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L'expo Signac accessible, chez soi, dehors, où devant la toile. Photo RA

L’expo Signac accessible, chez soi, dehors, où devant la toile. Photo RA

Techno Art. Jouer, colorier, découvrir l’expo Signac au Musée Fabre.

La société multimédia Mazedia qui avait collaboré à l’élaboration du site du musée Fabre à Montpellier vient de présenter deux applications innovantes pour permettre au public de suivre les traces du peintre néo-impressionniste Signac. Spécialisée dans les technologies tactiles et les parcours de visite immersive, la société bretonne s’est engagée à apporter son soutien à l’exposition d’été. Elle propose une application mobile présentant 46 commentaires d’oeuvres et permet également de découvrir les collections permanentes du musée.

L’application est téléchargeable gratuitement sur Applestore. Et devrait être bientôt disponible sur smartphone pour accompagner les visites in situ. Mais que vont donc bien devenir les guides traditionnels ? Si l’on considère l’âge moyen des visites en groupe, il semble qu’ils aient quelques temps devant eux pour se former à l’informatique mais il y a aussi les scolaires, et la jeunesse. Les conservateurs ont compris l’importance de s’adapter aux usages des plus jeunes et de rester en lien avec leurs futurs visiteurs. Avec un Ipad on peut aussi s’initier aux techniques du pointillisme. Comme quoi, la valeur émotionnelle et technique de Signac se trouve aussi au rayon Apple.

L’exposition Les couleurs de l’eau qui connaît un joli succès avec près de 13 000 vrais visiteurs depuis son lancement est désormais en mesure d’accueillir le public connecté techno. Une avancée ?

JMDH

Voir aussi : Rubrique Expositions, rubrique Internet,

Décentralisation : le projet de loi adopté à l’Assemblée nationale

Nouvel acte de la décentralisation : un engagement de campagne qui profite aux villes

Nouvel acte de la décentralisation : un engagement de campagne qui profite aux villes

Déjà voté en première lecture au Sénat dans des termes très différents, le texte, qui a pour vocation de simplifier le millefeuille territorial et faire la chasse aux doublons dans les services des collectivités, a été adopté par 294 voix contre 235. « A travers ce vote, la gauche a marqué l’histoire, contre les égoïsmes locaux et les conservatismes de tous bords », a réagi la candidate socialiste à la mairie de Paris, Anne Hidalgo.

A droite, UMP et UDI ont voté contre. Au sein de la majorité, les écologistes et les radicaux de gauche ont joint leurs voix à celles du PS mais le Front de gauche a voté « résolument contre ». Les élus communistes estiment qu’une réécriture s’« impose » après la remise en cause par l’Assemblée nationale d’importantes modifications que le Sénat avait adoptées pour respecter le principe constitutionnel de libre administration des collectivités territoriales.

Seconde lecture au Sénat en septembre

Le texte présenté par la ministre de la réforme de l’Etat, Marylise Lebranchu, a pour ambition de « clarifier les compétences » des différentes strates des collectivités territoriales.

Il ouvre surtout la voie à la création des métropoles de Paris, Lyon et Aix-Marseille-Provence, ainsi qu’à une dizaine d’autres en province. Une partie des conseillers métropolitains seront élus au suffrage universel direct à partir de 2020, y compris pour Paris, Lyon et Marseille. Le projet de loi sera discuté en seconde lecture au Sénat à la rentrée de septembre.

AFP 23/072013

 

Décentralisation : l’Assemblée doit retisser ce que le Sénat a défait

Le Monde 15/07/13

_Marylise lebranchu ministre de la reforme de l'Etat

_Marylise lebranchu ministre de la reforme de l’Etat

Sa mission, Olivier Dussopt, député socialiste d’Ardèche, l’a acceptée : rapporteur du projet de loi de modernisation publique des territoires, il doit remettre d’aplomb cette semaine le texte du gouvernement que le Sénat a généreusement torpillé en juin, lors de la première lecture.

Comment simplifier le millefeuille territorial et faire la chasse aux doublons dans les services des collectivités ? Après une année de travail et de concertations tous azimuts, le projet conduit par Marylise Lebranchu, ministre de la réforme de l’État et de la décentralisation, a été taillé en pièces par les sénateurs.

Le plan d’une conférence territoriale de l’action publique (CTAP), que le gouvernement voyait comme le futur centre névralgique de l’action politique dans les territoires, est réduit à un inutile nouvel espace de dialogue ; le pacte de gouvernance territoriale, qui devait être la feuille de route des élus locaux, est jeté aux oubliettes ; enfin, le volet francilien qui engageait la future métropole parisienne à plus de solidarité entre l’est et l’ouest de la capitale est éliminé par l’alliance de circonstance de l’UMP et des élus communistes opposés au projet.

