Jusqu’à quand la politique migratoire de l’Union européenne, va-t-elle s’appuyer sur les dictatures du sud de la Méditerranée ?

Camp de travailleurs ayant fuit la Libye

Camp de travailleurs ayant fuit la Libye

Depuis le début des années 2000, l’Union européenne et ses États membres se sont appuyés sur les régimes du sud de la Méditerranée pour externaliser leur politique d’asile et d’immigration. Face aux révoltes populaires en Afrique du Nord et au Moyen-Orient, leurs réactions montrent que la « défense de la démocratie » et la « non ingérence » ne sont que rhétoriques quand il s’agit de réaffirmer les impératifs d’une fermeture des frontières attentatoire aux droits fondamentaux.

Ainsi, pendant que les forces armées libyennes massacrent les révoltés dans l’ensemble du pays, le colonel Kadhafi brandit le spectre de l’invasion migratoire en menaçant de mettre fin à toute « coopération en matière de lutte contre l’immigration irrégulière » si l’Union européenne continue d’« encourager » les manifestations populaires. Cette dernière, par la voix de sa haute représentante aux affaires étrangères, Catherine Ashton, a dit ne pas vouloir céder au chantage[1] alors même que les instances européennes continuaient de négocier, il y a moins d’une semaine, la participation libyenne à leur politique de bouclage de l’espace méditerranéen.

Suite à la chute de la dictature en Tunisie, quelques milliers de migrants arrivant sur l’île de Lampedusa (Italie) ont en effet été présentés comme une menace contre laquelle l’Union devait se défendre en mobilisant ses alliés d’Afrique du Nord. La « Méditerranée forteresse » devait être défendue au mépris des aspirations des populations et de principes (libertés, démocratie, droits humains…) pourtant présentés comme au fondement de l’UE. Alors que les manifestants d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient se battent contre l’emprise policière, les États européens répondent par des mesures sécuritaires. L’UE promet notamment de débloquer de l’argent pour aider la Tunisie à contrôler ses frontières et empêcher ses ressortissants de mettre en œuvre leur « droit de quitter tout pays y compris le sien » (art. 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme).

Ce faisant, l’UE et ses États membres souhaitent que les accords de coopération migratoire signés par les dictatures et attentatoires aux droits fondamentaux soient repris par les nouveaux régimes. C’est cette politique de guerre aux migrants qui a conduit à ce que des milliers de personnes tentant d’échapper aux patrouilles et autres dispositifs militaires meurent en Méditerranée tandis que des dizaines de milliers d’autres étaient enfermées dans des camps en Algérie, en Egypte, en Libye, en Tunisie… Elle est à tel point au cœur de la diplomatie de l’UE que plusieurs de ses États membres se sont affolés devant l’effondrement de régimes qu’ils arment depuis des années[2]. Aujourd’hui, ces armes sont utilisées contre le peuple libyen en lutte pour ses libertés.

Alors que l’ensemble des États membres est tenté de s’aligner sur la position italienne et de  « ne pas interférer dans le processus de transition en cours dans le monde arabe (…) particulièrement en Libye (…) », il est urgent de rappeler que l’UE est face à une situation historique. Elle doit cesser de soutenir les régimes dont les atteintes aux droits de leurs populations sont redoublées par leur utilisation comme gendarmes de l’Europe.

Seule une réorientation radicale des politique migratoires de l’Union européenne permettra d’ouvrir une nouvelle ère, marquée par moins d’injustices, d’inégalités et d’atteintes aux droits, dans les relations entre l’Union européenne et ses voisins méditerranéens.

Migreurop

Note 1 : http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_data/docs/pressdata/en/cfsp/119397.pdf

Note 2 : La France et la Grande-Bretagne ont annoncé la suspension de livraison de l’exportation de matériel de sécurité, ce qui est une preuve de plus que le régime libyen est soutenu par de nombreux États de l’Union européenne, au nom notamment de la lutte contre l’immigration illégale (Dépêche AFP du 18 février 2011).

 

 

Voir aussi : rubrique Politique de l’immigration, L’Europe les bras ballants,

RDC : Joseph Kabila, Mobutu light ?

Il y a dix ans, c’est un Joseph Kabila mystérieux et timide qui prenait la place de son père, assassiné. Beaucoup ont alors cru au réveil congolais. Mais aujourd’hui, le chef de l’État marche sur les pas de ses deux prédécesseurs et règne sur un pays sinistré, miné par la corruption et la violence. Retour sur un espoir déçu.

