Evel Knievel contre Macbeth un didactitiel

300x300_evel3

Théâtre
Rodrigo Garcia signe sa dernière création Evel Knievel contre Macbeth au CDN hTh à Montpellier. Une tentative de penser le monde actuel qui  nous met sur les traces d’un sacré qui nous échappe.

Il est grand Orson Welles avec une figure décharnée et tragique. Il a les yeux fixes, ceux de celui qui continue de se prendre pour son personnage de Macbeth. C’est un risque bien connu pour les comédiens ça. Mais là, c’est une fiction de Rodrigo Garcia. Il vaut donc mieux tenter de donner quelques repères au spectateur pour éviter qu’il ne sorte en se disant c’est n’importe quoi, ce type est encore en train de se foutre de notre gueule, surtout à Montpellier. On s’excuse d’avance pour l’usage des quelques mots grossiers qui vont suivre.

Alors dans cette histoire, Orson Welles a les yeux fixes, au point où l’on se demande s’ils sont artificiels, on dirait qu’ils sont en verre. C’est un comédien devenu tyran qui s’est emparé du Brésil, en gardant son costume de Macbeth. Ce qui peut aider quand on veut rétablir l’esclavage. Il ne remue pas. Il reste immobile, parce qu’il sent bien, le monstre, qu’il se trame quelque chose dans son dos…

Dans les spectacles de Rodrigo Garcia c’est toujours le foutoir, parce qu’il a plein de choses à dire, qu’il exprime librement en ayant recours à différents registres : critique, plastique, émotif, poétique, corporel… D’où l’importance du procédé narratif qui dans cette pièce est, contrairement aux apparences, pleinement maîtrisé. Rodrigo Garcia procède par collage un peu comme un DJ qui utilise des samples d’un morceau original et les remixe pour construire sa propre langue.

Reprenons le fil de l’histoire. Les soupçons des tyrans que l’on assimile souvent à de la paranoïa sont la plus part du temps justifiés. En effet, Ultraman et Neronga qui n’ont aucun lien de parenté avec Gozilla, même lointain, ont fait le voyage de Tokyo pour en découdre. Il viennent combattre le tyran Orson dans son sacré pays de pouilleux, au côté de leur ancien ennemi, le motard cascadeur américain Evel Knievel. Lui, c’est un vrai héros, qui se relève toujours quand il prend une gaufre pour le réaffirmer. Mais on se demande quand même s’il n’est pas venu déloger Macbeth à coup de pied au cul pour prendre son trône. Parce que c’est un américain, un vrai moraliste sans éthique.

Derrière il y a l’écran sur lequel défilent des images, du texte, des morceaux d’histoires. Devant, un grand espace, où deux femmes et un gosse font parler leur corps, jouent, se battent, font de la musique, parlent en anglais et en espagnol.

Dans le public, les grosses têtes chauffent comme des marmites pour dénicher le mythe qui se cache dans ce cortège absurde et cruel. Plus on avance dans l’espace et le temps plus la composition prend forme, avec une grande inventivité.

Le problème de Rodrigo, il le dit, c’est  qu’une fois écrit il ne sait ce qu’il va faire de son texte. Là, il essaye plein de trucs géniaux pour le mettre en scène. Mais comme le sens du texte c’est le non sens qui dit la vérité. On se perd un peu, surtout quand le texte fait l’amour avec le plateau.

Le théâtre de Rodrigo Garcia met à nu, c’est le théâtre de tous les dévoiement, y compris ceux de l’engagement et de la foi politique dont les travers sont dénoncés. Comme nous sommes les complices de cette grande mascarade. Ça fait pas toujours plaisir de sentir que nous sommes des êtres de violence, souvent stupides, de plus en plus stupides. Mais bon ça libère, et la fin, on comprend de quoi parle la pièce. Elle dit notre renoncement vertigineusement pathétique.

