Les flics refusent d’être fliqués

Libertaires vs le ministère de l’Intérieur, nouvel acte. Objet du bras de fer, le site Copwatch Nord-IDF, qui depuis une semaine publie des photos et commentaires peu amènes sur des policiers et CRS. Les auteurs du site, qui entendent rester anonymes, se réclament du copwatching, une pratique de surveillance citoyenne de l’action policière en vue d’en prévenir les dérives, développée aux Etats-Unis. L’entreprise a demandé «plusieurs mois» de collecte, précisent les auteurs.

Ciblant dans un premier temps les forces de l’ordre de Paris, Lille et Calais, «ce site est consacré à la diffusion de renseignements précis sur l’ensemble des forces de l’ordre par le biais d’articles, d’images (photos et vidéos), mais aussi et surtout de trois larges bases de données sur la police. Ces bases de données, accessibles par tous, permettront à toute personne victime d’abus, d’humiliations ou de violences de la part des flics, d’identifier le ou les policiers auteurs de ces actes», peut-on lire au chapitre présentation.

En somme, du flicage de flics. D’autres sites s’y sont déjà employé, notamment depuis les manifestations anti-CPE. Mais celui-ci, après un précédent avorté sur Indymedia Paris, va plus loin. Les photos, récupérées pour certaines sur Facebook, s’accompagnent des noms, prénoms, lieu d’affectation des policiers et de mises en garde: untel est réputé proche de l’extrême-droite, un autre «n’hésite pas à cogner et foutre en garde à vue» et se révèlerait «un stratège du guet-apens et de la chasse aux pauvre», etc.

«Nous n’hésiterons pas à user de termes sévères à l’égard de la police et de la gendarmerie, car nous considérons ces institutions comme la fosse commune de l’humanité, le charnier de l’évolution, la mise à mort quotidienne de la déontologie et de l’éthique. Nous serons sans équivoque. Policiers, nous vous identifierons tous un-à-un», revendiquent les auteurs – qui n’ont pas repondu à notre sollicitation.

«Délation»

Les syndicats de police sont évidemment remontés. Moins par la diffusion de photos de policiers en action, légale à l’exception de certaines équipes (Raid, GIGN…) que par le recoupement avec les adresses, le procédé de fichage et le discours résolument anti-police. «Filmer et révéler éventuellement des bavures, comme cela se fait aux Etats-Unis, c’est une chose, mais là il s’agit ni plus ni moins de délation, sur la seule base de photos qui ne sont pas de réelles photos d’intervention, et ne démontrent rien du tout», dénonce Denis Jacob, secrétaire administratif général d’Alliance, deuxième syndicat de gardiens de la paix. «Si Copwatch a des éléments tangibles, qu’il les communique à la justice. En l’état, c’est de l’antiflic primaire, source de graves conséquences pour les fonctionnaires de police et leurs familles.»

«Ce site ne diffuse et ne diffusera jamais une seule donnée concernant les familles des policiers», rétorque Copwatch. «A partir du moment où vous avez la photo et le quartier, c’est suffisament grave», s’inquiète Pierre-Henry Brandet, porte-parole du ministère de l’Intérieur, qui qualifie le site de «mélange assez nauséabond»: «Ce qui pose problème, c’est l’association de photos, d’adresses et de propos haineux et diffamatoires.» Quant à l’objectif affiché de lutter contre les dérives policières, «il y a déjà tout un arsenal judiciaire et administratif qui permet de garantir un contrôle déontologique de l’action de la police. Ce n’est pas au Web de faire la justice», oppose-t-il.

Alerté par Alliance, le ministère a annoncé, mercredi, le dépôt de deux plaintes en diffamation. L’une pour «diffamation publique envers un fonctionnaire de police», l’autre pour «diffamation publique de l’administration». En parallèle, «plusieurs dizaines de policiers fichés» sur Copwatch ont déposé plainte, fait savoir Alliance.

