Réforme du lycée : pas ça ! pour la FSU

Masqué derrière un discours rassurant sur le maintien des dotations horaires et la mise en place d’un accompagnement plus personnalisé des lycéens, le ministre Luc Chatel fait le choix idéologique d’une transformation radicale de l’organisation du lycée général et technologique et des enseignements en voulant confier la gestion de plus du tiers des horaires aux établissements.

Refusant de faire des choix pédagogiques qui nécessiteraient un investissement de la Nation dans son École, paralysé par la mise en œuvre du dogme de la réduction de l’emploi public et des cadeaux fiscaux aux plus riches, s’appuyant sur les recommandations les plus libérales de l’OCDE, le ministre tente d’imposer l’autonomie des établissements comme solution miracle aux difficultés actuelles du lycée.

Depuis plus d’un an, les personnels ne cessent de marteler leur demande prioritaire d’amélioration des conditions de travail et d’étude, le ministre leur répond : « faites mieux avec moins d’heures et avec toujours plus d’élèves par classe ».

Depuis plus d’an, les personnels ne cessent de revendiquer un cadrage national des enseignements et des conditions de travail, le ministre leur répond : « débrouillez-vous entre vous pour arbitrer la répartition des heures en groupe et de dédoublements ».

Depuis plus d’an, les personnels réclament un vaste débat sur les contenus et les finalités du lycée, le ministre leur répond : « faites 54 heures d’exploration avec vos élèves de seconde ».

De fait, à l’issue d’un simulacre de discussions, le ministre confirme les trois axes de son projet : autonomie, réduction des horaires disciplinaires, fusion partielle des séries générales dans un tronc commun ignorant par ailleurs superbement des pans entiers de la culture et ne résolvant pas la question essentielle des effectifs par classe.

Le SNES-FSU et le SNEP-FSU considèrent que ce projet ne saurait répondre aux difficultés des élèves et à la demande de démocratisation du lycée, appellent l’ensemble des personnels à refuser ce projet et à exiger une autre réforme ambitieuse pour les jeunes et pour les professions de l’éducation.

La grève du 24 novembre est l’occasion de signifier massivement au gouvernement le rejet de sa politique éducative qui se traduit sur le terrain par des dégradations continuelles des conditions de travail, l’absence de revalorisation de l’ensemble de nos professions et des réformes imposées contre l’intérêt des personnels et des jeunes.

Source : Communiqué : SNES et SNEP de la FSU Paris,

Enfance: des progrès, mais encore des problèmes graves (pdt Unicef France)

Les droits de l’enfant ont connu « des progrès » en France depuis cinq ans, mais de nombreux problèmes subsistent, notamment « un vrai malaise des adolescents » lié à la faiblesse du système de médecine scolaire, a estimé jeudi Jacques Hintzy, président de l’Unicef pour la France.

A la veille du 20ème anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant, le président pour la France du Fonds des Nations unies pour l’Enfance a déclaré sur France Info que « depuis cinq ans, des progrès ont été faits en France ». Il a évoqué des progrès « sur l’âge légal du mariage des filles -ce qui permet d’éviter des mariages précoces-, sur la possibilité pour l’enfant d’être entendu en justice avec la loi de 2005, sur l’accueil élargi des enfants handicapés à l’école depuis 2005 et désormais sur l’application directe de la convention des droits des enfants par les tribunaux ». Mais, a-t-il souligné, la maltraitance constitue « vraiment un problème grave » en Europe: dans l’ensemble des pays européens, environ un enfant sur vingt-cinq est victime de maltraitances physiques et un sur dix de maltraitances psychiques.

En France, « il y a aussi d’autres problèmes qui nous interpellent », a expliqué M. Hintzy, mentionnant 150.000 enfants sortant du système solaire en échec ou 40.000 enfants quasiment livrés à eux-mêmes, dont pratiquement 4.000 à 5.000 mineurs étrangers isolés.
Il a pointé « un vrai malaise des adolescents dû à une faiblesse du système de médecine et de médecine scolaire: il y a par exemple simplement un médecin pour 8.000 à 12.000 enfants au niveau scolaire ». Le président de l’Unicef pour la France a également fait état d' »une chute de 10% depuis 1999 de la possibilité pour certains enfants de partir en vacances, preuve de précarité » et jugé « inadmissible » qu’un à deux millions d’enfants vivent dans la pauvreté.

Avant l’été, le comité des droits des Nations unies a jugé nécessaire pour la France « une vraie politique globale de l’enfance et un plan d’action, plus de coordination, d’homogénéité territoriale », a rappelé M. Hintzy. Dans ce contexte, la disparition du Défenseur des enfants « nous inquiète parce que ce poste était véritablement le gardien de l’application des droits de l’enfant » et que « pratiquement 80% des Français le jugent utile », a-t-il dit.

