Wojtek Radwanski, AFP | Des manifestants de l’opposition, à Varsovie.
La police polonaise a dispersé par la force les manifestants réunis autour du Parlement polonais, dont ils ont un temps bloqué toutes les issues, protestant contre le parti au pouvoir que l’opposition accuse d’avoir violé la constitution.
Plusieurs centaines de manifestants d’opposition ont bloqué vendredi 16 décembre les sorties du Parlement polonais à Varsovie empêchant pendant quelques heures des députés de la majorité, la Première ministre Beata Szydlo et le chef du parti conservateur au pouvoir Jaroslaw Kaczynski de quitter le bâtiment.
Cette situation inédite a suivi une manifestation de quelques milliers de personnes dans la soirée devant le Parlement. « Constitution », « médias libres » et encore « vous ne sortirez pas jusqu’à Noël », scandaient les protestataires agitant des drapeaux nationaux rouge et blanc et soufflant dans des cornes de brume. Ils ont été rejoints par des députés d’opposition libérale venus leur apporter leur soutien.
Répondant à l’appel du mouvement de défense de la démocratie KOD, les participants entendaient protester d’abord contre un nouveau règlement limitant l’accès des médias aux députés, et ensuite contre l’adoption du budget de l’Etat pour 2017 dans des conditions inhabituelles. L’opposition accuse le PiS d’avoir violé les dispositions de la constitution polonaise en décidant de déplacer le lieu des débats sur le budget 2017 et empêché la presse d’y assister.
Le président du parti au pouvoir, le Parti du Droit et de laJustice (PiS), Jaroslaw Kaczynski, a finalement pu quitter la Diète après l’intervention des forces de l’ordre qui ont éloigné les protestataires entourant son véhicule. Une partie des manifestants continuaient leur mouvement après, alors que nombre de députés ont décidé de rester à l’intérieur des bâtiments pour la nuit.
« À l’aube du 18 mars, Paris fut réveillé par ce cri de tonnerre : Vive la Commune ! Qu’est-ce donc que la Commune, ce sphinx qui met l’entendement bourgeois à si dure épreuve ? Les prolétaires de la capitale, disait le Comité central dans son manifeste du 18 mars, au milieu des défaillances et des trahisons des classes gouvernantes, ont compris que l’heure était arrivée pour eux de sauver la situation en prenant en main la direction des affaires publiques… Le prolétariat… a compris qu’il était de son devoir impérieux et de son droit absolu de prendre en main ses destinées, et d’en assurer le triomphe en s’emparant du pouvoir. Mais la classe ouvrière ne peut pas se contenter de prendre tel quel l’appareil d’État et de le faire fonctionner pour son propre compte. (…)
Le régime impérial est la forme la plus prostituée et en même temps la forme ultime de ce pouvoir d’État, que la société bourgeoise naissante a fait naître, comme l’outil de sa propre émancipation du féodalisme, et que la société bourgeoise parvenue à son plein épanouissement avait finalement transformé en un moyen d’asservir le travail au capital. L’antithèse directe de l’Empire fut la Commune.(…)
Paris s’était débarrassé de l’armée et l’avait remplacée par une garde nationale, dont la masse était constituée par des ouvriers. C’est cet état de fait qu’il s’agissait maintenant de transformer en une institution durable. Le premier décret de la Commune fut donc la suppression de l’armée permanente, et son remplacement par le peuple en armes. La Commune fut composée des conseillers municipaux, élus au suffrage universel dans les divers arrondissements de la ville. Ils étaient responsables et révocables à tout moment. La majorité de ses membres était naturellement des ouvriers ou des représentants reconnus de la classe ouvrière.
La Commune devait être non pas un organisme parlementaire, mais un corps agissant, exécutif et législatif à la fois. Au lieu de continuer d’être l’instrument du gouvernement central, la police fut immédiatement dépouillée de ses attributs politiques et transformée en un instrument de la Commune, responsable et à tout instant révocable. Il en fut de même pour les fonctionnaires de toutes les autres branches de l’administration. Depuis les membres de la Commune jusqu’au bas de l’échelle, la fonction publique devait être assurée pour un salaire d’ouvrier. Les bénéfices d’usage et les indemnités de représentation des hauts dignitaires de l’État disparurent avec ces hauts dignitaires eux-mêmes.