L’énigme Joseph Kabila n’en est plus une. Longtemps, le jeune homme timide qui prêta serment le 26 janvier 2001 à l’Assemblée nationale congolaise sous les yeux incrédules des députés, de ses compatriotes et de la communauté internationale, a su faire du mystère un allié. Dans un pays habitué depuis quatre décennies à être dirigé par des personnalités écrasantes, charismatiques et dictatoriales, ce gamin de 29 ans qui écoutait plus qu’il ne parlait, suggérait plus qu’il ne s’exprimait, était à la fois un risque et une chance. Risque d’être rapidement balayé par l’un de ses mentors. Chance d’être enfin le chef moderne, modeste et avisé qui saura faire progresser la République démocratique du Congo (RDC) de l’état de satrapie vers les rivages de la bonne gouvernance.

Dix ans plus tard, le masque est tombé. La chrysalide qui inspirait à Jacques Chirac, George W. Bush, Kofi Annan et au roi des Belges un irrépressible désir de protection, au point de le porter à bout de bras sur le tipoye de l’élection présidentielle de 2006, est devenu un papillon solitaire et autocratique, de la famille de ces lépidoptères tropicaux connus sous le nom de monarques, lesquels se nourrissent du suc des plantes vénéneuses – en l’espèce, ici, du pouvoir. Aujourd’hui, alors que la RD Congo se dirige tout droit vers un scrutin à la magistrature suprême prévu pour novembre prochain et taillé sur mesure pour sa reconduction (un seul tour), Joseph Kabila Kabange règne sur un pays sinistré, gangrené par la corruption, miné par l’injustice, l’impunité et les scandales financiers.

Pourquoi et comment un homme qui incarna tant d’espoirs et fut à un moment si populaire, en est-il venu à s’inscrire dans la désespérante lignée des Bula Matari, ces « casseurs de pierres », surnom donné par les Congolais à tous ceux qui, de Léopold II à Kabila père en passant par Mobutu, les ont gouvernés pour le pire ? Chronique d’une métamorphose avortée…

Acte I : Joseph entre en scène

Kinshasa, le 17 janvier 2001. Réunis d’urgence autour de la table du Conseil national de sécurité, les ministres ont les yeux fixés sur un fauteuil vide : celui du président Laurent-­Désiré Kabila. Tous savent déjà que, grièvement blessé la veille par l’un de ses gardes du corps, le « kadogo » Rachidi Minzele Kasereka, le « Mzee » a été évacué à la hâte en direction d’Harare, au Zimbabwe. Mais tous ignorent que ce transfert chez Robert Mugabe est en réalité un maquillage. La mort du tombeur de Mobutu a été constatée la veille en fin d’après-midi par les urgentistes de la clinique Ngaliema, où son chef d’état-major particulier, le colonel Eddy Kapend, l’a fait transporter dans les minutes qui ont suivi l’assassinat. Et pour cause : afin que soit maintenue pendant quelques heures la fiction d’une agonie réversible, la totalité du personnel de la clinique a été embarquée de force avec la dépouille en direction du Zimbabwe. Nul ne doit parler, le temps que se règle la succession.

Chuchotements, regards en coin, bouffées d’angoisse, les ministres n’ont qu’une seule question en tête : qui va s’asseoir dans le fauteuil présidentiel ? L’attente est interminable. Tout à coup, le directeur de cabinet du « Mzee » fait son entrée, accompagné d’un jeune homme en uniforme, les yeux baissés, le béret sagement plié sur l’épaulette, que chacun reconnaît aussitôt : « Le chef de l’État a été blessé. Il est en soins intensifs à Harare. Le ­général-major Joseph Kabila a été désigné pour assurer l’intérim. Je vous demande de l’applaudir. » Le fils du défunt se pose un bref instant dans le fauteuil du chef. Applaudissements debout. Fin de la séance. Il n’a pas dit un mot.

Aux yeux de tous ceux qui assistent à la scène, ce personnage fragile, visiblement tétanisé par ses nouvelles responsabilités, arrivé la veille à minuit sous une pluie battante depuis Lubumbashi, où son père l’avait relégué pour le punir de la déroute de Pweto face aux troupes rwandaises, est une solution bâtarde et éphémère de compromis. Ils n’ont pas tort. En coulisses, le Zimbabwe et l’Angola, les deux parrains du régime de Kinshasa, poussent leurs pions sans que l’on sache encore aujourd’hui pourquoi le colonel Eddy Kapend, qui eut alors tous les pouvoirs pendant près de vingt-quatre heures, ne les a pas utilisés à son profit. Le problème, pour les faiseurs de rois d’Harare et de Luanda, c’est qu’ils ne parviennent pas à s’accorder et que leurs efforts s’annihilent. Alors autant mettre en avant un général de 29 ans au destin de fétu de paille, que l’on balaiera le moment venu. Mais on ne se méfie jamais assez des marionnettes?: il arrive parfois que ce soient elles qui tirent les fils.

