quelque sorte la gauche inapte au commandement », a-t-il ajouté en se réjouissant par avance que « cette pantomime se termine enfin dimanche ».

« Nous allons passer à l’offensive en décortiquant le projet irréaliste du PS », a-t-il répété. Arrivé troisième au premier tour de la primaire PS, Arnaud Montebourg a indiqué qu’il voterait « à titre personnel » pour François Hollande dimanche sans toutefois donner de consigne de vote, dans un entretien au Monde où il juge les deux candidatures « identiques ».

AFP

« L’égalité réelle » réveille le clivage droite/gauche au PS

Benoît Hamon se dit confiant sur l'adoption du texte sur l'"égalité réelle". Photo AFP.

Les critiques fusent au Parti socialiste, mardi 9 novembre, contre le projet « égalité réelle ». Plusieurs personnalités ont annoncé leur intention de s’abstenir ou de voter contre ce texte qui devait être présenté dans la soirée devant le conseil national du PS. Ces défections proviennent de l’aile droite du parti, alors que le texte, destiné à servir de socle au programme électoral du PS, a été préparé par Benoît Hamon, porte-parole du parti et leader de l’aile gauche. Les proches de François Hollande -qui compte se présenter aux primaires- ont annoncé au cours de l’après-midi qu’ils n’étaient « pas en mesure de voter ce texte en l’état ». Le projet « ne prévoit aucune hiérarchie dans l’ordre des priorités, ni calendrier dans sa mise en oeuvre, ce qui lui fait perdre cohérence et crédibilité », écrivent dans un communiqué les eurodéputés Kader Arif, Stéphane Le Foll, et les députés Bruno Le Roux, Michel Sapin et André Vallini. « Etant donné que les débats sur les priorités et les choix sont renvoyés à la convention sur le Projet puis aux primaires, nous nous abstiendrons lors du Conseil national », indiquent les signataires.

« Ne refaisons pas les années 70-80 au XXIe siècle »

Le député Pierre Moscovici s’est montré plus virulent. « Pour que je le vote, il faudrait qu’il soit très sérieusement changé », a-t-il prévenu mardi sur Europe-1. « Je pense que le socialisme ne doit pas être un retour à une forme d’étatisme et donc on ne peut pas être en train d’empiler des allocations universelles ». « Ne refaisons pas les années 70-80 au XXIe siècle », a-t-il lancé, tout en précisant que le texte comporte « beaucoup de bons éléments ».

Le sénateur-maire de Dijon François Rebsamen a pour sa part jugé que le texte manquait de hiérarchie et de réalisme. « Il va falloir, pour être un parti de gouvernement, un parti crédible aux yeux des Français, hiérarchiser nos priorités, ce que le texte ne fait pas. Les propositions sont là, mais il faut les ordonner », a-t-il déclaré sur Europe-1. « Il manque le chiffrage, il manque la base essentielle », a pour sa part prévenu le député Manuel Valls, qui a prévenu qu’il ne votera pas « en l’état » le texte sur l' »égalité réelle ».

Des propositions anti-inégalité

Le texte de Benoît Hamon présente un éventail de propositions anti-inégalité dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l’éducation. Il a été passé au crible, pendant de nombreuses heures lundi soir, lors d’une commission des résolutions du parti.

Le texte sera-t-il finalement adopté mardi soir ? Benoît Hamon s’est dit « très confiant ». « Ce travail est un travail collectif qui a reçu l’engagement, l’implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon, ces gens se sont engagés », a déclaré le porte-parole du PS.

« On a fait 200 auditions, on a plongé dans la France qui souffre et en même temps qui espère pendant cinq mois », a-t-il fait valoir. Et d’ajouter que « ceux qui de toutes façons critiquent » sont « toujours un peu toujours les mêmes ». Benoît Hamon a souligné qu’il y avait eu un « gros débat sur l’éducation » et qu’une bonne cinquantaine d’amendements » avaient été intégrés.