Histoire d’accélérer la manœuvre, le ministère a aussi demandé une procédure en référé auprès du tribunal de grande instance de Paris, pour faire retirer du site «les pages incriminées». Hébergé aux Etats-Unis (mais pourvu d’un nom de domaine acheté auprès d’un prestataire français) le site est difficilement attaquable. Mais «des recours sont possibles» assure l’Intérieur.

C.B

Voir aussi : Rubrique Société, Montée de la violence policière, Citoyenneté, Démocratie après les attentats d’Oslo et d’Utøya, Justice, Les dictateurs en ont rêvé Sarkozy l’a fait, Lopsi 2 Le SM dénonce un fourre tout législatif, Montpellier, Mobilisation contre l’arsenal répressif, International, Maintien de l’ordre exportation du savoir faire français, On Line Les paparazzis de la police, Copwatch Nord-IDF,

Courroye ou la fin du Parquet cadeau

Photo : Charles Platiau

 

La mise en examen annoncée du procureur de Nanterre pour la surveillance de journalistes du «Monde» dans l’affaire Bettencourt est une première. Et condamne un nouveau proche de l’Elysée.

Le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, proche notoire du chef de l’Etat, a été convoqué aux fins de mise en examen d’ici à quinze jours par la juge Sylvia Zimmermann, qui enquête sur les violations du secret des sources de journalistes du Monde multipliant, à l’été 2010, les révélations sur l’affaire Bettencourt. La juge d’instruction, qui ne manque pas d’indices ni d’audace, veut le mettre en examen pour «atteinte au secret des correspondances», «collecte de données à caractère personnel par moyen frauduleux, déloyal ou illicite» et enfin pour «violation et recel du secret professionnel». De quoi faire sauter l’éminent procureur des Hauts-de-Seine et son bras droit, Marie-Christine Daubigney, convoquée pour les mêmes infractions. Quant à Bernard Squarcini, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), et Frédéric Péchenard, directeur général de la police nationale, ils seront entendus d’ici à fin octobre par la même juge dans «l’affaire David Sénat» (1).

Hier, ces annonces ont presque éclipsé la sortie du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, assurant que Nicolas Sarkozy n’était «concerné par aucune» des affaires qui font tomber ses proches un à un…

«Voyou». La juge Zimmermann se fonde sur le témoignage du commandant Patrick Nieto, de l’inspection générale des services (IGS), qui lui a révélé sur PV que «M. Courroye demandait très précisément les fadettes [facturations détaillées de téléphone, ndlr] des deux journalistes», Jacques Follorou et Gérard Davet, qui ont signé sur Lemonde.fr un article sur une perquisition chez Liliane Bettencourt le 1er septembre 2010. L’avocat de celle-ci, Me Kiejman, dépose le jour même une plainte pour «violation du secret de l’enquête» dont le procureur Courroye s’empare aussitôt. Il soupçonne sa collègue Isabelle Prévost-Desprez d’informer Follorou, coauteur de son livre Une juge à abattre. C’est ainsi que le commandant Nieto reçoit l’ordre de connaître les appels émis et reçus par Follorou, Davet mais aussi Raphaëlle Bacqué. Les fadettes du premier trahiront de nombreux échanges de SMS avec la juge. Courroye croit pouvoir pulvériser sa consœur.

Mais la juge a auditionné des policiers de l’IGS, dont Patrick Nieto, qui, selon les extraits de PV publiés hier dans le Monde, lui a déclaré que son supérieur, Daniel Jacqueme, lui avait ordonné, le 9 septembre 2010, de se procurer les fadettes des journalistes à la demande expresse de Courroye et de Daubigney. Le commandant n’a «jamais» été en relation directe avec ces deux magistrats mais assure que son supérieur «a rendu compte à sept reprises au parquet de Nanterre, soit à M. Courroye, soit à Mme Daubigney». Nieto enfonce le clou : «A chaque fois, les magistrats nous demandaient de pousser nos investigations.» La juge a fait perquisitionner l’IGS mardi pour mettre la main sur ce dossier.