Jean-Marie Dinh

Evel Knievel contre Macbeth Le 21 et 23 nov au CDN hTh

Source La Marseillaise 18/11/2017

Voir aussi : Rubrique Théâtre, rubrique Montpellier,, rubrique Rencontre,Rencontre croisée Jean-Paul Montanari Rodrigo Garcia,

ZAL. La couleur directe de l’univers des auteurs

Natyot ouvre le bal de la ZAT

Natyot ouvre le bal de la ZAT

Littérature
La Zone d’Autonomie Littéraire (ZAL) ouvre son territoire aujourd’hui à Montpellier salle Pétrarque de 14h30 à 23h

En matière littéraire, il y a un degré, un paroxysme de tension que l’on ne parvient pas toujours à dépasser.  La frontière entre l’auteur et son lecteur qu’il faut avoir franchi, pour s’émanciper une bonne fois pour toute des cadres bourgeois du roman du XIXe siècle   et remodeler une dimension fertile de la littérature.

« L’idée de la Zone d’Autonomie Littéraire,  est  de proposer une mise en scène du texte à travers une restitution événementielle de la littérature, explique Renaud Vischi, un des membres fondateurs, Ces formes de rencontres entre les auteurs et leurs lecteurs sont plus nourrissantes que lorsqu’on installe des écrivains à une table derrière des piles de livres

Alors,  se rendre à la ZAL, c’est comme si nous nous jetions par dessus bord, affrontant sans scrupule et sans honte le spectre que nous continuons à orner de fleurs rhétoriques à l’occasion des remises de prix littéraires. Ce que parvient à démontrer cette initiative qui célèbre cette année sa 7e édition, c’est que non seulement les livres et les auteurs existent hors des sentiers traditionnels de l’édition, mais aussi les lecteurs ; qui parlent, pensent, et s’amusent en dehors des lignes comptables recensant les chiffres de vente.

« L’ambition de la ZAL est de populariser une forme  innovante, conviviale et décomplexée parmi les manifestations littéraires. A la ZAL, les auteurs mettent leurs écrits en scène et livrent, au public, via une lecture augmentée ou nue, performée ou non, la couleur directe de leur univers. A la ZAL, un grand bar délie les langues et quelques stands triés sur le volet proposent des objets littéraires non identifiés et des livres rares. »

Innovation des formes
Performance lecture, lecture musicale, théâtralisée, poétiques, des alliances se tissent au grès d’un enchaînement de courtes présentations. L’exercice proposé aux écrivains, de parvenir à restituer le mieux possible l’univers de leur texte, est une forme de défi.

« Tous les auteurs ne sont pas prêt à monter sur scène, indique Renaud Vischi, L’année dernière, Perrine Le Querrec s’est mise dans la peau d’un metteur en scène en faisant lire son texte à une comédienne tout en assurant la direction d’acteur. Le cadre reste propice à l’innovation. Il peut aussi offrir des débouchés potentiels aux auteurs qui expérimentent d’autres types d’interventions que les traditionnelles séances de dédicace.« 

L’idée séduit, de Paris à Marseille, de Nantes à Toulouse, les auteurs qui seront présents à Montpellier arrivent des quatre coins de l’hexagone. D’année en année, la manifestation rayonne de plus en plus au niveau national. « Nous intervenons sur différents réseaux aux sein des communautés culturelles pour programmer les auteurs dans un souci de mixité  explique Renaud Vischi également impliqué dans la revue Squeeze, une publication périodique de textes d’auteurs qui propose des contenus littéraires en ligne en format court. La revue compte une moyenne de 3 700 lecteurs par numéro.

« La ZAL porte l’esprit littéraire de demain, soutiennent les organisateurs, celui d’un monde où tout à chacun pourrait entrer dans les livres comme dans une salle de cinéma.» Ce qui peut s’entendre, dans le cadre des ZAL qui ajoutent au texte la corporalité de l’objet, en rajeunissant sérieusement le public des manifestations littéraires.