BL  Nouvelobs.com 09/11/10

Un PS divisé adopte le texte sur les inégalités

Le Parlement du PS a en effet voté mardi, à une large majorité, ses propositions sur l' »égalité réelle », un des textes phares du parti dans la perspective de 2012 élaboré sous la houlette du porte-parole du PS, malgré des résistances de certains comme François Hollande, Manuel Valls ou Pierre Moscovici.

C’est par 59 votes pour et 12 abstentions que le document a été adopté en début de soirée. Ce texte de 45 pages présente un éventail de propositions contre les inégalités dans le domaine de la santé, des discriminations, du logement ou de l’éducation.

« Ce travail est un travail collectif qui a reçu l’engagement, l’implication et les commentaires de dirigeants politiques comme Bertrand Delanoë, Laurent Fabius, Ségolène Royal, Martine Aubry, Vincent Peillon: ces gens se sont engagés », a fait valoir Benoît Hamon.

A son arrivée au Conseil national à l’Assemblée nationale, Martine Aubry avait dénoncé les critiques. « Certains semblent un peu pressés, je préfèrerais qu’ils soient plus pressés à nous faire des propositions », a dit la patronne du PS, dénonçant les « postures » -sans les nommer- de candidats aux primaires.

A l’adresse de ceux-ci qui critiquent notamment l’absence de chiffrage, elle a lancé: « Bien évidemment, nous travaillons sur les marges de manoeuvre et c’est en mars, avril prochain que nous formerons nos priorités ». « C’est un texte de choix de société, pas de dépenses publiques », a affirmé Jean-Marc Germain, directeur de cabinet de Martine Aubry.

« Ce qui m’intéresse, c’est que 99% du PS a compris que les Français voulaient qu’on soit tourné vers eux, qu’on apporte des réponses nouvelles » et « innovantes », a ajouté Martine Aubry.

Un PS divisé sur ce volet du projet

Devant le Conseil national, elle a martelé que « l’égalité réelle, c’est la véritable crédiblité des socialistes aujourd’hui », en réponse aux critiques sur les propositions irréalistes. « Notre voie: forcément à gauche car c’est cela qui portera notre crédibilité ».

Après les autres volets du projet présidentiel pour 2012 (économie, rénovation et international), cette quatrième et dernière Convention a recueilli un nombre conséquent d’abstentions, mettant à mal l’unité tant affichée du parti. « On rentre dans les primaires », commentait-on, pour expliquer cette tension. Mais « 12 abstentions pour Hollande et Moscovici, c’est pas beaucoup! », persiflait un dirigeant.

L’ex-Premier secrétaire François Hollande et ses amis ont décidé l’abstention, estimant que le texte ne prévoyait « aucune hiérarchie » de priorités, « ni calendrier ».

Autre leader critique, le strauss-kahnien Pierre Moscovici a annoncé qu’il s’abstiendrait également. « L’unanimisme sans concertation n’est pas possible », a jugé l’ancien ministre déplorant une « forme d’opacité des lieux d’élaboration ». « Le PS n’a pas à avoir peur des débats, de sa diversité », confiait-il.

Pour Manuel Valls, candidat déclaré aux primaires, « il manque le chiffrage », « la base essentielle », « nous ne pouvons pas tout promettre ».

Et le fabiusien Guillaume Bachelay d’ironiser: « Je veux rassurer nos camarades qui s’alarment d’une gauche qui promettrait tout: le premier danger serait une gauche qui ne changerait rien ».

Après le Conseil national, les militants voteront le 2 décembre. Le texte définitif sera entériné le 11 décembre en convention nationale.