Pour le journaliste Jacques Follorou, «si d’aventure le procureur Courroye avait ordonné aux policiers de l’IGS de commettre un acte illégal pour régler ses comptes avec une collègue, cela démontrerait un comportement de voyou». Cette mise en examen d’un procureur pour une infraction pénale en relation avec ses fonctions serait «du jamais vu, selon Christophe Régnard, de l’Union syndicale des magistrats (majoritaire). Entre les poursuites disciplinaires contre la juge Prévost-Desprez et la mise en examen du procureur, l’affaire Bettencourt aura décrédibilisé l’institution».

Valse. Dans un communiqué, le procureur Courroye et son adjointe «s’indignent de cette mise en cause calomnieuse, contestent formellement les infractions visées et émettent des grandes réserves sur la réalité de la procédure engagée». «On croirait la défense d’un homme politique», ironise Matthieu Bonduelle, du Syndicat de la magistrature (gauche). L’avocat du procureur Courroye, Me Dupeux, argumente : «La loi protège le secret des sources des journalistes… sauf en cas d’impératif prépondérant d’intérêt public. M. Courroye a estimé que c’était le cas ici.» Le conseil de Marie-Christine Daubigney, Me Baratelli, a demandé hier «le gel immédiat de la procédure».

Que faire maintenant de cet embarrassant Philippe Courroye ? Dans les prochaines semaines s’ouvrira la valse des procureurs. Deux pistes semblaient avoir effleuré le garde des Sceaux : laisser Philippe Courroye à Nanterre ou l’exfiltrer en le nommant procureur général d’une cour d’appel de province… un poste moins sensible, certes, mais une promotion tout de même. «Une mise en examen rendrait très difficile son maintien à Nanterre. Quant à une promotion, ce serait un scandale», prévient Christophe Régnard. «Si la mise en cause de Courroye était confirmée, le Conseil supérieur de la magistrature pourrait se réunir en urgence et décider d’une interdiction temporaire d’exercer le temps de l’instruction», note Matthieu Bonduelle. La chancellerie fait la morte sous couvert – un comble – de ne pas interférer dans une procédure judiciaire.

Sonya Faure, Patricia Tourancheau (Libération)

(1) Du nom du conseiller de Michèle Alliot-Marie, suspecté d’être la taupe du «Monde».

Philippe Courroye, juge de proximité

Portrait Depuis ses débuts, le procureur de Nanterre a fait siennes des méthodes flirtant avec le conflit d’intérêts.

Philippe Courroye est une caricature de magistrat. Debout ou couché, selon le climat politique ou ses intérêts de carrière. Ancien juge d’instruction de 1993 à 2007, son tableau de chasse paraît impressionnant : Michel Noir, Alain Carignon, Charles Pasqua, tous poursuivis, condamnés et, au final, évincés de la vie politique aux bons soins du juge Courroye. Que des concurrents, à droite, de Jacques Chirac, lequel a, au contraire, bénéficié de sa mansuétude : non-lieu ordonné dans l’affaire des frais de bouche de la mairie de Paris (2004, en tant que juge d’instruction), puis requis dans l’affaire des emplois fictifs du RPR (2010, en tant que procureur à Nanterre). Cette vigilance à géométrie variable serait-elle liée à un repas à Saint-Tropez, aux frais du milliardaire François Pinault, entre le magistrat et l’ex-président ?

C’est l’autre marque de fabrique de Philippe Courroye, une propension aux dîners en ville au risque du conflit d’intérêts permanent. Un jour, c’est un souper en compagnie de Jean-Charles Naouri, PDG du groupe Casino, en compagnie du policier mandaté par Courroye pour enquêter sur… Naouri. Un autre, c’est une partie de chasse en Sologne à l’invitation de Martin Bouygues, autre habitué du cabinet Courroye. Ou encore ce dîner animé par l’avocat Paul Lombard, où Philippe Courroye partage le pain et le vin avec Eric Woerth.