Acte II : Joseph, le bon élève

Pendant trois ans, jusqu’au mauvais tournant pris avec la démission contrainte de Freddy Matungulu Mbuyamu, sans doute le ministre de l’Économie et des Finances le plus apte qu’ait connu la RD Congo depuis longtemps, le style Kabila étonne et séduit. À l’intérieur comme à l’extérieur, vis-à-vis de ses pairs, le jeune chef de l’État apparaît comme un élève attentif, désireux d’apprendre le métier, proche de la jeunesse, discret et qui a en horreur le culte de la personnalité.

La mise à l’écart en douceur des gardiens du temple kabiliste Abdoulaye Yerodia Ndombasi et Mwenze Kongolo, ces « tontons » qui avaient le don de l’agacer en l’appelant « fiston », est bien vue par l’opinion. Joseph s’entoure d’un « comité stratégique » dynamique et imaginatif dans lequel on retrouve Vital Kamerhe, Guillaume Samba Kaputo, Léonard She Okitundu, Kikaya Bin Karubi, les généraux Etumba, Olenga, Numbi et quelques autres. Il y a aussi, bien sûr, un petit homme ­passe-muraille, ingénieur des mines aussi intelligent que secret, ex-gouverneur du Katanga brusquement apparu sur le devant de la scène lors des obsèques du « Mzee », et devenu depuis ministre à la Présidence?: Augustin Katumba Mwanke. Une amitié complice le lie à Joseph, qui venait régulièrement se réfugier chez lui à Lubumbashi lorsqu’il avait maille à partir avec son tyran de père. Mais en ce début des années 2000, Katumba Mwanke n’est pas encore le génie décrié de Kabila. Dissimulateur, habile, sûr de lui et de sa connaissance intime des rouages de son jeune maître, ce Katangais de Pweto se fait humble.

C’est avec cette équipe et le soutien sans faille de la communauté internationale que le Joseph Kabila première manière engrange les succès. Les accords de Pretoria et de Luanda débouchent sur le retrait des troupes rwandaises et ougandaises, et le dialogue national peut enfin s’ouvrir avec l’opposition. Sur le plan économique, le Fonds monétaire international (FMI) et la Banque mondiale, qui avaient cessé toute collaboration depuis plus de vingt ans, reviennent, des programmes plein leurs cartons. « Je veux faire de la RD Congo la Chine de l’Afrique ! » proclame Kabila.

Mais le printemps de Kinshasa connaît son premier accroc début 2003. Le principal artisan de ce petit miracle qu’est le retour des bailleurs de fonds s’appelle Freddy Matungulu Mbuyamu et il a un vilain défaut : cet ancien du FMI est honnête, intransigeant sur les dépenses et garde un œil vigilant sur la Banque centrale, que dirige l’inamovible Jean-Claude Masangu, beaucoup trop laxiste à ses yeux. Aussi, lorsqu’un jour de janvier Augustin Katumba Mwanke vient le voir pour lui demander de transférer sur-le-champ 50 millions de dollars sur le compte de la présidence au titre des « dépenses de souveraineté », le ministre, dont la signature est indispensable, renâcle. Avant de céder de mauvais gré, non sans avoir averti qu’un second versement douteux de ce type risquerait fort de compromettre les relations avec les institutions de Bretton Woods.

Une dizaine de jours plus tard, Katumba revient le voir?: il lui faut à nouveau 50 millions. Cette fois, Matungulu refuse tout net et se rend à Lubumbashi pour tenir un discours prévu de longue date devant l’Assemblée provinciale du Katanga. En pleine séance, Katumba l’appelle au télé­phone : « Reviens à Kinshasa immédiatement, c’est un ordre du président ! » Le ministre saute dans un avion, passe deux heures pénibles dans les locaux du Conseil national de sécurité, où on le menace, rentre chez lui et rédige sa lettre de démission, qu’il ira lui-même déposer le lendemain sur le bureau du président. Dans l’heure qui suit, la garde républicaine débarque à son domicile de fonction et le jette dehors. Mortifié, Freddy Matungulu a depuis réintégré le FMI à Washington, avec l’amère satisfaction d’avoir été le premier à tester les méthodes, qui deviendront la règle, du tandem au pouvoir.

Acte III : Joseph se révèle

De 2003 à l’élection présidentielle d’août 2006, si le ver est dans le fruit, ce dernier a encore belle allure. Sous l’influence de Katumba Mwanke, qui le révèle en quelque sorte à lui-même, le jeune président se découvre un goût pour le luxe qu’il ne se connaissait pas. Joseph s’intéresse aux avions présidentiels, commence à acquérir des fermes et se comporte face aux contrats miniers comme un enfant émerveillé dans un magasin de jouets. Mais cette dérive demeure acceptable aux yeux des Congolais – qui en ont vu bien d’autres en la matière – et des partenaires étrangers, tant qu’elle reste discrète et que l’intéressé n’a pas les chevilles qui enflent.

