Illustration du novlangue politique, juillet 2016. Photo Emmanuel Pierrot
Par Francis Daspe, Secrétaire général de l’Association pour la gauche républicaine et sociale et responsable départemental du Parti de gauche des Pyrénées-Orientales et Céline Piot, Membre de l’Association pour la gauche républicaine et sociale et responsable départemental du Parti de gauche des Landes
Des responsables départementaux du Parti de Gauche, Francis Daspe et Céline Piot, pointent les lourdes dérives sémantiques qui vident les réalités politiques de leur substance.
Dans ses Cahiers de prison, rédigés entre 1926 et 1937, le théoricien politique italien Antonio Gramsci indiquait que la maîtrise du vocabulaire est nécessaire dans le combat pour l’hégémonie culturelle et politique. De plus en plus de mots sont détournés de leur sens originel, falsifiés et usurpés. Ils deviennent l’enjeu de batailles idéologiques. Le combat pour rétablir le sens des mots sera un des enjeux de la présidentielle de 2017.
En ce début de campagne, nous en avons un échantillon significatif. François Fillon veut «redresser la Sécurité sociale» pour mieux la démanteler et la marchandiser. Manuel Valls parle de supprimer l’article 49.3 qu’il a pourtant utilisé plusieurs fois afin de faire passer la loi Travail. Emmanuel Macron veut nous faire croire que, avec ses vieilles idées n’ayant pour seul objectif que la dérégulation, il est un révolutionnaire. Marine Le Pen poursuit son hold-up sur des principes sur lesquels les autres membres de la famille, le père et la nièce, ne cessent de vitupérer. La raison de toutes ces usurpations est le règne de «la grammaire du renoncement». Les techniques «d’envoûtement culturel» se sont développées.
Il existe toute une batterie d’expressions que l’on se repasse : des éléments de langage soigneusement choisis pour faire dire aux mots tout et leur contraire. Les mots finissent donc par ne plus rien signifier. La langue de bois s’est diffusée partout ; on crée des euphémismes («transfert de compétences» pour «abandon de souveraineté»), synonymes de la vacuité du parler contemporain («le pays va mal», «le pays va mieux»), de la vassalité à la novlangue européenne qui engendre des innovations langagières relevant davantage d’un nouveau bourrage de crâne («gouvernance», «rationalité», «compétitivité», «sérieux budgétaire»…).
Les exemples concrets sont légion : charges sociales à la place de cotisations, clients au lieu d’usagers à l’hôpital, privilèges pour acquis sociaux… On stigmatise un prétendu coût du travail alors que le travail produit des richesses, on mise tout sur la croissance alors qu’elle va de pair avec le productivisme, on accole à la laïcité des adjectifs (ouverte, positive, intransigeante etc.) pour mieux la dénaturer, la disqualifier et la déqualifier. Quand on veut faire passer des privatisations de services publics, on emploie les trompeuses expressions de services au public ou de délégations de service public…
Les dérives sémantiques sont nombreuses et lourdes de conséquences dévastatrices : céder sur les mots équivaut à céder sur les choses. Il faut donc refuser toutes les confusions et usurpations du sens des mots qui vident ensuite les réalités politiques de leur substance. Dénoncer ces détournements est nécessaire pour inverser le rapport de force idéologique, et donc politique. Sans quoi Manuel Valls proclamera sans vergogne que la finance est son ennemie, François Fillon indiquera sans sourciller qu’il tient comme à la prunelle de ses yeux au programme du Conseil national de la Résistance, Emmanuel Macron fixera toute honte bue comme horizon la réalisation d’une révolution progressiste, Marine Le Pen se fera avec cynisme le chantre du peuple et de la République !
Voilà en quoi consiste le combat des idées à mener résolument en vue de la reconquête du sens des mots. N’oublions jamais que les mots traduisent des équilibres issus de rapports de force entre le peuple et ceux de la caste, au bénéfice toujours de l’idéologie dominante.
Francis Daspe et Céline Piot sont coauteurs du livre le Vol des mots, le voile des mots, éditions du Croquant, novembre 2016.
Intitulée « ambassadeur russe à Ankara blessé dans une attaque armée », la photographie de Burhan Ozbilici pour /AP/SIPA .
« Pendant que l’ambassadeur faisait un discours, un homme grand, portant un costume, a tiré d’abord en l’air puis a visé l’ambassadeur », a rapporté à l’Agence France-Presse Hasim Kiliç, correspondant du quotidien Hurriyet à Ankara. Selon l’agence de presse turque progouvernementale Anadolu, l’assaillant a été « neutralisé », sans toutefois préciser s’il est mort ou vif.
