Jusque là, on les attendait sur un créneau économique. Réunis jeudi à Sanya sur l’île chinoise de Hainan, les Brics, sigle acronyme des grands pays émergents de la planète – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud- ont trouvé une voix commune pour exprimer leur opposition à l’intervention militaire en Libye. (A lire: Obama, Cameron et Sarkozy sortent du cadre de l’ONU)
Le président chinois Hu Jintao, ses homologues brésilien Dilma Rousseff, sud-africain Jacob Zuma, russe Dmitri Medvedev et le Premier ministre indien Manmohan Singh ont envoyé un message clair à l’Occident et à ses principaux ténors dont la France qui mènent l’offensive. Ils demandent dans leur communiqué final « qu’une solution négociée soit trouvée pour résoudre la crise en Libye ». Précisant que « le recours à la force devait être évité », ils se prononcent pour une solution négociée et saluent les efforts de médiation de l’Union africaine (UA) conduite justement par le président sud-africain Jacob Zuma.
Nouvelle donne géopolitique
Cette prise de position unitaire, quoiqu’encore timide, n’en marque pas moins un tournant pouvant jeter les bases d’une alliance géopolitique d’un nouveau type. Notons quand même que cette unité stratégique a cruellement fait défaut lors des votes de sécurité de l’Onu que ce soit sur le Côte d’Ivoire que sur la Libye. Les Brics y ont conduit le débat en ordre dispersé. A l’exception de l’Afrique du Sud qui avait alors voté en faveur de la résolution 1973. Les quatre autres pays avaient préféré s’abstenir. Pourtant Moscou et Pékin, membres permanents du conseil de sécurité disposent d’un droit de veto qui, utilisé, aurait immédiatement contraint à l’abandon de la résolution. Pour Pékin c’était un premier écart dans sa politique diplomatique de non-ingérence dans les affaires intérieures de pays étrangers.
« Ingérence militaire »
La violence des frappes de l’Otan, la perte des victimes civiles ont poussé en quelques jours les Brics à critiquer ouvertement l’attaque militaire et ses ambitions réelles. La Chine l’a officiellement fait savoir à Nicolas Sarkozy lors de son passage à Pékin fin mars. « Les expériences passées ont déjà montré que l’intervention humanitaire n’est qu’un prétexte pour une ingérence militaire dans les affaires intérieures d’une autre nation » écrivait dans le même temps, Tang Zhichao, un spécialiste de l’Institut chinois des relations internationales contemporaines, dans le Quotidien du peuple.
Moins d’une semaine après le vote de la résolution le 17 mars, les Brics appelaient à un cessez le feu. Sans être entendus. La déclaration de Sanya donne à cette demande une dimension plus solennelle. « Les résolutions du Conseil de sécurité devraient être appliquées (..) en accord avec leur lettre et leur esprit », relevait Dimitri Medvedev à l’issue du Sommet . « Nous avons essentiellement une opération militaire. La résolution ne dit rien de cela », estimait-il précisant que « sur cette question, les pays du Brics sont totalement unis ». Selon une source diplomatique, tous les dirigeants ont été catégoriques. « Ils ont tous condamné les bombardements ».
Un conte anticlérical du célèbre poète russe du XIXe siècle Alexandre Pouchkine a été censuré par l’Eglise orthodoxe, un synode régional ayant édité une version adaptée supprimant le personnage du « pope », a-t-on appris auprès du patriarcat. Le synode de la Sainte-Trinité d’Armavir, dans la région de Krasnodar (sud), a publié une version « historique » du « Conte du Pope et de son serviteur Balda », où le prêtre a été remplacé par le Marchand, a indiqué à l’AFP le porte-parole du Patriarcat, Vladimir Viguilanski. Le conte, écrit par Pouchkine en 1830, fut adapté trois ans après sa mort par son maître spirituel, le poète Vassili Joukovski, qui cherchait à contourner la censure religieuse en Russie impériale, a rappelé M. Viguilanski.
C’est la version de Pouchkine racontant les mésaventures d’un pope tourné en ridicule par son serviteur débrouillard qui était au programme scolaire sous le régime soviétique, farouchement athée. La version de Joukovski, importateur du romantisme dans la pensée russe, « ne contredit pas les idées de l’Eglise orthodoxe », a estimé sur la chaîne NTV le père Filip, à l’origine de la publication de la version de Joukovski tirée à 4.000 exemplaires. Pouchkine, dont l’attitude anticléricale se manifeste dans ses oeuvres de jeunesse, « a évolué pendant des années vers une réconciliation avec l’Eglise à la fin de sa vie », a souligné le porte-parole du patriarcat. Les enfants russes ont le droit de « connaître les deux versions » du conte, a-t-il estimé. En septembre 2006, le théâtre d’opéra et de ballet de la république russe de Komi, dans le Grand Nord, avait déjà annulé une première de l’opéra « Le conte du Pope et de son serviteur Balda », faute de bénédiction de l’Eglise. L’Eglise orthodoxe russe connaît une période de renaissance depuis la disparition de l’URSS fin 1991.