Les services publics cessèrent d’être la propriété privée des créatures du gouvernement central. Non seulement l’administration municipale, mais toute l’initiative jusqu’alors exercée par l’État fut remise aux mains de la Commune. Une fois abolies l’armée permanente et la police, instruments du pouvoir matériel de l’ancien gouvernement, la Commune se donna pour tâche de briser l’outil spirituel de l’oppression, le pouvoir des prêtres ; elle décréta la dissolution et l’expropriation de toutes les Églises dans la mesure où elles constituaient des corps possédants. Les prêtres furent renvoyés à la calme retraite de la vie privée, pour y vivre des aumônes des fidèles, à l’instar de leurs prédécesseurs, les apôtres.
La totalité des établissements d’instruction furent ouverts au peuple gratuitement, et, en même temps, débarrassés de toute ingérence de l’Église et de l’État. Ainsi, non seulement l’instruction était rendue accessible à tous, mais la science elle-même était libérée des fers dont les préjugés de classe et le pouvoir gouvernemental l’avaient chargée. Les fonctionnaires de la justice furent dépouillés de cette feinte indépendance qui n’avait servi qu’à masquer leur vile soumission à tous les gouvernements successifs auxquels, tour à tour, ils avaient prêté serment de fidélité, pour le violer ensuite. Comme le reste des fonctionnaires publics, magistrats et juges devaient être élus, responsables et révocables. »
Dans « La guerre civile en France » Karl Marx
Ossements des communards dans les catacombes de Paris
Barricade place Vendôme au débouché de la rue de Castiglione. BRUNO BRAQUEHAIS / Bibliothèque historique de la Ville de Paris
Durant cette insurrection populaire, en 1871, entre 10 000 et 20 000 personnes ont été exécutées par les forces loyales au gouvernement d’Adolphe Thiers.
A l’initiative des socialistes et au grand dam de la droite, l’Assemblée nationale a voté dans la soirée de mardi 29 novembre un texte proclamant la réhabilitation de toutes les victimes de la répression de la Commune de Paris.
Dernière révolution du XIXe siècle et première tentative d’un exécutif de la classe ouvrière, ce mouvement populaire fut la réaction à la défaite française lors de la guerre franco-allemande de 1870. L’insurrection des Parisiens contre le gouvernement provisoire dirigé par Adolphe Thiers, installé après la déchéance de Napoléon III, a duré soixante-douze jours, du 18 mars au 27 mai 1871.
Lors de la Commune, notamment durant la Semaine sanglante, entre 10 000 et 20 000 personnes ont été exécutées. Des milliers de condamnations à mort, à la déportation, aux travaux forcés ou à de la prison ont en outre été prononcées postérieurement. En mars 1879, une amnistie partielle des communards avait été votée par l’Assemblée, puis, en juillet 1880, une loi d’amnistie générale concernant les condamnations prononcées après la défaite de cette insurrection populaire.
Combat « pour la liberté »
Evoquant un « acte solennel » par « devoir d’histoire » autant que « de justice », le président socialiste de la commission des affaires culturelles et élu parisien, Patrick Bloche, a plaidé que « le temps est désormais venu » pour le pays de rendre ainsi justice à tous les communards, « victimes d’une répression impitoyable ».
Secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement et ancien député de Paris, Jean-Marie Le Guen a appuyé un texte qui « favorise la transmission de la mémoire » de « patriotes » et « insurgés » aux valeurs ayant « inspiré la République ».
La proposition de résolution, signée notamment par le chef de file des députés socialistes et écologistes réformistes Bruno Le Roux et plusieurs élus parisiens, souhaite notamment que soient rendus « honneur et dignité à ces femmes et ces hommes qui ont combattu pour la liberté au prix d’exécutions sommaires et de condamnations iniques ».
La chaîne d’info iTELE entamera lundi sa quatrième semaine de grève, une durée inédite dans l’histoire de l’audiovisuel privé qui suscite des interrogations sur son avenir alors qu’aucune sortie de crise ne semble se profiler.
Entamé le 17 octobre, le mouvement de grève a été systématiquement reconduit depuis par une large majorité de la rédaction de la chaîne, qui réclame pêle-mêle une charte éthique, un projet stratégique et éditorial clair et le départ de l’animateur controversé Jean-Marc Morandini, mis en examen « pour corruption de mineur aggravée ».