JMDH

Auteurs programmés  Natyot Raymond Penblanc, Frifo-Maudit, Pierre Tilman, Murièle Modèly, Rémi Checcchetto ÉMI  , Jean Azarel (Spoken Words Music), Laurent Buisset, Schultz et Èlg (Conférence mutante & et poésie régressive), Raphaëlle Bouvier, Tristan Felix  (Animale poésie), Cie Jow Blob (Ciné-concert-blagues), Isabelle Simon, , Bololipsum (Live electro bricolé).

Source La Marseillaise 18/11/2017

Voir aussi Actualité Locale : rubrique Livre, LittératureFormes littéraires non identifiées, Poésie rubrique EditionEditions Espaces 34,   rubrique Théâtre, rubrique Montpellier,

Jacques Allaire : « On ne considère pas la normalité comme normale »

«Je veux seulement que vous m’aimiez» avec la troupe de La Bulle Bleue.  Photo dr

«Je veux seulement que vous m’aimiez» avec la troupe de La Bulle Bleue. Photo dr

Démarche artistique. Le metteur en scène évoque son travail sur Fassbinder avec les comédiens en situation de handicap de La Bulle Bleue.

Prenez garde à Fassbinder !  Première création d’un travail au long court mené par trois  metteurs en scène avec une compagnie professionnelles en situation de handicap. A découvrir au chai de la Bulle Bleue jusqu’au 1er décembre.

« Je veux seulement que vous m’aimiez», un titre évocateur ; celui du spectacle de Jacques Allaire que l’on peut voir dès aujourd’hui jusqu’au 1er décembre à la Bulle Bleue, premier volet d’un projet théâtral à suivre autour de  l’oeuvre de  Fassbinder,  joué par une compagnie professionnelle en situation de handicap. Mené sur trois ans à l’initiative Bruno Geslin la démarche artistique associe deux autres metteurs en scène. Jacques Allaire grand navigateur du théâtre de l’émotion et infatigable artisan de l’esthétique de la résistance et l’indisciplinée et ludique Evelyne Didi dont le parcours ne s’est jamais éloigné de la part noble du spectacle vivant.

« On se connaît professionnellement, précise Jacques Allaire, mais nous n’avions pas de liens amicaux. Nous avons en revanche une vision partagée de l’importance du geste artistique dans la société, de l’incidence du temps présent… Des questions liées à la Bulle Bleue. On ne considère pas la normalité  comme normale.» Pour cet artiste qui assure lui-même les scénographies, et conçoit ses créations avec l’exigence nécessaire au « théâtre de l’émotion », il n’a pas été question un instant de renoncer à la recherche ou à l’invention.

« La majorité des acteurs préparent toujours la phrase d’après, jusqu’à produire l’inverse de ce qui est attendu. Avec des acteurs en situation de handicap, il n’y a pas de multiple praticable. L’endroit où la chose se situe est un cailloux. Une vertu unique, sans posture, et sans retour où l’homme se soumet à la rencontre de son possible.»

A partir d’une série d’entretien de Fassbinder sur le cinéma, qu’il a décortiqué avec les douze acteurs durant quinze jours, Jacques Allaire a créé des situations « une horlogerie de mouvements »  et produit un texte, une reconstruction sous forme de dialogue sur mesure, pour chacun des comédiens.

« Fassbinder puise son inspiration dans le réel. Lorsqu’il parle du cinéma il évoque des films qui parlent de la vie ou il s’en sert pour parler de la vie : Est-ce qu’une vie commune est possible ? Comment vit-on avec la société, avec sa famille, avec son amant, en couple ? Comment éprouve-t-on la solitude ? Il est mort à 37 ans et sa production artistique théâtrale et cinématographique est énorme. Il travaillait en permanence sans faire de différence entre ce qu’il vivait artistiquement et sa propre vie. Son corps, son espace ne faisait qu’un

Appréhender l’univers de Fassbinder, par son positionnement politique, son travail sur les marges, ses personnages confrontés à la violence de part leurs différences, sa militance poétique permanente, s’articule et s’applique au projet mené par la Bulle Bleue avec une vraie troupe singulière et professionnelle qui joue dans un vrai théâtre.