Or Joseph Kabila, qui a bien conscience de l’importance du scrutin de 2006, la joue encore modeste. Mieux?: il réussit la performance d’apparaître comme l’élément rassembleur du gouvernement de transition issu des accords de Sun City, en juin 2003. Face au tonitruant Jean-Pierre Bemba et à l’insaisissable Azarias Ruberwa, deux vice-présidents aux appétits nationaux, Kabila est celui qui calme le jeu et ­fédère les ambitions. Ponctuel, rigoureux, il laisse chacun s’exprimer lors des conseils des ministres avant de dégager en quelques minutes une position consensuelle. « Sa capacité de synthèse était étonnante, résume un témoin de l’époque. Jamais il n’a été aussi bon que pendant la transition. »

En réalité, si le Joseph Kabila de 2006 a sans doute beaucoup appris et progressé, prenant peu à peu cons­cience de ses capacités manœuvrières, ce n’est pas au service de l’État que ces acquis seront crédités, mais au sien propre. Les mois qui précèdent la présidentielle sont une période de manducation effrénée et généralisée, chaque camp, celui de Bemba – vice-président en charge de l’Économie et des Finances – et celui de Kabila, engrangeant les bénéfices des premières renégociations de contrats miniers. Puis viennent l’élection elle-même, somme toute démocratique, et la victoire, due en partie à Vital Kamerhe, qui en quelques mois a transformé un parti exsangue, le PPRD (Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie), en machine à gagner. Le vrai Kabila peut alors apparaître. Mais il lui reste un compte à solder…

Acte IV : Joseph sur son nuage

À Vital Kamerhe, lorsqu’il avait besoin de lui, Joseph Kabila a tout promis, ou presque. Qu’il serait son Premier ministre, cela va de soi, puis son dauphin désigné, puis son successeur quand, en 2016, après deux mandats accomplis, il se retirerait dans sa ferme. Naïf, Kamerhe y a cru, et sans doute était-ce là la faute que le président attendait. La perspective de la primature est la première à s’évanouir. À quelques jours du scrutin, sur les conseils de Katumba Mwanke, qui ne cesse de lui murmurer à l’oreille que Kamerhe est un ambitieux, donc un rival potentiel, Kabila sort du PPRD et annonce qu’il se présente en tant que candidat indépendant avec le soutien du parti. Tout en le couvrant de cadeaux pour mieux l’anesthésier – montres serties de diamants, chaussures, cravates, bibelots de valeur –, il se libère ainsi habilement de l’obligation de nommer le secrétaire général du PPRD au poste de Premier ministre.

Devenu président de l’Assemblée nationale après l’élection, Vital Kamerhe, qui croit encore que son destin est inscrit dans une certaine forme de fidélité au chef de l’État, profite d’une réunion en présence de Katumba Mwanke, de Samba Kaputo et du général Etumba pour lui poser la question de confiance : « Quel genre de président dois-je être?? Du type de ceux qu’affectionnait Mobutu, soumis et servile ? Ou du type monseigneur Monsengwo, qui a mis l’Église au milieu du village ? » « Sois Monsengwo », répond Kabila, qui sait qu’en l’encourageant ainsi à faire preuve d’indépendance le bouillant Kamerhe ne tardera pas à franchir la ligne rouge. Après deux années ponctuées de coups d’éclat, ce dernier finira en effet par se placer lui-même hors jeu. Mis en minorité à l’Assemblée, viré du perchoir, il a depuis basculé dans l’opposition, au point de se porter candidat à la prochaine présidentielle

Exit, donc, Kamerhe. Et place – toute la place – à Joseph Kabila Kabange, fils de son père et petit-fils spirituel de Mobutu, un zeste de répression en moins et une rondelle de démocratie en plus. « Il prête serment le 6 décembre 2006 et, dès le 7, un nouveau Joseph­ sort de l’ombre », explique un proche. Un Kabila sûr de lui, à la limite de l’arrogance, à qui son inséparable bras droit Katumba ne cesse de répéter qu’il ne doit sa victoire à personne, qu’il est le chef d’un immense pays convoité, d’une puissance en devenir, à côté duquel ses voisins ne sont que des sous-préfectures. Brusquement, Joseph Kabila devient injoignable au téléphone, même pour ses collègues chefs d’État, même pour le Belge Louis Michel, qui fut pourtant son mentor auprès de la communauté internationale, même pour Chirac, même pour Bush, qui doivent passer par le conseiller en charge de la diplomatie, Marcellin Cishambo, pour parvenir à le joindre.