Petites mains. «Je dîne avec qui je veux», rétorque Courroye. Il partage cette absence totale de scrupules avec Nicolas Sarkozy, lequel aura ces mots en le décorant, en avril 2009, de l’ordre national du Mérite (il avait déjà reçu la Légion d’honneur sous Chirac) : «On nous reproche de nous connaître et même de nous apprécier. Mais cela ne vous a pas empêché de faire votre métier ni moi le mien. Si nous étions hostiles, serions-nous plus indépendants ?»

Donc, depuis sa nomination au parquet de Nanterre (entre les deux tours de la présidentielle de 2007), Courroye «fait le métier» de procureur dans un département sensible : étouffer plus ou moins habilement la moindre affaire politico-financière menaçant Sarkoland. Anticipant la suppression des juges d’instruction (Sarkozy n’osant pas encore) par des enquêtes préliminaires judicieusement délimitées. Un dossier de marchés publics truqués à Asnières ? Seuls sont poursuivis des fonctionnaires, excluant son maire, le très sarkozyste Manuel Aeschlimann. Une affaire concernant la construction d’un collège à Issy-les-Moulineaux ? Seules des petites mains sont inquiétées, Isabelle Balkany, en charge du dossier au conseil général, n’étant entendu qu’en simple témoin – «pour lui demander s’il faisait beau», ironise un magistrat local.

Erreur de jeunesse. La dérive de Philippe Courroye fait ouvertement débat dans la magistrature. Car le proc aux ordres paraît prisonnier d’une fuite en avant. Des courriers anonymes l’insultent de «connard» ou de «manipulateur pervers» ? Il diligente personnellement une enquête. Cela rappelle un précédent, quand il était juge d’instruction à Paris. Marc Francelet, lobbyiste mis en examen par Philippe Courroye et placé sur écoutes, s’épanche au téléphone : ruminant sa rancœur, Carignon lui aurait affirmé que Courroye aurait autrefois touché «un milliard» afin de ne pas poursuivre parallèlement le très chiraquien PDG de la Lyonnaise des eaux. En le reconvoquant sur ce point, Courroye est obligé de parler de lui à la troisième personne… Carignon n’a ni confirmé ni démenti, mais asséné, à Lyon Capitale :«S’il appliquait sa doctrine des années 90, Courroye devrait se mettre lui-même en détention provisoire.»

Dans Enquête sur un juge au-dessus de tout soupçon (Fayard), Airy Routier revient sur une erreur de jeunesse. En 1987, tout juste sorti de l’Ecole nationale de la magistrature, il incarcère pendant trois ans un homme soupçonné de meurtre finalement relaxé. «Au manque de diligence du magistrat instructeur, s’ajoutent des insuffisances graves dans la recherche de la vérité», estime sa hiérarchie judiciaire. Pour les mêmes motifs, dans l’affaire d’Outreau, le juge Burgaud a fini aux oubliettes de la magistrature. Courroye, lui, parade sous les ors de la République.

Renaud Lecadre (Libération)

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Roberto Saviano sur la victoire de la mafia et ses déchets toxiques