Pour Patrick Eveno, historien des médias et ancien membre du comité d’éthique d’iTELE, le propriétaire du groupe Canal+ et donc de sa chaîne d’info en continu, Vincent Bolloré, « ne sait pas quoi faire d’iTELE » depuis sa prise de pouvoir car « dans sa stratégie, l’information n’a pas de place, ça ne l’intéresse pas ».
La direction porte le projet CNews, avec moins d’actualité chaude, et ne souhaite pas se séparer de Jean-Marc Morandini. Sa seule offre jusqu’ici aux journalistes: des propositions de départ avec indemnités pour ceux qui souhaitent quitter la chaîne.
Lundi, la ministre du Travail Myriam El Khomri recevra trois syndicats de la chaîne pour « faire le point » avec eux sur le conflit. Selon l’entourage de la ministre, la même invitation sera lancée prochainement à la direction.
Le gouvernement s’est jusqu’à présent montré prudent. La semaine dernière, Manuel Valls a fait valoir que ce conflit concernait un « groupe privé », tout en appelant la direction à la « responsabilité ».
Vendredi, jour du 17e anniversaire de la chaîne d’info, la reprise du dialogue entre grévistes et dirigeants n’a débouché sur « aucune avancée concrète », selon des salariés qui y participaient.
L’affaire Morandini s’ajoute au conflit démarré avant l’été, lorsque la rédaction avait fait grève quatre jours pour protester contre une réduction drastique des effectifs.
– Deux projets qui s’affrontent –
« Il y a deux projets éditoriaux qui s’affrontent et sont incompatibles. Soit c’est l’actionnaire qui gagne en faisant partir le plus de journalistes possible, soit ce sont les journalistes qui l’emportent, ce qui suppose que Bolloré accepte de dire « Je me suis trompé », ce qui ne semble pas coller avec le personnage », analyse Patrick Eveno.
« Ce conflit est inédit dans l’histoire de l’audiovisuel », affirme M. Eveno, qui a démissionné du comité d’éthique en septembre 2015 après le licenciement de la directrice générale d’alors, Cécilia Ragueneau, et de la directrice de la rédaction Céline Pigalle.
Avec vingt jours de grève, c’est en effet le deuxième plus long conflit social dans l’audiovisuel depuis mai 1968, après celui de Radio France, en mars-avril 2015.
Si rédaction et direction n’arrivent pas à réconcilier leurs visions éditoriales, il reste une troisième issue : la vente d’iTELE, selon M. Eveno. Mais « plus le conflit dure, moins la chaîne vaut cher », note-t-il.
Dans une tribune publiée vendredi sur le site de l’Obs, l’analyste des médias François Jost estime pour sa part « que la seule sortie de crise possible est le départ de Morandini ».
C’est l’arrivée de ce dernier le 17 octobre à l’antenne, souhaitée personnellement par Vincent Bolloré, qui a mis le feu aux poudres.
Pour son émission « Morandini Live », l’animateur a fait intervenir « Samantha, correspondante aux Etats-Unis » qui s’est avérée être « une photographe interrogée depuis Londres », comme le relève le CSA.
Le gendarme de l’audiovisuel a fustigé jeudi des « manquements aux exigences d’honnêteté et de rigueur » et menacé la chaîne de sanctions.
Saisi par des téléspectateurs et des salariés de la chaîne, le CSA a également souligné qu’il demeurait « très attentif » à la nette séparation « entre information et divertissement » sur iTELE.
« En mettant l’accent sur le manquement aux +exigences d’honnêteté+, le CSA insinue bien que c’est la chaîne elle-même qui se retrouve en porte-à-faux avec sa convention. Et, sans le dire, il prévient le glissement que s’apprête à cautionner la direction iTELE, de l’information vers le divertissement », analyse François Jost.
Des journalistes grévistes rassemblés devant la rédaction d’i-Télé à Boulogne-Billancourt, le 25 octobre. CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Pour la onzième journée d’affilée, ils protestent contre l’arrivée de l’animateur Jean-Marc Morandini, mis en examen pour « corruption de mineur aggravée » dans le cadre de castings douteux pour le tournage d’une websérie érotique, estimant qu’il compromet l’image de la chaîne. La poursuite du mouvement a été votée par 90 voix pour, 5 voix contre et 22 abstentions.