L’index levé de l’homme debout en arme contraste avec le corps couché de l’homme blessé, dont le visage n’est pas visible. C’est l’autorité du diplomate qui est attaquée. Derrière, les oeuvres d’art du musée semblent dérisoires, comme prisonnières des miroirs du passé. Face à l’oeil du spectateur de la photo, visionneur indirect des faits, l’homme armé pavoise. Il nous met mal à l’aise, car nous assistons impuissants aux instants qui suivent une tentative de meurtre dont nous ne savons pas encore les mobiles.
Une photo en trop ?
On le devine sur cette image : le journaliste a donc continué son travail après que le coup de feu a retenti, ce qui n’est pas sans soulever une question de déontologie : fallait-il diffuser une telle photographie dans la presse avant de donner au lecteur des éléments factuels sur l’assassinat de l’ambassadeur de Russie à Ankara ?
Peut-on dire de cette photographie qu’elle est sensationnaliste, c’est à dire qu’elle a été prise dans le principal but de générer le « buzz » ? On peut défendre que non. Toute image qui choque n’est pas pour autant qu’elle choque un artefact indécent. Il y a des événements où la narration par l’image précède utilement la description par le récit écrit des faits. C’est le cas, il semble, d’une scène où un diplomate est assassiné.
Résonance historique
D’ailleurs, la photographie capturée par Ozbilici n’est pas sans rappeler la lithographie de l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand le 27 juin 1914 en quatrième de couverture du Petit Journal du 12 juillet 1914. Ce jour là, l’archiduc avait prévu pour le lendemain une visite de Sarajevo, capitale de la Bosnie-Herzégovine, avec son épouse Sophie, afin d’inaugurer…un nouveau musée.
Référence immédiate au concret
Le rapport d’une image à ce qu’elle désigne, ce dont elle parle, peut être complété par la dé- signation du doigt, par une démonstration concrète, par un objet présenté. C’est le cas justement lorsqu’il s’agit de montrer une scène de crime pour en alerter le monde entier.
Or, cette référence immédiate au concret est impossible dans l’écrit. L’écrit oblige sans cesse le lecteur à se représenter ce dont on lui parle. Il y a donc une logique propre du texte qui excède sa fonction de trace. Or, quelques secondes après qu’il a été commis, ce meurtre ne pouvait pas encore être verbalisé. La trace de l’image est irremplaçable dans l’écriture du récit de l’événement du 19 décembre.
Sur un second plan d’interprétation de la photographie, l’on peut voir l’index du criminel comme celui du photographe de presse, qui cherche à bousculer notre indifférence face au corps gisant du diplomate russe. Le photographe nous avertit que ce fait qui aura des effets sur l’actualité internationale à venir.
Dans la soirée, nous apprendrons que le meurtrier a été identifié : il se nomme Mert Altintas, et c’est un membre de la police turque anti-émeute.
Clara-Doïna Schmelck*
Clara-Doïna Schmelck*, journaliste, philosophe des médias. Rédactrice en chef adjointe d’Intégrales – aussi à la rédaction de Socialter ; chroniqueuse radio, auteur, intervenante en école de journalisme et de communication (Celsa …).
Pour éviter que les choses n’empirent, nous avons la responsabilité de reprendre les commandes de cette magnifique évolution humaine qu’est la démocratie.
Malgré le choc, l’élection de Trump est pour moi la suite logique d’un monde qui n’a cessé de sombrer dans un cauchemar orwellien et kafkaesque depuis cette terrible journée de septembre 2001. Nous sommes témoins depuis 15 ans de la descente aux enfer de nos démocraties au profit d’une démagogie populiste destinée à effrayer puis rassurer le troupeau de moutons apeurés que nous sommes devenus. La propagande a remplacé l’information pour s’assurer que nous ne sortions pas des rails, de peur de ne plus faire partie du troupeau et mis à l’écart. Les remises en questions des fondamentaux de nos démocraties ne sont plus bienvenues, au contraire, l’esprit critique est lourdement sanctionné quand il remet en question un système démocratique qui, on nous le répète à tue-tête, fonctionne à merveille.
Et ils ont raison nos politiciens, vu de leur côté du miroir, la machine fonctionne bien et à plein régime. Leur grosse entreprise ne connaît pas la crise. Pourtant la mondialisation et la technologie ont permis d’unifier le monde dans un modèle économique qui ne profite qu’à très peu de gens et qui s’enfonce petit à petit dans son propre dogme capitaliste. Nous sommes les témoins passifs sur nos réseaux sociaux et autres plateformes de communication de l’injustice du monde, nous l’acceptons comme des moutons vers l’abattoir, résignés et complices, espérant être égorgés après nos voisins pour profiter un peu plus longtemps de nos écrans plats et de nos divertissements en HD, comme avenir inéluctable.
Les politiciens ne sont au contrôle de rien, et ne sont pas plus savants que vous et moi.