« Je ne souffre pas comme eux, mais nous avons des choses en commun, confie Jacque Allaire, J’aime leurs différences. Je la respecte. Je n’ai pas été aimable, je voulais que chaque chose renvoie à une pensée. Je leur ai dit, il n’y a rien que vous ne pouvez faire. Si vous souffrez on arrête, mais je ne veux pas de justification. Je ne cherchais rien ou simplement ce qui est juste. On est parvenu à une présence absolue, quelque chose qui relève de la spiritualité, une totalité de forces concentrées

 JMDH

Au Chai de La Bulle Bleue, jusqu’au 1er decembre 2017, 285 rue du Mas de Prunet à Montpellier Village Les Bouisses. Resa : 04 67 20 94 94.

 

La genèse du projet conduit à La Bulle Bleue

 En 2014, le metteur en scène Bruno Geslin propose au Centre Dramatique National de Montpellier de programmer la pièce Un homme qui dort – d’après l’oeuvre de Georges Perec – au Chai du Mas de Prunet, au sein de La Bulle Bleue, une compagnie de théâtre professionnelle  permanente constitué de 13 comédiens en situation de handicap.

En amont de cette programmation, Bruno Geslin et Nicolas Fayol avaient travaillé avec les comédiens de la Bulle Bleue sur l’univers de Pérec. Au regard de la richesse de ce premier travail, La Bulle Bleue a proposé à La Grande Mêlée sous la direction de Bruno Geslin d’être compagnie associée de 2016 à 2018. Le projet s’est construit avec les équipes, sensibles au travail de création en cohérence avec la démarche artistique de La Bulle Bleue.

Bruno Geslin a invité Jacques Allaire et Evelyne Didi, à s’associer au projet Prenez garde à Fassbinder !  S’il font appel  à des processus différents, les trois  metteurs en scène partagent une approche commune du théâtre. Le projet se développe sur trois ans. Chacun des trois artistes associés travaille avec les comédiens de La Bulle Bleue sur l’oeuvre de Rainer Werner Fassbinder à raison d’une ou deux semaines par trimestre.

Dans le cadre du projet Prenez garde à Fassbinder ! et en association avec La Grande Mêlée, trois spectacles seront créés dans les mois à venir : Je veux seulement que vous m’aimiez, écrit et mis en scène par Jacques Allaire ( du 15 novembre au 1er décembre 2017), Carte blanche à Evelyne Didi (juin 2018) et Le Bouc, librement adapté et mis en scène par Bruno Geslin (octobre 2018).

Voir aussi : Actualité locale, Rubrique Théâtre, rubrique Montpellier

La Techno, un fait social musical né à Détroit

21c555513c4aa8b527076b53e4f34e0b_L

Détroit dans le Michigan berceau de la Techno mondiale. Photo dr

Novembre 2017. A Montpellier, le festival techno Dernier Cri propose des concerts mais il permet surtout d’échanger et d’enrichir nos connaissances sur ce mouvement culturel. Retour aux sources à Détroit avec la réalisatrice et productrice indépendante Jacqueline Caux autour de son dernier film Never stop une musique qui résiste.

Invitée de l’édition 2017 du festival dernier Cri, la réalisatrice Jacqueline Caux a donné une conférence sur les labels indépendants de Détroit à La Panacée. Son dernier film -?le troisième réalisé à Détroit?- Never Stop une musique qui résiste a été projeté au cinéma Diagonal. Dans ce documentaire Juan Atkins, Derrick May, Carl Crail, Jeff Mills, qui ont fondé la Techno, avant d’en devenir les ambassadeurs mondiaux, témoignent des premiers souffles du mouvement.

Née à la fin de la Seconde Guerre mondiale, Jacqueline Caux développe une passion pour le free jazz, puis pour la musique répétitive, Steve Reich, Philip Glass… «? La transe que je retrouve aussi dans la musique arabe me parle beaucoup cela comble l’intellect et satisfait le corps. Lorsque la techno est arrivée, au début des années 80, beaucoup disaient?: ce n’est pas de la musique, c’est n’importe quoi. Ce n’était pas ma génération mais pour moi c’était limpide.?»