AFP*

Voir aussi : Rubrique société statistiques de la délinquance dans l’Hérault, les esclaves du capitalisme Education nouvelle plainte des parents contre le fichier base élève, Justice : étude  la hausse de la délinquance des mineurs ne se confirme pa

L’université et la recherche en colère

éditions du Croquant, 368p, 22 euros

« Depuis combien de temps n’avons-nous pas un débat sur quelle était la politique scientifique de la France ? C’est quand même un sujet ! » Ainsi que l’a lui-même réclamé le 22 janvier 2009 Nicolas Sarkozy dans son discours « À l’occasion du lancement de la réflexion pour une stratégie nationale de recherche et d’innovation », le débat a eu lieu. En partie suscité par ce même discours au style inimitable, il s’est tenu dans les universités, dans les laboratoires de recherche et dans la rue. Il a été conduit par des enseignants-chercheurs, des chercheurs, des personnels administratifs et techniques, par des étudiants et par des concitoyens durant des mois. Parallèlement à d’autres mouvements sociaux inédits comme la lutte contre la réforme de l’hôpital public, ses acteurs ont eu le sentiment de mener seuls ce débat. Ils se sont heurtés à un gouvernement non seulement sourd à toutes les formes de protestation, mais avant tout soucieux de priver de toute crédibilité ce mouvement de grève et de contestation unique, dans l’histoire de l’université française, par son ampleur et sa longueur. Certes, les « réformes » mises en œuvre progressivement ne datent pas d’hier, mais ce gouvernement a plus à cœur que d’autres d’accélérer le processus de marchandisation du service public, n’hésitant pas au besoin à user de mensonges flagrants, complaisamment relayés par les médias. Le but de ce livre est de rétablir quelques vérités et de permettre à des acteurs du mouvement de s’exprimer : qu’est-ce que l’université et plus généralement le monde de la recherche aujourd’hui ? Quelles sont ces « réformes » qu’on veut leur imposer et pourquoi s’y opposent-ils avec tant d’énergie ?

Claire-Akiko Brisset est maître de conférences à l’université Paris Diderot-Paris 7. Spécialiste de l’histoire de la culture visuelle japonaise classique et moderne et d’histoire de la littérature japonaise classique, elle a récemment publié À la croisée du texte et de l’image : paysages cryptiques et poèmes cachés (ashide) dans le Japon classique et médiéval, Paris, Collège de France, 2009.

Table des matières

La « guerre de l’intelligence » m’a tuer, Claire-Akiko Brisset

L’autonomie des universités veut dire la mise au pas des universitaires, Marcel Gauchet

Réformes de l’enseignement supérieur et de la recherche? : une contre-révolution, Michel Saint-Jean et Isabelle This Saint-Jean

Pour une vraie réforme de notre système d’enseignement supérieur et de recherche, Alain Trautmann, Georges Debrégeas et Didier Chatenay

« Oui chef, bien chef », Christian de Montlibert

L’institution universitaire face à l’économie de la connaissance, Geneviève Azam

Pour comprendre les « réformes » de l’Université et y résister, changeons d’échelle? ! La stratégie de Lisbonne et les mobilisations européennes contre le « marché de la connaissance », Isabelle Bruno

Un commentaire de texte du discours de Nicolas Sarkozy? : « À l’occasion du lancement de la réflexion pour une stratégie nationale de recherche et d’innovation » (22 janvier 2009), Antoine Destemberg

L’université aux prises avec l’idéologie de la performance, Sylvain Piron

Les fainéants et les mauvais chercheurs, au travail? ! Pierre Jourde

Modulation de service? : un décret au service d’une décrépitude annoncée, Olivier Ertzscheid

Réforme du statut des enseignants-chercheurs? : une période de glaciation intellectuelle commence, Christophe Mileschi

La « réforme » du CNU, Daniel Mortier

Une leçon pour Valérie Pécresse? : les inégalités sociales dans l’enseignement supérieur, Charles Soulié

L’Université payante, dernier pan de la modernisation universitaire libérale, Frédéric Neyrat

Des pauvres plus pauvres, des riches plus riches? : les enjeux « égalitaires » de la réforme des CROUS, Philippe Selosse

Leurs intentions sont pures, Julia Bodin

Recherche? : l’apogée d’une vision utilitariste, Henri Audier

Quand enterrerons-nous les fossoyeurs? ?, Hélène Cherrucresco

« Et d’ailleurs, au fond, que veulent-ils? ? Encore deux ans de palabres… » ou comment Valérie Pécresse évita de voir à Berkeley ce qu’il aurait été utile qu’elle contemplât, Déborah Blocker

Apprenons du malheur du pays des All Blacks, Ian Vickridge

Et si c’était maintenant que ça commençait? ? Sauvons l’Université? !