Et pourtant. Pourtant nous sommes en démocratie. Le meilleur système de gouvernance mis au point jusqu’à ce jour. Un système basé sur l’humain et sur son sens critique. En France, nous sommes apparemment maîtres de nos destins puisque nous pouvons aller voter pour élire des hommes et femmes qui ont le courage de prendre la responsabilité de nous gouverner, grâce à des idées, des programmes pour trouver des solutions à nos problèmes. C’est du moins comme cela qu’ils nous l’annoncent, campagne politique après campagne politique. Nos dirigeants restent persuadés qu’ils savent, nous n’avons qu’a voter pour eux…
De toute façon nous n’avons pas le choix…
Heureusement, nous sommes de plus en plus conscients, nous peuples du monde, que les politiciens ne sont au contrôle de rien, et qu’ils ne sont pas plus savants que vous et moi, et parfois moins, ce qui rend soudain le choix démocratique plus difficile qu’on ne l’aimerait. Nous votons plus souvent CONTRE, que POUR et cela n’est pas sain pour notre république.
Les politiciens font de la politique comme certains font des baguettes (ou des pains au chocolats à 10 centimes).
Nos politiciens veulent bien faire, ils ont chacun un avis sur la situation et une proposition à faire, certaines sont meilleures que d’autres et leur volonté n’est pas (pour la plupart) à remettre en question. Malgré tout je voudrais livrer le fond de ma pensée en affirmant haut et fort qu’ils sont tous corrompus. Cette phrase populiste et généraliste je l’affirme sans remords, car nous avons les preuves au quotidien, que le système politique dans lequel ils nagent est une eau trouble qui les corrompt petit a petit comme la rouille d’un morceau de metal au fond d’un étang. Les politiciens n’ont pas de vision car ils n’ont pas les mains libres et ne comprennent pas la situation, ils l’exploitent. Ils le savent qu’il n’y a pas de solutions a l’intérieur de leur paradigme, ils en sont complice, ils en vivent, c’est leur métier. Ils font de la politique comme certains font des baguettes (ou des pains au chocolats à 10 centimes). Il faut vendre son pain. Il faut faire croire au miracle pour justifier son existence. Nos politiciens ne savent pas de quoi ils parlent. Et pourtant nous les laissons parler… Car nous leurs avons donné nos voix.
Il est temps de reprendre nos voix. Pour cela nous devons rétablir dans la constitution française le vote dit: blanc.
Un vote sans nom, qui représente une idée, plutôt qu’une personne. Aujourd’hui, pour calmer les foules, le vote blanc est reconnu depuis 2014, mais pas comptabilisé, donc considéré comme nul. Le vote blanc a pourtant fait partie de la constitution dès ses premières réformes pour assurer une démocratie totale, puis retiré ensuite car trop dérangeant pour maintenir une oligarchie politique en circuit fermé, comme c’est le cas aujourd’hui.
Sans le vote blanc nous ne sommes qu’un ersatz de démocratie. Sans le vote blanc, vous n’avez pas le choix complet, celui de participer à la vie démocratique en votant contre L’ENSEMBLE du système politique. Nous devons réécrire les règles qui cadrent la politique nationale. Pour cela il est impératif de passer en 6e République.
Si nous prenons nos responsabilités, de citoyens, cette « utopie » peut devenir réalité.
Le passage de la 5eme a la 6eme république fait partie des options offertes par la constitution française. Pour cela il faut que le peuple ou/et les dirigeants demandent la mise en place d’une CONSTITUANTE, c’est a dire un espace de réflexion sur notre pays, un espace dont nous sommes tous invités à participer. Cette CONSTITUANTE va permettre au pays de prendre de grandes décisions sur son avenir. Durant ces mois de discussions et d’échange nous allons voter. Pas pour des gens, mais pour des idées. Nous allons confronter nos avis sur les sujets les plus importants de notre société, la liberté, la finance, la peine de mort, l’aide sociale, la santé, le travail, et bien sur la politique, parmi les centaines de sujets dont nous allons débattre.
Alors comment officialiser le vote blanc pour la prochaine élection présidentielle ?
La solution vient du peuple. De nous. Et si nous prenons nos responsabilités, de citoyens, cette « utopie » peut devenir réalité. Il suffit d’utiliser les armes démocratiques à notre avantage. Nous devons créer un parti politique populaire dont le seul but est la mise en place d’une constituante.
Pour se présenter aux élections, le candidat d’un parti a besoin de 500 signatures de maires. Ces signatures peuvent être difficiles à obtenir pour des petits candidats qui n’attirent pas l’attention ou au contraire l’attirent trop. Mais je suis certain que si nous décidions ensemble de créer ce parti éphémère apolitique et de présenter un candidat lambda, nous trouverons nos 500 signatures en quelques heures. Il suffit pour cela que dans chaque ville et village de France, un de nous aille demander aux plus des 36.000 maires, s’ils se sentent à l’aise dans cet impitoyable monde politique. Nous aurons nos signatures dans l’heure. Pas besoin d’un budget ou d’un bureau central, nous pouvons tout organiser sur les réseaux sociaux. Avec nos signatures, nous pouvons présenter un candidat « démissionnaire » qui offrira enfin à tous les absentéistes et les déçus (j’en suis) la possibilité de pouvoir exprimer enfin leur voix sans savoir à l’avance que c’est peine perdu.