Ce Joseph-là ne se déplace plus à l’aéroport pour y accueillir ses homologues, ne reçoit plus les ambassadeurs, se fait systématiquement attendre lors des audiences officielles, déambule, mains dans les poches, devant ses pairs médusés, l’air vaguement absent, le sourire goguenard. « Lors des festivités du cinquantième anniversaire de l’indépendance, le 30 juin 2010, il nous a tous plantés, sans nous attendre, à la fin du défilé, raconte un chef d’État invité. On s’est retrouvé dans la cohue, avec les shégués, les gamins des rues, qui commençaient à piller les chaises de la tribune officielle. Le soir, au dîner, il a récidivé. Entre-temps, il était parti se raser la barbe et les cheveux. On n’a rien compris. »

Le processus compensatoire qui mène de l’introversion – coquille protectrice contre les excès d’un père abusif – à la suffisance, est pourtant classique. Revers de la médaille : Kabila n’a aujourd’hui aucun ami, aucun proche parmi les chefs d’État de la planète. « Seul Paul Kagamé a une certaine influence sur lui », commente un observateur attentif, qui ajoute, féroce?: « Mais il s’agit là d’une relation de dominant à dominé. Joseph ne s’est jamais vraiment remis d’avoir été l’élève du général rwandais Kabarebe, ni de la défaite de Pweto. »

Acte V : Joseph, Mobutu light

Un théâtre d’ombres. Depuis quatre ans, le gouvernement de la RD Congo ressemble à une assemblée de fantômes sous la houlette de Premiers ministres qui jouent sans barguigner leur rôle de figurants rétribués. Il arrivait au vieil Antoine Gizenga, dernier survivant du Jurassic Park des années 1960, de s’assoupir en plein conseil des ministres. Son successeur, Adolphe Muzito, est plus éveillé, mais le résultat est le même. Chacun sait à Kinshasa que les vraies décisions se prennent désormais au sein du cabinet parallèle, celui qui, autour du président, réunit Katumba Mwanke, Évariste Boshab, les généraux Etumba et Kabulo, auxquels parfois se joignent quelques ministres directement reliés à Kabila, ou encore le gouverneur de la Banque centrale, Jean-Claude Masangu. Il y a peu encore, le général John Numbi, patron de la police, faisait partie de ce premier cercle. Mais depuis qu’il est venu aux oreilles du président que ce militaire apprécié de ses hommes, mulubakat comme lui, était bien vu par les chancelleries occidentales au point d’en faire un rival potentiel, Numbi n’est plus en grâce. À cet égard, l’affaire de l’assassinat du défenseur des droits de l’homme Floribert Chebeya, dans laquelle il pourrait être impliqué et dont il aura bien du mal à se remettre, tombe étrangement à pic.

Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, les gros dossiers se traitent au sein de ce cabinet noir, surtout ceux qui, financièrement, pèsent lourd. La très juteuse revisitation des contrats miniers a ainsi été directement pilotée par Katumba Mwanke et Didier Etumba. Le fameux prêt chinois, dont l’idée aurait été soufflée à Joseph Kabila par le président angolais José Eduardo dos Santos lors d’un voyage à Luanda, a également été géré de A à Z par le gouvernement parallèle, tout comme les marchés de gré à gré qui ont suivi. Comme sous Mobutu, comme sous Kabila père, dans un environnement faisandé où le cash est roi et la corruption reine, des conseillers occultes font le lien avec l’univers mondialisé des Bourses, des placements et des paradis fiscaux.

Joseph Kabila n’a pas de marabout, il n’est ni franc-maçon ni rosicrucien, mais il a son Israélien, Dan Gertler. Il a aussi sa propre famille, très impliquée dans le business. Si la maman, Sifa Mahanya, autrefois influente, a été éloignée à Lubumbashi, Janet, la sœur jumelle, Zoé, le frère cadet et quasi-sosie, Joséphine, la petite sœur étudiante aux États-Unis, et Olive, la première dame, tiennent le haut du pavé. Tout Kinshasa fait des gorges chaudes des frasques, des deals (notamment avec les entrepreneurs libanais et chinois) et de l’enrichissement effréné de l’entourage présidentiel, dont les membres collectionnent appartements et villas en Afrique du Sud et en Belgique. À l’exemple de Joseph lui-même, dont les ranchs ultramodernes de la route de Bandundu, à une centaine de kilomètres de Kinshasa, et de la route de Kasumbale, non loin de Lubumbashi, font l’admiration des zélateurs du ré­gime – tout comme sa nouvelle et superbe résidence officielle katangaise –, acquérir une ferme est ainsi devenu un must pour les nouveaux nababs congolais.