Les négociations avec la direction de la chaîne ont repris mercredi.
L’émission de Morandini suspendue
Outre le départ de l’animateur, les journalistes demandent une charte éthique pour garantir leur indépendance vis-à-vis de leur principal actionnaire, Vincent Bolloré, et la nomination d’un directeur de la rédaction distinct du directeur de la chaîne.
Lundi, la direction de Canal+ a annoncé la suspension pour « des raisons opérationnelles »de l’émission de Jean-Marc Morandini, « Morandini Live », qui doit toutefois reprendre dès l’arrêt de la grève.
Source le Monde 27/10/2016
Editorial. du Monde
TROIS BONNES RAISONS DE FAIRE GREVE A I-TELE
Il y a trois bonnes raisons de faire grève aujourd’hui à i-Télé, filiale de Canal+ contrôlée par le milliardaire Vincent Bolloré. La première, c’est l’arrivée de Jean-Marc Morandini, qui a déclenché toute l’affaire. On ne met pas à l’antenne d’une chaîne d’information un animateur mis en examen pour corruption de mineurs et à qui le contrôle judiciaire interdit d’être au contact de jeunes de moins de 18 ans.
Si Jean-Marc Morandini a naturellement droit à la présomption d’innocence, sa situation est incompatible avec l’exercice digne du métier de journaliste : le lien de confiance avec les téléspectateurs est brisé.
Deuxième raison, la brutalité des méthodes de Vincent Bolloré. Ce dernier utilise les mêmes recettes que celles employées à Canal+, qui ont conduit à l’effacement du « Petit Journal » et du « Grand Journal ». Certes, la chaîne se cherche un modèle depuis sa naissance, elle accumule les pertes et a des perspectives sombres avec la création ex nihilo de la chaîne d’information du service public Franceinfo et le passage en clair de LCI.
Cela ne justifie pas de vider les bureaux des grévistes pendant le week-end ou de pousser au départ des journalistes à force de découragement et de vexations. L’activation d’une clause de conscience pour les journalistes désireux de quitter la chaîne relève du dévoiement et du plan social déguisé.
Troisième raison, Vincent Bolloré bafoue les principes élémentaires de l’exercice du métier de journaliste. Dans ce domaine, il a déjà un long passé derrière lui : il a laissé censurer un documentaire mettant en cause un ami banquier, ou omis, dans son quotidien gratuit, Direct Matin, de signaler qu’il est propriétaire de la compagnie camerounaise victime d’une catastrophe ferroviaire il y a quelques jours…
Des engagements clairs, tels qu’une charte
C’est donc à l’aune de ces agissements que la rédaction d’i-Télé se bat pour des principes qu’elle estime indispensables à l’exercice de son métier : la signature d’une charte éthique et la séparation entre le rôle de directeur de la chaîne et celui de directeur de la rédaction, soit entre le business et le contenu. Deux fonctions cumulées par Serge Nedjar, homme de confiance de Vincent Bolloré.
Or la direction de la chaîne ne donne suite à aucune de ces revendications. Au contraire, elle invoque le nouveau projet éditorial, baptisé CNews, dans lequel la chaîne i-Télé, amincie et rapprochée de Direct Matin, aura pour fonction de valoriser les piliers du groupe Canal+ : la culture et le cinéma, le sport et l’international. Les journalistes s’en inquiètent, qui veulent apporter une information fiable avant d’être au service des intérêts de leur groupe.
Cette bataille est emblématique des enjeux qui traversent les médias et la profession de journaliste, notamment depuis que des groupes industriels puissants, comme Vivendi, ou des milliardaires en quête d’influence, ont pris le contrôle de nombreux supports. Dans ce monde hyperconcentré, seuls des engagements clairs, tels qu’une charte, sont de nature à établir un lien de confiance avec le public.
Ce sera obligatoire dès la mi-2017, grâce à l’adoption d’une proposition de loi sur l’indépendance des médias, dont l’un des surnoms est « loi anti-Bolloré ». Le peu d’empressement des politiques à se signaler dans le dossier révèle la puissance financière de l’homme d’affaires. C’est une raison supplémentaire de soutenir les journalistes d’i-Télé.