Du blues de Bobo Jenkins au célèbre label Motown (Diana Ross, Marving Gaye, The Tentation…) qui épousait les volontés d’émancipation de l’époque, Détroit a toujours été un berceau pour la black music.

«? La techno, c’était la première génération de noirs qui faisait de la musique avec des machines. Je me demandais s’il y avait des liens inconscients machiniques avec les usines de voiture, commente Jacqueline Caux. Après les émeutes sanglantes de Détroit en 1967, les libéraux ont délocalisé les usines créant un chômage massif et une crise sans précédent. Les gens qui ne pouvaient plus vendre leur maison les brûlaient pour toucher l’assurance. Née dans ce contexte, la techno, comme le free jazz, revendique une volonté de dignité.

Jacqueline Caux se rend sur place pour mesurer la force d’exorcisme de ce mouvement créatif. «?Fallait qu’on trouve quelque chose pour ne pas mourir psychiquement?» lui confie Juan Atkins, artiste fondateur de Métroplex, le premier label techno indépendant.

La réalisatrice retrouve Electrifying Mojo le DJ secret et mythique qui joua un rôle essentiel de passeur en diffusant tous les soirs la musique des artistes de la ville dont personne ne voulait. Il aura permis à une contre-culture de trouver un écho dans le monde entier.

 

Jacqueline Caux

Jacqueline Caux

 

Solidaire attitude

Peu à peu la force créatrice de cette minorité s’organise. Chaque artiste fonde son propre label mais tous adoptent une attitude solidaire, qui va de la fabrication à la distribution et permet de contourner le barrage des majors.

Issue d’une énergie émancipatrice, la techno s’impose comme un art, qui rompt avec l’égo omniprésent dans le Rock’nRoll. Pour les adeptes de la techno, c’est la musique qui compte avant tout. Face à un quotidien et à un environnement insupportables, la seule issue de ces musiciens aura été de se doter des moyens leur permettant de développer une créativité et une liberté effervescentes .

Malgré la baisse des ventes de disques liée au nouveau mode de diffusion, ces labels indépendants existent maintenant depuis trente ans. Les artistes se sont adaptés ils écument les scènes d’Europe et du Japon en vendant leurs disques dans les concerts. Ils sont toujours victimes de ségrégation dans leur ville et plus largement aux Etat-Unis qui préfère la flexibilité du rap et du Hip hop.

Le film de Jacqueline Caux Never Stop rappelle la force de l’histoire sociale et culturelle de la techno et son lien intime avec Détroit. Ville laboratoire du monde contemporain hier à travers le modèle de réussite de l’industrie automobile, elle est devenue aujourd’hui le symbole de l’échec du modèle capitaliste.

La ville tente de renaître de ses cendres en réduisant sa dette faramineuse de 20 milliards de dollars. Sécrétée par la culture noire tout droit sortie des marges où le système ségrégationniste l’a cantonné, la musique techno née au coeur de ce chaos, ne se laisse pas apprivoiser. Elle demeure un authentique reflet de notre société mondiale.

Jean-Marie Dinh

Source : La Marseillaise 14 /11/2017

Voir aussi : Rubrique Musique,  rubrique Festival,  Dernier cri, le festival qui laisse sans voixDernier cri. État de la culture techno,

Théâtre Montpellier. Perdu dans un monde nouveau sans repère

«?Evel Knievel contre Macbeth?» à partir du 15 novembre à hTh.  photo dr

« Evel Knievel contre Macbeth » à partir du 15 novembre à hTh. photo dr

Théâtre
Avant de tirer sa révérence,  le directeur du CDN Rodrigo Garcia a concocté une programmation ouverte sur les expressions théâtrales contemporaines internationales.