Rêvons ensemble, juste un instant:
Le parti du VOTE BLANC présente un citoyen lambda comme candidat aux élections présidentielles en 2017, cette personne garantit sous serment qu’elle démissionne de son poste le jour de l’élection. Elle n’est qu’une incarnation (au sens légal du terme) pour permettre au VOTE BLANC d’avoir sa légitimité dans les urnes. Le programme du parti du VOTE BLANC se résume à une liste exhaustive des sujets à traiter par la Constituante qui sera mise en place. La constituante est composée de législateurs et d’avocats qui n’ont d’autre mission que de constater les préoccupations des Français et les mettre en forme pour ensuite permettre aux Français de voter pour affirmer ou infirmer une proposition. Durant cette période de 9 mois, un an, ou 18 mois, nous, Français, nous allons être appelés à voter pour répondre à des dizaines de questions essentielles que nous nous posons à nous même. De ces résultats, la constituante pourra adapter la constitution, pour finalement la faire passer en 6eme. Un peuple a pris son destin en main.
Il est urgent de prendre nos responsabilités, non pas pour créer une révolution, mais justement pour l’éviter.
Fin du rêve, retour à la réalité.
Et la réalité est brutale car rien ne semble indiquer qu’elle s’embellisse dans le futur. Nous pouvons sentir l’orage gronder, et la violence, qu’elle soit révolutionnaire, ou bien d’Etat, semble inéluctable. Pour empêcher le pire il faut changer le monde, rien de moins que ça. Sommes-nous des citoyens assez courageux pour prendre notre avenir en main ? Ou sommes-nous juste des consommateurs obéissants ?
Il est urgent de prendre nos responsabilités, non pas pour créer une révolution, mais justement pour l’éviter.
Le parti du vote blanc n’a pas pour but de prendre la place des politiques, il a pour objectif d’amener les citoyens aux urnes, de leur redonner l’envie de participer à la vie démocratique pour éviter les extrêmes, qu’importe pour qui ils votent, que ce soit pour Sarkozy, Trucmuche, ou le Parti du Vote Blanc, ce n’est pas la question, du moment que les citoyens votent.
49% d’abstention ça donne un fou dangereux à la Maison Blanche. En France nous ne sommes pas loin de ce genre de chiffre… et de ce genre de candidat(e).
Pour éviter que les choses n’empirent, nous avons la responsabilité de reprendre les commandes de cette magnifique évolution humaine qu’est la démocratie, pour lui redonner sa vraie signification.
Pas la peine de chercher très loin d’ailleurs car la démocratie, se résume en trois mots.
Pour Olivier Roy, auteur du « Djihad et la mort », la filiation première du djihadisme contemporain n’est pas l’islam mais une « radicalité » qui s’apparente surtout au terrorisme européen des années 1970 et 1980.
événement est rare mais il arrive qu’une opinion minoritaire, exprimée avec compétence, probité et clarté, fasse basculer le point de vue jusque-là dominant. Les plus âgés se souviennent encore de ce mythique numéro d' »Apostrophes » du 27 mai 1983. A l’époque, une bonne partie des intellectuels français – Philippe Sollers et Roland Barthes en tête – font encore les yeux doux au maoïsme et à la Révolution culturelle. Laquelle fit plusieurs millions de morts. Ce jour-là, Bernard Pivot reçoit, entre autres, « la » figure du maoïsme à la française : la sociologue Maria Antonietta Macciocchi. En face d’elle, Pivot a placé un jeune chercheur belge, Pierre Ryckmans, qui a publié, douze ans auparavant, sous le pseudonyme de Simon Leys, « les Habits neufs du président Mao », un livre dénigré par les spécialistes de l’époque (un « ramassis de ragots »), notamment les animateurs de la revue « Tel Quel ». Or, en quelques minutes, d’une voix très douce, voilà que le jeune Belge décortique l’ignorance abyssale, et la bêtise, des conjectures pieuses alignées par « la » Macciocchi. L’effet d’anéantissement est immédiat. Non seulement on n’entendra plus jamais parler de la dame, mais plus personne n’osera mythifier la « révolcul » chinoise. Quant à la revue « Tel Quel », elle fera amende honorable.