Coordonner les politiques des collectivités

Malgré ces trois soufflets sénatoriaux, le gouvernement s’efforce de positiver : « Il reste la métropole lyonnaise, le grand Marseille et le nouveau statut des métropoles. Mais surtout le texte a été voté et il pourra être modifié à l’Assemblée », avance un conseiller du premier ministre. À Olivier Dussopt de faire de la dentelle législative et de recoudre le texte dans la forme que souhaite le gouvernement.

Le « pacte de gouvernance territorial » fait bien son retour à l’Assemblée. Mais pour ne pas représenter l’article supprimé en juin au Sénat, le gouvernement le rebaptise « convention territoriale d’exercice concerté d’une compétence ». « Le mot ‘pacte’ fait peur », justifie Marylise Lebranchu.

Sur le fond, les nouvelles dispositions visent le même objectif : coordonner les politiques des collectivités. Elles seront signées par compétence : transport, logement, tourisme… Pour respecter le principe selon lequel une collectivité ne peut pas être sous la tutelle d’une autre, chacune sera libre de signer ou non la convention. Toutefois, les réfractaires subiront une limitation des financements croisés – un argument incitatif en période de disette budgétaire.

Métropoles : Un coup de pouce à Montpellier

Dès lors, dotée d’un outil contraignant, la conférence territoriale de l’action publique retrouve du sens. Elle sera présidée par les présidents de région, chefs de file de l’action économique. Régions qui se voient confier la responsabilité du développement numérique, auparavant entre les mains des départements, qui verraient leurs compétences recentrées sur les affaires sociales.

Concernant les métropoles, le Sénat avait tenu à limiter leur nombre en décidant d’accorder ce statut aux seules agglomérations qui en feront la demande et comptant plus de 400 000 habitants dans une aire urbaine de 650 000 habitants. Le rapporteur a réintroduit l’automaticité du statut aux villes qui remplissent les critères.

Le statut sera également accordé aux villes de plus de 400 000 habitants chef-lieu de région – une disposition dictée par le souci de ne pas laisser la ville de Montpellier sur le bas-côté de la métropolisation. La capitale du Languedoc-Roussillon pourrait ainsi rejoindre Bordeaux, Rouen, Toulouse, Lille, Strasbourg, Nantes, Grenoble et Rennes, ainsi que Paris, Lyon et Marseille, métropoles à statut particulier.

Création d’un haut conseil des territoires

Enfin, en adéquation avec les engagements de François Hollande vis-à-vis des patrons de collectivités territoriales, Olivier Dussopt a introduit la création d’un Haut conseil des territoires, instance de concertation entre le gouvernement et les élus locaux.

Une initiative qui fait grincer des dents nombre de sénateurs, qui voient dans cette nouvelle assemblée un concurrent susceptible de gêner leur dialogue privilégié avec l’exécutif. « La création de ce Haut conseil anticipe le vote de la loi sur le non-cumul des mandats qui prévoit que les parlementaires lâchent leurs responsabilités exécutives locales », souligne-t-on à Matignon. Toutefois, son espérance de vie, dès lors que le projet retournera dans les mains des sénateurs, est faible.

Au Palais Bourbon, on a observé la commission parlementaire retisser le projet de loi que le Sénat avait partiellement vidé de sa substance. « Il n’y a pas de contentieux entre sénateurs et députés, affirme Jean-Pierre Sueur, sénateur socialiste du Loiret et président de la commission des lois. Nous avons voulu éviter la construction de structures redondantes. »

La claque administrée par le Sénat, en « retournant » le texte, est encore ressentie douloureusement au gouvernement. « C’est un manque de respect pour le travail réalisé par les équipes ministérielles pendant une année », s’agace un proche de Marylise Lebranchu.

Le gouvernement compte sur sa majorité absolue à l’Assemblée pour remettre son projet sur les rails. Mais ce texte n’est que le premier volet d’une trilogie législative qui ne devrait pas se clore avant 2015, alors que la majorité ne dispose déjà plus que de trois voix d’avance à l’Assemblée.

Voir aussi : Rubrique Politique, rubrique Politique culturelle, L’effet domino,

Entretien avec Emanuel Gat chorégraphe invité de Montpellier Danse 2013

 

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Emanuel Gat découvre la danse à l’âge de 23 ans. Il fonde sa compagnie en 2004 au Suzanne Dellal center à Tel-Aviv avant de s’établir en 2007 en France à la Maison intercommunale d’Istres. Emanuel Gat est l’invité régulier de prestigieuses compagnies comme le Ballet de l’Opéra de Paris. C’est sa quatrième participation au festival Montpellier Danse où il officie cette année en tant que chorégraphe associé.