Par Roberto Saviano

Un tribunal italien a rendu un non-lieu samedi, après 13 ans d’enquête, dans un procès mené contre 95 accusés dans l’affaire des déchets toxiques Cassiopea, estimant que les faits étaient prescrits. Des millions de tonnes de déchets toxiques provenant du nord du pays avaient été illégalement enterrés au Sud. Ce scandale écologique avait été à l’origine du roman sur la mafia Gomorrha, de l’écrivain Roberto Saviano. La justice a échoué, s’indigne Saviano dans le quotidien de centre-gauche La Repubblica : « Rien ne semble être plus difficile que de prouver l’implication du Nord dans les affaires de la mafia. Toute une série d’entreprises nord-italiennes sont coresponsables de la pollution des sols d’une grande partie du Sud. … Les statistiques du ministère de la Santé montrent que le taux de mortalité par cancer a augmenté de 20 pour cent dans les territoires concernés. Un registre de ces maladies n’a toutefois pas été élaboré, précisément parce que les enquêtes auraient établi un rapport direct entre l’augmentation rapide des cas de cancer et les décharges polluées. … La prescription des faits sur laquelle se termine le procès Cassiopea, sans aucune condamnation, montre les carences énormes d’une justice où triomphe l’injustice. »

La Repubblica – Italie (19.09.2011)

Procès Mills: Silvio Berlusconi présent mais muet

Le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a assisté lundi à une audience du procès Mills à Milan où il est accusé de corruption de témoin, sans évoquer des révélations embarrassantes sur ses frasques sexuelles et ses liens avec un entrepreneur de Bari.

Silvio Berlusconi est arrivé en voiture vers 9H00 et reparti peu après 11H00 du tribunal de Milan sans s’exprimer sur ses nouveaux ennuis, a constaté un journaliste de l’AFP.

A son entrée dans la salle, il a seulement lancé: « moi je vais bien, c’est vous qui avez des sales têtes », aux journalistes qui lui demandaient comment il allait.

Quelques personnes regroupées derrière des barrières ont crié « courage, courage » dans sa direction tandis que d’autres scandaient: « démissionne, démissionne ».

Le Cavaliere est empêtré dans de nouvelles informations embarrassantes diffusées par les médias depuis jeudi sur ses relations avec un entrepreneur de Bari, Giampaolo Tarantini, accusé de lui avoir fourni des prostituées pour des fêtes organisées dans ses résidences en 2008 et 2009.

Deux enquêtes sont menées sur ces fêtes à Bari et Naples. Silvio Berlusconi ne fait pas l’objet de poursuites mais il est le protagoniste de ce scandale et les juges soupçonnent Tarantini d’avoir joué les entremetteurs pour s’attirer ses faveurs et obtenir des contacts et contrats avec des firmes publiques.

Dans l’affaire Mills, le président du Conseil est accusé d’avoir versé 600.000 dollars à son ancien avocat britannique David Mills pour mentir lors de procès à l’encontre du Cavaliere dans les années 90.

La précédente audience dans ce procès avait eu lieu le 18 juillet. Lundi, les juges de Milan ont entendu en vidéoconférence le témoignage à partir de la Suisse de Maria De Fusco, qui gérait un fonds à travers lequel auraient transité l’argent remis à Mills.

A une question du parquet, Mme De Fusco a nié catégoriquement avoir vu des mouvements sur ce fonds pouvant avoir été effectués par Silvio Berlusconi ou l’une des sociétés de son empire médiatique Fininvest.

A Milan, M. Berlusconi est également poursuivi dans l’affaire Mediaset de surfacturation de droits de retransmission télévisée, procès qui reprend le 26 septembre.

Mais l’attention des médias est surtout concentrée sur le procès Rubygate, une affaire dans laquelle il est accusé de prostitution de mineure (un délit en Italie) et d’abus de fonctions, qui reprendra le 3 octobre.

Le Cavaliere est jugé pour avoir rémunéré les prestations sexuelles d’une mineure marocaine, surnommée Ruby, entre janvier et mai 2010, et d’avoir abusé de son pouvoir en appelant la police de Milan pour la faire libérer après son interpellation pour vol présumé.