En lisant le dernier livre d’Olivier Roy, « le Djihad et la mort » (Seuil, 2016), on peut se demander si – toutes proportions gardées – la même mise à jour n’est pas en train de se produire au sujet du terrorisme et de l’islam. C’est bien, cette fois encore, un point de vue dominant (surtout à droite) qui se voit dépiauté et contredit. A peine le livre est-il sorti qu’on a d’ailleurs vu naître des reproches analogues à ceux réservés à Simon Leys voici quelques décennies. Il est vrai que l’auteur ne manque pas d’audaces « incorrectes ». Pour Olivier Roy, il ne s’agit pourtant pas d’exonérer l’islam de sa responsabilité, loin s’en faut, mais à condition de ne pas se tromper. A ses yeux, la filiation première du djihadisme contemporain n’est pas l’islam mais une « radicalité » qui s’apparente surtout au terrorisme européen des années 1970 et 1980 : en Allemagne, la Fraction Armée rouge ; en France, Action directe ; en Italie, les Brigades rouges ; au Japon, le Nihon Sekigun (Armée rouge). Plusieurs centaines de victimes au total. Pour les terroristes d’aujourd’hui, dont la culture musulmane est proche de zéro, le recours à un islam fantasmatique est un « habillement », comme le fut jadis le recours à une vulgate marxiste. Depuis l’effondrement du communisme, du maoïsme et du socialisme arabe, écrit l’auteur, « les nouveaux rebelles en quête d’une cause n’ont plus qu’ Al-Qaida et Daech sur le marché ». Au passage, Roy pointe quelques poncifs produits par notre seule ignorance. On impute par exemple au salafisme les attentats-suicides alors même que les salafistes condamnent sans nuance cette « offense au Tout-Puissant ».
On objectera qu’il suffit malgré tout de compulser les sourates du Coran ou les hadiths du Prophète pour trouver des appels au meurtre et à la guerre. C’est ce que font méticuleusement, chez nous, des pourfendeurs de l’islam comme Michel Onfray, Jacques Julliard, Caroline Fourest ou, de manière plus rustique, Manuel Valls. A cela, l’auteur répond qu’il est toujours vain de « chercher à définir une orthodoxie musulmane dont les djihadistes représenteraient soit la quintessence, soit la perversion. […] C’est la pratique des croyants qui décide. La question n’est pas : “Que dit vraiment le Coran ?”, mais : “Que disent les musulmans sur ce que dit le Coran ?” »
A fouiller les textes saints dans leur « littéralité », on peut trouver des appels au meurtre dans le Premier Testament juif, dans les livres sacrés de l’hindouisme ou les professions de foi des catholiques intégristes. Quant à la défense d’une « laïcité française » qui serait menacée, Olivier Roy, d’origine protestante, en approuve le principe. Hélas, par le biais d’une dénonciation de l’islam, on en est venus à caricaturer ladite laïcité. Selon l’article 1 de la loi de 1905, elle est censée garantir le « libre exercice des cultes ». Or, aujourd’hui, n’importe quel signe religieux, qu’il soit juif, chrétien ou musulman, devrait être expulsé de l’espace public et cantonné à l’espace privé. Autre défaillance du langage : il est absurde de parler d’une religion « modérée ». La foi religieuse est toujours un absolu, c’est sa pratique qui doit être « modérée ». Au final, nos sociétés ne comprennent plus le religieux, voilà le vrai problème pointé par Olivier Roy.
Beaucoup de voix critiquent Facebook, accusé d’avoir fait monter Trump. C’est méconnaître ce qui se joue vraiment dans une élection et c’est une façon facile de ne pas voir en face la réalité du vote Trump.
Pour les critiques, cette sélection des contenus selon des critères hyper-personnalisés finit par créer des « bulles filtrantes » (filter bubbles) : des univers où les utilisateurs ne sont exposés qu’à des contenus qui reflètent ce qu’ils aiment et pensent déjà.
A travers les réseaux sociaux, « nous recevons des informations de personnes qui nous ressemblent et qui ont des centres d’intérêt proches des nôtres », dit le chercheur et activiste Ethan Zuckerman.
Au lendemain de l’élection de Donald Trump, plusieurs médias américains font le procès de Facebook et de son algorithme comme l’un des rouages de leur aveuglement. « Comment Facebook a aidé Donald Trump à devenir président », titre Forbes. Plus direct, Select All, un site du New York Mag, y va cash : « Donald Trump a gagné à cause de Facebook. »
La thèse est séduisante et rassurante au lendemain de la victoire. Mais si les critiques ne sont pas dénuées de fondement, il est faux, et hypocrite, de dire que Facebook a fait élire Trump.
D’abord parce que l’idée surestime le rôle des médias dans les votes. Ensuite parce qu’elle refuse de voir les vraies raisons du vote Trump. Et enfin parce qu’elle blâme Facebook pour tout un système – dont les sites qui accusent maintenant la plateforme font partie.
« Chambres d’écho »
Commençons par rappeler les critiques adressées à Facebook, qui est devenu une source d’informations majeures :
« [Facebook] centralise la consommation d’informations en ligne », écrivait John Herrman dans le New York Times. Parmi les 67% d’adultes américains disant utiliser Facebook, 44% expliquent l’utiliser comme source d’information, avançait une récente étude du Pew Research Center. Pour le journaliste, une grande partie des discussions politiques aux Etats-Unis se déroulent aujourd’hui sur Facebook.