L’idée de mémoire émerge pour cette 33e édition. J.P Montanari évoque la mémoire comme « une des conditions de l’émergence de la réalité », partagez-vous cette vision ?
Personnellement je pense être trop dans le présent pour regarder en arrière ou me projeter vers le futur, c’est ce qui se passe dans l’instant qui capte l’essentiel de mon attention. La mémoire permet d’actualiser des idées. Elle informe le présent. On ne peut y échapper mais je l’assume de manière assez passive.

A propos de la danse, c’est le corps qui garde en mémoire, et qui peut se révéler un handicap dans la création. Comment perdre cette mémoire ? Comment s’en débarrasser pour ouvrir sur autre chose ?
C’est une vraie difficulté, en effet, de lutter contre les habitudes corporelles qui s’installent. Mon travail de chorégraphe consiste en partie à les perturber pour trouver des schémas qui innovent. Je me débrouille pour mettre les danseurs dans l’impossibilité de reproduire. Je les oblige à se remettre en question. Le fait d’avancer est lié à la capacité de perturber.

Sur un autre plan, que vous évoque le concept politique de devoir de mémoire ?
Il me paraît lié au fait de ne pas revenir sur nos pas, d’empêcher le retour de conditions ayant abouti à de grandes souffrances. Cela participe à améliorer notre compréhension pour évoluer, ce qui suppose un vrai travail.

Le chemin semble long, comment expliquer par exemple, que le festival Montpellier Danse a consacré deux éditions au thème de la Méditerranée en mettant à l’honneur Israël dans l’une d’entre-elles et les autres pays dans la suivante ?
Ma réponse sera purement pragmatique. On ne peut pas aujourd’hui réunir l’ensemble de ses représentants, tant du point de vue protocolaire que de celui du financement.

Passons de l’idée de mémoire à celle de continuité dans votre œuvre. Que conservez-vous d’une pièce à l’autre ?
Il n’y a pas de processus de répétition dans mon travail, ni de rupture. Cela évolue en permanence, sur une même pièce, tout est différent entre la première et la vingtième ou la centième représentation. Les choses changent, on se remet en question par rapport à ce qui se passe. Mon travail ne vise jamais à parvenir à une forme stable.

Vous attachez une importance particulière à la structure. Quelle place prend-elle dans votre processus de création ?
La structure est centrale dans ma démarche. Je suis à la recherche de structures qui engendrent des systèmes y compris humains, elle dessinent des formes. L’émotion ne repose pas sur la structure, c’est la structure qui génère des émotions. J’attends des danseurs une implication individuelle. Le champs de jeux est complètement libre dans un environnement déterminé. A partir de cela, j’analyse la situation dans laquelle se font leurs choix, puis j’esquisse et je clarifie.

L’image canonisée d’Emanuel Gat vous agace-t-elle ?
On porte sur moi un regard que je comprends, mais qui ne me correspond pas toujours. Il suffit d’utiliser une musique ou une autre pour être classé dans un tiroir. Il faut du temps pour développer et approfondir une oeuvre dans ses subtilités.

En tant qu’artiste invité, quel regard portez-vous sur le public de Montpellier Danse ?
Un regard extrêmement positif. Montpellier est l’endroit, avec Berlin, où j’ai le plus de plaisir à revenir. Un dialogue avancé est possible avec le public d’ici. Cette évidence dans l’échange est non seulement agréable, mais aussi productive dans le sens artistique.

Vous avez la volonté d’inscrire le public dans le processus de la création ?
Oui dans Corner études qui regroupe quatre pièces de 15 mn, une partie se fera avec le public qui participera par sa présence à l’échange. Toutes les phases de répétition sont ouvertes pendant la période de création où j’inclurai ce regard dans le processus.  200 personnes seront autour du plateau lors du spectacle. Je n’ai jamais fait cela et suis curieux de  savoir ce qui va se passer.

Corner études s’inspire de  Brilliant corners créé à Montpellier en 2011 ?
L’idée est d’entrer dans un processus d’approfondissement. Nous avons éjecté certains aspects pour les travailler de manière indépendante. Chacun des éléments participera à la construction d’une pièce unique.