AFP 10/11/10

Voir aussi : Rubrique politique France, Retraite ce que proposent les partis d’opposition, rubrique UE, Les dirigeants de gauche valets des conservateurs, rubrique livre Projets et caprices du pouvoir,

Renforts en Afghanistan: l’Otan met en garde les pays réticents

Le secrétaire général de l’Otan Anders Fogh Rasmussen a lancé mercredi un avertissement aux pays alliés réticents à envoyer des renforts de soldats en Afghanistan dans le sillage des Etats-Unis, en prévenant que Washington pourrait abandonner son approche « multilatérale ».

« Les Américains ont opté pour une approche multilatérale et je crois que les Etats-Unis commenceront à mettre en doute cette approche si les autres alliés ne prennent pas leur part du fardeau » en Afghanistan, a-t-il dit lors d’un débat à Bruxelles.     « Le président (Barack) Obama a annoncé une augmentation significative du nombre de troupes en Afghanistan, dans cette situation il est crucial que les autres alliés suivent », a-t-il déclaré.

« L’équilibre de l’Otan est en jeu, il est important que l’opération en Afghanistan ne soit pas perçue comme une opération américaine pure et simple », a ajouté M. Rasmussen. Donc « j’appelle tous les alliés à augmenter leur contribution en Afghanistan », a dit le secrétaire général. Invité à dire s’il n’était pas déçu par la position du président français Nicolas Sarkozy qui exclut l’envoi de troupes de combat en renfort en Afghanistan mais pas celui de nouveaux formateurs militaires, M. Rasmussen a répondu: « Au contraire je suis encouragé par les commentaires du président Sarkozy ».

La France comme l’Allemagne veulent attendre la conférence de fin janvier sur l’Afghanistan avant de se prononcer sur leur contribution. M. Rasmussen a aussi appelé les Pays-Bas à poursuivre leur engagement. « J’espère que tous les alliés vont prendre en considération (le fait) que c’est une opération de l’Otan, j’ai confiance dans le fait que le gouvernement néerlandais et les autres tiendront compte de cela », a-t-il dit. Les Pays-Bas contribuent à raison d’environ 1.770 hommes à la Force internationale de l’Otan en Afghanistan (Isaf). Ils sont déployés pour la plupart dans la province d’Uruzgan (sud), où les talibans sont très virulents. Les Pays-Bas ont décidé de retirer leurs troupes en 2010 et ils doivent encore décider quelle suite ils donneront aux demandes qui leur sont faites de rester présents.

AFP

Voir aussi : Politique internationale  Obama joue gros en Afghanistan

France : La gauche pour un calendrier de retrait

La France risque d’être prise « dans l’engrenage » (Hollande, PS)

François Hollande (PS) a souligné mercredi le risque pour la France d’être pris « dans l’engrenage » après la décision des Etats-Unis d’envoyer des troupes supplémentaires en Afghanistan en raison de sa présence dans l’organisation militaire de l’Otan. « Pour l’instant, Nicolas Sarkozy dit non, je n’enverrai que des formateurs, mais nous ne sommes pas certains qu’il ne sera pas lui-même, dans le cadre de cette alliance militaire (l’Otan), pris dans l’engrenage », a déclaré l’ex-premier secrétaire du PS sur France 2.

Il a rappelé que c’est « sous l’autorité de Nicolas Sarkozy » que la France y est « entrée » et « donc de plus en plus nous allons être liés aux décisions des Etats-Unis ». Selon le député de Corrèze, « le risque de la mission d’Obama c’est l’escalade : on va envoyer sans cesse plus de troupes pour maintenir un ordre de plus en plus précaire ». « Ce que nous devons faire, selon lui, c’est changer l’orientation de la présence des troupes » en insistant sur « la formation, l’afghanisation, la reconstruction, la lutte contre la corruption et les trafics ».

Le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, a déclaré mercredi qu’un nouvel ajustement du dispositif militaire français en Afghanistan était possible, après l’annonce de renforts américains massifs dans ce pays. La veille, le président Nicolas Sarkozy avait apporté son « plein soutien » à son homologue américain Barack Obama sans annoncer de renforts.