Les critiques se concentrent d’abord sur le fil d’actualité (« newsfeed »), la fonctionnalité centrale de Facebook, qui permet de voir ce que ses amis partagent. Ce fil est personnalisé par un algorithme – et c’est le cœur du problème.
L’algorithme sélectionne explicitement les statuts, les articles ou les photos que ses utilisateurs sont plus susceptibles d’aimer et de commenter, en fonction de ce sur quoi ils ont déjà cliqué, liké, etc. Facebook cherche explicitement à provoquer ce qu’ils appellent l’engagement, car c’est un moyen de retenir plus longtemps les gens sur leur plateforme.
Les filtres des algorithmes écartent les contenus dissonnants et les mondes numériques des plateformes se peuplent alors de voix similaires, devenant des « chambres d’écho » qui déforment nos perceptions, en nous donnant l’impression fallacieuse que le monde pense comme nous.
Un journaliste britannique décrivait ainsi cette bulle filtrante : « Plus de 58 millions de personnes ont voté pour Trump. Je n’en connais aucune. »
Dans une appli, le Wall Street Journal avait montré ce que peuvent donner ces chambres d’écho en reproduisant côte à côte un fil conservateur (les articles proviennent de sources classées comme telles) et un autre plus à gauche. Voilà par exemple ce que deux utilisateurs différents pouvaient voir de Donald Trump ce vendredi matin :
Danger pour la démocratie
Certains, comme le militant de l’Internet Eli Pariser, ont pointé il y a déjà plusieurs années les dangers de ces dynamiques pour la démocratie :
« En fin de compte, la démocratie ne fonctionne que si les citoyens sont capables de penser au-delà de leurs propres intérêts. Mais pour le faire, nous avons besoin d’une vision commune du monde. Nous avons besoin d’entrer en contact avec la vie d’autres personnes, leurs besoins et désirs. La bulle filtrante nous pousse dans une direction opposée – elle crée l’impression que nos intérêts personnels sont tout ce qui existe.
Alors que si c’est une bonne chose pour faire consommer les gens, ce n’est en pas une pour faire en sorte que les gens prennent des décisions ensemble. »
C’est cette critique ancienne qui ressurgit aujourd’hui.
La fracture constatée au lendemain de l’élection et le désarroi des gens qui croyaient dur comme fer que Clinton serait élue s’expliquerait en partie par ces chambres d’écho. Pour Science of Us, c’est ce qui explique pourquoi le trumpisme a prospéré et pourquoi tant de personnes en ont été isolées.
Facebook polarise les contenus
Une autre critique récurrente concerne la polarisation des contenus. En favorisant les contenus populaires et largement partagés, Facebook encourage la création de contenus chocs, aux titres forts susceptibles d’être partagés dans l’économie de la viralité.
Comme les journaux sont de plus en plus dépendants de Facebook pour faire lire leurs contenus et toucher leur audience, ils se trouvent également poussés à produire des articles « clickbait », sensationnalistes et outranciers dans l’espoir de faire cliquer. Pour Vox, c’est ce qui explique que les élections américaines de 2016 ont pris un « ton si apocalyptique ».
Et au jeu de la phrase choc et de la production de contenus viraux, Trump est le candidat idéal. C’est aussi en ce sens que Facebook aurait favorisé Trump : parce que la plateforme, par essence, favorise les petits contenus clivants et partagés.
Pendant cette élection, cette dynamique a, souligne Science of Us, encouragé la création de de pages idéologiquement très marquées ou de tout petits sites à l’audience inversement proportionnelle grâce à des contenus viraux.
Ceux-ci sont une affaire lucrative : Buzzfeed a ainsi révélé qu’une poignée de Macédoniens avaient créé et géré une centaine de sites pro-Trump. Pas parce qu’ils appréciaient le candidat, mais pour les revenus publicitaires générés par leurs contenus. « Ils publient presque tous des contenus agressifs pro-Trump destinés aux conservateurs et partisans de Trump aux Etats-Unis », explique le journal. « L’enquête de BuzzFeed News a également établi que les articles qui fonctionnaient le mieux sur ces sites étaient presque tous faux ou trompeurs. »
Et ne peut pas lutter contre les fausses infos
Autre critique soulevée : l’incapacité de Facebook à contrer les hoax et les informations fausses. Facebook ne distingue pas dans le fil des utilisateurs ces infos erronées ou bidons, qui génèrent de l’audience.
« Si quelqu’un partage un article d’un politicien qui rentre dans votre conception du monde, mais que ce contenu est complètement faux, vous le verrez dans votre fil d’actualité », résume Business Insider. Les fact-checkeurs n’arrivent pas à se faire entendre. Une histoire fausse mais frappante risque de générer plus d’engagement qu’un article sérieux démontant ces infos fausses.