Vous ouvrez le festival avec la création The goldlandbergs  sous la forme d’une fugue…
C’est une pièce pour huit danseurs qui adopte une configuration plus classique. Elle intègre La variation de Goldberg de Bach interprétée par Glenn Gould, et The quiet in the land, une composition, de Gould également, qu’il a réalisée en 1977 en s’immergeant dans une communauté mennonite aux Etats-Unis. Ce regard sur un groupe de personnes, une famille, une communauté, rejoint une recherche sur le fonctionnement des relations que j’ai entrepris depuis vingt ans. Je crois qu’il s’est passé quelques chose d’intime dans cette pièce qui a débloqué les choses.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Source : L’Hérault du Jour, 22/06/2013

Voir aussi : Rubrique Danse,  rubrique Festival, rubrique Rencontre

Entretien avec James Thiérrée

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Dans la lucarne de James Thiérrée

Festival. Avec «Tabac Rouge» le petit-fils de Chaplin relance les dés pour « empêcher le ciment de prendre »

James Thiérrée le petit-fils de Chaplin, présente Tabac Rouge au Printemps des Comédiens. Après Raoul, présenté au festival l’année précédente, il opère un retour en puissance renouvelant son approche. Pour la première fois Thiérrée ne foule pas le plateau. Ce «chorédrame» d’une grande intensité physique marque un tournant dans son oeuvre. Entretien.

Quand le tabac est rouge, il se consume, le titre renvoie-t-il à cette ultime incandescence ?
Je cherchais un titre qui n’ait pas de vocation descriptive. Un objet séparé du spectacle qui puisse en même temps le révéler. J’ai pensé à abat-jour et j’ai inversé, ce qui donne Tabac rouge. J’ai aimé l’aspect toxique, addictif, c’est presque une texture, ce titre…

Le jeu du décor vivant et des comédiens dans un mouvement continu évoque le changement et laisse comme un goût d’inachevé…
Une des idées maîtresses du spectacle tournait autour de la transformation. On est pris dans une forme d’ébullition, avec des courants, des mouvements et des pauses. Après avoir traversé l’enfer de Dante, le monarque atterrît. J’ai toujours pensé qu’il fallait bouger pour que la matière reste dans le théâtre. Pour empêcher le ciment de prendre. Ce n’est pas une histoire structurée avec des intrigues humaines, c’est une alchimie et des sentiments. Je fais encore des réglages, rien n’est figé.

On retrouve l’humanité de votre pièce précédente « Raoul » mais l’étendue du sujet, le rapport au groupe et au pouvoir rend ce spectacle plus périlleux…
Avec Raoul, j’étais arrivé à un point où je pouvais consolider. Mais j’ai préféré sortir de mes habitudes, chercher dans des zones non acquises. Tabac rouge, est la première pièce que je monte avec autant de monde, c’est la première fois que je travaille avec des danseurs et la première fois où je n’ai pas de contact direct avec le plateau. J’ai aussi épuré au niveau des décors. J’ai voulu relancer les dès dans ma manière de travailler sans me lancer complètement dans un trou noir.

Le regard de metteur en scène aiguise-t-il votre approche critique ?
Oui.

La problématique du pouvoir fait ressortir des interdépendances humaines mais aussi avec la technique, la machinerie…
je me suis retrouvé face à un monstre. Le maître se trouve face à son Frankeinstein. Il a construit cette machine, il essaie de faire comprendre qu’il s’est fait emporter. Il subit une oppression qui le détourne de son pouvoir mais il y est ramené par le groupe qui le contraint à prendre ses responsabilités.

Il tente de démissionner ce qui renvoie à l’impuissance du politique et aussi à la question du pouvoir artistique ?
Effectivement, dans mes premières divagations l’action se situait autour d’un créateur, presque d’un metteur en scène face à son oeuvre. Mais je ne voulais pas basculer dans ce sujet frontalement et j’ai dérivé vers le politique.

Recueilli par Jean-Marie Dinh

Voir aussi : Rubrique Festival, Entretien avec Jean Varela, Regards sur le Printemps des Comédiens 2013, rubrique Théâtre,  rubrique Rencontre

Festival 2013. Printemps des Comédiens

 

Les yeux se ferment et s’ouvrent au fil des soirs

et des matins, quand on repense

à cette belle aventure artistique

c’est encore le Printemps

Par Jean-Marie Dinh

 

Edition 2013

 

Tabac Rouge : L’ampleur du spectre créatif

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Le monde de Thiérrée atteint une grande intensité. Photo Richard Haughton

James Thiérrée a choisi de rester aux manettes pour nous emporter dans le monde de Tabac Rouge. Cette pièce tient de la démesure, dans une époque, la nôtre, où rien ne s’ancre. Une heure quarante de mouvements permanents où tout se construit et se déconstruit. On embarque pour une traversée hallucinée vers un cap non défini. On plonge dans un univers expressionniste où les décors entrent dans la chorégraphie en modifiant sans cesse l’espace. Dans les tableaux de cette tempête scénique, les comédiens, pour la plupart danseurs, dégagent une énergie de tonnerre. Le propos s’exprime dans une langue corporelle qui agglutine théâtre, pantomime, cirque, danse, et cinéma (sans projection), autour de l’émotion.