Afghanistan: la France « coincée » par l’engagement dans l’Otan (Chevènement)

Le président du Mouvement républicain et citoyen (MRC) Jean-Pierre Chevènement a estimé mercredi que la France est « coincée » par sa réintégration dans le commandement militaire de l’Otan et devra probablement suivre ses alliés en envoyant des renforts militaires en Afghanistan.

« La France est coincée par la réintégration de l’organisation militaire de l’Otan », décidée par Nicolas Sarkozy, a affirmé l’ancien ministre PS de la Défense sur i-Télé. « A partir du moment où (Barack) Obama met 30.000 hommes de plus, en demande 10.000 aux alliés de l’Otan, où les Allemands malgré leurs réticences vont envoyer des renforts, où les Britanniques ont déjà annoncé qu’ils allaient en envoyer, la France est prise dans le sifflet », a-t-il déclaré.

« Je pense que le gouvernement ne tiendra pas, que le président de la République, vraisemblablement à la Conférence de Londres le 28 janvier, annoncera des renforts », a jugé le sénateur du Territoire-de-Belfort. Selon M. Chevènement, « ces renforts ne régleront rien du tout ». « Ce qui compte c’est la définition des objectifs politiques et le militaire vient après », a-t-il dit.

Renforts en Afghanistan: « fuite en avant » vouée à l’échec, selon le PCF

Le Parti communiste français (PCF) a dénoncé mercredi la décision du président américain Barack Obama d’envoyer 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan, y voyant « une fuite en avant lourde de menaces ».

« Barack Obama vient d’annoncer l’envoi de 30.000 soldats américains supplémentaires en Afghanistan. Consternante pour un prix Nobel de la Paix, cette fuite en avant dans la guerre est lourde de menaces pour les peuples afghan mais aussi américain », écrit le PCF dans un communiqué.

« L’échec de la stratégie de l’OTAN est chaque jour plus criant. Il serait inacceptable que la France choisisse de s’aligner sur l’Administration des Etats-Unis dans cette stratégie belliqueuse en participant de quelque manière à l’envoi de nouvelles troupes. Le Président de la République doit refuser une telle perspective », ajoute le texte, rappelant que le Parti exige le retrait des troupes de l’OTAN d’Afghanistan.

Ayrault demande à Sarkozy une clarification et un calendrier de retrait

Le président du groupe PS à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, a demandé mercredi au président Nicolas Sarkozy de « clarifier sa position » sur l’Afghanistan, « de s’engager dans une stratégie de solution politique et d’annoncer un calendrier de retrait » des troupes françaises.

Invité de Questions d’info/LCP/France Info/AFP, M. Ayrault s’est félicité du « changement de stratégie » du président américain Barack Obama, qui, en annonçant un renforcement des effectifs américains de 30.000 hommes a donné « une date », 2011, pour « l’amorce d’un retrait ». Cela démontre, a dit M. Ayrault que Barack Obama considère qu’il « n’y a pas de solution militaire en Afghanistan. Il y a une solution politique ».

S’agissant de l’engagement de la France, le chef de file des députés socialistes a rappelé sa demande d’un débat à l’Assemblée nationale. « Nous redemandons un changement de stratégie (…) il n’est pas question d’envoyer des militaires supplémentaires », a insisté M. Ayrault en faisant observer que dans ce dossier « la France ne pèse pas dans la décision » et « Nicolas Sarkozy est spectateur et non acteur ».

« La France doit clarifier sa position, s’engager dans une stratégie de solution politique et annoncer un calendrier de retrait », a poursuivi le député-maire de Nantes. « Il faut un calendrier. L’objectif est une sortie par le haut », a-t-il ajouté, en estimant que « l’objectif de date » de Barack Obama était « audacieux ».
Il a jugé que la France en Afghanistan avançait « au fil de l’eau sans peser sur la décision, sans être associée aux orientations nouvelles malgré sa présence dans le commandement intégré de l’Otan ».