Fan absolu de motos (il en possède une vingtaine et tourne pendant des heures dans les allées de la parcelle présidentielle sur l’un ou l’autre de ses engins, pour se délasser), grand amateur de 4×4, qu’il conduit à tombeau ouvert avec une belle maestria (« Il ne s’embourbe jamais ! » commente, admiratif, un proche), expert en jeux vidéo, Joseph Kabila Kabange aurait sans doute pu être, dans une autre existence, un pilote de rallye émérite sur les pistes africaines. Le destin a voulu que, depuis dix ans, le véhi­cule dont il tient le volant s’appelle la RD Congo. Or celui-là, contrairement aux autres, fait sérieusement du surplace. Il arrive que le destin commette des erreurs de casting…

François Soudan (Jeune afrique.com)
Voir aussi : Rubrique Afrique, rubrique RDC, rubrique Congo Brazaville,

Regards croisés sur la révolution de jasmin

imed-alibi

Après avoir participé à la grande soirée parisienne en solidarité avec la Tunisie à l’Elysée Montmartre, le jeune percussionniste et compositeur tunisien Imed Alibi a insufflé sa volonté de débattre à Montpellier.  » J’étais en Tunisie mi-décembre en tournée avec Amel Mathlouthi. Juste après un concert à Sfax je suis rentré voir ma famille à Asidi Bouzid. Il y régnait un sentiment d’injustice très fort après la tragédie Bouazizi*. C’est là que tout a commencé. A la différence des revendications de Gafsa en 2008 qui ont été étouffées par le régime, on sentait que cette fois, le peuple irait jusqu’au bout. « 

Concert traditionnel

Les événements qui ont suivi ont montré la puissance de cette volonté. Et ce qui paraissait impensable est arrivé, provocant la fuite du dictateur Ben Ali face au surgissement d’une révolution démocratique et sociale. La soirée de dimanche à La Laiterie se proposait d’interroger ce que cet événement réveille en nous. Le débat très participatif a été suivi d’un concert traditionnel du trio Nainawa.  » C’est une initiative spontanée, citoyenne et apolitique issue de la société civile « , explique Imed Alibi. L’info diffusée via Facebook a réuni une cinquantaine de ses compatriotes auxquels s’ajoutait un public avide de connaissances sur la transition majeure qui se profile au Maghreb et dans le monde arabe.

L’Europe endormie


Pour faire face à ce questionnement, un plateau d’universitaires de choix répond à chaud à cette invitation. Parmi lesquels, l’ex-président de l’université Paul Valéry, Jean-Marie Miossec qui tire d’entrée le constat du silence assourdissant qui pèse en France et en Europe sur cette question. Sans s’attarder sur les effets particulièrement contre-productifs de la diplomatie française, le géographe évoque le raté complet de la diplomatie de L’UE.  » L’Europe semble plongée dans le sommeil des mille et une nuits. Il a fallu attendre un mois avant que la responsable des affaires étrangères de l’UE, Catherine Ashton, évoque le sujet en publiant un communiqué dont le contenu apparaît vide de sens. Alors que dès le début des événements, le président Obama s’est saisi du dossier qu’il a suivi au jour le jour en assurant clairement son soutien au peuple tunisien. «  Le second constat de Jean-Marie Miossec pointe l’absence d’intervention des intellectuels, hormis les sempiternelles thèses qui prônent la nécessité d’un régime fort pour faire barrage aux Islamistes, ou les craintes exprimées que l’équilibre en faveur de certains ne soit modifié.  » Un certain nombre d’intellectuels ne peuvent concevoir que le flambeau de la démocratie soit dans les mains du monde arabe. « 

L’économie aux enchères

Fonctionnaire au ministère des Finances et chargé de mission auprès de l’UE, Mourad Kelnissi dresse pour sa part un panorama optimiste de l’économie tunisienne.  » Le taux d’endettement du pays qui est de 47%, se situe en dessous des standards de l’UE. Le pays dispose d’un système bancaire efficace et les hauts fonctionnaires du ministère des Finances sont compétents et peu corrompus.  » Selon Mourad Kelnissi, les dérives proviennent directement du pouvoir politique. «  La finance publique a été détricotée par morceaux. On a maquillé les finances en créant des comptes bancaires qui échappent à tout contrôle. Le ratio de solvabilité d’une partie des banques pose des problèmes qui sont liés à des prêts à découvert effectués au profit des familles proches du clan Ben Ali. Pour s’en sortir les banques couvraient leurs risques sur les PME-PMI.  » Et l’expert de conclure : «  La révolution n’est pas finie. Une bonne partie de l’économie tunisienne va être mise aux enchères. On peut s’attendre au retour des investisseurs qui s’étaient éloignés à cause des dérives du pouvoir »

L’universalisation


Après le volet diplomatique et économique, le dernier éclairage de la soirée est revenu au philosophe Salim Mokaddem pour aborder ce qui s’est amorcé avec la révolte tunisienne à travers l’analyse des liens peuple/pouvoir/liberté. Le rôle majeur des réseaux sociaux venant rappeler opportunément que  »
la liberté n’est pas un concept national qui s’arrête aux frontières « . Dès lors, les valeurs morales qui fondent les régimes démocratiques sont également à questionner. «  Est-ce que ce sont les Etats qui protègent les peuples ou les peuples qui protègent les peuples ?  » interroge Salim Mokaddem qui nous invite à penser l’événement dans notre propre rapport à la démocratie. «  L’acte déclencheur de Mohammed Bouazizi nous renvoie à la dignité. On ne peut plus continuer à vivre en le faisant comme des animaux (…) L’indifférence meurtrière nous plongerait dans des régressions amnésiques (…) Qu’est-ce qui se passe d’inédit qui nous concerne ici ? » Autant de questions qui doivent faire leur chemin pour rendre pertinente l’universalisation possible du fait tunisien dont l’onde de choc se poursuit…