On retrouve le rapport central que l’oeuvre de Thiérrée entretient avec l’humanité. A la différence de Raoul, son spectacle précédent où il évoluait en solo, le sujet s’élargit au groupe et se décline autour du rapport au pouvoir. Denis Lavant excelle dans son interprétation de monarque décadent assez proche d’Ubu. Le groupe de danseuses qui incarne le peuple renvoie au choeur de la tragédie grecque. Il rappelle le maître à ses responsabilités, se soumet à son autorité, se révolte… Avec une grande intensité expressive, Thiérrée traduit le drame contemporain du pouvoir politique perdu en mythe. Cette vision sombre et fantastique de la réalité concerne tout autant le monde de l’art semble glisser  ce grand créateur.

 

Thomas Ostermeier : Les Revenants trop policés

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Thomas Ostermeier joue sur l’ambiguïté. Photo Mario-Del-Curto

Très attendue la mise en scène de Thomas Ostermeier nous laisse un peu sur notre faim. Le directeur artistique de la Schaubühne am Lehniner Platz Berlin, une des grandes maisons du théâtre européen, a la réputation de revisiter les pièces de répertoires pour leur donner une prégnance toute contemporaine. C’est en fin connaisseur de l’oeuvre d’Ibsen sur laquelle il a beaucoup travaillé, qu’il adapte l’histoire de cette famille qui refoule ses démons avant de se retrouver en proie aux fantômes de son passé. Avec ce texte écrit en 1881, le dramaturge norvégien mettait le doigt sur l’hypocrisie de  la morale puritaine.

Dans les deux premiers actes et la première partie du troisième, Ostermeier, nous offre un beau moment de théâtre. La mise en scène est sans accroc, l’idée du plateau qui tourne comme le temps, fonctionne. L’esthétique vidéo, signée Sébastien Dupouey, séduit. On s’amuse même des dialogues un peu surjoués entre la veuve Alving et le pasteur Manders. En parallèle, on pressent un certain malaise, mais on a le sentiment de pouvoir y échapper. Cette superposition de registres nuit à la tension des âmes qui est au coeur du propos de l’auteur. A la fin, le dénouement tragique explose le cadre, nous transportant dans un autre univers, proches des formes Fassbinderiennes. Sacrilèges en série qui méritent à eux seuls le détour.

 

 

 Et tourne la folle décadence

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Une heure d’obsessions proche de la performance. Photo Dr

 Entre Macbeth et Les Idiots de Lars von Triers, Le Collectif FC Bergman d’Anvers, frappe le public avec 300 el x 500 el  x30 el. Un petit déluge, une vision européenne de l’univers lynchien, une mise en abîme de notre affligeante sphère privée… Le dispositif scénique, voire filmique, pose l’action dans un petit village, à la lisière d’une forêt vivante. Au centre, un pêcheur déprimé se morfond devant la mare d’où il entend sortir la prise du siècle. Derrière lui, dans les cabanes, la vie bat son plein. Un travelling circulaire révèle aux spectateurs l’ordinaire intime des villageois qui oscille entre jeux sadiques, boulimie, domination, sexe, guerre, amour puni et rédemption. «Mais de quoi ça parle ? » interrogent deux spectatrices d’un certain âge déstabilisées par les scènes de sexes non simulées.  Il faudra qu’elles finissent leur plaquette de cachetons pour profiter de la catharsis. La troupe flamande joue la carte du réalisme absurde en ouvrant extra large sur la bêtise intime. A chaque passage de la caméra, les comédiens repoussent la provocation plus loin. Un regard inspiré qui n’hésite pas à déstabiliser, pour évoquer l’emprisonnement collectif des individus. En guise de happy-end, le comportement pathologique et sectaire sert de bouée commune dans une célébration mortifère. On adore, on déteste, mais tout le monde en parle en sortant.

 

 Voir aussi : Rubrique Festival, Entretien avec Jean Varela, Entretien avec James Thiérrée, Le Printemps des Comédiens, rubrique Théâtre, On line Le site du festival