La conférence des donateurs pour la création d’un Etat palestinien en juin n’aura d’intérêt que si les Palestiniens ont le sentiment d’être à la veille de la naissance de leur Etat, espéré en septembre, a prévenu vendredi à Paris leur Premier ministre Salam Fayyad. »Quand nous nous rencontrerons, nous avons besoin d’être dans un contexte d’attente de naissance imminente de l’Etat palestinien. Si ce sentiment n’est pas là, nous ne voulons pas de cette conférence », a-t-il déclaré lors d’un débat à Paris organisé par l’Académie diplomatique internationale.
Les Palestiniens voudraient proclamer leur Etat en septembre, date butoir retenue par la communauté internationale pour la signature d’un accord israélo-palestinien, bien que les négociations soient au point mort.
Une deuxième conférence de donateurs aura lieu en juin à Paris. La décision a été annoncée jeudi soir à l’issue d’un dîner de représentants français, de l’Union européenne, de la Norvège et du Quartette (USA, ONU, Russie, UE) qui assurent le suivi de la première conférence de décembre 2007.
« L’argent n’est pas le principal objectif de cette conférence qui doit conditionner un processus politique », a martelé Salam Fayyad.
« Le calendrier (de septembre 2011) ne changera pas (…). Il est temps pour (le Premier ministre israélien Benjamin) Netanyahu de dire ce qu’il a en tête quand il parle d’un Etat palestinien. Cela ne suffit pas de dire qu’on soutient une solution à deux Etats », a-t-il répété.
La première conférence des donateurs, en décembre 2007 à Paris, s’est concrétisée par le versement sur 3 ans de l’intégralité des 7,7 milliards de dollars promis alors, dont 4,3 milliards d’aide budgétaire.
Depuis qu’il a été élu en mars 2010, le président Viktor Ianoukovitch s’emploie à rogner méthodiquement les libertés. Harcèlement judiciaire des opposants, musellement de la presse, assujettissement du législatif, peu à peu, le pays suit les traces de la Biélorussie. Nous vivons dans une nouvelle réalité, mais il nous a fallu les dernières élections régionales pour nous en rendre pleinement compte. L’Ukraine de l’après-révolution orange n’a plus grand-chose à voir avec la “démocratie souveraine” tant vantée par son président. Lequel semble avoir suivi un manuel en dix leçons pour mieux asseoir son autorité.
Première leçon : peu avant les élections, se servir des lois pour modifier le système électoral afin qu’il soit optimal pour le parti au pouvoir. De plus, penser à changer le mode de création des commissions électorales de façon à ce que le décompte soit “correct”.
Deuxième leçon : ne pas à hésiter à rejeter toute forme d’opposition, surtout la plus radicale, la plus éduquée et la plus rétive à tout compromis dans un vaste sac orné de l’étiquette : “ils sont tous pareils”. Recommander ensuite à l’électorat : “votez contre tous, c’est la meilleure expression d’une attitude citoyenne”.
Troisième leçon : avant l’échéance, veiller à ce que toutes les chaînes de télévision importantes ne se préoccupent que des candidats du pouvoir qui, comme par hasard, sont les seuls à organiser des rencontres et des conférences de presse.
Quatrième leçon : le jour du vote, s’assurer que le personnel des commissions électorales travaille lentement, au point de créer d’énormes queues devant les isoloirs. Un grand nombre d’électeurs, surtout les jeunes, préférera partir, pour ne pas perdre une demi-journée, d’autant plus que, autre hasard, ce jour-là, beaucoup de concerts gratuits, distributions de produits de démonstration et autres divertissements seront prévus.
Cinquième leçon : penser à permettre à des observateurs étrangers (tout aura été fait pour qu’il y en ait le moins possible) de visiter (guidés) des bureaux de vote où tout se déroulera bien sûr sans anicroche. Rappelons que pendant la Famine de 1933, le pouvoir soviétique avait organisé le voyage d’“idiots utiles” de l’Occident, comme disait Lénine, venus visiter les kolkhozes ukrainiens.
Sixième leçon : dans les circonscriptions où, malgré tout, les résultats obtenus ne correspondraient pas aux chiffres désirés, soumettre les bulletins à d’étonnantes aventures : ils disparaissent, on les retrouve, mais les tampons sont effacés, des votes sont annulés. Faire de même avec les chiffres, ne pas hésiter à les “corriger”.
Septième leçon : veiller à ce que toutes les tentatives de contestation des résultats devant les tribunaux échouent (on n’a pas réformé ces derniers pour rien).