Sur cette place trop grande laissée aux infos fausses ou complètement bidons, Facebook répondait à Vox utiliser plusieurs signaux pour détecter ces contenus et réduire leur portée.
« Malgré ces efforts nous comprenons qu’il y a beaucoup de choses que nous devons faire et qu’il est important de continuer à améliorer notre capacité à détecter la désinformation. »
« Nous sommes une plateforme »
De son côté, Facebook se justifie avec une ligne de défense qui ne change pas : nous sommes une plateforme qui distribue des contenus et pas un média. C’est ce qu’a répondu en août son PDG Mark Zuckerberg :
« Quand vous imaginez un média, vous pensez à des gens qui produisent des contenus, qui les éditent – ça ce n’est pas ce que nous faisons. Notre raison d’être, c’est de vous donner des outils pour sélectionner et choisir, pour avoir l’expérience utilisateur de votre choix et vous connecter aux gens, aux institutions, aux entreprises et aux institutions de votre choix. »
Les critères de Facebook, détaillés sur son blog, sont fort clairs :
« Facebook est fondé sur l’idée de connecter les gens avec leurs amis et leurs familles. C’est toujours le principe directeur du fil d’actualités aujourd’hui. »
Les détracteurs de Facebook estiment qu’aujourd’hui, au vu du rôle que joue la plateforme, cet argument est trop limité. Facebook, disent-ils, doit prendre ses responsabilités politiques.
Mauvaise foi
Une fois n’est pas coutume, on va prendre (un peu) la défense de Facebook dans ce débat. Est-ce que Facebook est biaisé ? Bien sûr. Est-ce un problème qu’un algorithme protégé par le secret commercial détermine dans des conditions relativement opaques ce que vous voyez ? Oui.
Mais Facebook – et Dieu sait qu’on est méfiant ici à son sujet – ne peut certainement pas être responsable à lui tout seul du système qu’il incarne, ni des maux structurels de la démocratie représentative américaine, encore moins de ses fractures. Démonstration.
Blâmer Facebook c’est se dédouaner facilement au nom d’un passé informationnel mythique.
« Facebook vous montre des commentaires, des statuts et des infos qui vous procurent un influx constant de shoots de dopamine. Facebook place en haut de votre fil des histoires avec lesquelles vous êtes entièrement d’accord, plutôt que des histoires et des commentaires qui vont à l’encontre de vos préjugés et de votre façon de voir le monde. »
C’est un peu facile. Est-ce qu’avant les bulles filtrantes on était réellement ces citoyens modèles des Lumières, nourris d’une information diverse et de qualité, qu’on lisait avec intérêt et qui nous permettait de nous former des jugements éclairés en matière de politique ?
Probablement pas. Les gens avaient plein de moyens d’éviter les histoires allant à l’encontre de leurs préjugés, à commencer par décider d’acheter L’Huma ou le Figaro.
Facebook et son algorithme sont-ils vraiment responsables si les libéraux (au sens américain) n’ont pas compris qu’une large partie du pays ne pensait pas comme eux ?
La déconnexion entre les élites urbaines et les zones rurales ne date pas des réseaux sociaux. Le fait de vivre entre soi a été identifiée depuis longtemps par la sociologie et porte un nom : « l’homophilie », la tendance à aimer ceux et celles qui nous ressemblent.
Quant à blâmer Facebook parce qu’on y trouve de faux comptes et que les fausses news s’y propagent facilement… c’est un peu comme blâmer l’imprimerie parce qu’elle a permis d’imprimer « Les Protocoles des Sages de Sion ».
Les raisons structurelles du vote Trump
Oui on exagère un peu. Mais il y a quelque chose de troublant dans ce retournement unanime contre Facebook. L’élection de Trump est un séisme, comme le répète toujours en une le New York Times. Se tourner vers Facebook n’est-il pas aussi une façon d’éviter de voir la réalité en face ?
Trump n’est ni une pure création médiatique ni un fou, pour lesquels n’auraient voté que des consommateurs de médias abrutis par une fréquentation trop courante de Facebook.
Comme nous le rappelions mercredi dans un papier d’analyse, le vote Trump s’explique par des dynamiques anciennes. Parmi lesquelles :
montée de la colère des régions dévastées par la chute de l’industrie ;
mutation du parti républicain qui a favorisé l’émergence de candidats clivants ;
« guerres culturelles » qui opposent depuis au moins la période des droits civiques les tenants d’une Amérique multiculturelle en mutation aux partisans de « la terre et du sang », comme disait l’éditorialiste du New York Times Paul Krugman ;
rejet des élites symbolisées par Clinton ;
désir de changement quelles qu’en soient les conséquences…
Blâmer Facebook est une façon commode de refuser de voir ce qu’ont tenté d’exprimer les électeurs de Trump.