AFP

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Bourgi, lumière sur la face noire de la politique


Par Antoine Guiral

Des mallettes pleine d’argent, un chef d’Etat africain appelé «papa» (Omar Bongo), un avocat franco-libanais à la voix sucrée, des accusations dévastatrices, des démentis de principe, la justice saisie… Et puis, Chirac, Villepin, Le Pen et Sarkozy. La confession dimanche de Robert Bourgi, porteur de valises de la françafrique, est proprement stupéfiante. Les plus hauts responsables de l’Etat y palpent des billets comme des malfrats après un casse. Les lois et la morale sont bafouées. Les citoyens abasourdis. C’est du polar, de la politique fiction…

C’est surtout la face la plus noire de la politique. Celle qui apparaît si rarement au grand jour, faute de preuves ou de témoignages crédibles. Les rares à briser le silence auraient souvent préféré continuer à se taire. Qu’ils soient promoteurs, secrétaires, petits élus, chauffeurs ou même policiers, ils décident de parler un jour par rancoeur, pour une trahison de trop, le besoin de se protéger ou de ne pas porter le chapeau pour les autres. Personnages de l’ombre, seconds couteaux, «petites mains» des partis, ils sont les chevilles ouvrières de la vie politique. Jamais des élus de premier plan, encore moins des hommes dits «d’Etat». Chez ceux-là, l’omerta est une règle de vie.

Les méthodes comme les chiffres alignés dimanche par Bourgi sont si extravagants que l’on est tenté de ne pas y croire. Les accusés, comme Dominique de Villepin, récusent en bloc avec des mots choisis pour faire écran: «fariboles». L’enquête – si elle aboutit – prendra des années. Où sont les preuves? Le délai de prescription est-il atteint? Faire parler Bongo fils, pour son père décédé? Selon toute vraisemblance, les paroles de Bourgi resteront inconséquentes.

Les dernières révélations d’une ampleur comparable remontent à plus de 10 ans: la fameuse cassette Méry, du nom de ce promoteur immobilier, membre du RPR et faux facturier pour le compte du parti gaulliste. Où l’on retrouvait déjà Chirac en première ligne, accusé de s’être fait remettre des valises de billets en son hôtel de Ville de Paris. Avec en toile de fond des comptes en Suisse, des sociétés écrans, des entreprises rackettées pour se voir attribuer des marchés et priées de gonfler les factures pour reverser des dessous de table.

«Abracadabrantesque»! «Pschittt…»! Chirac et son souffleur de mots magiques, Villepin, ont survécu. Pas de poursuites, pas de procès. Le premier a été réélu président de la République en 2002 et a maintenu les juges hors de l’Elysée avec son immunité. Et dans une autre affaire (vieille de plus de quinze ans…) jugée ces jours-ci de financement illégal et d’emplois fictifs, l’ancien chef de l’Etat a trouvé la parade avec son «anosognosie». Ce qui ne l’a pas empêché de retrouver un zeste mémoire pour porter plainte contre Bourgi.

Libération

 

Extraits du Discours de Dakar du Président Sarkozy

« Le paysan africain qui depuis des millénaires vit avec les saisons, dont l’idéal de vie est d’être en harmonie avec la nature …. le drame de l’afrique c’est que l’homme africain n’est pas assez rentré dans l’histoire »

Voir aussi : Rubrique Affaires, Angolagate: Pasqua relaxé, Pétrole contre nourriture non-lieu pour Pasqua , rubrique Afrique Françafrique, On Line : J’ai vu Chirac et Villepin compter les billets,

Le monde ignore les massacres en Syrie

L’armée syrienne a selon des témoins tué des dizaines de personnes dimanche lors d’une offensive à Hama, le bastion des rebelles, et dans d’autres villes. Depuis des mois, la communauté internationale se contente d’observer les méfaits du président Bachar Al-Assad, critique la presse, qui redoute la fin du printemps arabe.