Jean-Marie Dinh (L’Hérault du Jour)

* Mohammed Bouazizi un jeune surdiplômé qui vendait des légumes pour subvenir aux besoins des siens s’est immolé par le feu le 17 décembre pour protester contre la confiscation de sa marchandise.

Voir aussi : Rubrique Tunisie, le chant des mariées, rencontre avec Raja Ammari, Histoire de la Tunisie, rubrique Afrique ,

La décision de la Fed suscite des critiques de toutes parts

L’injection par la Réserve fédérale de 600 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie américaine risque d’exacerber les tensions internationales liées aux changes.

Pour Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances, faire marcher la planche à billets pour soutenir la conjoncture "ne vaut plus rien".

Pour Wolfgang Schaüble, le ministre allemand des Finances, faire marcher la planche à billets pour soutenir la conjoncture "ne vaut plus rien".

Le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble est très critique des mesures de relance de la Réserve fédérale américaine. L’injection par la Fed de 600 milliards de dollars supplémentaires dans l’économie américaine, décidée mercredi, va « poser des problèmes supplémentaires » au monde, a dit M. Schäuble dans un entretien à la chaîne ARD diffusé dans la nuit de jeudi à vendredi.

Risque d’inflation

Il a affirmé vouloir aborder le sujet lors du prochain sommet du G20, qui regroupe pays riches et puissances émergentes, en Corée du Sud. Les Etats-Unis ont déjà « injecté un montant infini de liquidités dans l’économie », a-t-il par ailleurs critiqué dans un entretien avec la chaîne ZDF, pour des résultats « désespérants ». Selon M. Schäuble, faire marcher la planche à billets pour soutenir la conjoncture « ne vaut plus rien ».

Jeudi le ministre allemand de l’Economie Rainer Brüderle avait fait part de son « inquiétude » face aux décisions de la Fed et appelé les Etats-Unis à faire plutôt des réformes structurelles. En injectant de l’argent dans l’économie, la Fed prend le risque d’alimenter l’inflation et de faire baisser la valeur du dollar par rapport à l’euro, une mauvaise nouvelle pour l’Allemagne, championne européenne des exportations.

L’initiative des banquiers centraux américains est de manière générale totalement contraire aux convictions allemandes en matière de politique monétaire. Traumatisée par une inflation folle dans les années 1930, qui a encouragé la montée du nazisme, l’Allemagne s’est toujours posée depuis 1945 en garante de la rigueur monétaire et de la stabilité des prix. Cette orthodoxie a inspiré les statuts de l’actuelle Banque centrale européenne.

Lagarde : l’euro « porte le poids » de la décision

Le geste de la Fed n’a toutefois pas irrité que l’Allemagne: la ministre française de l’Economie Christine Lagarde a ainsi regretté que l’euro « porte le poids » de cette décision. « Je ne suis pas en train de porter un jugement sur l’assouplissement quantitatif américain. Mais cela montre le besoin impératif de repenser le système monétaire international et les mécanismes de coopération », a-t-elle ajouté.

Le cours de l’euro a grimpé face au dollar avant comme après cette annonce, stimulé par la création monétaire qu’elle implique pour les Etats-Unis.

Les pays en développement pénalisés

La décision de la Fed mécontente également les économies en développement, pénalisées à l’exportation par l’appréciation de leurs monnaies. Elle risque donc d’exacerber les tensions liées aux changes, qui ont conduit certains dirigeants à évoquer récemment le risque d’une « guerre des monnaies », et donc compromettre un accord mondial sur les déséquilibres commerciaux et monétaires lors du sommet du G20.

« Tant que le monde ne s’efforcera pas de limiter les émissions de devises internationales telles que le dollar – ce qui n’est pas facile – il est inévitable qu’une nouvelle crise ait lieu, comme le déplorent quelques Occidentaux éclairés », a commenté un conseiller de la banque centrale chinoise, Xia Bin, dans une publication de la Banque populaire de Chine.

Le ministre sud-coréen des Finances a quant à lui prévenu qu’il envisagerait « de façon résolue » un contrôle des flux de capitaux.

A Brasilia, son homologue brésilien, Guido Mantega, a estimé que la décision de la Fed ne favoriserait sans doute pas la croissance mondiale et qu’elle risquait d’aggraver les déséquilibres internationaux. « Tout le monde souhaite que l’économie américaine se reprenne mais le fait de jeter des dollars depuis un hélicoptère ne fait pas du bien à tout le monde », a-t-il dit.