Huitième leçon : même si, par magie, l’opposition obtenait la majorité dans les conseils régionaux ou au Parlement, s’assurer que, de toute façon, la présidence de ces derniers soit entre des mains souhaitables, puis veiller à ce que les députés et les membres des conseils votent comme il convient.
Neuvième leçon : peu après les élections et les diverses prestations de serment, garantir que les maires et les députés de l’opposition proclament bien haut qu’ils sont là pour servir tous les citoyens et pas seulement un parti, sachant que le camp du pouvoir, lui, ne ferait jamais rien de tel.
Dixième leçon : quel que soit le résultat des élections, rien ne doit changer. Toutes les commandes sont en bonnes mains, et on peut annoncer à l’Ouest une nouvelle victoire de la démocratie. Quant à ceux qui oseraient résister, le moment sera venu d’avoir recours à la force.
Pour que ces dix leçons fonctionnent, il faut bien sûr respecter certains rites : la concurrence entre les candidats, la pluralité des partis (à la Chinoise), des débats, des programmes, l’existence de publications d’opposition, des meetings de protestation (d’un millier de personnes), et ainsi de suite. L’Occident émettra évidemment quelques recommandations : c’est vrai, vous avez des défauts, pas de véritable liberté d’expression, mais vous avez un pouvoir fort, la stabilité, la croissance. Vos réformes, bon, elles sont mauvaises, mais vous avez renoué des liens d’amitié avec la Russie, le tout sans cette vulgarité que se permet Loukachenko. Bon, allez, ça ira.
En fait, la construction de la démocratie à l’Ukrainienne selon les préceptes ci-dessus n’a pour pas seulement pour objectif de plaire à l’Ouest afin d’obtenir ses faveurs, ce qui n’est qu’un but tactique. Le but stratégique, grandiose, est tout autre. Il s’agit de s’assurer un contrôle perpétuel des mécanismes du pouvoir, autrement dit, la direction monopolistique du pays à l’aide de ces mécanismes, aux mains d’un clan et des quelques “membres de la famille” qui en constituent le cœur.
Pour y parvenir, il est nécessaire de réduire la population ukrainienne à l’état de zombie, de la traiter de telle manière que la majorité absolue des citoyens cesse d’être citoyenne et qu’elle soit tout à fait d’accord avec sa dépendance vis-à-vis du pouvoir. Il faut donc qu’il devienne impossible d’avoir recours aux mécanismes institutionnels pour changer le pouvoir et en chasser les personnages les plus odieux qui le détiennent.
Dans ce contexte, on peut bien tolérer quelques centaines “d’éternels opposants” qui ne présentent aucun danger pour le système. Et si d’aventure, quelqu’un à l’étranger exprimait de vagues prétentions quant à la situation en Ukraine, on pourra toujours citer la phrase du docteur Joseph Goebbels (sans le nommer expressément, cela va de soi) : “Le Führer du Reich Adolf Hitler jouit du soutien absolu de tout le peuple allemand, de quelle autre démocratie ont besoin les démagogues occidentaux ?”
Elle est considérée comme coupable d’introduire des éléments de désordre et de désorganisation idéologique. Cette femme, pourrait être toutes les femmes qui mesurent le temps qui passe, et s’interrogent sur leur destin, toutes les femmes qui se battent pour la survie de leurs capacités créatrices. Il s’agit d’Anna Akhmatova (1889-1966), la poétesse russe surnommée la reine de la Neva qui est à l’origine d’une œuvre majeure par l’émotion impétueuse qui la traverse comme par la lumière qu’elle a fait briller sur tous les artistes disparus dans l’ombre du stalinisme. Anne-Marie JeanJean signe aux éditions montpelliéraines, Les Cents Regards, un recueil « TOI, Elle, La seule » (1) qui lui rend hommage tout en donnant une nouvelle résonance au souci rongeur d’une artiste insoumise qui a su protéger sa liberté intérieure. L’ouvrage s’inspire du parcours douloureux de l’auteure russe interdite de publication en 1922 pour plus de trente ans. Il réactualise le combat contre l’apathie et le silence artistique dans un monde malade. Devant les invisibles rouages de mort et de décervelage qui se constituent et justifient le pessimisme des créateurs, Anne-Marie JeanJean transporte une voix nécessaire qui pointe « l’inhumaine normalisation le formatage forcené et amplifie les lèvres murmurantes des poètes qui « depuis les fosses communes d’un siècle à l’autre se raniment. » Le peintre Krochka accompagne le texte avec trois graphismes. Pourrait-on survivre à la Mort d’Anna Akhmatova ? » s’interroge l’auteure en s’adressant à tous ceux qui ont une conscience vivante et qui tremblent aujourd’hui.
Jean-Marie Dinh
1) « TOI, Elle, La seule » 25 euros à commander chez l’éditeur Editions Les Cent Regards 60 impasse Ermengarde 34090 Montpellier