Voir aussi : Rubrique société Rencontre avec Rolan Gori, Résistance au processus de normalisation sociale , lien externe signez l’Appel des appels, le site de  l’Appel des appels,

L’UNEF s’inquiète de l’instrumentalisation de la jeunesse dans le débat public

L’UNEF s’inquiète de la tonalité prise par le débat public ces derniers jours et exprime sa vive préoccupation suite à certaines propositions gouvernementales stigmatisantes et inadaptées qui témoignent d’une vision rance et dépassée de la jeunesse, de ses difficultés et de ses aspirations.

– L’UNEF dénonce la proposition de Brice Hortefeux de mettre en place un couvre-feu pour les mineurs délinquants, à l’heure où les missions éducatives de la protection judicaire de la jeunesse sont remises en cause. Toute mesure répressive envisagée sans un volet éducatif et sans perspective d’ascension sociale est vouée à l’échec.

– L’UNEF s’interroge sur la signification profonde l’apprentissage de la Marseillaise à l’école proposé par Eric Besson, comme si l’incivisme était la principale caractéristique de la jeunesse. Qui a le plus de problème avec l’incivilité ? Les jeunes ou Madame Parisot qui déclare que la liberté s’arrête la ou commence le code du travail, c’est-à-dire la loi ?

– L’UNEF exprime sa gêne face à la volonté de Luc Châtel d’associer l’éducation nationale au « débat » sur l’identité nationale. Cette question mérite mieux que d’être portée par le ministre de l’immigration, mais l’école n’a pas à être mise au service d’une conception figée de l’identité nationale qui oppose et qui exclut. Surtout, qui a un problème avec les valeurs républicaines fondées sur le respect et la solidarité, à l’heure où il est possible de renvoyer dans leurs pays des enfants scolarisés en France ?

– L’UNEF dénonce l’instrumentalisation du service civique pour les jeunes que révèle le souhait des sénateurs et de Martin Hirsch de faire marcher sur les Champs-Elysées les bénéficiaires de ce service civique lors du défilé militaire du 14 juillet prochain. Les jeunes sont parmi les plus engagés, notamment dans les associations humanitaires ou de solidarité, et la reconnaissance et la valorisation de l’engagement des jeunes n’implique pas forcément de marcher au pas.

L’UNEF dénonce la volonté de stigmatiser les jeunes à des fins électoralistes
L’UNEF s’interroge : s’agit-il d’un retour à certains fondamentaux considérant la jeunesse comme une nouvelle classe dangereuse qu’il est urgent de mettre au pas ou une simple poussée de fièvre pré-électorale? Dans les deux cas le gouvernement s’expose à de sérieuses déconvenues s’il prétend répondre ainsi aux inquiétudes et aux aspirations des jeunes.

Les jeunes n’ont ni un problème d’identité, ni un problème de citoyenneté. L’UNEF rappelle que l’éducation est le meilleur outil pour poser les bases du « vivre ensemble » : apprentissage de la citoyenneté, défense de la laïcité, mixité sociale.

Alors que les jeunes ont exprimés avec force ces derniers mois leur inquiétude face a l’avenir et leurs aspirations auxquelles le discours du président de la République à Avignon n’a pas apporté de réponses, l’UNEF rappelle que répondre au malaise de la jeunesse, ce n’est pas instrumentaliser les fantasmes de la société à l’égard des jeunes générations. La meilleure réponse à apporter à ce malaise est une attention sincère aux aspirations de la jeunesse. Aspiration à se former, aspiration à l’autonomie, aspiration à s’insérer durablement sur le marché de l’emploi, aspiration à s’engager pleinement dans la vie d’adulte et dans le travail, mais pas sans les protections garantissant la même liberté pour tous. C’est en raison de l’abandon de ce dessein par la nation que la jeunesse perd la foi en son avenir. Et qu’elle l’exprime de toutes les manières.