Quant à la Thaïlande, elle a évoqué la possibilité d’une action concertée destinée à lutter contre l’afflux de dollars attendu sur les marchés émergents.

Le ministre turc de l’Economie a estimé que la décision de la Fed risquait de se retourner contre les Etats-Unis et un haut responsable indien a souligné que, si Washington avait le droit de relancer son économie, les autres pays avaient celui de défendre leurs intérêts.

Reuter 05/11/10

Voir aussi : Rubrique Finance Le grand Krach automatique, Barnier rassure les fonds spéculatifs, Les banquiers reprennent leurs mauvaises habitudes, Un an après la city zen, rubrique UE sous pression, L’europe répond au marché, rubrique Grèce Plan d’austérité inefficace et dangereux, rubrique Chine Politique monétaire La Chine traduit ses paroles en actes, Impact de la crise en Chine, Si Pékin cessait d’acheter la dette américaine, La réévaluation du Yuan en question, La Chine resserre ses taux hypotécaires rubrique Livre Kerviel dénonce sa banque , Susan Georges de l’évaporation à la régulation, Aux éditions la Découverte La monnaie et ses mécanismes, Les taux de change,

L’Asie dope la vente des journaux dans le monde

journaux-asie

Selon un rapport de l’Association mondiale des journaux, l’optimisme est de règle sur l’avenir des quotidiens, dans un marché principalement soutenu par l’Inde et la Chine.

Dans le monde, un quart de la population adulte lit chaque jour un quotidien payant. Soit 1,7 milliard de personnes. En ajoutant les autres titres, non quotidiens, on arrive à un total de 37 % de la population mondiale parcourant chaque jour les nouvelles des journaux de presse écrite. Ces chiffres proviennent d’une étude de l’Association mondiale des journaux et éditeurs de médias d’informations (WAN), dans son rapport annuel sur les tendances mondiales de la presse. Selon l’étude, l’année 2009 a vu la diffusion des quotidiens essuyer un recul de 0,8 %, alors que sur cinq ans une augmentation de 5,7 % de la vente de journaux a été constatée. La raison, selon le WAN, « est que moins de journaux sont achetés dans le monde “développé” où les médias sont “matures” », alors qu’en revanche « l’Asie continue de bénéficier d’une hausse significative de la diffusion avec 1% de plus en 2009 et 13 % d’augmentation sur les cinq dernières années ».

Dans son rapport, l’Association mondiale des journaux a recensé en 2009 à travers le monde quelque 12 477 titres de journaux. Un chiffre en augmentation de 1,7 % par rapport à l’année précédente. Ces titres de presse représentent 517 millions d’exemplaires vendus chaque jour. Pour l’association, « si globalement les ventes de quotidiens stagnent, celles de la presse magazine affichent, par contre, une croissance moyenne de 2,5 % que n’empêche en rien un recul de – 6,2 % en Afrique et de – 1,4 % en Amérique du Nord ». Selon le rapport du WAN, le marché mondial de la presse est boosté par l’Asie. Avec 110 millions de quotidiens vendus chaque jour, l’Inde arrive en tête du palmarès des plus fortes ventes. Elle est suivie par la Chine avec 100 millions d’exemplaires et le Japon avec 50 millions. Le continent européen est loin de ces chiffres issus des plus grands marchés de la presse. L’Allemagne, qui caracole en tête en Europe, se contente de 20 millions d’exemplaires achetés quotidiennement. Quant à l’Afrique, le continent présente l’un des marchés les plus dynamiques avec une hausse moyenne de 4,8 % des ventes de quotidiens.

La WAN se dit plutôt « optimiste sur la reprise des recettes publicitaires ». L’association estime, en effet, sur la base d’études menées par les acheteurs d’espaces, «qu’une croissance de 3,5 % est envisageable en 2010 ». En 2009, le chiffre d’affaires publicitaire des quotidiens avait reculé de 17 % sur un an. Un effondrement qui « reflète l’impact de la récession internationale sur tous les secteurs industriels ». Les journaux représentent 24 % du gâteau publicitaire mondial, contre 39 % pour la télévision et 12 % pour Internet. En termes d’efficacité, la publicité dans la presse écrite est la mieux placée. Pour la WAN, l’avenir de la presse quotidienne passe avant tout par la recherche de nouveaux modèles économiques, tels les services mobiles.

Fernand Nouvet (L’Humanité)

Voir aussi : Rubrique Médias, Les jeunes journalistes contraints de s’adapter à une presse en crise, Le Midi Libre trop friand d’info Frêche, Rubrique Edition, Pour une critique de l’édition dominante, Rubrique LivreLe postulat de la presse libre revue et corrigé,