Les médias n’influencent le vote qu’à la marge
L’autre grand point faible de l’argumentation, c’est l’idée, qui sous-tend ces critiques, que les médias influencent beaucoup les résultats du vote. D’où les inquiétudes sur les chambres d’écho, les contenus qui feraient voter Trump etc. Or
« La perspective dominante dans la communauté universitaire a longtemps été que les médias avaient des effets limités sur les électeurs »
écrit [PDF] le chercheur Christophe Piar, spécialiste de l »interaction entre médias et politique.
Les travaux en sociologie tendent à montrer que beaucoup d’autres facteurs jouent sur les choix électoraux, bien avant les médias consommés.
Ainsi, rappelait en 2012 la professeure de science politique Brigitte Le Grignou dans Télérama, une étude menée pendant la campagne présidentielle américaine de 1940, qui fait toujours référence, avait montré que la majorité des électeurs (60%) savaient pour qui ils allaient voter avant la campagne. 20% se déterminaient au moment des primaires et il ne restait donc que 20% à convaincre pendant la campagne proprement dite. Et ces candidats dont le vote reste ouvert pendant la campagne, après les primaires, étaient aussi ceux qu’elle intéressait le moins.
Les sociologues auteurs de l’étude, avaient conclu que les électeurs étaient surtout déterminés par leur statut social, leur religion et leur lieu de résidence.
Plus près de nous, en 2007, deux chercheurs américains ont étudié l’effet de Fox News sur le vote républicain. Comme Fox News n’est pas arrivée en même temps dans toutes les villes, les chercheurs ont pu comparer le vote républicain des téléspectateurs qui avaient accès à Fox News et celui de ceux qui ne pouvaient pas regarder la chaîne. Cette étude a montré que le fait d’avoir ou non accès à Fox n’avait qu’un impact statistiquement insignifiant, dans l’augmentation de la part des votes républicain.
A ce résultat, il y avait deux explications possibles : le biais de confirmation (on aborde une information avec ses opinions préconçues et on la « filtre » à cette aune) ou le regard critique des gens, qui sont capables de recevoir l’information de Fox comme biaisée.
D’autres travaux de socio soulignent aussi le poids de facteurs plus influents que les médias, comme l’importance de l’entourage, des parents, amis, collègues etc, qui exercent aussi une pression des pairs.
Et ce n’est pas nouveau : pour ne prendre qu’un exemple, des chercheurs ont constaté que l’effet de la propagande antisémite nazie diffusée à la radio dépendait très largement des prédispositions des auditeurs :
« La radio nazie était la plus efficace dans les endroits où l’antisémitisme était traditionnellement important, mais elle avait des effets négatifs là où l’antisémitisme était traditionnellement faible. »
Bref, les médias influencent certains électeurs, à la marge, et en combinaison avec d’autres facteurs qui pèsent bien plus lourd qu’eux.
La faute à tout un écosystème
Ça ne veut pas dire pour autant que les médias n’influencent pas la politique. Ils ont des effets très nets [PDF] sur la façon dont elle est présentée : croissance des petites phrases, des thèmes chocs, création de « l’agenda médiatique » qui détermine des thèmes favoris de la campagne…
Indéniablement, Facebook fait partie du problème. Mais le problème est celui de tout un système, pas seulement d’une plateforme. Facebook, c’est l’arbre qui cache la forêt.
Ce qu’on reproche à Facebook, c’est le produit d’évolutions politiques d’une part et de tout un écosystème médiatique d’autre part.
C’est ce qu’explique Fred Turner, professeur à Stanford et grand historien des origines d’Internet, invité mardi à une conférence à Sciences-Po.
Trump est d’une part le produit de la montée de l’autoritarisme personnel : une forme de pouvoir fondée sur une personnalité, comme celle de Trump, où la capacité à émouvoir compte plus que les faits avancés.
D’autre part, il y a effectivement un écosystème médiatique qui lui correspond et le renforce – mais dont Facebook n’est qu’un rouage.
« Quand une nouvelle technologie apparaît, elle remplace rarement les anciennes. Les technologies ont tendance à se superposer. »
Il faut y ajouter Twitter, Fox News, les chaînes d’info, les sites pressurés par la baisse des audiences, la publicité, l’économie de l’attention…
C’est l’ensemble, dit Turner, qui est devenu insoutenable :
« L’individualisme aujourd’hui est un problème. Nous ne pouvons plus poursuivre l’expression individuelle comme but politique. Nous ne pouvons plus compter sur des systèmes qui mettent en avant l’expression individuelle pour changer la société. »
Devant le parterre d’étudiants de Sciences-Po, le prof de Stanford, venu de Californie, s’avouait à court de solutions miracles. « Nous avons besoin d’institutions publiques. La politique est difficile, souvent ennuyeuse. Mais l’alternative, c’est le monde de Donald Trump et Facebook. »
C’était quelques heures avant le résultat des élections.