Vous avez assisté à un ou plusieurs spectacles programmés à hTh. Vous avez aimé, détesté, ou, moins probable, cela vous a laissé de marbre. Les choix du directeur sur le départ sont clivants, et ne répondent pas à une volonté de consensus. Ils ont déjà fait couler beaucoup d’encre dans le mondillo culturel montpelliérain.

« Aujourd’hui tout le monde peut se mettre d’accord devant un tableau de Rothko, mais ce n’était pas le cas au début. C’est pour cela qu’il faut insister sur la multiplication des expressions singulières et individuelles des artistes », souligne Rodrigo Garcia. Lors de la présentation de sa dernière saison il a réaffirmé concevoir la saison 2017/2018 « avec la même illusion et la même excitation… J’ai concentré mes efforts pour bien finir ma mission.»

Une vision artistique à prendre ou à laisser. Une vision ouverte sur le monde et sur ce qui se passe, pas toujours perceptible, parce que notre monde est  de moins en moins vérifiable. « Hier j’avais six heures de trajet à faire dans le train. Je m’ennuyais et j’ai vu quelque chose de génial. Il y avait une femme dans le train qui avait mis son foulard sur les yeux en le coinçant avec ses lunettes. Et je me suis dit c’est super. Aujourd’hui on va répéter le texte comme ça avec le visage caché. On n’a pas besoin de réflexion intérieure pour construire des images poétiques. C’est impossible qu’un artiste parvienne à exprimer quelque chose de poétique avec des a priori rationnels. Après et, c’est autre chose, il s’agit de voir comment l’artiste travaille son matériaux, mais cela ce fait a posteriori…»

On pourra découvrir la dernière création de Rodrigo Garcia  Evel Knievel contre Macbeth du 15 au 17 et du 21 au 23 novembre à hTh. « J’avais envie de faire quelque chose où Macbeth et les sorcières aient leurs cinq minutes de gloire warholiennes, et pour cela, il fallait face à Macbeth, un héros justicier, et j’ai pensé qu’Evel Kievel * était parfait pour ça. »

JMDH

* Evel Kievel est un cascadeur américain. Un héros absurde  fidèle à la devise us, si tu rêves tu y arrives. Cassé de partout, il a connu ses heures de gloire en sautant à moto au dessus de 13 bus  à étages ou d’une piscine remplie de requins.

Source : La Marseillaise, 02/11/2017

Ce qui nous attend à hTh d’ici la fin de l’année.

DN Montpellier hTh. Les prochains spectacles sur le compteur 2017

mapa-teatro-mapa-teatro
La Despedida Conception et mise en scène : Heidi et Rolf Abderhalden / Mapa Teatro. Installation théâtrale et montage poétique d’archives audiovisuelles et de témoignages écrits, de documents réels autant que fictifs, d’acteurs et de témoins, et de musique jouée en live, La Despedida est l’occasion de revenir sur le conflit interne en Colombie. Du 28 au 30 nov.

jusque-dans-vos-bras-jusque-dans-vos-braschiens-de-navarrehdcphlebruman2017-1024x677Jusque dans vos bras. Les Chiens de Navarre & Jean-Christophe Meurisse mèneront une psychanalyse électrochoc de la France en convoquant quelques figures de notre Histoire et de notre actualité. De Gaulle, Robespierre et Obélix, arriveront-ils à se croiser dans un hammam ce dimanche après-midi-là pour siroter un thé à la menthe et ripailler sur les piliers de l’identité française
7 et 8 déc.

hqdefaultBelgian Rule de Jan Fabre. Le Guerrier de la beauté use des corps, de la lumière et de l’espace pour un nouveau geste théâtral, (1ère française,) ode fantasque et hallucinée au surréalisme de son pays natal, la Belgique. Du 13 au 15 dec.

Voir aussi : Rubrique Théâtre, qualité de l’offre théâtrale par temps de tempête; rubrique Montpellier, rubrique Politique CulturelleCDN, fin du bras de fer entre l’état et la Métropole de MontpellierDanse,rubrique Rencontre, Jean-Paul Montanari Rodrigo Garcia,