L’UNEF appelle le gouvernement à reprendre ses esprits et à répondre aux difficultés de la jeunesseL’UNEF appeler le gouvernement à ne pas céder aux sirènes électoralistes et en répondant aux véritables difficultés des jeunes. Qu’est devenue la lutte contre l’échec scolaire et universitaire, à l’heure où 40 000 postés ont été supprimés dans l’éducation depuis 2007 et que le plan Licence de Valérie Pécresse s’est mis en place sans amélioration de l’encadrement en premier cycle ? Qu’en est-il des mesures censées favoriser l’emploi des jeunes, à l’heure où 21,2% des 15-25 ans sont au chômage et que 650 000 jeunes diplômés arrivent sur un marché du travail sinistré en période de crise ? Quelles sont les réponses du gouvernement aux 300 000 jeunes au chômage non indemnisés auxquels l’extension du RSA aux mois de 25 ans ne pourra même pas profiter ? Où sont les dispositifs de lutte contre la précarité des jeunes et destinés à renforcer leur autonomie financière, à l’heure où Nicolas Sarkozy et Martin Hirsch semblent avoir enterré la perspective d’une allocation autonomie universelle et individualisée ?

Unef Paris

 Voir aussi : Rubrique politique Ministre de réserve

Amin Maalouf : L’occident est peu fidèle à ses propres valeurs

amin-maaloufRencontre avec l’écrivain Amin Maalouf qui signe un ouvrage à large spectre sur notre époque tumultueuse.

Les urgences auxquelles nous devons faire face en ce début de XXIe siècle sont à l’origine du dernier essai de l’écrivain libanais Amin Maalouf Le dérèglement du monde qui s’appuie sur une double connaissance, de l’Occident et du monde arabe, pour appeler à une action lucide et partagée.

« A vous lire, on mesure à quel point la crise identitaire est générale et à quel point elle se trouve au centre des dysfonctionnements du monde

Les gens ont un peu peur de la notion d’identité culturelle. Ils manient cela avec beaucoup de réticences. Je pense au contraire que ne pas parler de la question de l’identité, c’est laisser se développer toute sorte de démons alors que quand on en parle, on peut arriver à définir les choses clairement. Le débat est utile. On doit parler de l’identité française, on doit parler de l’identité européenne et les choses ne sont pas simples. Elles ne sont pas comme elles apparaissent lorsque l’on se contente d’allusions.

Comment créer un sentiment d’appartenance commune notamment au sein de l’UE ?

De mon point de vue, l’identité européenne doit se construire. Il y a des choses qui existent. Toute personne qui adhère à l’Europe doit adhérer à un certain nombre de valeurs. Elle doit considérer comme sien tout un bagage culturel et en même temps elle doit savoir que cela n’est pas figé, qu’il y a des choses qui doivent être apportées. Et que ces apports peuvent venir de la planète entière. Parce que l’histoire ne s’est pas achevée. La culture n’est pas un paquet que l’on se passe de l’un à l’autre. C’est quelque chose de vivant.

Vous insistez sur la primauté de la culture. Sur quelles valeurs doit-elle se fonder ?

L’aspect culturel de la construction européenne doit être un élément essentiel. C’est comme cela que les gens vont adhérer. Parce que l’aspect culturel sous-tend la notion d’appartenance. Universalité des valeurs et diversités des expressions sont les deux faces d’une même monnaie, elles sont inséparables. Si l’on transige sur l’université des valeurs. Si on accepte qu’il y ait des droits de l’homme pour les Européens et d’autres droits pour les Africains, les musulmans ou d’autre, on perd sa route. Et si on considère que la diversité culturelle est une chose secondaire, que l’on peut accepter la marginalisation et la disparition de cultures millénaires, là aussi on fait fausse route. Il faut parler de ces questions et tracer une ligne claire.

A notre stade d’évolution il faut changer dites-vous ?

L’occident à besoin de modifier son comportement. Sans abandonner ses principes. Il doit se comporter dans le reste du monde en fonction de ces valeurs. Sans adopter deux poids et deux mesures en attaquant un dictateur et en se taisant avec un autre parce qu’il a des contrats. Les pays arabes doivent aussi faire leur propre examen de conscience pour sortir de leur puits historique.

Vous dites cela face à des urgences très concrètes ?

Absolument, nous avons besoin aujourd’hui de faire face ensemble à une crise majeure liée au réchauffement climatique, aux pandémies aux armes de destructions massives, à la coexistence des peuples et des cultures… Ce qui n’est possible que s’il existe une véritable confiance, une véritable solidarité parce que nous avons besoin d’agir ensemble pour gérer le monde autrement.

Avec quelle implication citoyenne ?

Il faut changer la manière que nous avons de satisfaire nos envies. Je pense qu’il faut passer d’un monde où nos besoins sont essentiellement satisfaits par une consommation matérielle à un monde où une partie très significative de ces satisfactions viennent de satisfactions immatérielles liées à l’épanouissement de la personne. C’est une question de survie : nous devons vraiment recentrer notre vision du monde ».

recueilli par Jean-Marie Dinh

Le dérèglement du monde, édition Grasset 18 euros.

Voir aussi : Entretien Edgar Morin , la forêt des écrivains combattants, Salah Stétié une restitution ,