Süddeutsche Zeitung – Allemagne

Après le massacre de l’armée syrienne à Hama, le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung appelle l’Occident à ne pas se détourner de la Syrie : « Les Etats-Unis, l’Allemagne et la Grande-Bretagne condamnent la violence à Hama, mais Al-Assad n’a pas beaucoup plus à craindre de l’Occident. Les récents évènements en Libye ont très certainement ôté à l’Occident toute envie de s’engager davantage. A Benghazi, bastion des rebelles, les combattants se jettent les uns sur les autres depuis quelques temps, ce qui réduit les chances de parvenir bientôt à une victoire sur Kadhafi, le dictateur sanglant de Tripoli. On peut regretter, maudire, déplorer tout cela. Mais il y a une chose que l’Occident ne doit pas faire : se détourner, par frustration, d’un été arabe qui implose lentement. » (01.08.2011)

» informations complémentaires (lien externe, allemand)

El País – Espagne

La communauté internationale ne réagit pratiquement pas à la violence du dictateur syrien Bachar Al-Assad contre son propre peuple, déplore le quotidien de centre-gauche El País : « La communauté internationale n’envisage en aucune manière d’intervenir comme elle l’a fait en Libye. La peur de déstabiliser davantage le Proche-Orient – une région sur laquelle Damas exerce une influence déterminante – et le blocage exercé par la Chine et la Russie, qui gênent les initiatives d’envergure contre le régime, laissent à Assad le champ libre pour continuer à s’opposer à son peuple. La seule chose qui désespère le tyran, sûr jusque-là de bénéficier du soutien de l’armée et de la police, c’est la colère de milliers de citoyens. Après Damas, Deraa ou Banias, ceux-ci défient désormais à Hama les soi-disant ‘forces de sécurité’, et ce sans aucune arme. » (01.08.2011)

» article intégral (lien externe, espagnol)

La Stampa – Italie

La violence du président syrien contre son peuple pourrait marquer la fin du printemps arabe, redoute le quotidien libéral La Stampa : « Le moment est bien choisi. La communauté internationale est distraite. Le président américain Barack Obama est affaibli par le spectre de la faillite. … Le Premier ministre turc Erdo?an, chargé par l’Occident de tirer les oreilles à son frère Assad déchaîné est empêtré dans une crise conflictuelle avec ses généraux, lesquels ont démissionné en masse vendredi. Au Caire, le procès contre [l’ex-président] Moubarak doit commencer dans deux jours. … La révolution de la place Tahrir pourrait être officiellement confisquée par les Frères musulmans. … Bachar Al-Assad sait que le moment est opportun. Il veut probablement aussi une place dans les livres d’histoire. S’il devait réussir à réprimer la révolte en Syrie, Damas pourrait prétendre – à raison – avoir enterré en automne les révolutions initiées au printemps. » (01.08.2011)

» article intégral (lien externe, italien)

De Morgen – Belgique

Après l’attaque portée contre son peuple dans le bastion des rebelles de Hama, le président syrien Bachar Al-Assad doit être déféré devant la Cour pénale internationale, demande le quotidien de centre-gauche De Morgen : « La violence montre que le régime d’Assad est dos au mur. Il se cramponne avec acharnement au pouvoir et mène une guerre sale contre sa propre population. Le pire a été le meurtre du jeune Hamza Al-Khatib, âgé de 13 ans. Un enfant torturé pendant un mois avant de recevoir trois balles dans la poitrine. … On a retrouvé sur son corps des traces de brûlures aux électrochocs sur les pieds, les coudes et les genoux, et son pénis avait été coupé. Si la communauté internationale ne veut pas intervenir pour des raisons géopolitiques ou autres, nous ne pouvons qu’espérer que les manifestants parviendront à renverser Bachar – et que le dictateur ne finira pas, comme son oncle, dans un chic quartier londonien, mais devant la Cour pénale internationale. » (01.08.2011)

» article intégral (lien externe, néerlandais)

Voir aussi : Rubrique Syrie, Syrie: fiche pays, rubrique Méditerranée Regards croisés sur la révolution de jasmin, rubrique Revue de presse, rubrique Livre Sarkozy au Proche Orient, Europe et Méditerranée,